Reportage

Unis contre les mutilations génitales féminines

04 mars 2008

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La Déclaration interinstitutions
sur l’élimination des mutilations
génitales féminines a été
signée par l’ONUSIDA, le
PNUD, la Commission
économique des Nations Unies
pour l’Afrique, l’UNESCO,
l’UNFPA, le Haut Commissariat
des Nations Unies aux droits de
l’homme (HCDH), le HCR,
l’UNICEF, l’UNIFEM et l’OMS.

Réaffirmant leur engagement à éliminer les mutilations génitales féminines, dix institutions des Nations Unies y compris l’ONUSIDA ont exprimé leur volonté de soutenir les gouvernements, les communautés, ainsi que les femmes et les filles, afin que cette pratique soit abandonnée en l’espace d’une génération.

Il existe un nombre grandissant d’exemples dans des pays autour du monde où la prévalence des mutilations génitales féminines a baissé. La déclaration interinstitutions “Eliminer les mutilations génitales féminines” est une initiative conjointe destinée à soutenir la multiplication des bons exemples afin qu’ils deviennent une pratique commune.

Les mutilations génitales féminines, également appelées excision génitale féminine et mutilation/excision génitale féminine, violent les droits des femmes et des filles à la santé, à la protection et à la vie même, étant donné que cette pratique est parfois mortelle. Si des décennies d’action par des communautés, des gouvernements et des organisations nationales et internationales ont contribué à réduire la prévalence des mutilations génitales féminines dans de nombreuses régions, la pratique demeure très répandue.

Préjudiciables à la santé publique et aux droits de la personne humaine

On estime à 100-140 millions le nombre de femmes et de filles qui ont subi une mutilation génitale féminine et à 3 millions le nombre de filles qui, chaque année, risquent de subir ces pratiques.

La déclaration précise que les mutilations génitales féminines sont une manifestation de l’inégalité des relations entre les femmes et les hommes, dont les racines se trouvent profondément ancrées dans des usages sociaux, économiques et politiques.

Cette pratique est censée favoriser la chasteté et les chances de mariage d’une jeune fille en contrôlant sa sexualité. En tant que telle, non seulement elle empiète sur la santé sexuelle et reproductive des femmes, mais elle perpétue également des rôles sexospécifiques préjudiciables aux femmes.

« Nous reconnaissons que les traditions sont souvent plus fortes que la loi et que l’action juridique seule n’est pas suffisante, » ont dit toutes les organisations participantes. « Le changement doit également venir de l’intérieur. C’est pourquoi il est crucial pour nous d’unir nos forces et de travailler en étroite collaboration avec les communautés et leurs leaders afin qu’ils puissent amener un changement social durable. »

Complications sanitaires des mutilations génitales féminines

La déclaration souligne l’effet néfaste des mutilations génitales féminines sur la santé des femmes, des filles et des nouveau-nées. Les risques immédiats de cette coutume comprennent la douleur violente, l’état de choc et même la mort par hémorragie. L’utilisation du même instrument chirurgical sans stérilisation peut augmenter le risque de transmission du VIH entre filles qui subissent l’excision au même moment.

Les risques à long terme pour la santé comprennent la douleur chronique, les infections des voies génitales, des complications lors de l’accouchement et des conséquences psychologiques. Un risque accru de saignement lors des rapports sexuels peut augmenter le risque de transmission du VIH. La prévalence accrue de l’herpès chez les femmes qui ont subi une mutilation génitale pourrait également augmenter le risque d’infection au VIH, étant donné que l’herpès génital est un facteur de risque dans la transmission du VIH.

Les Nations Unies ont déclaré: « Nous sommes de plus en plus préoccupés de la médicalisation des mutilations génitales féminines. C’est-à-dire lorsque la mutilation est pratiquée par des professionnels de la santé dans des établissements de santé. Dans les pays où les mutilations génitales féminines sont pratiquées, on entend souvent dire qu’une forme douce de la mutilation, effectuée par un personnel médical formé, est plus sûre. Mais ceci ne devrait jamais être considéré comme une option. »

La déclaration soutient que le traitement et la prise en charge des conséquences indésirables des mutilations génitales féminines doivent faire partie intégrante des services de santé, par exemple des programmes de maternité sans risque et de survie de l’enfant, de conseil en santé sexuelle, de conseil psychosocial, de prévention et de traitement des infections des voies génitales et des infections sexuellement transmissibles y compris le VIH et le sida, de prévention et de prise en charge de la violence à caractère sexospécifique, des programmes de santé pour la jeunesse et des programmes qui ciblent les accoucheuses traditionnelles (qui sont aussi parfois chargées des circoncisions traditionnelles).

Nouvelles données et leçons apprises

La déclaration interinstitutions est basée sur de nouvelles données et sur les leçons apprises au cours de la décennie écoulée. Elle souligne que les dimensions du problème liées aux droits humains et aux lois sont largement reconnues et présente des données actuelles sur la prévalence des mutilations génitales féminines.

Elle résume les conclusions d’études portant sur les raisons pour lesquelles la pratique se perpétue, soulignant le fait qu’elle est une convention sociale qui ne peut être changée que par une action collective coordonnée des communautés qui la pratiquent. Elle résume également les études récentes sur les effets indésirables de cette coutume sur la santé des femmes, des filles et des nouveau-nées.

Se servant de l’expérience accumulée au cours d’interventions dans de nombreux pays, la nouvelle déclaration décrit les éléments nécessaires pour avancer vers un abandon complet des mutilations génitales féminines et pour s’occuper de celles qui en ont subi et continuent à en subir les conséquences.

La Déclaration interinstitutions sur l’élimination des mutilations génitales féminines a été signée par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA), l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).