Reportage

« Start Free, Stay Free, AIDS Free » : actions urgentes en perspective

27 avril 2018

Pour en finir avec l’épidémie de sida chez les enfants, les adolescents et les jeunes femmes, des objectifs ambitieux et une approche d’accélération renforcée sont nécessaires. Sur la base des succès enregistrés par le Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie, l’ONUSIDA, le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR) et d’autres partenaires* ont lancé l’initiative Start Free Stay Free AIDS Free en 2016, afin d’établir un cadre pour les travaux urgents à accomplir.

Start Free Stay Free AIDS Free donne la priorité aux actions dans 23 pays** qui représentent 87 % des nouvelles infections à VIH chez les enfants entre 0 et 14 ans, et près de 87 % de l’ensemble des enfants et adolescents vivant avec le VIH dans le monde. On estime à 2,1 millions le nombre d’enfants vivant avec le VIH pour l’année 2016.

Dans son premier rapport d’avancement, Start Free Stay Free AIDS Free revient sur les réalisations de la première année de mise en œuvre et met en lumière les domaines dans lesquels une action urgente est requise.

« Le monde est sur la voie d’accélération pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants et veiller à ce que leurs mères restent en vie et en bonne santé, mais il faut en faire plus pour assurer un accès immédiat au traitement pour tous les enfants vivant avec le VIH », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Le rapport indique qu’en 2016, on a dénombré 160 000 nouvelles infections chez les enfants à l’échelle mondiale, dont 140 000 dans les 23 pays prioritaires. Malgré une baisse générale du nombre de nouvelles infections à VIH, le recul s’est fait bien plus lentement que les années précédentes.

Le rapport soulève les inquiétudes existantes autour du nombre de nouvelles infections à VIH chez les jeunes femmes et les filles. En 2016, près de 200 000 adolescents âgés de 15 à 19 ans ont été nouvellement infectés par le VIH dans les 23 pays prioritaires, dont 72 % de jeunes femmes.

La majorité (plus de 70 %) de toutes les nouvelles infections à VIH concerne des jeunes gens d’Afrique subsaharienne, une région qui compte aussi la population de jeunes à la croissance la plus rapide du monde.

Selon Deborah Birx, Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida : « Un nombre élevé de nouvelles infections à VIH chez les adolescents et une population qui augmente rapidement pourraient se traduire par une explosion du VIH chez les jeunes femmes africaines. Le PEPFAR favorise des actions renforcées et plus intelligentes pour la prévention des infections à VIH, contribuant ainsi à l’objectif ultime d’en finir avec le sida chez les enfants, les adolescents et les jeunes femmes. Chaque individu mérite une chance de survivre, de s’épanouir et de poursuivre ses rêves ».


Objectifs Start Free (Commencer sans le VIH)

Ramener à 40 000 le nombre de nouvelles infections à VIH chez les enfants d’ici 2018

Atteindre et maintenir une couverture de 95 % des femmes enceintes vivant avec le VIH sous traitement anti-VIH permanent d’ici 2018

Objectifs Stay Free (Rester sans le VIH)

Ramener à moins de 100 000 le nombre de nouvelles infections à VIH chez les adolescents et les jeunes femmes d’ici 2020

Proposer la circoncision masculine médicale volontaire pour la prévention du VIH à 25 millions d’hommes en plus d’ici 2020 dans le monde entier, en ciblant les jeunes hommes entre 10 et 29 ans

Objectifs AIDS Free (Sans sida)

Faire en sorte que 1,6 million d’enfants (de 0 à 14 ans) et 1,2 million d’adolescents (de 15 à 19 ans) vivant avec le VIH aient accès au traitement antirétroviral d’ici 2018


Des avancées constatées dans l’accès au traitement

Le rapport montre que malgré des avancées majeures dans l’accès au traitement antirétroviral pour les femmes enceintes vivant avec le VIH, il faut en faire beaucoup plus pour atteindre les enfants.

En 2016, environ 78 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont eu accès au traitement antirétroviral dans les 23 pays prioritaires.

On estime que l’élargissement du déploiement et le recours au traitement antirétroviral pendant la grossesse et tout au long de la période d’allaitement ont permis d’éviter environ 270 000 nouvelles infections à VIH chez les enfants rien qu’en 2016.

Le nombre d’enfants sous traitement a également augmenté, mais pas dans une mesure suffisante. En 2010, seulement 17 % des enfants âgés de 0 à 14 ans avaient eu accès au traitement. En 2016, ce pourcentage est passé à 43 %, avec près de 920 000 enfants ayant accès au traitement antirétroviral. Même s’il s’agit d’une amélioration notable, l’accès au traitement pour les enfants est encore très en retard par rapport aux adultes. En 2016, environ 54 % des adultes vivant avec le VIH ont eu accès au traitement.

Le rapport évoque de multiples raisons au ralentissement de l’accès au traitement pour les enfants, notamment de faibles taux de dépistage. Seuls neuf pays sur les 23 pays prioritaires sont parvenus à dépister et diagnostiquer 50 % ou plus des enfants exposés au VIH en 2016. Les pourcentages sont particulièrement faibles en ce qui concerne le diagnostic précoce des nourrissons au cours des deux premiers mois de la vie, alors que c’est à ce moment-là qu’il est fondamental de faire un test de dépistage, car la mortalité liée au VIH est à son maximum. Sans accès au dépistage et au traitement, la moitié des enfants atteints du VIH décèderont avant leur deuxième anniversaire.

Des pas en avant

Le rapport propose un ensemble de mesures importantes que les pays peuvent prendre pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants, dépister et diagnostiquer les enfants et les jeunes susceptibles d’avoir été exposés au VIH et faire en sorte que les enfants et les jeunes aient accès à la prévention, à des médicaments de qualité, ainsi qu’à une éducation sexuelle et reproductive adaptée à leur âge et à des soins et un appui tout au long de leur vie, sans stigmatisation ni discrimination.

Parmi les autres actions capitales, on retrouve l’accélération de la recherche sur les nouveaux médicaments et diagnostics, la promotion de l’engagement et des services communautaires, la circoncision masculine médicale volontaire, l’accès à l’information sur la santé sexuelle et reproductive et l’accès à la PPrE pour les jeunes les plus exposés au risque de VIH.

« L’avenir des enfants et des adolescents dépend des actions que nous menons aujourd’hui collectivement », a déclaré M. Sidibé.

Les dernières estimations concernant la fin de l’année 2017 seront publiées en juillet 2018 et donneront un nouvel aperçu des progrès de l’initiative Start Free Stay Free AIDS Free.

 

*Unicef, OMS et la fondation Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation

**Afrique du Sud, Angola, Botswana, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, République Unie de Tanzanie, Swaziland, Tchad, Zambie et Zimbabwe.

 

Rapport d’avancement

2017