Communiqué de presse

Disponibilité et prix des antirétroviraux : impact de la COVID-19 et atténuation des risques

Une étude de l’ONUSIDA montre que l’impact de la COVID-19 sur la production et la logistique pourrait avoir des conséquences considérables sur l’approvisionnement en thérapie antirétrovirale dans le monde entier. Des mesures peuvent néanmoins être prises dès à présent pour en limiter les effets

GENÈVE, le 22 juin 2020— Une nouvelle analyse de l’ONUSIDA met en lumière les répercussions potentielles de la pandémie de COVID-19 sur l’approvisionnement en antirétroviraux génériques utilisés pour soigner le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire du monde entier.

Cette étude révèle que les mesures de confinement et les fermetures de frontières imposées pour enrayer la COVID-19 affectent aussi bien la production que la distribution de médicaments, ce qui pourrait augmenter leur coût et poser des problèmes d’approvisionnement, voire provoquer des ruptures de stock dans les deux prochains mois.

« Il est indispensable que les gouvernements élaborent sans attendre des stratégies pour pallier l’éventualité et les répercussions liées à une augmentation des prix et à une disponibilité limitée des antirétroviraux », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « J’appelle les gouvernements et les acheteurs de médicaments utilisés dans le traitement du VIH à agir sans attendre afin de garantir que les personnes suivant une thérapie puissent la poursuivre. Cela permettra de sauver des vies et d’empêcher les nouvelles infections au VIH. »

En juin 2019, on recensait 24,5 millions de personnes suivant une thérapie antirétrovirale. Une interruption de leur traitement mettrait en danger des millions de personnes, aussi bien elles-mêmes que des tiers à cause de l’augmentation du risque de transmission du VIH. Une simulation récente portant uniquement sur l’Afrique subsaharienne est arrivée à la conclusion qu’une interruption de six mois de la thérapie antirétrovirale pourrait se traduire par 500 000 décès supplémentaires liés au sida.

La production d’antirétroviraux est affectée à plusieurs titres. D’une part, le ralentissement considérable du transport aérien et maritime freine la distribution de matières premières et d’autres produits, comme les matériaux d’emballage, dont les entreprises pharmaceutiques ont besoin pour fabriquer les médicaments. D’autre part, l’éloignement physique et le confinement restreignent également la disponibilité des ressources humaines sur les sites de production. La pénurie combinée de matières premières et de personnel pourrait provoquer des problèmes d’approvisionnement et une pression sur les prix dans les mois à venir. Une telle situation toucherait en particulier certains régimes de traitement de première instance et ceux pour les enfants.    

Un concours de circonstances aggrave la pression sur les coûts généraux des antirétroviraux finaux. L’augmentation des frais généraux et de transport, la nécessité de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour les matières premières essentielles et les substances pharmaceutiques actives, ainsi que les fluctuations monétaires engendrées par le choc économique attendu se combinent pour tirer vers le haut le prix de certains traitements antirétroviraux. On estime qu’une augmentation de 10 à 25 % de ces éléments pourrait alourdir de 100 à 225 millions de dollars la facture annuelle des antirétroviraux en provenance d’Inde. Lorsque l’on pense qu’en 2018 le déficit du financement de la lutte contre le VIH dépassait les 7 milliards de dollars, le monde ne peut pas se permettre qu’une charge supplémentaire s’abatte sur les investissements de la riposte au sida.

L’ONUSIDA et ses partenaires œuvrent toutefois pour limiter cet impact. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) fournit un financement immédiat pouvant atteindre 1 milliard de dollars afin d’aider les pays à lutter contre la COVID-19. Par ailleurs, il permet aussi aux bénéficiaires n’appartenant pas au Fonds mondial d’utiliser sa plateforme d’approvisionnement. Le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida, quant à lui, encourage la continuité des soins contre le VIH, la mise en place de nouvelles stratégies comme la télémédecine et une certaine souplesse concernant les exigences de reporting, ainsi que de réallocation du personnel et des financements des programmes. De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé compile, échange et analyse les informations sur les services de lutte contre le VIH touchés. Elle coopère aussi avec les fabricants d’antirétroviraux pour ce qui est de l’approvisionnement d’urgence et avec les pays pour les inviter à choisir d’autres produits disponibles de qualité équivalente et à envisager des mesures possibles de limitation de l’impact. Pour finir, l’ONUSIDA coordonne les efforts pour surmonter les difficultés de gestion de l’approvisionnement en thérapie antirétrovirale provoquées par la riposte à la COVID-19.

Le rapport fournit aux gouvernements et aux fournisseurs une liste de recommandations concernant une action coordonnée afin de résoudre ces problèmes et de minimiser leur impact sur les chaînes d’approvisionnement et les prix. Une gestion efficace des stocks actuels et futurs d’antirétroviraux permettrait en effet d’assurer l’approvisionnement de toute personne nécessitant un traitement.

L’analyse de l’ONUSIDA a recueilli des informations auprès des huit fabricants d’antirétroviraux génériques en Inde qui représentent à eux seuls plus de 80 % de la production mondiale d’antirétroviraux. Cette étude a également pris en compte les services gouvernementaux dans sept autres pays producteurs d’antirétroviraux, qui assurent la majorité de la production nationale d’antirétroviraux génériques dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

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