Reportage

Forum des partenaires sur le sida et le handicap : développer des programmes sur le VIH universels, accessibles et adaptés à l'ensemble de la population

09 juin 2011

Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures
Photo : ONUSIDA

Bien que les droits des personnes handicapées fassent l'objet d'une attention de plus en plus marquée à l'échelle internationale, les gouvernements et les décideurs tiennent encore rarement compte du problème du handicap lorsqu'ils élaborent leurs plans stratégiques de lutte contre le VIH.

Un Forum des partenaires sur le sida et le handicap a été organisé le 9 juin dans le cadre de la Réunion de haut niveau sur le sida, afin de souligner l'importance de ce domaine d'activité et de plaider en faveur de l'intégration à l'échelle nationale des besoins des personnes porteuses d'un handicap dans tous les aspects de la riposte au sida.

Cet événement était co-présidée par Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures, et par le professeur Nora Ellen Groce, Directrice, Leonard Cheshire Disability & Inclusive Development Centre au Collège de l'Université de Londres.

« Le mouvement de lutte contre le sida et celui des personnes en situation de handicap se fondent tous deux sur le respect des droits des individus. Ces deux mouvements sont confrontés à différents types de stigmatisation et de discrimination. En outre, le VIH ainsi que les handicaps n'affectent pas que des individus isolés mais bien l'ensemble de la cellule familiale, et ce d'une manière que vous connaissez tous malheureusement très bien. Lorsque vous êtes atteint à la fois du sida et d'un handicap, vous souffrez d'une double stigmatisation et devez donc supporter un double fardeau », a déclaré Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures, dans son allocution d'introduction.

Nous devons tous agir de concert : les gouvernements du Nord et du Sud, la société civile et, plus particulièrement, les personnes souffrant de handicaps et les personnes vivant avec le VIH

Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures

Mary Muthoni Rop est mère de trois enfants et vit en milieu rural au Kenya. Elle souffre de handicaps multiples et vit avec le VIH. Militante active du groupe Thika Disabled Fighting HIV and AIDS, elle a pris la parole au cours de cet événement pour évoquer les difficultés innombrables et la vulnérabilité dans laquelle l'épidémie de HIV a placé les personnes souffrant d'un handicap ; elle a notamment mentionné les obstacles à l'accès aux services anti-VIH, liés aux distances et à l'infrastructure des services de santé. « Nous découvrons que la plupart des établissements de soins ne sont pas accessibles aux personnes handicapées : par exemple, l'accès à certains hôpitaux implique obligatoirement de passer par des escaliers », a-t-elle précisé. Les informations relatives à la prévention du VIH sont aussi souvent inaccessibles. « Nous avons constaté que, dans la plupart des services de santé, nul ne peut donner des informations pertinentes aux personnes souffrant d'un handicap. Aucun membre du personnel n'est notamment en mesure de comprendre le langage des signes. »

La Convention relative aux droits des personnes handicapées a été adoptée en 2006 et est entrée en vigueur en 2008. Cette convention oblige les États à fournir un accès à la santé sexuelle et reproductive, et donc aux informations et services anti-HIV, à toutes les personnes handicapées. Le Groupe des Nations unies pour le développement, sous la direction de l'administratrice du PNUD, a développé des orientations spécifiques destinées aux équipes de pays des Nations unies, afin que ces dernières intègrent le handicap dans tous leurs travaux et dans l'ensemble du système des Nations unies, au niveau tant mondial que régional.

Stephen Lewis, co-fondateur et co-directeur de l'organisation AIDS-Free World, a abordé la question de la nécessité pour les gouvernements nationaux de transformer cet instrument mondial en un outil utile, en précisant que « les pays doivent bien comprendre qu'ils doivent appliquer la Convention et transposer le droit international dans leur législation nationale, afin que ce dernier soit applicable et appliqué. »

Les organisations représentant les personnes handicapées de plusieurs pays d'Afrique et d'Asie sont de plus en plus impliquées dans la lutte contre le sida, afin que le handicap ne soit pas oublié dans les programmes anti-HIV. Richard Kabeto Matlhare, coordinateur de l'Agence nationale de coordination de la lutte contre le sida du Botswana, a évoqué les éléments de riposte mis en œuvre par son pays.   

Etienne Krug, directeur du département de la prévention de la violence et des traumatismes et handicap a brièvement présenté le rapport mondial lancé par l'Organisation mondiale de la Santé un peu plus tôt dans la journée, et a indiqué que « le principal message de ce rapport est que nous ne pouvons continuer à ignorer les besoins d'un milliard de personnes dans le monde. »

« Le rapport affirme clairement que le handicap est le résultat d'une infirmité mais aussi et surtout des barrières érigées par la société. Ces barrières revêtent des formes très diverses, comme la stigmatisation et la discrimination, le manque de soins de santé et de services de réhabilitation adaptés, ou l'inaccessibilité des transports, des bâtiments, des informations, des technologies de communication, etc. »

Ce qu'il faut, c'est « s'attaquer à ces barrières qui contribuent à un grand nombre de résultats négatifs : un état de santé plus dégradé, un taux de chômage plus élevé, un niveau d'éducation plus faible », a ajouté le Dr Krug.

En tant que co-présidente, Jan Beagle a ensuite résumé les discussions en évoquant les actions requises pour garantir que les besoins des personnes handicapées seront bien inclus dans tous les aspects de la riposte au sida. « Nous savons que le chemin est encore très long. Toutefois, nous savons comment y arriver, et le seul moyen pour ce faire est d'œuvrer ensemble. Nous devons tous agir de concert : les gouvernements du Nord et du Sud, la société civile et, plus particulièrement, les personnes souffrant de handicaps et les personnes vivant avec le VIH. »

Le Forum des partenaires sur le SIDA et le handicap a été organisé par l'ONUSIDA en collaboration avec le Partenariat mondial pour les questions d’invalidité et de développement, Santé Canada, USAID, le Département d’État américain, l’OIT, le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (UNDESA), l’UNICEF et l’OMS.

Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida

Trente ans après le début de l'épidémie de sida et dix ans après la session spéciale décisive de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida, le monde se rassemble à nouveau pour examiner les progrès accomplis et tracer la future voie de la riposte mondiale au sida à l'occasion de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida qui se déroulera du 8 au 10 juin 2011 à New York. Les États membres devraient adopter une nouvelle déclaration visant à réaffirmer les engagements actuels et à initier des actions pour orienter et soutenir la riposte mondiale au sida.