Déclaration à la presse

Les accords commerciaux ne devraient pas faire obstacle à la mise en place d'un accès universel à prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH


GENÈVE, le 9 décembre 2010 — Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) appelle tous les pays à s’assurer que les efforts vers un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH ne sont pas gênés par des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux.

Plus de 33 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde et, selon les estimations, 2,6 millions de personnes ont contracté le virus en 2009. Actuellement, plus de cinq millions de personnes reçoivent un traitement contre le VIH et près de dix millions attendent d’en bénéficier. Faute d’un accès continu à des médicaments salvateurs à des prix abordables, de très nombreuses vies humaines seront en danger.

L’ONUSIDA exhorte les pays à exploiter pleinement les flexibilités de l’Accord sur les ADPIC de l’Organisation mondiale du commerce pour mettre en place l’accès universel au traitement contre le VIH. L’ONUSIDA soutient totalement la Déclaration de Doha, qui énonce ce qui suit : « Nous convenons que l’Accord sur les ADPIC n’empêche pas et ne devrait pas empêcher les Membres de prendre des mesures pour protéger la santé publique. En conséquence, tout en réitérant notre attachement à l’Accord sur les ADPIC, nous affirmons que ledit accord peut et devrait être interprété et mis en oeuvre d’une manière qui appuie le droit des Membres de l’OMC de protéger la santé publique et, en particulier, de promouvoir l’accès de tous aux médicaments. »

« Les flexibilités décrites dans la Déclaration de Doha et dans l’Accord sur les ADPIC pour protéger la santé publique et assurer l’accès de tous aux médicaments ne doivent pas être compromises par d’autres accords commerciaux », a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, M. Michel Sidibé. « Les 33 millions de personnes qui vivent avec le VIH ont droit à la santé. Si la recherche et le développement restent cruciaux pour mettre au point de nouveaux médicaments et de nouvelles technologies, il faut aussi fournir à cette population un accès équitable et à un coût abordable au traitement sur lequel elle compte. »

Dans le climat économique actuel, les ressources consacrées au sida n’augmentent plus et les besoins de traitement restent supérieurs à l’offre. Les accords commerciaux qui aggravent les contraintes pesant sur la production, l’importation ou l’exportation de médicaments salvateurs — à savoir les mesures « ADPIC-plus » comme l’exclusivité des données — mais aussi les interprétations incorrectes du terme « contrefaçon », devraient être évités.

Actuellement, l’Inde produit plus de 80 % des médicaments antirétroviraux génériques et approvisionne la majorité des pays en développement. Le coût du traitement de première génération le moins cher a chuté à moins de 86 dollars des États-Unis par patient et par an. Mais de plus en plus de personnes accédant à un traitement de première intention plus efficace et mieux toléré, les prix des médicaments pourraient être deux fois plus élevés que ceux des traitements de première génération.

Alors que des patients présentent une pharmacorésistance et nécessitent des antirétroviraux de deuxième et troisième intentions plus onéreux et protégés par des brevets, certaines projections indiquent que les coûts du traitement pourraient être multipliés par vingt.

« Les pays ne devraient pas brader la santé de leur population pour privilégier des gains commerciaux », a ajouté M. Sidibé. Aujourd’hui, chaque fois qu’une personne accède au traitement, deux autres contractent le VIH. De toute évidence, les besoins de traitement progressent plus vite que les efforts de prévention, d’où l’urgence de proposer de nouveaux traitements, microbicides, vaccins et diagnostics.

Les approches actuelles ne suffiront pas pour que toutes les personnes ayant besoin d’un traitement y accèdent. L‘ONUSIDA et d’autres partenaires préconisent d’adopter Traitement 2.0, un cadre qui cherche à simplifier la façon dont le traitement est fourni aujourd’hui. Les flexibilités de l’Accord sur les ADPIC mais aussi l’innovation et la protection des droits de propriété intellectuelle joueront un rôle important à l’avenir dans l’accès au traitement et dans le succès de Traitement 2.0.


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