Reportage

Fédération de Russie : effets de la COVID-19 sur l’accès aux soins contre le VIH

27 novembre 2020

Une nouvelle étude révèle les répercussions négatives de la pandémie de COVID-19 sur l’accès aux soins contre le VIH dans la Fédération de Russie. Ce document montre par ailleurs une plus grande vulnérabilité au coronavirus et une plus faible propension à faire un test ou à se faire soigner chez les personnes vivant avec le VIH.

Plus d’un tiers des personnes séropositives ayant participé à cette étude ont signalé un impact plus ou moins important sur les services liés au VIH. 4 % d’entre elles ont indiqué avoir connu une interruption de leur thérapie antirétrovirale, car elles n’avaient pas pu accéder à leur traitement et près de 9 % ont déclaré n’avoir pas pu suivre en continu leur traitement de prévention contre la tuberculose. Toutefois, la majorité des personnes interrogées (environ 70 % séropositives) n’ont pas eu de difficultés à obtenir leur thérapie antirétrovirale et 22 % environ ont indiqué s’être fait livrer leurs antirétroviraux à domicile. Plus de 900 personnes, séropositives ou non, vivant dans 68 régions de la Fédération de Russie ont été interrogées pour cette enquête.

« Cette étude apporte des réponses à certaines des questions fondamentales concernant l’impact de la COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH dans notre pays », a déclaré Natalya Ladnaya, responsable et chercheuse principale auprès de l’Institut central de recherche en épidémiologie du service fédéral de surveillance de la protection des droits des consommateurs et du bien-être des personnes (Rospotrebnadzor).

Selon Mme Ladnaya, l’étude confirme qu’il est essentiel que les personnes vivant avec le VIH se protègent contre le nouveau coronavirus. L’équipe de rédaction de l’étude souligne également le besoin de garantir la continuité du traitement du VIH au cours de la pandémie de COVID-19.

« Des résultats encourageants ont permis de limiter les conséquences de la pandémie sur l’accès au traitement du VIH. Beaucoup d’institutions spécialisées ont en effet réussi à s’adapter à cette nouvelle réalité », a expliqué Alexey Mikhailov, directeur de l’observatoire de la Treatment Preparedness Coalition qui a participé à l’étude.

D’après cette enquête, le nombre de personnes présentant les marqueurs de la COVID-19 était quatre fois supérieur chez les personnes interrogées séropositives par rapport aux séronégatives. En revanche, la propension à faire un dépistage du coronavirus était moitié moindre chez les personnes séropositives par rapport aux séronégatives et également plus faible pour ce qui est de se tourner vers une aide médicale, même en cas de symptômes.

La majorité des personnes interrogées vivant avec le VIH et souffrant de la COVID-19 étaient davantage exposées à une contamination au coronavirus à cause de nombreux cas de COVID-19 dans leur environnement, du faible recours aux mesures de protection personnelle et d’une mauvaise appréciation de leur risque personnel face au coronavirus.

Même si plus des deux tiers des personnes interrogées étaient des femmes, la majorité des personnes vivant avec le VIH et souffrant de la COVID-19 étaient des hommes séropositifs depuis plus de 10 ans.

L’équipe de recherche à l'origine de cette étude pointe du doigt la nécessité d’étudier davantage les causes de cette incidence plus forte de la COVID-19 et de la plus faible demande en soins médicaux pour traiter les symptômes du coronavirus chez les personnes vivant avec le VIH.

« La pandémie de COVID-19 continue de toucher tous les aspects de nos vies. Nous devons surveiller étroitement les pandémies concomitantes de COVID-19 et de VIH, mais aussi apporter notre soutien afin de ne pas perdre du terrain au niveau de la riposte au VIH », a déclaré Alexander Goliusov, directeur par intérim de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui régional à l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

L’étude a été réalisée par l’Institut central de recherche en épidémiologie Rospotrebnadzor en collaboration avec la Treatment Preparedness Coalition et le soutien de l’ONUSIDA et du Rospotrebnadzor.