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Initiative Stay Free : un défi dans de nombreux pays

24 mai 2017

Le 24 mai, l’ONUSIDA et le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida ont organisé une réunion ministérielle destinée à faire le bilan des avancées dans la mise en œuvre du cadre Start Free, Stay Free, AIDS Free. Parrainée par le Lesotho, le Malawi, le Swaziland et l’Organisation mondiale de la Santé, cette réunion s’est tenue en marge de la 70e Assemblée mondiale de la Santé.

Monica Geingos, Première dame de Namibie et Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour les jeunes femmes et les adolescentes, en était l’invitée spéciale. Son discours d’ouverture inspirant a donné le ton de la réunion : elle a mis l’accent sur la nécessité de changer la manière dont nous parlons aux jeunes et de former les gens qui assurent leur éducation sur la sexualité et le VIH, notamment les enseignants et les grands-parents.

« Nous avons accompli un travail formidable sur le volet Start Free, mais quelque chose cloche avec le volet Stay Free », a déclaré la Première dame. « Les jeunes ont évolué dans leur manière de dialoguer et nous devons parler leur langage pour les atteindre d’une façon qui ait du sens pour eux ».

Florence Anam, de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH, a relaté sa propre expérience personnelle et évoqué les systèmes de santé mal équipés pour gérer les adolescents et les grossesses chez les adolescentes. Selon elle, « nous devons investir dans les réseaux de femmes vivant avec le VIH et renforcer nos capacités pour contribuer à des actions qui ont un impact sur nos vies et nous engager dans ces actions ». Elle a également parlé de la nécessité d’impliquer les hommes et de créer des initiatives pour plus d’engagement de leur part afin de promouvoir la responsabilité mutuelle.

Le thème commun de la rencontre a porté sur la constatation unanime qu’un excellent travail avait été accompli pour stopper les nouvelles infections à VIH chez les enfants, mais que les adolescents avaient été laissés de côté et qu’une nouvelle approche s’imposait pour les atteindre et les inciter à se prémunir contre le VIH.

« Nous ne pourrons jamais contrôler cette épidémie et en finir avec elle si nous ne nous projetons pas vers l’avenir », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Cela veut dire qu’il ne suffit pas de penser à démarrer dans la vie sans le VIH et à donner aux bébés une chance de naître sans le virus, mais aussi à faire en sorte qu’ils le restent tout au long de leur vie ».

« Nous ne sommes rien sans les preuves scientifiques, mais celles-ci ne peuvent pas se traduire en programmes sans les communautés et un leadership politique », a expliqué Deborah Birx, Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida et Représentante spéciale pour la diplomatie en matière de santé mondiale.

Des ministres de la Santé et des représentants du Cameroun, de la République démocratique du Congo, du Kenya, du Lesotho, du Malawi, du Mali, de Namibie, du Nigeria, du Swaziland, du Togo et du Zimbabwe se sont joints au Directeur exécutif de l’ONUSIDA et à la Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida pour examiner certains problèmes rencontrés dans l’élargissement de la prévention et du traitement du VIH, ainsi que pour échanger sur les réussites de leurs pays respectifs dans ce domaine.

Ils ont été invités à décrire l’action la plus importante qu’ils avaient initiée dans le cadre du programme Start Free, Stay Free, AIDS Free. Voici un aperçu de leurs réponses. 

Déclarations

« L’une des approches intéressantes que nous avons adoptée en République démocratique du Congo est un programme dans lequel la distribution des médicaments antirétroviraux est assurée par des personnes vivant avec le VIH. Cela a permis de faire reculer la stigmatisation, d’offrir un accès plus facile et plus rapide au traitement et d’accroître l’observance. Cela a également soulagé les établissements de santé et donné aux agents de santé l’opportunité de se concentrer sur les nouveaux patients et les cas nécessitant l’attention médicale de spécialistes ».

Oly Ilunga Kalenga Ministre de la Santé publique, République démocratique du Congo

« Il est urgent d’agir de manière responsable pour faire en sorte que les bébés naissent sans le VIH et protéger ces bébés jusqu’à leur adolescence. Ce n’est pas une question de programme, mais de responsabilité pour faire les bons choix. »

Cleopa Mailu Secrétaire de cabinet chargée de la Santé, Kenya

« À l’heure actuelle, nous avons mis en place jusqu’à 99 % de couverture par les médicaments antirétroviraux chez les femmes enceintes vivant avec le VIH, mais en tant que ministre, ces 99 % ne me satisfont pas. Le meilleur chiffre, c’est le nombre d’enfants nés sans le VIH. Nous voulons que tout le pays soit exempt du VIH. »

Peter Kumpalume Ministre de la Santé, Malawi

« Start Free, commencer sans le VIH, c’est le mot d’ordre actuel. Nous avons mobilisé les responsables, donné des moyens aux jeunes et ciblé les femmes enceintes. Stay Free, rester sans le VIH, tel est le défi à relever. Nous devons changer la manière dont nous parlons aux jeunes et veiller à ce que nos programmes de prévention du VIH soient pilotés par les jeunes. »

Sibongile Simelane Ministre de la Santé, Swaziland

« Au Zimbabwe, nous avons abordé deux éléments : la prévention et le traitement. Si vous voulez vous focaliser sur le traitement, faites-le, c’est très bien. Mais si on ne ferme pas le robinet des nouvelles infections, il y a un problème. C’est pourquoi le mot d’ordre du Zimbabwe est prévention, prévention, prévention. »

David Pagwesese Parirenyatwa Ministre de la Santé et de l’Enfance, Zimbabwe

« Nous avons accru la sensibilisation politique, élargi le dépistage du VIH, mais nous avons un problème de rupture et de perte du suivi pour lequel nous aimerions trouver des solutions. »

MAINA DJOULDE EMMANUEL CHEF DE LA DIVISION DE LA COOPÉRATION, MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CAMEROUN

« Nous devons travailler ensemble et pour assurer la redevabilité, nous avons besoin de tous les partenaires, notamment les partenaires non gouvernementaux, pour travailler main dans la main. Nous ne pouvons pas le faire sans nos partenaires, c’est la seule façon pour nous d’accélérer la riposte. »

Samba O. Sow Ministre de la Santé publique, Mali

« Nous avons mobilisé à la fois des ressources financières et humaines. Nos programmes sont pilotés par des agents de santé communautaires. Ils sont notre solution à notre engagement auprès des communautés. »

Bernard Haufiku Ministre de la Santé et des Affaires sociales, Namibie

« Nous avons accompli un certain nombre de progrès et notre objectif est de poursuivre dans cette voie. Il est indispensable de ne pas baisser la garde. Nous voulons aussi reconnaître les accomplissements obtenus par nos partenaires, en particulier l’ONUSIDA. Seuls nous allons vite, mais ensemble nous allons loin. »

Moustapha Mijiyawa Ministre de la Santé et de la Protection sociale, Togo

« Nous avons mis en place une politique de médicaments antirétroviraux trimestrielle car nous avons constaté que les personnes ne prenaient pas leurs médicaments parce qu’elles devaient s’absenter trop souvent de leur travail pour se rendre régulièrement dans les dispensaires. Aujourd’hui, nous envisageons de mettre en place un protocole sur six mois. Nous étudions la manière dont cela fonctionnera pour nous. »

Malerato Khoeli Secrétaire permanent, Ministère de la Santé, Lesotho

« Nous sommes en train d’étendre notre couverture santé universelle et l’une des principales interventions concerne la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. Dans ce cadre, nous avons acquis des stocks de kits de dépistage rapide et de médicaments de première intention pour le traitement du VIH. D’autre part, le VIH fait désormais partie des programmes scolaires. »

Evelyn Ngige Directrice, Département de la Santé publique, Ministère fédéral de la Santé, Nigeria

« Nous devons simplifier les services intégrés pour la prévention de la transmission de la mère à l’enfant du VIH et de la tuberculose, et nous devons être attentifs aux besoins des enfants : il y a trop de diagnostics tardifs et nous avons un besoin urgent de préparations adaptées à l’âge. »

Ren Minghui Sous-Directeur général, Organisation mondiale de la Santé