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Inverser la tendance pour les adolescentes et les jeunes femmes

19 juillet 2016

À l'occasion d'un débat intitulé « Inverser la tendance pour les adolescentes et les jeunes femmes : égalité entre les sexes et droits des femmes au cœur de l'action pour en finir avec le sida », organisé le 19 juillet dans le cadre de la 21e Conférence internationale sur le sida qui se tient à Durban, en Afrique du Sud, de nouvelles données probantes issues des recherches menées par le Centre du programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud (CAPRISA) ont été présentées.

Les résultats de ces recherches évoquent de nouvelles raisons expliquant le risque accru d'infection à VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique et la manière dont il pourrait être diminué. Les femmes souffrant d'une infection vaginale à Prevotella bivia sont 19 fois plus susceptibles de présenter des signes d'inflammation génitale et 13 fois plus susceptibles de contracter le VIH.

Une autre étude laisse entendre que l'impact de la prophylaxie préexposition (PPrE) peut varier en fonction du niveau d'acidité du vagin. Gardnerella vaginalis, une bactérie prédominante lorsque les niveaux de lactobacilles vaginaux normaux sont faibles, absorbe le médicament de PPrE tenfovir, réduisant ainsi sa disponibilité pour prévenir l'infection à VIH. Cette découverte aura des implications pour l'efficacité de la PPrE si les résultats de cette étude sont confirmés chez les femmes exposées au risque de contracter le VIH.

Enfin, une autre étude menée par le CAPRISA en Afrique du Sud confirme que les relations entre personnes de tranches d'âge différentes sont courantes, avec des adolescentes et des jeunes femmes ayant des relations sexuelles avec des hommes de huit ans leurs aînés en moyenne.

Suite à la présentation du CAPRISA, une table ronde a eu lieu pour débattre des actions à mener afin d'inverser la tendance pour les jeunes femmes et les adolescentes. Les participants ont fait remarquer que pour atteindre l'objectif mondial fixé dans la Déclaration politique sur la fin du sida, à savoir une réduction annuelle des nouvelles infections à VIH chez les jeunes femmes et les adolescentes à moins de 100 000 d'ici à 2020, il faudrait une accélération de l'élargissement des programmes de prévention combinée du VIH pour les adolescentes et les jeunes femmes, avec des programmes portant sur les aspects biologiques, comportementaux et structurels adaptés aux besoins de l'endroit et de la population visés.

Scolarisation prolongée des filles, mobilisation communautaire, multimédias, transferts de fonds, leadership de la jeunesse et prévention des violences sexistes ont été évoqués comme des éléments aussi essentiels que la distribution de préservatifs, une éducation complète à la sexualité, la PPrE et le traitement antirétroviral.

Également présent lors de cette table ronde, le Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA Luiz Loures a présenté un nouveau guide de la prévention du VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes, qui détaille une combinaison de méthodes également destinées aux hommes et aux adolescents. 

Déclarations

« Pour atteindre les objectifs de la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida concernant les adolescentes et les jeunes femmes, il faut développer des programmes de prévention du VIH efficaces avec une combinaison d'approches qui visent aussi les hommes et les adolescents. Le nouveau guide de l'ONUSIDA lancé aujourd'hui permettra aux pays d'agir en ce sens. »

Luiz Loures Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA

« Les interventions biomédicales peuvent avoir leur importance en formant une pièce du puzzle, mais nous savons que les filles qui se rendent dans les établissements médicaux sont chassées et déshonorées parce qu'elles sont sexuellement actives. Si nous n'attirons pas les filles dans les hôpitaux, tout en les rendant plus conviviaux pour les jeunes, en arrêtant de stigmatiser les filles et en impliquant systématiquement les gouvernements et les communautés dans ces efforts, nous n'obtiendrons pas les résultats dont nous avons besoin. »

Françoise Girard Présidente de la Coalition internationale pour la Santé des Femmes

« Pour atteindre notre objectif concernant les femmes et les filles, nous avons besoin d'un leadership politique et communautaire afin de veiller à ce qu'une éducation complète à la sexualité soit assurée. Nous avons besoin de jeunes femmes émancipées qui sont appréciées à leur juste valeur par la communauté.»

Deborah Birx Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida et Représentante spéciale pour la diplomatie en matière de santé mondiale

« En Afrique du Sud, le VIH ne peut être dissocié de la violence sexiste. Nous devons élargir notre approche car l'épidémie de VIH chez les femmes et les filles n'est pas seulement une question de sexe, mais aussi de relations, de pauvreté et d'autres aspects structurels. »

Vuyiseka Dubula Sonke Gender Justice

« Les inégalités entre les sexes ne sont pas une question de médecine. Nous n'en finirons pas avec le sida si nous ne mettons pas un terme aux inégalités entre les sexes. Nous avons besoin d'un monde d'égalité. »

Mark Dybul Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme