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L’ONUSIDA salue l’arrivée d’un nouvel outil de prévention du VIH à destination des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des femmes transgenres

Une nouvelle étude révolutionnaire révèle l’efficacité d’une solution injectable à effet prolongé pour protéger du VIH

GENÈVE, le 19 mai 2020—L’ONUSIDA est heureuse d’apprendre que le cabotegravir, une solution injectable à effet prolongé, est sans danger et efficace pour empêcher les infections au VIH chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que chez les femmes transgenres. L’étude HIV Prevention Trials Network (HPTN) 083 a porté sur près de 4 600 personnes séronégatives réparties sur plus de 40 sites en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Afrique.

« Cette avancée aura un impact considérable sur la vie des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que sur celle des femmes transgenres lorsque ces groupes sont exposés à un risque élevé d’infection au VIH », a indiqué la Directrice exécutive adjointe de la branche Programme de l’ONUSIDA, Shannon Hader. « Nous sommes en particulier heureux de constater que l’étude a atteint ses objectifs d’inclure un nombre important de jeunes hommes noirs ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que des femmes transgenres noires. Il s’agit en effet précisément des populations qui continuent d’avoir beaucoup de mal à obtenir une prévention efficace du VIH. »

L’ONUSIDA estime à 1,7 million le nombre de nouvelles infections au VIH en 2018. 54 % d’entre elles concernaient les populations clés et leurs partenaires sexuels, notamment les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les femmes transgenres, les professionnel-les du sexe, les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, les personnes incarcérées, les clients de professionnel-les du sexe et les partenaires sexuels des autres populations clés.

La prophylaxie pré-exposition (PPrE, la prise d’antirétroviraux par des personnes séronégatives afin d’empêcher une contamination au VIH) est l'un des outils importants de prévention combinée du VIH. La PPrE permet aux personnes de réduire leur risque d’infection au VIH, surtout lors de périodes de leur vie marquées par une exposition plus élevée à une contamination. Elle leur permet également de reprendre confiance en elles et d’avoir moins peur lorsque les risques sont incertains.

Avant d’être distribué à grande échelle, le cabotegravir doit encore décrocher son autorisation de mise sur le marché et être produit à faible coût, mais ensuite les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes auront ainsi le choix entre trois formes très efficaces de PPrE pour se protéger d’une infection au VIH : la prise quotidienne de comprimé, la prise avant et après l’activité sexuelle (PPrE liée à un évènement prévu) ou une injection tous les deux mois. Les femmes transgenres auront le choix entre les injections ou la prise quotidienne, car l’Organisation mondiale de la Santé ne recommande pas la PPrE liée à un évènement prévu à cause des interactions possibles avec certaines hormones. Les injections de cabotegravir tous les deux mois sont une option importante pour les personnes ayant des difficultés à prendre un médicament tous les jours, mais qui sont néanmoins exposées à une contamination au VIH.

Il était prévu que l’essai se poursuive au moins encore une année, mais la première analyse intermédiaire des données a été avancée de quelques semaines par crainte d’éventuelles perturbations des procédures d’essais cliniques de haute qualité à cause de la pandémie de COVID-19. Le Data and Safety Monitoring Board (DSMB) aux États-Unis d’Amérique a analysé les données recueillies jusqu’en mars 2020. Il a déjà pu découvrir des preuves indiscutables de la grande efficacité du cabotegravir qui n’est pas inférieure au régime de PPrE oral recommandé à l’heure actuelle.

La moitié des volontaires à l’essai a reçu une PPrE sous forme de comprimés et l’injection d’un placebo, l’autre moitié a reçu une injection de cabotegravir et a pris des pilules placebo. L’étude a enregistré 12 infections au VIH au sein du groupe obtenant la PPrE par injection par rapport à 38 dans le groupe prenant un comprimé tous les jours. Les effets secondaires des deux traitements étaient relativement faibles. Seuls 2,2 % des personnes dans le groupe recevant une injection de cabotegravir ont choisi d’arrêter les injections à cause de réactions douloureuses. Au vu de ces résultats, le DSMB a ainsi recommandé de suspendre l’essai et d’en informer les volontaires. Les volontaires auront la possibilité de choisir la formule pour poursuivre leur PPrE.

Malgré le bon suivi du traitement au sein du groupe oral et peu d’arrêts dans le groupe des injections, l’incidence générale des infections au VIH au cours de cette étude était de 0,79 par 100 personnes-années. Les analyses programmées se pencheront sur les raisons des 50 infections qui ont été constatées chez les 4 565 volontaires.

Une étude complémentaire (HPTN 084) est en cours pour déterminer l’efficacité de cette injection à effet prolongé chez les femmes non transgenres. À l’heure actuelle, plus de 3 000 femmes sexuellement actives vivant dans sept pays africains se sont portées volontaires. Les résultats sont attendus pour novembre.

« Nous attendons avec impatience les résultats de l’étude HPTN 084 qui a lieu actuellement auprès de femmes africaines », a expliqué la docteure Hader. « Nous espérons que la fin de l’année apportera une nouvelle tout aussi bonne aux femmes du monde entier. »

L’étude HPTN 083 a été menée par le HPTN et financée par ViiV Healthcare et le United States National Institute of Allergy and Infectious Diseases. Aucune autorité de réglementation dans le monde n’a encore autorisé le cabotegravir pour soigner ou prévenir le VIH en tant qu’agent simple. ViiV Healthcare prévoit d’utiliser les données de l’essai HPTN 083 pour de nouvelles demandes de mises sur le marché.

L’ONUSIDA félicite les équipes de recherche et appelle à poursuivre le financement de la recherche et du développement de vaccins, diagnostics, médicaments préventifs, traitement et remède contre le VIH.

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HPTN 083

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L’ONUSIDA enjoint aux gouvernements de garantir la reconnaissance des organisations communautaires fournissant des services liés au VIH en tant que prestataires de services essentiels à l’heure de la COVID-19

GENÈVE, le 18 mai 2020—La crise de la COVID-19 a rendu plus important que jamais l'un des piliers de la riposte au VIH : la prestation de services de santé par les communautés. Alors que les besoins des membres des communautés marginalisées et la charge de travail du secteur de la santé s’accroissent, il est primordial d'assurer la continuité des services de santé liés au VIH, à la tuberculose et à d’autres infections.  Dans le monde entier, les organisations communautaires sont une bouée de sauvetage pour les populations défavorisées, marginalisées et avec lesquelles il est difficile d’établir un contact.

Les restrictions liées à la distanciation sociale compliquent considérablement la vie des personnes ayant besoin d’accéder à des services essentiels, ce qui augmente la charge incombant aux organisations communautaires qui sont au cœur de la fourniture de services.

L’ONUSIDA reconnaît que les organisations communautaires disposent d’une expérience inégalée pour ce qui est d’élaborer et de fournir une réponse à des crises sanitaires et concernant les droits humains au sein de leurs communautés. Les nombreux réseaux et groupes dirigés par une communauté qui ont vu le jour pour lutter contre le VIH disposent d’une profonde expérience pratique, de capacités organisationnelles et d’un accès irremplaçable à leur communauté. Ils sont ainsi en mesure d’apporter plus facilement une aide vitale et d’influencer les comportements au quotidien de leurs membres en matière de protection de la santé.

Les réseaux et les organisations communautaires ont également instauré des relations de travail importantes et assurent des fonctions au sein des systèmes communautaires et de santé en endossant par exemple un rôle de coordination et en acceptant des tâches déléguées. Comme la situation le montre dans de nombreux pays, ces compétences peuvent être utilisées, en leur apportant un soutien adapté, afin de fournir plus aisément des informations, des formes de prévention et un dépistage, ou de renvoyer vers des soins pour la COVID-19. Mais, sans reconnaissance officielle de la nature essentielle de leur travail, ces organisations sont confrontées à des obstacles considérables lorsqu’elles cherchent à poursuivre leur activité. L’ONUSIDA juge indispensable pour la riposte à la COVID-19 et pour la limitation des impacts sanitaires au sens large de la pandémie que les organisations communautaires ne soient pas laissées pour compte lorsqu’elles cherchent à assurer sans interruption leur mission de fournir des services essentiels. Elles doivent obtenir des équipements de protection et un cadre légal solide nécessaires à leur action. 

Le rôle de ces organisations doit être reconnu à sa juste valeur et leur activité doit être soutenue à l’heure de la COVID-19. Elles doivent être prises en compte dans tous les aspects de la planification, de la conception et de la mise en œuvre des interventions visant aussi bien à lutter contre la COVID-19 qu’à réduire l’impact du coronavirus pour d’autres problématiques de santé, y compris le VIH et la tuberculose. L’ONUSIDA demande aux cellules de crise à la COVID-19 au niveau national et local de prendre en particulier et en priorité les décisions suivantes :

  • Inclure le personnel des services de santé dirigés par des communautés dans les listes de prestataires de services essentiels et ne pas faire de distinction avec les autres prestataires de santé.
  • Penser les restrictions et les règles de distanciation sociale de manière à ce qu’elles n’empêchent pas les services dirigés par des communautés de continuer de fonctionner sans danger. Les services essentiels comprennent, sans s’y limiter, la fourniture en personne de services de santé pour le VIH, la tuberculose, la COVID-19 et autre. Cela inclut des produits de prévention comme : les préservatifs, les lubrifiants, les aiguilles stériles et le traitement de substitution aux opiacés, les moyens de contraception, les kits d’hygiène et de dépistage, les médicaments, le triage et le renvoi vers des soins, l’aide au suivi d’un traitement, les rations alimentaires et autres produits de première nécessité, la fourniture de services juridiques et la protection des survivant-es de violences basées sur le genre ou d’autres formes de violences et de discriminations. Accorder une attention particulière aux personnes ayant un handicap.
  • Délivrer une autorisation spéciale aux prestataires de services communautaires en question, ainsi que les équipements de protection individuelle adaptés, afin qu’ils puissent apporter leurs services là et quand ils sont demandés.
  • Garantir que les organisations, réseaux et groupes dirigés par une communauté obtiennent des équipements de protection individuelle et une formation afin d’assurer leur protection et celle de leur clientèle.
  • Prendre des mesures urgentes pour garantir la sécurité et le renforcement des financements existants destinés aux organisations dirigées par des communautés afin qu’elles puissent continuer à fournir leurs services.
  • Garantir la gouvernance inclusive et transparente des ripostes à la COVID-19, avec des organes décisionnaires qui réservent une place aux représentant-es d’organisations communautaires, y compris celles se concentrant sur les problématiques du genre, de l’égalité et des droits humains, afin de garantir que les décisions prises concernant la COVID-19 sont pensées pour aider les prestataires et les activités nécessaires dans toute leur diversité en vue d’apporter une riposte efficace et juste.

Notre action

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L’ONUSIDA appelle les gouvernements à mettre fin aux arrestations arbitraires et discriminatoires envers les personnes LGBTI et à protéger les droits humains de cette communauté

 

GENÈVE, le 15 mai 2020— À quelques jours de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT) organisée le 17 mai, l’ONUSIDA appelle les gouvernements à mettre immédiatement un terme aux arrestations arbitraires et discriminatoires de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) qui reposent uniquement sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre et à promulguer des lois protégeant les droits humains de cette communauté.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, il a été fait état de personnes transgenres assassinées au Puerto Rico, d’arrestations de personnes LGBTI en Égypte, en République unie de Tanzanie et en Ouganda, ainsi que d’une augmentation des violences et des abus au Cameroun et en République de Corée.

« Les arrestations et les abus arbitraires et discriminatoires envers les personnes LGBTI doivent cesser », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « La crise de la COVID-19 révèle et exacerbe les inégalités, les violences et les abus dont est victime chaque jour la communauté LGBTI. Nous devons briser l’omerta contre ces lois draconiennes qui servent uniquement à pousser ces personnes davantage en marge de la société », a-t-elle ajouté.

En décembre 2019, plus de 70 pays criminalisaient les comportements sexuels entre personnes de même sexe. Conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et au Programme de développement durable à l’horizon 2030, les gouvernements ont une obligation morale et légale de supprimer ces lois et d’adopter des lois qui protègent la population de la discrimination.

Il y a quelques semaines, l’ONUSIDA et MPact ont publié un programme en 12 points en vue de protéger les droits humains des personnes LGBTI et de garantir qu’elles sont prises en compte dans les stratégies de riposte à la COVID-19.

De manière générale, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont 27 fois plus de risques de vivre avec le VIH que le reste de la population. On estime que ce groupe représentait 18 % des nouvelles infections au VIH en 2017 dans le monde. Au sein de la population adulte en âge de procréer, les femmes transgenres ont 12 fois plus de chances d’être infectées par le VIH. On estime que 0,1 à 1,1 % de la population mondiale est transgenre et que 16,5 % des femmes transgenres sont séropositives.

L’IDAHOT, journée mondiale pour fêter la diversité sexuelle et de genre, a choisi cette année le thème « Breaking the silence », briser le silence, en hommage à la décision prise en 1990 par l’Organisation mondiale de la Santé de retirer l’homosexualité de la liste des troubles mentaux.

Chaque année, cette journée est un temps fort du calendrier international. Elle permet d’attirer l’attention des législateurs, des médias, du public, des entreprises, des leaders d’opinion et des administrations locales sur la situation alarmante à laquelle sont confrontées les personnes ayant une orientation sexuelle, une identité ou une expression de genre et des caractéristiques sexuelles autres.

« Nous avons besoin de solidarité pour sauver des vies et nous avons besoin de créer des communautés et des sociétés en bonne santé afin de pouvoir riposter au VIH, à la COVID-19 et à la prochaine pandémie », a terminé Mme Byanyima.

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Déclaration commune de l’ONUDC, de l’OMS, de l’ONUSIDA et du HCDH sur la COVID-19 dans les prisons et autres milieux fermés*

Ghada Fathi Waly, Directrice exécutive, ONUDC; Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général, OMS; Winnie Byanyima, Directrice exécutive, ONUSIDA; Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. — * Nous remercions le PNUD pour sa contribution à cette déclaration.

D'une seule voix, nous, dirigeantes et dirigeants d’institutions mondiales de la santé, des droits humains et du développement, attirons l’attention des responsables politiques sur l'urgence de la vulnérabilité accrue des personnes incarcérées et autres personnes privées de liberté face à la pandémie de COVID-19. Nous les exhortons à prendre toutes les mesures de santé publique adaptées en respectant cette population vulnérable qui fait partie de nos communautés.

Nous avons conscience que le risque de voir la COVID-19 pénétrer dans les prisons ou d’autres places de détention varie selon les pays, mais nous soulignons le besoin de minimiser l’apparition de la maladie dans ces milieux et de garantir la mise en place de mesures préventives adéquates selon une approche tenant compte du genre et empêchant des épidémies à grande échelle de la COVID-19. Nous insistons de même sur le besoin d’instaurer un système de coordination moderne qui rassemble les secteurs de la santé et de la justice, garantit que le personnel carcéral soit suffisamment informé et assure le respect des droits humains dans ces milieux.

Réduire la surpopulation carcérale

Une riposte sanitaire portant uniquement sur la COVID-19 dans des environnements clos ne suffit pas au vu de la surpopulation carcérale qui règne dans beaucoup de prisons et d’autres milieux carcéraux. Cette situation nuit à l’hygiène, à la santé, à la sécurité, ainsi qu’à la dignité humaine. La surpopulation constitue un obstacle insurmontable pour prévenir, anticiper ou riposter à la COVID-19.

Nous enjoignons aux responsables politiques de réfléchir à limiter la privation de la liberté, y compris la détention provisoire, uniquement en cas d’extrême nécessité, en particulier en cas de surpopulation carcérale, et de renforcer les efforts pour recourir à des mesures ne se traduisant pas par la privation de liberté. Ces efforts devraient comprendre des mécanismes de libération des personnes exposées à un risque spécial face à la COVID-19, comme les personnes âgées et celles ayant déjà des problèmes de santé, ainsi que toutes les autres personnes qui pourraient être relâchées sans mettre en danger la sécurité publique, comme celles condamnées pour des délits mineurs ou n’ayant pas impliqué de violence, en accordant une attention particulière aux femmes et aux enfants.

Une riposte rapide et ferme visant à garantir une incarcération saine et sans danger et à réduire la surpopulation s'impose pour limiter le risque de pénétration et de propagation de la COVID-19 dans les prisons et autres milieux de privation de liberté. Il est d’une importance capitale d’améliorer la propreté et l’hygiène dans les milieux de privation de liberté afin d’empêcher la pénétration ou de limiter la propagation du virus.

Il faudrait fermer les centres de détention et de rééducation obligatoires où sont détenues, sans aucune forme de procès, pour des soins ou une réinsertion, les personnes suspectées de consommer de la drogue ou d’être impliquées dans le commerce du sexe. Aucune preuve n’existe de l’efficacité de tels centres pour soigner une forme de toxicomanie ou pour réinsérer des personnes. Par ailleurs, la détention de personnes dans de tels établissements pose des questions sur le respect des droits humains et menace la santé des personnes détenues, ce qui augmente les risques d’épidémie de COVID-19.

Garantir la santé, la sécurité et la dignité humaine

Nous demandons à tous les États de garantir sans discontinuer non seulement la sécurité, mais aussi la santé, la sécurité et la dignité humaine des personnes privées de liberté et de celles travaillant dans l’univers carcéral. Cette obligation s’applique quel que soit le niveau d’état d’urgence et implique également des conditions de vie et de travail décentes ainsi que l’accès gratuit aux services de santé nécessaires. Aucune discrimination motivée par le statut légal ou autre des personnes privées de liberté n'est tolérable. Les soins de santé en prison, notamment les soins préventifs, de soutien et curatifs, doivent être de la meilleure qualité possible et au moins correspondre à ceux fournis au sein de la population. Les ripostes prioritaires à la COVID-19 mises actuellement en place dans la population, comme l’hygiène des mains et l’éloignement physique, sont souvent fortement entravées ou impossibles à respecter dans les milieux fermés.

Garantir la continuité des services de santé

Au sein des populations carcérales, les personnes ayant des problèmes de drogue, vivant avec le VIH, la tuberculose et l’hépatite B et C sont surreprésentées par rapport au reste de la population. Le taux d’infection aux maladies est ainsi beaucoup élevé au sein d’une telle population confinée que parmi la population générale. Outre l’infectivité normale de la pandémie de COVID-19, les personnes ayant des problèmes de drogue, vivant avec le VIH, une hépatite et la tuberculose sont plus exposées à des complications liées au coronavirus.

Afin de préserver l’amélioration de la santé par un traitement commencé avant ou pendant l’incarcération, des précautions doivent être prises, en collaboration étroite avec les autorités de santé publique, en vue de permettre aux personnes de continuer leur traitement sans interruption à toutes les étapes de leur détention et après leur libération. Nous recommandons que les pays suivent une approche de système de santé qui ne sépare pas les prisons du parcours de continuité des soins, mais les intègrent aux services de santé fournis à la population.

Par conséquent, il est nécessaire d’améliorer les mesures de prévention et de contrôle en milieu fermé, ainsi que l’accès à des services de santé de qualité, ce qui comprend un accès ininterrompu à la prévention et au traitement du VIH, de la tuberculose, de l’hépatite et de la dépendance aux opiacés. Les autorités doivent ainsi garantir l’accès et l’approvisionnement ininterrompus de produits sanitaires de qualité dans les prisons et les autres établissements de détention. Le personnel carcéral et de santé ainsi que les prestataires de service travaillant dans des milieux fermés doivent être reconnus en tant que personnel essentiel à la riposte à la pandémie de COVID-19 et recevoir un équipement de protection individuelle adapté et l’aide nécessaire.

Respecter les droits humains

Dans leur riposte à la COVID-19 dans des milieux fermés, les États doivent respecter les droits humains des personnes privées de liberté. Les restrictions éventuellement promulguées doivent être nécessaires, étayées par des données probantes, proportionnées (autrement dit, choisir l’option la moins restrictive) et non arbitraires. Les perturbations engendrées par de telles mesures doivent être réduites activement. Il s’agira par exemple de faciliter l’accès aux téléphones et aux formes numériques de communication si les visites sont limitées. Par ailleurs, il faut continuer de respecter totalement certains droits fondamentaux des personnes privées de liberté et les protections correspondantes, y compris le droit à une représentation légale, ainsi que de permettre à des organismes externes d’inspection d’accéder aux établissements de privation de liberté.

Respecter les règles et les directives des Nations Unies

Nous appelons les responsables politiques à élaborer et mettre en place des mesures préparatoires et des ripostes à la COVID-19 dans les milieux fermés en respectant les droits humains fondamentaux. Ces mesures et ripostes doivent s’appuyer sur les directives et règles de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ne doivent jamais autoriser la torture ou tout autre traitement ou châtiment cruel, inhumain ou dégradant. Dans les prisons, toutes les interventions devraient respecter l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenu(e)s (les Règles Nelson Mandela).

Les personnes privées de liberté présentant des symptômes de la COVID-19 ou qui ont été déclarées positives doivent faire l’objet d’un suivi et être soignées en respectant les dernières directives et les recommandations en vigueur émanant de l’OMS. Les prisons et les autres établissements de détention doivent être intégrés aux plans nationaux concernant la COVID-19 en impliquant spécialement les populations touchées. Tous les cas de COVID-19 en milieu fermé doivent être signalés aux autorités de santé publique responsables qui les répercuteront aux autorités nationales et internationales.

En vertu de nos mandats, nous affirmons notre disponibilité pour apporter de l’aide au déploiement rapide des recommandations énoncées ci-dessus.

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L’ONUSIDA appelle la Hongrie à respecter les droits des personnes transgenres

GENÈVE, le 8 mai 2020—Des organismes européens et internationaux des droits humains affirment le droit au changement officiel de sexe et de nom afin de refléter l'identité de genre. Ils reconnaissent ainsi que ce droit est primordial pour pouvoir jouir de nombreux autres. Par conséquent, la proposition du gouvernement hongrois visant à supprimer à ses ressortissant(e)s le droit de changer officiellement de sexe sur les documents officiels inquiète l’ONUSIDA.

La déclaration politique de haut niveau de 2016 sur le VIH et le sida de l’Assemblée générale des Nations Unies reconnaît qu’une telle discrimination au sein de la loi peut dresser des obstacles à la santé et au bien-être personnel, obstacles que les gouvernements se sont engagés à supprimer. L’amendement proposé à la loi hongroise sur l’état civil remplacerait le terme « sexe/genre » par le terme « sexe à la naissance » défini en tant que « sexe biologique selon les caractères sexuels primaires et les chromosomes » et interdirait tout changement ultérieur du « sexe à la naissance ». Une telle décision pourrait avoir des conséquences fâcheuses.

Par ailleurs, l’ONUSIDA est préoccupée par le fait que le projet de loi fait usage des prérogatives données par l’état d’urgence à une période où les communautés se retrouvent dans l’incapacité de lutter efficacement contre le projet de loi ou de participer à des discussions publiques sur le sujet. Ce procédé bafoue les règles de la démocratie et le droit à la participation politique. Au cours de la pandémie de COVID-19 en particulier, l’accent doit être mis sur la suppression des obstacles aux soins de santé, pas sur leur multiplication.

« Tous les pays sont dans l’obligation de permettre à leurs ressortissant(e)s d’être reconnu(e)s pour ce qu’elles et ils sont, sans discrimination ni stigmatisation. J’encourage tous les gouvernements à continuer de garantir que la loi autorise de changer de sexe et de nom », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA.

Il a été prouvé que la stigmatisation et la discrimination, y compris les législations discriminatoires, visant les personnes transgenres augmentent la violence, les abus et le harcèlement à leur encontre et nuisent considérablement à leur santé physique et psychologique, ainsi qu’à leur bien-être, à leur intégration sociale et à leurs chances de trouver un emploi ou d’accéder à l’éducation. Les personnes transgenres présentent également 12 fois plus de risques d’infection au VIH que le reste de la population et sont oubliées pour ce qui est de l’accès au dépistage, au traitement et aux services de soin du VIH. Il est prouvé qu’elles sont moins victimes de discriminations, de violences et de stigmatisations, et elles sont beaucoup mieux intégrées à la société dans les pays où la législation autorise de changer de genre et de nom.

L’ONUSIDA recommande aux gouvernements de garantir dans la loi la reconnaissance du genre en définissant des procédures et des exigences claires qui respectent les obligations stipulées par les droits de l’homme internationaux.

« Ce projet d'amendement du gouvernement traumatise les membres de la communauté transgenre, de genre variant et intersexuée. Ils se retrouvent exposés à la stigmatisation, à la discrimination, aux abus, au harcèlement et à la violence à cause de ce qu’ils sont », a indiqué Barnabás Hidasi de la Transvanilla Transgender Association.

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L’ONUSIDA lance un appel en faveur d’un renforcement des dépenses de santé et de la protection sociale, aspect essentiel de la riposte économique à la COVID-19

 

Déclaration de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, concernant la riposte économique à la COVID-19. Allocution faite au cours d’un évènement en ligne organisé le 16 avril 2020 et coparrainé par le Global Development Policy Center et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement

La COVID-19 tue. Toutefois, l’ampleur et les conséquences de la pandémie sont humaines.

Le décès de milliers de personnes et la disparition des moyens de subsistance de millions d’autres étaient évitables. Ces pertes résultent des inégalités extrêmes profondément ancrées dans notre économie mondiale.

La hausse brutale des courbes de mortalité, l’ampleur des pertes économiques et l’agitation sociale dans plusieurs pays sont le fruit de nos choix politiques, une conséquence du modèle économique que nous avons créé.

La COVID-19 a fait entrer la planète dans une phase de récession. Le Fonds monétaire international indique que les répercussions de la vague de confinement vont être plus catastrophiques que celles de la crise financière mondiale de 2008. L’Organisation internationale du Travail s’attend à ce que la COVID-19 détruise l’équivalent de 195 millions de postes à plein temps.

Comme nous l’avons appris de celle du VIH, les épidémies causent des ravages dans un monde pétri d’inégalités. Elles se gorgent de celles existantes et affectent surtout les populations les plus vulnérables et marginalisées : celles qui n’ont pas accès aux soins de santé, qui ne disposent pas de systèmes de protection sociale, de congés maladie ou qui n’ont pas d’eau pour se laver les mains. Les personnes dont le droit à la santé est bafoué sont les premières touchées et sont celles qui payent le prix le plus fort.

Lorsque les gouvernements accordent la priorité aux régimes de santé privés par rapport aux soins de santé universels financés par des deniers publics, ils font un choix et déclarent que le droit à la santé devient le privilège de quelques personnes qui peuvent se le permettre. En période d’épidémie, ce choix détermine ni plus ni moins qui va vivre et qui va mourir. Quiconque jouit du privilège d’accéder aux soins de santé survit, les autres meurent.

Les gouvernements doivent investir dans une protection sociale universelle. Les communautés pauvres du monde entier nous disent : « Si nous ne travaillons pas, nous allons mourir de faim avant même d’attraper le coronavirus. » C’est un choix auquel personne ne devrait être confronté. Cette crise sanitaire se transforme rapidement en une crise alimentaire.

Notre économie foisonne d'exemples de modèles commerciaux qui fonctionnent sur du personnel dépourvu de protection. Ces modèles exploitent la main-d’œuvre et les sous-traitants, ne les aident pas ou ne les protègent pas.

La crise climatique est une autre conséquence de notre modèle économique pernicieux qui exploite les écosystèmes dont nous dépendons. Et, ici aussi, ce sont les plus pauvres, les moins responsables de cette exploitation, qui sont touchés de plein fouet. À l’heure où je vous parle, dans le Pacifique, des populations ne luttent pas uniquement contre la COVID-19, mais sont en train de reconstruire après le passage du cyclone Harold.

Rien de tout cela n’est fortuit. C’est intentionnel. Je viens d'affirmer que nous récoltons les fruits des choix humains, mais il s’agit souvent de ceux des HOMMES. Les hommes continuent de monopoliser les conseils d’administration des entreprises et de peupler les couloirs de la politique, alors que c’est aux femmes que revient en grande majorité la tâche de s’occuper des autres. Les femmes doivent prendre soin des malades dans leur famille au cours d’une pandémie ou marcher encore plus longtemps pour trouver de l’eau potable.

Mais tout espoir n’est pas entièrement mort. Nous apercevons quelques lueurs ici ou là, et les enseignements font leur chemin. Des gens prennent conscience que la santé et la protection sociale sont importantes. Cela signifie que si nous surmontons cette crise, nous devons repartir sur de nouvelles bases, pas reprendre d’où nous étions.

Nous voyons des pays créer des impôts de « solidarité » sur les grandes entreprises et sur les riches contribuables. Nous entendons parler de l’annulation de la dette des étudiantes et étudiants, de la suppression des frais de santé, y compris des redevances, et d’une augmentation du soutien apporté aux aidantes et aidants. Voilà de nouvelles perspectives.

Néanmoins, nous voyons d’autres pays s’engager sur une tout autre voie : baisses d’impôts pour les plus riches ou sauvetage financier de grandes entreprises sans garantie que ces aides amélioreront le sort du personnel et des sous-traitants sur le terrain. Bref, nous enregistrons des signaux contradictoires.

L’enveloppe destinée à la santé et à la protection sociale doit être revue à la hausse. Cela pourrait jeter les fondements de la reconstruction, afin que cette dernière ne se limite pas à un sauvetage financier improvisé.

Nous devons sortir autres de cette crise, avec la détermination de changer de modèle économique. Nous avons besoin d’un Global Green New Deal qui incite à penser en priorité aux personnes et à la planète.

Un nouveau modèle économique qui démocratise la couverture sanitaire et la protection sociale universelles auprès de toutes et tous, qui favorise des conditions de travail décentes et paye des salaires décents, où les fruits sont distribués tout au long de la chaîne d’approvisionnement et où chaque partie prenante en profite de manière équitable. Un modèle qui respecte les engagements de l’Accord de Paris sur le climat.

Nous nous trouvons à la croisée des chemins et je prie pour que les leaders du monde entier se décident en faveur de choix différents.

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L’ONUSIDA condamne l’usage abusif des pouvoirs exceptionnels à l’encontre des populations marginalisées et vulnérables

GENÈVE, le 9 avril 2020—L’ONUSIDA se montre très préoccupée par les informations qui lui parviennent indiquant que l’épidémie de COVID-19 sert de prétexte pour cibler les populations marginalisées et vulnérables, rogner l’espace alloué à la société civile et renforcer les pouvoirs de la police. L’organisation est en particulier extrêmement inquiète au sujet des nouvelles lois adoptées dans le but de réduire les droits et les libertés, qui prennent aussi pour cible des groupes criminalisés, et ce, d’une manière qui nuira aux droits et à la santé des personnes vivant avec le VIH ou exposées au virus.

« En temps de crise, il est crucial d’attribuer des pouvoirs exceptionnels et de faire preuve d’agilité. Toutefois, cela ne doit pas se faire au dépens des droits des plus vulnérables », a déclaré Winnie Byanyima, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « L'exercice des freins et contrepoids, socle fondamental de l'état de droit, requiert d’éviter tout abus. Dans le cas contraire, nous pourrions reculer sur les droits humains, le droit à la santé et la riposte au sida. »

S’il y a une bien chose que nous avons apprise des épidémies passées et présentes, c’est qu’une riposte efficace aux crises sanitaires comme celle de la COVID-19 doit reposer fermement sur la confiance, la solidarité humaine et le respect indéfectible des droits humain. Toutefois, ces derniers temps, il a été signalé que certains pays utilisent des pouvoirs exceptionnels ou la santé publique pour justifier la restriction de droits liés à l’autonomie des personnes, l’identité sexuelle, la liberté d’expression, ainsi que les droits et la santé de la reproduction et sexuelle. Il est également fait état d’une recrudescence inquiétante des sanctions pénales liées à la transmission et à l’exposition au VIH, à la non-divulgation du statut sérologique, ainsi que du recours aux forces de l’ordre pour cibler, via des arrestations et des violences policières, des groupes vulnérables et criminalisés, comme les professionnel(le)s du sexe, les toxicomanes, les personnes vivant avec le VIH, ainsi que des membres de la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes).

En Hongrie, depuis la promulgation d’une nouvelle loi, les personnes ont perdu le droit de changer de genre et de nom sur les documents officiels afin que ces derniers reflètent leur identité sexuelle. Cela représente une violation flagrante des droits humains internationaux en faveur de la reconnaissance légale de l’identité sexuelle.

En Pologne, un amendement au droit pénal a été adopté au cours d’une procédure accélérée afin d’alourdir les sanctions liées à l’exposition, la non-divulgation et la transmission du VIH. Ces dernières sont maintenant passibles d’une peine d’emprisonnement allant de six mois à huit ans, ce qui enfreint clairement les obligations relatives aux droits humains internationaux de supprimer les lois du code pénal qui reposent uniquement sur le VIH.

L’ONUSIDA se préoccupe que des pays aient recours au droit pénal, comme la criminalisation de la transmission de la COVID-19, arrêtent et emprisonnent des personnes ne respectant pas les restrictions. Notre expérience avec l’épidémie de VIH nous a appris que criminaliser la transmission du virus est le premier pas de violations importantes des droits humains. Outre qu'elle entrave la riposte, cette démarche ne repose sur aucun fondement scientifique. Il est quasiment impossible de prouver qui est à l’origine d’une transmission ainsi que l’intention en ce sens. Par conséquent, cela ne satisfait pas le principe des exigences légales de la pénalisation. En outre, la pénalisation visent souvent les communautés vulnérables et stigmatisées. En Ouganda, 23 personnes qui entretenaient des liens avec un refuge fournissant des services à la communauté LGBTI ont été arrêtées. 19 d’entre elles ont été accusées de négligence pouvant favoriser la propagation d’une infection ou d’une maladie. Ces 19 personnes se trouvent en prison sans espoir d’accéder à un tribunal, à une représentation légale ou à des médicaments. 

L’ONUSIDA est également préoccupée d’entendre parler de violences policières dans de nombreux pays dans le cadre de l’application de mesures. Des rapports signalent des violences physiques, du harcèlement et le ciblage de groupes marginalisés, notamment les professionnel(le)s du sexe, les toxicomanes et les sans-abris. Le recours au droit pénal et à la violence pour appliquer les restrictions à la liberté de circulation est disproportionné et n’est pas étayé par des données probantes. La mise en œuvre discriminatoire de ce type de stratégies touchent de manière démesurée les personnes les plus vulnérables (personnes qui pour une raison ou pour une autre ne peuvent pas rester chez elles, sont sans domicile ou doivent travailler afin d’assurer leur subsistance).

Au Kenya, des organisations de la société civile alarmées par des mesures de riposte à l'épidémie irrespectueuses des droits humains, ont publié un avis consultatif appelant à adopter une approche basée sur les droits humains pour riposter à la COVID-19. Leur courrier demande de mettre l’accent sur l’engagement communautaire et sur ce qui fonctionne en matière de prévention et de traitement plutôt que sur des approches disproportionnées et coercitives.

La réponse à une crise peut nécessiter de limiter certains droits afin de protéger la santé et la sécurité publiques, mais ces restrictions doivent avoir un objectif légitime. Pour la COVID-19, il s’agit de contenir la pandémie. Ces restrictions doivent être proportionnées, nécessaires, non arbitraires, étayées par des données probantes et légitimes. Un tribunal doit également être en mesure de contrôler chaque décret/loi ou action des autorités répressives. De même, les pouvoirs de ces dernières doivent être définis avec précision, proportionnés et nécessaires.

L’ONUSIDA enjoint à tous les pays de garantir que toute loi et tout pouvoir en lien avec la situation d’urgence se limitent à une durée raisonnable et qu’un renouvellement ne soit possible qu’en passant par une procédure parlementaire participative appropriée. En outre, le recours aux forces de l’ordre doit être clairement défini. Un système indépendant de surveillance des actions de la police, ainsi qu’un dispositif de redressement des torts occasionnés par les forces de l’ordre doivent être garantis. Toute restriction de droits relatifs à la non-discrimination sur la base du statut sérologique, à la santé de la reproduction et sexuelle, à la liberté d’expression et à l’identité sexuelle comme cité précédemment ne renforce pas la riposte à la COVID-19, par conséquent, sa finalité n’est pas légitime. L’ONUSIDA appelle les pays à supprimer toute loi mise en place pour laquelle il n’est pas possible d’affirmer que son objectif est légitime pour la riposte ou le contrôle de la pandémie de COVID-19.

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La riposte à la COVID-19 ne doit pas oublier les professionnel(le)s du sexe

GENÈVE, le 8 avril 2020—La pandémie de COVID-19, comme toute autre crise sanitaire, révèle au grand jour les inégalités existantes et touche de manière disproportionnée les populations déjà criminalisées, marginalisées et se trouvant dans une situation précaire qui ne bénéficient souvent pas des mécanismes de protection sociale.

Au cours de cette période difficile, le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe (NSWP) et l’ONUSIDA souhaitent attirer l’attention sur les difficultés et les préoccupations spécifiques aux professionnel(le)s du sexe du monde entier. Les deux organisations appellent les pays à garantir le respect, la protection et l’application de leurs droits humains. 

La pandémie de COVID-19 place les professionnel(le)s du sexe du monde entier face à des épreuves, à une perte totale de revenus, ainsi qu’à une hausse de la discrimination et du harcèlement. La majorité des pays criminalisent divers aspects du commerce du sexe, ce qui complique davantage leur situation déjà précaire au sein de l’économie informelle. Leur clientèle étant aussi confinée, les professionnel(le)s du sexe perdent toute protection, et leur vulnérabilité augmente au point de ne plus être en mesure de subvenir à leurs besoins ni à ceux de leur famille.

Tout autour du globe, et en particulier dans les pays où le commerce du sexe est criminalisé, des organisations de professionnel(le)s du sexe notent que cette population n’a pas accès aux programmes nationaux de protection sociale et qu’elle est exclue des mesures d’urgence de protection sociale mises en place pour le reste de la population active. Là et lorsque c’est possible, les professionnel(le)s du sexe prennent leurs responsabilités et se confinent pour respecter les décisions gouvernementales. Cependant, lorsque ces personnes sont exclues des ripostes à la COVID-19 pour ce qui est de la protection sociale, elles se retrouvent confrontées au choix difficile de mettre leur sécurité, leur santé et leur vie en danger juste pour survivre.

Le NSWP et l’ONUSIDA sont par ailleurs préoccupés par le signalement de mesures répressives, dont sont victimes des professionnel(le)s du sexe : razzias à leur domicile, dépistage obligatoire de la COVID-19, arrestations et menaces de reconduite à la frontière de professionnel(le)s du sexe migrant(e)s.

L’ONUSIDA invite les pays à prendre des actions essentielles et immédiates dans le respect des droits humains afin de protéger la santé et les droits des professionnel(le)s du sexe. Voici ce que les mesures devraient inclure :

  • L'accès aux programmes nationaux de protection sociale pour les professionnel(le)s du sexe, y compris aux plans d’aide liés à la perte de revenus.
  • Une séparation stricte et immédiate des services de santé de ceux de l’immigration afin de garantir que les professionnel(le)s du sexe migrant(e)s puissent accéder aux services de santé.
  • Une aide financière d’urgence accordée aux professionnel(le)s du sexe en situation de pauvreté, en particulier aux migrant(e)s qui n'ont pas accès aux aides financières soumise au statut de résidence.
  • L’arrêt immédiat des expulsions et l’accès à un logement d’urgence décent pour les professionnel(le)s du sexe sans domicile.
  • L’arrêt des razzias au domicile de professionnel(le)s du sexe et dans les lieux où s’exercent le commerce du sexe ; et la garantie que toutes les mesures de protection de la santé publique ne sont pas disproportionnées.
  • L'arrêt immédiat des arrestations et des poursuites à cause d’activités en lien avec le commerce du sexe ; l'abandon d’un système reposant sur des mesures punitives et sur la criminalisation et l'adoption d'un système au service des personnes les plus défavorisées.
  • L’arrêt immédiat du recours au droit pénal pour appliquer les restrictions liées à la COVID-19, y compris le dépistage forcé de la COVID-19 et les poursuites judiciaires liées.
  • Suite au renforcement des restrictions de déplacement, extension automatique des visas arrivant à leur terme. Les systèmes de rétention de migrant(e)s doivent les aider en les hébergeant dans des infrastructures sures.
  • L’implication des communautés de professionnel(le)s du sexe dans les ripostes : ces organisations doivent être représentées efficacement dans les groupes de planification d’urgence de la santé publique.

Comme toujours, l’ONUSIDA est prête à aider les pays à mettre en place les recommandations susmentionnées.

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L’ONUSIDA salue la décision du Portugal de régulariser temporairement les immigrant(e)s et les demandeurs et demandeuses d’asile

GENÈVE, le 2 avril 2020—L’ONUSIDA salue chaleureusement la décision prise par le gouvernement portugais d’accorder des droits de séjour temporaire aux immigrant(e)s et aux demandeurs et demandeuses d’asile ayant déposé un dossier dans le pays avant le 18 mars 2020, date à laquelle l’état d’urgence lié à la COVID-19 a été prononcé. Ces personnes accéderont ainsi aux prestations sociales et de santé, dont le service national de santé, un compte en banque et les contrats de travail et de location, au moins jusqu’au 1er juillet 2020.

« L’ONUSIDA appelle tous les pays à adopter une approche basée sur les droits de l’homme pour lutter contre la COVID-19. Cette stratégie doit mettre l’accent sur les personnes et respecter les droits et la dignité de toutes et tous », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Le Portugal montre l’exemple et fait preuve de compassion en priorisant les mesures protégeant les plus vulnérables dans sa riposte à la COVID-19. »

La COVID-19 représente la même menace sanitaire pour les migrant(e)s que pour les populations locales. Il faut donc les inclure afin de garantir l’efficacité de la riposte qui prend aussi bien en compte l’impact sanitaire que socioéconomique de la pandémie. Souvent, les migrant(e)s et les autres populations clés et vulnérables n’ont pas accès aux services sociaux et de santé, par crainte d’une reconduction à la frontière, du coût financier, des obstacles juridiques, de la barrière de la langue, de l’exclusion, de la stigmatisation et de la discrimination. La suppression de freins à l’obtention de soins médicaux et de prestations sociales améliorera les retombées sur la santé publique dans son ensemble, garantira les droits humains des plus vulnérables et bâtira une riposte plus forte, efficace et juste contre la COVID-19.

Depuis les prémices de l’épidémie de VIH, le Portugal fait figure de pionnier pour ce qui est de la riposte respectant les droits humains. Le pays a créé une législation propice, a mis en place des règlements progressistes en matière de drogue et a instauré la gratuité pour toutes et tous du traitement contre le VIH, indépendamment du statut migratoire de la personne. Le Portugal continue aujourd’hui de montrer la voie. Il encourage des modèles de soin reposant sur les communautés et une meilleure intégration des services de santé. 

L’ONUSIDA a rédigé un nouveau guide qui s’inspire des leçons tirées de la riposte à l’épidémie du VIH. Ce document vise à aider les gouvernements, les communautés et d’autres acteurs à élaborer et mettre en place des mesures pour contenir la vague de COVID-19 : Les droits humains aux temps de la COVID-19 — Les leçons du VIH pour une réponse efficace et dirigée par la communauté.

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L’ONUSIDA soutient la décision d’organiser virtuellement la 23e Conférence internationale sur le sida et espère qu’une solution sera trouvée pour tenir le HIV2020

 

GENÈVE, le 27 mars 2020—L’ONUSIDA salue la décision de la Société internationale du sida d’organiser en juillet la 23e Conférence internationale sur le sida sous forme de rassemblement virtuel et elle souhaite que les réseaux de populations clés préparant la conférence HIV2020 trouvent une solution pour que leur manifestation voie le jour.

À l’heure de la pandémie de COVID-19, AIDS 2020: Virtual, sous l'égide de la Société internationale du sida, permettra aux participantes et participants d’y avoir accès en toute sécurité et de se pencher sur les dernières informations concernant le VIH dans les domaines de la science, de la lutte et des connaissances.

L'équipe d'organisation de la conférence HIV2020 qui devait se tenir au Mexique afin de fournir une alternative sécurisée aux personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas entrer aux États-Unis d’Amérique l’a annulée. L'équipe réfléchit à d’autres solutions pour la maintenir à la suite de l’annonce du gouvernement mexicain d’interdire tous les grands rassemblements dans le pays.

« Je remercie l'équipe d'organisation de continuer à préparer la Conférence internationale sur le sida 2020 d’une manière qui protégera les vies et le bien-être de milliers de participantes et de participants. J’invite tout le monde à établir un record de participation à la conférence AIDS 2020: Virtual et à renouveler son engagement en faveur de la collaboration pour mettre un terme à l’épidémie de sida », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « J’espère que HIV2020 pourra avoir lieu sous une forme ou sous une autre. L’ONUSIDA soutient par ailleurs la décision de l'équipe d'organisation de se soucier en priorité de la santé et de la sécurité des communautés. »

L'équipe d'organisation d’AIDS 2020 attendait une forte participation dans les villes américaines de San Francisco et Oakland. À la place, AIDS 2020: Virtual va permettre aux participantes et participants du monde entier de prendre virtuellement part à des discussions, au programme-cadre, à des expositions, à des podcasts et aux activités interactives de réseautage au sein de la communauté. Tout le monde espère qu’HIV2020 pourra être tenu d’une même manière.

Kevin Osborne, directeur exécutif de la Société internationale du sida (IAS), a déclaré : « Le thème de l’AIDS 2020: Virtual est la résilience. Et cela résume parfaitement ce dont nous avons besoin en ce moment. Aujourd’hui, cette résilience est mise à l’épreuve dans un paysage sanitaire mondial en évolution rapide auquel vient s’ajouter à présent la pandémie de COVID-19. La communauté du VIH doit aujourd’hui plus que jamais faire preuve de solidarité et resserrer ses rangs en suivant notre engagement commun afin de garantir que notre riposte continue de reposer sur des preuves et sur les droits humains. »

Rico Gustav, directeur exécutif du Global Network of People Living with HIV (GNP+), a indiqué : « Au titre de co-organisateur du HIV2020, le Global Network of People Living with HIV et d’autres réseaux mondiaux ont pris d’une seule voix la décision d’annuler la conférence. La santé et la sécurité de nos communautés sont prioritaires. À l’heure où la COVID-19 touche de plus en plus de pays et de communautés, nous nous adaptons et nous apportons notre soutien à nos membres en ces temps extrêmement difficiles. L'équipe d'organisation du HIV2020 va continuer de défendre et de renforcer le leadership des populations clés et des personnes vivant avec le VIH dans les ripostes sanitaires et du VIH au niveau local, national et mondial, ce qui passe par l’exploration des espaces virtuels. »

L’ONUSIDA enjoint à tout le monde de ne pas prendre la COVID-19 à la légère. Les personnes vivant avec le VIH doivent respecter toutes les mesures préventives afin de minimiser leur exposition au virus à l’origine de la COVID-19 et d’éviter toute infection.

À l’instar de la population en général, les personnes âgées vivant avec le VIH ou les personnes séropositives ayant des problèmes cardiaques ou pulmonaires sont potentiellement exposées à un risque plus élevé de contracter le virus et de développer des symptômes plus graves. Les informations que vont fournir les pays et les communautés luttant contre les épidémies de VIH et de COVID-19 nous permettront d’en apprendre davantage sur l’impact combiné de ces deux infections sur les personnes vivant avec le VIH. Nous partagerons au fur et mesure les enseignements tirés de la mise en œuvre d’innovations ou de l’adaptation de services visant à minimiser l’impact sur les personnes séropositives.

La riposte au VIH a démontré qu’une riposte forte et efficace au niveau de la santé publique impliquant les communautés concernées doit reposer sur les droits humains et se pencher aussi bien sur les aspects biologiques que sociaux des maladies. À l’heure où la COVID-19 arrive dans des environnements à forte densité de population et menace des personnes et des communautés marginalisées. Il est essentiel de prioriser et de prendre en compte les besoins en information, les produits nécessaires à une hygiène de base comme le savon et l’eau, des réserves suffisantes en nourriture et des aides sociales en vue d’apporter une solution à la perte de revenus et à la pauvreté.

« La pandémie de COVID-19 est en train de toucher la vie de milliards de personnes dans le monde », a ajouté Mme Byanyima. « Néanmoins, nous ne devons pas oublier que l’épidémie de VIH n’a pas disparu. Même en cette période difficile, nos partenaires garantissent la poursuite de la riposte au sida. Des héros anonymes œuvrent afin que le traitement et les services de prévention du VIH continuent d’être mis à la disposition des personnes vivant avec le VIH et concernées par le virus. »

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