East and Southern Africa

La riposte au sida du Botswana entre dans une nouvelle phase

20 juin 2019

En lançant deux nouvelles stratégies quinquennales, le Botswana a réaffirmé son engagement pour mettre fin d’ici 2030 à la menace que représente l’épidémie du sida pour la santé publique.

Jusqu’en 2023, le troisième National Strategic Framework for HIV/AIDS (cadre stratégique national pour le VIH/sida) et la Multi-sectoral Strategy for the Prevention of Non-communicable Diseases (stratégie multisectorielle de prévention des maladies non transmissibles) serviront de fil directeur à la riposte stratégique du gouvernement afin d’améliorer la santé de la population du pays.

Le Botswana a fait des progrès importants ces dernières années pour ce qui est de sa riposte à l’épidémie du VIH. En 2017, sur les 380 000 personnes vivant avec les VIH (estimation), 320 000 avaient accès à un traitement leur permettant de rester en bonne santé.

Le Botswana est le premier pays d’Afrique orientale et australe à fournir un traitement gratuit et universel aux personnes vivant avec le VIH. Il a adopté la stratégie Option B+ qui garantit aux femmes vivant avec le VIH un traitement à vie ainsi que la stratégie « Tester et traiter » qui délivre immédiatement un traitement aux personnes testées séropositives au virus.    

Au cours de sa visite de deux jours dans le pays, les 13 et 14 juin derniers, la Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, Gunilla Carlsson, était présente lors de l’annonce présidentielle des nouvelles stratégies en matière de santé. 

« Le pays entier doit recentrer et revoir les priorités de sa feuille de route concernant la riposte au VIH. Nous souhaitons réaliser les objectifs pour 2020 et concrétiser notre vision de mettre fin d’ici 2030 à la menace que représente le sida pour la santé publique. Par ailleurs, des maladies non transmissibles atteignent les proportions d’une nouvelle épidémie qui menace la santé de notre nation ainsi que notre programme de développement national, » a déclaré le Président Mokgweetsi Masisi au cours de la cérémonie officielle.

À l’occasion de sa visite, Mme Carlsson a également nommé la Première Dame du Botswana, Mme Neo Masisi, Ambassadrice spéciale pour l’autonomisation et l’engagement des jeunes au Botswana. À ce titre, Mme Masisi défendra en priorité les besoins des jeunes ainsi que la promotion et la protection de leurs droits, mais aussi leur rôle fondamental en tant qu’acteurs du changement, en s’adressant en particulier aux jeunes femmes et aux filles.

« J’aimerais remercier l’ONUSIDA pour la confiance qu’ils me témoignent en me nommant à cette fonction. Elle m’aidera à utiliser mon rôle de Première Dame pour mettre fin à l’épidémie du sida parmi les jeunes et à donner plus de poids à mon travail actuel », a annoncé Mme Masisi.

Au cours d’une rencontre entre Mme Carlsson et des membres de la société civile au Botswana, les participants ont fait part de leur inquiétude vis-à-vis de la complaisance, en particulier parmi les jeunes, en matière de respect des traitements et de la prévention du VIH.

Suite à la décision historique de la Haute Cour du Botswana décriminalisant les relations homosexuelles, les membres de la communauté LGBT ont exprimé leur espoir, en indiquant toutefois qu’il reste encore fort à faire au sujet de la stigmatisation et de la discrimination, en particulier au sein des communautés et dans le cadre des soins de santé.

« La complaisance est le problème principal auquel le Botswana est confronté dans sa riposte au sida. Si le pays peut y mettre un terme, alors il montrera au monde entier que c’est possible », a indiqué Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA.

Au cours de son déplacement, Mme Carlsson a également visité Ramotswa, un village en banlieue de Gaborone, afin de voir comment les communautés se regroupent pour accélérer la riposte au sida. Elle s’est par ailleurs rendue dans la clinique Tebelopele de Gaborone. Cet établissement apporte des services intégrés de santé et pour le VIH à des personnes d’horizons très différents, dont des professionnelles du sexe, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des adolescentes et des jeunes femmes.

L'ONUSIDA salue la décision de la Haute Cour du Botswana qui met un terme aux lois criminalisant et discriminant la population LGBT

11 juin 2019

GENÈVE, le 11 juin 2019— L'ONUSIDA applaudit la décision historique rendue par la Haute Cour du Botswana, qui a jugé que les dispositions fondamentales des articles 164 et 167 du Code pénal du Botswana vont à l'encontre de la Constitution. En criminalisant certains actes sexuels privés, ces dispositions ont favorisé la discrimination et les violences envers les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) du pays.

« Il s'agit d'une décision historique pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) au Botswana », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA. « La communauté LGBT retrouve ainsi vie privée, respect et dignité. C'est l'occasion de mettre en avant la fierté, la compassion et l'amour. Je remercie du fond du cœur les militants, les organisations issues de la société civile et les groupes issus des communautés qui ont déployé tellement d'efforts pour arriver à ce résultat. »

L'ONUSIDA travaille avec des groupes LGBT, des organisations issues de la société civile et d'autres partenaires afin de promouvoir l'adoption d'un cadre juridique plus favorable dans le pays. Ces dernières années, les tribunaux au Botswana ont défendu et plaidé pour les droits de l'homme des groupes marginalisés.

Criminaliser les relations sexuelles consenties entre deux personnes du même sexe est une violation de ces droits et encourage la stigmatisation, la discrimination et les violences à l'encontre de la communauté LGBT. La criminalisation empêche les personnes d'avoir accès à la prévention du VIH, aux tests et aux traitements ainsi que d'y avoir recours. Cela augmente leur risque d’infection à VIH.

À l'échelle mondiale, le risque d'infection à VIH est 28 fois plus élevé parmi les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes que parmi la population générale. Il est également 13 fois plus important pour les femmes transgenres. Un cadre juridique et légal prohibitif et un manque de services adaptés aux populations clés en font des cibles encore plus vulnérables pour le VIH. L'ONUSIDA enjoint les pays à garantir le respect total des droits de l'homme pour toutes les personnes indépendamment de leur orientation sexuelle. Cela passe par l'abrogation des lois qui interdisent les relations sexuelles en privé entre adultes consentants, l'adoption de lois les protégeant contre la violence et les discriminations, la lutte contre l'homophobie et la transphobie, ainsi que la mise à disposition de services de santé essentiels.

« J'espère que cette décision reflète une tendance mondiale de fond en faveur d'une approche plus humaine, empathique et basée sur la loi des relations entre personnes du même sexe . Elle doit encourager d'autres pays à mettre un terme à des lois injustes qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes du même sexe et qui empêchent l'accès de ces personnes aux services essentiels, ce qui inclut les soins de santé », explique Mme Carlsson.

67 pays et territoires à travers le monde criminalisent toujours les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Malawi : n'oublions pas d’où nous venons pour continuer à progresser

05 juin 2019

Dan Namarika, Secrétaire à la Santé au Malawi et diplômé de la faculté de médecine en 1999, figure parmi les premiers étudiants à avoir suivi la totalité de sa formation médicale au Malawi. Sa volonté d’agir contre le sida l'a poussé à entamer une longue carrière de médecin. Il est notamment resté quatre ans au service personnel du défunt Président Bingu wa Mutharika.

« C’est à cause du sida que j’ai choisi la médecine. Je n'arrivais pas à croire qu’il n'existait aucun traitement pour une telle maladie.  Je me souviens du premier cas dans mon quartier. Une femme qui avait succombé à une maladie chronique aggravée par le sida.  Certains membres de ma famille en sont morts aussi. Le sida jalonne ma longue histoire », dit-il.

Depuis le pic de l’épidémie du VIH à laquelle fait référence M. Namarika, marqué par 110 000 nouvelles infections (en 1993 et 1994) et 65 000 décès dus aux maladies liées au sida (en 2004 et 2005), le Malawi a réalisé des progrès considérables dans sa lutte contre le VIH.

Ces progrès découlent de l’introduction d’innovations comme la méthode de dépistage « Test and Start » mise en place en 2016, qui propose un traitement immédiat contre le VIH à toutes les personnes vivant avec le VIH, ainsi que Option B+, lancée en 2011. Cette stratégie de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant vise à s'assurer que toutes les femmes enceintes vivant avec le VIH aient accès à vie au traitement contre le VIH. 

Ainsi, les nouvelles infections au VIH au Malawi ont chuté de 40 %, passant de 64 000 en 2010 à 39 000 en 2017. Le nombre de décès liés au sida a lui diminué de moitié, passant de 34 000 en 2010 à 17 000 en 2017. L’espérance de vie continue d’augmenter, passant de seulement 46 ans en 2004 à 64 ans en 2018. Selon les estimations, elle pourrait même atteindre 74 ans d'ici 2030.

En 2017, 92 % des femmes enceintes vivant avec le VIH au Malawi avaient accès aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Cette situation a permis de réduire le nombre de nouvelles infections au VIH chez les enfants (0-14 ans), jusqu'à atteindre un record historiquement bas de 4 900 infections en 2017.

M. Namarika attribue ces réussites en grande partie à la lutte multisectorielle contre le VIH, ainsi qu’à l’engagement politique et à la volonté des responsables au plus haut niveau. « Outre les politiques élaborées au plus haut niveau du gouvernement, d’autres ministères que celui de la Santé se sont également impliqués, dont les ministères du Budget, de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de l’Éducation et les collectivités territoriales. Nous avons pu compter sur la société civile, les communautés religieuses, les responsables culturels et l’assistance technique des partenaires de développement tels que l’ONUSIDA », explique-t-il.

Il salue aussi les innovations programmatiques, telles que le transfert de certaines tâches des médecins au personnel infirmier et au personnel soignant de proximité. Cet aspect a permis de proposer le service de dépistage et de traitement du VIH à davantage de personnes.

Le Plan stratégique national de lutte contre le VIH/sida 2015-2020 place l’objectif 90-90-90 au cœur de sa mission et se fixe pour objectif ultime de mettre fin au sida au Malawi d’ici 2030. Le Malawi enregistre de nets progrès au niveau du nombre de personnes vivant avec le VIH diagnostiquées (90 %) et du nombre de personnes vivant avec le VIH qui suivent un traitement contre la maladie (71 %). Toutefois, il reste beaucoup à faire pour rendre indétectable la charge virale de davantage de personnes vivant avec le VIH (61 %). Le Malawi risque donc de ne pas atteindre ses objectifs dans les 500 prochains jours.

M. Namarika affirme que le principal obstacle aux progrès du Malawi pour atteindre ces objectifs est dû à l'isolement de certaines personnes. Celui-ci découle des disparités socioéconomiques et structurelles liées à des relations de pouvoir, comme la pauvreté, le chômage et les inégalités entre les femmes et les hommes. Il souhaite également adopter une approche prenant en considération le rapport entre la zone géographique et la population, afin de traiter les situations de vulnérabilité exacerbées par les migrations et les catastrophes naturelles,  telles que les épisodes de sécheresse et les inondations auxquels est confrontée la population au sud-est du pays.

Le taux élevé de nouvelles infections au VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans constitue un autre défi dans la lutte contre le sida à l’échelle nationale. On a enregistré 9 500 nouvelles infections en 2017, soit plus du double par rapport aux hommes de la même tranche d’âge (4 000).

« La plupart des jeunes ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois. Cette situation est très risquée pour les jeunes filles, car des hommes plus âgés peuvent aisément bafouer leurs droits. Les jeunes hommes doivent également changer de comportement en matière de santé », ajoute M. Namarika.

Toutefois, M. Namarika reste convaincu que le principal obstacle aux progrès dans la lutte contre le sida reste l’autosatisfaction.

« Lorsque j’étais jeune médecin, il arrivait que je prononce jusqu’à 19 décès, uniquement dans le service pédiatrique. Pas dans tout l’hôpital, seulement dans le service pédiatrique. Aujourd’hui, les jeunes médecins ne sont plus confrontés à ce genre de situation. Ils oublient donc que le VIH est une vraie maladie », explique-t-il.

Selon lui, il est primordial de rester engagés aux côtés des communautés pour lutter contre le sida avec le même degré d’urgence qu’au début des années 2000, afin de préserver les résultats remarquables obtenus dans le pays. 

« Si le coût du sida n’est pas considéré comme l’une des catastrophes historiques les plus graves de nos 54 années d'indépendance, notre histoire perd tout son sens », insiste-t-il.

La meilleure façon de progresser, c'est de continuer à financer la lutte contre le sida et d'insister davantage sur la prévention du VIH. Selon lui, un investissement national croissant s’impose, et des partenaires de développement convaincants seront nécessaires pour investir davantage de sources de financement externes dans la prévention du VIH.

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L’ONUSIDA regrette profondément la décision de la Haute Cour du Kenya de maintenir des lois qui criminalisent et créent de la discrimination à l’égard des personnes LGBT

24 mai 2019

 

GENÈVE, 24 mai 2019 — L’ONUSIDA déplore la décision prise par la Haute Cour du Kenya de maintenir les principales dispositions des sections 162 et 165 du Code pénal kenyan. Ces dispositions criminalisent certains actes sexuels privés et conduisent à la discrimination et la violence envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) au Kenya.

« La décision rendue aujourd’hui est une occasion ratée pour le Kenya de défendre les droits de l’homme et de rétablir le droit à la vie privée, le respect et la dignité des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive de l’ONUSIDA par intérim. « Je partage la déception et la frustration ressenties par la communauté LGBT au Kenya et je souhaite les assurer de la poursuite du soutien de l’ONUSIDA pour obtenir la justice et l’égalité pour tous ».

L’ONUSIDA a œuvré en collaboration avec la Coalition nationale pour les droits des personnes gays et lesbiennes et d’autres groupes LGBT, ainsi qu’avec des organisations de la société civile et d’autres partenaires afin de promouvoir un environnement juridique propice au Kenya.

Certains signes laissent penser qu’il va être fait appel de cette décision.

La criminalisation des relations entre personnes consentantes de même sexe est une violation des droits de l’homme et légitime la stigmatisation, la discrimination et les actes de violence à l’encontre des personnes LGBT. Elle empêche ces personnes d’accéder et de recourir aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH et accroît leur risque de contracter le VIH.

« L’échec de la dépénalisation des relations entre personnes consentantes de même sexe va compromettre le but fixé par le Kenya de mettre en place une couverture santé universelle », a ajouté Mme Carlsson.

À l’échelle mondiale, le risque de contracter le VIH est 28 fois supérieur à celui de la population générale pour les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et 13 fois supérieur pour les femmes transgenres. Des environnements juridiques et politiques prohibitifs et le manque de services adaptés aux populations clés accroissent leur vulnérabilité au VIH. L’ONUSIDA appelle les pays à garantir le respect des droits humains de tous les individus, quelle que soit leur orientation sexuelle, par le rejet des lois interdisant les relations sexuelles entre adultes consentants en privé, la mise en exécution de lois pour protéger ces personnes contre la violence et la discrimination, la lutte contre l’homophobie et la transphobie et la mise à disposition des services de santé les plus essentiels.

« Dans le monde entier, nous devons tendre vers une approche plus humaine, bienveillante et fondée sur les droits à l’égard des relations entre personnes de même sexe. Cette décision conforte des lois injustes qui criminalisent les relations entre personnes de même sexe et bloque l’accès de ces personnes à des services essentiels, notamment en matière de santé », a déclaré Mme Carlsson.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

« Sois le changement » : faire entendre la voix des hommes professionnels du sexe au Malawi

27 mai 2019

« Si je veux voir un changement, je dois être ce changement », affirme Aniz Mitha, Directeur exécutif de Community Health Rights Advocacy (CHeRA), une organisation qui travaille avec les hommes professionnels du sexe au Malawi. Quand M. Mitha parle de changement, il le fait avec l’autorité calme et inflexible de quelqu’un qui sait bien de quoi il parle.

Issu d’une famille musulmane conservatrice du Malawi, M. Mitha a été chassé très jeune de son foyer, lorsque ses parents ont découvert qu’il était gay. N’ayant nulle part où aller et ne pouvant compter que sur lui-même, il est parti pour Johannesburg, en Afrique du Sud, où il a passé de nombreuses années comme professionnel du sexe. « Mon but était de survivre, je ne pensais pas à ma santé », explique-t-il.

Quand il est tombé malade, il a passé un test de dépistage du VIH, et il a appris qu’il vivait avec le virus. Immigrant en situation irrégulière, il n’a pas pu accéder aux services de santé en Afrique du Sud. Il est alors rentré au Malawi, où il a entamé un traitement anti-VIH et créé CHeRA. « Je me suis dit : comment aider les autres à ne pas vivre la même expérience que moi ? », raconte-t-il.

CHeRA a pour mission de sensibiliser et de renforcer les capacités des hommes professionnels du sexe en matière de prévention et de traitement du VIH, de santé et de droits sexuels et reproductifs, d’autonomisation économique, de soutien psychosocial et d’accès à la justice. Grâce à un accord de financement avec l’ONUSIDA, l’organisation est intervenue récemment auprès de plus de 250 professionnels du sexe dans trois districts prioritaires du Malawi, avec la distribution de plus de 30 000 préservatifs et de lubrifiant, et l’orientation de six professionnels du sexe vivant avec le VIH vers des services de soins et de traitement. Dans le cadre d’un autre programme financé par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’organisation a formé 50 pairs-éducateurs et distribué plus de 6 000 préservatifs et du lubrifiant adapté à l’usage du préservatif.

M. Mitha évoque avec passion les nombreux problèmes rencontrés par les hommes professionnels du sexe, des problèmes auxquels il a lui-même été confronté. « Au Malawi, le commerce du sexe n’est pas reconnu comme un vrai métier, et il n’y a donc pas de loi pour protéger les professionnel(le)s du sexe. De plus, la plupart de nos professionnels du sexe sont des hommes gays ou ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, ce qui fait qu’ils vivent dans la crainte de se faire arrêter car l’homosexualité est illégale au Malawi », raconte-t-il.

Selon lui, la stigmatisation et la discrimination sont institutionnelles. « Les hommes professionnels du sexe ne sont pas reconnus comme une population clé dans la riposte au VIH au Malawi, et nous ne faisons donc pas partie des priorités dans les plans du gouvernement. De plus, les attitudes négatives des professionnels de santé nous éloignent des soins ».

M. Mitha ajoute : « Admettons que je me fasse agresser ou frapper et que j’aille au commissariat. On me posera des questions du genre « pourquoi êtes-vous habillé comme ça » ou « pourquoi parlez-vous comme ça ». C’est ça, l’institutionnalisation des abus. Elle nous met à l’écart, et dans le domaine de la santé, c’est ce qui fait que nous allons dans des cliniques privées, où il faut payer, même si nous n’avons pas d’argent ».

CHeRA est aujourd’hui enregistrée en tant qu’organisation non gouvernementale. Bien qu’elle ait été créée en 2016, elle n’a été inscrite qu’en 2017, après que l’ONUSIDA a joué un rôle essentiel dans la modification des dispositions de la Loi de 2018 sur le contrôle et la gestion du VIH et du sida au Malawi, qui criminalisaient ou établissaient une discrimination à l’encontre de certains groupes, notamment les professionnel(le)s du sexe. Cette inscription a ouvert la voie à l’enregistrement d’autres organisations de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes et de professionnel(le)s du sexe.

Comme c’est le cas de nombreuses personnes qui se mettent au service des autres, son travail a fini par déborder sur sa vie privée. Sachant ce que l’on ressent quand votre propre famille vous renie, M. Mitha offre un toit à des personnes qui n’ont nulle part où aller, et qui restent chez lui aussi longtemps que nécessaire jusqu’à ce qu’elles puissent se prendre en charge.

À travers son travail et sa vie, il a développé un sens inébranlable de lui-même, de la famille et de la communauté. « Je vis ouvertement avec le VIH et en tant que personne gay ; je suis un exemple à suivre pour beaucoup. Ils voient que c’est possible. Je constate qu’il y a beaucoup plus de personnes comme moi qui cessent de se cacher et vivent ouvertement leur homosexualité et leur séropositivité au VIH », affirme-t-il.

M. Mitha souhaite que CHeRA devienne une organisation qui défende fermement un accès équitable aux soins pour les hommes professionnels du sexe.

« Nous avons besoin d’un soutien financier accru pour développer notre action », ajoute-t-il. « Nous fournissons l’accès à l’information et aux services de prévention du VIH à une population laissée pour compte. C’est ce qui fait la différence. Quand on travaille en tant qu’organisation communautaire, ce qui touche ma communauté me touche également », conclut-il.

La circoncision masculine médicale volontaire progresse au Malawi

29 mai 2019

La circoncision masculine médicale volontaire (CMMV) reste la seule intervention unique permettant de réduire le risque d’infection à VIH. Ce procédé offre une protection partielle tout au long de la vie contre la transmission du VIH de la femme à l’homme et devrait être employé dans le cadre de services plus larges de santé sexuelle et reproductive pour les garçons et les hommes.

Élargir le recours à la CMMV en combinaison avec la promotion du préservatif, la prophylaxie pré-exposition, le dépistage du VIH et un lancement rapide du traitement antirétroviral peut avoir un impact majeur sur l’épidémie de VIH dans les situations de forte prévalence. Au Malawi, plus de 165 000 circoncisions ont été pratiquées en 2017, soit plus du double du chiffre de 2014, et contre seulement 589 en 2008.

En 2016, l’Assemblée générale des Nations Unies avait fixé un objectif de 25 millions d’hommes supplémentaires bénéficiant d’une circoncision volontaire dans les pays à forte incidence d’ici à 2020, ou 5 millions d’hommes par an.

Changer la vie des personnes transgenres au Malawi

03 juin 2019

Lesbian, Intersex, Transgender and other Extensions (LITE) est un groupe de soutien des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles (LGBTI) fondé en 2016 à Lilongwe au Malawi. « Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles devaient affronter tellement de défis communs que j’ai trouvé la motivation de créer une organisation non gouvernementale pour traiter ces questions », déclare Lawrence Phiri Chipili, directeur général de LITE et homme transgenre.

Depuis sa formation en 2016 et sa création officielle en 2017, LITE s’est imposé parmi les plateformes nationales importantes, notamment le groupe de travail technique de la Commission nationale sur le sida du Malawi, qui pilote la lutte multisectorielle contre le sida.

En partenariat avec cinq autres organisations LGBTI du Malawi, LITE a fondé en mai 2019 le Diversity Forum afin de collaborer pour atteindre leur but commun et de veiller à la promotion, à la protection et au respect des droits des personnes appartenant à la communauté LGBTI au Malawi. LITE occupe également la fonction de présidence adjointe du Southern Africa Trans Forum, qui rassemble 18 organisations Transgenre de la Communauté de développement de l’Afrique australe. En 2019, la Campagne pour les droits humains a reconnu LITE et M. Chipili comme l'un de leurs pionniers à l'échelle mondiale.

Cette reconnaissance n’a pas été facile à obtenir pour l’organisation. Riche de sa formation universitaire en économie, M. Chipili a accumulé les preuves pour étayer le plaidoyer de l’organisation.

« Dès la formation de l’organisation, nous avons constaté qu'il était nécessaire de mieux comprendre les besoins des personnes transgenres dans les zones rurales et urbaines du Malawi », explique-t-il. « Nous ne voulions pas baser nos hypothèses sur un groupe restreint de personnes vivant à Lilongwe. Nous avons alors évalué les besoins des communautés et pris conscience des principaux enjeux : l'accès aux services de soins de santé, à l’éducation, à l’emploi, aux services juridiques et la jouissance de la vie en toute sécurité. »

Grâce à cette étude, l’organisation a pu élaborer sa stratégie de plaidoyer, qui consiste à révéler les problèmes auxquels sont confrontées les personnes transgenres dans la sphère publique et politique.

L’organisation s’appuie également sur les politiques et la législation pour élaborer son plaidoyer. En 2015, le gouvernement du Malawi a reconnu que la communauté LGBTI devait avoir accès aux soins de santé et à la sécurité.  Toutefois, M. Chipili estime que ces recommandations ne sont pas mises en œuvre sur le terrain. LITE élabore donc sa stratégie sur la base de ces recommandations pour mener des études et s’engager stratégiquement aux côtés du gouvernement.

Personne ne connaît mieux ces défis que M. Chipili. Il a été rejeté par sa famille et renvoyé de l’école et de l’université. Toutefois, ces expériences semblent avoir décuplé sa résilience et sa détermination.

« Je mets ma vie, ainsi que celle de mes proches, en danger, mais nous devons parler de ces problèmes du quotidien. Les discours de haine envers ma communauté m’attristent profondément, mais ils me motivent aussi parce que les gens ne mesurent pas l’impact de leurs propos. Ma mission consiste à travailler main dans la main avec ces gens pour les aider à comprendre », déclare-t-il.

M. Chipili reconnaît qu’au fil de cette lutte solitaire de la communauté LGBTI en quête de visibilité, les partenaires comme l’ONUSIDA ont joué un rôle essentiel. « L’ONUSIDA nous a aidés à identifier les lacunes de nos politiques organisationnelles et à définir la direction à suivre », dit-il. « L’ONUSIDA a plaidé en faveur de notre inclusion dans les plateformes nationales et nous a aidés à nous impliquer stratégiquement aux côtés du gouvernement, en restant scrupuleusement fidèles à notre principe de ne laisser personne de côté. »

La tâche ne fait que commencer pour M. Chipili et son organisation. « Nous avons besoin de soutien technique, ainsi que de ressources humaines et financières supplémentaires. La limitation à l'échelle mondiale des programmes et du financement pour traiter les problématiques transgenres constitue l’une des principales difficultés. Beaucoup de ressources sont allouées aux organisations qui œuvrent pour les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes et pour les travailleurs du sexe », ajoute-t-il. « Les personnes transgenres sont généralement invisibles, alors que nous sommes confrontés à un déferlement de haine et de stigmatisation, qui augmente considérablement les risques d’infection au VIH », conclut-il.

La Première dame du Kenya en visite à l’ONUSIDA pour la campagne Beyond Zero

22 mai 2019

Le 21 mai, la Première dame du Kenya, Margaret Kenyatta, a visité le siège de l’ONUSIDA à Genève, en Suisse, pour parler de son initiative Beyond Zero, destinée à améliorer la santé maternelle et infantile et à réduire l’impact du VIH dans le pays. Lors de cette visite, Mme Kenyatta a rencontré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA par intérim, Gunilla Carlsson, et s’est exprimée devant les membres du personnel dans le cadre d’une réunion publique.

Depuis son lancement en janvier 2014, l’initiative Beyond Zero a transformé la vie de milliers de femmes et d’enfants à travers le Kenya, en mobilisant des ressources et en bâtissant de nouveaux partenariats pour améliorer la situation sanitaire, avec une attention particulière sur la réduction de la mortalité maternelle et infantile et la prévention des nouvelles infections à VIH.

Beyond Zero a envoyé plus de 50 dispensaires mobiles dans chaque comté du Kenya. Ces dispensaires ont permis un accès élargi et un recours accru aux services de santé. L’initiative a aussi apporté une contribution significative aux progrès accomplis dans la riposte au sida à l’échelle nationale, avec une baisse des nouvelles infections à VIH chez les enfants d’environ 13 000 en 2013 à 8 000 en 2017.

Dans le cadre du lancement de la campagne Beyond Zero Medical Safari en 2018, l’accent a été mis sur la prestation de soins de santé et de services chirurgicaux gratuits, y compris des opérations sur des fistules, pour les Kenyans des endroits les plus reculés du pays. Un engagement fort vise également à accroître l’inclusion sociale des enfants vivant avec des handicaps et d’impliquer les adolescents pour réduire le risque d’infection à VIH.

Mme Kenyatta a déclaré au personnel de l’ONUSIDA que la riposte au VIH devait se poursuivre, avec une vigueur renouvelée.

« Nous ne pouvons pas quitter le champ de bataille maintenant », a-t-elle affirmé. « Nous devons renouveler notre engagement de mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030, pour que dans les années à venir, lorsque l’on parlera du sida comme d’une chose du passé, nous nous souvenions des rôles que nous avons joués, qu’ils soient grands ou plus modestes ».

Mme Carlsson a remercié Mme Kenyatta pour son soutien indéfectible à la riposte au VIH.

« La Première dame est une incroyable avocate de la cause de la santé maternelle et infantile. Elle défend des questions qui sont chères à notre cœur. L’initiative Beyond Zero transforme la vie des femmes et des enfants dans tout le Kenya ».

Lors de sa visite à l’ONUSIDA, Mme Kenyatta était accompagnée de Sicily Kariuki, Secrétaire du gouvernement kenyan chargée de la Santé, Nduku Kilonzo, Directrice du Conseil national de contrôle du sida, et Cleopa Mailu, Ambassadeur du Kenya auprès des Nations Unies à Genève.

Une vie entière consacrée à la riposte au sida

17 mai 2019

Isaac Ahemesah est impliqué dans la riposte au sida depuis près de 25 ans, dont les 16 dernières années passées à travailler pour l’ONUSIDA à différents postes sur tout le continent africain. Sa dernière affectation l’a amené au poste de Conseiller sur la stratégie d’accélération auprès du Bureau national de l’ONUSIDA au Malawi.

L’intérêt de M. Ahemesah pour la riposte au sida a débuté en 1995, alors qu’il était étudiant en action sociale à l’université au Ghana. Dans le cadre de ses études, il fut amené à travailler sur le terrain à l’hôpital local, qui intégrait un hospice accueillant les nombreuses personnes en fin de vie atteintes de maladies liées au sida.

« À cette époque, il n’y avait pas de traitement contre le VIH. Il n’y avait rien du tout pour les personnes vivant avec le VIH », raconte-t-il. « Moi-même, je ne savais pas dans quoi je m’engageais », ajoute-t-il. « Je savais juste qu’il fallait que j’apporte mon aide ».

Ce fut alors le début d’un engagement de longue date dans la riposte au sida. Il entame sa carrière professionnelle au sein de l’association Catholic Relief Services, en tant que responsable de programme VIH et sida, avant de rejoindre l’ONUSIDA en 2003 auprès du Bureau national de l’ONUSIDA au Ghana. Depuis, il a occupé divers postes, notamment en tant que Conseiller en développement institutionnel, Conseiller en droits de l’homme, genre et mobilisation communautaire au Liberia et, aujourd’hui, Conseiller sur la stratégie d’accélération au Malawi.

Survivant de l’attaque terroriste qui a touché le complexe des Nations Unies à Abuja, au Nigeria, en 2011, ainsi que de l’épidémie d’Ebola au Liberia en 2013, M. Ahemesah reste déterminé dans sa défense d’une riposte au sida axée sur les individus.

« La voix des personnes vivant avec le VIH doit être amplifiée, de façon à faire valoir leur dignité et leur respect. Tout le monde doit avoir accès à des services de prévention, de traitement, de soins et d’appui anti-VIH à l’abri de toute stigmatisation et discrimination. Nous devons faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte », poursuit-il. « L’ONUSIDA me donne la possibilité de traduire concrètement ces principes fondamentaux ».

Parmi les réalisations accomplies durant son séjour au Malawi dont il est le plus fier, il cite le travail de sensibilisation que ses collègues et lui-même ont pu mener en collaboration avec des partenaires tels que le Programme des Nations Unies pour le développement et les organisations de la société civile. Ensemble, ils ont travaillé sur la loi nationale de contrôle et de gestion du VIH et du sida en 2018, pour faire supprimer ou modifier toutes les dispositions qui criminalisaient les personnes ou avaient un effet discriminatoire à l’égard de certaines catégories. Ce partenariat a permis d’obtenir un texte législatif final conforme aux normes internationales en matière de droits de l’homme et aligné sur les lois types élaborées par la Communauté de développement d’Afrique australe et la Commission sur le droit.

Cette nouvelle loi a permis de créer un environnement propice au sein duquel les services anti-VIH peuvent être fournis à tout le monde au Malawi, y compris les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes et les professionnelles du sexe, des populations qui sont davantage exposées au risque d’infection à VIH que la population générale.

« Les changements intervenus dans l’environnement juridique ont permis à l’ONUSIDA et à ses partenaires de travailler plus ouvertement et plus efficacement avec les populations clés, comme les professionnel(le)s du sexe et les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) », explique M. Ahemesah. « Six organisations communautaires LGBTI sont désormais enregistrées officiellement, ce qui veut dire qu’elles peuvent solliciter des subventions, suivre des formations et être gérées comme n’importe quelle organisation pleinement fonctionnelle ».

M. Ahemesah se réjouit des avancées positives réalisées par le Malawi sur les objectifs concernant le sida, notamment les objectifs 90–90–90. Le Malawi compte environ 1 million de personnes vivant avec le VIH, dont 90 % connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH. On estime à 71 % le nombre de personnes vivant avec le VIH qui sont actuellement sous traitement, et à 61 % le nombre de ces personnes ayant une charge virale indétectable.

Les progrès contre le VIH ont contribué à une augmentation de l’espérance de vie dans le pays, qui est passée de 46 ans en 2000 à 64 ans en 2018. Le Malawi a aussi été le premier pays d’Afrique à adopter la stratégie Option B+, qui garantit un accès au traitement immédiat et à vie pour les femmes enceintes vivant avec le VIH, faisant ainsi en sorte qu’elles restent en bonne santé et que leurs enfants restent à l’abri du VIH.

Au cours des 15 années qu’il a passées à travailler auprès de l’ONUSIDA, M. Ahemesah a occupé de nombreuses fonctions différentes. Son expérience lui sera très utile, alors qu’il se prépare à quitter le Malawi plus tard cette année pour sa prochaine mission en tant que Directeur national de l’ONUSIDA en Sierra Leone. Néanmoins, c’est sa passion et son engagement pour l’amélioration de la vie des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus qui restent ses qualités les plus précieuses.

Collaboration entre l’ONUSIDA et ONU-Femmes au Malawi

07 mai 2019

ONU-Femmes, l’un des 11 organismes coparrainants de l’ONUSIDA, travaille en étroite collaboration avec l’ONUSIDA pour améliorer la vie des femmes et des filles dans le monde. Au Malawi par exemple, l’ONUSIDA et ONU-Femmes ont œuvré en partenariat pour réduire l’impact des violences sexistes et atténuer le risque d’infection à VIH chez les femmes et les filles.                 

« ONU-Femmes est le plus récent des organismes coparrainants de l’ONUSIDA, et nous sommes ravis de cette collaboration étroite avec l’ONUSIDA et d’autres partenaires sous l’égide du Cadre unifié du budget, des résultats et des responsabilités 2016–2021 », déclare Clara M.W. Anyangwe, Représentante d’ONU-Femmes au Malawi. Le Cadre unifié du budget, des résultats et des responsabilités (UBRAF) est un instrument de l’ONUSIDA dont la vocation est de maximiser la cohérence, la coordination et l’impact de la riposte des Nations Unies au VIH en conjuguant les activités des organismes coparrainants de l’ONUSIDA et du Secrétariat de l’ONUSIDA. Son but principal est d’allouer les ressources financières afin de catalyser l’action dans la riposte au sida au niveau des pays.

Grâce au financement de l’UBRAF, ONU-Femmes au Malawi s’est associé à un nombre impressionnant de partenaires, dont l’ONUSIDA, le Ministère chargé de l’Égalité des sexes, de l’Enfance, des Personnes handicapées et des Affaires sociales, la Commission nationale sur le sida, la Commission nationale sur les lois, le Programme des Nations Unies pour le développement, le Réseau malawite des Organisations de services de lutte contre le sida et la société civile, afin de mettre en œuvre un projet qui vise à renforcer la riposte nationale contre les violences sexuelles et sexistes et les pratiques négatives, ainsi que la lutte pour les droits et la santé sexuels et reproductifs et contre le VIH.

« Travailler ensemble en tant que coparrainants de l’ONUSIDA, c’est tout simplement une meilleure méthode », explique Mme Anyangwe. « Aucune agence n’est capable à elle seule d’aider le pays à atteindre les objectifs 90-90-90 de l’ONUSIDA. En revanche, chaque agence possède un avantage comparatif qu’elle peut apporter. Dans le cas présent, ONU-Femmes apporte la dimension de genre et l’ONUSIDA son expertise dans la riposte au VIH ».

Le Malawi a fait beaucoup de progrès dans la réduction des nouvelles infections à VIH. En 2017, il y a eu environ 39 000 nouvelles infections à VIH, soit une réduction de 40 % depuis 2010, mais 9 500 de ces infections ont concerné des adolescentes et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, ce qui représente plus du double du chiffre pour les hommes du même groupe d’âge.

Le projet a donné lieu à une étude de perception sur les normes de genre prédominantes qui accroissent les violences à l’égard des femmes et des filles et leur risque de contracter une infection à VIH au Malawi, comme les pratiques liées aux rites de passage, la purification sexuelle, le mariage des enfants, le mariage par procuration et les transactions sexuelles. Un cadre d’indicateurs a été développé à partir de ses conclusions, qui servira à suivre les avancées du Plan stratégique national du Malawi contre le VIH et le sida.

Une partie importante du projet vise à intervenir auprès des chefs traditionnels, notamment ceux qui facilitent les pratiques des rites de passage, ainsi que des groupes de parents. Suite à ces interventions, un cadre a été élaboré, mettant en relation les partenaires dans la riposte locale au VIH, la santé et les droits sexuels et reproductifs et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, dans le but de surveiller et de contrer les pratiques culturelles néfastes qui sont exercées lors des cérémonies rituelles de passage locales.

Une série de débats intergénérationnels qui ont réuni des jeunes, des personnes vivant avec le VIH et des chefs traditionnels et religieux a révélé que des problèmes tels que le manque d’accès à des services anti-VIH et de santé sexuelle et reproductive adaptés aux jeunes, la pression des pairs, la stigmatisation et la discrimination et les violences sexistes devaient être abordés, afin d’accroître la résilience des jeunes et de leur donner des moyens d’autonomisation pour se protéger contre l’infection à VIH.

« Nous nous sommes aussi appuyés sur la campagne mondiale d’ONU-Femmes He for She pour impliquer les hommes et les garçons en tant que partenaires des femmes et des filles. Nous cherchons plus particulièrement à promouvoir une virilité positive. Comment faire pour utiliser la virilité afin de protéger les femmes et les filles contre les pratiques néfastes ? », s’interroge Mme Anyangwe.

Lors de ces débats, plus d’une centaine d’hommes et de garçons se sont engagés à défendre le mouvement He for She, afin de promouvoir l’égalité des sexes, de lutter contre le VIH et de réduire les violences sexuelles et sexistes. L’approche fondée sur les droits de l’homme intégrée dans le projet a permis de faire traduire des lois et des politiques sur le VIH et le genre dans des langues locales et de les diffuser largement dans les communautés concernées. 

Mme Anyangwe insiste sur le fait que le recours à l’expertise spécifique des partenaires sous l’égide de l’UBRAF est en train de porter ses fruits au Malawi.

« Par ailleurs, c’est une bonne chose d’avoir l’ONUSIDA en tant que membre de l’instance de coordination nationale du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La participation de l’ONUSIDA à ces mécanismes est un avantage pour nous tous », ajoute-t-elle.

« Nous apprécions réellement le soutien continu et le partenariat d’ONU-Femmes dans l’action pour en finir avec le VIH et les violences sexistes au Malawi », indique Thérèse Poirier, Directrice nationale de l’ONUSIDA au Malawi. « Travailler en tant que Nations Unies en une seule entité a été bénéfique, en évitant la confusion pour nos homologues nationaux qui aurait consisté à intervenir et à travailler séparément sur les différents aspects de ces épidémies interconnectées aux multiples facettes », conclut-elle.

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