Reportage

Mozambique : aider les personnes vivant avec le VIH à reprendre leur traitement

11 mars 2020

Photos : UNAIDS/P.Caton

Cela fait maintenant un an que le cyclone Idai s’est abattu sur la province de Sofala au Mozambique où une personne sur six vit avec le VIH. La tempête a provoqué des inondations dévastatrices qui ont détruit des maisons et emporté les économies, les documents officiels et les médicaments de victimes. Des milliers de personnes ont été déplacées. Des établissements de santé de la province ont été détruits ou gravement endommagés.

En collaboration avec les autorités nationales et provinciales, y compris le ministère de la Santé du Mozambique, l’ONUSIDA a participé à la réponse en aidant à remettre sur pied des programmes de soutien reposant sur les communautés. Cette action vise à retrouver les milliers de personnes qui ont été obligées d’interrompre leur traitement contre le VIH afin qu’elles obtiennent l’aide nécessaire pour le reprendre durablement.

L’ONUSIDA a distribué des vélos à des bénévoles communautaires et à des activistes de la lutte contre le VIH pour aller à la rencontre des personnes touchées par les inondations et localiser celles en rupture de traitement.

Les activistes communautaires ont investi les zones touchées par la catastrophe.

Pedro José Henriques, un garçon de 14 ans, a tout perdu pendant le cyclone, y compris ses médicaments et sa carte d’identité. Des activistes communautaires jouissant du soutien de l’ONUSIDA l’ont aidé à obtenir une nouvelle carte d’identité afin de pouvoir se réinscrire à la clinique et obtenir de nouveaux antirétroviraux.

« J’étais vraiment content lorsque j’ai reçu mes nouveaux médicaments », raconte-t-il. « Lorsque les activistes nous ont trouvés, nous n’avions rien. Au moins, maintenant, ma grand-mère et moi avons un endroit où rester. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est mieux que de dormir dans le froid. »

Rita Manuel, handicapée vit avec le VIH. Son mari est également séropositif. Rita et son mari ont perdu leurs deux enfants suite à des maladies opportunistes et ont décidé d’arrêter de prendre leurs médicaments contre le VIH. Le couple avaient tout simplement perdu l’envie de vivre.  

Après le cyclone, des activistes du programme cherchant les personnes en rupture de soins sont venus voir le couple à trois reprises. Mme Manuel et son mari ont fini par accepter de retourner dans le centre de santé et de reprendre leurs médicaments.

Ces activistes appartiennent à l’association Kupulumussana dont le nom signifie « nous nous entraidons. »

Mme Manuel s’implique maintenant elle-même dans des activités de ce groupe. « Je suis toujours triste de ne pas avoir entendu parler plus tôt de ce traitement pour mes enfants », explique-t-elle, « mais je suis contente d’être en vie et d’avoir des gens qui me soutiennent. Ma situation s’est améliorée par rapport à avant. »

Peter Joque fait également partie d’une association œuvrant en faveur des personnes touchées par la catastrophe. L’association Kuphedzana l’a aidé à reconstruire sa maison et sa vie après le passage du cyclone.

Cela l’a motivé pour se mettre à son tour à la recherche des personnes ayant besoin de médicaments contre le VIH. Il utilise les dossiers des hôpitaux pour trouver les personnes déplacées.

Lorsqu’il localise quelqu’un, il prend le temps de parler de l’importance de l’observance du traitement. Sa stratégie de porte-à-porte a permis d’identifier 40 personnes vivant avec le VIH et de les persuader de reprendre leur thérapie antirétrovirale. 

« Il est plus facile de convaincre quelqu’un de retourner dans un centre de santé lorsque l’on est face à face », indique-t-il. « La stigmatisation et la discrimination restent un obstacle au sein des communautés. »

Le personnel médical comme Alfredo Cunha au sein de l’établissement Macurungo respecte toutes les personnes et leur dignité dans les situations de soin. Tout le monde reçoit les meilleurs services possible.

Sowena Lomba a perdu son mari en 2014 d’une maladie opportuniste. Lorsqu’elle a commencé à être malade, elle pensait avoir le paludisme, mais le test du VIH s’est révélé positif. Au cours des inondations, elle a perdu sa carte d’identité et, ainsi, la possibilité de recevoir son traitement. Des activistes l’ont aidée à obtenir de nouveaux papiers et à reprendre sa thérapie.

Mme Lomba déclare être reconnaissante d’être en vie pour ses enfants, Evalina et Mario.

À l’heure actuelle, les activistes communautaires ont aidé plus de 20 000 personnes à reprendre leur traitement au cours des 12 derniers mois. La recherche ne cessera que quand toutes les personnes en rupture de traitement auront été retrouvées, même celles et ceux qui en avaient besoin avant la catastrophe de mars 2019.

« Nous poursuivons notre mission et nous n’arrêterons pas tant que toutes les personnes vivant avec le VIH ne recevront pas de traitement et des soins », déclare une militante.