East and Southern Africa

La Directrice exécutive de l’ONUSIDA incite l’Ouganda à plus d’effort au niveau national

09 janvier 2020

La nouvelle Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, s’est rendue dans son pays natal, l’Ouganda, pour un voyage de travail.

Au cours d’une rencontre avec la ministre de la Présidence, Esther Mbayo, elle a salué les efforts fournis par le Président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, en faveur de la riposte au VIH. Elle a toutefois souligné qu’il manquait encore 7 milliards de dollars pour financer la riposte mondiale au sida et que, par conséquent, il était nécessaire d’intensifier les efforts au niveau national. « Aujourd’hui, la riposte au sida de l’Ouganda est financée à 93 % par des moyens externes », a-t-elle expliqué. « Nos amis nous aident à rester en vie, mais nous ne pouvons pas dépendre d’eux à tout jamais. »

Elle a ajouté que de nombreux pays africains, notamment l’Ouganda, vont devenir des économies à revenu moyen ce qui s’accompagnera d’un recul de l’aide internationale. Toute la journée, elle a répété le même message que ce soit au personnel des Nations Unies, aux parties prenantes et aux partenaires : trouver des solutions pour pallier la stagnation des financements, mais aussi réduire l’utilisation inefficace et à mauvais escient des moyens financiers ainsi que la corruption.

Par ailleurs, Mme Byanyima a souligné l’importance d’accorder une attention particulière aux femmes et aux filles en Afrique. « Il reste encore fort à faire pour combattre les inégalités basées sur le genre et mettre fin aux violences qui y sont liées », a-t-elle continué.

En Afrique orientale et australe, les filles et les jeunes femmes ont deux fois plus de chances d’être contaminées par le VIH que leurs homologues masculins. En Ouganda, la prévalence générale du VIH atteint 5,7 % et 34 % des nouvelles infections touchent les jeunes âgés de 15 à 24 ans.

Mme Byanyima a également encouragé l’Ouganda à protéger les droits de l’homme de tout un chacun et à supprimer la législation actuelle sur les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Elle a par ailleurs déclaré que les gouvernements ne devraient pas discriminer et empêcher l’accès aux soins de santé aux gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ainsi qu’aux travailleur(se)s du sexe.

Au cours d’une réunion avec des membres de la société civile, Mme Byanyima les a encouragés à se faire entendre : « Vous êtes la voix des citoyens et vous devez demander des comptes au gouvernement et aux autres acteurs. »

Des services rapides et professionnels destinés aux enfants séropositifs

26 décembre 2019

Les progrès réalisés dans les domaines du dépistage rapide et des médicaments adaptés aux enfants sauvent des vies en Ouganda.

Article écrit par Karin Schermbrucker et Adrian Brune, première publication par l’UNICEF

L’année dernière, 450 bébés ont été infectés quotidiennement par le VIH, la transmission du virus ayant généralement lieu au cours de l’accouchement. La contamination augmente considérablement leur chance de mourir avant leur deuxième anniversaire. Mais beaucoup de ces enfants ne connaîtront jamais leur statut sérologique ou ne seront pas soignés, car les méthodes de dépistage et de traitement du VIH ne sont souvent pas adaptées à cette tranche d’âge. Même si le taux global de mères séropositives suivant un traitement atteint en 2019 les 82 %, le taux de diagnostic et de traitement des enfants porteurs du VIH n'est que de 54 % dans la plupart des régions.

Cet écart est souvent dû aux méthodes de diagnostic qui sont généralement plus complexes et difficiles pour les enfants. La forme de dépistage du VIH (virologique) spécifique aux nourrissons n’est en effet pas facilement disponible dans la plupart des pays à revenu intermédiaire et faible.

Et même si des antirétroviraux adaptés aux enfants existent, il est parfois dur de les trouver dans de nombreuses zones suite au manque général d’investissements pour dépister cette population.

Rien ne justifie cependant ce retard dans le diagnostic et le traitement. Pour y remédier, l’UNICEF et le ministère ougandais de la Santé ont récemment mis en vigueur des réformes très efficaces concernant le traitement du VIH pour les enfants. Grâce à l’aide de partenaires et à des outils innovants de diagnostic, 553 établissements répartis dans tout le pays sont maintenant en mesure de fournir une thérapie antirétrovirale aux enfants. Ils n’étaient que 501 en 2017.

UNICEF/UNI211885/Schermbrucker

20 août 2019. Le pédiatre, Dr Denis Nansera, examine Kansiime Ruth (25 ans) et ses filles (1 et 4 ans) au Mbarara Regional Referral Hospital situé dans le district de Mbarara à l’ouest de l’Ouganda. « De nombreuses mères n’avaient pas accès aux soins prénataux. Mais nous constatons que, grâce aux (progrès médicaux), les enfants sont diagnostiqués et ont accès aux médicaments beaucoup plus rapidement », explique le Dr Nansera. Photo : UNICEF/UNI211885/Schermbrucker

UNICEF/UNI211886/Schermbrucker

20 août 2019. La fille de un an de Kansiime est pesée et mesurée au Mbarara Regional Referral Hospital. L’UNICEF en partenariat avec le ministère ougandais de la Santé et la Clinton Health Access Initiative a mis au point le dépistage Point of Care Early Infant Diagnostic (POC EID). Cette méthode de test rapide repose sur des outils faciles à transporter, à utiliser et à entretenir ce qui permet à un nombre accru de centres de santé de réaliser des diagnostics sur les enfants. Grâce à ce dépistage précoce, une thérapie antirétrovirale peut être proposée immédiatement aux nourrissons. Photo : UNICEF/UNI211886/Schermbrucker

UNICEF/UNI211916/Schermbrucker

Enoch Turyatemba, technicien de laboratoire auprès du Mbarara Regional Referral Hospital, prélève un échantillon de sang sur un nourrisson afin de réaliser un dépistage précoce du VIH qui fournira des résultats le jour même. « Avant l’arrivée des machines Point of Care [POC], nous collections des échantillons de sang sec avant de les envoyer dans un laboratoire. Cette procédure prenait parfois des mois », indique M. Turyatemba. « Grâce à la machine POC, les enfants peuvent commencer une thérapie dès le lendemain des résultats. Nous sauvons des vies », continue-t-il. Photo : UNICEF/UNI211916/Schermbrucker

UNICEF/UNI211884/Schermbrucker

Enoch Turyatemba teste un échantillon de sang avec la machine POC. En plus du dépistage rapide, le ministère de la Santé autorise l’utilisation de granules de médicament contre le HIV destinées aux jeunes enfants. Elles peuvent être mélangées à la nourriture ou au lait maternel ce qui camoufle le goût amer du traitement. Ce médicament contre le VIH n’a pas non plus besoin d’être conservé au frais ce qui représente un grand pas en avant. Photo : UNICEF/UNI211884/Schermbrucker

UNICEF/UNI211905/Schermbrucker

Kenyonyozi Joseline tient son bébé dans les bras dans le service POC du Mbarara Hospital. Les adolescentes sont davantage exposées au VIH, car leurs systèmes de reproduction ne sont pas entièrement développés. Par ailleurs, les inégalités entre les sexes et la société patriarcale ougandaise empêchent les filles et les jeunes femmes de négocier des rapports sexuels sans risque ce qui les expose à des grossesses précoces et au VIH. Photo : UNICEF/UNI211905/Schermbrucker

UNICEF/UNI211891/Schermbrucker

Kenyonyozi est photographiée devant la clinique POC avec son bébé sur le dos. Par rapport aux adultes et aux femmes enceintes, les services pédiatriques liés au VIH accusent un grand retard. Alors que 82 % des mères porteuses du virus suivent un traitement, seuls 54 % des enfants dans la même situation ont accès à des médicaments pouvant leur sauver la vie. 59 % seulement des bébés nés d’une mère séropositive font l’objet d’un dépistage dans les deux mois suivant leur naissance. Photo : UNICEF/UNI211891/Schermbrucker

UNICEF/UNI211907/Schermbrucker

Kansiime et ses filles arrivent au Mbarara Hospital. Toutes trois sont séropositives et se rendent régulièrement à la clinique pour chercher leurs médicaments. « Quand je vais à l’hôpital, je suis entourée de mères qui viennent chercher leur traitement. Nous sommes toutes là pour la même raison », explique Kansiime. « Cela m’aide à oublier les stigmatisations et me donne la force d’avancer. » Photo : UNICEF/UNI211907/Schermbrucker

UNICEF/UNI211882/Schermbrucker

Chez Kansiime dans l’ouest de l’Ouganda : Kansiime donne à sa fille d’un an son médicament contre le VIH adapté à son âge. Sa fille ingère à présent des granules au lieu de boire le sirop amer prescrit auparavant. Le traitement réduit sa charge virale. « Elle prend plus facilement les granules quand elles sont mélangées à sa nourriture, car leur goût n’est plus un problème », explique Kansiime. « Je conseille aux autres mères de donner à leurs enfants les médicaments dont ils ont besoin afin qu’ils vivent plus longtemps et puissent éduquer les autres. » Photo : UNICEF/UNI211882/Schermbrucker

UNICEF/UNI211903/Schermbrucker

La fille de quatre ans de Kansiime regarde dehors. Elle est née avec le VIH et a besoin de prendre quotidiennement son traitement. Elle a survécu à la période la plus critique pour les nourrissons et les jeunes enfants. Elle a maintenant de bonnes chances d’atteindre l’adolescence et même de vivre plus longtemps. « J’aime chanter. Ma chanson préférée s’appelle Sconto », raconte-t-elle. Photo : UNICEF/UNI211903/Schermbrucker

UNICEF/UNI211928/Schermbrucker

Kabiite Ajara (32 ans) et sa fille dans leur maison située à Isongo en Ouganda. La mère aide son bébé à prendre son médicament contre le VIH adapté aux jeunes enfants. Toutes les deux ont le VIH. « Je donne une fois par jour son médicament à mon bébé », explique-t-elle. « Au début, son traitement la faisait vomir et l’affaiblissait. Mais maintenant elle n’a plus de problème. Je réduis le comprimé en poudre avant de le mélanger à de l’eau qu’elle boit ensuite facilement. » Photo : UNICEF/UNI211928/Schermbrucker

UNICEF/UNI211933/Schermbrucker

Kabiite joue avec sa fille devant leur maison. Kabiite est séropositive, mais son traitement lui permet de rester en bonne santé et de garder le moral. « J’aime jouer avec mes enfants, les emmener jouer dans la bananeraie, cuisiner ensemble », continue Kabiite. « [Ma fille] adore jouer au football ! Et elle est douée ! » Photo : UNICEF/UNI211933/Schermbrucker

En cette Journée mondiale de lutte contre le sida, l’UNICEF appelle l’ensemble des gouvernements et des partenaires à mettre fin aux disparités affectant les enfants et les adolescents vivant avec le VIH et le sida pour ce qui est du dépistage et du traitement. L’UNICEF les invite également à créer des organisations communautaires solidaires et libres de stigmatisation qui proposent un dépistage et des soins. Par ailleurs, elle leur demande de promulguer de meilleures lois et réglementations pour les personnes touchées par cette épidémie qui n’est plus fatale.

Au Zimbabwe, les kiosques d'info-santé viennent renforcer les services du VIH

18 décembre 2019

Quiconque traverse le Zimbabwe un samedi ou un dimanche normal passera à côté de nombreux lieux de culte. Certains sont stationnaires, d’autres sont itinérants. Parfois, la messe est dite sous les arbres ou à l’extérieur.

De nombreux Zimbabwéens appartiennent à un mouvement religieux, en particulier à l’Église apostolique. Par le passé, cette dernière dissuadait ses membres de recourir à des soins médicaux, dont les services liés au VIH, car elle préférait la prière. Toutefois, cela s’est soldé par de nombreux cas de maladies  et de décès connexes qui auraient pu être évités. Cependant, avec le lancement des Health Kiosks, les kiosques d'info-santé, la communauté invite maintenant ses membres à accéder aux soins de santé.

David Adashe (nous avons changé son nom), leader d’une communauté apostolique dans le district de Gokwe North, explique que ces stands gérés par des bénévoles de son église ayant reçu une formation du ministère de la Santé zimbabwéen ont aidé sa congrégation à obtenir des informations primordiales sur la prévention du VIH. Pour lui, cela revient à « quitter une nuée épaisse pour atteindre un lieu baigné d’une splendide lumière. »

M. Adashe déclare que sa congrégation a changé d’avis sur le bien-fondé de se rendre dans les établissements de santé pour trouver une assistance médicale. Ses paroissiens se font maintenant soigner, reçoivent des conseils auprès de bénévoles formés et sont renvoyés vers un établissement de santé lorsqu’ils ont besoin de prestations supplémentaires. « Avant, j’étais naïf et je ne voulais pas prendre les questions de santé au sérieux, mais depuis l’arrivée du programme des kiosques d'info-santé, j’ai l’impression d’avoir davantage le contrôle sur ma vie. J’encourage maintenant ma famille à profiter des services de santé de la clinique », poursuit-il.

Depuis mars 2018, World Vision Zimbabwe, en collaboration avec le ministre de la Santé et de la Protection de l’enfance, implique les leaders religieux comme M. Adashe et les bénévoles des églises. L’organisation propose des formations et crée des espaces protégés en vue de fournir des informations et des services de santé aux congrégations.

Un bénévole travaillant sur un Health Kiosk à Gwanda explique : « J’ai remarqué au début sur le stand que certaines personnes avaient du mal à se rendre d’elles-mêmes à la clinique locale pour se faire soigner. Cela a changé depuis le lancement du programme, car les kiosques d'info-santé leur fournissent des informations sur le pas de leur porte. »

De nombreux lieux de culte participant à ce programme ont constaté une augmentation de 200 % du nombre de personnes venant se renseigner sur le VIH et la santé. La moitié de celles s’informant sur le virus font un dépistage et reçoivent leurs résultats. Les personnes dont le test est positif sont invitées à suivre une thérapie antirétrovirale et des bénévoles formés des églises les aident à ne pas interrompre le traitement.

Les leaders religieux et les bénévoles issus des congrégations sont un élément essentiel pour contrôler l’épidémie de VIH. Ils fournissent des soins aux membres de leur communauté, créent des espaces protégés pour l’échange d’informations et ils jouissent de la confiance des membres de leurs communautés. Un contact régulier avec les congrégations permet aux bénévoles de combler l’absence de services pour tous ceux qui en ont le plus besoin. Les kiosques d'info-santé sont également des plateformes efficaces et pérennes pour rassembler aussi bien les communautés de croyants et de non-croyants. Ils permettent d’aborder les besoins de santé de leurs membres, mais aussi de fournir des espaces protégés pour parler d’autres thèmes liés à la santé.

« Les résultats fournis par le programme des Health Kiosks sont prometteurs pour la lutte contre l’épidémie de VIH. Il s’agit d’un excellent exemple de riposte dirigée par une communauté à destination de ses membres et au sein de cette communauté. Cette forme de riposte fournit des espaces protégés et de l’aide à leurs membres. Elle est essentielle pour mettre fin aux nouvelles infections au VIH et aux décès liés au sida, mais aussi pour concrétiser la couverture sanitaire universelle », déclare Laurel Sprague, responsable du service Mobilisation communautaire, aide communautaire, justice sociale et inclusion de l’ONUSIDA.

Discours de Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA à l’occasion de la publication du rapport de l’ONUSIDA, Power to the people

26 novembre 2019

Introduction

Madame la ministre, Monsieur le gouverneur adjoint James Nyoro, chers collègues du système des Nations Unies. Jambo !

Vous êtes mes héros, vous, les bénévoles du secteur de la santé dans les communautés. Je suis heureuse d’être aujourd’hui parmi vous, ici, dans le comté de Kiambu au Kenya.

Je vous remercie de l’accueil chaleureux que nous a réservé votre communauté à l’occasion de la publication du rapport de l’ONUSIDA, Power to the people.

Merci à vous, les jeunes. J'exprime, en particulier, toute ma gratitude à la jeune handicapée qui vient de s’adresser à nous. Elle nous rappelle que toutes les personnes vivant avec le VIH ne se ressemblent pas. Elles sont toutes différentes et, par conséquent, nous devons adopter une approche inclusive. Nous ne l’oublierons pas. Nous allons agir en conséquence.

Je souhaite aussi exprimer mes sincères condoléances et ma solidarité aux habitants de West Pokot qui ont perdu des êtres chers et leurs biens suite à des pluies torrentielles et à des glissements de terrain. Je compatis avec votre douleur.

Publication du rapport Power to the people

Je suis ici aujourd’hui, car l’Afrique reste le continent le plus touché par l’épidémie du VIH.

Plus de 25 millions de personnes vivent avec le virus en Afrique subsaharienne, soit plus des deux tiers des 37,9 millions de cas dans le monde entier.

Je suis ici également, car de nombreux pays d’Afrique sont pionniers pour mettre fin à l’épidémie du sida. Nous sommes des héros, nous luttons contre l’épidémie.

Au Kenya, les décès liés au sida ont reculé de plus de 50 % depuis 2010 et les nouvelles infections au VIH de 30 %. C’est extraordinaire d’arriver à de tels résultats en si peu de temps.

Aujourd’hui, je suis en mesure d’annoncer que, dans le monde, 24,5 millions de personnes vivant avec le VIH ont désormais accès à un traitement qui leur sauve la vie. Il s’agit d’une excellente nouvelle et d’un grand pas en avant.

Rejoindre le marathon pour mettre fin au sida

Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres pour moi.

Je présente en effet mon premier rapport de l’ONUSIDA.

Au travers de ce nouveau document, je rends hommage aux familles et aux communautés dévastées par le sida, aux groupes de citoyennes et aux organisations communautaires qui ont créé une mobilisation et transformé la riposte au sida. Merci beaucoup. Nous vous devons énormément.

Dans les villages de mon pays, les femmes se sont regroupées, ont acheté des casseroles et des couvertures, ont pris soin les unes des autres, ont enterré les morts et elles n’ont laissé personne souffrir seul. Ce sont les femmes de nos communautés qui ont fait cela.

Aujourd’hui, je promets que l’ONUSIDA va prendre de grandes mesures et un nouveau cap.

Lutter contre les inégalités et la pauvreté

Le premier aspect consiste à s’attaquer aux inégalités et aux injustices qui favorisent l’épidémie de VIH.

Le sida meurtrit les personnes vivant dans la pauvreté. C’est un problème pour tout le monde, mais en particulier pour les plus pauvres.

Nous devons lutter contre cette inégalité. Nous ne pouvons pas accepter que certaines personnes obtiennent un traitement et vivent de longues années, alors que d’autres n’ont pas accès aux soins de santé et meurent du sida.

Nous devons lutter contre les inégalités, sortir les personnes de la pauvreté.

Nous devons fournir davantage de services : éducation, santé, protection sociale. Ainsi, nous mettrons fin au sida.

L’égalité des sexes et les droits des femmes sont essentiels

Nous devons promouvoir les droits des femmes si nous voulons mettre fin au sida. Par conséquent, le second aspect dans notre course contre l’épidémie consiste à nous attaquer aux inégalités entre les sexes.

Malgré les progrès en matière de prévention et de traitement, le VIH reste la première cause de mortalité dans le monde pour les femmes âgées de 15 à 49 ans.

Chaque semaine, 6 000 nouvelles jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le virus.

En Afrique subsaharienne, le taux de contamination au VIH est beaucoup plus élevé chez les jeunes femmes et les filles que chez les hommes et les garçons.

Là-bas, les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont deux fois plus de risques de vivre avec le VIH que les hommes du même âge.

Nous devrions avoir honte de ces chiffres.

Cette injustice basée sur le genre a des conséquences tragiques. Pourquoi les jeunes femmes sont-elles plus vulnérables ?

Si nous souhaitons tenir nos promesses, nous devons mettre un terme aux rapports déséquilibrés entre les genres qui accentuent l’exposition et la vulnérabilité au VIH.

Nous devons devenir les hérauts de l’égalité des sexes et autonomiser les jeunes femmes et filles afin de transformer nos sociétés.

Dans le monde entier, une femme sur trois sera victime de harcèlement sexuel ou physique au cours de sa vie.

Dans beaucoup trop de nos communautés, la première expérience sexuelle d’une femme est marquée par la violence et a lieu sous la contrainte. C’est une réalité.

Hier, nous avons lancé une campagne de 16 jours contre la violence basée sur le genre. Chaque jour, nous devrions nous engager en faveur de l’égalité pour les femmes et les filles afin de mettre un terme à leur vulnérabilité face à aux violences.

Ici, au Kenya, je suis préoccupée par le taux de féminicides.

Aucune semaine ne se passe sans que les médias relatent l’histoire d’une femme, souvent d'une jeune femme, tuée par son partenaire.

Nous devons nous engager pour ces femmes, demander justice et mettre fin à la situation d’impunité. Le monde doit devenir un endroit sûr pour chacune d’entre nous.

L’ONUSIDA va accorder une attention accrue à la lutte contre les lois, traditions, cultures et pratiques qui autorisent et perpétuent la violence basée sur le genre. Le corps d’une femme n’appartient qu’à elle.

Il est urgent pour nous de garantir que toutes les femmes et filles, quel que soit leur âge, aient librement accès aux services de santé de la reproduction et sexuelle.

Nous ne pouvons pas accepter que des millions de femmes n’aient pas à leur disposition de moyens de contraception, car nous savons pertinemment que ce droit est essentiel à leur autonomisation dans tous les aspects de leur vie.

Nous faisons également du tort à des millions de jeunes qui n’ont toujours pas accès aux services fondamentaux de santé dont ils ont besoin : préservatifs gratuits, test du VIH sans autorisation parentale et prophylaxie pré-exposition.

Par ailleurs, garantir que les filles demeurent scolarisées réduit leur risque d’infection au VIH. Nous devons nous assurer que l'ensemble des jeunes puisse rester à l’école, et que chaque établissement fournisse une éducation sexuelle complète et de qualité afin que ces jeunes aient des connaissances sur leur corps et leur santé.

L’ONUSIDA et ses coparrainants : le Fonds des Nations Unies pour la population, l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, ainsi que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, vont s’engager en faveur des femmes et des filles, en particulier en Afrique.

Droits humains

Les droits humains sont le troisième aspect que je nous demande de prendre en compte aujourd’hui.

Les droits humains et civiques des femmes et filles, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, travailleur(se)s du sexe, ainsi que des personnes transgenres, consommatrices de drogue ou incarcérées sont bafoués.

Sans juger ces populations, nous devons nous assurer qu’elles ont accès aux services liés au VIH afin de pouvoir mettre fin à cette maladie. Nous devons les considérer comme des citoyennes et des citoyens à part entière jouissant de leur droit à la santé et profitant de services qui les protègent du VIH ainsi que leurs partenaires.

Un tiers des populations clés ne connaît pas son statut sérologique.

Dans de nombreux pays, nous constatons que des lois continuent de pénaliser les populations clés ou de discriminer les personnes vivant avec le VIH. Par conséquent, elles doivent entrer dans la clandestinité et se cacher, et perdent ainsi leur droit à la santé.

Les mesures répressives, les restrictions et les campagnes visant les groupes gays, bisexuels, transgenres et intersexuels sont inacceptables.

On continue de juger et de condamner des jeunes pour leur identité et leur orientation sexuelle.

Nous n’arriverons jamais à mettre fin au sida, sauf si les droits humains sont garantis à tous et à toutes, notamment aux populations clés.

Financements et ressources

Malgré les progrès réalisés ces dernières années, les ressources disponibles pour mettre fin à l’épidémie du sida ne suffisent toujours pas. Les pays pauvres continuent de rencontrer des difficultés pour financer leurs besoins : santé, éducation, routes, eau, équipements sanitaires.

La santé devrait avoir la priorité absolue. Nous n’arriverons en effet pas à aller de l’avant sans une population en bonne santé.

Deux tiers des pays d’Afrique font toujours payer les soins et des millions de personnes vivent dans la peur de tomber malade, ce qui pourrait les précipiter dans l’extrême pauvreté.

Malgré l’engagement international pour mettre en place la couverture sanitaire universelle, la part de la population mondiale payant elle-même des frais de santé aux conséquences funestes n’a fait qu’augmenter au cours des cinq dernières années. La santé ne devrait pas être un privilège réservé aux riches, elle devrait être un droit pour tous et toutes.

La dette publique, quant à elle, dépasse 50 % du produit intérieur brut dans la moitié des pays d’Afrique subsaharienne. Disposant d’une faible marge de manœuvre budgétaire, les gouvernements doivent trouver des moyens de financer leur riposte au VIH sur le long terme. Nous souhaitons collaborer avec eux pour trouver des solutions, libérer une marge de manœuvre budgétaire et les aider à gérer leurs priorités alors que leur budget est impacté par le remboursement de la dette.

Au cours de la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme organisée il y a peu, les pays et les fondations ont fait une avance financière historique en vue de mettre fin au sida. Toutefois, il reste encore fort à faire pour garantir que chaque dollar, euro et shilling soient utilisés à bon escient.

Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, les gouvernements payent des milliers de dollars en plus pour la même qualité de médicaments mis à disposition des pays à faible revenu pour seulement quelques centimes par jour. Cela est inacceptable. Nous allons tout faire pour réduire cette facture.

L’accès universel à des soins de santé de qualité n’est pas une marchandise, c’est un droit humain.

Conclusion

Je ne sous-estime pas les défis qui nous attendent, mais je suis impatiente de voir les progrès qui seront faits pour les populations. Nous marchons sur les traces des personnes qui ont lutté avant nous. Nous nous devons de réussir.

Les points que je viens d'aborder exigent des changements urgents.

Des changements dans notre conception du possible et de l’impossible.

Offrir des soins de santé à tous et à toutes, ce n’est pas impossible.

Des changements sur la rapidité de nos actions.

Des changements dans la manière dont nous travaillons en tant qu’ONUSIDA. Nous devons nous regarder dans le miroir.

Mais gardons une conviction : nous pouvons mettre fin au sida.

J’ai perdu des êtres qui m’étaient chers.

Ouvrons la voie à un avenir d'accès universel à la santé.

Madame la ministre, mesdames, messieurs les activistes qui êtes ici aujourd’hui, mes vœux de réussite vous accompagnent. Vous avez le soutien de l’ONUSIDA.

Le Botswana étend aux citoyennes et citoyens étrangers la gratuité du traitement contre le VIH

24 septembre 2019

Le gouvernement du Botswana a décidé d'étendre aux résidents étrangers la gratuité du traitement contre le VIH. Cette étape marque un changement politique majeur et  vient combler une lacune importante de la riposte du pays à l'épidémie.

La population étrangère vivant avec le VIH au Botswana est estimée à 30 000 personnes. Moins d'un quart d'entre elles ont actuellement accès à une thérapie, car elles n'ont bien souvent pas les moyens de payer les médicaments ou de rentrer chez elles pour trouver une assistance médicale. 

Le Botswana est le troisième pays au monde pour ce qui est de la prévalence du VIH avec plus d'un adulte sur cinq entre 15 et 49 ans porteur du virus. En 2016, le gouvernement a adopté une stratégie de traitement généralisé en étendant la gratuité à l'ensemble des personnes vivant avec le VIH, une décision qui a déjà livré des résultats considérables. Depuis 2010, les décès imputables au sida ont diminué d'un tiers, alors que les nouvelles infections au VIH ont reculé de 36 % au cours de la même période.

« Je félicite le Botswana pour avoir étendu la gratuité du traitement aux résidents étrangers vivant avec le VIH », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l'ONUSIDA. « Cette décision sauvera des vies et soutiendra les efforts du pays en entier pour mettre fin à l'épidémie de sida. C'est un nouvel exemple de la motivation du Botswana et de sa détermination à n'oublier personne dans sa riposte au VIH. »

Le ministère national de la Santé et du Bien-Être a élaboré cette nouvelle réglementation après consultation étroite avec l'ONUSIDA, le Plan présidentiel américain d'aide d'urgence à la lutte contre le sida, l'Organisation internationale pour les Migrations, d'autres agences des Nations Unies ainsi que des partenaires de développement.

Il publiera une directive spéciale reprenant les termes de la décision du gouvernement afin d'autoriser les établissements de santé à fournir le traitement à toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays.

Le mois dernier, le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi, a annoncé sa volonté de réorienter la politique après que cette question a été abordée par le groupe Champions for an AIDS-Free Generation in Africa au cours de sa visite dans le pays.

Je suis juste une adolescente normale vivant avec le VIH

29 juillet 2019

Aziwe, 19 ans, vit avec sa mère, Phatiswa, dans le bidonville d’Umlazi situé en périphérie de Durban en Afrique du Sud. Les deux femmes vivent avec le VIH, ce qui ne les empêche pas de déborder d’énergie, d’amour, d’espoir et d’optimisme.

Aziwe n’a découvert sa séropositivité qu’à 14 ans alors qu’elle suivait déjà un traitement depuis cinq ans. Sa mère avait décidé de lui cacher son statut sérologique tout en lui faisant prendre quotidiennement des médicaments pour qu’elle reste en bonne santé.

Lorsque le docteur lui a demandé si elle souhaitait connaître la raison de sa thérapie, elle n’a pas hésité un instant, car en grandissant elle se posait de plus en plus de questions. Quand il lui a annoncé sa séropositivité, elle s’est effondrée. Sa mère aussi.  

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, Aziwe est une adolescente heureuse et épanouie qui raconte de manière éloquente le destin de sa famille à Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l’ONUSIDA, à la veille de la publication du rapport mondial de l’ONUSIDA présentant un état des lieux de l’épidémie de sida.

Phatiswa vivait dans la province du Cap-Oriental jusqu’en 1999. À l’instar de nombreuses femmes, elle est partie pour trouver du travail en tant que domestique à Durban. Elle est employée depuis 19 ans par la même famille, car elle donne satisfaction.

Dans un premier temps, elle avait laissé ses enfants au Cap-Oriental. Cependant, Aziwe est venue vivre avec elle quelques années plus tard, car c’était une enfant maladive. En 2009, son état de santé s’est aggravé. Elle a été envoyée de toute urgence à l’hôpital où elle a séjourné 2 semaines. Son dépistage du VIH remonte à cette époque, tout comme celui de sa mère.

Aujourd’hui, les deux femmes prennent leur traitement. Elles participent à des groupes de soutien au sein de leur communauté où elles encouragent d’autres personnes infectées à en faire autant pour rester en forme. Aziwe s’élève également contre la stigmatisation et la discrimination engendrées par le VIH. Elle a ainsi évoqué son quotidien avec le virus devant un groupe paroissial. Elle déplore parfois le manque criant d’informations sur la maladie. Néanmoins, Phatiswa et elle continuent de s’entraider.

« Il y a des jours où j’ai seulement envie de pleurer, mais elle s’adresse à moi en tant que mère. J’ai une bonne famille et de bons amis qui sont toujours là pour moi. »        

Aziwe explique qu’après avoir perdu des êtres chers à cause du sida, elle apprécie chaque instant de la vie.

« Je veux vivre, car je veux réussir tant de choses. Pour ma mère, mais aussi pour moi. »

Comme beaucoup de jeunes, elle aimerait voyager et animer plus tard un talk-show à la télévision. Elle souhaite en outre fonder sa propre famille.

« Je suis juste une adolescente normale vivant avec le VIH, » explique-t-elle.

Le Botswana place les jeunes au cœur de sa riposte au sida

25 juillet 2019

Même si le Botswana a fait beaucoup de progrès pour réduire le nombre de nouvelles infections au VIH (-36 % environ depuis 2010), les jeunes demeurent un groupe extrêmement vulnérable face à l’épidémie. Les adolescentes et les jeunes femmes en particulier sont exposées au risque de contamination au VIH, ainsi qu’à d’autres infections sexuellement transmissibles et aux grossesses non désirées.

En 2018, au Botswana, près d’une nouvelle infection au VIH sur quatre a en effet touché une jeune femme ou une adolescente de 15 à 24 ans. Moins de la moitié des jeunes femmes et adolescentes déclare être bien informée sur le VIH.

Afin d’identifier des moyens supplémentaires pour cibler les raisons rendant les jeunes plus vulnérables au VIH, la Première Dame du Botswana, Neo Masisi, a organisé en juillet une rencontre pour passer au crible les défis à relever.       

Les jeunes participantes ont partagé leurs expériences avec la Première Dame et des fonctionnaires du ministère de la Santé.       

« Les relations sont difficiles au sein de ma famille, qui subit une grande pauvreté. Je n’ai jamais eu l’impression d’être aimée chez moi et j’ai cherché à l’être en dehors de ma famille. J’ai eu un copain et moi aussi, je suis tombée enceinte à l’adolescence », raconte Belinda.

Les discussions menées au cours de la retraite alimenteront le projet de développement d’un programme-pilote national destiné aux jeunes.

« Aujourd’hui, les jeunes doivent surmonter de multiples défis : à l’école, au sein de leur famille dont la structure est en pleine mutation, face aux attentes de la société. Les jeunes se posent des questions sur leurs normes, sur leurs valeurs et sur leur propre valeur », explique Mme Masisi. « Nous devons les considérer comme des leaders, pour les valoriser. »                

Le ministre de la Santé, Alfred Madigele, indique qu’il est prévu de consulter à nouveau des jeunes afin d’élaborer le cadre du programme.

Plus tôt cette année, Gunilla Carlsson, Directrice exécutive de l’ONUSIDA par intérim, a nommé Mme Masisi Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour l’autonomisation et l’engagement des jeunes au Botswana.

L’ONUSIDA demande la libération immédiate des membres d’une ONG arrêtés au Malawi

11 juillet 2019

 

GENÈVE, le 10 juillet 2019—L’ONUSIDA regrette l’intervention inopportune des autorités du Malawi dans son litige l’opposant au Mango Network à l’heure où les deux parties ont trouvé une solution à l’amiable. L’ONUSIDA n’a engagé aucune procédure légale et est convaincue que cela n’est pas nécessaire. L’organisation demande avec tout le respect qu’elle doit au gouvernement du Malawi de libérer immédiatement M. Gift Trapence et M. Macdonald Sembereka, membres du Mango Network placés en garde à vue.

L’ONUSIDA apporte son soutien sans faille à l’autonomisation complète et à l’engagement total des organisations issues de la société civile dans la riposte au sida. Elle souhaite poursuivre son partenariat avec ces organisations et celles issues des communautés afin d’assurer que toutes les personnes affectées par le VIH aient accès à la prévention et au traitement du VIH ainsi qu’aux services d’assistance sociale, et que leurs droits fondamentaux soient respectés.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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« L’équipe de la clinique est très gentille. Je viens ici depuis longtemps, donc tout le monde me connaît bien. »

02 juillet 2019

Publication originale de cet article par l’UNFPA

Windhoek, NAMIBIE - Parfois, il vaut mieux se rendre là où tout le monde ne connaît pas votre nom, mais où l’on reçoit un bon accueil. En Namibie, ce principe s’applique tout particulièrement à nombre de professionnel(le)s du sexe et hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), car ils font l’objet de critiques, de situations de répulsion et de stigmatisation dans presque tous les aspects de leur vie quotidienne.

Par conséquent, ces personnes n’osent pas bénéficier de services de santé essentiels, comme le dépistage/traitement du VIH, la prophylaxie (PPrE), les préservatifs, les lubrifiants et les méthodes de contraception.

Selon l’enquête de surveillance biocomportementale intégrée (IBBSS) menée pour la première fois en Namibie en 2014, la prévalence du VIH parmi les HSH était estimée à 10,2 % à Keetmanshoop, 7,1 % à Oshakati, 10,1 % à Swakopmund/Walvis Bay et 20,9 % dans la capitale Windhoek.

On évalue la prévalence du VIH parmi les HSH à Oshakati et Swakopmund/Walvis Bay comme étant quasiment identique à celle de l’ensemble des hommes adultes dans les régions environnantes d’Oshana et d’Erongo, telles que mesurée par la Namibia Demographic and Health Survey de 2013.

À Keetmanshoop, la prévalence du VIH parmi les HSH était légèrement inférieure à celle de la population générale masculine adulte dans la région de Karas, alors qu’elle est près de deux fois plus importante à Windhoek par rapport à la prévalence du VIH parmi les hommes adultes de la région de Khomas.

Des soins, pas des jugements

En 2018, la Namibia Planned Parenthood Association (NAPPA) qui jouit du soutien du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en Namibie a organisé plusieurs réunions rassemblant des partenaires clés afin de plaider en faveur de la création d’un centre sans rendez-vous dans les bureaux d’Out Right Namibia.

Cette association locale travaille avec la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuelle (LGBTI) et défend leurs droits, leurs intérêts et leurs besoins en Namibie. 

Le centre sans rendez-vous ainsi que la clinique de la NAPPA à Okuryangava ont des horaires d’ouverture souples qui permettent à la population clé d’accéder à sa convenance aux services de santé sexuelle et de la reproduction, ainsi qu'aux services liés au VIH. Cela passe également par une ouverture de la clinique le samedi afin que la population clé bénéficie des services sans craindre la stigmatisation et discrimination. 

L’ensemble des prestataires et de l’équipe de ces deux établissements a été formé et sensibilisé à l’importance de fournir des services de qualité et sans porter de jugement à la population clé. Le personnel d’Out Right Namibia a également été mobilisé pour sensibiliser et faire connaître les services fournis au centre sans rendez-vous et à la clinique.

Une bonne expérience

« Ma visite à la NAPPA s’est très bien passée. En tant que professionnelle du sexe, il est important que je me sente bien, c’est pourquoi je vais dans des cliniques où je ne suis pas jugée. La NAPPA m’a ouvert ses portes et je me sens chez moi. Tout est simple ici, car les services sont gratuits et je préfère cette clinique aux hôpitaux locaux », déclare Martha Keto (nous avons changé son nom), professionnelle du sexe.

À 30 ans, Mme Keto a déjà passé près de 12 ans de sa vie à travailler comme professionnelle du sexe et elle suit un traitement PPrE à la clinique depuis octobre 2017. « Je viens régulièrement me faire dépister et pour obtenir mon traitement PPrE qui me protège contre toute infection au VIH. Les tests que je fais ici me permettent de connaître mon statut sérologique ou sur les IST et d’assurer un suivi de ma santé en général. J’obtiens de nombreuses informations sur ma santé dont l’état de mon foie, et les infirmières sont même capables de me dire si ma consommation d’alcool est trop élevée », explique-t-elle.

« L’équipe de la clinique est très gentille. Je viens ici depuis longtemps, donc tout le monde me connaît bien. Je recommanderais sans problème les services de la NAPPA à mes collègues qui sont aussi professionnel(le)s. Les portes nous sont toujours ouvertes, même le week-end, donc nous pouvons venir quand nous avons besoin.  Il y a beaucoup de professionnel(le)s du sexe en Namibie et il serait bon que l’action de la NAPPA soit plus visible afin que davantage de collègues soient au courant des services gratuits disponibles ici », continue-t-elle.

Cinton Nati et Gideon Markus (noms d’emprunt) partagent l’avis de Mme Keto. Tous deux sont homosexuels et bénéficient de l’offre de la clinique de la NAPPA.

« Sans la gentillesse, le soutien et les encouragements indéfectibles de l’équipe de la clinique de la NAPPA, je ne serais jamais venu ici malgré les recommandations de l’infirmière », déclare M. Nati. Il explique avoir facilement établi un lien personnel avec l’équipe de la clinique, car tout le monde l’encourage. Le résultat : une amélioration visible de sa santé et de sa confiance en soi.

Avant d’arriver à la NAPPA, M. Nati a rencontré des difficultés émotionnelles et psychologiques après avoir découvert sa séropositivité. Comme il avait du mal à accepter la réalité du diagnostic récent, il avait souvent tendance à ne pas se rendre à ses rendez-vous.

« Dès la première fois où mon partenaire et moi sommes venus dans les cliniques de la NAPPA, aussi bien à Out Right Namibia qu’à Okuryangava, nous avons été bien traités et l’équipe s’est mise en quatre pour nous faire sentir en sécurité. J’ai eu des rendez-vous de conseil pour nous assurer que tout va bien, ainsi que des contrôles pour vérifier que les médicaments n’ont pas d’effets secondaires sur mon corps et que je reste en bonne santé. Le personnel des cliniques s’assure régulièrement que nous savons comment faire attention à nous-mêmes et que nous appliquons de bonnes pratiques pour notre santé sexuelle », indique M. Markus.

« Chaque fois que nous allons dans la clinique d’Okuryangava, Sœur Fungai Bhera (infirmière diplômée d’État expérimentée) prend le temps de discuter avec nous pour savoir comment nous allons depuis la dernière fois.  Pour d’autres, cela semble un détail, mais pour moi, cela signifie beaucoup. Je sais ainsi que nous ne lui sommes pas indifférents, que je suis pris en charge et entre de bonnes mains », renchérit Van Den Berg.

Et de continuer : « La communauté LGBTI en Namibie n’a jamais joui d’un soutien quelconque de la part des dirigeants de notre pays. Par conséquent, de nombreuses personnes LGBTI sont toujours victimes de discriminations et ont peur de leur entourage, car nous ne disposons pas des mêmes droits devant la loi. C’est pourquoi nous vivons dans l’ombre et certains d’entre nous mènent même une double vie. Je pense qu’une telle vie clandestine rend les personnes LGBTI en Namibie plus susceptibles de se trouver dans des situations où elles sont très vulnérables face à une contamination au VIH et à d’autres infections sexuellement transmissibles.

Des services accessibles à davantage de populations clés

En 2018, 523 personnes issues des populations clés ont bénéficié des services de santé sexuelle et de la reproduction sur les deux sites. Parmi elles, 233 professionnel(le)s du sexe, 188 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, 70 routiers et 32 femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes.  Dix évènements de proximité à destination des populations clés ont également été organisés dans des zones sensibles de Windhoek.

Les deux sites offrent les services suivants : dépistage du VIH et conseils, les personnes dont le résultat est positif reçoivent tout de suite un traitement ; services de PPrE, les personnes dont le résultat est négatif reçoivent aussi des conseils et des informations sur les services de PPrE et celles qui l'acceptent sont impliquées sans tarder dans une PPrE ; services de planning familial, dont des préservatifs ; dépistage et traitement des infections sexuellement transmissibles (IST) et éducation sur la santé sexuelle et de la reproduction, le VIH et la violence basée sur le genre.

La version 4.2 du modèle Thembisa révèle des progrès limités dans la riposte au VIH en Afrique du Sud

28 juin 2019

L’Afrique du Sud travaille d’arrache-pied pour généraliser le dépistage du VIH et augmenter la suppression virale chez les patientes et patients suivant une thérapie antirétrovirale. Toutefois, l’actualisation annuelle du modèle Thembisa dévoilée au cours de la 9e conférence sud-africaine sur le sida organisée en juin indique que le pays n’a pas encore atteint ses objectifs en matière de couverture du traitement et de prévention du VIH.

Les résultats (version 4.2) ont été publiés par des chercheurs du Centre for Infectious Diseases Epidemiology and Research de l’université du Cap. Le modèle Thembisa sert à estimer l’état de l’épidémie du VIH et il est financé par l’ONUSIDA via une subvention octroyée par les United States Centres for Disease Control (CDC). Cette étude utilise des données en provenance de diverses sources dont des études récentes réalisées par le Human Sciences Research Council et le Medical Research Council of South Africa.

L’Afrique du Sud s’est engagée à atteindre l’objectif ambitieux 90–90–90 de l’ONUSIDA d’ici 2020. Le but de cette stratégie est d’assurer que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient dépistées et connaissent leur statut, que 90 % des personnes vivant avec le VIH reçoivent un traitement et que 90 % des personnes recevant un traitement aient une charge virale supprimée. Les dernières estimations fournies par Thembisa montrent que la situation en Afrique du Sud à la mi-2018 était de 90–68–88. Cela signifie que la suppression totale de la charge virale parmi toutes les personnes vivant avec le VIH était de 55 %, soit 18 % en deçà de l’objectif de 73 %.

Le modèle Thembisa estime par ailleurs que le taux de dépistage du VIH et de traitement chez les hommes est inférieur à celui des femmes. Ainsi, en 2018, 47 % des hommes séropositifs voyaient leur charge virale supprimée contre 58 % pour les femmes. Cet écart est également visible dans le nombre annuel de décès imputables au sida. Il a certes reculé de moitié entre 2010 et 2018, mais la surreprésentation des hommes ne cesse d’augmenter.

Les femmes, quant à elles, représentaient 62 % des nouvelles infections au VIH chez les adultes entre 2017 et 2018. Le responsable du modèle Thembisa, Leigh Johnson, explique que deux facteurs entravent la réduction de l’incidence du VIH : d’une part, la faible couverture du traitement antirétroviral et la nécessité d’améliorer l’acceptation du traitement sur le long terme et les relations avec les malades, et d’autre part le recul notable de l’utilisation du préservatif. Il indique par ailleurs que les adolescentes et les jeunes femmes (15–24 ans) représentent 31 % des cas de transmission suite à une relation sexuelle et donc que cette tranche de la population mérite une attention toute particulière.

Les conclusions de l’étude Thembisa tirent la sonnette d’alarme face à la lenteur des progrès pour ce qui est de la réduction de l’incidence du VIH. Ce modèle estime à plus de 240 000 le nombre de nouvelles infections pour l’année dernière en Afrique du Sud, soit une baisse de moins de 40 % par rapport à 2010. L’objectif de l’ONUSIDA, cependant, est de réduire de 75 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2020. Pour y arriver, l’Afrique du Sud devrait passer sous la barre des 100 000 nouveaux cas d’ici mi-2020 ce qui la place face à un défi de taille.

Les conclusions du modèle Thembisa montrent que le KwaZulu-Natal, la province la plus touchée par l’épidémie du VIH, a réussi à réduire de 49 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2018. L’étude estime également qu’elles ont baissé de 55 % chez les enfants, passant de 29 000 en 2010 à 13 000 en 2018.

Pour en savoir plus sur l’étude et ses résultats, veuillez consulter le site Internet de Thembisa : https://thembisa.org/downloads

 

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