Injecting drug use IDU

L'ONUSIDA se félicite de l'adoption d'une résolution cruciale reconnaissant les mesures de réduction des risques à la Commission des stupéfiants des Nations Unies

22 mars 2024

VIENNE/GENÈVE, 22 mars 2024—L'ONUSIDA se félicite de l'adoption aujourd'hui d'une résolution clé lors de la 67e session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND), reconnaissant pour la première fois la réduction des risques comme un élément important d'une riposte efficace en matière de santé publique. La résolution encourage les États membres à élaborer et à mettre en œuvre des mesures de réduction des risques afin de minimiser les conséquences néfastes pour la santé publique et la société de la consommation non médicale de drogues illicites. L'ONUSIDA félicite la CND et son président pour cette étape historique.

Cette résolution marque un tournant dans l'engagement politique en faveur d'un rééquilibrage de la politique antidrogue vers une approche de santé publique. Ce changement est essentiel pour atteindre les objectifs de la stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026.

La réduction des risques est un "ensemble complet d'interventions fondées sur des données probantes, basées sur la santé publique et les droits de l'homme, comprenant des programmes d'échange d'aiguilles et de seringues, des traitements d'entretien aux agonistes opioïdes et de la naloxone pour la gestion des overdoses". La réduction des risques fait également référence aux politiques et stratégies qui visent à prévenir les principaux méfaits sur la santé publique et individuelle, notamment le VIH, l'hépatite virale et les surdoses, sans nécessairement mettre fin à la consommation de drogues." (Organisation mondiale de la santé, 2022).

Depuis 2018, seuls cinq pays ont déclaré avoir atteint l'objectif de fournir 200 aiguilles et seringues stériles par personne qui s'injecte des drogues. Au cours de la même période, seuls trois pays ont déclaré avoir atteint l'objectif d'une couverture de 50 % de la thérapie d'entretien par agoniste opioïde chez les personnes qui s'injectent des drogues.

La criminalisation de la consommation et de la possession de drogues pour usage personnel dans au moins 145 pays, ainsi que la stigmatisation, la discrimination et la violence, continuent de restreindre la fourniture et l'accès à des services de réduction des risques qui peuvent sauver des vies.

L'incapacité à investir dans des services de réduction des risques ou à supprimer les structures qui entravent l'accès, y compris celles liées au sexe, a conduit à une situation où la prévalence du VIH parmi les personnes qui s'injectent des drogues est sept fois supérieure à celle du reste de la population, et où les personnes qui s'injectent des drogues ont l'incidence la plus élevée au monde parmi toutes les populations clés ou vulnérables. Dans les pays disposant de données, la prévalence médiane du VIH chez les femmes qui s'injectent des drogues est presque deux fois supérieure à celle des hommes qui consomment des drogues.

Dans le cadre de la Position commune des Nations Unies sur les drogues, l'ONUSIDA collabore avec d'autres agences des Nations Unies et s'associe à des gouvernements, des organisations communautaires et des donateurs pour accroître la fourniture de services de réduction des risques et supprimer les lois et politiques néfastes qui créent des obstacles à l'accès à ces services, comme la criminalisation de la possession de drogues pour un usage personnel. L'ONUSIDA veille à ce que tous les efforts relatifs à la politique en matière de drogues soient conformes aux droits de l'homme internationaux, comme le soulignent les lignes directrices internationales sur les droits de l'homme et la politique en matière de drogues. 

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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à lire aussi: L’ONUSIDA appelle à étendre les services dont l’efficacité est prouvée pour lutter contre la transmission du VIH et de l’hépatite virale chez les toxicomanes

L’ONUSIDA appelle à étendre les services dont l’efficacité est prouvée pour lutter contre la transmission du VIH et de l’hépatite virale chez les toxicomanes

14 mars 2024

VIENNE/GENÈVE, le 14 mars 2024—Lors de la 67e session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies à Vienne, l’ONUSIDA a appelé à étendre de toute urgence les services pour prévenir les nouvelles infections au VIH et à l’hépatite virale chez les consommateurs et consommatrices de drogues. Dans son message vidéo adressé aux délégués et déléguées, la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a félicité certains pays pour les progrès réalisés dans la mise en œuvre de programmes basés sur des données probantes, mais a appelé à des actions plus audacieuses.

« Les leaders rassemblés ici peuvent prendre des décisions capables de sauver et de transformer des vies, de lutter contre l’exclusion sociale et de protéger la santé publique de tous et toutes. En tant que leaders, vous pouvez tenir l’engagement partagé de mettre fin au sida comme menace pour la santé publique d’ici 2030, à condition que toutes les personnes puissent bénéficier des services de prévention, de dépistage, de traitement et de soins du VIH dont elles ont besoin. Pour mettre fin au sida, nous devons nous assurer que personne n’est exclu », a déclaré Mme Byanyima.

Depuis la déclaration ministérielle de 2019 de la Commission des Nations Unies sur les stupéfiants (CND), des progrès ont été accomplis dans le rééquilibrage en faveur de la santé publique des politiques en matière de drogues. Plusieurs pays sont passés à une approche de la consommation de drogues prenant davantage en compte la santé publique, et certains, comme le Ghana, ont dépénalisé toute forme de consommation personnelle de drogues. L’ONUSIDA soutient le Brésil qui implique les femmes transgenres dans la programmation de la réduction des risques.

Le contexte de la riposte à la COVID-19 a conduit certains pays, comme le Vietnam, à rendre davantage disponible la possibilité d’emporter chez soi des doses dans le cadre du traitement d’entretien par agonistes opioïdes. Les communautés sont essentielles dans les progrès qui touchent aux programmes et aux réformes politiques. Au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, des groupes de pairs jouent un rôle déterminant dans la fourniture d’activités de réduction des risques, de sessions de formation sur l’application de la loi et d’initiatives de sensibilisation, ce qui comprend notamment des services de réduction des risques destinés aux femmes au Kenya.

Mais les progrès restent fragmentaires. Les services tels que les programmes d’échanges d’aiguilles et de seringues et le traitement d’entretien par agonistes opioïdes, essentiels pour réduire le VIH et d’autres risques sanitaires chez les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, ne sont proposés que dans environ 50 % des pays. En 2019, l’ONUSIDA a signalé que seulement 1 % des consommateurs et consommatrices de drogues injectables avaient accès aux services recommandés de réduction des risques, et depuis lors, aucun autre pays n’a signalé avoir atteint les niveaux de couverture recommandés.

Trop souvent, les lois et les politiques continuent de renforcer l’exclusion, et les consommateurs et consommatrices de drogues sont aujourd’hui sept fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que les autres adultes. La possession de drogues à usage personnel est toujours criminalisée dans 145 pays, dont 34 pays continuent d’appliquer la peine de mort. Cette situation exacerbe la stigmatisation, et purement et simplement la peur, et éloigne les personnes des services de santé vitaux.

La directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, Christine Stegling, a déclaré lors de la réunion à Vienne :

« Nous savons qu’interdire les drogues s’est soldé par un échec. Les lois punitives sur les drogues et les pratiques punitives d’application de la loi créent des obstacles importants à l’accès à une gamme de services pour les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, augmentant ainsi leur risque d’infection au VIH et réduisant leur accès aux services. Pour protéger la santé publique, nous devons dépénaliser la possession de drogues à usage personnel, nous devons considérablement augmenter la prestation de services de réduction des risques et nous devons nous assurer que les communautés de consommateurs et consommatrices de drogues disposent des ressources adéquates et sont en tête de la riposte. » 

ONUSIDA

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Remarks by UNAIDS Executive Director

Global AIDS targets 2025 for people who use drugs: Where are we now?

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En amont de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l’ONUSIDA appelle ardemment à Confier le leadership aux communautés pour mettre fin au sida

28 novembre 2023

Un nouveau rapport de l’ONUSIDA met en lumière le rôle essentiel joué par les communautés, mais aussi la manière dont le sous-financement et les obstacles auxquels elles sont confrontées sapent leurs efforts pour sauver des vies et entravent les progrès pour mettre fin au sida.

LONDRES/GENÈVE, le 28 novembre 2023 — À l’approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre), l’ONUSIDA appelle les gouvernements à travers le monde à libérer le potentiel des communautés implantées au cœur des sociétés du monde entier et à leur confier le leadership pour mettre fin au sida. Un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’ONUSIDA, Confier le leadership aux communautés, montre que le sida ne pourra disparaître en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030 que si les communautés en première ligne reçoivent tout le soutien dont elles ont besoin de la part des gouvernements et des donateurs.

« Les communautés du monde entier ont montré qu’elles étaient prêtes, disposées et capables d’ouvrir la voie. Elles ont néanmoins besoin de voir disparaître les obstacles qui entravent leur travail et de disposer des ressources adéquates », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Trop souvent, les communautés sont traitées par les décideurs et les décideuses comme des problèmes à gérer, au lieu d’être reconnues comme des leaders et de recevoir un soutien à ce titre. Les communautés ne se tiennent pas en travers du chemin, elles éclairent la voie qui mène à la fin du sida. »

Le rapport, présenté à Londres lors d’un évènement organisé par l’organisation de la société civile STOPAIDS à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, montre comment les communautés sont la force motrice du progrès.

La mobilisation des communautés dans la rue, devant les tribunaux ou encore devant les parlements a permis d’instaurer des changements politiques inespérés. Les campagnes menées par les communautés ont contribué à élargir l’accès aux médicaments génériques contre le VIH et à réduire significativement et durablement le coût du traitement. Celui-ci est passé de 25 000 $ par personne et par an en 1995 à moins de 70 $ aujourd’hui dans beaucoup de pays parmi les plus touchés par le VIH.

Le rapport Confier le leadership aux communautés montre que les investissements dans des programmes anti-VIH dirigés par les communautés apportent des avantages transformationnels. Il explique comment des programmes mis en œuvre par des organisations communautaires au Nigeria sont associés à une augmentation de 64 % de l’accès au traitement anti-VIH dans le pays, à une propension deux fois plus élevée d’avoir recours aux services de prévention et à une multiplication par quatre de l’utilisation du préservatif à chaque rapport sexuel chez les personnes exposées à un risque d’infection au VIH. Il souligne également comment, en République-Unie de Tanzanie, les travailleurs et travailleuses de l'industrie du sexe qui ont eu accès à une palette de services offerts par des pairs ont vu leur taux d’incidence du VIH baisser de moitié (5 % contre 10,4 %).

« Nous sommes le moteur du changement capable de mettre fin aux injustices systématiques qui continuent à alimenter la transmission du VIH. Nous avons assisté à des avancées spectaculaires comme la campagne U=U (« Undetectable = Untransmittable », en français Indétectable = Intransmissible), amélioré l’accès aux médicaments et fait de grands pas en avant dans la décriminalisation », a déclaré Robbie Lawlor, cofondateur d’Access to Medicines Ireland. « Pourtant, on attend de nous que nous déplacions des montagnes sans soutien financier. Nous sommes supposés lutter pour un monde plus équitable et nous sommes chargés de déconstruire la stigmatisation, mais nous sommes mis sur la touche dans les discussions importantes. Nous sommes à la croisée des chemins. Il est fini le temps où les communautés étaient reléguées aux rôles de figurantes. L’heure est venue de nous confier le leadership. »

Le rapport souligne comment les communautés sont à la pointe de l’innovation. À Windhoek, en Namibie, un projet autofinancé par le Youth Empowerment Group utilise des vélos électriques pour fournir des médicaments anti-VIH, de la nourriture et une aide au suivi du traitement aux jeunes qui souvent ne peuvent pas se rendre dans un établissement de santé à cause de leur scolarité. En Chine, des organisations communautaires ont développé des applications sur smartphone qui relient les personnes à l’autodépistage, ce qui a contribué à multiplier par quatre le nombre de dépistages du VIH dans tout le pays entre 2009 et 2020.

Le rapport révèle comment les communautés placent les prestataires de services devant leurs responsabilités. En Afrique du Sud, cinq réseaux communautaires de personnes vivant avec le VIH ont inspecté 400 sites dans 29 districts et mené plus de 33 000 entretiens avec des personnes séropositives. Dans la province de l’État Libre, leurs conclusions ont conduit les responsables provinciaux de la santé à déployer de nouveaux protocoles de rendez-vous pour réduire les temps d’attente dans les établissements de santé et à proposer des ordonnances d’antirétroviraux pour trois et six mois de traitement.

Malgré des preuves sans appel de l’impact des communautés, les ripostes dirigées par les communautés ne sont pas reconnues et financées correctement et sont même la cible d’attaques dans certains endroits. Des mesures de répression à l’encontre de la société civile et des droits humains des populations marginalisées empêchent les communautés d’apporter des services de soins et de prévention du VIH. Le sous-financement des initiatives dirigées par les communautés fragilise leur capacité à fonctionner et à étendre leur action. L’élimination de ces obstacles leur permettrait de dynamiser encore plus les efforts pour mettre fin au sida.

Dans la Déclaration politique sur le VIH et le sida de 2021, les États membres des Nations Unies ont reconnu le rôle essentiel que jouent les communautés dans la prestation de services anti-VIH, en particulier auprès des personnes les plus exposées au VIH. Toutefois, alors que les organisations de la société civile canalisaient plus de 31 % du financement du VIH en 2012, dix ans plus tard, en 2021, seuls 20 % de l’enveloppe allouée au VIH leur étaient attribués. Il s’agit d’un recul sans précédent des engagements qui se calcule en vies perdues hier, aujourd’hui et demain.

« À l’heure actuelle, l’action dirigée par la communauté est la contre-mesure la plus importante de la riposte au sida », a déclaré la directrice exécutive de l’International Treatment Preparedness Coalition, Solange Baptiste. « Pourtant, il est incroyable de constater qu’elle n’est pas à la base des plans, agendas, stratégies ou mécanismes de financement mondiaux visant à améliorer la préparation aux pandémies et la santé universelle. Il est temps de changer cela. »

Chaque minute, une vie est perdue à cause du sida. Chaque semaine, 4 000 filles et jeunes femmes sont infectées par le VIH, et sur les 39 millions de personnes vivant avec le VIH, 9,2 millions n’ont pas accès à un traitement vital. Un chemin existe pour mettre fin au sida et le sida peut être éradiqué à l’horizon 2030, mais uniquement si les communautés mènent le combat.

Voici l’appel de l’ONUSIDA : Le rôle de leader des communautés doit être au cœur de tous les plans et programmes anti-VIH ; le rôle de leader des communautés doit être financé en totalité et de manière pérenne ; et les obstacles entravant le rôle de leader des communautés doivent être supprimés.

Le rapport contient neuf contributions externes dans lesquelles des leaders communautaires partagent leur expérience dans leurs accomplissements, les obstacles rencontrés et ce dont le monde a besoin pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique.

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La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons

05 mai 2023

Escorté par un gardien, Alexander Godin traverse plusieurs portes verrouillées afin de rejoindre la pharmacie de la prison 16. Il fait ce chemin tous les jours pour aller chercher son médicament, une dose de méthadone sous forme de sirop. La méthadone est un traitement par agonistes opioïdes (TAO) destiné à aider les personnes à surmonter les symptômes liés au sevrage, à diminuer la dépendance à l’héroïne et à prévenir les infections au VIH à cause d’aiguilles infectées.

Quelques prisons en Moldavie ont commencé à proposer ce type de service de réduction des risques dès 2000.

Aujourd’hui, toutes le font.

« Je suis sous traitement de substitution à la méthadone depuis 10 ans », explique M. Godin. Sa famille l’a convaincu de recourir à ces services pour retrouver la santé.

« Pendant des années, j’ai pris des médicaments et des opiacés. J’avais besoin d’argent pour les payer, donc les problèmes ont commencé dans ma famille », raconte-t-il.  Depuis qu’il participe au programme, il se sent beaucoup mieux.

Toute nouvelle personne détenue dans l’un des 17 centres pénitentiaires du pays voit psychiatre et médecin. Si nécessaire, on lui propose de participer à un programme de traitement. Les services complets de réduction des risques incluent non seulement le traitement contre la dépendance aux drogues, mais aussi l’échange de seringues et d’aiguilles, et le dépistage et le traitement du VIH. La prévalence du VIH est de 11 % chez les personnes qui consomment des drogues injectables en Moldavie, contre 0,36 % dans le reste de la population.

Il s’agit d’un des groupes les plus touchés du pays. 

Pour Maria Potrîmba, responsable des maladies infectieuses à la prison 16 (Pruncul), aider les personnes détenues à se libérer des drogues, a des effets positifs.

« Un patient ou une patiente, qui suit ce traitement de substitution, a davantage conscience des conséquences et sera plus susceptible de suivre son autre traitement », explique-t-elle.

Les prisons s’assurent également de fournir des seringues propres et des volontaires parmi la population carcérale s’occupent du ramassage tous les deux jours.

Le directeur de l’unité de médecine de la prison 13 (Chisinau) estime que les services de réduction des risques sont importants pour les personnes en détention et pour le personnel pénitentiaire.

« Les volontaires sont des personnes détenues et leur grande majorité reçoit également un traitement pour des maladies transmissibles telles que le VIH, l’hépatite ou la tuberculose », annonce Oleg Costru.

Année après année, la Moldavie augmente les ressources allouées à son programme carcéral. « Au début, lorsque ces services ont été élaborés, ils étaient financés par des sources externes », indique Irina Barbîroș, responsable du service médical de l’administration pénitentiaire nationale. « Au fil des ans, l’État a endossé cet engagement et a intégré le financement de ces services dans son budget. »

L’ONUSIDA, l’ONUDC et l’OMS soutiennent depuis longtemps l’extension de ces services à toutes les prisons. Actuellement, selon Harm Reduction International, seuls 59 pays dans le monde fournissent le TAO dans les prisons.

Il a pourtant été démontré que la réduction des risques n’augmentait pas le nombre de personnes dépendantes à la drogue, mais avait plutôt un impact bénéfique sur les bénéficiaires et la santé publique.

Svetlana Plamadeala, directrice nationale de l’ONUSIDA en Moldavie, a vu les projets pilotes prendre leur essor dans le pays et est assez fière du succès de la couverture nationale.

« Il s’agit vraiment de mettre les personnes au premier plan et au centre de l’attention, ainsi que d’adopter une approche de santé publique solide », conclut-elle. Pour elle, pour mettre fin au sida, il est essentiel de protéger la santé et les droits humains des personnes qui consomment des drogues « Il s’agit d’œuvrer pour l’égalité. »

Vidéo

L’ONUSIDA appelle à garantir l’accès à la prévention, au traitement et à la prise en charge anti-VIH en prison, y compris aux services vitaux de réduction des risques

07 mai 2023

Les stratégies et les méthodes de réduction des risques aident les personnes qui consomment des drogues à rester en vie et à les protéger contre le VIH et l’hépatite C

Publication en amont de la Journée internationale de réduction des risques – 7 mai 2023

GENÈVE, le 5 mai 2023—De nombreux systèmes pénitentiaires peinent à faire face à la surpopulation carcérale, aux ressources insuffisantes, à l’accès limité aux soins de santé et à d’autres services d’assistance, à la violence et à la consommation de drogues En 2021, on estime que le nombre de personnes incarcérées a augmenté de 24 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 10,8 millions de personnes, ce qui accroît la pression sur des systèmes déjà saturés.   

La consommation de drogues est fréquente dans les prisons. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime estime que dans certains pays, jusqu’à 50 % des personnes en prison consomment ou s’injectent des drogues. Des pratiques d’injection dangereuses sont un facteur de risque majeur pour la transmission du VIH et de l’hépatite C en raison de l’accès limité aux services de réduction des risques, y compris les préservatifs, les aiguilles et les seringues propres, et de l’absence de programmes thérapeutiques complets, en particulier le traitement par agonistes opioïdes (TAO).

Les personnes incarcérées ont 7,2 fois plus de risques de vivre avec le VIH que les adultes dans la population générale. L’ONUSIDA indique que la prévalence du VIH chez les personnes en prison a augmenté de 13 % depuis 2017, pour atteindre 4,3 % en 2021. Bien que les données soient limitées, on estime qu’environ une personne incarcérée sur quatre est atteinte d’hépatite C.

« L’accès aux soins, y compris aux services de réduction des risques, est un droit humain fondamental et personne ne devrait se voir refuser ce droit en raison de leur incarcération », a déclaré le directeur de l’ONUSIDA pour l’Asie-Pacifique, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, Eamonn Murphy. « Les pays oublient souvent les prisons dans leur riposte au VIH. Il est urgent d’adopter une approche multisectorielle et diversifiée pour sauver des vies. Elle doit comprendre l’accès à des aiguilles et seringues propres, un traitement efficace de la dépendance aux opiacés et la diminution de la stigmatisation et de la discrimination. »

Parmi les pays qui ont fourni des informations sur leurs prisons à l’ONUSIDA en 2019, seuls 6 sur 104 avaient des programmes d’échange d’aiguilles et de seringues dans au moins une prison. Seuls 20 pays sur 102 avaient des programmes de traitement de substitution aux opioïdes dans au moins une prison et 37 pays sur 99 mettaient à disposition des préservatifs et des lubrifiants dans certaines prisons.

L’ONUSIDA, l’ONUDC et l’OMS soutiennent depuis longtemps l’extension des services de réduction des risques à toutes les prisons. Cependant, selon Harm Reduction International, seuls 59 pays dans le monde fournissent un traitement par agonistes opioïdes dans les prisons.

Certains pays ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Malgré les difficultés rencontrées par l’afflux de personnes réfugiées et les répercussions de la guerre en Ukraine, la Moldavie (qui enregistre une prévalence du VIH de 3,2 % dans ses prisons, contre 0,4 % dans le reste de la population) a augmenté considérablement les ressources allouées à ses systèmes pénitentiaires.

Au début des années 2000, seules quelques prisons fournissaient des services de réduction des risques. Aujourd’hui, c’est le cas dans les 17 centres pénitentiaires du pays. Ils proposent notamment de la méthadone (un traitement par agonistes opioïdes), un accès à des psychiatres, des docteurs et des traitements, l’échange d’aiguilles et de seringues, ainsi que la prévention, le dépistage, le traitement et la prise en charge anti-VIH.

La directrice nationale de l’ONUSIDA en Moldavie, Svetlana Plamadeala, a déclaré : « il s’agit de mettre les personnes au centre, de les traiter en égales et d’adopter une approche de santé publique solide qui est fondée sur les droits humains et les preuves. »

L’ONUSIDA, l’ONUDC, l’UNFPA, l’OMS, l’OIT et le PNUD recommandent 15 interventions complètes et indispensables pour sauver des vies et garantir l’efficacité des programmes de lutte contre le VIH dans les prisons. Ces actions comprennent entre autres la prévention, le dépistage et le traitement anti-VIH, ainsi que la distribution de préservatifs, de lubrifiants, de traitement par agonistes opioïdes et de la prophylaxie post-exposition. Cependant, ce n’est qu’une partie de la solution. L’ONUSIDA recommande également aux pays de modifier leur législation afin de décriminaliser la possession de drogues à usage personnel.

L’ONUSIDA a fixé des objectifs ambitieux pour 2025, notamment : que 95 % des personnes en prison et dans d’autres milieux fermés connaissent leur statut sérologique vis-à-vis du VIH, que 95 % des personnes connaissant leur statut soient sous traitement et que 95 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable ; que 90 % des prisonniers et prisonnières aient utilisé des préservatifs lors de leur dernier rapport sexuel avec un partenaire non régulier ; que 90 % des prisonniers et prisonnières qui consomment des drogues injectables aient utilisé des aiguilles et des seringues stériles lors de leur dernière injection ; et que 100 % des prisonniers et prisonnières aient régulièrement accès à un système de santé approprié ou à des services dirigés par les communautés.

L’ONUSIDA prône que les collectivités jouent un rôle actif dans la planification, la fourniture et le suivi des services anti-VIH. Cependant, cela n’est pas toujours simple dans les environnements carcéraux. Sans l’implication de la communauté, il sera impossible d’atteindre les objectifs mondiaux de lutte contre le sida.

 


Pour plus d'informations sur le travail de la Moldavie sur le VIH dans les prisons, veuillez lire La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons et regarder https://youtu.be/JQYtnsiJKs0


Le VIH et les personnes en prison et dans d’autres lieux fermés

 

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Le VIH et les personnes en prison et dans d’autres lieux fermés

N’oublier personne, y compris les personnes qui consomment des drogues

Vidéo: La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons

Reportage: La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons

N’oublier personne, y compris les personnes qui consomment des drogues

04 mai 2023

Daouda Diouf vient tous les jours à l’hôpital Fann. Il fait partie des 250 personnes inscrites au programme de thérapie de substitution aux opiacés (TSO) du CEPIAD*. La TSO est une intervention reconnue dans le monde entier. Elle vise à réduire la consommation de drogue par injection, car les personnes qui utilisent des drogues injectables sont exposées à un risque de contracter le VIH et d’autres maladies transmissibles par le sang, telles que l’hépatite virale.

« Je suis ici pour prendre mon traitement et je suis aussi un tailleur. J’apprends donc la couture à quelques personnes qui consomment de la drogue », explique M. Diouf en coupant du tissu dans son atelier improvisé en plein air. Rester actif et vendre ses marchandises l’a aidé à rester en bonne santé au cours des sept dernières années.

Un autre participant au programme lui donne aussi raison. Ce dernier s’est découvert une passion pour le jardinage et supervise désormais d’autres patients et patientes dans le jardin du centre.

Pour El Hadj Diallo, planter des graines et tailler des arbres est un peu comme une thérapie. « Quand on est là, on oublie tous les problèmes, on est bien, je prends cela pour ma thérapie », indique-t-il.

Leur autre traitement consiste en une dose quotidienne de méthadone. Le pharmacien du centre, Mangane Boutha, mesure attentivement et distribue chaque dose dans son bureau.

« La méthadone est un médicament de substitution à l’héroïne qui est sous forme de sirop dosé à 10 milligrammes par millilitre et les doses varient d’un patient à un autre », explique-t-il.

Fondé en 2014, le CEPIAD a pris en charge plus d’un millier de personnes. Il s’agit d’un des premiers centres de réduction des risques en Afrique de l’Ouest. Outre la thérapie de substitution des opiacés, la distribution d’aiguilles propres et le soutien psychosocial, il propose également des soins de santé.

« Le CEPIAD est devenu un centre de dépistage et de diagnostique pour le VIH, la tuberculose, les hépatites, et on distribue des préservatifs », indique le  Dr Idrissa Ba qui coordonne le centre.

Au Sénégal, la prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables est de 9 %, soit bien plus que la moyenne nationale de 0,5 %. Globalement, en raison de la stigmatisation et de la criminalisation, les personnes qui consomment des drogues injectables sont confrontées à un risque 35 fois plus élevé d’infection au VIH que celles qui ne s’en injectent pas.

Les trois quarts des patientset patientes ici sont des hommes, mais le CEPIAD fait des efforts pour atteindre davantage de femmes. Selon le Dr Ba, les femmes toxicomanes sont plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins. 

Mariama Ba Thiam est une ancienne toxicomane et a vécu pendant des années dans la rue. Elle est maintenant éducatrice auprès de ses pairs à Dakar.  « Je vais dans la communauté, je vais voir mes pairs, j’essaye de les sensibiliser à non seulement arrêter la drogue, mais à réduire les risques de la consommation, les référer au CEPIAD et faire comme moi, arrêter. », explique-t-elle.

Son plaidoyer : obtenir plus de fonds pour attirer davantage de femmes et de jeunes vers le centre.

Au Sénégal, alors que la consommation de drogues est une infraction pénale, le travail du CEPIAD bénéficie du soutien du gouvernement, des Nations Unies ainsi que d’autres partenaires.

À l’occasion de la Journée internationale de réduction des risques, l’ONUSIDA est fermement convaincue que si nous voulons mettre fin au sida d’ici 2030, personne ne doit être oublié. Et cela inclut les personnes qui consomment des drogues.

* Le Centre de Prise en Charge Intégrée des Addictions de Dakar (CEPIAD)

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