Community mobilization

ONUSIDA : la riposte au VIH à l’heure de la COVID-19

03 décembre 2020

Dès les premières heures de la pandémie, l’ONUSIDA a aidé les personnes vivant avec le VIH et touchées par le VIH à affronter les répercussions de la COVID-19.

En janvier et février, suite à l’instauration d’un confinement dans la ville chinoise de Wuhan à cause de la COVID-19, le Bureau pays de l’ONUSIDA en Chine a commencé à recevoir des messages de frustration et des appels à l’aide sur les réseaux sociaux de la part de personnes vivant avec le VIH.

En février, une enquête élaborée et lancée en partenariat avec l’ONUSIDA et menée auprès de personnes séropositives en Chine révélait que la pandémie de COVID-19 avec un impact important sur la vie des personnes séropositives dans le pays. Près d’un tiers signalaient avoir peur d’arriver à court de médicaments dans les prochains jours à cause du confinement et des restrictions de déplacement instaurées dans certaines régions.

Les mesures de confinement ont également empêché des personnes séropositives se trouvant hors de leur ville de résidence de retourner chez elles et d’accéder aux services du VIH, y compris à leur traitement, fournis par leur prestataire de santé habituel.

Le Bureau pays de l’ONUSIDA en Chine a travaillé avec l’alliance BaiHuaLin et d’autres partenaires communautaires afin d’établir de toute urgence un lien avec les personnes risquant de manquer de médicaments et de garantir le renouvellement de leur ordonnance. À la fin mars, 6 000 personnes avaient utilisé les points de collecte spéciaux et les livraisons postales d’antirétroviraux mis en place par l’ONUSIDA à Wuhan. Très tôt, l’ONUSIDA a également offert des équipements de protection à des organisations de la société civile aidant les personnes vivant avec le VIH, à des hôpitaux et à d’autres entités.

Mais l’action du Bureau pays de l’ONUSIDA en Chine ne s’est pas limitée au territoire national. La responsable de la mobilisation de la communauté au sein du bureau pays de l’ONUSIDA en Chine, Liu Jie, a ainsi été surprise de recevoir en mars un appel de Pologne. « Un ressortissant chinois s’est présenté en disant qu’il était bloqué en Pologne et qu’il lui restait deux jours avant de finir ses médicaments contre le VIH », explique-t-elle.

Avec les restrictions de déplacement paralysant un nombre croissant de pays, cet homme ne pouvait ni rentrer chez lui ni obtenir de traitement. Ne sachant pas quoi faire, il avait pris contact avec une organisation de la communauté chinoise et, par ce biais, avec l’ONUSIDA à Beijing. Quelques appels plus tard, le National AIDS Center en Pologne prenait le relais. 24 heures plus tard, Mme Liu recevait une photo de cet homme avec une boîte d’antirétroviraux dans la main.

L’ONUSIDA n’a pas seulement aidé cet homme bloqué en Pologne à obtenir son traitement. En mai, l’organisation a permis à des centaines de personnes ne pouvant pas rentrer chez elles d’obtenir des antirétroviraux dans différents pays du monde.

La veille de son retour en Inde, Deepak Sing (nous avons changé son nom) s’est retrouvé coincé à Luanda en Angola à cause de l’arrêt des liaisons internationales. « Je me suis rendu dans plus de 10 pharmacies et je me suis renseigné sur les possibilités de me faire livrer des antirétroviraux d’Inde en Angola, mais en vain », se souvient-il. Le directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Angola a renvoyé M. Sing vers l’institut national du sida en Angola qui a ensuite organisé une téléconférence avec un médecin. En effet, l’un des médicaments pris par M. Sing n’était pas encore utilisé dans le pays. Le médecin a proposé une autre référence et, moins de 24 h plus tard, M. Sing a pu obtenir son traitement.

La communauté de lutte contre le VIH s’est très rapidement rendu compte au cours de la pandémie de COVID-19 que la délivrance d’ordonnance pour plusieurs mois de traitement du VIH est une manière de garantir l’accès continu aux médicaments et d’éviter le risque de transmission du nouveau coronavirus chez les personnes séropositives.

La Thaïlande a été l’un des premiers pays à agir en ce sens. Le gouvernement a annoncé fin mars la délivrance de doses pour trois à six mois de thérapie antirétrovirale aux bénéficiaires du régime de la sécurité sociale. Suite à cette décision, l’ONUSIDA a coopéré étroitement avec le ministère de la Santé publique et des partenaires en vue d’étendre cette mesure à l’ensemble des régimes d’assurance maladie.

L’ONUSIDA a aidé des pays du monde entier à garantir que les personnes vivant avec le VIH ont accès à des réserves pour plusieurs mois de leur traitement du VIH. Par exemple, au Sénégal en mai, tout le monde n’a pas pu obtenir ses médicaments. En cause : des dysfonctionnements de la chaîne logistique dus notamment à une mauvaise évaluation de l’approvisionnement nécessaire en thérapie antirétrovirale par certains établissements et un approvisionnement centralisé irrégulier. L’ONUSIDA a apporté son soutien au gouvernement pour ce qui est du suivi des commandes d’antirétroviraux et du renforcement de la chaîne logistique.

Le même mois, un groupe de modélisation réuni par l’Organisation mondiale de la Santé et l’ONUSIDA a estimé que, faute d’efforts pour maintenir la continuité des services de santé et éviter les ruptures de stock au cours de la pandémie de COVID-19, une interruption de six mois de la thérapie antirétrovirale provoquerait plus de 500 000 décès supplémentaires imputables à des maladies opportunistes. Cette interruption annihilerait les progrès accomplis au niveau de la transmission du VIH de la mère à l’enfant et entraînerait une augmentation des nouvelles infections au VIH chez les enfants pouvant atteindre 162 %.

L’éloignement physique et les règles d’hygiène pour contrer le nouveau coronavirus sont particulièrement difficiles à respecter au sein de certaines communautés. En avril, l’équipe de l’ONUSIDA en appui régional pour l’Afrique orientale et australe et Reckitt Benckiser ont uni leurs efforts pour distribuer plus de 195 000 colis d’hygiène à des personnes séropositives vivant dans la région. Chaque paquet contenait des réserves pour trois mois de savon Dettol et de nettoyant pour surface Jik. Les Bureaux pays de l’ONUSIDA et des réseaux de personnes vivant avec le VIH ont distribué ces colis dans 19 pays. Cette distribution s'inscrit dans les mesures visant à réduire l’exposition aux effets de la COVID-19 parmi les personnes vivant avec le VIH.

Le Kirghizistan a proclamé l’état d’urgence dans certaines régions en mars ce qui a provoqué une baisse des revenus pour de nombreuses personnes. Le bureau pays de l’ONUSIDA au Kirghizistan avec le soutien d’un programme russe d’appui technique a organisé la livraison de colis alimentaires à destination des familles de personnes vivant avec le VIH, ainsi que de cahiers de coloriage, de feutres et de palettes d'aquarelle pour leurs enfants afin de les aider à traverser la période de confinement. « Nous espérons que cette aide modeste permettra d’une manière ou d’une autre aux personnes séropositives de poursuivre leur traitement », a déclaré à l’époque la responsable pays de l’ONUSIDA pour le Kirghizistan.

Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Angola a utilisé ses partenariats pour distribuer des rations alimentaires à des milliers de personnes vivant à Luanda. En République unie de Tanzanie, l’ONUSIDA et des partenaires ont aidé des consommatrices de drogues injectables vivant dans des camps et des bidonvilles de Dar es-Salaam. En Côte d’Ivoire, à Abidjan, un partenariat similaire a transféré des fonds à des foyers vulnérables pour assurer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et l'achat de kits sanitaires de base.

Les membres des populations clés et les personnes vivant avec le VIH ont été durement touchées par la riposte à la COVID-19. Tout au long de la pandémie, l’ONUSIDA a défendu les droits des hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des personnes transgenres, des professionnel-les du sexe, des consommateurs et consommatrices de drogues injectables et des personnes incarcérées.

En avril, le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe et l’ONUSIDA ont appelé les pays à prendre immédiatement des actions nécessaires en vue de protéger la santé et les droits des professionnel-les du sexe pendant la pandémie de COVID-19. L’ONUSIDA s’est lancée dans un projet avec la Caribbean Sex Work Coalition afin d’aider les réseaux nationaux à satisfaire les besoins en informations, en prévention du VIH et en assistance sociale des professionnel-les du sexe au cours de la pandémie. « Les régimes de protection sociale doivent inclure les professionel-les du sexe. Beaucoup ont besoin d’une aide financière d’urgence », a déclaré le directeur du bureau sous-régional de l’ONUSIDA dans les Caraïbes.

L’ONUSIDA en Jamaïque a apporté une aide financière pour assurer que l’association Transwave militant pour les droits des personnes transgenres dispose d’équipements de protection personnelle et pour compléter les stocks en colis de ravitaillement. Par ailleurs, l’organisation a veillé à ce que les difficultés rencontrées par la communauté transgenre soient prises en compte dans la riposte à la COVID-19 coordonnée par la société civile engagée dans la lutte contre le VIH dans le pays. « La COVID-19 a révélé au grand jour à quel point les personnes sont vulnérables lorsqu’elles n’ont pas un accès équitable aux opportunités, à la justice et aux soins de santé », a déclaré le conseiller de l’ONUSIDA pour la mobilisation communautaire en Jamaïque. « Le fait que Transwave a continué son action tout au long de cette période est important et une source d’inspiration.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’ONUSIDA ne cesse de demander aux gouvernements de respecter les droits humains, de prévenir la violence basée sur le genre et de lutter contre. Au mois de juin, l’ONUSIDA a publié un rapport mettant en avant six actions essentielles en vue de placer l’égalité des sexes au centre de la riposte à la COVID-19 et montrant aux gouvernements comment lutter contre les effets des discriminations et liés au genre de la COVID-19.

« La pandémie de COVID-19 lève le voile sur les discriminations contre lesquelles les femmes et les filles luttent tous les jours de leur vie, de la même manière que le VIH a révélé avant elle des inégalités et des injustices », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, le jour du lancement du rapport.

En août, l’ONUSIDA a enjoint aux gouvernements de protéger les plus vulnérables, en particulier les populations clés exposées à un risque élevé de contamination au VIH, dans un rapport visant à aider les pays à prendre des mesures positives pour lutter contre les violations des droits humains dans le contexte en constante évolution de la COVID-19.

Le mois suivant, l’ONUSIDA publiait un rapport révélant comment des pays aux prises avec la COVID-19 utilisent l’expérience et les infrastructures de la riposte au sida pour garantir une riposte plus solide aux deux pandémies.

En octobre, l’ONUSIDA a émis des recommandations en vue de réduire la stigmatisation et la discrimination au cours des ripostes à la COVID-19 Puisant dans les 40 ans d’expérience de la riposte au sida, ces recommandations reposent sur des informations récentes portant sur des méthodes qui réduisent efficacement la stigmatisation et la discrimination liées au VIH, et les appliquent à la COVID-19. À l’instar de l’épidémie de VIH, la stigmatisation et la discrimination peuvent entraver considérablement les ripostes à la COVID-19. Les personnes qui ont intériorisé ou qui anticipent des comportements stigmatisants auront davantage tendance à éviter les services de santé, à ne pas se faire dépister ou à fermer les yeux sur les symptômes, devenant ainsi des fantômes de la pandémie.

En préparation de l’avenir, l’ONUSIDA a rejoint l’appel lancé en faveur d’un vaccin universel de la COVID-19, un vaccin abordable mis à disposition de toutes et tous.

Notre action

COVID-19 et VIH

Six concrete measures to support women and girls in all their diversity in the context of the COVID-19 pandemic

Droits en cas de pandémie — Confinements, droits et leçons du VIH dans la réponse précoce à la COVID-19

COVID-19 and HIV: 1 moment, 2 epidemics, 3 opportunities—how to seize the moment to learn, leverage and build a new way forward for everyone’s health and rights

Lutter contre la stigmatisation et la discrimination : Appliquer ce qui fonctionne et a fait ses preuves dans six contextes de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH à la réponse à la COVID-19

L’ONUSIDA salue l’arrivée de Suki Beavers au poste de Directrice pour l’égalité des sexes, les droits humains et l’engagement communautaire

16 novembre 2020

GENÈVE, le 16 novembre 2020—L’ONUSIDA est heureuse d’annoncer la nomination de Suki Beavers au poste de Directrice pour l’égalité des sexes, les droits humains et l’engagement communautaire au sein du service Programme de l’ONUSIDA.

Mme Beavers intègre l’organisation après avoir été directrice exécutive de l’Association nationale Femmes et Droit au Canada, où elle a coordonné les efforts pour l’élaboration d’analyses juridiques féministes de qualité et de stratégies de réforme juridique afin de promouvoir les droits et l’autonomisation des femmes dans toute leur diversité.

« Avec sa vaste expérience dans les droits et l’autonomisation des femmes, la violence sexuelle et basée sur le genre, la santé sexuelle et reproductive, ainsi que les droits humains, Mme Beaver est un atout considérable pour l’ONUSIDA, » a souligné Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Son engagement passionné en faveur des droits des femmes et des plus vulnérables sera précieux pour faire évoluer le travail de l’ONUSIDA dans ces domaines essentiels. »

À son nouveau poste, Mme Beavers dirigera l’action de l’ONUSIDA pour lutter contre les problèmes liés aux droits humains, notamment la stigmatisation et la discrimination, les inégalités et les violences à l’encontre des femmes et des filles, l’application abusive du droit pénal et les approches répressives, qui restent les principaux obstacles à des ripostes efficaces au VIH. Elle supervisera également le travail de l’ONUSIDA en faveur de l’égalité des sexes, de l’émancipation des femmes, ainsi que de la jouissance pleine et entière par les femmes et les filles de leur santé et de leurs droits sexuels et reproductifs. Par ailleurs, elle guidera aussi les efforts visant à soutenir le rôle essentiel des communautés dans la sensibilisation, la participation et la coordination des ripostes au sida et de la fourniture de services.

« Je suis d’autant plus fière de rejoindre l’ONUSIDA aujourd’hui alors que nous œuvrons pour renforcer au niveau local, national, régional et mondial les efforts nécessaires pour promouvoir les droits des femmes et des filles, mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination, affermir et étendre l’engagement des communautés, car ce sont des éléments essentiels à la riposte au VIH », a déclaré Mme Beavers. 

L’ONUSIDA remercie ici Luisa Cabal qui a assuré la fonction de Directrice par intérim de ce service depuis juin 2019. 

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Échanges interreligieux sur la manière de faire progresser la riposte au VIH

06 octobre 2020

Un millier de croyants et croyantes de diverses confessions qui s'impliquent dans la lutte contre le VIH se sont rassemblé-es récemment au cours de la conférence œcuménique en ligne sur le VIH : Resilience & Renewal: Faith in the HIV Response.

« Il est important aujourd’hui plus que jamais que les communautés confessionnelles et leurs responsables  soient des relais efficaces pour les populations. Autrement dit, à l’heure de la COVID-19, il s’agit de prendre conscience que les appels à lutter contre la COVID-19 et ceux contre le VIH doivent se compléter et déboucher sur des synergies. Ils ne sont pas en concurrence. Nous allons nous appuyer sur les partenaires confessionnels afin qu’ils soient des relais efficaces et fidèles pour aider les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA responsable des programmes.

Au cours de cette rencontre de trois jours, les participantes et participants ont identifié des mesures communes pour lutter contre des défis et des problématiques émergentes liés à l’atteinte des objectifs 2020 et 2030 de la lutte contre le VIH. Les responsables des différentes confessions étaient invité-es à signer la déclaration en ligne d’engagement en faveur de la riposte au VIH : Our Promise to Action—Resilience & Renewal: Faith in the HIV Response

Cette conférence a également servi de cadre au lancement de la 13 Million Campaign. L’objectif de cette campagne consiste à impliquer les personnalités importantes, les personnes et les communautés confessionnelles afin de promouvoir l’accès aux services de santé auprès des 13 millions d’enfants, de femmes et d’hommes vivant avec le VIH et qui ne suivent pas encore de thérapie antirétrovirale.

La Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a rappelé aux personnes présentes que près de 40 ans de riposte au VIH nous ont appris combien la solidarité mondiale est essentielle pour surmonter la pandémie de COVID-19. Tout comme le VIH, cette nouvelle pandémie ne se limite pas à une maladie. Elle a en effet des répercussions sociales, économiques, éthiques et politiques sur la société et seule une approche multisectorielle, notamment en impliquant les communautés confessionnelles, peut aider l’humanité à y mettre un terme. 

Jessie Milan Jr, directeur exécutif d’AIDS United, a souligné que les communautés marginalisées sont davantage vulnérables aux deux épidémies. Les injustices raciales aggravent par ailleurs les souffrances. « Notre communauté religieuse est d’autant plus pertinente lorsque la foi que nous portons en nos systèmes et en nos sociétés est ébranlée », a-t-il indiqué.

L’archevêque sud-africain, Thabo Makgoba, a souligné que les institutions religieuses servent les plus faibles, en particulier au niveau national, et fournissent une part considérable des services et coopèrent activement avec les agences gouvernementales. Il a proposé que 5 % des financements internationaux de la lutte contre le VIH soient alloués aux initiatives liées à une confession.

Katy Godfrey représentant le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR) a partagé son expérience pour ce qui est de la fourniture de services liés au VIH à 15,7 millions de personnes grâce à une collaboration étroite avec les gouvernements et les communautés confessionnelles. Elle a rappelé que l’efficacité des services ne peut être assurée qu’en apprenant continuellement, en étant à l’écoute des besoins des communautés et en collaborant avec elles. Les services doivent faire la part belle à une prise en charge convenable des personnes sans oublier de se préoccuper du personnel soignant et des aidants et aidantes.

Les groupes confessionnels ont partagé leurs bonnes pratiques concernant la fourniture de services de lutte contre le VIH au cours de la COVID-19. La conférence a été aussi l’occasion pour eux de découvrir les avancées de la science et de la recherche ainsi que les informations présentées lors de la Conférence internationale sur le sida de 2020. Des témoignages apportés par des personnes impliquées dans la riposte au VIH ont alimenté les discussions et ont permis de tirer des enseignements de leur expérience et de leur vécu. Des chants, des prières et des pétitions signées par des enfants ont attiré l’attention sur le retard qu'accuse actuellement la riposte au VIH auprès des enfants et des ados.

Des responsables de communautés ont également joué un rôle central au cours de cette conférence.

Parmi les participantes figuraient neuf femmes nigérianes en situation de handicap appartenant au BOLD (Beautiful Outstanding Ladies with Disabilities) Hearts Network. Ndifreke Andrew-Essien, coordonnatrice du BOLD Hearts Network, a déclaré : « Cela fait chaud au cœur d’écouter et de voir des personnes ayant un handicap et vivant avec le VIH raconter comment elles renforcent leur résilience. Elles ont été une source d’inspiration pour beaucoup. Cette conférence nous a énormément appris. Nous espérons qu’à l’avenir, l’interprétation en langue des signes permettra à nos membres mal entendant-es d’y avoir accès. »

« J’ai été très impressionnée par les bonnes pratiques au Kenya, en particulier celles consistant à mettre en relation les personnes séropositives qui ont réussi à supprimer leur charge virale. Recourir à une stratégie reposant sur une célébration, plutôt que sur des punitions, est une source d’inspiration pour moi », a expliqué Aarti Parab, l'une des six ados vivant avec le VIH qui ont pu participer à la conférence.

Un groupement d’organisations confessionnelles d’horizons variés et de personnes vivant avec le VIH venant du monde entier a organisé cette rencontre qui s’est tenue du 22 au 24 septembre avec le soutien de l’UNAIDS/PEPFAR Faith Initiative.

En Tanzanie, des organisations communautaires viennent en aide aux consommatrices de drogue

05 octobre 2020

En République unie de Tanzanie, dans la ville de Dar-es-Salaam, des organisations communautaires jouissant du soutien de l’ONUSIDA aident des consommatrices de drogue et leur famille à survivre au cours de la période difficile que nous traversons.

« Avant la pandémie, la vie était simple et meilleure. Je faisais de petits boulots sur la plage comme nettoyer le poisson, aider à charger et à nettoyer les bateaux, et les gens me payaient pour cela. J’aidais ma fille à laver ses vêtements, je l’accompagnais à l’école et je cuisinais pour elle. La vie était simple », explique Doroth Hassan assise devant les locaux de SALVAGE, une organisation affiliée au Tanzania Network for People who Use Drugs (TaNPUD) et installée dans le quartier de Kigamboni à Dar-es-Salaam.

En temps normal, Mme Hassan a recours au commerce du sexe et aux petits boulots informels, comme travailler sur la plage, afin de couvrir ses besoins et ceux de sa fille. Mais l’arrivée de la pandémie de COVID-19 a tout bouleversé.

« La vie a changé aujourd’hui. Je vis dans la peur et je me fais du souci. Les personnes pour qui je travaillais ne veulent plus payer, car elles disent qu’elles n’ont plus d’argent à cause du coronavirus. Tout a changé. La vie est dure. Mes clients ont disparu, ils se sont évaporés. Et les derniers qui continuent à venir trichent, ils tirent sur le prix des prestations sexuelles », continue Mme Hassan.

Et ses soucis sont partagés par d’autres. La plupart des consommatrices de drogue à Dar-es-Salaam ont recours aux mêmes expédients pour survivre : commerce, travail du sexe, activités dans le secteur informel. Elles vivent dans des camps de toxicomanes ou dans des zones d’habitat informel surpeuplées.

Avec le soutien de l’ONUSIDA et d’autres partenaires, des organisations communautaires locales, dont le TaNPUD et SALVAGE, sont en mesure d’apporter un peu de réconfort à des femmes vivant dans des camps et des bidonvilles de Dar-es-Salaam.

« Le TaNPUD a fait prendre conscience de notre situation et SALVAGE nous a fourni, ainsi qu’à d’autres femmes de la communauté, des seaux, du savon et de la nourriture, ou encore d’autres produits d’hygiène. Le TaNPUD est un défenseur fiable de nos droits à la santé », indique Oliver Kinanda, une ancienne toxicomane suivant aujourd’hui un traitement de substitution aux opioïdes.

Mme Kinanda est également bénévole à la clinique de traitement médicamenteux (Medication-Assisted Treatment, MAT) du quartier de Temeke où elle habite. Elle y fait de la prévention de la tuberculose et collecte des échantillons afin d’effectuer un dépistage de la maladie. Néanmoins, son travail a changé depuis l’arrivée de la COVID-19.

« En tant que conseillère au sein de ma communauté, je dispose d’informations sur la prévention de la COVID-19. Je renseigne et je sensibilise sur ce thème. J’ai aussi obtenu de l’aide tout comme d’autres personnes consommant des drogues, par exemple sous forme de masques », continue Mme Kinanda. Elle a également reçu des informations et de l’aide d’autres organisations communautaires locales, y compris des dons destinés à sa communauté et aux personnes qu’elle rencontre à la clinique Temeke MAT.

Mme Hassan a aussi obtenu la même aide.

« Le TaNPUD a attiré l’attention sur notre situation et SALVAGE, en tant qu’organisation affiliée au TaNPUD et dédiée à l’aide aux femmes, nous aiguille vers d’autres services pour ce qui est des soins et du traitement. L’association nous fournit un abri, de la nourriture et des produits d’hygiène », explique-t-elle.

Cette assistance distribuée grâce au soutien financier et matériel de l’ONUSIDA aidera non seulement à atténuer certaines conséquences de la pandémie, alors même que les effets de la COVID-19 s’estompent lentement au sein de la République unie de Tanzanie.

Happy Assan, coordonnatrice du TaNPUD, indique que cette aide a déjà été apportée à 55 familles de consommatrices de drogue de Dar-es-Salaam.

« L’aide couvrait les besoins alimentaires et d’hygiène. Elle a également permis aux femmes de rester chez elles plutôt que de sortir, par exemple pour chercher des clients, et de négocier des pratiques sexuelles à moindre risque. Cette assistance a permis d’atténuer l’insécurité alimentaire des familles avec des enfants », conclut Mme Assan.

Les consommatrices de drogues sont nombreuses à vivre avec le VIH ou à être exposées à une infection. Elles dépendent ainsi d’un accès fiable au traitement et aux soins, y compris aux services de réduction des risques. Malgré le soutien au sein de la communauté, certains services indispensables aux femmes toxicomanes sont toutefois interrompus.

« Les services de réduction des risques sont à l’arrêt, ils sont plus rares. Finie la distribution de préservatifs ou autres, seules des aiguilles et des seringues sont encore distribuées. Au moins, maintenant, SALVAGE nous aide en nous donnant des produits d’hygiène. L’hôpital ne fournit pas d’autre aide, seulement un traitement du VIH », explique Mme Hassan.

Mmes Hassan et Kinanda expliquent être confrontées à une recrudescence de la stigmatisation au cours de la pandémie qui est imputable en partie à des conséquences inattendues de l’aide reçue. Les masques distribués étant d’une certaine couleur, les membres des communautés locales voient ainsi directement que les femmes qui les portent sont des toxicomanes. Des personnes signalent que la stigmatisation et la discrimination sont monnaie courante à l’hôpital, ce qui dresse des barrières supplémentaires pour accéder aux services. Mais le plus difficile est la perte de revenus à cause de la pandémie.

Et comme Mme Kinanda le résume si bien : « Pas de clients, pas d’argent. Du point de vue financier, je souffre, car mes clients disent ne pas avoir d’argent parce que leur travail est touché par le coronavirus. Je continue de sensibiliser et d’apporter des informations à ma communauté et aussi à ma famille. C’est difficile financièrement, mais je n’ai pas d’autre choix que de continuer à aller de l’avant. »

Notre action

Populations clés

HIV Policy Lab : une nouvelle initiative est lancée en matière de législation et de réglementation sur la riposte au VIH

29 septembre 2020

WASHINGTON, D.C./GENÈVE, le 29 septembre 2020 - Malgré des décennies de progrès scientifique dans la riposte au VIH, les avancées demeurent contrastées. Certains pays diminuent rapidement le nombre de décès liés au sida et aux nouvelles infections au VIH, tandis que d'autres constatent l'aggravation de l'épidémie. La législation et la réglementation expliquent en grande partie cet écart. 

L'outil HIV Policy Lab, lancé aujourd'hui, collecte et surveille les lois et réglementations liées au VIH à travers le monde. 

« En matière de VIH, la législation et la réglementation peuvent sauver des vies ou condamner à mort. Elles peuvent assurer l'accès aux dernières avancées scientifiques, aider la population à faire respecter ses droits et à vivre sereinement ou, au contraire, faire obstacle à son bien-être. La riposte au VIH nous impose entre autres actions stratégiques de soumettre le contexte réglementaire, comme tous les outils fondamentaux, à des mesures et à des transformations », affirme Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l'ONUSIDA.

L'outil graphique HIV Policy Lab représente visuellement les données et facilite la comparaison des réglementations nationales à l'aide de 33 indicateurs dans 194 pays afin de mesurer le contexte réglementaire. Il vise à améliorer la transparence et la capacité à comprendre. Il doit faciliter l'utilisation des informations et la comparaison entre pays. Il doit également encourager les gouvernements à tirer les enseignements des décisions de leurs voisins, inciter la société civile à s'émanciper et la recherche à examiner les répercussions de la législation et de la réglementation relatives à la pandémie de VIH. 

Selon Matthew Kavanagh, directeur de l'initiative Global Health Policy & Politics à l'institut O'Neill de l'université de Georgetown, « La réglementation désigne la manière dont les gouvernements appliquent la science à grande échelle. Si nous voulons améliorer l'utilisation de la réglementation pour améliorer les questions de santé, il est primordial de surveiller et d'évaluer les règlements qui la composent. »

« Réduire la stigmatisation et faciliter l'accès aux soins sont deux axes indispensables pour améliorer la vie des personnes vivant avec le VIH. Or, ce sont des conséquences directes de décisions politiques. Surveiller ces décisions est une solution optimale pour les améliorer et garantir la justice et l'équité aux personnes vivant avec le VIH », affirme Rico Gustav, directeur exécutif du Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH.

Le HIV Policy Lab extrait les informations du National Commitments and Policy Instrument, de documents juridiques, de rapports gouvernementaux et d'analyses indépendantes afin de créer des jeux de données comparables d'un pays et d'un indicateur à l'autre. Le HIV Policy Lab a pour but d'identifier et de traiter les écarts entre les preuves et la réglementation et d'instaurer un devoir de reddition de comptes afin de riposter au VIH par une réglementation plus inclusive, plus efficace et basée sur les droits et les faits scientifiques.

Cet outil est le fruit d'une collaboration entre l'université de Georgetown et l'institut O'Neill for National and Global Health Law, l'ONUSIDA, le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH et Talus Analytics.

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O’Neill Institute
Lauren Dueck
Lauren.Dueck@Georgetown.edu

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UNAIDS
Sophie Barton-Knott
bartonknotts@unaids.org

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GNP+
Lesego Tlhwale
ltlhwale@gnpplus.net

HIV Policy Lab

L’action des organisations communautaires sénégalaises s’appuie sur les compétences et les connaissances locales

18 juin 2020

Masques, désinfectant, savon. Rations alimentaires, argent pour le loyer. Informations sur la manière de se protéger et de protéger les siens du virus... La liste ne s’arrête pas là.

Il est parfois difficile d’obtenir le nécessaire vital pendant cette pandémie de COVID-19, mais les communautés s’organisent et fournissent des services et des produits essentiels aux personnes qui en ont le plus besoin. Et celles ayant déjà participé à la riposte à une autre épidémie valorisent cette expérience pour lutter contre la COVID-19. 

« Les organisations dirigées par des personnes vivant avec le VIH et des populations clés ou à destination de ces groupes dirigent aujourd’hui les programmes nécessaires de toute urgence pour affronter la COVID-19 et garantir la santé et le bien-être de leurs communautés », explique Demba Kone, directeur pays de l’ONUSIDA pour le Sénégal.

Le Sénégal, à l’image de nombreux autres pays du monde, fait face à une pénurie de masques et d’autres équipements de protection individuelle. Toutefois, l’organisation non gouvernementale Enda Santé a trouvé une solution rapide et efficace. Elle s’est tournée vers les talents de la couture et de la confection exerçant sur place en grand nombre, qui disposaient de stocks de tissu. En réponse à l’appel « Viens travailler avec nous », ces professionnel-les ont confectionné des milliers de masques d’excellente qualité en un temps record et à un prix défiant toute concurrence. Cette production locale signifie aussi que l’argent reste dans l’économie nationale déjà malmenée par la pandémie.

Enda Santé a également commencé à négocier avec des donateurs qui financent les programmes pour le VIH. Les fonds destinés à des activités liées au VIH, mais que la situation actuelle empêche, ont été octroyés au travail de lutte contre la COVID-19 au sein des communautés les plus touchées.

Concentrer les bonnes ressources au bon endroit est crucial lorsqu’il s’agit d’apporter une réponse à des épidémies qui se propagent rapidement au sein des communautés. Enda Santé a ainsi axé son action sur l’identification des communautés les plus vulnérables et démunies.

En utilisant des statistiques gouvernementales ainsi que ses propres connaissances sur la démographie, la disponibilité et l’accessibilité des services de santé, Enda Santé s’est penchée sur le niveau de pauvreté au sein des communautés, sur les quartiers les plus surpeuplés et sur les zones où les gens rencontraient des difficultés pour accéder aux soins de santé. Une évidence s’est imposée : les personnes les plus exposées au VIH sont également aujourd’hui très vulnérables à la COVID-19.

Enda Santé a alors concentré son action sur ces communautés. Elle a distribué du matériel de prévention, a mobilisé des personnalités influentes parmi les jeunes et les femmes de ces communautés, leur a donné une formation au porte-à-porte pour expliquer à la population comment se protéger, identifier les infections et orienter les gens vers les infrastructures de soin.

Il est devenu clair que de nombreuses personnes affectées par le VIH avec lesquelles Enda Santé travaillait étroitement (personnes vivant avec le VIH, professionnel-les du sexe, consommateurs et consommatrices de drogues injectables, adolescentes et jeunes femmes) avaient perdu leur source de revenus à cause du confinement et étaient maintenant confrontées à l’impact conjugué du VIH, de la COVID-19 et de la pauvreté. En réponse, Enda Santé a organisé la livraison de nourriture et des transferts d’espèces.

En réfléchissant à cette dynamique, Daouda Diouf, directeur exécutif d’Enda Santé, a déclaré : « Nous avions déjà appris comment faire tout cela dans le contexte du VIH, donc nous avons tout simplement transféré les compétences acquises au cours de 25 ans de riposte au VIH et nous les appliquons désormais à la COVID-19. La rapidité de l’action, l’engagement des membres des communautés en leur laissant jouer un rôle central, la stratégie de porte-à-porte, l’anticipation du risque de transmission, la fourniture de kits de prévention, etc. Nous avons été en mesure de réagir très rapidement. »

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COVID-19 et VIH

Hommage au militant des droits humains Yves Yomb

17 juin 2020

Le militant camerounais des droits humains, Yves Yomb, est décédé le 15 juin 2020.

Son parcours de militant commence en 2006 dans son pays d’origine pendant une campagne médiatique virulente, qui prend pour cible les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. M. Yomb décide alors de fonder avec d’autres personnes Alternative Cameroun, une des premières organisations défendant les droits humains en Afrique occidentale et centrale et plaidant pour la tolérance et l’inclusion sociale. « Nous nous sommes dit que si nous n’agissions pas, personne ne le ferait », a-t-il déclaré un jour.

Pendant plus de dix ans, M. Yomb est en première ligne de la lutte pour les droits des minorités sexuelles et des droits humains en Afrique et partout où son action le mène. En 2018, il s’exprime calmement et avec détermination lors de la présentation du rapport mondial de l’ONUSIDA en amont de la Conférence internationale sur le sida organisée en France à Paris. Il rappelle à cette occasion que la riposte au VIH est une lutte en faveur des droits humains et de la solidarité internationale qui ne souffre aucun compromis.

M. Yomb était le porte-parole d’Africagay contre le sida, le premier réseau destiné aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres en Afrique francophone qui œuvre pour faciliter leur accès à leurs droits et à de l’aide. Ce réseau est devenu en 2019 l’Alliance globale des communautés pour la santé et les droits (AGCS PLUS), un membre de Coalition Plus. Toujours en première ligne de la lutte, M. Yomb demande à l’ONUSIDA de renouveler son engagement envers la société civile, une initiative qui débouchera sur la création du Civil Society Institute for West and Central Africa. 

« Sans droits, les personnes les plus touchées par l’épidémie de sida ne peuvent pas avoir accès aux services de santé : c’est ce qui nourrit l’épidémie cachée contre laquelle nous nous battons. C’est ce qui alimente l’épidémie cachée contre laquelle nous nous battons », a-t-il déclaré.

« Yves Yomb était une figure emblématique. Il savait trouver des arguments qui ne laissaient personne dans l'indifférence. Je me souviens de son intervention en 2018 dans la salle Kofi A. Annan au siège suisse de l’ONUSIDA à Genève face à un parterre composé entre autres de membres de la direction et de représentant-es du coparrainage de l’ONUSIDA. Il avait plaidé pour le respect des droits humains en faisant preuve de la même ténacité que chez lui au Cameroun. Il avançait argument sur argument pour augmenter l’aide apportée à la société civile. Repose en paix, mon frère. Nous poursuivons la lutte qui nous unissait », a dit Hélène Badini, conseillère senior de soutien aux communautés régionales de l'ONUSIDA.

Un nouveau groupe issu de la communauté du VIH lutte contre la COVID-19 en Guinée

12 juin 2020

Les communautés continuent de jouer un rôle important pour lutter contre les épidémies en Afrique. Dans le cadre de la riposte au VIH, leur engagement suit un principe fondamental : ne faites rien pour nous sans nous impliquer. Depuis le début de la riposte au sida, la société civile a été en première ligne en exigeant l’accès au traitement et le respect des droits humains, ainsi qu’en apportant son soutien aux services liés au VIH fournis par des communautés.

En Guinée, l’engagement des communautés se traduit par une amélioration continue des programmes du VIH et par des progrès considérables en matière de dépistage, de prévention, d’adhésion au traitement et d’assistance psychosociale. La promotion et la défense des droits humains sont également des thèmes essentiels pour les communautés. Leur implication permet de s’attaquer à la stigmatisation et à la discrimination, ainsi que de contrôler la qualité des services et d’affronter les défis.

Les leçons tirées de l’épidémie d’Ebola qui a touché le pays de 2013 à 2016 indiquent clairement que les communautés et le public doivent participer pleinement à la riposte à la COVID-19. Ce constat a motivé la création de la National Platform of Civil Society Organizations on HIV and TB (PNOSC-HIV/TB). Cette plateforme regroupant 28 associations a vu le jour avec le soutien technique et financier de l’ONUSIDA. Elle joue un rôle central dans l’élaboration du plan d’accès d’urgence du ministère de la Santé qui vise à réduire l’impact de la COVID-19 sur les services de santé, en particulier ceux liés au VIH.

La PNOSC-HIV/TB concentre son action sur les populations y compris les personnes incarcérées, vivant dans des camps de réfugiés ou des villes solidaires (des lieux où vivent des personnes ayant un handicap). Elle appuie activement la prévention contre la COVID-19 en sensibilisant sur le thème de l’éloignement physique que ce soit par le biais de médiateurs et de médiatrices issus des communautés, d’artistes locaux, des médias et d’activités de porte-à-porte.

Une ligne téléphonique gérée par deux réseaux de personnes vivant avec le VIH, dont un spécialisé dans les populations clés, apporte par ailleurs une assistance psychosociale. La PNOSC-HIV/TB promeut également la délivrance de plusieurs mois de thérapie antirétrovirale et son élargissement à tout le pays.

« La PNOSC-HIV/TB nous permettra de parler d’une voix, de nous affirmer encore plus, d’organiser et de renforcer notre contribution pour vaincre la COVID-19 et éliminer le sida en Guinée d’ici 2030 », a déclaré Mahawa Diallo Sylla, présidente de la PNOSC-HIV/TB.

La PNOSC-HIV/TB participe également à l’Observatoire des traitements communautaires qui surveille le respect des droits humains à l’heure de la COVID-19 et qui signale les violations au gouvernement et à l’Institution nationale des droits de l’homme.

« Je suis impressionnée par la volonté affichée par la PNOSC-HIV/TB pour combler le retard par le biais de sa participation à la riposte nationale au VIH. Je suis persuadée que le dynamisme et l’énergie générés depuis sa création marqueront durablement les ripostes du VIH et de la COVID-19 en Guinée », a souligné Dado Sy Kagnassy, directrice pays de l’ONUSIDA pour la Guinée.

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COVID-19 et VIH

L’ONUSIDA enjoint aux gouvernements de garantir la reconnaissance des organisations communautaires fournissant des services liés au VIH en tant que prestataires de services essentiels à l’heure de la COVID-19

18 mai 2020

GENÈVE, le 18 mai 2020—La crise de la COVID-19 a rendu plus important que jamais l'un des piliers de la riposte au VIH : la prestation de services de santé par les communautés. Alors que les besoins des membres des communautés marginalisées et la charge de travail du secteur de la santé s’accroissent, il est primordial d'assurer la continuité des services de santé liés au VIH, à la tuberculose et à d’autres infections.  Dans le monde entier, les organisations communautaires sont une bouée de sauvetage pour les populations défavorisées, marginalisées et avec lesquelles il est difficile d’établir un contact.

Les restrictions liées à la distanciation sociale compliquent considérablement la vie des personnes ayant besoin d’accéder à des services essentiels, ce qui augmente la charge incombant aux organisations communautaires qui sont au cœur de la fourniture de services.

L’ONUSIDA reconnaît que les organisations communautaires disposent d’une expérience inégalée pour ce qui est d’élaborer et de fournir une réponse à des crises sanitaires et concernant les droits humains au sein de leurs communautés. Les nombreux réseaux et groupes dirigés par une communauté qui ont vu le jour pour lutter contre le VIH disposent d’une profonde expérience pratique, de capacités organisationnelles et d’un accès irremplaçable à leur communauté. Ils sont ainsi en mesure d’apporter plus facilement une aide vitale et d’influencer les comportements au quotidien de leurs membres en matière de protection de la santé.

Les réseaux et les organisations communautaires ont également instauré des relations de travail importantes et assurent des fonctions au sein des systèmes communautaires et de santé en endossant par exemple un rôle de coordination et en acceptant des tâches déléguées. Comme la situation le montre dans de nombreux pays, ces compétences peuvent être utilisées, en leur apportant un soutien adapté, afin de fournir plus aisément des informations, des formes de prévention et un dépistage, ou de renvoyer vers des soins pour la COVID-19. Mais, sans reconnaissance officielle de la nature essentielle de leur travail, ces organisations sont confrontées à des obstacles considérables lorsqu’elles cherchent à poursuivre leur activité. L’ONUSIDA juge indispensable pour la riposte à la COVID-19 et pour la limitation des impacts sanitaires au sens large de la pandémie que les organisations communautaires ne soient pas laissées pour compte lorsqu’elles cherchent à assurer sans interruption leur mission de fournir des services essentiels. Elles doivent obtenir des équipements de protection et un cadre légal solide nécessaires à leur action. 

Le rôle de ces organisations doit être reconnu à sa juste valeur et leur activité doit être soutenue à l’heure de la COVID-19. Elles doivent être prises en compte dans tous les aspects de la planification, de la conception et de la mise en œuvre des interventions visant aussi bien à lutter contre la COVID-19 qu’à réduire l’impact du coronavirus pour d’autres problématiques de santé, y compris le VIH et la tuberculose. L’ONUSIDA demande aux cellules de crise à la COVID-19 au niveau national et local de prendre en particulier et en priorité les décisions suivantes :

  • Inclure le personnel des services de santé dirigés par des communautés dans les listes de prestataires de services essentiels et ne pas faire de distinction avec les autres prestataires de santé.
  • Penser les restrictions et les règles de distanciation sociale de manière à ce qu’elles n’empêchent pas les services dirigés par des communautés de continuer de fonctionner sans danger. Les services essentiels comprennent, sans s’y limiter, la fourniture en personne de services de santé pour le VIH, la tuberculose, la COVID-19 et autre. Cela inclut des produits de prévention comme : les préservatifs, les lubrifiants, les aiguilles stériles et le traitement de substitution aux opiacés, les moyens de contraception, les kits d’hygiène et de dépistage, les médicaments, le triage et le renvoi vers des soins, l’aide au suivi d’un traitement, les rations alimentaires et autres produits de première nécessité, la fourniture de services juridiques et la protection des survivant-es de violences basées sur le genre ou d’autres formes de violences et de discriminations. Accorder une attention particulière aux personnes ayant un handicap.
  • Délivrer une autorisation spéciale aux prestataires de services communautaires en question, ainsi que les équipements de protection individuelle adaptés, afin qu’ils puissent apporter leurs services là et quand ils sont demandés.
  • Garantir que les organisations, réseaux et groupes dirigés par une communauté obtiennent des équipements de protection individuelle et une formation afin d’assurer leur protection et celle de leur clientèle.
  • Prendre des mesures urgentes pour garantir la sécurité et le renforcement des financements existants destinés aux organisations dirigées par des communautés afin qu’elles puissent continuer à fournir leurs services.
  • Garantir la gouvernance inclusive et transparente des ripostes à la COVID-19, avec des organes décisionnaires qui réservent une place aux représentant-es d’organisations communautaires, y compris celles se concentrant sur les problématiques du genre, de l’égalité et des droits humains, afin de garantir que les décisions prises concernant la COVID-19 sont pensées pour aider les prestataires et les activités nécessaires dans toute leur diversité en vue d’apporter une riposte efficace et juste.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Notre action

COVID-19 et VIH

Hommage à Charles Domingo Noubissi

01 mai 2020

« Le baobab est tombé. » Voilà le message écrit sur un fond noir qu’a publié Francine Nganhale sur sa page Facebook le 30 avril 2020.

Son mari, Charles Domingo Noubissi, venait de s’éteindre.

La nouvelle en a surpris plus d’un, car M. Noubissi était habité d’un tel esprit combattif. Il avait des problèmes de santé, mais il manquait rarement une réunion pour militer en faveur de la riposte au VIH.

En tant que président du conseil d’administration du réseau camerounais des associations de personnes vivant avec le VIH, il était un pilier de la riposte au sida dans son pays et dans la région.  

Il nous manquera beaucoup et nous le remercions pour toutes ces années de leadership et d’engagement et pour avoir été un champion de la riposte dirigée par les communautés.

L’ONUSIDA a eu le plaisir d’interviewer Charles Noubissi et sa femme en 2019. Cet entretien a révélé deux personnes vivant avec le VIH qui gardaient la tête haute. Vous trouvez ici cet article :

Avoir le droit de communiquer son statut sérologique

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