East and Southern Africa

Maintenir la dynamique de la riposte au sida dans le monde

24 avril 2019

Lors d’une visite en Afrique du Sud, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a formulé la mise en garde suivante : la riposte mondiale au sida se trouve à un point d’inflexion, auquel les acquis obtenus jusqu’ici pourraient facilement s’inverser, sauf si des actions urgentes sont entreprises pour atteindre les objectifs fixés pour 2020 et les buts ambitieux définis pour la décennie à venir.

Dans un entretien avec le Ministre de la Santé sud-africain, Aaron Motsoaledi, M. Sidibé a félicité le pays pour ses progrès accomplis à ce jour et encouragé le gouvernement à accélérer l’action pour atteindre les objectifs ambitieux qui mettront la riposte au VIH sur un chemin durable pour en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030. M. Sidibé a déclaré qu’il était temps d’exploiter pleinement le pouvoir des communautés pour combler les lacunes restantes dans les objectifs de traitement 90-90-90 de l’ONUSIDA. 

Lors d’une rencontre avec la Première dame d’Afrique du Sud, Tshepo Motsepe, M. Sidibé a encouragé cette dernière à utiliser sa voix et sa popularité pour autonomiser les personnes qui n’ont pas de visibilité et n’ont pas accès aux services, en insistant particulièrement sur l’importance d’ouvrir aux adolescentes l’accès au vaccin contre le papillomavirus humain pour la prévention du cancer du col de l’utérus. 

Mme Motsepe a fait part de sa volonté de s’engager sur les questions nationales et internationales dans l’intérêt du développement social. « La santé, ce n’est pas simplement l’absence de maladie », a-t-elle indiqué. « Certains m’appellent la Première dame, d’autres l’épouse du Président, mais quel que soit mon titre, je suis une travailleuse sociale pour l’Afrique du Sud ».

M. Sidibé a également rencontré l’ancien Président sud-africain Kgalema Motlanthe et l’a encouragé à faire en sorte que les gens restent conscients des risques sérieux de perdre la dynamique de la riposte au sida, et notamment de la nécessité d’impliquer davantage les hommes dans le dépistage du VIH et l’observance du traitement. 

M. Motlanthe, qui est membre de Champions for an AIDS-free Generation en Afrique, a fait part de son appréciation des efforts menés par M. Sidibé tout au long de sa carrière, notamment en tant que Directeur exécutif de l’ONUSIDA. Il a fait remarquer que M. Sidibé n’avait cessé de définir les étapes cruciales dans les progrès de la riposte au sida, et d’en plaider la cause.

« Vous avez toujours répondu présent », a-t-il déclaré.  

Lors de son séjour à Johannesburg, M. Sidibé s’est adressé aux directeurs des bureaux nationaux de l’ONUSIDA en Afrique orientale et australe. Il leur a rappelé la vocation première de l’ONUSIDA : répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH et des personnes exposées au risque d’infection. En tant qu’organisation œuvrant dans le domaine de la santé, il a souligné que l’ONUSIDA jouait un rôle unique dans la défense des droits des personnes vulnérables, en s’engageant fermement aux côtés de la société civile et en insistant sur le fait que personne ne devait subir de discrimination à cause de son mode de vie ou de ses choix amoureux. 

« L’ONUSIDA n’est pas une organisation pilotée par la logistique ou le matériel », a-t-il déclaré. « C’est une organisation qui place l’humain au cœur de son action ».

« La riposte au sida, notamment en Afrique orientale et australe, délivre des enseignements et des approches qui permettent d’assurer la pérennité à travers le leadership politique, la mobilisation des ressources et l’engagement des communautés », a-t-il ajouté.

« Si les gens sont derrière vous, vous avez vraiment les moyens de rendre le monde meilleur. »

Les survivants des inondations dues au cyclone Idai « veulent juste rentrer à la maison »

18 avril 2019

Le camp de Bangula, dans le district de Nsanje au sud du Malawi, se trouve à cinq kilomètres de marche ardue de la frontière avec le Mozambique.

Une marche que près de 2 000 Mozambicains ont entrepris depuis qu’ils ont été déplacés il y a un mois en raison des crues provoquées par le cyclone Idai. Ce camp est aussi le foyer temporaire d’environ 3 500 Malawites des villages environnants, eux aussi déplacés.

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Cette communauté dominée par de petits exploitants agricoles a vu ses maisons, ses biens et ses moyens de subsistance emportés par les eaux. Toutes ces personnes résident aujourd’hui à Bangula en attendant que la terre sèche, afin qu’ils puissent rentrer chez eux et reconstruire leur vie.

L’aide d’urgence destinée aux 81 000 personnes du district touché par les inondations est coordonnée par le gouvernement du Malawi, les Nations Unies, les partenaires de développement et les organisations non gouvernementales.

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Lorsqu’ils arrivent au camp, les chefs de famille reçoivent des nattes et des couvertures pour dormir et de la farine de maïs pour faire la cuisine. 

Les femmes et les enfants sont logés dans 21 tentes à l’arrière du camp, tandis que les autres dorment dans des hangars industriels ouverts, sur un sol en béton et sous un toit de tôle.

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Lors d’une visite dans le camp, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a appris que si certaines commodités étaient prévues, il n’y avait pas assez d’abris pour tout le monde et aucun éclairage la nuit, ce qui exacerbe la vulnérabilité des personnes, en particulier des femmes et des enfants.

Il est bien connu que les violences sexuelles et sexistes à l’égard des femmes et des enfants sont accrues dans les contextes d’urgence tels que celui de Bangula. Les gens ont également évoqué le manque de nourriture adéquate, d’accès à l’eau potable et aux sanitaires, ainsi que des faits de stigmatisation et de discrimination.

Le petit dispensaire du camp se concentre sur les soins de santé primaires et propose des services prénataux et néonataux, des services de conseil et de dépistage du VIH, le réapprovisionnement en médicaments de traitement du VIH et une aide psychosociale.

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Lors de sa visite au camp, M. Sidibé s’est entretenu avec un groupe de personnes vivant avec le VIH qui sont venues se réfugier ici. Elles lui ont raconté comment, lors de la montée des eaux, elles ont tenté de mettre en sûreté leur traitement anti-VIH.

« Ma maison a été détruite par l’inondation. Mais j’ai réussi à attraper le sac où je garde mes antirétroviraux, car ils sont l’un de mes biens les plus précieux », raconte Sophia Naphazi, originaire du village de Jambo.

Elizabeth Kutenti, une autre femme vivant avec le VIH, explique comment ses médicaments étaient restés à l’abri, car elle les avait rangés sous le toit. « Ils sont toute ma vie », ajoute-t-elle.

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L’aide dont ont besoin les populations de ce camp pour rentrer chez elles est modeste. « Nous avons besoin de trois choses : une bâche en plastique pour recouvrir ce qui reste de nos maisons, des graines de maïs à planter et une binette. Alors nous pourrons rentrer chez nous », explique Miliam Moses.

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« Le niveau de résilience que j’ai observé aujourd’hui est tout simplement extraordinaire », a déclaré M. Sidibé. « Le message le plus important que j’ai entendu aujourd’hui est un message d’espoir ».

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M. Sidibé était accompagné par Atupele Austin Muluzi, Ministre de la Santé et des Populations du Malawi. Il a remercié les agences des Nations Unies et les services gouvernementaux qui contribuent à la coordination de l’aide d’urgence.

« Nous avons besoin que cette aide se poursuive, afin que toutes les personnes de ce camp puissent obtenir l’assistance dont elles ont besoin pour rentrer chez elles et vivre dignement », a-t-il déclaré.

Le Malawi lance sa cellule de surveillance sanitaire

12 avril 2019

Le Malawi vient tout juste de lancer sa cellule de surveillance sanitaire, une plate-forme logicielle destinée à aider le gouvernement à prendre des décisions éclairées sur les politiques et les programmes en matière de santé, notamment sur le VIH.

Cet outil innovant vient renforcer les systèmes d’information nationaux grâce à une visualisation en temps réel des données issues de multiples ensembles. Il permettra aux dirigeants et aux responsables des programmes d’améliorer les programmes de santé, dans le but d’atteindre les objectifs 90–90–90 selon lesquels, d’ici à 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH devront connaître leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % de ces personnes devront être sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement devront présenter une charge virale indétectable.

Le Malawi a fait d’énormes progrès dans sa riposte au VIH. En 2017, 90 % des personnes vivant avec le VIH dans le pays connaissaient leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 71 % de ces personnes avaient accès au traitement et 61 % des personnes vivant avec le VIH présentaient une charge virale indétectable. Environ 1 million de personnes vivent avec le VIH au Malawi, et en 2017 les nouvelles infections à VIH avaient reculé de 40 % par rapport à 2010. Toutefois, les infections à VIH chez les jeunes femmes et les adolescentes âgées de 15 à 24 ans sont restées élevées et représentent plus d’une nouvelle infection sur quatre chaque année.

Dans son discours à l’occasion du lancement de la cellule de surveillance sanitaire dans la capitale, Lilongwe, le Président du Malawi, Arthur Peter Mutharika, a déclaré que cet outil était un important pas en avant.

« La cellule de surveillance sanitaire est la démonstration de l’engagement de mon gouvernement en matière de responsabilisation et de transparence », a indiqué M. Mutharika. « Mon souhait est que cette cellule nous montre sur quoi nous devons nous concentrer pour progresser encore davantage vers un Malawi en meilleure santé ».

Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a ajouté que ce lancement viendrait renforcer le secteur de la santé dans le pays.

« La cellule de surveillance sanitaire est une innovation capitale, car elle diffuse des données en temps réel qui permettent une meilleure compréhension de l’épidémie de VIH dans le pays et d’autres problèmes sanitaires », a déclaré M. Sidibé lors du lancement. « Elle va orienter la riposte du Malawi et aider ses dirigeants à combler les lacunes, pour faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte alors que le pays se met sur les rails pour en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030 ».

Un modèle pour les prochains ensembles de données

26 mars 2019

Trente minutes avant même le début de l’atelier, la salle de réunion est déjà pleine. Des murmures s’élèvent de toutes parts tandis que les participants jettent un dernier coup d’œil aux données qui vont être utilisées pour la prochaine séquence de modélisation des estimations sur le VIH. Il est important de bien les comprendre, car les résultats de l’atelier auront une influence sur l’affectation des investissements à hauteur de milliards de dollars dans la riposte au sida.

Plus d’une centaine de personnes venues de 11 pays d’Afrique orientale et australe, avec le soutien de neuf organisations, se sont ainsi réunies à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour analyser les tendances et le poids de l’épidémie de VIH dans leur pays. Cet atelier de l’ONUSIDA est l’un des 11 organisés dans le monde entier entre le 28 janvier et le 30 mars 2019, au cours desquels 140 équipes nationales, composées notamment d’épidémiologistes, de responsables de programmes de lutte contre le VIH et d’experts du suivi et de l’évaluation, ont été informées des dernières évolutions des logiciels utilisés pour estimer le nombre de personnes vivant avec le VIH, de nouvelles infections à VIH et de décès dus au sida.

Tout au long de ces ateliers, les équipes ont produit de nouvelles estimations sur l’épidémie de VIH dans leur pays de 1970 à 2018, affinant les estimations réalisées les années passées. Les programmes nationaux et les réponses des donateurs sont basés sur les données les plus récentes et les plus précises. Ces données sont utilisées pour fixer des objectifs, identifier les points chauds, revoir les programmes nationaux et décider du déroulement de la riposte au sida.

Avant les ateliers, les équipes nationales ont recueilli des données sur les programmes et la surveillance auprès de leurs systèmes d’information sanitaire. Durant les ateliers, ces données sont saisies dans Spectrum, une suite logicielle sophistiquée soutenue par l’ONUSIDA, utilisée pour compiler et analyser les données sur l’épidémie de VIH, afin de générer les estimations sur le VIH par pays.

Les pays qui disposent de données correctes au niveau des établissements utilisent ces informations, associées aux données sur les réseaux routiers, les densités de population et d’autres variables, pour calculer le nombre de personnes vivant avec le VIH par district, une information d’une importance cruciale pour une approche localisation géographique – population de la riposte au sida. Ces estimations par district sont ensuite ventilées par différents groupes d’âge et par sexe.

Les pays qui reçoivent des fonds des États-Unis importent leurs estimations dans une feuille de calcul surnommée « Data Pack », qui est utilisée dans le processus de détermination du niveau d’aide financière qu’un pays recevra.

Le Lesotho fait partie des pays dont la riposte au sida est soutenue par les États-Unis. John Stover, principal développeur de Spectrum, a été mandaté pour appuyer les membres de l’équipe nationale lors de la réunion de Johannesburg. Il est très doué pour expliquer des

« La communauté n’est pas du côté des filles »

15 mars 2019

Les clubs Rise aident les adolescentes et les jeunes femmes à entamer le dialogue sur le VIH et sur la santé et les droits sexuels et reproductifs.

Khayelitsha est l’un des plus grands townships d’Afrique du Sud, situé dans la région des Cape Flats au Cap.

Comme c’est le cas dans beaucoup d’autres communautés sud-africaines, les femmes et les filles de ce bidonville à moitié clandestin sont confrontées aux inégalités entre les sexes au quotidien, ce qui les expose à un risque plus élevé de contracter une infection à VIH.

Les inégalités entre les sexes sont un obstacle à l’accès des adolescentes et des jeunes femmes aux services anti-VIH et aux services de santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’à une éducation sexuelle complète. Elles les exposent également à un risque plus élevé de violences sexistes.

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« Le taux de criminalité est important. La communauté n’est pas du côté des filles. La communauté estime que les femmes doivent se soumettre aux hommes. C’est parfois difficile pour nous de nous exprimer », déclare une jeune femme membre du club Rise de Khayelitsha.

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« Nous nous rabaissons nous-mêmes pour entrer dans la case dans laquelle la communauté nous place. Des filles se font violer, kidnapper… il y a beaucoup de violence. Tu as le droit de faire ci, tu n’as pas le droit de faire ça, on n’arrête pas de te dire ce qu’il faut faire », explique-t-elle.

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Pour la plupart des filles, il est difficile de parler aux parents, aux enseignants ou aux membres de la famille de sexe, de sexualité ou encore de droits et de santé sexuels et reproductifs. Les jeunes femmes et les adolescentes sont confrontées à la stigmatisation et à la discrimination, réprimandées par les infirmières des établissements de santé parce qu’elles sont sexuellement actives lorsqu’elles viennent pour des services de santé sexuelle et reproductive. Bien que de nombreux pays d’Afrique orientale et australe aient signé l’Engagement ministériel sur une éducation sexuelle complète et des services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents et les jeunes en Afrique orientale et australe et disposent d’une façon ou d’une autre de politiques en matière d’éducation sexuelle complète, la mise en œuvre reste inégale.


Les jeunes femmes sont plus exposées au risque d’infection à VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles que leurs homologues masculins ou les femmes plus âgées.

En Afrique orientale et australe, un quart des 800 000 nouvelles infections à VIH en 2017 ont concerné des adolescentes et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans. Sur les 2,17 millions d’adolescents et de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivant avec le VIH en Afrique orientale et australe, 1,5 million sont de sexe féminin.

Sur les 277 000 nouvelles infections à VIH survenues en Afrique du Sud en 2017, 77 000 ont concerné des adolescentes et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, soit plus du double de leurs homologues masculins (32 000).

Le niveau de connaissance en matière de prévention du VIH va de 64,5 % au Rwanda jusqu’au faible score de 20,37 % enregistré aux Comores, l’Afrique du Sud se situant entre les deux à 45,8 %.

Dans certains pays de la région, la loi prévoit que les adolescentes et les jeunes femmes puissent se marier très jeunes. Les mariages précoces sont associés à une perte d’autonomie physique, au manque d’instruction dû au décrochage scolaire, à l’absence d’indépendance économique et à la violence sexiste.

Les transactions sexuelles contribuent à la disparité entre les sexes en matière d'infection à VIH chez les jeunes d’Afrique subsaharienne.

Les données probantes montrent que le commerce du sexe chez les adolescentes et les jeunes femmes est associé à plusieurs sources de risque d’infection à VIH, notamment les abus et les violences, la consommation d’alcool, la multiplicité des partenaires, l’absence d’usage du préservatif et les relations sexuelles entre personnes d’âge différent.


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Les clubs Rise

Rise est un club ouvert aux adolescentes et aux jeunes femmes cherchant à créer de la cohésion sociale, de l’auto-efficacité et de la résilience en offrant aux adolescentes et aux jeunes femmes (entre 15 et 24 ans) un espace pour s’entraider et entreprendre des projets au sein de la communauté destinés à prévenir le VIH, atténuer son impact et permettre des choix plus sûrs.

Rise contribue à répondre aux besoins des adolescentes et des jeunes femmes en termes de confiance en soi et les encourage à s’exprimer contre les maux de la société tout en les aidant à prendre leurs propres décisions concernant leur vie.

Ces clubs ont été lancés en 2014 pour les jeunes de 15 districts défavorisés d’Afrique du Sud par l’organisme Soul City Institute for Social Justice.

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« Les parents africains ne parlent pas de sexe avec leurs enfants et nous sommes gênés d’en parler avec eux. Je ne pouvais pas parler avec ma sœur donc j’ai rejoint Rise et aujourd’hui je peux dialoguer avec les autres filles. Certaines sont plus âgées que moi et elles peuvent me donner des conseils. » — Cinga 

 

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« Mes parents m’ont appris que la seule façon de savoir, c’est de poser des questions. Quand j’ai rejoint Rise, nous avons posé des questions pour des filles qui ne pouvaient pas les poser elles-mêmes, facilitant ainsi la vie de ces filles. » — Okuhle

 

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« Je n’avais personne à qui me confier à la maison. Et puis je suis devenue la personne la plus bavarde qui soit. Rise m’a aidée à gérer une faible estime de moi-même. » — Lisa


Les adolescentes et les jeunes femmes d’Afrique orientale et australe ont besoin de lois, de politiques et de programmes qui répondent à leurs besoins. Ceci inclut des programmes sur mesure et ciblés en matière de services de santé sexuelle et reproductive et d’éducation sexuelle complète, ainsi que sur la prévention des grossesses non désirées, des violences sexistes et de l’infection à VIH.

Ils doivent s’appuyer sur les principes d’égalité des sexes et des droits de l’homme et devraient aborder d’autres problèmes socioéconomiques, comme la pauvreté et le chômage.

Ces politiques et ces programmes auront non seulement pour effet de donner des résultats positifs en matière de santé, mais donneront aussi aux adolescentes et aux jeunes femmes l’opportunité de vivre leur vie en toute liberté et dans la dignité.

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La Journée internationale des Droits des Femmes en Éthiopie

12 mars 2019

Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a célébré la Journée internationale des Droits des Femmes à Addis Abeba, en Éthiopie, lors d’un événement organisé par le Ministère des Femmes, de la Jeunesse et de l’Enfance, avec le soutien de l’ONUSIDA. Cet événement a rassemblé des femmes de premier plan et des représentantes d’associations féministes de tout le pays. S’adressant aux participants, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a souligné que les femmes étaient « les piliers de la nation ».

Yalem Tsegaye, Ministre des Femmes, de la Jeunesse et de l’Enfance, a quant à elle mis en avant l’initiative Jegnit. Jegnit signifie « héroïne » : il s’agit d’un mouvement novateur mené par le gouvernement éthiopien et destiné à autonomiser les femmes et à favoriser leur accès à un plus grand nombre de postes de premier rang, aussi bien au niveau communautaire que politique.

Lors de cet événement, M. Sidibé a également rendu hommage au Premier ministre éthiopien et à son gouvernement pour leurs réformes audacieuses dans la lutte contre les inégalités entre les sexes, avec la nomination de femmes à des postes à responsabilité dans tous les secteurs. Il a félicité le Premier ministre pour avoir appliqué la parité au sein de son gouvernement.

« L’heure est venue de promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles, car la fin de l’épidémie de sida relève davantage d’un rééquilibrage des pouvoirs que de la santé. Cela signifie qu’il faut donner la priorité aux filles et aux jeunes femmes dans le cadre d’un véritable partenariat avec elles. Cela signifie qu’il faut donner plus d’options et de vrais choix aux adolescentes et aux jeunes femmes », a déclaré M. Sidibé.

Pendant son séjour à Addis Abeba, M. Sidibé a rencontré Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, première femme à occuper ce poste en 60 ans, afin de discuter de la poursuite de la collaboration sur les ripostes durables au sida à travers le continent africain.

M. Sidibé a également rencontré Amira Elfadil, Commissaire aux Affaires sociales de l’Union africaine. En cette année 2019, l’ONUSIDA et l’Union africaine célèbrent 20 ans d’un partenariat ciblé sur la fin de l’épidémie de sida en Afrique.

Il y a une vie après le VIH, il y a l’amour

08 mars 2019

Pretoria, 8 mars 2019

Avant de faire son test de dépistage en 2002, Mandisa Dukashe était angoissée. Étudiante infirmière en Afrique du Sud, un pays où plus de 4 millions de personnes vivaient avec le VIH à l’époque, elle savait qu’il était possible qu’elle soit séropositive au virus. « J’étais très stressée », raconte-t-elle. « J’ai repoussé le moment du test pendant presque un mois ».

Mandisa avait étudié le VIH à l’université, et le personnel de la clinique a supposé qu’elle était bien informée et qu’elle n’avait pas besoin de conseils avant le test. « Ils m’ont dit que comme j’étais étudiante infirmière, je devais savoir ce que cela impliquait ».

Le résultat du test était positif. Mandisa a ainsi rejoint les 510 000 autres Sud-Africains nouvellement infectés par le VIH en 2002, soit 20 % de toutes les nouvelles infections dans le monde.

Lorsque Mandisa a été diagnostiquée séropositive au VIH, l’Afrique du Sud commençait tout juste à déployer le traitement et il a fallu cinq ans pour qu’elle puisse y avoir accès. Il était plus difficile à obtenir à l’époque, avec des formules médicamenteuses limitées qui n’étaient prescrites qu’aux personnes malades du sida.

En 2002, l’Afrique du Sud comptait plus de 4 millions de personnes vivant avec le VIH, mais moins de 15 000 bénéficiaient d’un traitement par l’intermédiaire des structures publiques. Cette année-là, le pays a aussi enregistré plus de 190 000 décès dus au sida.

Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée.

En 2018, Mandisa et sa famille ont posé pour la couverture du Rapport de l’ONUSIDA pour la Journée mondiale de lutte contre le sida, comme preuve vivante qu’un traitement durable contre le VIH peut supprimer la charge virale d’un individu et empêcher la transmission de l’infection à VIH à un partenaire ou à ses enfants. « Tout le monde peut y arriver », déclare-t-elle.

En 2017, l’Afrique du Sud a dénombré plus de 4,3 millions de personnes sous traitement anti-VIH et 110 000 décès dus au sida. Pourtant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030.  L’Afrique du Sud continue d’élargir rapidement le traitement contre le VIH et elle est déterminée à faire baisser le nombre annuel de décès dus au sida à 80 000 ou moins d’ici à 2020.

« Au départ, je n’ai pas voulu révéler ma séropositivité au VIH, parce que je savais que ça pouvait poser problème, alors je me suis concentrée sur mes études d’infirmière. J’ai fini par tomber amoureuse d’un garçon et j’ai eu peur qu’il me rejette, mais j’ai dû lui dire, je ne peux pas vivre dans le mensonge. »

Mandisa Dukashe

Mandisa explique qu’il ne lui a pas fallu longtemps pour se réconcilier avec sa séropositivité au VIH. Elle était décidée à s’approprier cette séropositivité, à prendre soin d’elle et à faire passer le message. Elle voulait mettre en garde les autres jeunes pour qu’ils évitent l’infection à VIH, se fassent dépister et recherchent un soutien en cas de résultat positif. « Après avoir reçu des conseils, j’ai retrouvé le courage et la confiance, et au bout d’une semaine j’étais prête à sortir et à le dire au monde entier, dans le but de sensibiliser les gens, surtout les jeunes femmes et les filles ».

Mais les choses n’ont pas toujours été simples pour elle. Mandisa était mariée quand elle a été diagnostiquée. « Certaines personnes disent que le VIH peut vous rapprocher, mais ça n’a pas été le cas ». Elle a fini par divorcer et il a fallu du temps jusqu’à ce que Mandisa retrouve l’amour. « Au départ, je n’ai pas voulu révéler ma séropositivité au VIH, parce que je savais que ça pouvait poser problème, alors je me suis concentrée sur mes études d’infirmière. J’ai fini par tomber amoureuse d’un garçon et j’ai eu peur qu’il me rejette, mais j’ai dû lui dire, je ne peux pas vivre dans le mensonge. Il m’a fallu trois mois pour lui révéler mon état, mais à ma grande surprise, sa réaction a été bien meilleure que ce que j’espérais. Il est resté séronégatif au VIH et c’est le meilleur mari et le meilleur père pour mes enfants que j’aurais pu espérer. Quand vous bénéficiez d’un tel soutien, vous pouvez vivre en bonne santé et même oublier le VIH ».

Malgré l’amour et le soutien de son mari et de sa famille, le poids de la vie avec le VIH est revenu submerger Mandisa quand, avec son mari, ils ont commencé à parler d’avoir des enfants. « Lorsque le moment est venu pour nous de parler de la prévention de la transmission du VIH à nos enfants, nous avons dû réfléchir soigneusement, planifier les choses et consulter des experts médicaux. Tout ça m’est revenu en pleine figure et je suis tombée dans la dépression pendant un moment ».

Mais elle ajoute qu’elle a reçu de l’aide. « J’ai reçu des conseils et je me suis débarrassée de cette angoisse, le jeu en valait la chandelle. Aujourd’hui, je suis maman de deux merveilleux enfants qui sont nés sans le VIH. C’était ma responsabilité et aussi celle de mon mari. Nous avons eu beaucoup de soutien et de conseils ».

« Pouvoir donner naissance à des enfants séronégatifs au VIH a été une véritable bénédiction, car je crois que si je n’avais pas passé le test, mes enfants auraient pu naître avec le VIH ».

Stopper les nouvelles infections à VIH chez les enfants est une priorité absolue pour l’Afrique du Sud, avec pour objectif une quasi-élimination d’ici à 2020. Pourtant, malgré de nombreuses années d’efforts ciblés, 13 000 enfants ont été infectés par le VIH par l’intermédiaire de leur mère en 2017.  « Ça me rend triste de ne pas avoir pu allaiter mes bébés », raconte Mandisa. « Comme je ne voulais surtout pas leur transmettre le VIH, je les ai nourris au lait en poudre, et ça m’a fait de la peine ».

Grâce à des options de traitement améliorées, les femmes vivant avec le VIH sont aujourd’hui encouragées à prendre un traitement anti-VIH pour leur propre santé et pour éviter d’infecter leurs enfants pendant la grossesse, lors de l’accouchement ou pendant l’allaitement. Toutes les femmes vivant avec le VIH qui allaitent en Afrique du Sud et qui sont sous traitement anti-VIH sont incitées à nourrir leurs enfants au sein exclusivement jusqu’à l’âge de six mois au moins.

« Pouvoir donner naissance à des enfants séronégatifs au VIH a été une véritable bénédiction, car je crois que si je n’avais pas passé le test, mes enfants auraient pu naître avec le VIH. »

Mandisa Dukashe

Aujourd’hui, Mandisa travaille comme chef de projet pour le dépistage du VIH sur le lieu des soins et l’assurance qualité. C’est aussi une intervenante qui sait motiver les gens et créer une demande pour le dépistage et le traitement du VIH, notamment chez les femmes en âge de procréer et leurs partenaires.

« Je veux encourager tous ceux qui sont dans notre situation : il y a une vie après le VIH, il y a l’amour. Les gens ne devraient pas hésiter à passer un test de dépistage du VIH. C’est la meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie, car j’ai appris ce qu’il fallait faire pour rester en bonne santé et ne pas infecter mon conjoint et mes enfants. Hésiter ne changera rien au résultat ».

« En tant que professionnelle de santé, il est important pour moi de montrer que je vis avec le VIH de manière positive et que je le gère très bien. Mon expérience devrait encourager les autres à se protéger et à se faire dépister régulièrement. Si vous êtes diagnostiqué séropositif au VIH, entamez un traitement et demandez des conseils et un soutien pour que vous puissiez rester en bonne santé et protéger les autres. Malheureusement, le VIH est une réalité pour des millions de personnes, mais le traitement fonctionne et nous sommes plus forts que le virus ».

En conclusion, Mandisa a un message à adresser aux jeunes femmes : « Le VIH est invisible. Utilisez systématiquement un préservatif et méfiez-vous des hommes plus âgés. Les relations entre personnes d’âges différents représentent un risque, en particulier pour certaines jeunes filles qui grandissent en recherchant une figure paternelle ou évoluent dans un milieu pauvre. Si vous comptez sur un partenaire plus âgé et que vous essayez de lui faire plaisir, vous ne pourrez pas insister pour utiliser un préservatif », explique-t-elle. « C’est ma propre expérience qui parle, celle de quelqu’un qui a été confronté aux mêmes pressions ».

 

Afrique : assurer une couverture santé sans compromis sur la qualité

08 mars 2019

Le mouvement en faveur de la couverture santé universelle (CSU) gagne du terrain en Afrique et beaucoup de pays africains ont déjà intégré la CSU dans leurs stratégies sanitaires nationales. Mais avec 11 millions d’Africains qui tombent chaque année dans l’extrême pauvreté en raison de dépenses de santé restant à leur charge, comment l’Afrique peut-elle parvenir à une CSU proposant un ensemble de soins de qualité à tous ses habitants ?

Cette semaine à Kigali, capitale du Rwanda, le débat autour de la CSU a été intense à l’occasion de l’une des plus grandes rencontres d’Afrique sur le thème de la santé, la Conférence internationale sur l’agenda de la santé en Afrique 2019.  Co-organisée par le Ministère de la Santé du Rwanda et l’Association pour la médecine et la recherche en Afrique (Amref Health Africa), la conférence a réuni 1 500 responsables sanitaires qui ont échangé sur de nouvelles idées et des solutions locales aux problèmes sanitaires les plus urgents du continent.

Les participants ont évoqué la nécessité pour les pays de s’approprier le concept de CSU et de tout mettre en œuvre pour le faire fonctionner. Ils ont souligné le fait qu’une bonne santé permet aux enfants de bien apprendre et aux adultes de contribuer à la société et à l’économie. Ils ont également insisté sur le fait que la CSU permet aux individus de sortir de la pauvreté et fournit une base pour une sécurité économique à long terme, essentielle pour l’avenir du continent.

Le Président du pays hôte, Paul Kagame, a reçu une distinction d’excellence en reconnaissance de son leadership politique sur la CSU. Dans un message, il a remercié l’Amref en déclarant : « Nous devons ces progrès à des partenaires comme vous, qui avez uni vos forces aux nôtres dans notre parcours pour offrir à tous les Rwandais une vie digne et en bonne santé ». Le Ministre de la Santé éthiopien a également été distingué pour le travail accompli par l’Éthiopie dans la promotion des soins de santé primaires.

Faire en sorte que chacun ait accès aux services de santé de base est un véritable défi, et la clé du succès de la CSU sera de veiller à ce que la qualité des services soit suffisante pour améliorer la santé des personnes qui y auront accès.

« Nous devons assurer le suivi de l’impact de la CSU », a déclaré Michel Sidibé, qui co-animait une table ronde ministérielle de haut niveau. « La couverture ne suffit pas, nous devons proposer à tout le monde des services de qualité, abordables et accessibles. Le succès ultime de la CSU se mesurera en termes de capacité d’accès des plus pauvres, des plus marginalisés et des plus vulnérables ».

Lors de la conférence, M. Sidibé a participé à une réunion-débat avec des jeunes. Il leur a parlé de leur engagement intelligent dans le processus de la CSU, en déclarant que les jeunes devaient « revendiquer et s’approprier l’espace ». Il s’est également entretenu avec des groupes de la société civile à propos des progrès remarquables accomplis sur les objectifs de traitement 90-90-90 de l’ONUSIDA à l’échelle africaine, ainsi que de la nécessité critique de la poursuite de leur engagement sur le VIH dans le cadre de la CSU.

La toute première Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la couverture santé universelle aura lieu le 23 septembre 2019 lors de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le thème « Couverture sanitaire universelle : œuvrer ensemble pour un monde en meilleure santé ».

Zimbabwe : les personnes vivant avec le VIH en grande difficulté

08 mars 2019

Selon un récent appel d’urgence des Nations Unies, on estime à près de 5,3 millions le nombre de personnes au Zimbabwe qui ont un besoin urgent d’aide humanitaire.

La crise économique actuelle, aggravée par des conditions climatiques instables ces dernières années, a conduit à une insécurité alimentaire accrue et à un manque d’accès aux services essentiels de base, notamment les soins de santé. Cet appel demande au total 234 millions de dollars, dont 37,4 millions pour couvrir des besoins sanitaires urgents, afin d’aider les 2,2 millions de personnes les plus touchées. Il a pour but de compléter les programmes du Zimbabwe actuels et prévus.

La météo capricieuse, en particulier la survenue tardive de la saison des pluies et le déficit pluviométrique, pèse sur les fermiers et les éleveurs d’Afrique australe, notamment au Zimbabwe. Dans cette région, les agriculteurs sont encore en train de se relever d’une grave sécheresse provoquée par El Niño en 2015/2016. Les régimes de précipitations imprévisibles et la rareté des pâturages ont affaibli le bétail et les épidémies de ravageurs de cultures et de maladies animales sont prévalentes dans de nombreux districts.

La situation humanitaire qui se dégrade et l’aggravation des conditions économiques du pays, notamment la volatilité de la monnaie, viennent s’ajouter à des circonstances déjà difficiles pour les 1,3 million de personnes vivant avec le VIH au Zimbabwe.

L’insécurité alimentaire des ménages et un accès limité à l’hygiène, à l’assainissement et à l’eau peuvent avoir un impact disproportionné sur les personnes vivant avec le VIH. Les médicaments contre le VIH ne doivent pas être pris l’estomac vide. Les crises de diarrhée sévère, le choléra ou d’autres infections gastro-intestinales peuvent accélérer la progression de graves maladies liées au sida si elles ne sont pas traitées. En 2018, le Zimbabwe a connu la deuxième plus forte épidémie de choléra de son histoire récente. Le pays doit aussi faire face à des milliers de cas de fièvre typhoïde.

Parallèlement, l’absence d’accès aux devises étrangères a considérablement réduit les stocks de médicaments de base, kits de diagnostic et autres fournitures médicales. Certains fournisseurs pharmaceutiques privés acceptent aujourd’hui uniquement les dollars américains et leurs prix se sont envolés. Dans de telles circonstances, de nombreuses personnes, en particulier les personnes atteintes de maladies telles que le VIH et la tuberculose, ne peuvent plus se payer de médicaments ni de services de santé élémentaires. Et là où les dispensaires ont des disponibilités, de nombreuses personnes n’ont pas les moyens de se payer le transport. La non-observance du traitement met en péril la santé des patients et peut conduire à une résistance aux médicaments.

La situation délicate au Zimbabwe augmente aussi le risque d’infection à VIH, en particulier pour les femmes et les filles, les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays. Lors des épisodes d’urgence humanitaire, lorsque des populations entières se déplacent, les filles sont particulièrement vulnérables à la séparation des familles, au mariage précoce, aux grossesses adolescentes, aux violences sexistes et aux mécanismes de survie extrêmes tels que le commerce du sexe.

« L’ONUSIDA est très préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire au Zimbabwe, où les personnes vivant avec le VIH sont touchées de manière disproportionnée par l’insécurité alimentaire et les pénuries de médicaments essentiels », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « L’ONUSIDA est prêt à travailler avec tous les partenaires nationaux et internationaux afin d’atténuer les effets de la situation actuelle pour que les personnes puissent accéder aux services de base, en particulier les services de traitement et de prévention du VIH ».

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Échanges entre les experts de Tanzanie et d’Afrique du Sud

20 février 2019

Une délégation tanzanienne en visite en Afrique du Sud a souligné le rôle du leadership politique dans la riposte au sida, ainsi que l’importance d’une concordance entre les politiques et la législation concernant les ripostes au VIH et à la tuberculose (TB).

Dirigée par Oscar Rwegasira Mukasa, Président de la Commission parlementaire sur le VIH et les stupéfiants de la République unie de Tanzanie, la délégation était composée de députés tanzaniens et de représentants de la Commission tanzanienne sur le sida (TACAIDS). Lors de cette visite qui s’est déroulée du 13 au 15 février, M. Mukasa a expliqué que les responsables politiques avaient un rôle important à jouer dans l’union des efforts relatifs à la riposte au sida et la mobilisation des ressources nationales, afin, selon ses mots, « de pouvoir voler de nos propres ailes ».

La République unie de Tanzanie va prendre la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en août et les parlementaires ont indiqué qu’ils allaient profiter de cette opportunité pour impliquer les ministres de la Santé de la SADC dans l’élaboration de politiques sur le VIH et la tuberculose dans la région. « Nous devons aligner les politiques et la législation sur la programmation technique pour le VIH et la tuberculose afin de faire en sorte d’être synchro avec la stratégie 90-90-90 », a déclaré M. Mukasa.

Ces propos ont trouvé un écho lors d’une rencontre avec Aaron Motsoaledi, Ministre de la Santé sud-africain, qui a insisté sur la nature régionale de l’épidémie de sida, de tuberculose et de paludisme, et appelé la République unie de Tanzanie à profiter de son futur rôle de leadership à la tête de la SADC pour faire avancer les politiques et les actions coordonnées. M. Motsoaledi, qui préside le Conseil d’administration du Partenariat Halte à la tuberculose, a rappelé aux délégués les liens inextricables entre le VIH et la TB et fait remarquer que la TB était la première cause de décès en Afrique du Sud et chez les personnes vivant avec le VIH.

Les délégués ont examiné toute une série de questions, notamment la riposte multisectorielle en Afrique du Sud, la législation, la durabilité et les contrats de prestation de services, y compris à l’échelon public, privé et communautaire. Ce voyage d’étude incluait également des visites sur le terrain, dans un centre de santé communautaire et un distributeur automatique de médicaments.

Lors d’une réunion organisée par le Conseil national sud-africain sur le sida (SANAC), son Directeur général, Sandile Buthelezi, a expliqué à la délégation que le VIH représentait toujours une urgence sanitaire. Évoquant le lourd fardeau de la tuberculose résistante aux médicaments, il a déclaré que l’Afrique du Sud était en train d’adopter de nouvelles options de traitement. « L’Afrique du Sud dispose d’un fort leadership politique, mais il y a encore beaucoup à faire pour atteindre nos objectifs », a-t-il indiqué. M. Buthelezi a souligné l’importance de faire participer la société civile et de travailler avec les institutions gouvernementales et le secteur privé afin de coordonner les efforts et de veiller à ce que les besoins des individus les plus exposés au risque d’infection à VIH et des personnes vivant avec le VIH soient pris en compte dans les programmes de lutte contre le VIH.

Mbulawa Mugabe, Directeur national de l’ONUSIDA en Afrique du Sud, s’est félicité de l’immense succès de la riposte dans la région, en indiquant toutefois qu’il existait un risque de céder à l’autosatisfaction. « Les personnes sont sous traitement anti-VIH tout au long de leur vie et nous avons besoin d’un engagement politique pour investir des ressources nationales afin de pérenniser les efforts de prévention et de traitement à long terme », a-t-il déclaré.

Leonard Maboko, Directeur exécutif de TACAIDS, a fait savoir que les parlementaires se serviraient des conclusions de leur voyage d’étude pour renforcer leur riposte nationale, étudier des modèles de prestation de services innovants et encourager une approche multisectorielle. « Nous restons trop souvent entre nous pour débattre : nous devons consulter d’autres personnes sur ces questions », a-t-il reconnu.

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