Reportage

La jeunesse birmane profite d’avancées en matière de santé, d’éducation et d’égalité des sexes

14 juin 2019

Publication originale de cet article par l’UNESCO

Les jeunes, la tranche des 5-14 ans en tête, représentent plus de la moitié de la population birmane. Cette structure démographique est une chance incroyable pour alimenter la dynamique récente dans laquelle le Myanmar inscrit son développement. Cependant, des investissements sont nécessaires pour lever les obstacles, qui empêchent cette tranche de la population de prendre des décisions fondées concernant leur santé et leur bien-être.

Une étude montre que les jeunes Birmans ne disposent que de connaissances limitées sur la santé sexuelle et de la reproduction. 38 % des adolescents admettent ne pas avoir su qu’une femme puisse tomber enceinte dès le premier rapport et 16,67 % seulement des 15-24 ans sont correctement informés sur la prévention du VIH.

Afin de changer la donne, UNESCO Yangon, en collaboration avec le ministère local de l’Éducation, a organisé le 22 mars 2019 un séminaire politique. Plus de 50 représentants d’organisations gouvernementales et non gouvernementales se sont rassemblés pour partager des bonnes pratiques et identifier des axes pour renforcer la législation, les programmes scolaires et l’enseignement de l’éducation sexuelle au Myanmar.

Le séminaire a marqué le lancement en birman des Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité dans sa version de 2018. Cet ouvrage a été rédigé par l’UNESCO en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé, l’UNICEF, l’UNFPA, l’ONUSIDA et l’ONU Femmes. Ces principes aident les administrations de l’éducation, de la santé et d’autres domaines pertinents à élaborer et mettre en place des programmes et des supports destinés à l’éducation sexuelle.

Le conseiller régional pour la santé et l’éducation de l’UNESCO, Kabir Singh, explique que les principes de l’ONU abordent un large éventail de thèmes. Ils ne se réduisent pas à la santé sexuelle et de la reproduction, mais incluent aussi des compétences sociales plus larges comme négocier le consentement et éviter les situations dangereuses.

« L’accès aux informations ainsi qu’aux services liés à la santé sexuelle et de la reproduction (SSR) est loin d’être aisé pour les jeunes Birmans. Cette situation est exacerbée par le fait que les normes sociales et de genre empêchent les enfants et les jeunes, en particulier les filles et les autres groupes vulnérables, d’être en bonne santé et de se sentir bien », indique-t-il.

« Voilà pourquoi il est essentiel que les enfants de 5 à 8 ans soient aussi pris en compte dans les programmes ECS, comme préconisé par les principes directeurs de l’ONU. Nous devons aider les enfants dès leur plus jeune âge à comprendre l’égalité des sexes, avoir des relations saines et se respecter eux-mêmes, mais aussi entre eux. »

L’éducation sexuelle au Myanmar

Le programme National Life Skills Education Curriculum au Myanmar, mis en œuvre par le ministre de l’Éducation en collaboration avec l’UNICEF, est intégré au programme fondamental des écoles primaires depuis 2006 et c’est une option obligatoire dans le secondaire depuis 2008. Dans les premières années du secondaire, ce programme aborde sept thèmes, dont la santé de la reproduction, le VIH et les MST, la consommation de drogues, la prévention contre les maladies et la nutrition.

Un contrôle du programme Life Skills Education effectué en 2012 dans des établissements du secondaire a révélé que les connaissances sur la santé de la reproduction restaient mauvaises. Les auteurs supputent ici que la sensibilité culturelle et l’absence de formation des enseignants sont des facteurs pouvant favoriser cette situation. Un récent sondage sur U-Report, un outil gratuit de l’UNICEF destiné à mener des campagnes de veille sociale par SMS et utilisé pour suivre la participation des jeunes au Myanmar, est également arrivé à la conclusion que la majorité des participants tire ses informations en matière d’éducation sexuelle des médias sociaux. Malheureusement, ces informations ne sont pas toujours exactes du point de vue scientifique ou adaptées à l’âge de la personne.

Lors du séminaire politique organisé par l’UNESCO en 2019, les représentants du gouvernement birman ont convenu de revoir le programme Life Skills Education dans le contexte des principes de l’ONU, assurant ainsi que les cours d’éducation sexuelle soient complets et adaptés à l’âge des enfants. Ils ont indiqué par ailleurs que l’éducation sexuelle complète (ECS) doit être renforcée et incluse dans les réformes en cours des programmes de l’éducation fondamentale et de la formation des enseignants.

Min Jeong Kim, Directeur du bureau de projet de l’UNESCO au Myanmar, a salué la collaboration étroite entre l’UNESCO et le ministère de l’Éducation pour mettre en place une éducation sexuelle complète dans le système éducatif.

« Les efforts faits par le ministère de l’Éducation pour aborder les problèmes vécus par les enfants et les jeunes, comme les inégalités entre les genres ainsi que la santé sexuelle et de la reproduction, révèlent une volonté forte de sa part. L’UNESCO partage cet engagement pour laisser une trace positive dans la vie des jeunes. L’organisation est heureuse de continuer à travailler en partenariat avec l’équipe dédiée aux programmes et les centres de formation des enseignants en vue d’intégrer l’ECS dans le nouveau cursus de formation des professeurs », indique Min Jeong Kim.

Les délégués présents au séminaire politique ont discuté des moyens de transmettre des informations complètes sur la sexualité et les compétences sociales afférentes aux générations actuelles et futures d’enfants et de jeunes au Myanmar. Ce séminaire a servi de plateforme en regroupant des acteurs clés comme les institutions du service public, les partenaires du développement et les organisations non gouvernementales. Son objectif était d’amorcer des échanges portant sur l’éducation sexuelle complète, de comprendre les manques et d’identifier la meilleure manière de mettre totalement en place l’ECS.

La version révisée des Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité

Les principes directeurs internationaux originaux publiés en 2009 centraient d'abord l’éducation sexuelle au sein de la riposte au VIH. Cependant, alors que la prévention du VIH reste importante, la pratique prouve que l’éducation sexuelle touche aussi d’autres domaines. En effet, elle ne s’arrête pas à la santé sexuelle et de la reproduction des jeunes, mais concerne aussi leur bien-être général et leur développement personnel.

La version revue de ces Principes aborde la sexualité de manière positive. Elle reconnaît que l’ECS ne se limite pas à apporter des connaissances sur la reproduction, les risques et la maladie. Elle réaffirme la position de l’éducation sexuelle au sein du cadre des droits de l’homme et de l’égalité des sexes. Elle reflète la contribution de l’éducation sexuelle, d'une part, dans la réalisation de plusieurs engagements pris au niveau international en lien avec la santé sexuelle et de la reproduction, et d'autre part, pour atteindre les objectifs de l’agenda 2030 concernant la santé et le bien-être, la qualité et l’éducation inclusive, l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation et l’émancipation des femmes et des filles.

Les principes passent en revue l’éducation sexuelle dans le monde pour en déduire les bonnes pratiques dans différentes régions. Ils montrent que l’éducation sexuelle :

  • aide les jeunes à adopter une attitude et un comportement plus responsables pour ce qui est de leur santé sexuelle et de la reproduction
  • est essentielle pour éviter que les jeunes filles n'arrêtent l’école suite à un mariage précoce ou forcé, une grossesse adolescente, ainsi que des problèmes liés à la santé sexuelle et de la reproduction
  • est nécessaire, car dans certaines régions du globe, deux filles sur trois indiquent ne pas savoir ce qui leur arrive quand elles ont leurs premières règles et sont enceintes. Les complications lors de l’accouchement sont la deuxième cause de mortalité parmi les 15-19 ans
  • n’augmente pas l’activité sexuelle, les comportements sexuels à risque ou le taux d’infection aux MST/VIH. Les principes apportent aussi la preuve que les programmes reposant uniquement sur l’abstinence n’empêchent pas l’initiation précoce au sexe, ne réduisent pas la fréquence des relations sexuelles ni le nombre de partenaires parmi les jeunes.