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République islamique d’Iran : des jeux en ligne pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH

16 juin 2020

Depuis 2013, le bureau pays de l’ONUSIDA pour la République islamique d’Iran et la branche locale de l’International Federation of Medical Students’ Associations travaillent ensemble sur des solutions innovantes pouvant avoir un impact sur la riposte nationale au sida.

Par le passé, leurs collaborations ont pris la forme de campagnes de sensibilisation du public, d’ateliers pédagogiques, de visites sur le terrain et de cours d’été d’une semaine destinés aux jeunes qui se forment aux métiers de la santé.

« Les cours d’été nous ont beaucoup inspirés pour identifier avec précision notre nouvelle problématique : la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH », explique Aidin Parnia, l'un des fondateurs des cours d’été et d’Avecene Consultancy.

Fondée par d'ex-stagiaires des cours d’été, Avecene Consultancy a vu le jour avec pour objectif de mobiliser les connaissances et les expériences accumulées pendant les universités d’été et de les combiner avec des moyens pédagogiques modernes et innovants. La plateforme éducative en ligne REDXIR est le fruit de ce travail. Elle utilise des jeux pour changer l’attitude et le comportement des jeunes qui se forment aux métiers de la santé afin de voir émerger une génération de personnel de santé qui ne discrimine personne.

REDXIR est un univers imaginaire où les joueurs et les joueuses forment un groupe de lutte contre un mystérieux ennemi, qui symbolise la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. L’objectif du jeu est de se battre contre la stigmatisation et la discrimination afin d’y mettre fin.

Les 10 niveaux du jeu sont conçus pour tester les connaissances des jeunes sur le VIH, ainsi que leur attitude et leur comportement envers les personnes vivant avec le virus. Par exemple, dans le niveau de la Pression sanguine, les jeunes doivent prendre la tension d’une personne séropositive afin de prouver leur capacité à le faire sans discriminer. Dans les niveaux supérieurs du jeu, les joueurs et les joueuses doivent être capables de faire un test de glycémie et une prise de sang pour un test de routine en laboratoire.

Certains niveaux ont lieu uniquement dans cet univers virtuel, alors que d’autres nécessitent d’agir dans le monde réel. Par exemple, dans le niveau Ne pas se taire, les jeunes doivent identifier des publications discriminatoires sur les réseaux sociaux, poster #Zerodiscrimination sous au moins une des contributions vues et commenter en expliquant pourquoi ce contenu est discriminant. Dans le niveau Campagne, les jeunes deviennent formateurs et formatrices dans une campagne de sensibilisation au VIH.

« Les nouvelles générations ont besoin de nouvelles plateformes. L’approche conviviale de REDXIR permet aux jeunes d’être en contact direct avec les populations cibles. Cela s’est révélé être une solution efficace pour réduire la stigmatisation et la discrimination liées au VIH dans les situations de santé », explique Parvin Kazerouni, directrice du Service de contrôle du VIH au sein du Centre de contrôle des maladies transmissibles du ministère iranien de la Santé et de l’Éducation médicale et responsable nationale pour le sida.

« REDXIR montre bien que des approches créatives et innovantes peuvent intégrer et soutenir les idées nouvelles des jeunes afin de lutter contre des problèmes comme la stigmatisation et la discrimination », conclut Fardad Doroudi, directeur pays de l’ONUSIDA pour la République islamique d’Iran.

Le bureau pays de l’ONUSIDA a fourni une aide technique et financière au projet REDXIR. 

Une action islamique commune pour riposter au sida

10 mars 2009


The Islamic Conference of Health Ministers (ICHM) brought together representatives from 57 member countries from 1 – 4 March in the I.R. of Iran. Credit: ICHM

La République islamique d’Iran a accueilli la deuxième session de la Conférence des Ministres de la santé des pays de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) qui a réuni les représentants des 57 Etats Membres du 1er au 4 mars. Dans le cadre de cette session intitulée « Egalité en matière de santé dans l’Ummah islamique », ils ont examiné les problèmes de santé auxquels la communauté islamique était confrontée.

L’objectif était de formuler des propositions concrètes pour lutter contre ces problèmes par le lancement d’une « vision de l’OCI en matière de santé » et d’examiner l’application des décisions et des recommandations de la première Conférence des Ministres de la santé de l’OCI, qui s’était tenue à Kuala Lumpur (Malaisie) en 2007, et des avancées réalisées en la matière depuis lors.

« Les décideurs en matière de santé devraient adopter une stratégie globale face à ces problèmes qui ferait de la santé l’axe du développement et qui la considèrerait sous l’angle tant physique que psychologique, social et spirituel », a déclaré le Professeur Lankarani, Ministre iranien de la Santé et de l’enseignement de la médecine, lors de l’ouverture de la session.

En ce qui concerne la lutte contre les maladies transmissibles, dans la résolution adoptée par les ministres à ce sujet, il a été noté – avec préoccupation - que le sida constituait une crise aux conséquences désastreuses pour les progrès sociaux et économiques de l’ensemble des nations, y compris des pays musulmans. Les auteurs de cette résolution prient instamment les Etats Membres de l’OCI d’encourager les programmes de prévention du VIH, notamment par le biais d’une coopération avec l’ONUSIDA, l’OMS et le Fonds mondial. Ces programmes devront être élaborés et mis en œuvre dans le respect entier des valeurs islamiques, culturelles, éthiques et sociales des Etats Membres de l’OCI.

"Garantir un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH est la pierre angulaire de la lutte contre l’épidémie."

Renu Chahil-Graf, Administratrice, Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord

Il n’y pas une épidémie unique de VIH parmi les 57 Etats Membres de l’OCI. Même si le nombre de contaminations signalées est en hausse dans certains pays et stable dans d’autres, des taux supérieurs de prévalence du VIH sont enregistrés dans certains lieux et groupes de population de certains pays. A cela s’ajoute une dynamique socioéconomique élargie, par exemple le changement des modes de vie des jeunes, l’instabilité sociopolitique et les conflits, l’inégalité entre les sexes et la mobilité, qui constituent des facteurs accroissant la vulnérabilité à l’infection à VIH.

« Garantir un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH est la pierre angulaire de la lutte contre l’épidémie », a déclaré Renu Chahil-Graf, Administratrice, Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord. « Les opportunités nées des efforts entrepris pour réaliser l’accès universel doivent être saisies afin de garantir l’accès aux biens essentiels, l’égalité entre les sexes, les droits de l’homme, les avancées sur la voie de la réalisation de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement et les soins de santé primaires à tous. »

La résolution finale adoptée par l’OCI invite ses Etats Membres et le Secrétariat général de l’Organisation à participer à la riposte mondiale contre le sida dans le cadre d’une coopération et d’un partenariat internationaux et par la diffusion active de la vision et de l’approche islamique commune en matière de riposte à l’épidémie de VIH.

L’OCI compte 57 Etats membres dans lesquels vivent près de 1,5 milliard de personnes, réparties sur quatre continents : Asie, Afrique, Europe et Amérique du Sud. Les efforts de l’OCI visent principalement à cristalliser une action islamique commune garantissant, préservant et protégeant les intérêts du monde musulman. Depuis le troisième Sommet extraordinaire de Makka Al-Moukarramah de 2005, au cours duquel un Programme décennal d’action a été établi, les objectifs de développement ont été définis dans plusieurs domaines, notamment celui de la santé. Les participants au Sommet ont, par exemple, lancé un appel demandant instamment à tous de lutter contre la pandémie et d’éliminer les maladies et les épidémies telles que le sida, le paludisme, la poliomyélite et la tuberculose.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA salue l’approche pragmatique de l’Iran sur le VIH en milieu carcéral

13 octobre 2010

Michel Sidibé avec H.E. Mohammad Reza Rahimi, premier vice-président de la République islamique d’Iran. Photo: ONUSIDA

Dans la plupart des pays, la prévalence du VIH est nettement plus élevée parmi les prisonniers que dans l’ensemble de la population. Plusieurs facteurs contribuent à la propagation du VIH en milieu carcéral, notamment l’injection de drogues dans des conditions risquées, les relations sexuelles non protégées, le tatouage avec un matériel contaminé et le manque de moyens des services de santé pénitentiaires.

En République islamique d’Iran, la prévalence du VIH est environ huit fois plus élevée parmi les prisonniers que dans l’ensemble de la population. La consommation de drogues injectables est le principal mode de transmission du VIH, représentant plus de 70 % des cas de VIH signalés en Iran.

A l’occasion d’une visite en Iran, cette semaine, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a souligné le travail novateur du pays en matière de lutte contre l’épidémie de VIH dans les prisons et parmi les personnes qui consomment des drogues par injection. Les 250 prisons, camps de réhabilitation et centres pénitentiaires pour jeunes d’Iran abritent approximativement 180 000 détenus. Près de la moitié de ces détenus sont incarcérés pour des condamnations liées à la drogue.

« J’ai pu observer à la prison de Qezel Hessar une approche basée sur des données factuelles, imprégnée de tolérance, de pragmatisme et de compassion », a déclaré M. Sidibé après avoir visité le plus grand centre de détention de la région. « Je suis impressionné par l’étendue de l’offre proposée par l’établissement en matière de prévention, de soins, de traitement du VIH et de soutien psychologique ».

Située près de Karaj City, la prison de Qezel Hessar compte 19 000 détenus, la plupart incarcérés pour des délits liés à la drogue. Le centre offre une large gamme de services liés au VIH, notamment thérapie de substitution aux opiacés, thérapie antirétrovirale, dépistage volontaire et accompagnement psychologique, accès aux préservatifs et aux rasoirs stériles, psychothérapie et autres interventions comportementales.

La prison de Qezel Hessar propose une thérapie d’entretien quotidienne à base de méthadone à plus de 2 700 détenus, soit 30 fois plus qu’en 2003. Comme dans la plupart des prisons du pays, les détenus mariés ont droit à la visite de leur conjoint dans des chambres individuelles, avec mise à disposition de préservatifs.

Le Directeur exécutif rencontre des fonctionnaires supérieurs iraniens et des personnes vivant avec le VIH

Michel Sidibé avec un groupe de personnes séropositives au « Club positif », au Centre iranien de recherche sur le VIH / SIDA. Photo: ONUSIDA

Lors de réunions avec le premier vice-président Mohammad-Reza Rahimi et d’autres hauts fonctionnaires iraniens, M. Sidibé a exhorté les autorités à poursuivre l’objectif « zéro nouvelle infection à VIH parmi les consommateurs de drogue » et « zéro nouveau-né infecté ». Les autorités iraniennes ont exprimé l’engagement de la République islamique d’Iran à lutter contre l’épidémie de VIH, conformément au principe islamique selon lequel « sauver une vie, c’est sauver l’humanité toute entière ».

Dans le cadre de sa mission officielle, M. Sidibé a visité également un « Club positif » installé au Centre de recherche iranien sur le VIH / SIDA. S’adressant à un groupe de personnes vivant avec le VIH, il a déclaré : « Quand j’entends les mots ‘espoir’, ‘bonheur’ et ‘travail’, je constate que nos efforts n’ont pas été vains. »

Durant sa visite, M. Sidibé a souligné le travail des autorités de santé iraniennes pour aider les personnes vivant avec le VIH à refaire leur vie et à retrouver la dignité grâce à la création de ces Clubs positifs et la mise à disposition d’informations, de traitements antirétroviraux et d’autres services en relation avec le VIH.

S’exprimant au nom des personnes vivant avec le VIH, le responsable du conseil du Club positif a répondu à M. Sidibé que le SIDA était une question très difficile à traiter. « Cela nécessite du courage et de la patience, et vous êtes l’un de ceux qui ont le courage et la patience de travailler sur ces questions », a-t-il ajouté. « Nous sommes heureux d’avoir votre soutien et nous sommes disposés à travailler avec vous ».

L’ONUDC et l’Iran signent des accords visant à réduire la vulnérabilité des femmes et des réfugiés afghans face aux drogues et au VIH

24 mars 2009

Cet article a été initialement publié sur UNODC.org

Women
Des femmes d'Iran. Photo: ONUSIDA/P. Virot

Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Antonio Maria Costa, et le Secrétaire général adjoint du service de lutte contre les drogues de la République islamique d’Iran, Taha Taheri, ont signé, le 19 mars, deux projets visant à fournir des services de prévention et de soins en matière de VIH aux réfugiés afghans et aux consommatrices de drogues injectables en Iran. Ces projets seront lancés grâce au financement du gouvernement des Pays-Bas.

Le but du premier projet est de soutenir les efforts nationaux visant à fournir des services complets de prévention et de soins en matière de VIH aux réfugiés afghans qui se trouvent en Iran et qui consomment des drogues injectables. Il s’agit d’un volet d’un projet sous-régional ciblant les réfugiés afghans pharmacodépendants qui se trouvent au Pakistan ainsi que ceux qui sont revenus en Afghanistan. Dans le cadre de cette initiative, l’ONUDC, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l’ONUSIDA et l’Organisation internationale pour les Migrations, contribuera à fournir des services complets de prévention, de traitement, de soins et d’appui dans le domaine du VIH aux réfugiés afghans. Les gouvernements d’Afghanistan et du Pakistan participeront également à ce projet de trois ans.

Les drogues aggravent les difficultés auxquelles font face les réfugiés afghans, elles ne les résolvent pas. Il faut que nous allions au-devant de ce groupe vulnérable et que nous réduisions sa vulnérabilité face à l’abus des drogues et à la propagation du VIH/sida due à la consommation de drogues injectables.

Antonio Maria Costa, Directeur exécutif, Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC)

Selon les dernières données en date, le nombre de réfugiés afghans en Iran s’élève à 900 000, alors qu’il avait atteint un pic de 2 millions en 2002-2003. Les réfugiés afghans représentent la population de réfugiés la plus importante du monde. « Les drogues aggravent les difficultés auxquelles font face les réfugiés afghans, elles ne les résolvent pas. Il faut que nous allions au-devant de ce groupe vulnérable et que nous réduisions sa vulnérabilité face à l’abus des drogues et à la propagation du VIH/sida due à la consommation de drogues injectables », a déclaré M. Costa. Il a été établi qu’il s’agissait d’un groupe à haut risque, pourtant loin de bénéficier pleinement des services complets de prévention, de traitement, de soins et d’appui en matière de VIH que l’Iran fournit à grande échelle aux consommateurs de drogues injectables et qui comprennent notamment le traitement de remplacement des opioïdes.

Le second projet cible un autre groupe vulnérable : les femmes iraniennes pharmacodépendantes et/ou touchées par le VIH. Le but de ce projet est d’améliorer l’accès à des services de qualité adaptés aux besoins spécifiques de ces femmes, notamment en milieu carcéral. Il viendra en complément des ressources importantes que le gouvernement d’Iran alloue déjà à la prévention et au traitement en matière de VIH ainsi que des mesures de réduction de la demande de drogues.

« Ces accords montrent une fois de plus qu’en matière de drogues, l’ONUDC adopte une démarche en faveur de la santé, et ils attestent d’un renforcement de notre partenariat avec la République islamique d’Iran », a affirmé M. Costa. « L’ONUDC est reconnaissant aux Pays-Bas de leur aide financière. » M. Costa a exhorté d’autres partenaires de financement à faire de même pour réduire la vulnérabilité des femmes et des réfugiés afghans face aux drogues et au VIH en Iran. « Il s’agit là d’un aspect humanitaire et souvent négligé de la lutte contre les drogues », a affirmé le directeur de l’ONUDC.

Faire la différence : l’ONUSIDA en Iran

13 mai 2008

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M. HamidReza Setayesh est
Coordonnateur de l’ONUSIDA dans le pays
en Iran.

HamidReza Setayesh est devenu Coordonnateur de l’ONUSIDA dans le pays (COP) lorsque le bureau du Programme commun a été créé en Iran en mars 2005. Comme la plupart des COP, M. Setayesh affecte l’essentiel de son temps à sa principale mission qu’est la coordination de la riposte au sida du système des Nations Unies dans le pays. En Iran, il y a 13 bureaux des Nation Unies qui constituent l’Equipe conjointe des Nations Unies sur le sida qu’il dirige. Outre cela, le bureau de l’ONUSIDA fournit aussi un appui technique au gouvernement et aux organisations non gouvernementales (ONG) dans la mesure où il est considéré comme un partenaire de confiance et fiable.

« Notre plus grande réalisation a été l’harmonisation de la riposte des Nations Unies au sida » a déclaré M. Setayesh. « Nous avons réussi à faire des progrès et j’en suis très heureux ». On notera d’autres résultats importants enregistrés depuis trois ans qu’il est en fonction dans le domaine de l’amélioration de l’information stratégique – dans lequel le pays manque cruellement de capacités. L’ONUSIDA a aidé le gouvernement à concevoir des petites études qui fournissent des éléments concrets pour mettre en place des interventions efficaces.

Les principaux facteurs de propagation de l’épidémie en Iran sont l’utilisation de matériels d’injection contaminés parmi les consommateurs de drogues injectables et la transmission sexuelle du VIH. En conséquence, le travail de l’Equipe conjointe des Nations Unies sur le sida est principalement axé sur le problème de la consommation de drogues injectables. « Notre priorité absolue est de plaider auprès du gouvernement pour qu’il alloue des ressources à des initiatives de réduction des risques » déclare M. Setayesh. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), on estime à 200 000 le nombre de consommateurs de drogues injectables en Iran – dont une proportion considérable consomme une forme cristallisée d’héroïne vendue sur le marché sous le nom de ‘crack’.

Ces travaux ont été couronnés de succès et le gouvernement iranien a mis en œuvre l’une des politiques de réduction des risques parmi les plus progressistes jamais vues dans un pays en développement. On dénombre plus de 20 000 consommateurs de drogues bénéficiant d’un programme de traitement d’entretien à la méthadone qui a été lancé il y a trois ans. Des réformes importantes des lois ont facilité le succès de ce programme : bien que la consommation de drogues soit un crime, les personnes qui suivent un traitement contre la consommation de drogues ne sont pas considérées comme des criminels. « Même les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues sont considérés comme un traitement, ce qui est une très grande avancée et un pas important vers une déstigmatisation ; ainsi, les personnes qui consomment des drogues injectables peuvent avoir accès aux services proposés » déclare M. Setayesh. Si l’on en croît les dernières études publiées, plus de 90 % des consommateurs de drogues ont utilisé des aiguilles propres lors de leur dernière injection à Téhéran.

Il y a deux ans, le programme de réduction des risques liés à la consommation de drogues injectables a été étendu aux prisons – milieu pour lequel l’ONUDC est considéré comme l’organisme responsable des Nations Unies. « Beaucoup a été fait mais on peut encore améliorer les choses » déclare M. Setayesh. « Le système carcéral essaie d’intégrer un programme d’échange d’aiguilles et de fourniture de préservatifs, mais la difficulté est d’inciter les prisonniers à les utiliser. Cela nécessite une réforme pour élargir les services dans les prisons.»

Cela étant, l’Iran évolue d’une situation d’épidémie de VIH concentrée parmi les consommateurs de drogues injectables vers une situation d’épidémie plus généralisée, laquelle affecte principalement les partenaires et les épouses des personnes qui consomment des drogues injectables et des anciens prisonniers. Bien que la riposte parmi ces groupes particuliers clés de population ait été remarquable et progressiste, d’autres groupes ayant des comportements à risque, tels que les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ne sont pas suffisamment pris en compte au sein de la riposte nationale. La question de l’homosexualité est une question sensible en Iran, ce qui fait que la fourniture de services destinés aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes pose de nombreuses difficultés à l’ONUSIDA, organisme responsable des Nations Unies dans ce domaine.

 Comme dans de nombreux autres pays, c’est la stigmatisation qui constitue le principal obstacle pour la riposte au sida en Iran. « On la trouve à différents niveaux » déclare M. Setayesh « et bien que nous obtenions beaucoup d’appuis de la part des communautés, du gouvernement et des partenaires, c’est toujours une difficulté majeure.»

Il est également difficile d’obtenir des fonds pour financer des initiatives novatrices permettant de combattre la stigmatisation. « Bien que le gouvernement soit engagé, il dépense beaucoup d’argent dans des programmes de substitution à la méthadone et de réduction des risques. Lorsque vous voulez travailler avec d’autres groupes, le gouvernement paraît moins intéressé et on ne trouve pas l’appui de donateurs » déclare M. Setayesh. « La radio et la télévision ne semblent pas vraiment intéressées par un débat ouvert pour lutter contre la stigmatisation, en particulier lorsque cela concerne la transmission sexuelle. Elles font beaucoup mieux lorsqu’il s’agit de lutter contre la drogue.»

L’Equipe conjointe des Nations Unies a travaillé sur le recensement des principales sources de stigmatisation et identifié une approche novatrice pour lutter contre celle-ci. Elle a pris contact avec des chefs religieux de haut niveau qui soutiennent l’idée que les personnes vivant avec le VIH ne devraient pas être la cible de discriminations et que des fonds publics devraient être alloués à leur santé. « Cela a aidé les personnes vivant avec le virus à s’exprimer et à mettre un visage sur le VIH ». En outre, le Programme national de lutte contre le sida développe une nouvelle stratégie intitulée ‘Prévention positive’ avec le concours et l’appui de l’ONUSIDA et du PNUD.

M. Setayesh est optimiste concernant les perspectives de la riposte iranienne au sida. « Je pense que tout est possible dans ce pays » indique-t-il. « Il est très progressiste à de nombreux égards et le travail du gouvernement est basé sur des éléments concrets. Cela nous offre une excellente opportunité pour convaincre les décisionnaires de faire plus pour la santé publique ». Avec de telles attitudes, M. Setayesh espère qu’il sera possible d’infléchir l’épidémie. On note déjà des signes indiquant que le programme de substitution à la méthadone a un impact grâce à une diminution de la prévalence dans les prisons. « Nous espérons voir des résultats d’ici à deux ans » dit-il. « Et cela affectera considérablement la communauté à l’extérieur en raison des liens qui existent entre drogue et commerce du sexe. C’est donc là une occasion en or qui a déjà été exploitée et qui continuera, je l’espère, de l’être.»

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