Déclaration à la presse

Message de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme

Les droits de l’homme sont essentiels pour mettre fin au sida. Ils sont au cœur de chaque lutte que nous avons menée et de chaque succès obtenu depuis le début de l’épidémie.

Si nous n’avions pas revendiqué nos droits de l’homme et demandé sans cesse qu’ils forment un pilier de la riposte au sida, nous n’aurions pas aujourd’hui 24 millions de personnes sous traitement, ni 80 % des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut sérologique. Les populations vulnérables et marginalisées, et les personnes vivant avec le VIH n’auraient pas non plus accès à des soins de santé sans craindre d’être stigmatisées ou la possibilité de demander des comptes aux gouvernements.

Mais la riposte au sida n’est pas arrivée à son terme et les droits de l’homme sont toujours entravés. L’épidémie de VIH se nourrit toujours des inégalités, de la stigmatisation, de la discrimination et de la violence. Les personnes sont davantage exposées à un risque d’infection et sont moins susceptibles de se faire dépister ou de suivre un traitement dans les régions où leurs droits sont bafoués.

Aujourd’hui, 54 % des nouvelles infections dans le monde touchent les populations clés, ce chiffre monte à 75 % lorsque l’Afrique subsaharienne n’est pas prise en compte. En 2018, tous pays confondus, 6 000 adolescentes et jeunes femmes ont été infectées par le VIH chaque semaine. Je vais être franche. Ces communautés ne sont pas oubliées. Des lois, des politiques et des pratiques sont élaborées, promulguées et mises en œuvre pour en faire des citoyens de seconde classe.

Les femmes sont reléguées dans les populations clés par des formes croisées de discrimination et d’inégalités. Elles sont alors soumises à des vulnérabilités et des barrières qui leur sont propres. Nous savons, par exemple, que les consommatrices de drogue sont surreprésentées dans l’univers carcéral et sont plus susceptibles d’être porteuses du VIH que leurs homologues masculins.

Des lois pénales dressent des barrières dures et implacables aux travailleur(se)s du sexe, aux gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et aux personnes transgenres ou consommant de la drogue. Elles renforcent la stigmatisation et la discrimination, ce qui empêche ces groupes de recourir aux services de réduction des risques et de dépistage, mais aussi au traitement et à la prévention du VIH. Elles interdisent aux communautés de se coordonner et de collaborer, isolent et rendent invisibles des pans de la société et renforcent la violence.

Ces lois affectent des vies, ainsi que le droit à un traitement égal, à la santé, à la vie privée, à avoir une famille et même tout simplement à vivre de personnes et de communautés.

Pourtant, nous pourrions changer cela en un coup de crayon. Par exemple, décriminaliser le commerce du sexe réduit potentiellement de 33 % à 46 % les nouvelles infections parmi les travailleur(se)s du sexe et leurs partenaires sur 10 ans. De nouvelles données en Afrique subsaharienne prouvent que les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et qui connaissent leur statut sérologique positif étaient trois fois plus nombreux dans les pays où la législation est plus clémente envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles. Quant aux nations qui ont décriminalisé la consommation de drogue et fournissent des programmes de réduction des risques, elles ont vu les nouvelles infections au VIH chuter parmi les utilisateur(rice)s.

Nous n’avons plus besoin de nouvelles preuves, mais de leadership, de volontarisme politique et d’actions.

La première obligation d’un pays envers les droits de l’homme est le « respect » : il a l’obligation de respecter les droits de l’homme individuels, pas de les violer. En maintenant en vigueur des lois pénales discriminatoires, nous n’arrivons même pas à franchir le premier obstacle.

La loi devrait protéger les plus vulnérables, pas les persécuter. Elle se doit de soutenir les efforts en matière de santé publique et des droits de l’homme, pas de les saboter.

En cette Journée internationale des droits de l’homme, j’invite chacun d’entre nous à passer au crible sa propre législation et à créer un système judiciaire qui protège les droits de l’homme des personnes oubliées, au lieu de les bafouer.

Winnie Byanyima

Directrice exécutive de l’ONUSIDA

Secrétaire générale adjointe des Nations Unies

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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