Reportage

Comprendre le VIH à travers la recherche phylogénétique

08 juin 2015

La recherche phylogénétique, à savoir l'analyse des données de séquençage moléculaire pour étudier les relations d'évolution entre des groupes et des organismes, doit être intensifiée pour mettre fin à l'épidémie de sida, selon les participants d'un symposium organisé le 4 juin à l'Académie des Sciences de New York et intitulé HIV 2015: Using Phylogenetics to Enhance the HIV Response.

Intervenant à l'occasion de ce symposium, Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, a déclaré qu'une approche motivée par des preuves, ciblée et basée sur les droits était nécessaire pour accélérer la riposte au VIH au cours des cinq prochaines années et mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030. « La science a été l'un des principaux éléments des progrès accomplis jusqu'ici. Faire avancer la phylogénie nous permettra de cibler encore plus précisément les groupes les plus vulnérables, leur localisation géographique et la progression du virus du VIH », a ajouté M. Loures.

Le génie moléculaire et les données biographiques fourniront des informations de haute qualité sur la diversité des souches de VIH chez les personnes vivant avec le virus et leur évolution, ainsi que sur la dynamique de transmission du VIH. « Une étude de l'horloge moléculaire nous permet d'identifier d'importantes caractéristiques des personnes qui transmettent le VIH et de comprendre comment réduire la forte incidence au sein des groupes vulnérables, par exemple les jeunes femmes en Afrique », a expliqué Tulio De Oliveira, de l'Africa Centre et de l'Université du KwaZulu-Natal de Durban, en Afrique du Sud. « Les récentes avancées dans les méthodes phylogénétiques et l'évolution moléculaire montrent que les données qui combinent des informations génétiques, spatiales, immunologiques et sociales peuvent transformer notre compréhension de la dynamique de l'épidémie ».

Ces dernières années, des scientifiques ont mené des recherches approfondies sur l'efficacité des médicaments antirétroviraux disponibles et l'implication de la résistance médicamenteuse pour adapter les programmes de traitement à des populations spécifiques. Une étude phylogénétique sur la transmission du VIH et la résistance médicamenteuse dans 27 zones représentant 72 % des nouveaux diagnostics aux États-Unis a montré, entre autres conclusions, que 18,9 % des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes vivant avec le VIH avaient transmis des mutations résistantes aux médicaments entre 2010 et 2012. L'étude a également montré des taux de transmission supérieurs chez les hommes afro-américains ayant des rapports sexuels avec des hommes et les jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. « Il s'agit là d'une formidable opportunité d'incorporer la phylogénie et l'épidémiologie moléculaire dans les programmes de prévention et de traitement du VIH afin d'améliorer la durabilité », a déclaré Alexa Oster, Responsable Surveillance moléculaire du VIH au sein de la Division Prévention du VIH/sida des Centres for Disease Control and Prevention.  

Cependant, les participants ont reconnu que les principales difficultés autour du génie génétique et de la recherche sur le VIH au sein des populations les plus touchées, notamment les questions d'éthique et de droits humains, devront être abordées pour bénéficier pleinement du potentiel de la phylogénie.

Les symposiums annuels organisés par l'Académie des Sciences de New York et l'ONUSIDA réunissent des scientifiques, des activistes, des défenseurs des droits de l'homme et des décideurs politiques pour discuter des avancées émergentes de la science pertinentes pour l'accélération de la riposte au VIH.