Reportage

La voix de la jeunesse compte, les espaces sécurisés aussi

09 août 2018

Une coalition mondiale rassemblant plus de 80 organisations de jeunes travaillant sur le VIH (PACT) et Youth Voices Count (YVC) ont lancé un sondage afin de se faire une idée des connaissances de la jeunesse en matière de santé sexuelle et reproductive.

Plus de la moitié des 270 000 jeunes gens âgés de 10 à 24 ans originaires de 21 pays qui ont répondu à l’enquête U-Report (54 % de garçons et jeunes hommes et 58 % de filles et jeunes femmes) avaient eu recours à des services anti-VIH ou autres dans un centre de santé ou une clinique au cours des trois mois précédents.  Environ 36 % des jeunes âgés de 10 à 24 ans qui n’avaient pas eu recours à ces services ont indiqué se sentir mal à l’aise avec le fait de se rendre dans un centre de santé ou une clinique, et plus de 28 % des jeunes (des deux sexes) ont déclaré être terrifiés à l’idée de recourir à ces services.

« Même si nous disposons des outils les plus modernes pour en finir avec le sida, comme les antirétroviraux, la PPE, la PPrE ou l’auto-dépistage du VIH, entre autres, nous restons confrontés à un défi de taille pour mettre fin à l’épidémie de sida chez les adolescents et les jeunes. La riposte au sida ne se résume pas aux médicaments et au dépistage, elle consiste aussi à créer un espace convivial où les adolescents et les jeunes se sentent en sécurité et autonomes. »

Niluka Perera COORDONNATRICE RÉGIONALE, YOUTH VOICES COUNT

Avec le soutien de l’ONUSIDA, de l’UNICEF et de l’UNFPA, le sondage a été complété par une enquête approfondie et des entretiens menés par YVC, qui ont montré qu’environ 15 % de ceux qui ont accédé à des services de santé sexuelle quelconques au cours des six derniers mois ont été confrontés à des refus ou des mauvais traitements en raison de leur âge, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur état sérologique vis-à-vis du VIH. Et parmi ceux qui se sont sentis maltraités en raison de leur âge, 55 % se sont identifiés comme étant gays ou bisexuels et 25 % se sont identifiés comme vivant avec le VIH. En outre, 32 % des jeunes hommes gays, bisexuels et autres jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que 50 % des jeunes transgenres, ont ressenti de la discrimination en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Enfin, 16 % des jeunes qui se sont identifiés comme vivant avec le VIH ont déclaré qu’ils avaient été maltraités en raison de leur séropositivité au VIH.

« Une génération sans sida est impossible si l’exclusion, la marginalisation et la discrimination sont libres de prospérer. Nous ne pouvons plus nous permettre de nous reposer sur nos lauriers : ces barrières ne disparaîtront pas d’elles-mêmes ni à mesure que le temps passera. Sauf si nous unissons activement nos forces pour en finir avec elles. »

Damilola Walker CONSEILLÈRE PRINCIPALE ADOLESCENTS ET VIH, UNICEF

Les établissements de santé devraient être des lieux sûrs pour ceux qui reçoivent des soins, et pourtant ce n’est pas le cas. Les politiques et les attitudes demeurent des obstacles à la mise en place de services anti-VIH et de santé sexuelle et reproductive adaptés aux jeunes. En effet, 37 % des participants qui ont déclaré s’être rendus dans une clinique n’étaient pas prêts à le recommander à leurs pairs.

Le thème de l’édition 2018 de la Journée internationale de la jeunesse, Espaces sécurisés pour les jeunes, met en lumière la nécessité de mettre en place des espaces sécurisés où les jeunes puissent se réunir, se retrouver et participer aux processus de prise de décision tout en s’exprimant librement. De tels espaces incluent les établissements de santé, qui devraient être des lieux sûrs, des refuges à l’abri de la stigmatisation, des mauvais traitements et de la violence.

« L’épidémie de sida est loin d’être terminée, mais elle pourra l’être si les jeunes sont informés, libres et capables d’accéder à des services sûrs et réceptifs à leurs besoins spécifiques. »

Michel Sidibé DIRECTEUR EXÉCUTIF DE L’ONUSIDA

Chaque jour, environ 1 600 jeunes sont infectés par le VIH, tandis qu’une jeune personne meurt de maladies liées au sida toutes les 10 minutes. Les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont particulièrement touchées. En Afrique subsaharienne, les jeunes femmes sont deux fois plus susceptibles de contracter le VIH que leurs homologues masculins. En outre, les jeunes des populations clés (notamment les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes bisexuelles, les personnes transgenres, les jeunes professionnel(le)s du sexe et les jeunes consommateurs de drogues injectables) sont davantage exposés au risque de VIH dans le monde, en raison de violations de leurs droits, de la discrimination, de l’exclusion, de la criminalisation et de la violence. À l’échelle mondiale, la plupart des jeunes vivant avec le VIH ne connaissent pas leur état sérologique vis-à-vis du VIH.

youngwomenathighriskofhiv.png

Télécharger plus de diapositives semblables extraites de Mise à jour des données mondiales du sida 2018 – Un long chemin reste à parcourir