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La Journée zéro discrimination à Dakar est l’occasion de libérer la parole sur le VIH avec les étudiants de l’école de gestion BEM

01 mars 2022

Le niveau élevé de stigmatisation et de discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH et des diverses populations clés continue de faire obstacle à la lutte contre le sida.

Partout dans le monde, on pointe du doigt des personnes ou des groupes jugés "différents", pour des raisons aussi nombreuses qu’injustifiées. Dans le contexte du VIH, la discrimination, qui désigne le traitement injuste ou inéquitable d'une personne en raison de son statut sérologique réel ou supposé, empêche la reconnaissance des risques, la gestion de la situation et la prise en charge des personnes concernées. Les comportements discriminatoires et la stigmatisation liées au VIH s’enracinent dans des inégalités sociales préexistantes et les renforcent, ce qui exclut encore davantage les personnes touchées par le virus et alimente l’épidémie.

Dans le cadre de la Journée zéro discrimination du 1er mars 2022, l’ONUSIDA, accompagné du Réseau National des Associations de Personnes vivant avec le VIH (RNP+) du Sénégal et de Trace Sénégal, discute avec les étudiants de la BEM Management School de Dakar. C’est l’occasion de solidifier la compréhension du VIH et de sa réponse parmi les étudiants, et d’exposer les situations de stigmatisation et de discrimination liées au VIH. C’est aussi une façon de favoriser l’engagement dans la lutte contre ces obstacles au sein d’une communauté d’étudiants potentiellement amenés à occuper des postes à responsabilité dans le futur. 

“Nous sommes très engagés dans la sensibilisation du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles pour protéger la santé et le bien-être de nos étudiants”, dit monsieur Diakhaté, Directeur d’école de gestion BEM Dakar. “Nous avons immédiatement saisi l’opportunité de recevoir l’ONUSIDA et ses partenaires ici, puisque nous savons que ce genre d’échanges peut jouer un rôle déterminant dans le développement et l’engagement de nos étudiants en tant que membres de la société et en tant que professionnels. Nous restons fidèles à la vision du PDG qui consiste à voir nos étudiants devenir militants et acteurs d'un monde de paix, de tolérance et de progrès responsables ”. La discussion s’est tenue dans un environnement convivial et ouvert, propice à l’établissement d’une relation de confiance entre les intervenants et les jeunes afin de libérer la parole.

La connaissance du VIH chez les 15-24 ans au Sénégal et en Afrique de l’Ouest et du Centre est encore limitée. Seuls 27,5 % des jeunes sénégalais parviennent à identifier correctement les moyens de prévention de la transmission sexuelle du VIH et à rejeter les principales idées reçues sur la propagation du virus. Les informer et les aider à mieux connaître le VIH pour lutter contre la discrimination constituent ainsi d’une intervention essentielle en faveur de la prévention.

Pour sensibiliser les étudiants, des acteurs clés dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation liées au VIH ont tenu à partager leurs expériences personnelles.

Soukeyna Ndiaye, activiste profondément engagée aux côtés des personnes vivant avec le VIH et Présidente du RNP+, témoigne sur son vécu. Elle raconte comment elle a été exclue par sa famille, qui voulait la priver de « ses responsabilités de femme et de mère » après avoir appris son statut sérologique. « Les gens me regardaient avec pitié, comme si j’étais déjà morte ». Ses enfants aussi ont souffert de discrimination à l’école, notamment de la part des enseignants qui organisaient des conseils de classe pour discuter de leur « cas ». Aujourd’hui, grâce aux médicaments, Soukeyna est en bonne santé et aucun de ses sept enfants n’a le VIH. Dans un monde sans discrimination, elle vivrait normalement.

Wassour Touré est le Président de l’Association Départementale And Juboo (ADAJ), une association de personnes vivant avec le VIH. En wolof, And Juboo veut dire « vivre ensemble dans la paix et la tolérance ». Il partage un témoignage poignant sur les traitements discriminatoires qu’il a pu observer dans un hôpital. « Les personnes vivant avec le VIH devaient attendre que tous les autres patients soient passés avant d'être pris en charge. On les mettait sur un banc, à part, en attendant qu’un docteur s'occupe d’eux séparément ». L’indignation et l’étonnement se faisaient sentir dans la salle, reflétant une réelle empathie des étudiants, mais montrant aussi que la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH sont un sujet dont on parle bien trop peu. « Je n’avais aucune idée de tout ça ! » s’exclame une étudiante, « ça me choque. Il faut qu’on en parle. Pourquoi je n’en ai jamais entendu parler ? »

De toute évidence, les intervenants ont su éveiller les consciences et provoquer des réactions fortes parmi les étudiants. « L'histoire de tous ces gens m'a beaucoup émue et j'aimerais vraiment contribuer à lutter contre toute cette discrimination », explique une étudiante.

L’ONUSIDA souhaite élaborer un partenariat à plus long terme avec les étudiants. La création d’un groupe de discussion et d’un programme de jeunes ambassadeurs contre la discrimination et la stigmatisation permettraient d’impliquer des étudiants de BEM dans les activités de plaidoyer, aux côtés de l’ONUSIDA et ses partenaires. « Les étudiants ont une énergie et une volonté contagieuses. Cela peut être déterminant dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation–un domaine où « montrer le bon exemple » est particulièrement important », dit Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Travailler avec eux peut permettre d’atteindre un public encore plus large, d’une façon personnelle et crédible. Nous nous réjouissons de l’enthousiasme des étudiants pour notre projet. »

La volonté des étudiants de BEM de bâtir un environnement plus inclusif, exempt de discrimination sous toutes ses formes, est particulièrement encourageante dans un pays où les questions de droits humain sont parfois contentieuses, et où l'on observe régulièrement des manifestations en faveur d’un durcissement de la législation condamnant l'homosexualité. Les jeunes sont les moteurs du rayonnement économique et social du Sénégal et il est essentiel de s’appuyer sur eux pour préparer le futur du pays. Encourager le dialogue sur le VIH et apporter aux étudiants les connaissances nécessaires sur le virus, les méthodes de prévention, de dépistage, et de traitement sont parmi les éléments clés de ce cheminement, et une étape cruciale pour donner aux jeunes les moyens de lutter contre la discrimination et la stigmatisation liées au VIH.

Journée zéro discrimination 2022

Engagement de l’UE dans le cadre du Partenariat mondial sur la Journée zéro discrimination

03 mars 2022

Le 1er mars, Marc Angel, député au Parlement européen qui a autrefois défendu les objectifs 90–90–90 contre le VIH, a organisé un événement parlementaire virtuel lors la Journée zéro discrimination. Coorganisé par le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH (Partenariat mondial), cet événement a réuni des intervenants et intervenantes de haut niveau qui œuvrent ardemment pour mettre fin à la discrimination dans l’Union européenne (UE) et au-delà.

Les intervenants et intervenantes ont abordé les thèmes des enfreintes aux droits, des obstacles sociétaux, y compris les lois et les politiques, ainsi que de la discrimination et de la stigmatisation sous-jacentes qui alimentent la pandémie de sida, le tout dans une optique liée au VIH. Puisant dans leur propre travail et leurs expériences, les membres du panel ont discuté de la manière dont l’UE et ses États membres pourraient promouvoir le travail du Partenariat mondial en vue de mettre fin aux lois, politiques et pratiques discriminatoires au sein de la zone de l’UE et des pays partenaires.

« La stigmatisation et la discrimination portent atteinte à la lutte contre le VIH/sida, car elles constituent un obstacle majeur pour se faire dépister et pour accéder à un traitement ou respecter sa thérapie », a déclaré la commissaire européenne à l’Égalité, Helena Dalli. « Nous pouvons et devons lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH, nous faire entendre, rassembler des preuves et partager des informations et des connaissances. »

Les preuves recueillies par les réseaux communautaires et les organisations de la société civile révèlent des niveaux importants de stigmatisation et de discrimination. Ces violations des droits humains ainsi que d’autres ont un impact sur les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus dans l’UE, situation qui a été exacerbée par la pandémie de COVID-19.

« En ce qui concerne l’UE, les inégalités ne cessent de croître, ce qui constitue un obstacle majeur à la riposte au VIH », a déclaré le coordonnateur exécutif d’AIDS Action Europe, Ferenc Bagyinszky. « La stratégie mondiale de lutte contre le sida offre une excellente opportunité à l’UE et à ses États membres, ainsi qu’aux communautés, de travailler pour mettre fin à ces inégalités dans l’UE, en particulier en ce qui concerne les objectifs 10–10–10. »

« L’UE peut apporter une contribution essentielle à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH en interconnectant ses différents projets sur les droits humains et l’égalité des sexes », a déclaré Mandeep Dhaliwal, directrice du groupe VIH, Santé et Développement du Programme des Nations Unies pour le développement.

« En tirant parti de son expertise, de ses ressources et de son leadership politique pour aider les communautés et les pays partenaires à mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination liées au VIH partout où elles existent, l’UE peut apporter une contribution considérable pour que la riposte au VIH rattrape son retard », a déclaré Matthew Kavanagh, directeur exécutif par intérim de l’ONUSIDA pour la politique, la sensibilisation et les connaissances.

À ce jour, 29 pays, dont aucun n’est membre de l’UE, ont rejoint le Partenariat mondial.

Franz Fayot, ministre luxembourgeois de la Coopération et de l’Action humanitaire, a annoncé le soutien du Luxembourg au Partenariat mondial, ce qui en fait le premier État membre de l’UE à sauter le pas. « Nous soutenons le travail du Partenariat mondial et ne pouvons qu’applaudir son rôle dans l’aide apportée aux pays pour atteindre les objectifs 10–10–10 en supprimant les lois néfastes et en élaborant des lois émancipatrices. L’approche stratégique et la plateforme inclusive du Partenariat mondial pour gérer les diverses violations des droits humains auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH et les populations marginalisées seront essentielles pour lutter contre les pratiques discriminatoires contreproductives », a déclaré M. Fayot.

« Le Partenariat mondial représente une chance unique pour l’UE et ses États membres de mettre fin aux inégalités et aux injustices concomitantes et pour voir émerger une Europe et un monde résilients face aux pandémies », a déclaré M. Angel.

Catharina Rinzema, députée au Parlement européen, a évoqué l’importance de parler ouvertement du VIH, de corriger les idées fausses et d’aider le public à s’éduquer. Elle a également évoqué la stigmatisation et la discrimination auxquelles sont confrontées les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles dans l’UE. « Nous devrions avoir les mêmes règles que pour le don du sang, à savoir si les rapports sexuels sont protégés, plutôt que de nous intéresser aux partenaires », a-t-elle déclaré.

Maria Walsh, députée au Parlement européen, a évoqué les effets de la stigmatisation et de la discrimination sur la santé mentale et le bien-être des personnes vivant avec le VIH et a appelé à une stratégie de santé mentale de l’UE inclusive et complète. « Pour briser la stigmatisation et émanciper les personnes séropositives, il est essentiel de parler ouvertement et honnêtement de leur expérience », a-t-elle déclaré.

M. Angel a conclu en encourageant les États membres de l’UE à adhérer au Partenariat mondial et a souligné la nécessité d’une action mondiale et concertée pour accomplir des progrès significatifs vers la fin de la stigmatisation, de la discrimination et des inégalités liées au VIH, ainsi que du sida d’ici 2030. 

Journée zéro discrimination 2022

Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH

À l’occasion de la Journée zéro discrimination, l’Irlande et l’ONUSIDA renforcent leur partenariat pour mettre fin à l’épidémie de sida

01 mars 2022

DUBLIN/GENÈVE, le 1er mars 2022 — L’Irlande annonce aujourd’hui que son financement de base pour l’ONUSIDA passera de 2,4 millions d’euros en 2021 à 2,5 millions d’euros en 2022. L’annonce a été faite lors d’une réunion à Dublin entre le ministre irlandais de l’Aide au développement à l’étranger et de la Diaspora, Colm Brophy, et la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.

L’Irlande est partenaire de l’ONUSIDA et nous soutient depuis plus de 20 ans. Elle soutient des programmes qui réduisent l’impact du VIH parmi certains des groupes les plus vulnérables, notamment les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les jeunes femmes et les filles. Outre la contribution de 2,4 millions d’euros en 2021, l’Irlande a fourni 1 million d’euros en faveur du Programme d’éradication de la discrimination de l’ONUSIDA.

« L’Irlande est une figure emblématique de la riposte mondiale au sida et continue d’être une alliée sur laquelle l’ONUSIDA peut compter », a déclaré Mme Byanyima. « Cette contribution financière supplémentaire d’Irish Aid est un signal important à un moment où le monde doit intensifier ses efforts pour supprimer les lois néfastes et les remplacer par des lois qui autonomisent afin que les personnes puissent recevoir des services anti-VIH qui transforment et sauvent des vies. »  

Cette année, la Journée zéro discrimination est placée sous le thème : « Abolissons les lois discriminantes, adoptons des lois protectrices ». À cette occasion, l’ONUSIDA met l’accent sur la nécessité urgente d’agir contre les lois discriminatoires. Dans de nombreux pays, des lois ont pour effet de défavoriser certaines personnes, de les exclure de services essentiels ou de soumettre leur mode de vie à des restrictions injustifiées, simplement en raison de qui elles sont, ce qu’elles font ou qui elles aiment. Ces lois sont discriminatoires : elles bafouent les droits humains et les libertés fondamentales.

Le 1er mars, Journée zéro discrimination, nous fêtons le droit de quiconque à mener une vie épanouie et productive dans la dignité et à l’abri de la discrimination.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tél. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

Journée zéro discrimination 2022

Les lois discriminatoires et punitives restent malheureusement monnaie courante

28 février 2022

Il a été démontré que la criminalisation des relations sexuelles entre personnes de même sexe, du travail du sexe, de la possession et de la consommation de drogues, ainsi que de l’exposition, de la non-divulgation et de la transmission du VIH bloque l’accès aux services anti-VIH et augmente le risque d’infection au virus.

Les pays qui criminalisent les populations clés ont enregistré des avancées moindres vers les objectifs de dépistage et de traitement du VIH au cours des cinq dernières années. Ainsi, le pourcentage de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique et parviennent à la suppression de la charge virale y est nettement plus faible que dans les pays qui ont évité la criminalisation. Des progrès encore plus importants ont été réalisés dans les pays où les lois ont renforcé la protection des droits humains, en particulier celles qui ont protégé les droits à la non-discrimination et ont réagi à la violence sexisteMalgré ces preuves irréfutables, l’omniprésence des lois discriminatoires et punitives reste inquiétante.

Journée zéro discrimination 2022

Inégalités, impréparation, menaces : pourquoi une action audacieuse contre les inégalités est nécessaire pour mettre fin au sida, arrêter le COVID-19 et se préparer aux futures pandémies

2021 World AIDS Day report — Unequal, unprepared, under threat

« Mon but dans la vie est de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination, et cela commence par I = I » : témoignage d’un militant anti-VIH en Thaïlande

01 mars 2022

C’était une journée comme les autres à Bangkok, en Thaïlande. Pete allait au travail et menait une vie assez normale. Il gérait avec sa sœur l’entreprise familiale d’import-export de légumes frais avec des pays voisins d’Asie du Sud-Est. Il était heureux et avait une relation sérieuse depuis longtemps avec son petit ami. Tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce jour-là, son partenaire et lui décident de faire un dépistage du VIH. Cette décision va brusquement bouleverser sa vie.

« J’ai découvert mon statut sérologique vis-à-vis du VIH en 2016 et peu après, j’ai quitté mon entreprise parce que je ne savais pas s’il allait me rester encore longtemps à vivre. Sans conseils ni assistance psychologique, j’avais beaucoup d’idées fausses sur le VIH et j’ai commencé à déprimer », explique-t-il.

« Je m’en voulais d’avoir contracté le VIH et je n’arrivais pas accepter cette idée. Je suis tombé dans la drogue, le chemsex [rapports sexuels accompagnés de consommation de drogues, ndt], j’ai rompu avec mon partenaire et j’ai fait plusieurs tentatives de suicide », poursuit-il. « Mais après avoir reçu le soutien d’organisations locales de personnes vivant avec le VIH, j’ai décidé de reprendre le contrôle de ma vie. J’ai commencé à parler ouvertement du VIH pour aider d’autres jeunes à vivre avec un statut sérologique positif. Même si je n’avais jamais prévu de faire cela, je savais que je devais le faire. C’est ainsi que je suis devenu militant de la cause du VIH », continue-t-il.

Aujourd’hui, Pete (dont le pseudonyme Pete Living with HIV est célèbre sur Internet) est un militant anti-VIH bien connu en Thaïlande. Il a fait beaucoup de chemin depuis son diagnostic. Il a passé ces dernières années à bâtir une communauté en ligne destinée aux personnes séropositives. Dans cet espace sécurisé, les internautes peuvent se connecter et partager librement leurs histoires et leurs expériences dans un environnement ouvert où la stigmatisation et la discrimination n’ont pas leur place. Son groupe Facebook, qui, pour des raisons évidentes, a des règles d’adhésion strictes, compte plus de 1 300 membres.

« J’ai créé cet espace parce que je n’avais pas d’endroit pour raconter mon histoire. Je voulais créer une plateforme où les personnes vivant avec le VIH peuvent être fières d’elles-mêmes et se rappeler qu’elles ne sont pas seules. Personne ne mérite d’être stigmatisé, harcelé, déshumanisé ou méprisé. Tout le monde mérite d’être aimé, respecté et accepté », explique-t-il.

En 2019, le pays a présenté le partenariat thaïlandais pour éradiquer la discrimination. Ce programme appelle le gouvernement et la société civile à intensifier leur collaboration sur la stigmatisation et la discrimination dans les environnements de santé et au-delà, y compris sur le lieu de travail, dans les systèmes éducatif, législatif et judiciaire. L’ONUSIDA a été impliquée dès les prémices de cette initiative. L’organisation a apporté une assistance technique pour élaborer une stratégie zéro discrimination et un plan quinquennal d’action, un plan de suivi et d’évaluation, mais aussi sa mise en œuvre grâce aux efforts communs du gouvernement et de la société civile.

Pete pense que cette initiative est un élément essentiel pour mettre fin à l’épidémie de sida, car la stigmatisation et la discrimination restent le principal obstacle aux services anti-VIH. « Bien que je remarque un net recul au fil des ans, je suis encore la cible de stigmatisation et de discrimination lorsque je me rends à des visites de contrôle pour les infections sexuellement transmissibles. Le personnel infirmier et les médecins continuent de me juger », indique-t-il.

Pete est également devenu un militant passionné et s’exprime sur l’importance de la stratégie I = I (indétectable = intransmissible) lors de conférences et de forums internationaux. « I = I a changé ma vie. Je lutte et je promeus sans cesse la stratégie I = I, car ses messages ont le pouvoir de changer la vie des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Mais, plus important encore, cela peut changer le comportement de la société et lutter contre la stigmatisation et la discrimination », poursuit-il.

Avec I = I, le traitement du VIH a transformé le paysage de la prévention du VIH. Le message est clair et change la vie : les personnes vivant avec le VIH qui suivent une thérapie antivirale et ont une charge virale indétectable ne peuvent pas transmettre le VIH à leur partenaire. Savoir qu’elles ne peuvent plus transmettre le VIH lors de rapports sexuels peut redonner confiance aux personnes séropositives et la réelle volonté de reprendre le contrôle de leur relation avec leur partenaire du moment ou à venir.

Pete a lancé en 2020 une campagne axée sur I = I et la sensibilisation à la santé mentale. « Grâce à mes publications sur les réseaux sociaux, je sensibilise à l'importance d’écouter et de respecter les gens et leurs expériences. I = I est la clé pour aider les personnes vivant avec le VIH à surmonter l’autostigmatisation et les sentiments négatifs comme la honte, qui les empêchent d’accéder à un traitement ou de le suivre durablement. La stratégie I = I est une source d’encouragements, qui rappelle aux personnes vivant avec le VIH qu’elles peuvent être fières d’elles », conclut-il.

Pete renforce aujourd’hui ses partenariats avec des acteurs et des alliés nationaux de la riposte au VIH afin de veiller à ce que les messages liés à I = I, à la prévention du VIH et à l’éradication de la discrimination soient relayés et atteignent différents publics. Il représente également un groupe de travail multisectoriel chargé de concevoir et de mettre en œuvre l’Indice de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH en Thaïlande, une enquête qui sera menée cette année. Il a apporté son soutien aux Nations Unies en Thaïlande dans diverses campagnes, notamment la campagne Everybody Deserves Love Valentine’s Day et la campagne Zéro discrimination, dans laquelle il implique des jeunes originaires de toute la Thaïlande.

Journée zéro discrimination 2022

Les populations clés sont nombreuses à éviter les services de santé

21 février 2022

La stigmatisation et la discrimination font partie des nombreux obstacles qui se dressent entre les populations et les services de santé de qualité, dont elles ont besoin. Ces barrières nuisent aussi bien à leur santé qu’à leur capacité à maîtriser leur maladie et les situations d’urgence.

Les expériences discriminatoires dans les établissements de santé sont particulièrement fréquentes et pernicieuses. Les données nationales communiquées à l’ONUSIDA révèlent qu’un nombre incroyablement élevé de personnes appartenant aux populations clés évitent les services de santé par crainte de la stigmatisation et/ou de la discrimination. Toutes populations clés confondues, au moins un pays sur trois a déclaré que plus de 10 % des personnes interrogées évitent les soins. Ce chiffre monte à trois pays sur quatre pour les consommateurs et consommatrices de drogues injectables.

La suppression des lois néfastes, telles que celles sur le travail du sexe, les relations sexuelles entre personnes du même sexe, l’usage ou la possession de drogues pour consommation personnelle, ainsi que celles relatives à la non-divulgation, l’exposition ou la transmission du VIH, est un moyen de surmonter la stigmatisation et la discrimination tout en améliorant l’accès aux services par les populations clés.

Notre action

Populations clés

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Les lois sur le consentement parental augmentent la vulnérabilité des ados au VIH

14 février 2022

L’adolescence est souvent la période des premiers rapports sexuels. De nombreux pays disposent de lois sur l’âge de consentement en relation avec l’activité sexuelle. Elles sont toutefois incompatibles avec les lois sur l’âge minimum pour accéder aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive sans autorisation parentale. Cela signifie que les adolescents et adolescentes peuvent légalement avoir des rapports sexuels avant d’être officiellement autorisés à accéder à des informations ou services relatifs à des pratiques sexuelles sans danger ou à la contraception. Par conséquent, cette situation les expose à un risque plus élevé de contamination au VIH ou à d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesse non désirée.

Il a été démontré que la propension à recourir aux services de santé augmente avec l’abolition des lois exigeant l’autorisation des parents pour accéder aux services de santé sexuelle et reproductive, à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH. Cet effet est encore plus fort lorsque les écoles sont autorisées à fournir une éducation sexuelle complète adaptée à l’âge des jeunes afin de leur donner les moyens de se protéger du VIH, des IST, des grossesses non désirées et des violences sexuelles et basées sur le genre.

En 2021, quarante pays ont signalé à l’ONUSIDA qu’ils disposaient de lois exigeant le consentement parental ou d’un-e responsable légal-e pour que les ados puissent accéder à des contraceptifs hormonaux ou à long terme, 108 ont indiqué que ce consentement était requis pour un test de dépistage du VIH, 43 pour l’autodépistage du VIH, 92 pour le traitement du VIH et 22 pour la PPrE. Parmi ces pays, certains prévoient des exceptions sur la base d’une preuve de maturité : 10 pour les contraceptifs hormonaux ou de longue durée, 15 pour le dépistage du VIH, huit pour l’autodépistage et neuf pour le traitement du VIH. La limite d’âge des lois sur le consentement parental varie selon les services. La majorité des pays qui ont signalé avoir des exigences en matière de consentement parental ou d’un-e responsable légal-e avaient une limite d’âge de 18 ans, à l’exception de quelques pays où les jeunes dès 14 ans peuvent accéder à un service sans consentement parental/d’un-e responsable légal-e, toutefois cela varie selon le service.

Notre action

Données et VIH

L’ONUSIDA appelle à un renforcement et à la pérennisation des engagements financiers

19 novembre 2021

GENÈVE, le 19 novembre 2021—Suite au sous-financement chronique de l’ONUSIDA depuis 2015, l’organisation a convoqué les donateurs et donatrices, les partenaires et les membres du Conseil de coordination du Programme à une discussion organisée à Genève, en Suisse afin de soutenir les efforts de l’ONUSIDA qui aide les pays à mettre fin au sida d’ici 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable.

Lors de cette réunion tenue le 15 novembre 2021, l’ONUSIDA a prévenu que même si un nombre croissant de pays démontre qu’il est possible de mettre fin au sida comme menace de santé publique, la riposte mondiale au VIH s’essouffle, et la baisse des nouvelles infections au VIH et des décès dus au sida ralentit. En 2020, quelque 1,5 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH, et on recensait toutes les 60 secondes un décès lié à une maladie opportuniste. Sans correction immédiate de la direction prise et sans regain d’efforts, l’ONUSIDA craint qu’il n’y ait plus aucun espoir d’atteindre l’objectif 2030 de mettre fin au sida.

« Alors que nous entrons dans une nouvelle phase de la riposte au sida, le risque de désengagement politique augmente à mesure que l’épidémie se concentre parmi les populations clés les plus marginalisées, discriminées et criminalisées, ainsi que chez les adolescentes et les jeunes femmes », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Le Programme commun est plus que jamais nécessaire. »

La réunion a été organisée pour mieux faire comprendre le travail de l’ONUSIDA et son rôle essentiel dans la santé mondiale. Les intervenants et intervenantes ont souligné que depuis sa création en 1996, l’ONUSIDA a apporté une contribution unique à la riposte mondiale au sida : elle exploite les forces combinées du système des Nations Unies, mène des efforts pour élargir l’accès aux services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH, augmente les ressources mondiales accordées au VIH, renforce l’engagement politique et collecte des données pour élaborer des ripostes fondées sur des preuves.

Le Président du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA a montré comment l’ONUSIDA a adapté son aide à la crise de la COVID-19 et joue un rôle essentiel au cours de cette période. « En Namibie, la contribution de l’ONUSIDA a été très nette au cours de cette année très difficile, alors que le nombre de cas de COVID-19, d’hospitalisations et de décès augmentait de manière exponentielle », a déclaré Julia Imene-Chanduru, représentante du Président du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA. « Notre système de santé était au bord de l’asphyxie. Au cours de cette période, l’ONUSIDA a aidé la Namibie à assurer la continuité du traitement pour les personnes vivant avec le VIH en nous aidant à instaurer la délivrance d’un traitement antirétroviral sur plusieurs mois et à renforcer l’engagement des communautés pour la COVID-19 et le VIH. »

Les intervenants et intervenantes ont souligné que l’ONUSIDA joue également un rôle déterminant dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, ainsi que celle en faveur de l’égalité et des droits humains. De manière générale, ces contributions uniques et essentielles de l’ONUSIDA représentent moins de 1 % des financements disponibles pour les activités de lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

« Notre santé est fondamentale non seulement pour la vie elle-même, mais aussi pour atteindre les Objectifs de développement durable », a déclaré Amina Mohammed, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies. « L’ONUSIDA est agile et concrétise des actions transformatives. Par rapport aux financements mondiaux dédiés au VIH, le 1 % attribué à l’ONUSIDA permet de tirer le meilleur de milliards d’autres [dollars]. Je vous encourage vivement à continuer d’augmenter votre contribution à cette organisation et à soutenir son incroyable travail qui sauve des vies. »

Depuis 2015, l’ONUSIDA connaît un sous-financement chronique. Pour 2020 et 2021, l’ONUSIDA disposait d’un budget annuel approuvé de 242 millions de dollars. En 2020, l’ONUSIDA a recueilli 194,1 millions de dollars, mais ne devrait en obtenir que 165 millions en 2021. La réunion a été l’occasion de donner aux donateurs et donatrices une meilleure idée du travail de l’ONUSIDA et de tirer la sonnette d’alarme contre le coût de l’inaction ou des financements insuffisants.

« Notre situation de financement actuelle est une entrave à ce qui est possible et à ce qui pourrait être possible », a déclaré Mme Byanyima. « L’heure est venue d’investir. Il est temps d’agir à la hauteur de nos ambitions politiques et d’équiper toutes nos parties prenantes pour faire avancer la riposte et aider à concrétiser le droit humain universel à la santé. »

« Au titre de Programme commun, il est de notre responsabilité de replacer le sida sur la carte du développement. Non seulement par des discours, mais aussi par des budgets. La délégation d’organisations non gouvernementales appelle au financement total d’un UBRAF. Nous exigeons le financement total de l’ONUSIDA et de la riposte au sida », a déclaré Gracia Violeta Ross Quiroga, Présidente nationale du Réseau bolivien des personnes vivant avec le VIH/sida (REDBOL).

L’ONUSIDA encourage vivement les donateurs, les donatrices et les partenaires à créer une dynamique autour des opportunités potentielles et des engagements mutuels liés au financement de l’ONUSIDA et de la riposte au sida, y compris en privilégiant l’allocation des ressources et la fixation de priorités. L’ONUSIDA invite fortement les donateurs et donatrices à assurer un financement adéquat, prévisible et flexible en faveur de l’ONUSIDA par le biais d’accords pluriannuels de financement de base et pour les autres ressources afin de soutenir pleinement les efforts de l’organisation en vue de mettre fin au sida à l’horizon 2030.

« Nous réitérons les appels lancés aujourd’hui par le Secrétariat et les coparrainants pour que le financement soit prévisible et pérenne afin que le Programme commun atteigne nos objectifs communs. Le Kenya maintient son engagement, soutient ce processus et est prêt à participer à toute discussion à venir », a déclaré Peace Mutuma, Attachée à la santé, Mission permanente du Kenya auprès des Nations Unies à Genève.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Accorder la priorité aux droits humains pour mettre fin aux inégalités et au sida

09 juin 2021

Les inégalités et les entraves aux droits humains se sont aggravées au cours de la pandémie de COVID-19. Elles freinent les progrès pour mettre fin au sida comme menace de santé publique mondiale d’ici 2030. De fait, elles facilitent la transmission du VIH en augmentant la vulnérabilité au virus et en limitant l’accès aux services de santé, en particulier parmi les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les toxicomanes, les travailleuses et travailleurs du sexe, les femmes et les filles.

Mettre fin aux inégalités est à la fois un impératif pour les droits humains et une nécessité de santé publique. Pourtant, malgré des engagements répétés, les entraves aux droits humains qui entraînent des inégalités, comme la stigmatisation, la discrimination, la violence et les lois punitives, continuent de saper la riposte au VIH. 

Pour souligner l’urgence de faire des progrès dans ce domaine et inviter toutes les parties prenantes à jouer leur rôle pour renforcer l’action, l’ONUSIDA a convoqué des partenaires de la société civile, des États membres des Nations Unies, des juristes et des organisations de développement en marge de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida organisée à New York. Lors de la rencontre, From Promises to Action: Scaling Up Efforts against Human Rights Barriers, including HIV-Related Stigma and Discrimination tenue le 9 juin, les participantes et participants ont souligné la nécessité de générer des investissements à long terme et des actions transformatives sur les droits humains, la stigmatisation et la discrimination, en particulier sur les lois pénales discriminatoires, afin de changer les obstacles structurels et sociaux et, en définitive, de réduire les inégalités. 

Les personnes présentes ont échangé sur les bonnes pratiques et discuté de la manière dont les approches basées sur les droits humains et transformatrices du genre pourraient réduire les inégalités. Elles ont également lancé un appel à une augmentation rapide du financement, de l’engagement et de l’action dans ce domaine pour atteindre les populations les plus laissées pour compte.

La conférence a été l'occasion de rappeler que 62 % des nouvelles infections au VIH en 2019 touchaient les populations clés, qui sont toujours criminalisées dans de nombreux pays, ainsi que leurs partenaires de sexualité. Par ailleurs, les inégalités entre les sexes et les normes sexuelles néfastes font que le sida reste l’une des principales causes de décès chez les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne qui représentent six nouvelles infections au VIH sur sept chez les ados (de 15 à 19 ans).

L’événement a aussi apporté de l’espoir pour l’action et le changement. Ainsi, les gouvernements de l’Angola, du Costa Rica et de Gambie ont annoncé qu’ils rejoignaient le Partenariat mondial pour l’élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH.

À l’occasion de cet événement, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a appelé la communauté internationale à rejoindre les nouveaux objectifs et engagements ambitieux définis dans la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026. Elle a souligné que la stratégie était une étape cruciale, car elle fixe pour la première fois des objectifs spécifiques pour réduire les leviers sociétaux favorisant les inégalités, en leur accordant la même priorité et le même engagement que les interventions biomédicales.  

Ces nouveaux objectifs ont besoin de nouveaux outils et documents de référence, et Mme Byanyima a dévoilé une nouvelle série de fiches d’information sur les droits humains. Ces dernières permettront de soutenir l’action de toutes les parties prenantes en vue de détruire les obstacles aux droits humains, tels que les lois pénales, la stigmatisation et la discrimination. 

Déclarations

« Si nous ne réussissons pas à faire des progrès au niveau de tous les leviers sociétaux, cela compromettrait les objectifs de prévention, de dépistage, de traitement et de suppression de la charge virale, entraînant 1,7 million de décès liés au sida et 2,5 millions de nouvelles infections supplémentaires entre 2021 et 2030. Échouer n’est pas une option. »

Winnie Byanyima DIRECTRICE EXÉCUTIVE DE L’ONUSIDA

« Le leadership communautaire est un élément important pour permettre à la communauté de se faire entendre et d’aborder ses problèmes spécifiques concernant les causes profondes et les facteurs de stigmatisation et de discrimination. Il ne sera possible de lutter contre ces problématiques que si les parties prenantes à tous les niveaux travaillent ensemble en étroite collaboration avec la communauté. »

Harry Prawobo COORDINATEUR RÉGIONAL POUR L’ASIE-PACIFIQUE DU RÉSEAU MONDIAL DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH

« Pour concrétiser cette vision, nous avons toutefois besoin d’une augmentation des financements à long terme alloués aux programmes de défense des droits humains. Nous savons qu’il est essentiel de détruire les freins à la santé en rapport aux droits humains afin d’améliorer la santé, la justice et la résilience de l’humanité. Alors, saisissons cette opportunité et reconstruisons un monde meilleur. »

Peter Sands DIRECTEUR EXÉCUTIF, FONDS MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME

« Si nos actions dans la riposte au sida avaient été davantage axées sur les droits et la non-discrimination, le genre, l’intégration socio-économique et l’accès universel, la riposte à la COVID-19 aurait été nettement plus efficace. »

Souhaila Ben Said PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION TUNISIENNE DE PRÉVENTION POSITIVE

« La pandémie de VIH n’est pas terminée. Notre stratégie pour y mettre fin doit être axée sur la lutte contre la stigmatisation et l’élimination des inégalités qui entravent l’accès complet aux services de santé. »

Loyce Pace DIRECTRICE DES AFFAIRES MONDIALES, DÉPARTEMENT DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX, ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Cinq questions sur la riposte au VIH au Gabon

02 novembre 2021

Au terme du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui s’est tenu à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Françoise NDAYISHIMIYE, Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon

« Au terme de ce sommet, je rentre avec quelques messages importants qui vont inspirer mon plaidoyer et l’organisation de l’appui au pays : (1) Le sommet a souligné un besoin de renforcement des infrastructures et du financement des organisations communautaires pour permettre leur meilleure implication dans les systèmes de santé. Je salue le Président Macky Sall qui donne l’exemple en promettant aux acteurs de la société civile de son pays un million de francs CFA pour le renforcement de leurs actions. C’est un exemple qui devrait être suivi par d’autres Chefs d’Etat, cela va faire partie de mon plaidoyer ; (2) La nécessité de mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH centré sur la réduction des inégalités. Le Gabon pourra y arriver car le pays s’apprête à préparer son nouveau plan stratégique 2023-2027. L’ONUSIDA va accompagner ce processus et appellera la conjugaison des efforts de toutes les organisations coparraines à faire de même ; (3) la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi de l’appel et des recommandations issus de ce sommet. »

Françoise NDAYISHIMIYE Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon

Le Gabon a des atouts et avance à petit pas mais surement dans sa réponse au VIH. Avec un soutien approprié, le pays peut reprendre la trajectoire visant à éliminer le sida d’ici à 2030. L’accès au dépistage et aux traitements antirétroviraux (ARV), gratuit depuis 2005, s’est modernisé avec la généralisation de l’utilisation du Dolutégravir ; la décentralisation de la prise en charge ; et l’implication accrue de la société civile dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous traitement ARV. La législation a dépénalisé l’homosexualité pour favoriser leur accès aux services de prévention et de prise en charge. Les législations en faveur de l’égalité de l’homme et de la femme et contre les violences faites aux femmes sont des ajouts majeurs qui favoriseront l’environnement juridique et politique pour accélérer la réponse au VIH. 

Il reste cependant des progrès à faire dans le renforcement de la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux pour éviter des ruptures de stock des intrants nécessaires pour les luttes contre le VIH et les autres endémies. En outre, il faudra investir des ressources conséquentes pour renforcer la prévention et prioriser davantage les populations clés et notamment les adolescents et les jeunes y compris ceux qui vivent avec le VIH : ils ont besoin d’être soutenus par des pairs, de recevoir une éducation sur la santé sexuelle et reproductive à l’école et en dehors, afin de leur garantir un avenir sans VIH. Pour y arriver, une réponse multisectorielle est indispensable. En tant que pays champion pour l’initiative Education Plus, le Gabon est le mieux placé pour accélérer des actions holistiques pour prévenir les nouvelles infections chez les jeunes et en particulier les jeunes filles.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

Ces cinq dernières années ont été marquées de plusieurs grandes avancées au Gabon. Tout d’abord, à la politique de gratuité des tests de dépistage et des antirétroviraux (ARV) pour toutes les lignes thérapeutiques adoptée depuis 2005, s’est ajoutée l’adoption de la politique « Tester et traiter », la décentralisation des services de prise en charge et la prise en charge totale de la femme enceinte séropositive.

Le Dolutégravir est désormais inclus dans le protocole de première intention y compris chez la femme enceinte ou allaitante. Davantage d’efforts ont été investis dans la lutte conjointe contre le VIH et la tuberculose, telle que l’utilisation des appareils GenXpert pour la réalisation du diagnostic précoce (PCR) et de la charge virale VIH dans toutes les provinces.

Dans l’ensemble, l’implication de la société civile dans la réponse au VIH, à la tuberculose et aux autres pandémies a été renforcée, bien que beaucoup reste à faire à ce niveau.

La dépénalisation de l'homosexualité a été votée et signée par le président Bongo le 7 juillet 2020, permettant un meilleur accès aux services et un environnement favorable pour diminuer la stigmatisation et la discrimination.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Les cinq dernières années ont été marquées par des ruptures de stock répétitives pour les ARV, les tests de dépistage du VIH et les préservatifs. Elles sont généralement liées à la faible qualité de la planification des besoins, de l’organisation de toute la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux, et l’insuffisance des fonds au moment opportun.

La reconnaissance, la valorisation des apports des organisations de la société civile et l’institutionnalisation des acteurs de la santé communautaire (ASC) reste un défi majeur au Gabon. Ces derniers n’ont pas de cadre juridique pour le rôle qu’ils jouent dans la réponse au VIH.

La prise en charge pédiatrique reste problématique avec moins de 40% des enfants séropositifs ayant accès aux traitements ARV. L'appui aux adolescents et aux jeunes vivant avec le VIH sur le plan socio-éducatif et médical reste insuffisant. Il est primordial de mettre en place un cadre adéquat dédié aux adolescents pour leur prise en charge et de renforcer les réseaux de PVVIH et de jeunes qui permettraient de mettre en œuvre des liens de coaching et de mentoring.

Enfin, l’allocation des ressources gouvernementales ne couvre pas le minimum des besoins des PVVIH, et souvent favorise le financement du traitement ARV au détriment de la prévention.  Il faut investir davantage de moyens dans la sensibilisation et prévention du VIH et autres infections sexuellement transmissibles, en particulier auprès des populations difficiles d’accès et au niveau de la zone des trois frontières (Gabon, Cameroun et Guinée Equatoriale) où la prévalence du VIH est deux fois plus élevée par rapport à la prévalence nationale (estimations nationales).

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affectée la riposte au VIH dans votre pays ?

L’accessibilité géographique et financière des patients aux soins VIH a été limités. Nous continuons à observer des retards d’approvisionnement avec des ruptures de stock de certains médicaments ARV et autres intrants qui limitent l’opérationnalisation de la politique de donner trois à six mois de traitement ARV aux patients stables.

Bien que l’implication des acteurs communautaires ait permis d’améliorer la situation, la vulnérabilité des PVVIH est notable pendant la crise de la COVID-19 du fait du ralentissement des activités liées au VIH, et la difficulté d’accéder aux soins en cas de maladies opportunistes.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Je souhaite saluer les rôles clés joués par les associations et les réseaux des personnes vivant avec le VIH qui se battent pour améliorer la prise en charge de leurs pairs en difficulté avec un soutien financier quasi inexistant. J’appelle à plus de soutien à leur endroit pour diminuer le fardeau qu’ils portent bénévolement et sans moyen. J’appelle également à des efforts conjoints dans l’action impliquant les associations des PVVIH, les communautés LGBTI, les mouvements de jeunes, les femmes et hommes des médias, les célébrités, notamment les sportives, les chanteurs, les danseurs qui sont des modèles pour les jeunes et les leaders traditionnels et religieux qui ont une part importante dans la réponse au VIH. Tout en saluant les efforts du gouvernement dans la prise en charge, j’appelle à un effort additionnel pour la prévention. Enfin le secteur privé pourrait jouer un rôle important au Gabon et aider à faire la différence en accompagnant les actions de prévention du VIH au Gabon. C’est tous ensemble qu’on arrivera à éliminer le sida comme problème de santé publique d’ici à 2030 !

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

J’ai deux requêtes : (1) Rendre la lutte contre le sida véritablement multisectorielle et investir aussi bien dans la prise en charge des PVVIH que dans la prévention du VIH. (2) Octroyer une attention particulière et un soutien financier aux associations de lutte contre le sida, en particulier ceux des personnes vivant avec le VIH qui sont épuisées par des efforts bénévoles continus.

Sommet régional sur le VIH

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