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Des scientifiques de premier plan se félicitent des progrès vers les objectifs 90-90-90

25 juillet 2017

Des centaines de chercheurs et de responsables de planification et de mise en œuvre de programmes, ainsi que des activistes de la société civile, se sont réunis à la veille de la Conférence 2017 de l’IAS de recherche sur le sida afin d’évaluer les progrès vers les objectifs 90-90-90. Cet atelier, parrainé par l’International Association of Providers of AIDS Care (IAPAC) et l’ONUSIDA, en partenariat avec le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, s’est penché sur les données les plus récentes relatives aux avancées et aux nouvelles opportunités visant à poursuivre l’accélération des acquis vers les objectifs 90-90-90.

Ces objectifs ont été lancés par l’ONUSIDA en 2014 afin d’accélérer les progrès pour que, d’ici à 2020, 90 % de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % des personnes diagnostiquées séropositives au VIH reçoivent un traitement antirétroviral durable et 90 % des personnes sous traitement antirétroviral voient leur charge virale disparaître. En 2016, pour la première fois, plus des deux tiers des personnes vivant avec le VIH étaient au courant de leur statut et plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH ont eu accès au traitement antirétroviral.

Tout en se félicitant des nettes avancées vers chacun de ces trois objectifs, les participants ont reconnu que la mise en œuvre effective des objectifs 90-90-90 était possible, de même que le contrôle ultime de l’épidémie. De nouvelles preuves d’une baisse marquée de la prévalence du VIH dans de nombreux pays d’Afrique australe et orientale démontrent que l’élargissement du traitement anti-VIH permet non seulement de réduire les décès dus au sida, mais contribue aussi à la maîtrise de l’épidémie.

Après le discours d’ouverture prononcé par Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, l’atelier a commencé par un dialogue entre les ministres de la Santé et des responsables ministériels de haut niveau venus du Botswana, du Cambodge, du Lesotho et du Panama, et des responsables de la santé mondiale. Ce débat a mis en lumière des exemples de la manière dont de nombreux pays traduisent concrètement leur engagement politique fort contre le sida par l’accomplissement des objectifs 90-90-90.

Les différentes sessions de l’atelier ont porté sur les domaines dans lesquels l’élan des objectifs 90-90-90 n’est pas à la hauteur, sur les populations laissées pour compte, ainsi que sur les opportunités potentielles de transformation pour combler ces lacunes. Dans le processus de traitement du VIH, les plus gros manques sont observés dans le premier volet des 90 % : les participants ont donc appelé à une révolution du dépistage du VIH, avec des initiatives destinées à intégrer les programmes de dépistage du VIH dans des campagnes de dépistage visant d’autres pathologies. Les présentations de l’atelier ont aussi souligné l’importance d’un déploiement rapide de l’auto-dépistage du VIH.

Pour atteindre les objectifs 90-90-90, il est évident que les services doivent être étendus au-delà des établissements de santé et rapprochés des communautés qui en ont besoin. Cette constatation est étayée par les conclusions des essais SEARCH et PopART, qui ont appliqué les approches centrées sur les communautés pour générer des progrès rapides vers les objectifs 90-90-90. Afin de permettre un élargissement accéléré des services à base communautaire, les chefs d’État de l’Union africaine ont adopté avec enthousiasme ce mois-ci une nouvelle initiative régionale visant à recruter, former et déployer 2 millions d’agents de santé communautaires.

Plusieurs sessions ont également porté sur les problèmes de contact avec les populations laissées pour compte, notamment les hommes, les adolescentes et les jeunes femmes, et avec les populations clés telles que les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les personnes transsexuelles. Des présentations de données sur différentes expériences menées au niveau national et local ont mis en lumière diverses stratégies visant à combler les lacunes en matière de dépistage et de traitement au sein de ces groupes, notamment des stratégies de prestation de services adaptées à ces groupes, l’investissement dans les communautés, ainsi que des stratégies visant à réduire la stigmatisation et la discrimination, avec une réforme des lois et des politiques.

De nouvelles ressources seront nécessaires pour accélérer la riposte mondiale au sida, car il manque environ 25 % dans les sommes disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH par rapport aux ressources prévues pour l’accélération de la riposte. Selon les données de modélisation présentées lors de l’atelier, au lieu de conserver l’allure actuelle d’élargissement, l’Afrique du Sud pourrait économiser 3 milliards de dollars et éviter 1 million de décès dus au sida en anticipant les investissements en faveur des objectifs 90-90-90. 

Déclarations

« Trois mots caractérisent la riposte au VIH au Botswana : claire, ambitieuse et motivée. Cette approche a permis de mobiliser des investissements essentiels et de générer des résultats tangibles [y compris l’accomplissement des objectifs 90-90-90]. »

Dorcas Makgato Ministre de la Santé et du Bien-être du Botswana

« Le Cambodge est en bonne voie pour atteindre les objectifs 90-90-90. Notre riposte au sida a commencé au début des années 1990, alors que le pays était confronté à une épidémie généralisée, qui se propageait vite. Aujourd’hui, nous ciblons les populations prioritaires et nous avons pour but d’éliminer les nouvelles infections à VIH d’ici à 2025. »

Mam Bun Heng Ministre de la Santé du Cambodge

« Le sida nécessite une approche fondée sur les résultats. C’est la raison pour laquelle je défends depuis longtemps des objectifs et des cibles ambitieux pour la lutte contre le sida. Les données les plus récentes montrent que les objectifs 90-90-90 ne sont pas un rêve. Face au scepticisme, nous avons clairement démontré qu’il était possible de les atteindre. En avançant, nous devons être attentifs aux adolescentes et aux jeunes femmes, inciter les jeunes hommes à recourir aux services et atteindre les communautés vulnérables, car les populations clés représentent 80 % des nouvelles infections à VIH en dehors de l’Afrique subsaharienne. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Il n’est pas toujours facile pour les communautés de changer radicalement leurs approches, mais nous avons réussi à passer aux objectifs 90-90-90. Les derniers résultats concernant le processus de traitement du VIH – 70-77-82 – sont encourageants. Pour parvenir à maîtriser l’épidémie, nous devrons atteindre l’objectif ultime 95-95-95, mais nous y arriverons uniquement si nous nous concentrons sur les individus. »

Jose Zuniga Président de l’IAPAC

« La capacité de riposte des communautés et l’engagement politique visant à relever et à surmonter les principaux défis ont été la clé de voûte des progrès que nous avons accomplis vers les objectifs 90-90-90. Les gouvernements nationaux ont rapidement modifié leur approche politique pour mettre en œuvre une approche « dépistage-et-traitement », et nous avons investi dans la collecte et l’utilisation de données détaillées sur le terrain pour motiver et éclairer nos actions. »

Ambassador Deborah Birx Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida