Actualité

Mettre les droits de l'homme au cœur de la riposte au sida

11 mars 2016

Le 11 mars, le Conseil des Droits de l'Homme s'est réuni en session extraordinaire à Genève, en Suisse, pour discuter des avancées et des difficultés relatives aux questions des droits de l'homme dans le contexte de la riposte au sida. Cette table ronde mandatée par la résolution 30/8 du Conseil des Droits de l'Homme a eu lieu moins de trois mois avant la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida, qui aura lieu à New York, aux États-Unis, du 8 au 10 juin.

Les participants ont reconnu que les plus grandes avancées dans la riposte au sida ont été réalisées dans des régions du monde où la politique de santé publique est enracinée dans le respect des droits humains. Dans son discours d'ouverture, Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, a souligné que la riposte au sida reste un instrument de lutte contre l'injustice sociale. Il a encouragé les pays et tous les acteurs de la riposte au sida à mettre les droits humains et la voix des personnes les plus touchées par le VIH au cœur de la riposte au sida. Les participants ont constaté que les faits démontrent clairement que l'absence de respect des droits humains en lien avec la santé conduit à de mauvais résultats en termes sanitaires et au risque de transmission du VIH. La discrimination, la stigmatisation, la violence et d'autres violations des droits de l'homme continuent de saper les efforts pour mettre fin à l'épidémie de sida.

Les participants ont lancé un appel pour des ripostes au sida fondées sur les droits, une couverture maladie universelle pour assurer un accès équitable, des médicaments disponibles pour tous, la fin de la discrimination dans les établissements de santé et un investissement accru dans les programmes de défense des droits de l'homme. Ils ont également appelé à abroger les lois punitives et discriminatoires qui conduisent à des violations des droits humains et à de mauvais résultats sanitaires en éloignant les populations les plus touchées des services anti-VIH. Les participants ont insisté sur le fait que sans lutter contre des inégalités profondément ancrées, y compris l'inégalité entre les sexes, et sans assurer le respect total des droits en matière de santé sexuelle et reproductive, le monde ne pourra pas mettre fin à l'épidémie de sida.

Ils ont conclu que la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida représentait une opportunité capitale pour la communauté internationale de renouveler son engagement en faveur d'une approche fondée sur les droits pour accélérer la fin de l'épidémie de sida. Cette année marque le 20e anniversaire de la publication des Directives internationales concernant le VIH/sida et les droits de l'homme, qui contiennent des recommandations pour assurer le respect, la protection et la mise en application des droits de l'homme dans le contexte du VIH.

Des déclarations ont été prononcées par une quarantaine de représentants des États, d'agences des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales, reconnaissant les progrès accomplis dans la riposte au VIH et mettant l'accent sur les principaux problèmes et obstacles qui restent à surmonter sur le plan juridique et des droits de l'homme. Un rapport de synthèse de cette table ronde sera préparé pour l'Assemblée générale des Nations Unies et examiné à la veille et pendant sa Réunion de haut niveau sur la fin du sida.

La table ronde était présidée par Bertrand de Crombrugghe, Vice-Président du Conseil des Droits de l'Homme. Le Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, Luiz Loures, en a été le principal intervenant. Étaient également présents : Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme ; Ayu Oktariani, de la Coalition indonésienne contre le sida ; Nana Oye Lithur, Ministre ghanéenne chargée de l'Égalité des sexes, de l'Enfance et de la Protection sociale ; Jorge Bermudez, Vice-Président de Fiocruz, Ministre de la Santé brésilien et membre du Groupe de haut niveau sur l'accès aux médicaments du Secrétaire général des Nations Unies ; Mark Dybul, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ; et Dainius Puras, Rapporteur spécial sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible.

Les débats étaient animés par Pedro Afonso Comissário, Représentant permanent du Mozambique auprès du Bureau des Nations Unies et d'autres organisations internationales à Genève.

Déclarations

« Le sida court toujours. Des populations et des communautés spécifiques, souvent les plus fragiles et marginalisées, continuent d'être laissées de côté. La Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida qui s'annonce a le potentiel requis pour être à la hauteur de la promesse de mettre fin au sida sans laisser personne de côté. La déclaration politique de 2016 devra être solidement ancrée dans les valeurs et les principes de droits humains, de non-discrimination, de dignité et de justice sociale. »

Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA

« Ces personnes qui n'ont pas accès à la justice, aux recours contre les violations des droits de l'homme ou aux réparations des préjudices subis : ce sont de vrais visages humains. Elles sont plus vulnérables au VIH : des violations de droits sont perpétrées à leur encontre, la prévalence des violences sexistes est élevée et les agressions, la violence, la discrimination, la honte et la pauvreté sont leur lot quotidien. La sensibilisation, la recherche, les interventions directes dans le domaine des droits de l'homme à tous les niveaux, au moyen des lois et conventions internationales, régionales et nationales : telles sont les stratégies les plus efficaces pour les aider. »

Nana Oye Lithur, Ministre ghanéenne chargée de l'Égalité des sexes, de l'Enfance et de la Protection sociale

« Nous nous rendons compte que les efforts de lutte contre l'épidémie de sida ne peuvent être dissociés du respect des droits humains des personnes les plus touchées. Nous devons donner des moyens aux communautés, nous devons les encourager et, surtout, nous devons les écouter et respecter tous les êtres humains. Nous appelons les dirigeants du monde entier à mobiliser les responsables nationaux pour que les droits de l'homme et une politique de santé publique intelligente deviennent les principales approches régissant la prestation de services aux personnes vivant avec le VIH et aux autres populations les plus touchées. Cessez de nous déshumaniser et de nous prendre pour des criminels !»

Ayu Oktariani, Coalition indonésienne contre le sida