Déclaration à la presse

La riposte à la COVID-19 ne doit pas oublier les professionnel(le)s du sexe

GENÈVE, le 8 avril 2020—La pandémie de COVID-19, comme toute autre crise sanitaire, révèle au grand jour les inégalités existantes et touche de manière disproportionnée les populations déjà criminalisées, marginalisées et se trouvant dans une situation précaire qui ne bénéficient souvent pas des mécanismes de protection sociale.

Au cours de cette période difficile, le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe (NSWP) et l’ONUSIDA souhaitent attirer l’attention sur les difficultés et les préoccupations spécifiques aux professionnel(le)s du sexe du monde entier. Les deux organisations appellent les pays à garantir le respect, la protection et l’application de leurs droits humains. 

La pandémie de COVID-19 place les professionnel(le)s du sexe du monde entier face à des épreuves, à une perte totale de revenus, ainsi qu’à une hausse de la discrimination et du harcèlement. La majorité des pays criminalisent divers aspects du commerce du sexe, ce qui complique davantage leur situation déjà précaire au sein de l’économie informelle. Leur clientèle étant aussi confinée, les professionnel(le)s du sexe perdent toute protection, et leur vulnérabilité augmente au point de ne plus être en mesure de subvenir à leurs besoins ni à ceux de leur famille.

Tout autour du globe, et en particulier dans les pays où le commerce du sexe est criminalisé, des organisations de professionnel(le)s du sexe notent que cette population n’a pas accès aux programmes nationaux de protection sociale et qu’elle est exclue des mesures d’urgence de protection sociale mises en place pour le reste de la population active. Là et lorsque c’est possible, les professionnel(le)s du sexe prennent leurs responsabilités et se confinent pour respecter les décisions gouvernementales. Cependant, lorsque ces personnes sont exclues des ripostes à la COVID-19 pour ce qui est de la protection sociale, elles se retrouvent confrontées au choix difficile de mettre leur sécurité, leur santé et leur vie en danger juste pour survivre.

Le NSWP et l’ONUSIDA sont par ailleurs préoccupés par le signalement de mesures répressives, dont sont victimes des professionnel(le)s du sexe : razzias à leur domicile, dépistage obligatoire de la COVID-19, arrestations et menaces de reconduite à la frontière de professionnel(le)s du sexe migrant(e)s.

L’ONUSIDA invite les pays à prendre des actions essentielles et immédiates dans le respect des droits humains afin de protéger la santé et les droits des professionnel(le)s du sexe. Voici ce que les mesures devraient inclure :

  • L'accès aux programmes nationaux de protection sociale pour les professionnel(le)s du sexe, y compris aux plans d’aide liés à la perte de revenus.
  • Une séparation stricte et immédiate des services de santé de ceux de l’immigration afin de garantir que les professionnel(le)s du sexe migrant(e)s puissent accéder aux services de santé.
  • Une aide financière d’urgence accordée aux professionnel(le)s du sexe en situation de pauvreté, en particulier aux migrant(e)s qui n'ont pas accès aux aides financières soumise au statut de résidence.
  • L’arrêt immédiat des expulsions et l’accès à un logement d’urgence décent pour les professionnel(le)s du sexe sans domicile.
  • L’arrêt des razzias au domicile de professionnel(le)s du sexe et dans les lieux où s’exercent le commerce du sexe ; et la garantie que toutes les mesures de protection de la santé publique ne sont pas disproportionnées.
  • L'arrêt immédiat des arrestations et des poursuites à cause d’activités en lien avec le commerce du sexe ; l'abandon d’un système reposant sur des mesures punitives et sur la criminalisation et l'adoption d'un système au service des personnes les plus défavorisées.
  • L’arrêt immédiat du recours au droit pénal pour appliquer les restrictions liées à la COVID-19, y compris le dépistage forcé de la COVID-19 et les poursuites judiciaires liées.
  • Suite au renforcement des restrictions de déplacement, extension automatique des visas arrivant à leur terme. Les systèmes de rétention de migrant(e)s doivent les aider en les hébergeant dans des infrastructures sures.
  • L’implication des communautés de professionnel(le)s du sexe dans les ripostes : ces organisations doivent être représentées efficacement dans les groupes de planification d’urgence de la santé publique.

Comme toujours, l’ONUSIDA est prête à aider les pays à mettre en place les recommandations susmentionnées.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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