Reportage

Objectif zéro nouvelle infection au VIH : une table ronde de la Réunion de haut niveau montre la voie

08 juin 2011

Mme Mari-Josee Jacobs, ministre luxembourgeoise de la Coopération et des Affaires humanitaires, animatrice Mme Kgomotso Matsunzane, Dr Jarbas Barbosa, vice-ministre de la Santé du Brésil, Helen Clark, Programme des Nations Unies pour le Développement, et Jaevion Nelson, militant de la jeunesse jamaïcain.
Photo: ONU/Eskinder Debebe

Le taux mondial de nouvelles infections au VIH a connu une baisse régulière au cours des dernières années, avec une chute de près de 25 % du taux annuel entre 2001 et 2009. Toutefois, avec 7 000 nouvelles infections au VIH chaque jour, le nombre de personnes nouvellement infectées continue d'évoluer plus vite que la capacité à élargir l'accès au traitement et à faire face aux effets du VIH.      

Dans le cadre de la Réunion de haut niveau sur le sida de l'Assemblée générale des Nations unies, une table ronde intitulée Prévention – Que faire pour parvenir à l'objectif de zéro nouvelle infection ?, présidée par Mari-Josee Jacobs, ministre luxembourgeoise de la Coopération et des Affaires humanitaires, a réuni Helen Clark, administratrice du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), Jaevion Nelson, militant de la jeunesse de Jamaïque, et le Dr Jarbas Barbosa, vice-ministre de la Santé du Brésil. Les participants ont échangé avec le public lors d'une session inspirée et interactive portant sur les moyens d'amplifier et de maintenir l'élan de cette révolution dans la prévention du VIH.

En guise d'introduction, Mme Jacobs a insisté sur l'importance d'impliquer les personnes vivant avec le VIH dans tous les aspects de la programmation de la prévention du VIH : « il est essentiel d'engager les personnes vivant avec le VIH, et particulièrement les jeunes, dans les efforts de prévention du VIH afin d'améliorer les programmes dans le respect total des droits humains pour tous ».

Nous devons nous attaquer aux lois punitives qui font obstacle à la prévention du VIH. La loi peut soit entraver soit promouvoir des actions efficaces : nous devons créer un environnement légal propice pour la prévention du VIH.

Helen Clark, administratrice du Programme des Nations unies pour le Développement

Animée par Kgomotso Matsunzane, présentateur de télévision vedette d'Afrique du Sud, la discussion a tourné autour de questions clés telles que « quels sont les obstacles à l'objectif de zéro nouvelle infection ? » et « dans quelle mesure les droits font-ils partie intégrante de la prévention ? ».

« Cette Réunion de haut niveau constitue une opportunité unique », a déclaré le Dr Barbosa en ouvrant le débat. « Nous ne pouvons pas attendre 30 années supplémentaires pour éliminer le VIH. La Réunion de haut niveau doit déboucher sur une déclaration forte qui représente l'engagement politique et fera avancer les choses ».

Selon les dernières enquêtes en population dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, seulement 24 % des jeunes femmes et 36 % des jeunes hommes ont répondu correctement à cinq questions sur la prévention du VIH et les idées fausses à propos de la transmission du VIH. De plus, alors que les nouvelles infections au VIH diminuent au niveau mondial, l'Europe de l'Est et l'Asie centrale représentent la seule région du monde où les nouvelles infections sont en progression.

Dans son discours d'ouverture, Mme Helen Clark, administratrice du PNUD, a indiqué qu'il était nécessaire de lutter contre les normes sociales, sexuelles et sexistes qui favorisent la vulnérabilité au VIH.

« Les cadres juridiques doivent concorder avec des actions efficaces de lutte contre le VIH. Ainsi, il n'est pas rare que la loi fasse obstacle à la baisse du risque et de la vulnérabilité et à l'élargissement de l'accès au traitement et à la prévention. Sans défense des droits humains, un véritable accès universel à ces services est impossible », a indiqué Mme Clark.

Jaevion Nelson, militant de la jeunesse jamaïcain, a approuvé ce constat : « Bien trop de programmes échouent parce qu'ils ne s'appuient pas sur les données probantes existantes. Nous devons tous faire ce qu'il faut : gouvernements, société civile et communauté internationale ».

Bien trop de programmes échouent parce qu'ils ne s'appuient pas sur les données probantes existantes. Nous devons tous faire ce qu'il faut : gouvernements, société civile et communauté internationale.

Jaevion Nelson, militant de la jeunesse jamaïcain.

Les investissements dans la prévention du VIH ne représentent qu'environ 22 % de l'ensemble des dépenses consacrées au VIH dans 106 pays à revenu faible ou intermédiaire. Beaucoup reste donc à faire pour assurer l'accomplissement de l'objectif de zéro nouvelle infection au VIH.

Dans une intervention passionnée, le Dr Nafsiah Mboy, directrice exécutive de la Commission nationale indonésienne sur le sida, a invité avec vigueur les participants à ne pas oublier de s'adresser à un groupe qui n'est généralement pas considéré comme étant le plus exposé, mais qui l'est en réalité, à savoir les « hommes mobiles et riches dans un environnement machiste ». « Nous devons faire de ces hommes des hommes responsables. C'est comme cela que nous arriverons à zéro nouvelle infection chez nos femmes et zéro nouvelle infection chez nos enfants », a déclaré le Dr Mboy.

Au cours des débats, les participants sont tombés d'accord pour dire qu'il était nécessaire de parvenir rapidement à un accès aux outils de prévention du VIH à la fois actuels et futurs, notamment les préservatifs masculins et féminins, la circoncision, l'élimination de la transmission verticale et le traitement préventif. Ce dernier point était inspiré par les récentes annonces de l'étude HPTN 052 , qui a montré que, si une personne séropositive au VIH se pliait à un traitement antirétroviral efficace, le risque de transmettre le virus à son partenaire sexuel non infecté pouvait être réduit de 96 %.

La publication intitulée Stratégie de l'ONUSIDA 2011-2015 : objectif zéro décrit les objectifs ambitieux fixés pour 2015 : 1) réduction de moitié de la transmission sexuelle du VIH, y compris parmi les jeunes, les hommes, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et dans le contexte du commerce du sexe ; 2) élimination de la transmission verticale du VIH et réduction de moitié des décès maternels liés au sida ; et 3) prévention de toutes les nouvelles infections à VIH parmi les personnes qui consomment des drogues. Ces aspects font partie de l'objectif de l'ONUSIDA de zéro nouvelle infection au VIH.

Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida

Trente ans après le début de l'épidémie de sida et dix ans après la session spéciale décisive de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida, le monde se rassemble à nouveau pour examiner les progrès accomplis et tracer la future voie de la riposte mondiale au sida à l'occasion de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida qui se déroulera du 8 au 10 juin 2011 à New York. Les États membres devraient adopter une nouvelle déclaration visant à réaffirmer les engagements actuels et à initier des actions pour orienter et soutenir la riposte mondiale au sida.