Reportage

Les inégalités entre les sexes, grand thème de la Journée zéro discrimination au Sénégal

03 mars 2021

Le Réseau de personnes vivant avec le VIH au Sénégal (RNP+) a célébré la Journée zéro discrimination 2021 en organisant une discussion sur l’ampleur et l’impact de la stigmatisation et de la discrimination, dont sont victimes les femmes et les filles séropositives au Sénégal. Dans ce pays l'Indice de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH indiquait qu'en 2017 une personne séropositive sur deux avait déjà été la cible de stigmatisation ou de discrimination.

« La discrimination continue de toucher les femmes et les filles. Cela explique pourquoi elles sont souvent exclues du marché du travail, isolées dans leur communauté ou stigmatisées dans les centres de soin. Les populations clés sont également les cibles historiques de la discrimination au Sénégal, » a déclaré Soukèye Ndiaye, la présidente de RNP+.

De nombreuses études menées dans le pays ont révélé que les femmes vivant avec le VIH doivent surmonter des obstacles pour accéder aux services de santé reproductive, que les travailleuses du sexe sont très souvent stigmatisées dans les situations de soin et que la vulnérabilité économique et sociale des femmes séropositives n’est pas suffisamment prise en compte dans les programmes liés au VIH.

Cette discussion a marqué la première étape de la stratégie de sensibilisation sur les droits humains et les problématiques liées au genre que le RNP+ prévoit d’élaborer cette année. L’organisation espère ainsi pouvoir apporter une réponse mieux adaptée aux attentes de ses membres et des communautés touchées par le VIH. Cette stratégie s’accompagnera d’outils de communication comme des vidéos disponibles dans plusieurs langues locales, des discussions et des sessions de sensibilisation réunissant des acteurs clés des régions les plus affectées par le VIH.

Au cours de la discussion, le RNP+ a invité les participants et participantes à soutenir cette entreprise, notamment en devenant des « championnes » qui s’engagent à mieux utiliser les possibilités offertes par les journalistes, les radios communautaires et les réseaux sociaux afin de sensibiliser l’opinion publique sur les défis liés à la discrimination.

Abdoulaye Ka, responsable des questions de droits humains au sein du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), a rappelé l’importance de poursuivre la collaboration entre les secteurs étatique et non étatique. « Les organisations et les réseaux communautaires sont depuis longtemps indispensables à la lutte contre le sida. Ils sont essentiels pour sensibiliser, informer, balayer les idées reçues et lutter contre les fausses informations, mais aussi pour fournir des services aux populations marginalisées, vulnérables et victimes de discrimination. »

Cette discussion a joui du soutien de l’ONUSIDA et a rassemblé sur place et à distance une trentaine de participants et participantes, notamment des personnes vivant avec le VIH, des responsables d’associations de femmes et de populations clés, des militants et militantes des droits humains, des décisionnaires et des prestataires de service de santé.

« Au Sénégal, nous savons que la discrimination à l’encontre des personnes séropositives reste un des grands problèmes à tous les niveaux de la riposte au VIH. L’équipe commune des Nations Unies sur le sida place depuis toujours les problématiques du genre et relevant des droits humains au centre de son travail et de l’assistance qu’elle apporte », a indiqué Demba Kone, Directeur pays de l’ONUSIDA pour le Sénégal.