Actualité

Financer la fin du sida : la fenêtre d’opportunité

09 juin 2016

Lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida, qui s’est tenue du 8 au 10 juin, une table ronde a souligné que l’engagement mondial de mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici à 2030 ne pourrait pas être honoré sans augmenter les financements, accroître l’efficacité et améliorer la mise en œuvre effective des programmes.

Réunis le 8 juin pour sur le thème « Financer la fin du sida : la fenêtre d’opportunité », les participants ont fait valoir qu’un investissement plus important dans la riposte au sida devait être anticipé au cours des cinq prochaines années pour atteindre 26,2 milliards de dollars d’ici à 2020 dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les gouvernements et les partenaires de développement doivent accroître leurs investissements pour combler l’écart entre les ressources qui étaient disponibles pour la lutte contre le VIH en 2014 et le pic de 2020, correspondant à un montant de 7 milliards de dollars. Cela permettra d’éviter une crise de financement latente pour le traitement et la prévention.

Selon les dirigeants politiques, les experts et les représentants d’organisations internationales et de la société civile présents, ces ressources supplémentaires permettront au monde d’atteindre les objectifs intermédiaires de 2020 sur la voie de la fin de l’épidémie. Ces objectifs incluent la cible de traitement 90-90-90, à savoir 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissant leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % de ces personnes sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement avec une charge virale indétectable, la réduction du nombre de nouvelles infections à VIH à moins de 500 000 et l’élimination de la discrimination liée au VIH.

Les participants ont indiqué que la riposte au sida devait dépenser ces fonds supplémentaires avec sagesse en adoptant la stratégie Accélérer visant à élargir rapidement les services de traitement et de prévention avec des programmes plus efficaces et plus performants. La table ronde a aussi évoqué les mécanismes destinés à faciliter l’anticipation par les partenaires de développement et les pays à revenu faible et intermédiaire de la mobilisation des ressources pour atteindre le but ultime d’en finir avec l’épidémie de sida comme menace de santé publique d’ici à 2030.

Au-delà de l’appel à un financement accru et à une meilleure allocation des ressources existantes, d’autres facteurs critiques pour la pérennité de la riposte ont été mis en lumière, notamment la production locale de médicaments antirétroviraux en Afrique, l’amélioration des procédures d’achat de produits de base par la négociation des prix, ainsi que l’accès et le caractère abordable des produits pharmaceutiques modernes dans tous les pays.

Un appel a été lancé avec force sur les aspects suivants : faciliter la transition des pays vers des tranches de revenu plus élevées, notamment en soutenant les programmes à base communautaire ; financer pleinement les besoins des hommes gays et des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des consommateurs de drogues injectables, des professionnel(le)s du sexe, des personnes transsexuelles et des détenus, et en particulier des jeunes au sein de ces populations ; investir dans les communautés ; et élargir les partenariats public-privé.

Les participants ont insisté sur le fait que le coût de l’inaction pour les individus, les communautés, les pays et les régions était tout simplement trop élevé et que le monde ne pouvait pas se permettre de manquer cette fenêtre d’opportunité pour rendre le financement durable et relancer la riposte au VIH au cours des cinq prochaines années.

 

Déclarations

« LES PAYS QUI PEUVENT PAYER DOIVENT LE FAIRE POUR QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE SOUTIENNE LES AUTRES PAYS QUI ONT LA VOLONTE MAIS PAS LES MOYENS FINANCIERS. »

Roch Marc Christian Kaboré PRESIDENT DU BURKINA FASO

« NOUS DEVONS GARANTIR UN FINANCEMENT INTEGRAL DE LA PREVENTION, DU TRAITEMENT ET DES SOINS POUR LES CONSOMMATEURS DE DROGUES INJECTABLES, LES HOMMES GAYS ET LES AUTRES HOMMES AYANT DES RAPPORTS SEXUELS AVEC DES HOMMES, LES PROFESSIONNEL(LE)S DU SEXE, LES PERSONNES TRANSSEXUELLES ET LES DETENUS. »

Lorena Castillo de Varela PREMIERE DAME DU PANAMA

« SI NOUS VOULONS VRAIMENT RELEVER LE DEFI D’EN FINIR AVEC LE SIDA D’ICI A 2030, NOUS DEVONS CIBLER LES FINANCEMENTS INNOVANTS. DEPUIS 2002, LES FINANCEMENTS INNOVANTS ONT GENERE 8 MILLIARDS DE DOLLARS, NOTAMMENT PAR L’INTERMEDIAIRE DE LA TAXE SUR LES BILLETS D’AVION ET DES BONS DE VACCINATION. CE SERA ENCORE PLUS IMPORTANT SI NOUS VOULONS ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE. »

Philippe Douste-Blazy CONSEILLER SPECIAL DES NATIONS UNIES CHARGE DES FINANCEMENTS INNOVANTS POUR LE DEVELOPPEMENT

« LE FONDS MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME, CE SONT TOUTES LES PERSONNES PRESENTES DANS CETTE SALLE, LES GOUVERNEMENTS, LE SECTEUR PRIVE, LA SOCIETE CIVILE. SI NOUS NOUS REUNISSONS TOUS DANS CE PARTENARIAT QUE REPRESENTE LE FONDS MONDIAL, NOUS POURRONS PARFAITEMENT METTRE FIN AU VIH, A LA TUBERCULOSE ET AU PALUDISME UNE BONNE FOIS POUR TOUTES. »

Mark Dybul DIRECTEUR EXECUTIF DU FONDS MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME

« LA QUESTION N’EST PAS SEULEMENT DE SAVOIR D’OU VIENT L’ARGENT, MAIS COMMENT IL EST DEPENSE. IL DOIT ETRE DEPENSE POUR LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH, POUR LES FEMMES ET POUR LES POPULATIONS CLES. CE SONT NOS VIES QUI SONT EN JEU. »

Rachel Ong DELEGATION COMMUNAUTAIRE DU FONDS MONDIAL

« LES CONSOMMATEURS DE DROGUES INJECTABLES SONT LES PLUS GRANDS LAISSES-POUR-COMPTE DE LA RIPOSTE MONDIALE AU VIH. NOUS SAVONS QUE L’EPIDEMIE DE VIH CHEZ LES CONSOMMATEURS DE DROGUES INJECTABLES SE NOURRIT DE LA STIGMATISATION, DE LA DISCRIMINATION ET DE LA VIOLENCE. LE MANQUE DE VOLONTE POLITIQUE EN FAVEUR DE LA REDUCTION DES RISQUES PEUT ETRE OBSERVE PARTOUT DANS LE MONDE. NOUS POURRIONS QUASIMENT METTRE FIN AU SIDA CHEZ LES CONSOMMATEURS DE DROGUES INJECTABLES EN REDIRIGEANT SIMPLEMENT L’ARGENT DE LA GUERRE CONTRE LA DROGUE VERS LA REDUCTION DES RISQUES. »

Olga Szubert Harm Reduction International

« L’INNOVATION EST UNE NOTION QUE NOUS CONSIDERONS COMME UN CRITERE PRIORITAIRE POUR MESURER NOS PERFORMANCES. NOUS RECHERCHONS SANS CESSE DE NOUVELLES IDEES ET JE PENSE QU’ELLES PEUVENT VENIR DE NOS ORGANISATIONS DEDIEES DE LA SOCIETE CIVILE. »

Marie-Claude Bibeau MINISTRE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE, CANADA

« NOUS DEVONS VOIR CET ENGAGEMENT COMME UN INVESTISSEMENT D’UNE GENERATION SUR L’AUTRE. POUR LES OBJECTIFS DE 2030, UNE APPROCHE MULTISECTORIELLE NOUS PERMETTRA NON SEULEMENT D’ATTEINDRE UN OBJECTIF, MAIS AUSSI PLUSIEURS AUTRES. AUJOURD’HUI, LES CRISES SONT MONDIALES ET NECESSITENT DONC UNE RIPOSTE MONDIALE. »

Said Aidi MINISTRE DE LA SANTE DE TUNISIE

« POUR NOUS, RENFORCER LE SYSTEME DE SANTE EST FONDAMENTAL. NOUS AVONS UN OBJECTIF TRES AMBITIEUX DE DEPISTAGE ET DE TRAITEMENT, MAIS AVEC DES SYSTEMES DE SANTE FAIBLES, NOUS NE POURRONS PAS Y PARVENIR. »

Awa Coll-Seck MINISTRE DE LA SANTE, SENEGAL

« NOUS AVONS UNE OPPORTUNITE ABSOLUMENT CAPITALE AVEC LA RECONSTITUTION DES RESSOURCES DU FONDS MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME. NOUS DEVONS ETUDIER LES BESOINS, ESTIMER LES BUDGETS SUR LA BASE DE CES BESOINS, PUIS MOBILISER LES RESSOURCES. L’ANALYSE DOIT ETRE NOTRE FIL ROUGE DANS TOUTES NOS ACTIONS. »

Jeffrey Sachs DIRECTEUR DE L’INSTITUT DE LA TERRE DE L’UNIVERSITE COLUMBIA