Reportage

Rapport du HCDH : agir en faveur des droits humains est indispensable pour mettre fin au sida d’ici 2030

29 juin 2022

Un nouveau rapport intitulé « Droits de l’homme et VIH/sida » a été présenté au cours de la 50e session du Conseil des droits de l’homme. Il confirme que la mise en œuvre de leviers sociétaux et le respect total des droits humains sont indispensables pour mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

Ce document a été présenté par la haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. Celle-ci l’a décrit comme un outil permettant de catalyser et de concentrer les efforts pour atteindre les objectifs de 2025 et protéger les droits des personnes vivant avec le VIH ou touchées par le virus.

« Il faut adopter une approche basée sur les droits humains afin de garantir que toutes les politiques pertinentes pour la riposte au VIH respectent, protègent et garantissent les droits humains, en veillant à ce que les populations clés et les autres populations marginalisées soient en mesure de revendiquer leurs droits », a déclaré Mme Bachelet.

Le rapport recommande des actions nécessaires pour atteindre les objectifs portant sur les leviers sociétaux qui ont été adoptés par l’Assemblée générale dans sa Déclaration politique sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030. Ces objectifs comprennent notamment la suppression des mesures juridiques et des politiques punitives, la réduction de la stigmatisation et de la discrimination, mais aussi la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes, ainsi que la violence sexiste.

Les leviers sociétaux sont des facteurs structurels et systémiques, notamment juridiques, culturels, sociaux et économiques qui jouent un rôle essentiel dans l'efficacité de la riposte au sida. Leur mise en œuvre éliminerait les obstacles pour accéder aux services de santé et permettrait aux individus et aux communautés de mieux protéger leur santé et leur bien-être. Les principales lacunes et difficultés qui subsistent dans la riposte au VIH sont en grande partie imputables aux manquements répétés à défendre les droits humains. Le rapport présenté montre noir sur blanc qu’il est possible de faire respecter les droits humains et de réformer les lois ou de réduire la stigmatisation et la discrimination, et que cela se produit déjà dans le monde. Cependant, pour mettre en œuvre ce changement, nous devons veiller à ce que l’action soit financée correctement, menée à long terme et par des organisations dirigées par des communautés. Reconnaissant cette situation, le rapport formule des recommandations claires pour garantir le financement et le soutien aux organisations communautaires, en particulier celles dirigées par les populations clés qui sont souvent criminalisées, ainsi que pour réduire la stigmatisation et la discrimination grâce à des plateformes multipartites telles que le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH.

En réaction à la publication du rapport, Dre Tlaleng Mofokeng, rapporteuse spéciale sur le droit à la santé, a déclaré : 

« À l’heure de l’amélioration de l’équité en matière de santé, il faut mettre l’accent sur les personnes qui sont frappées par plusieurs formes d’oppression simultanées et sur les statuts de santé, comme le VIH, qui mènent souvent à des discriminations. Cela encourage des approches du VIH fondées sur les droits humains et donc un examen des lois nationales et des cadres législatifs non seulement du point de vue de la protection des droits humains, mais aussi dans la mesure où ces textes favorisent une existence dans la dignité pour concrétiser le droit à la santé. Les lois hostiles et la criminalisation n’ont pas leur place dans les soins anti-VIH et les problématiques qui y sont liées. »

S’exprimant lors de cet événement, le directeur exécutif adjoint par intérim de l’ONUSIDA pour la politique, la sensibilisation et les connaissances, Matthew Kavanagh, a déclaré : 

« Pour la première fois, des États membres de l’ONU du monde entier s’engagent à atteindre des objectifs spécifiques en matière de réforme du droit et de suppression des lois punitives. Les lois et les politiques sont des aspects critiques pour le VIH. Elles ont le pouvoir soit d’aider les personnes à accéder aux services et à réduire les risques, soit d’encourager la discrimination et la stigmatisation. C’est à la fois une urgence et une nécessité pour nous ramener sur le droit chemin en vue de mettre fin au sida d’ici 2030. Nous disposons actuellement d’une chance unique de créer un changement significatif et durable pour nos communautés. »

Les activistes issus des communautés ont salué le rapport et appelé les pays à mettre en œuvre pleinement ses recommandations pour remettre le cap sur la fin du sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

« Nous, les communautés de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, avons communiqué nos besoins dès le début de cette épidémie. Nous avons défendu nos droits et ouvert la voie en recherchant des solutions innovantes aux défis rencontrés », a déclaré Harry Prabowo, coordinateur de projet chez APN+ et coordinateur régional GNP+ pour les partenariats mondiaux. « Nous ne sommes pas seulement des activistes, nous possédons l'expertise juridique et nous éduquons et conseillons nos communautés. Nous ne nous contentons pas d’accéder aux services, nous les élaborons, les mettons en œuvre et assurons leur suivi. »

« Un objectif à long terme consiste à investir dans la réalisation d’un engagement qui façonne l’avenir de l’Afrique, qui prouve que les jeunes, en particulier les jeunes filles et les femmes, ont le pouvoir ultime de changer le cours de l’histoire et d’apporter des changements sur les questions qui les touchent, notamment en ce qui concerne le VIH/sida et la violence sexiste », a déclaré la représentante de la jeunesse d’Education Plus, Rahma Seleman. 

Mikhail Golichenko du Groupe de référence sur le VIH et les droits humains a formulé les commentaires finaux. 

« Criminaliser la non-divulgation du VIH, la transmission involontaire du VIH et les comportements liés à la consommation de drogues, au commerce du sexe et aux comportements sexuels consensuels entre personnes du même sexe fait obstacle à l'arrêt et à l'inversion de la tendance de l’épidémie mondiale de VIH. »