HIV Treatment

République centrafricaine : s'adapter pour que les personnes vivant avec le VIH continuent à prendre leur traitement

31 octobre 2021

Pour lutter contre le faible nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement en République centrafricaine, le pays teste de nouvelles approches thérapeutiques.

L'une consiste à distribuer jusqu'à 6 mois de médicaments, ce que l'on appelle la distribution multimensuelle. L'autre est la distribution communautaire d'ARV.

Le plan stratégique national de lutte contre le VIH 2021-2025 de la RCA, a identifié ces approches différenciées au niveau communautaire et hospitalier et l'a expérimenté.

Dans la capitale, Bangui, quatre pilotes ont ouvert et 15 sites vont progressivement proposer des MMD (dispensation plurimensuelle), des bilans de santé et des actions de proximité grâce au financement du Fonds mondial. Cela fait suite au succès des groupes de traitement à base communautaire (GTC ou CAG) introduits par le ministère de la Santé publique et de la Population et le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) en 2015, avec le soutien de l'ONG Médecins sans frontières.

Certains membres de la communauté délivrent un traitement antirétroviral aux personnes vivant avec le VIH, en particulier dans les zones rurales ou en proie à des conflits. Les résultats ont montré que la prise du traitement était beaucoup plus régulière et que les personnes vivant avec le VIH avaient un taux de suppression virale de 75 %.

En outre, avec le soutien de l'ONUSIDA dans le cadre d'une subvention luxembourgeoise, le pays a mis en place un comité de pilotage pour superviser l'élargissement des services différenciés, a élaboré et validé des directives nationales sur la fourniture de services différenciés et deux guides sur la délivrance de médicaments sur plusieurs mois et la possibilité d'obtenir des renouvellements dans un cadre non hospitalier.

Fin octobre, des cliniciens, des techniciens de laboratoire, des prestataires de soins de santé et des agents de santé communautaires des quatre centres de santé pilotes ont participé à un atelier pour passer en revue les nouvelles approches et directives. Le CNLS et la Division of Communicable Disease Control (DLMT) du pays étaient convaincus que s'adapter ainsi à l'épidémie de VIH était une bonne mesure pour maintenir les patients sous traitement. Actuellement, moins de la moitié des personnes vivant avec le VIH prennent des médicaments vitaux (88 000 à 100 000 personnes vivent avec le VIH en RCA).

Le Dr Marie-Charlotte Banthas de la DLMT a déclaré que "les modèles de traitement différencié ont démontré une amélioration constante de l'engagement des patients et de la rétention des soins, tout en libérant du temps pour les soins des personnes atteintes d'une maladie avancée." Elle a ensuite ajouté : "C'est un modèle de soins pour les personnes vivant avec le VIH et le personnel travaillant dans le domaine du VIH, un modèle de vie."

Ces approches sont arrivées au bon moment, compte tenu des blocages dus au COVID-19, a remarqué Marie Engel, directrice nationale de l'ONUSIDA en RCA.

"Avec la trajectoire prévue à long terme de la pandémie de Covid, il est encore plus nécessaire d'adapter le système pour réduire les interruptions de service et ne pas voir les récents progrès de la lutte contre le VIH se ralentir", a-t-elle déclaré.

Sommet régional sur le VIH

Comment mettre fin à l'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale

31 octobre 2021

Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA

L'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale est une urgence permanente. Les premières avancées obtenues contre le VIH dans cette région ne se sont pas traduites par les progrès durables qui ont pu être réalisés dans d'autres parties de l'Afrique subsaharienne.

L'année dernière, la région a enregistré 150 000 décès liés au sida et 200 000 personnes ont été nouvellement infectées par le VIH. Chaque semaine, plus de 1000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH dans la région. En Afrique occidentale et centrale, 1,2 million de personnes attendent toujours de pouvoir commencer leur traitement pour le VIH qui leur sauvera la vie. Seuls 35% des enfants vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale reçoivent un traitement.

Or la crise de la COVID-19 a entravé les services et exacerbé les inégalités qui alimentent l'épidémie de VIH. Si nous n'agissons pas maintenant, non seulement de nombreuses autres vies seront perdues, mais contenir la pandémie de sida sera d’autant plus difficile et coûteux dans les années à venir.

Mettre fin au sida est possible : il existe un ensemble d'approches qui ont prouvé leur efficacité, y compris dans des contextes difficiles.

Qu’il s’agisse du leadership du Cap Vert en matière d'élimination de la transmission verticale du VIH, ou de la décision du Cameroun, l'année dernière, de supprimer les frais d'utilisation pour tous les services liés au VIH dans les établissements de santé publique et les sites communautaires agréés, de nombreux exemples qui montrent la voie existent déjà. En alignant les politiques publiques sur celles qui ont fait leurs preuves, nous pouvons mettre fin au sida comme nous l'avons promis.

Les pays et les communautés tirent déjà parti de l'expérience et de l'expertise de la réponse au sida pour réduire l'impact de la COVID-19 dans toute la région. De la Côte d'Ivoire à la Guinée en passant par le Sénégal, les autorités de santé publique, les organisations internationales, les acteurs de la société civile et les communautés de personnes vivant avec et affectées par le VIH ont travaillé ensemble pour s'assurer que les personnes vivant avec le VIH continuent de recevoir leurs médicaments. Elles se sont afférées à fournir des services de soins et de prévention de manière sûre et innovante, à livrer de la nourriture aux personnes qui avaient perdu leurs revenus en raison des confinements, à transmettre des messages sur l'importance de l'hygiène et de la distanciation sociale pour rester en bonne santé, et à dissiper les mythes qui alimentent la stigmatisation et la discrimination et affaiblissent les messages de santé publique.

Cet esprit de coopération et de partenariat est essentiel pour renforcer les réponses aux pandémies.

Cette semaine, sous l’égide du Président du Sénégal, Macky Sall, l'ONUSIDA et l'Institut de la société civile pour le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale organisent un sommet à Dakar, sur les manières de combler les lacunes de la riposte au VIH dans la région et renforcer la préparation aux pandémies.

Voici trois des mesures audacieuses que nous devons prendre.

Premièrement, valoriser et soutenir les communautés pour qu’elles soient au centre de la planification et des services.

Les communautés connaissent la situation sur le terrain - il faut leur donner les ressources et l'espace nécessaires pour mener la riposte. Les pays doivent mettre en place un environnement propice à la pleine participation des communautés à la fourniture de services en tant que partie intégrante de la réponse de santé publique. Elles doivent être invitées à la table des discussions en tant que co-planificateurs. Ainsi elles pourront mettre en avant leurs expériences et préoccupations, et jouer leur rôle essentiel dans l’évaluation de la performance des réponses de santé.

Les pays doivent lever les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui freinent cette évolution, et augmenter leur soutien financier pour enfin permettre la contribution incomparable des communautés.

Deuxièmement, augmenter les investissements.

Les pays doivent accroître l’ampleur des prestations en matière de prévention, de dépistage et de traitement, et éliminer tous les obstacles financiers afin de garantir un accès universel aux services.

L'engagement d'Abuja d'investir 15% des budgets gouvernementaux dans la santé publique doit être respecté. Les engagements conjoints pris par les ministres de la santé et des finances lors de la Réunion des Dirigeants Africains d'augmenter les recettes nationales consacrées à la santé doivent être tenus.

Les bailleurs de fonds internationaux doivent eux aussi intensifier leur soutien, alors que nous traversons la pire crise depuis des décennies. Pour créer l'espace budgétaire nécessaire, il faudra annuler la dette afin de soutenir les gouvernements à accroître les investissements pour la santé et à s’attaquer aux déterminants sociaux qui aggravent les risques du VIH et de pandémie.

Une action internationale visant à prévenir une concurrence fiscale nuisible et les flux financiers illicites est également essentielle. Il est difficile d'avancer vers une fiscalité équitable et progressive, et d'augmenter les revenus nationaux, lorsque les grandes entreprises et les particuliers fortunés ont systématiquement la possibilité, au niveau international, d'échapper aux impôts que le citoyen ordinaire doit payer, et qui sont essentiels pour la santé, l'éducation, la protection sociale et l'investissement économique.

Troisièmement, s'attaquer aux inégalités qui alimentent l'épidémie.

La COVID-19 a une fois de plus montré au monde comment les épidémies se nourrissent des inégalités, tant entre les pays qu’au sein même de ceux-ci. La nouvelle stratégie de l'ONUSIDA adoptée plus tôt cette année place la lutte contre les inégalités au centre de sa mission visant à mettre fin au sida.

Les inégalités sont le moteur du VIH. Les groupes de personnes vulnérables représentent 44% des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale. Leurs partenaires représentent 27% supplémentaires.

La stratégie de la CEDEAO pour le VIH, la tuberculose, les hépatites B et C et la santé et les droits sexuels et reproductifs des populations clés le dit si bien :

« La protection des droits de l'homme pour tous les membres de chaque population clé est cruciale pour le succès. Les lois discriminatoires ou créant des obstacles doivent être réformées, afin de garantir que les populations clés soient exemptes de stigmatisation, de discrimination et de violence et que leur vulnérabilité au VIH soit réduite. »

L’inégalité entre les genres est également un moteur du VIH : parmi les nouvelles infections au VIH chez les jeunes en Afrique du centre et de l’ouest, près des trois quarts concernent des adolescentes et des jeunes femmes. L'enjeu est le pouvoir—ou plutôt l’absence de pouvoir de celles-ci.

Les recherches montrent que le fait de permettre aux filles de terminer leurs études secondaires divise de moitié leur risque de contracter le VIH, et le fait de combiner cela avec un ensemble de services et de droits pour l'autonomisation des filles le réduit encore davantage.

L'initiative Education Plus, coorganisée par l’UNICEF, l’UNESCO, le FNUAP, l’ONU Femmes et l’ONUSIDA, avec des gouvernements, la société civile et des partenaires internationaux, contribue à accélérer les actions et les investissements nécessaires pour que chaque fille africaine soit scolarisée, en sécurité et forte.

Ce que nous devons faire pour mettre fin au sida est aussi ce que nous devons faire pour permettre le plein essor de l'Afrique.

Les gouvernements, les organisations internationales, les scientifiques, les chercheurs, les organisations dirigées par les communautés et les acteurs de la société civile ne peuvent pas réussir seuls ; mais ensemble, ils peuvent créer un partenariat imbattable et une force imparable pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

Sommet régional sur le VIH

Cinq questions sur la riposte au VIH en République Centrafricaine

28 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Marie Engel, a. i. Directrice de l’ONUSIDA en Centrafrique.

« L’épidémie de COVID-19 a bousculé le système de santé en RCA, déjà mis à mal par les multiples conflits militaro-politiques. Dans un contexte où les personnels de santé sont épuisés et les patients atteints de COVID-19 sont stigmatisés, les personnes vivant avec le VIH sont d’autant plus vulnérables. Plus que jamais, les capacités des acteurs communautaires doivent être renforcées. »

Marie Engel a. i. Directrice de l’ONUSIDA en Centrafrique

La riposte au VIH se situait encore très haute dans les priorités nationales en RCA ces dernières années. L’engagement du gouvernement accompagné de l’augmentation des financements internationaux ont permis d’investir dans des programmes à haut impact et ont porté leurs fruits : les nouvelles infections à VIH et les décès liés au sida sont en baisse, la couverture des traitements est en hausse.

Outre les défis existants d’une stigmatisation extrême des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et les violences fondées sur le genre, l’épidémie de COVID-19 a apporté son lot de complications intenses, en fragilisant encore davantage les services de dépistage, de prévention et en mettant en danger le suivi des patients sous antirétroviraux (ARV). Lorsque les systèmes de santé sont à ce point ébranlés, les acteurs communautaires font de leur mieux pour compenser tous les manques, mais peinent à y parvenir, faute de soutien et de moyens suffisants. Lors de la reconstruction des systèmes, nous devons nous attaquer à ce lourd fardeau systémique que sont les profondes inégalités sociales, économiques et entre les sexes qui nourrissent les vulnérabilités des personnes vivant avec le VIH.

1.  Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

Malgré les défis liés au contexte social, politique et humanitaire ces dernières années, la lutte contre le VIH et le sida demeure une priorité de santé publique pour le gouvernement. Les instances nationales se sont engagées à mettre à échelle des stratégies efficientes pour l’élimination des nouvelles infections et la promotion de l’accès universel aux soins et traitements des personnes qui en ont besoin. En particulier, une coopération nationale et internationale renforcées des acteurs logistiques et de santé a été mise en place pour délivrer des services dans le contexte d’insécurité et d’urgence. De telles ambitions ont été saluées par le Fonds mondial, qui a triplé son financement.

D’après les estimations Spectrum (2020), les nouvelles infections sont passées de près de 6 500 en 2015 à moins de 5 000 en 2019, le nombre de décès de 5 500 en 2015 à moins de 4 000 en 2019. La couverture en traitement est passée de moins de 25% des adultes vivant avec le VIH en 2015, à près de 45% en 2019. Nous saluons la mise en œuvre du plan d’accélération de la prise en charge des enfants et adolescents VIH+ et les efforts pour accélérer la prise en charge pédiatrique du VIH.  

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Seulement 70% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut et moins de la moitié sont sous traitement antirétroviral. De plus, la rétention sous antirétroviraux (ART) est entravée par l'insécurité, le déplacement et la mobilité des populations et les ruptures de stock récurrentes des ART.

Le VIH est toujours fortement stigmatisé, et de nombreuses populations clés déclarent éviter les services de dépistage et de traitement du VIH. Les statistiques sont frappantes : d’après les estimations du Stigma Index, près de la moitié des PVVIH ont déjà connu une forme de stigmatisation en raison de leur statut VIH (2018). La violence fondée sur le genre est extrêmement élevée et exacerbée par l'insécurité permanente.

Le pays reste fortement dépendant de l'aide internationale – d’après des estimations nationales, le financement des donateurs représentant plus de 90 % des dépenses liées au VIH. Le Fonds mondial contribue à lui seul à environ 80 % de l'ensemble des financements liés au VIH. Et les fonds disponibles sont très inférieurs aux montants nécessaires pour financer le plan stratégique national VIH.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

L’épidémie de COVID-19 a eu des impacts négatifs sur le système de santé globale en RCA, déjà mis à mal par les multiples conflits militaro-politiques. Malgré une reprogrammation des ressources vers la riposte à la COVID-19, les personnels de santé ont travaillé en sous-capacité car un grand nombre souffraient de COVID-19 ou bien craignaient de l’attraper. Les prestations de services ont tourné au ralenti et les laboratoires ont été surchargés. Les médicaments et autres intrants de santé ont été souvent en rupture de stock.

Une évaluation rapide de l’impact de la COVID-19 sur la réponse à la tuberculose, VIH et paludisme en RCA a montré que la pandémie de la COVID-19 a notamment limité l’accès au dépistage et perturbé le continuum de soins. La pandémie a causé une détérioration des principaux indicateurs de qualité de prise en charge et une augmentation des cas de perdus de vue. Il a été noté la crainte des patients de se rendre dans les FOSA de peur de contracter la COVID-19 et d'être stigmatisés comme un patient atteint de la maladie à COVID-19. Enfin, les confinements à répétition ont entrainé la paupérisation des personnes vivant avec le VIH.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Nous souhaitons saluer le travail remarquable des acteurs communautaires qui manquent grandement de financement.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Lutter contre les inégalités croisées, sociales, économiques et entre les sexes, qui accroissent la vulnérabilité au VIH des personnes et rendent les personnes vivant avec le VIH plus susceptibles de mourir de maladies liées au sida.

Sommet régional sur le VIH

Le manque de moyens financiers freine la riposte au VIH en Afrique occidentale et centrale

25 octobre 2021

Le sous-investissement dans la riposte au VIH des pays à revenu faible et intermédiaire est l’une des principales raisons expliquant pourquoi les objectifs mondiaux pour 2020 n’ont pas été atteints. Au cours des cinq dernières années, les ressources financières disponibles étaient constamment inférieures aux ressources nécessaires, et, en 2020, elles étaient inférieures de 29 % à l’objectif annuel de 26 milliards de dollars (en dollars américains constants de 2016).

En Afrique occidentale et centrale, le manque important de ressources et la dépendance ininterrompue aux financements directs (tels que les redevances pour les services de santé) sont associés à des baisses plus modestes de l’incidence de l’infection au VIH et du taux de mortalité liée au sida par rapport à l’Afrique orientale et australe. De fait, dans cette dernière région, la combinaison d’investissements nationaux et internationaux a favorisé l’expansion rapide de la prévention, du dépistage et du traitement du VIH dans les zones fortement touchées, entraînant un repli important et constant du taux d’infection au VIH et de mortalité liée au sida.

Notre action

Données et VIH

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Cinq questions sur la riposte au VIH en Côte d’Ivoire

27 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Dr Brigitte QUENUM, Directrice Pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire.

« Ces 5 dernières années en Côte d’Ivoire ont été marquées par une remarquable trajectoire de progression et d’amélioration dans la vie des personnes vivant avec le VIH. Bien sûr, l’épidémie de COVID-19 a mis un frein à l’accès des services de dépistage et de prévention. Mais si le gouvernement investit davantage dans les programmes communautaires, nous pouvons renverser cette tendance. »

Dr Brigitte QUENUM Directrice Pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire

Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en Côte d’Ivoire ont vu récemment des résultats plus qu’encourageants : diminution des nouvelles infections, des décès liés au sida et une meilleure prise en charge par les programmes de prévention et de traitement. Malheureusement, ces tendances ont été interrompues par la COVID-19 et les restrictions qui ont diminué l’accès aux services de santé essentiels.

Ce contexte représente aussi une opportunité de réformer la riposte au VIH et faire encore mieux : notamment, en ciblant davantage les populations les plus à risques telles que les adolescentes et les jeunes filles, et en investissant davantage dans les programmes pédiatriques. Enfin, et surtout, le gouvernement doit remédier à l’hyper-dépendance de la riposte aux fonds extérieurs en augmentant les ressources nationales dédiées au VIH.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

La Côte d’Ivoire a fait des progrès considérables et a amorcé sa transition épidémique. Selon les estimations de Spectrum (2021), les nouvelles infections ont diminué de 50% entre 2010 et 2020, et les décès liés au sida ont baissé de plus de moitié. Ces résultats sont entre autres liés à une amélioration de la couverture des traitements et de la qualité des programmes spécialisés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 77% des PVVIH connaissent leur statut sérologique, 74% des PVVIH sont sous traitement ARV et 61% des PVVIH ont une charge virale supprimée.

Le dynamisme des organisations de la société civile ainsi que le soutien important du PEPFAR, du Fonds mondial mais aussi des agences du système des Nations unies ont permis de renforcer les efforts en faveur du respect des droits de l’homme et à mieux orienter la riposte vers les populations qui en ont le plus besoin.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

D’après les estimations de PEPFAR, près de 80% du financement de la riposte au VIH en Côte d’Ivoire provient de ressources extérieures, et notamment de PEPFAR et du Fonds mondial. Cette immense dépendance expose le pays à un manque de prévisibilité et de stabilité de financement. De plus, des défis au niveau programmatique persistent, notamment un meilleur ciblage des populations clé est nécessaire -- surtout des adolescentes et jeunes femmes, touchées par l’épidémie de façon disproportionnée comparativement aux hommes du même âge. Le dépistage et la prise en charge pédiatriques du VIH ainsi que le développement de stratégies efficaces pour cibler les hommes de plus de 25 ans infectés par le VIH font également partie des défis programmatiques à relever.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

Selon le Rapport sur les résultats 2021 du Fonds mondial, la Côte d’Ivoire fait partie des pays où la COVID-19 a entraîné en 2020 une baisse de l’accès aux services de dépistage et de prévention du VIH. Ce constat a également été fait la même année dans une étude réalisée par le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) réalisée en 2021. La COVID-19 a accentué les inégalités pour les populations les plus vulnérables déjà confrontées à des difficultés d’accès aux services VIH.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Les leaders méconnus sont ces hommes et femmes qui travaillent chaque jour pour garantir des services de qualité aux PVVIH, aux populations vulnérables et autres populations. Leur engagement continu est crucial pour consolider les résultats de la riposte et espérer un jour tendre vers la fin du sida.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Investir davantage de ressources domestiques pour mettre fin à l’épidémie du VIH en Côte d’Ivoire.

Sommet régional sur le VIH

Cinq questions sur la riposte au VIH en Guinée

27 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses du Dr Job Sagbohan, Directeur Pays de l’ONUSIDA en Guinée.

“La COVID-19 a eu un impact désastreux sur les personnes vivant avec le sida en Guinée. Il est grand temps qu’on se ressaisisse pour apporter les soins, les tests et les ressources nécessaires pour une réponse appropriée -- et surtout que l’on unisse les efforts des partenaires gouvernementaux, communautaires et privés pour sauver des vies.”

Dr Job Sagbohan Directeur Pays de l’ONUSIDA en Guinée

Alors que les dernières années montraient des résultats encourageants, l’épidémie de COVID-19 en Guinée est venue renverser les tendances de façon inquiétante -- un taux de dépistage et de rétention des personnes recevant des traitements antirétroviraux en baisse, une hausse des décès parmi les patients coinfectés par la tuberculose et le VIH, et une reprogrammation du financement pour le VIH au profit de la COVID-19. Il faut saisir ce sursaut d’intérêt politique dans les problématiques de santé publique pour travailler ensemble et investir nos efforts à bon escient.

En priorité, nous devons donner sa juste place aux communautés, à la société civile et au secteur privé pour accélérer les progrès vers une population en meilleure santé. Le gouvernement et tous les partenaires engagés doivent repenser leur financement des réponses au sida et à la COVID-19 comme des investissements complémentaires et non pas mutuellement exclusifs au risque d’échouer sur les deux tableaux. Enfin, un cadre législatif robuste et juste doit être mis en place pour que ces acteurs soient tenus responsables de leurs actions et travaillent main dans la main avec le gouvernement dans l’intérêt de la société.

1.  Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ? 

Tout d’abord, de nets progrès en termes de traitement : d’après les estimations de l’ONUSIDA, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) recevant des antirétroviraux (ARV) est passé d’environ 35 000 en 2015 à plus de 61 000 en 2020. Ceci représente un bond du taux de couverture ARV d’environ 30% des PVVIH à près de la moitié. Bien qu’encore trop élevé, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant est passé de 22% en 2015 à 16% en 2020. Malheureusement, il faut noter que le nombre de nouvelles infections à VIH a quasi doublé sur la même période (de près de 3000 en 2015 à environ 5300 en 2020).

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Nous constatons encore énormément de discrimination et de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, ce qui constitue un frein systémique aux progrès de la riposte. Le gouvernement doit replacer la lutte contre le VIH plus haut dans ses priorités, et s’engager à augmenter la part du budget national au financement de la riposte au VIH, actuellement trop faible.  Enfin, nous devons dédier plus d’efforts à renforcer les capacités de nos partenaires clés -- la société civile et les associations communautaires -- et travailler de façon et cohérente avec le secteur privé.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

L’impact de la COVID-19 sur la réponse au VIH se manifeste surtout par de nombreuses restrictions sanitaires et par la diminution de la fréquentation des structures sanitaires. On note l’insuffisance de ciblage des populations clés, le ralentissement des actions communautaires et la rupture des intrants de lutte contre le sida (tels que ARV, tests, et autres médicaments). En dehors du temps de travail des acteurs consacré à la lutte contre la COVID-19, on observe une reprogrammation des ressources de lutte contre le VIH en faveur de la réponse à la COVID-19.

Ces éléments se traduisent par la diminution du nombre de personnes séropositives dépistées de 18% (de près de 24 000 en 2019 à près de 19 500 en 2020), et la diminution de 16% du nombre total de personnes mises sous antirétroviraux (de près de 20 500 en 2019 à moins de 17 500 en 2020) d’après les estimations de l’ONUSIDA. De plus, la rétention des patients sous ARV au cours du 1er trimestre de 2020 est en baisse comparativement au dernier trimestre de 2019. Le dépistage est également affecté (baisse de 11%). Enfin, les décès chez les patients coinfectés par la tuberculose et le VIH est à nouveau en légère hausse.

Ces tendances dramatiques nous éloignent de plus en plus des objectifs fixés par le pays.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Nous souhaitons reconnaitre le travail dévoué de la plupart des membres du gouvernement, des parlementaires, et des partenaires du secteur privé.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

L’augmentation du budget national pour la lutte contre le VIH et son leadership pour la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la mobilisation du secteur privé pour le financement de la lutte. 

Sommet régional sur le VIH

Les pays à revenu intermédiaire supérieur paient plus cher les médicaments anti-VIH, mais une baisse des prix se dessine

18 octobre 2021

Le coût des antirétroviraux pèse lourdement sur les ressources pour riposter au VIH. À l’heure actuelle, le prix moyen des thérapies antirétrovirales de première et de deuxième intention est globalement similaire dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire inférieur, mais ils sont sensiblement plus élevés dans les pays à revenu intermédiaire supérieur.

Prix moyen (en USD) par personne et par an d’une thérapie antirétrovirale de première et de deuxième intention, par groupe de revenu national, 2020

Par exemple, les pays d’Europe de l’Est, d’Asie centrale et d’Amérique latine paient en général beaucoup plus pour les antirétroviraux que les pays d’autres régions. Il est possible de réduire le prix des médicaments antirétroviraux et d’autres produits essentiels contre le VIH. En effet, tirer profit de l’utilisation stratégique des flexibilités offertes par le cadre de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et réorganiser les systèmes de gestion des approvisionnements générerait des économies d’échelle. Ces économies cumulées à d’autres permettraient d'augmenter les ressources pour le dépistage et le traitement du VIH de 17 %, soit une hausse de 35 % du nombre de personnes recevant un traitement d’ici 2025, assez pour atteindre les objectifs 95–95–95 de dépistage et de traitement.

Prix moyen par personne et par an d’une thérapie antirétrovirale de première et de deuxième intention, par région, 2020

Notre action


Données

 

Traitement du VIH

Aider Haïti à construire une riposte durable au VIH

11 octobre 2021

À la clinique GHESKIO (Groupe Haïtien d’Étude du Sarcome de Kaposi et des Infections Opportunistes) de Port-au-Prince, en Haïti, une jeune femme apprend sa séropositivité. L’équipe la conseille et lui propose immédiatement de s’inscrire à un programme de traitement dans l’établissement.

La mise en place d’une thérapie le même jour figure parmi les approches utilisées par Haïti pour inverser la tendance de son épidémie de VIH. La prévalence du VIH chez les adultes est désormais de 1,9 %, contre 3,2 % au milieu des années 1990. Selon les statistiques gouvernementales, sur les 154 000 personnes vivant avec le VIH, 89 % connaissent leur état sérologique. 93 % des personnes diagnostiquées suivent une thérapie antirétrovirale et 87 % des personnes sous thérapie antirétrovirale ont une charge virale indétectable. Au cours des dix dernières années, les décès dus à des maladies opportunistes ont chuté de 63 % dans ce pays des Caraïbes.

Ces progrès sont le résultat de la collaboration entre le gouvernement haïtien, la société civile et les partenaires de développement internationaux.

Elles sont également dues à des investissements considérables de la part de donateurs. De fait, l’argent consacré au VIH en Haïti provient en très grande partie de sources internationales.

Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour Haïti apporte en ce moment son aide au Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et au ministère de la Santé publique et de la Population pour actualiser l’Indice et le tableau de bord de durabilité (Sustainability Index and Dashboard, SID) en Haïti. Cet exercice est réalisé tous les deux ans. Cet outil cherche à mieux comprendre les visages de la durabilité dans les pays et à apporter des informations pour les décisions d’investissement en matière de VIH. À travers cet exercice, les parties prenantes évaluent les ripostes nationales au VIH du point de vue de la pérennité et de quatre thématiques. Il s’agit du quatrième SID pour Haïti. 

« Les progrès impressionnants réalisés par Haïti au cours de la dernière décennie peuvent être fragilisés par une dépendance excessive aux financements extérieurs. L’ONUSIDA est heureuse d’apporter son soutien au ministère de la Santé publique et de la Population, ainsi qu’au PEPFAR et au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme par le biais de cet exercice visant à construire une riposte plus durable », a déclaré Christian Mouala, Directeur pays de l’ONUSIDA pour Haïti.

L’ONUSIDA continuera de travailler en collaboration avec les responsables nationaux, le PEPFAR, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la société civile et d’autres partenaires clés de la riposte au VIH pour garantir des interventions nationales justes. L’accent est mis sur l’accès aux communautés les plus vulnérables grâce à une programmation et une mise en œuvre coordonnées, ainsi qu’une intégration cohérente des personnes vivant avec le VIH et des populations clés, y compris dans les contextes humanitaires.

Le directeur exécutif de l’Unité de contrôle des maladies infectieuses et transmissibles (UCMIT), Pavel Desrosiers, a indiqué que le SID est crucial pour identifier les faiblesses de la riposte actuelle au VIH.

Selon Hamfrey Sanhokwe, coordonnateur du PEPFAR pour l’Haïti, le SID aide également les donateurs à « mesurer les progrès accomplis en matière de durabilité programmatique et financière, et à concentrer les efforts pour une riposte nationale optimale au VIH ».

La participation ad hoc de toutes les parties prenantes du VIH est essentielle au processus. « Les personnes vivant avec le VIH étaient représentées et ont apporté leur contribution à toutes les réunions thématiques au cours de la semaine et les échanges ont été productifs », a déclaré Maria Malia Jean, représentante de la Fédération haïtienne des associations de personnes vivant avec le VIH (AFHIAVIH).

Les résultats du SID Haïti 2021 seront finalisés et validés par toutes les parties prenantes d’ici la fin du mois d’octobre. Elles pourront alors visualiser et se concentrer sur les domaines qui nécessitent des efforts supplémentaires, tout en notant les succès accomplis par leur travail acharné.

« Haïti enregistre un très net progrès dans la lutte contre le VIH ; cependant, les efforts doivent continuer et s’intensifier pour garantir d’atteindre les objectifs d’ici 2030 », a déclaré le directeur général du ministère de la Santé publique et de la Population, Lauré Adrien.

Lent recul des décès liés au sida chez les ados

04 octobre 2021

Les inégalités actuelles dans le dépistage et le traitement du VIH pour les enfants séropositifs et les évolutions historiques dans la couverture des services de prévention de la transmission verticale du VIH (de la mère à l’enfant) ont une influence sur les tendances annuelles en matière de mortalité liée au sida.

La réduction des décès dus au sida chez les enfants et les ados est la plus forte dans la tranche d'âge de 0 à 9 ans (60 % depuis 2010), ce qui reflète à la fois l’amélioration des efforts pour prévenir les nouvelles infections verticales et les efforts pour diagnostiquer et traiter les enfants dans les mois suivant l’accouchement et pendant l’allaitement.

Cependant, chez les ados (10-19 ans), les progrès sont plus lents, les décès dus au sida ne reculant que de 37 % sur la même période.

Le plus grand défi du traitement pédiatrique est d'identifier rapidement les enfants séropositifs qui ne l’ont pas été à la naissance ou pendant l’allaitement et d’assurer leur prise en charge. La démocratisation du dépistage indicateur, familial et domestique, le tout dans le respect des droits, ainsi que l’autodépistage et l’intégration du dépistage du VIH dans d’autres services de santé des enfants, peuvent aider à combler ce fossé.

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