Reportage

Résiliente malgré les difficultés : la population du Soudan du Sud

11 juin 2018

Regina Mateo, mère de cinq enfants, nous ouvre les portes de son foyer à Wau, au Soudan du Sud : il s’agit d’un abri provisoire sur le site d’accueil des réfugiés de la protection civile (POC). Elle a amené sa famille ici pour la mettre à l’abri des violences et de l’instabilité dans son village. Mais Mme Mateo et sa famille sont impatients de rentrer chez eux dès que la situation sera plus sûre.

Chacun aspire à avoir un endroit sûr qu’il peut appeler son foyer. Pourtant, avec le conflit et les violences qui font rage dans une très grande partie du pays, c’est encore trop demander pour beaucoup d’habitants du Soudan du Sud à l’heure actuelle. Le POC de Wau accueille 20 880 personnes, mais il existe beaucoup d’autres sites qui reçoivent des réfugiés. À Djouba, le POC compte 39 405 personnes, 116 725 à Bentiu, 24 417 à Malakal et 2 296 à Bor. Un grand nombre de ces personnes quittent les POC pendant la journée pour aller travailler, mais elles reviennent le soir par peur des violences perpétrées par les groupes armés.

Lors de sa récente visite à Wau, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé a été accueilli par un réseau de femmes et de filles vivant avec le VIH et des représentants de prestataires de services des Nations Unies et des autorités locales. « Avec l’effondrement des infrastructures sanitaires et le soulèvement de communautés entières dans les zones de conflit, la continuité du traitement et des soins est devenue extrêmement difficile », a-t-il déclaré. « Mais le peuple du Soudan du Sud est résilient. Et cela nous donne de l’espoir ».

M. Sidibé a visité le POC de Wau afin de mieux comprendre les conditions de vie des personnes qui ont été déplacées et la nature des services auxquels elles ont accès. Ces conditions de vie sont difficiles, avec des services élémentaires limités. Tout le monde souhaite ardemment le retour à la paix pour pouvoir rentrer à la maison.

Malgré ce contexte difficile, la famille des Nations Unies œuvre conjointement pour fournir les services de base. Parmi les points forts, on citera les unités d’accouchement et de stabilisation mises en place au sein des structures sanitaires avec le soutien de l’Organisation internationale pour les migrations et le Fonds des Nations Unies pour la population, ouvertes aussi bien aux personnes déplacées qu’à la communauté qui les accueille, et qui intègrent des services anti-VIH dans le cadre de services de soins de santé primaires plus larges.

De plus, les rescapées de violences sexistes peuvent aussi accéder à un soutien psychosocial et à des services de prise en charge clinique des viols. Ces services sont disponibles en partie grâce aux ressources de l’ONUSIDA, qui viennent compléter celles du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

M. Sidibé s’est également entretenu avec le Gouverneur de Wau, Angelo Taban, et, en compagnie du Ministre d’État de la Santé, ils ont visité l’hôpital universitaire de Wau, où ils ont rencontré des mères pairs-éducatrices qui vivent avec le VIH mais ont donné naissance à des enfants séronégatifs au VIH. Le personnel de santé accomplit un travail formidable malgré les conditions d’intervention très difficiles.

À l’hôpital universitaire de Djouba, le Réseau des personnes vivant avec le VIH du Soudan du Sud a décrit les problèmes critiques auxquels beaucoup de personnes sont confrontées. « De nombreuses personnes vivant avec le VIH ne sont plus suivies à cause de la crise actuelle. Beaucoup d’entre elles vivent dans la brousse sud-soudanaise, et beaucoup d’autres sont en plein exil vers les pays voisins sans médication. Et ceux qui habitent dans les villes meurent en silence à cause de la pauvreté ». Mais l’espoir est bien vivant. Toute une nouvelle génération de sages-femmes est en cours de formation, afin de concrétiser le droit à la santé et à la non-discrimination dans les établissements de santé.

Malgré tous les problèmes, entre les conflits et l’effondrement des infrastructures sanitaires, l’insuffisance des fonds et l’absence de réponse à des besoins élémentaires, les habitants du Soudan du Sud sont résilients.