Reportage

Cinq questions sur la riposte au VIH en Côte d’Ivoire

27 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Dr Brigitte QUENUM, Directrice Pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire.

« Ces 5 dernières années en Côte d’Ivoire ont été marquées par une remarquable trajectoire de progression et d’amélioration dans la vie des personnes vivant avec le VIH. Bien sûr, l’épidémie de COVID-19 a mis un frein à l’accès des services de dépistage et de prévention. Mais si le gouvernement investit davantage dans les programmes communautaires, nous pouvons renverser cette tendance. »

Dr Brigitte QUENUM Directrice Pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire

Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en Côte d’Ivoire ont vu récemment des résultats plus qu’encourageants : diminution des nouvelles infections, des décès liés au sida et une meilleure prise en charge par les programmes de prévention et de traitement. Malheureusement, ces tendances ont été interrompues par la COVID-19 et les restrictions qui ont diminué l’accès aux services de santé essentiels.

Ce contexte représente aussi une opportunité de réformer la riposte au VIH et faire encore mieux : notamment, en ciblant davantage les populations les plus à risques telles que les adolescentes et les jeunes filles, et en investissant davantage dans les programmes pédiatriques. Enfin, et surtout, le gouvernement doit remédier à l’hyper-dépendance de la riposte aux fonds extérieurs en augmentant les ressources nationales dédiées au VIH.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

La Côte d’Ivoire a fait des progrès considérables et a amorcé sa transition épidémique. Selon les estimations de Spectrum (2021), les nouvelles infections ont diminué de 50% entre 2010 et 2020, et les décès liés au sida ont baissé de plus de moitié. Ces résultats sont entre autres liés à une amélioration de la couverture des traitements et de la qualité des programmes spécialisés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 77% des PVVIH connaissent leur statut sérologique, 74% des PVVIH sont sous traitement ARV et 61% des PVVIH ont une charge virale supprimée.

Le dynamisme des organisations de la société civile ainsi que le soutien important du PEPFAR, du Fonds mondial mais aussi des agences du système des Nations unies ont permis de renforcer les efforts en faveur du respect des droits de l’homme et à mieux orienter la riposte vers les populations qui en ont le plus besoin.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

D’après les estimations de PEPFAR, près de 80% du financement de la riposte au VIH en Côte d’Ivoire provient de ressources extérieures, et notamment de PEPFAR et du Fonds mondial. Cette immense dépendance expose le pays à un manque de prévisibilité et de stabilité de financement. De plus, des défis au niveau programmatique persistent, notamment un meilleur ciblage des populations clé est nécessaire -- surtout des adolescentes et jeunes femmes, touchées par l’épidémie de façon disproportionnée comparativement aux hommes du même âge. Le dépistage et la prise en charge pédiatriques du VIH ainsi que le développement de stratégies efficaces pour cibler les hommes de plus de 25 ans infectés par le VIH font également partie des défis programmatiques à relever.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

Selon le Rapport sur les résultats 2021 du Fonds mondial, la Côte d’Ivoire fait partie des pays où la COVID-19 a entraîné en 2020 une baisse de l’accès aux services de dépistage et de prévention du VIH. Ce constat a également été fait la même année dans une étude réalisée par le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) réalisée en 2021. La COVID-19 a accentué les inégalités pour les populations les plus vulnérables déjà confrontées à des difficultés d’accès aux services VIH.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Les leaders méconnus sont ces hommes et femmes qui travaillent chaque jour pour garantir des services de qualité aux PVVIH, aux populations vulnérables et autres populations. Leur engagement continu est crucial pour consolider les résultats de la riposte et espérer un jour tendre vers la fin du sida.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Investir davantage de ressources domestiques pour mettre fin à l’épidémie du VIH en Côte d’Ivoire.

Sommet régional sur le VIH