Community mobilization

Santé et sécurité : quand les professionnelles du sexe s’entraident

26 février 2019

Quittant la réunion de REVS PLUS, une association de lutte contre le sida au Burkina Faso, les femmes se saluent en se disant « À demain soir ! ». Rassemblées dans un centre d’accueil qui sert également de point de rencontre pour divers réseaux anti-VIH de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, elles discutaient du planning des activités prévus pour le lendemain soir : diverses opérations de dépistage VIH 'hors les murs.' 

« Nous échangeons nos expériences et nous jouons le rôle de confidentes », explique Camille Traoré (son nom a été changé), professionnelle du sexe et pair-éducatrice. Sa collègue, Julienne Diabré (son nom a été changé), vêtue d’une longue robe fluide, intervient : « Dans notre métier, c’est dur de se confier à quelqu’un, alors la confidentialité est très importante ».

Charles Somé, responsable plaidoyer à  REVS PLUS/Coalition PLUS, décrit ce groupe de femmes comme un maillon indispensable de la chaîne pour atteindre les professionnelles du sexe.

« À cause de la stigmatisation et de la discrimination, beaucoup de professionnelles du sexe se cachent et se déplacent. Les services de santé ne peuvent pas les atteindre et elles sont davantage susceptibles d’être infectées par le VIH », explique-t-il. Au Burkina Faso, la prévalence du VIH chez les professionnel(le)s du sexe est de 5,4 %, alors qu’elle n’est que de 0,8 % dans l’ensemble de la population adulte du pays.

Avec le recrutement de pairs-éducatrices qui connaissent les réalités du travail et peuvent entrer en contact avec d’autres femmes, la sensibilisation au VIH s’est accrue au sein de la communauté, selon M. Somé.

« Nous avons aussi innové en organisant des dépistages du VIH le soir dans les lieux où les professionnelles du sexe se rassemblent », ajoute-t-il. La prostitution n’est pas illégale au Burkina Faso, mais le code pénal interdit le racolage. 



Le lendemain soir, le long d’une rue plongée dans le noir, REVS PLUS installe des tables pliantes avec deux chaises à chaque table. Des petites lampes de camping à énergie solaire permettent aux pairs-éducatrices de voir dans l’obscurité et de prendre des notes. Munies de gants en plastique, les pairs-éducatrices formées s’assoient avec les femmes, leur font une piqûre au doigt et, en cinq minutes, leur donnent le résultat de leur test de dépistage du VIH.

M. Somé explique qu’au fil des années, les actions de proximité de REVS PLUS ont permis de gagner la confiance des professionnelles du sexe.

Il raconte que les pairs-éducatrices l’appellent régulièrement pour se plaindre des violences policières. « Cela va des arrestations arbitraires au vol de leur argent, en passant par des viols », explique M. Somé.

Mme Diabré décrit ses rapports avec la police. « Le jour, ils vous pointent du doigt et se montrent discriminants, tandis que la nuit ils deviennent tout mielleux pour obtenir des faveurs et si on n’obéit pas, ça tourne au vinaigre », raconte-t-elle.

Au bout d’une année de documentation sur les abus de la police avec l’aide de propriétaires de bars et des témoignages de professionnelles du sexe, REVS PLUS a pu rencontrer des responsables du gouvernement, puis de la police.

« Notre approche a attiré leur attention et nous avons lancé des sessions de formation et de sensibilisation auprès des agents de police sur la base de notions élémentaires de droit et du commerce du sexe », déclare M. Somé.

Progressivement, REVS PLUS a gagné des alliés dans chaque commissariat, afin de faciliter le dialogue en cas d’incident. En outre, toutes les professionnelles du sexe doivent maintenant avoir sur elles une carte de santé indiquant qu’elles font des bilans de santé réguliers.

Une femme nigériane portant du rouge à lèvres violet, Charlotte Francis (son nom a été changé), ajoute : « Nous avons encore des problèmes et nous les évitons, mais ça va mieux ». Elle brandit sa carte de santé bleue, que les propriétaires de bars lui demandent régulièrement de présenter, d’après elle.

En faisant visiter son bar et une série de chambres individuelles dans une cour extérieure, Lamine Diallo explique que la police ne fait plus de descentes dans son établissement. « Avant, la police embarquait toutes les femmes, et même mes clients », raconte-t-il.

Avec des fonds octroyés par le Luxembourg, l’ONUSIDA est en train de conclure un partenariat avec REVS PLUS pour élargir la formation et la sensibilisation de la police à tout le pays. Des formations ont été organisées à Ouagadougou, la capitale, et à Bobo-Dioulasso.

Aboubakar Barbari, Responsable de la mobilisation communautaire au Burkina Faso pour l’ONUSIDA, estime que ce programme joue sur deux plans. « Nous soutenons les sessions de sensibilisation pour la police et les forces de l’ordre non seulement parce que cela permet de réduire la stigmatisation, mais aussi parce que cela permet de mettre en lumière des droits humains élémentaires ». 

Ils ne me jugent pas, alors pourquoi je les jugerais ?

28 février 2019

« J’ai de la chance », déclare Charles Somé. Ce défenseur des droits de l’homme hyperactif originaire du Burkina Faso se souvient d’être allé à une session de formation et avoir blâmé quelques hommes présents à propos de leur orientation sexuelle. « J’avais des préjugés et je leur ai demandé « Vous ne voulez donc pas vous marier, avoir des enfants» ? », raconte-t-il. Un jeune homme s’ouvre alors à lui et, au bout de plusieurs jours de franche discussion, M. Somé voit son opinion changer radicalement.

« J’ai réalisé que si je n’étais pas jugé, je n’avais pas à juger les autres », explique M. Somé, responsable du plaidoyer à REVS PLUS/Coalition PLUS. Depuis, lorsqu’il s’exprime pour défendre les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, il utilise le mot « nous ».

L’homosexualité n’est pas illégale au Burkina Faso, mais la stigmatisation et la discrimination restent très fortes. Beaucoup d’hommes se marient et cachent leur double vie. Des groupes de soutien aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres se sont formés, mais la discrétion reste fondamentale.

« Je suis obligé de me cacher car je ne suis pas accepté », explique Rachid Hilaire (son nom a été changé). Il a rejoint un groupe de parole informel dans sa ville natale, Bobo-Dioulasso, au sein duquel des jeunes hommes parlent ensemble de relations, de sexe, du VIH et d’autres sujets. « J’ai eu beaucoup de doutes sur moi-même, mais lorsque j’ai eu davantage confiance en moi, je me suis dit que je pouvais aider les autres », explique-t-il. À l’extérieur de la salle de réunion de REVS PLUS, il plaisante avec M. Somé en lui disant qu’il garde un œil sur lui. M. Hilaire est l’un des 50 pairs-éducateurs de REVS PLUS qui animent des discussions informelles comme celle à laquelle il a assisté, conçues pour les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Après sa formation, avec un autre pair-éducateur, il s’est mis à organiser des dialogues ouverts avec les hommes.

Selon M. Hilaire, le plus gros défi reste d’éduquer le grand public, ainsi que les responsables politiques et religieux. « J’en veux à nos aînés pour leur manque de sensibilisation », explique-t-il. « Tout le monde mérite d’être libre et j’ai envie d’avoir cette sensation de liberté », ajoute-t-il. 

Yacuba Kientega (son nom a été changé) a fui son foyer à Bobo-Dioulasso pour aller s’installer à Ouagadougou quand sa famille a découvert qu’il avait des relations avec des hommes. « Je suis finalement revenu pour suivre mes études à Bobo-Dioulasso, mais j’habite dans un autre quartier », explique-t-il. D’après lui, la situation s’est améliorée pour les hommes gays, mais il ne va pas abandonner la lutte pour autant.

En tant que lobbyiste pour un réseau regroupant plusieurs organisations de lutte contre le VIH, le combat de M. Somé pour les droits des individus ne s’arrête jamais.

« Je fais de mon mieux pour que les communautés sous-représentées soient entendues par le gouvernement et les parlementaires », explique-t-il. Il estime que les groupes de soutien et l’éducation par les pairs ont permis d’atteindre les populations clés, comme les consommateurs de drogues injectables, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les professionnel(le)s du sexe. « Nous avons observé une hausse de la fréquentation des services de santé en ciblant certaines communautés et j’espère que cette tendance se maintiendra », déclare M. Somé. « Pour en finir avec le sida, il va falloir s’attaquer vraiment à la stigmatisation et insister sur la prévention », ajoute-t-il.

Le Directeur national de l’ONUSIDA au Burkina Faso, Job Sagbohan, ne peut qu’approuver. « La riposte au VIH doit suivre l’évolution de l’épidémie », déclare-t-il. « À une époque, il a fallu sauver des vies et nous avons réussi en nous concentrant sur le traitement pour tous », explique-t-il. « Pour en finir avec le VIH comme menace de santé publique, nous devons cibler la prévention et la sensibilisation. C’est la seule façon de maintenir notre progression et d’en finir avec le sida ».

Une campagne de dépistage du VIH rassemble la communauté à Bangui

19 février 2019

Le quartier PK5 situé à Bangui, en République centrafricaine, abrite la majeure partie de la communauté musulmane de la ville. Autrefois zone commerciale animée et épicentre de la vie nocturne de Bangui, PK5 est devenu aujourd’hui pour beaucoup un endroit à éviter.

À l’instar d’une très grande partie du pays, la zone PK5 et sa population ont été très touchées par les violences qui ont embrasé le pays en 2012 et 2013. Les habitants non musulmans de PK5 sont partis et les groupes armés rivaux contrôlent toujours encore la région. À travers tout le pays, les conséquences de ces violences ont entraîné des déplacements de population massifs et une crise humanitaire. Fin 2018, on estimait à 2,9 millions, soit plus de la moitié de la population du pays, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et de protection.

Pourtant, les habitants de PK5 font preuve de résilience. Reconnaissant la nécessité d’une plus grande sensibilisation au VIH au sein de la communauté, de jeunes responsables musulmans et le Centre de l’Université catholique, avec l’appui de l’ONUSIDA, ont organisé une campagne de dépistage du VIH et de sensibilisation du 23 janvier au 13 février au Centre de santé Henri Dunant de PK5.

Cette campagne est la première du genre à avoir lieu à PK5 depuis les violences de 2012-2013.Durant ces deux semaines, 1 500 personnes ont eu accès à un dépistage volontaire du VIH et à des services de conseil. Les personnes testées séropositives au VIH ont été orientées vers un traitement.

La campagne a été inaugurée par Pierre Somse, Ministre de la Santé, lors d’un événement auquel ont assisté des responsables religieux, des femmes et des jeunes. M. Somse a lui-même passé un test de dépistage du VIH en soulignant l’importance du fait que tout le monde devait connaître son état sérologique vis-à-vis du VIH. Cette connaissance reste faible dans le pays, avec seulement 53 % des personnes vivant avec le VIH au courant de leur statut.

« Le gouvernement s’engage à intensifier ses efforts dans la délivrance de services sociaux et de santé à tous les Centrafricains. Le PK5 n’est pas oublié et sa population ne sera pas laissée pour compte dans nos actions pour élargir l’accès aux services de dépistage, de traitement, de soins et d’appui anti-VIH », a déclaré M. Somse.

Pamela Ganabrodji, Responsable de l’information et du conseil au Centre de santé Henri Dunant, a ajouté : « Nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli dans le cadre de cette campagne sur le VIH, mais il reste des défis à relever. Nous appelons le gouvernement et les partenaires internationaux à continuer de soutenir les activités du Centre de santé Henri Dunant dans le domaine du VIH et de la santé sexuelle et reproductive, qui sont d’une importance critique dans une communauté où les tabous culturels et sociaux représentent un obstacle majeur ».

Le dernier jour de la campagne, un dialogue communautaire a été organisé pour discuter des problèmes rencontrés par la population de PK5 en matière de VIH et de santé sexuelle et reproductive. Les besoins sont urgents et vont des services sanitaires et sociaux élémentaires au manque d’opportunités économiques. L’accès insuffisant aux contraceptifs modernes, des connaissances incomplètes sur le VIH et la pauvreté contribuent à rendre les jeunes et les femmes vulnérables au VIH.

« Avec cette campagne, nous, les jeunes de PK5, nous démontrons que nous avons des ressources et que nous faisons partie de la solution concernant le VIH et d’autres problèmes sociaux », a déclaré Aroufay Abdel Aziz, Président des Jeunes Musulmans de République centrafricaine.

Une deuxième phase de cette campagne de dépistage et de sensibilisation au VIH va se poursuivre jusqu’à fin mars et englobera des messages de prévention ciblés sur le VIH, avec une sensibilisation par des pairs-éducateurs et des débats en petits groupes sur les problèmes du VIH et de la santé sexuelle et reproductive.

« L’ONUSIDA va poursuivre son engagement auprès du gouvernement, des autres agences des Nations Unies et des partenaires afin de renforcer l’implication des jeunes dans la riposte au VIH », a déclaré Patrick Eba, Directeur national de l’ONUSIDA pour la République centrafricaine.

L’Éthiopie montre que les communautés sont à la hauteur

15 février 2019

Le projet Community, Health Education and Knowledge Building (CHECK – Communauté, éducation à la santé et développement des connaissances) mené en Éthiopie est un projet collaboratif commun de l’Agence italienne pour la coopération et le développement (IACS) et de l’ONUSIDA. Ce projet a pour but de soutenir la sensibilisation sur la prévention du VIH et d’accroître la demande et le recours aux services de santé anti-VIH et autres, y compris sur les maladies non transmissibles.

Le projet est géré par l’intermédiaire de quatre partenaires d’exécution à Awasa, dans la Région des nations, nationalités et peuples du Sud, en Éthiopie. Il cible les femmes, les jeunes et les personnes vivant avec le VIH, y compris les personnes âgées, les professionnelles du sexe, les détenus et les employés de grands projets du secteur privé.

Le 7 février, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Tibero Chiari, Directeur de l’IACS, et Seharla Abdulahi, Ministre de la Santé éthiopienne, ont visité trois sites de mise en œuvre du projet CHECK afin d’évaluer les progrès et de rencontrer les bénéficiaires du projet.

« Le VIH crée des déchirures dans le tissu social qui nous relie tous ensemble. Mais en Éthiopie, les liens communautaires intègrent des anticorps qui permettent de contrer le VIH. Quand la communauté dispose des bonnes connaissances, elle est capable de rompre le cercle du VIH et de créer des liens plus forts entre les gens », a déclaré M. Chiari.

L’Association Tilla de femmes séropositives gère un centre de broderie qui soutient les femmes vivant avec le VIH à Awasa à travers des activités génératrices de revenus. Dans ce centre, les femmes vivant avec le VIH fabriquent toutes sortes d’articles brodés et tricotés, par exemple des maillots scolaires et des uniformes pour le secteur de la sécurité. Non seulement le centre apporte une aide financière aux femmes qui travaillent ici, mais il leur offre aussi un espace sûr et un appui émotionnel.

« Tilla, c’est un peu comme la maison de maman », explique Aster Kebede, une femme vivant avec le VIH qui travaille au centre. « C’est ma maison, mon école, mon lieu de travail… c’est tout pour moi ».

À quelques pas de Tilla se trouve l’Association Medhin de personnes âgées vivant avec le VIH, qui a le même impact sur ses membres. Beaucoup d’entre eux évoquent les conséquences que la stigmatisation et la discrimination ont eues sur leur vie, en particulier par rapport à leur statut de personnes âgées vivant avec le VIH, ainsi que la perte d’un mari, d’une épouse, d’un foyer ou d’un revenu à cause de la stigmatisation. L’association propose également de petites bourses à un grand nombre de ses membres, qui utilisent ce financement catalyseur pour générer des revenus, créer de petites entreprises et améliorer leur vie.

« Medhin m’a redonné confiance en moi », raconte Bizunesh Kensa, une femme vivant avec le VIH âgée de 64 ans. « Je ne me sens plus vulnérable et je ne m’inquiète plus ».

Le Parc industriel d’Awasa est un mégaprojet qui emploie 28 000 personnes, dont 92 % de jeunes femmes qui, pour un grand nombre d’entre elles, sont originaires des zones rurales de la région. Par l’intermédiaire du projet CHECK, le Bureau régional de la santé d’Awasa a produit et diffusé des supports documentaires sur la prévention du VIH et la santé sexuelle et reproductive pour les employés de ce mégaprojet.

« Ces projets montrent que ce qui compte le plus, c’est la vie des individus. Ils sont la preuve du pouvoir des projets à base communautaire pour rétablir la dignité des personnes vivant avec le VIH et leur redonner espoir en l’avenir », a déclaré M. Sidibé.

Lancement d’un partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH

10 décembre 2018

Malgré les obligations liées aux droits de l’homme et les engagements politiques, la stigmatisation et la discrimination liées au VIH restent largement répandues dans le monde et dans tous les secteurs de la société.

Faisant suite à un appel lancé par la société civile en 2017 afin d’accélérer et d’élargir les actions de lutte contre la stigmatisation et la discrimination, l’ONUSIDA, ONU Femmes, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP+) ont décidé de former ensemble le Partenariat mondial pour l’élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH.

Ce partenariat mondial a été lancé le 10 décembre, à l’occasion du 70e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, lors d’une manifestation organisée à Genève, en Suisse. Parmi les intervenants présents lors de cet événement figuraient Phanpob Plangprayoon, Représentant permanent adjoint de la Thaïlande auprès des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève, Dan Namarika, Secrétaire à la Santé du Malawi, Raquel Duarte, Vice-ministre de la Santé du Portugal, et Simran Shaikh, représentante communautaire auprès du Conseil de Coordination du Programme de l’ONUSIDA (CCP).

Les participants ont présenté des programmes qui ont prouvé leur efficacité dans le recul de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH dans les secteurs que ciblera ce partenariat mondial : santé, écoles, lieux de travail, famille, système judiciaire et structures d’urgence et humanitaires.

« Ce partenariat a pour but de transformer les engagements des États membres en programmes bien dotés, dont l’efficacité est avérée, et qui peuvent se traduire par la jouissance pour tous des droits liés au VIH », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA.

« Le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH est heureux de faire partie des coorganisateurs de ce partenariat mondial capital et inédit, dont la mission est de transformer les meilleures stratégies de nos communautés pour mesurer et lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH en des objectifs et des cibles réalistes et responsables », a déclaré Javier Hourcade Bellocq, Président du Conseil d’administration de GNP+.

Les personnes vivant avec le VIH, les adolescents, les jeunes et les populations clés connaissent la discrimination, notamment la discrimination fondée sur leur genre et leur identité de genre, leur race, leur appartenance ethnique, leur âge, leur orientation sexuelle, la consommation de drogues ou encore leur statut de migrant. Ces couches superposées de stigmatisation et de discrimination accroissent leur vulnérabilité au VIH et nuisent à leurs droits, notamment leur droit à la santé, au travail et à l’éducation.

À l’issue de cet événement, la délégation des organisations non gouvernementales du CCP de l’ONUSIDA a appelé les organismes coparrainants, les États membres, la société civile, les populations clés, les communautés et les partenaires à se joindre au partenariat mondial pour mener et soutenir des actions nationales concrètes et les investissements pour en finir avec la stigmatisation et la discrimination liées au VIH.

partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH

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Message de la journée mondiale du sida 2018

23 novembre 2018

1er décembre 2018

Cette année marque le 30e anniversaire de la première Journée mondiale de lutte contre le sida. Trente ans d’activisme et de solidarité sous la bannière de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Trente ans de campagne pour l'accès universel aux services de secours permettant de traiter et de prévenir le VIH. Mais après 30 ans, le sida n’est toujours pas éradiqué. Nous avons encore du chemin à parcourir.

La Journée mondiale de lutte contre le sida est une journée pour commémorer le décès de millions de personnes qui ont perdu la vie à cause de maladies liées au sida, dont beaucoup sont décédées parce qu'elles ne pouvaient pas accéder aux services de lutte contre le VIH, à cause de la stigmatisation, de la discrimination et de la tendance à l'incrimination des populations clés.

En cette Journée mondiale de lutte contre le sida, l’ONUSIDA mène une campagne visant la sensibilisation des personnes à connaître leur statut VIH et leur charge virale. En 2017, 9,4 millions de personnes ignoraient simplement qu'elles vivent avec une maladie potentiellement mortelle, mais traitable. Si les personnes ne connaissent pas leur statut VIH, celles vivant avec le VIH ne peuvent pas commencer le traitement et celles séronégatives ne peuvent pas acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour préserver leur statut. Si les personnes ne connaissent pas leur statut VIH, elles ne peuvent pas se protéger, protéger leurs familles et leurs partenaires. Si les personnes vivant avec le VIH ne connaissent pas leur charge virale, elles ne seront pas sûres de l'efficacité du traitement protégeant leur santé et mettant un terme à la transmission du VIH.

Vivez la vie positivement. Informez-vous de votre statut VIH.

Michel Sidibé

Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Secrétaire général adjoint des Nations Unies

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Tirer les leçons des approches au niveau des villes pour accélérer la riposte au sida

09 novembre 2018

La Déclaration de Paris pour la fin de l’épidémie de sida dans les villes a suscité un élan politique auprès des dirigeants municipaux à s’engager en faveur de la fin de l’épidémie de sida et de la lutte contre les disparités dans l’accès à la santé et aux services sociaux. À ce jour, environ 300 villes et municipalités du monde entier ont signé la déclaration.

Avec le soutien d’USAID, un projet commun de l’ONUSIDA et de l’International Association of Providers of AIDS Care sur l’initiative Les villes s’engagent a été élaboré dans le but d’apporter un appui technique essentiel et stratégique aux villes prioritaires les plus touchées, en vue d’accélérer la riposte au sida et d’honorer les engagements pris en signant la Déclaration de Paris. Le 2 novembre, dix villes, représentées par des autorités locales, des organisations de la société civile, des partenaires de développement et d’autres partenaires, se sont retrouvées à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour mener une réflexion sur les expériences et les leçons à tirer de la première année de mise en œuvre de ce projet.

Dans ces dix villes, le leadership politique de la riposte au VIH s’est mobilisé et les services municipaux chargés de la santé sont activement impliqués dans le pilotage de la riposte au VIH. En outre, les projets bénéficient d’un appui de haut niveau de la part des autorités locales et nationales, ainsi que des conseils nationaux sur le sida. Au Cameroun, à Yaoundé, le projet a été l’occasion de réunir les partenaires à intervalles réguliers, sous le leadership des sept maires de la municipalité, afin d’améliorer la coordination des activités, de supprimer les doublons potentiels et de suivre les avancées.

Le projet contribue à l’innovation dans les villes. À Jakarta, en Indonésie, un essai de concept de solutions mobiles a permis de définir une approche efficace et pertinente pour atteindre les jeunes et une application mobile est en cours de développement pour cibler les jeunes hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes avec des messages clés concernant le dépistage, la prévention et le conseil sur le VIH.

« Les villes possèdent leurs propres avantages uniques dans la constitution d’une approche multisectorielle du VIH et peuvent bénéficier d’opportunités de transformation sociale associées à une riposte au sida renforcée. L’équité, l’inclusivité, la résilience et la durabilité sont non seulement fondamentales pour une stratégie de santé réussie, mais forment aussi les pierres angulaires d’une ville prospère », a déclaré Catherine Sozi, Directrice de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Afrique orientale et australe.

La société civile s’engage activement dans ces dix villes. À Kinshasa, en République démocratique du Congo, la société civile est active dans la mise en œuvre du projet, dans les réunions de sensibilisation avec les dirigeants politiques, les autorités nationales et d’autres partenaires, portant sur les questions de stigmatisation, de discrimination et de droits de l’homme. Au Rwanda, l’équipe de Kigali a mis en avant l’appui apporté par le projet concernant les activités stratégiques de proximité visant à fournir des services anti-VIH aux populations clés, notamment avec la distribution de plus de 10 000 préservatifs dans trois endroits différents.

« Grâce au projet de kiosque à préservatifs mené avec les autorités municipales, nous avons pu atteindre avec succès les populations clés de Kigali », a expliqué Nadège Uwase, Responsable de programme de l’association Kigali Hope. « Les personnes qui accèdent à ces services font confiance aux autres membres de la communauté, et nous y voyons un moyen de nous engager intelligemment auprès des pouvoirs publics pour accélérer la riposte ».

En Afrique du Sud, à Durban et à Johannesburg, le projet bénéficie d’un soutien politique de haut niveau, aussi bien de la part des autorités locales que nationales. À Johannesburg, le projet va soutenir la création d’un conseil municipal sur le sida, avec pour objectif clé de coordonner la riposte au VIH dans la ville.

Durban, Jakarta, Johannesburg, Kigali, Kinshasa, Lusaka, Maputo (Mozambique), Nairobi (Kenya), Windhoek (Namibie) et Yaoundé sont les dix premières villes à participer au projet.

L’Équateur innove en matière de prévention du VIH dans ses villes

07 novembre 2018

Entouré par les imposantes bâtisses datant de plusieurs siècles de la vieille ville de Quito, un groupe d’hommes joue à une version modifiée d’un jeu de Jenga. Chaque pièce de bois qu’ils extraient avec précaution de la tour correspond à une information de santé sexuelle. Les joueurs sont extrêmement concentrés tandis que le pair-éducateur leur montre comment utiliser un préservatif féminin. Une table plus loin, des jeunes gens sont réunis autour d’une démonstration d’utilisation d’un préservatif masculin. Les gens pourraient s’arrêter dans les stands de mesure de la tension artérielle ou de tests de glycémie, mais ils s’attardent auprès de celui qui dispense une éducation sexuelle à moindre risque, très animé.

Cet engagement pratique est le résultat d’une collaboration entre les directeurs chargés de la santé et de l’inclusion sociale auprès de la Municipalité de Quito et les organisations de la société civile, notamment la Kimirina Corporation. Deux ans après être devenue la première ville des Andes à signer la Déclaration de Paris sur la fin de l’épidémie de sida dans les villes, Quito a élargi de manière considérable ses programmes de dépistage et de prévention du VIH. À quatre cents kilomètres de là, la ville de Guayaquil suit son exemple, avec l’extension de la prévention du VIH et du dépistage communautaire.

L’année passée, l’accent sur le dépistage communautaire a été renouvelé, avec des résultats concrets. La proportion de personnes nouvellement diagnostiquées qui ont été redirigées vers les services de santé a augmenté d’un quart à Quito et d’un tiers à Guayaquil.

« Il ne s’agit pas seulement de l’épidémie, mais aussi de l’application d’approches pratiques », a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé à l’occasion d’une visite en Équateur le 30 octobre. « Nous voyons des gens qui ont ainsi accès à l’instruction, aux services et au dépistage. Tout ce que nous faisons avec l’appui de la communauté est durable ».

Cette mise en avant de la participation communautaire est une caractéristique essentielle du nouveau Plan stratégique national multisectoriel de l’Équateur sur le VIH. Lors du lancement symbolique de ce plan le 30 octobre, la Ministre équatorienne de la Santé publique, Veronica Espinosa, a insisté sur le fait que les missions pour en finir avec le sida et bâtir une société meilleure forment un seul et même tout.

« Nous œuvrons pour garantir une vie sans préjugés et le droit à la santé pour tous sans discrimination », a déclaré Mme Espinosa.

De plus, l’approche basée sur les droits de l’homme pour les services anti-VIH ne s’arrête pas aux citoyens équatoriens. L’Équateur a fait preuve d’un immense leadership en ce qui concerne les migrants, notamment en assurant une prise en charge médicale des réfugiés et des migrants vivant avec le VIH.

« Vous avez tendu la main et ouvert vos cœurs à des personnes qui venaient d’ailleurs », a déclaré M. Sidibé. « En donnant accès au traitement à des personnes qui auraient pu être laissées pour compte, vous démontrez que vous placez la barre très haut, non seulement pour vous-mêmes, mais aussi pour le reste du monde ».

Lancement du réseau de coopération de la société civile pour les Amériques et les Caraïbes

02 novembre 2018

Un nouveau réseau régional de coopération de la société civile pour les Amériques et les Caraïbes, destiné à soutenir les organisations non gouvernementales qui œuvrent pour la fin du sida, a été lancé le 30 octobre à Quito, en Équateur. Présentée par Coalition PLUS, cette initiative va soutenir la coordination et le renforcement des capacités au sein des organisations communautaires impliquées dans la riposte au sida en Amérique du Nord, en Amérique centrale, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.

« Malgré la mise à disposition de services anti-VIH, les gens n’y ont pas accès parce qu’ils sont criminalisés et stigmatisés. Le mouvement communautaire nous aide à briser la loi du silence autour de la discrimination. Nous avons besoin de la société civile pour accroître les efforts et concrétiser les politiques progressistes qui nous ouvriront la voie vers la fin de l’épidémie de sida », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Depuis 2014, Coalition PLUS, une alliance internationale comptant plus de 100 organisations non gouvernementales contribuant à la riposte au sida, conçoit et renforce des mécanismes de collaboration régionale. De tels réseaux existent déjà en Afrique occidentale, en Afrique centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que dans l’Océan indien et en Europe.

Hakima Himmich, Présidente de Coalition PLUS, a déclaré que le réseau allait élargir l’accès des organisations à de nouvelles ressources et de nouvelles approches correspondant au contexte local de chacune. Elle a fait remarquer qu’il était particulièrement important de renforcer les capacités de la société civile en ce qui concerne la réponse aux besoins des plus vulnérables.

« Nous faisons face à d’importants problèmes en matière de stigmatisation et de discrimination à l’encontre de populations entières. Pour parvenir à maîtriser l’épidémie, nous devons aussi prendre en compte les droits de l’homme », a ajouté Mme Himmich.

Les données de l’ONUSIDA montrent qu’en 2017, les populations clés et leurs partenaires sexuels représentaient trois quarts des nouvelles infections à VIH en Amérique latine et deux tiers des nouvelles infections dans les Caraïbes. Les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, de même que les femmes transgenres, sont touchés de manière disproportionnée, avec quelques pays qui signalent un taux de prévalence du VIH supérieur à 15 % au sein de ces communautés.

Les activités du réseau dans la région seront coordonnées par la Kimirina Corporation, une organisation équatorienne axée sur la prévention et la sensibilisation combinées centrées sur les individus. Amira Herdoiza, Directrice de la Kimirina Corporation, explique que la plate-forme mettra l’accent sur la recherche coordonnée, le renforcement des compétences et la sensibilisation, notamment en ce qui concerne les questions qui touchent les jeunes et les populations clés. 

« Nous avons besoin de plus de recherches multinationales pour illustrer les différentes nuances de nos épidémies », a déclaré Mme Herdoiza. « Grâce à ce réseau, les capacités de nos organisations à partager et analyser les données seront renforcées. Nous allons également nous concentrer sur l’échange d’expériences et la planification de programmes conjoints ».

À l’heure actuelle, trois autres membres font partie du réseau régional : la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) au Canada ; AIDES aux Antilles françaises ; et l’Institut pour le développement humain dans l’État plurinational de Bolivie. D’autres organisations régionales sont invitées à faire partie de l’initiative.

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