Reportage

Échanges entre les experts de Tanzanie et d’Afrique du Sud

20 février 2019

Une délégation tanzanienne en visite en Afrique du Sud a souligné le rôle du leadership politique dans la riposte au sida, ainsi que l’importance d’une concordance entre les politiques et la législation concernant les ripostes au VIH et à la tuberculose (TB).

Dirigée par Oscar Rwegasira Mukasa, Président de la Commission parlementaire sur le VIH et les stupéfiants de la République unie de Tanzanie, la délégation était composée de députés tanzaniens et de représentants de la Commission tanzanienne sur le sida (TACAIDS). Lors de cette visite qui s’est déroulée du 13 au 15 février, M. Mukasa a expliqué que les responsables politiques avaient un rôle important à jouer dans l’union des efforts relatifs à la riposte au sida et la mobilisation des ressources nationales, afin, selon ses mots, « de pouvoir voler de nos propres ailes ».

La République unie de Tanzanie va prendre la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en août et les parlementaires ont indiqué qu’ils allaient profiter de cette opportunité pour impliquer les ministres de la Santé de la SADC dans l’élaboration de politiques sur le VIH et la tuberculose dans la région. « Nous devons aligner les politiques et la législation sur la programmation technique pour le VIH et la tuberculose afin de faire en sorte d’être synchro avec la stratégie 90-90-90 », a déclaré M. Mukasa.

Ces propos ont trouvé un écho lors d’une rencontre avec Aaron Motsoaledi, Ministre de la Santé sud-africain, qui a insisté sur la nature régionale de l’épidémie de sida, de tuberculose et de paludisme, et appelé la République unie de Tanzanie à profiter de son futur rôle de leadership à la tête de la SADC pour faire avancer les politiques et les actions coordonnées. M. Motsoaledi, qui préside le Conseil d’administration du Partenariat Halte à la tuberculose, a rappelé aux délégués les liens inextricables entre le VIH et la TB et fait remarquer que la TB était la première cause de décès en Afrique du Sud et chez les personnes vivant avec le VIH.

Les délégués ont examiné toute une série de questions, notamment la riposte multisectorielle en Afrique du Sud, la législation, la durabilité et les contrats de prestation de services, y compris à l’échelon public, privé et communautaire. Ce voyage d’étude incluait également des visites sur le terrain, dans un centre de santé communautaire et un distributeur automatique de médicaments.

Lors d’une réunion organisée par le Conseil national sud-africain sur le sida (SANAC), son Directeur général, Sandile Buthelezi, a expliqué à la délégation que le VIH représentait toujours une urgence sanitaire. Évoquant le lourd fardeau de la tuberculose résistante aux médicaments, il a déclaré que l’Afrique du Sud était en train d’adopter de nouvelles options de traitement. « L’Afrique du Sud dispose d’un fort leadership politique, mais il y a encore beaucoup à faire pour atteindre nos objectifs », a-t-il indiqué. M. Buthelezi a souligné l’importance de faire participer la société civile et de travailler avec les institutions gouvernementales et le secteur privé afin de coordonner les efforts et de veiller à ce que les besoins des individus les plus exposés au risque d’infection à VIH et des personnes vivant avec le VIH soient pris en compte dans les programmes de lutte contre le VIH.

Mbulawa Mugabe, Directeur national de l’ONUSIDA en Afrique du Sud, s’est félicité de l’immense succès de la riposte dans la région, en indiquant toutefois qu’il existait un risque de céder à l’autosatisfaction. « Les personnes sont sous traitement anti-VIH tout au long de leur vie et nous avons besoin d’un engagement politique pour investir des ressources nationales afin de pérenniser les efforts de prévention et de traitement à long terme », a-t-il déclaré.

Leonard Maboko, Directeur exécutif de TACAIDS, a fait savoir que les parlementaires se serviraient des conclusions de leur voyage d’étude pour renforcer leur riposte nationale, étudier des modèles de prestation de services innovants et encourager une approche multisectorielle. « Nous restons trop souvent entre nous pour débattre : nous devons consulter d’autres personnes sur ces questions », a-t-il reconnu.