Reportage

Entretien avec Toumani et Sidiki Diabaté

19 juillet 2017

À une heure de leur entrée en scène au Festival de Jazz de Montreux, Toumani Diabaté, joueur de kora et double lauréat d’un Grammy Award, Ambassadeur itinérant international de l’ONUSIDA, et Sidiki, son fils tout aussi talentueux, nous ont accordé quelques instants pour parler musique, diversité, zéro discrimination et fin du sida en Afrique occidentale et centrale. 

Doux et prévenant, Toumani a répondu aux questions avec chaleur et bonne humeur, mêlant anglais, français et bambara, dans un véritable esprit multiculturel. Le respect est palpable entre le père et le fils, tandis que les traditions se perpétuent tout en encourageant l’innovation. Joyeux et taquin, Toumani a conseillé à Sidiki de s’asseoir bien droit face à l’objectif, tandis que Sidiki a donné une interprétation plus moderne des réponses de son père.

ONUSIDA : Vous êtes ici pour vous produire avec Lamomali, une collaboration musicale avec l’artiste français Matthieu Chedid. Vous aurez avec vous sur scène plus de 15 autres personnes, dont la chanteuse malienne Fatoumata Diawara. Comment est née cette aventure ?

Toumani : Fidèle à la tradition des griots, historiens, conteurs et musiciens, j’ai toujours voulu participer à ce genre d’aventure. Mes pères, comme l’ensemble de ma famille issue d’une dynastie vieille de 700 ans, viennent de cette atmosphère, nous y sommes nés et nous sommes les archives culturelles de notre pays.

La belle musique rassemble les gens et fait tomber les barrières comme dans Lamomali. Le monde doit se montrer plus ouvert et plus généreux et nous avons besoin de plus de communication. C’est le seul moyen pour que les choses aillent mieux dans le futur.

ONUSIDA : Récemment, l’Union africaine a adopté un plan de rattrapage pour l’Afrique centrale et occidentale, afin d’accélérer l’accès aux services anti-VIH.  Quels sont vos espoirs pour la région ? 

Toumani : Il est évident que nous ne pouvons pas accepter une approche à deux vitesses dans la lutte contre le sida en Afrique.  Nous n’avons pas un instant à perdre, nous avons les outils et nous devons travailler ensemble pour en finir avec le sida.

ONUSIDA : Ce soir, vous porterez un ruban rouge pendant le concert. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Toumani : La vie, c’est simplement la vie, l’amour et la solidarité.

Durant ce spectacle plein d’énergie, qui célèbre à la fois les traditions et la nouveauté, Toumani a parlé de son rôle d’Ambassadeur itinérant international de l’ONUSIDA, en insistant sur l’importance de zéro discrimination. Il a évoqué un proverbe de son Mali natal :

Si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras.

Si tu ne sais pas que tu ne sais pas, tu ne sauras jamais.

Si tu sais, fais-le savoir.

Cette maxime fait écho au rôle de Toumani aussi bien en tant que griot qu’ambassadeur. Il connaît l’importance de célébrer la diversité et la dignité et de faire de la discrimination zéro une réalité pour tous. À travers sa musique et ses messages pleins de vie, il le fait savoir.