Middle East and North Africa

Un nouveau rapport montre une vulnérabilité accrue au VIH chez les migrantes originaires d'Asie dans les Etats arabes

10 mars 2009


Une nouvelle étude intitulée Vulnérabilités vis-à-vis du VIH des migrantes originaires d'Asie dans les Etats arabes montre que les femmes asiatiques qui émigrent dans les pays arabes sont souvent confrontées à des situations qui les rendent extrêmement vulnérables vis-à-vis des facteurs conduisant à une contamination par le VIH.

 

Selon une étude publiée aujourd'hui et réalisée en collaboration par le PNUD, l'ONUSIDA, CARAM Asie, l'OIM, l'UNIFEM et le Centre des migrants de Caritas au Liban, les femmes asiatiques qui émigrent dans les Etats arabes le font souvent dans des conditions peu sûres, sont souvent la cible de violences et d'une exploitation sexuelle et sont très vulnérables vis-à-vis des facteurs conduisant à une contamination par le VIH.

Vulnérabilités vis-à-vis du VIH des migrantes originaires d'Asie dans les Etats arabes examine le tribut payé par les femmes migrantes, en particulier les moins qualifiées, sur les plans sanitaire, social et économique. Dans le contexte actuel de crise économique mondiale, avec un chômage en hausse, ces femmes peuvent se retrouver en situation de précarité du fait d'une position de négociation qui tend à s'affaiblir et qui les pousse à accepter des conditions médiocres pour obtenir ou garder un emploi.

La migration elle-même ne constitue pas un facteur de risque d'infection par le VIH ; ce sont les conditions dans lesquelles les gens émigrent ainsi que les conditions de vie et de travail que ces personnes rencontrent dans le pays d'accueil qui les rendent extrêmement vulnérables au VIH.

L'étude, qui s'appuie sur quelques 600 entretiens réalisés dans quatre pays asiatiques et trois Etats arabes (Bahreïn, le Liban et les Emirats Arabes Unis), révèle que souvent, les femmes migrantes, dont beaucoup sont des employées de maison, ne bénéficient d'aucune protection juridique, subissent des menaces et une exploitation sexuelle sur leur lieu de travail et ont un accès limité, voire inexistant, aux services sociaux ou aux services de santé.

Les Etats arabes sont la principale destination de nombreux migrants venus d'Asie, notamment des quatre pays inclus dans l'étude, à savoir le Bangladesh, le Pakistan, les Philippines et le Sri Lanka.    

La migration des femmes vers les Etats arabes considérés et les mouvements d'argent vers les pays d'origine étudiés sont deux phénomènes de grande ampleur. Le rapport estime que 70% à 80% des personnes qui émigrent vers les Etat arabes en provenance du Sri Lanka et des Philippines sont des femmes. Entre 1991 et 2007, 60% des femmes migrantes du Bangladesh ont quitté leur pays pour trouver un emploi dans cette région ; sur la même période, le montant des sommes d'argent envoyées dans leur pays par les Philippins travaillant dans les Etats arabes s'est élevé à 2,17 milliards de dollars US. Les travailleurs migrants venus du Bangladesh travailler aux Emirats Arabes Unis ont envoyé environ 367 millions de dollars US dans leur pays. Quant aux sommes envoyées par les travailleurs migrants originaires du Sri Lanka, elles s'élèvent actuellement à 3 milliards de dollars US.

Le rapport Vulnérabilités vis-à-vis du VIH des migrantes originaires d'Asie dans les Etats arabes contient des propositions pour l'avenir. Selon le rapport, les pays d'accueil et les pays d'origine partagent une responsabilité égale, pour ce qui est de la mise en place de politiques et de programmes de protection destinés aux femmes à la recherche d'une vie meilleure loin de leurs pays.  Les recommandations contenues dans le rapport sont notamment les suivantes : 

  • Les migrants dont l'état de santé n'empêche pas d'occuper un emploi, comme les personnes vivant avec le VIH, ne doivent pas se voir refuser le droit à travailler ;
  • L'assurance-santé des travailleurs migrants doit couvrir tous les aspects de la santé, y compris le VIH ;
  • Des listes noires d'agents de placement et d'employeurs doivent être créées, mises à jour et partagées ;
  • Le personnel des ambassades et des consulats situés dans les pays d'accueil doit être formé sur les besoins et les vulnérabilités propres aux femmes migrantes ;
  • Le code du travail existant doit être modifié ou réformé afin qu'il s'applique aux travailleurs migrants du secteur des emplois domestiques

Informations sur les ripostes au sida au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

04 février 2009

Woman with glasses speaking
Dr Renu Chahil-Graf, Administratrice, Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord
Photo: ONUSIDA

En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, l’ONUSIDA estime à 35 000 le nombre de personnes qui ont été infectées par le VIH en 2007, ce qui porte à 380 000 le nombre de personnes vivant avec le virus. On estime que 25 000 personnes sont décédées de maladies liées au sida la même année. Des stratégies efficacement coordonnées de prévention, de traitement, de soins et d’appui en rapport avec le VIH sont essentielles si l’on veut réduire ces chiffres.

Pour avoir une vision plus claire des difficultés qu’il y a à conduire et coordonner une riposte au sida dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord, une évaluation des Autorités de coordination de la lutte nationale contre le sida de 16 pays a récemment été réalisée par l’Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA.

« Avoir des informations sur les atouts de leur riposte nationale aide les partenaires de pays à identifier les opportunités pour améliorer la coordination » a déclaré le Dr Renu Chahil-Graf, Administratrice, Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Forts de ces renseignements, les pays sont mieux informés pour prendre des décisions conduisant à l’objectif commun d’accès universel aux services de traitement, de prévention, de soins et d’appui en rapport avec le VIH pour ceux qui en ont besoin » a-t-elle précisé ensuite.

Evaluation des Autorités de coordination de la lutte nationale contre le sida

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Ministres, hauts responsables de la Santé et autres responsables gouvernementaux de la région MENA
Photo: ONUSIDA

L’évaluation a porté sur les structures institutionnelles, la gouvernance, les relations entre organes coordonnateurs, le renforcement des capacités, les problèmes d’harmonisation, d’alignement et opérationnels, et proposé une série de recommandations.

Sur la base de cet examen, l’ONUSIDA a organisé le mois dernier la première région régionale sur la coordination nationale de la lutte contre le sida en collaboration avec le Sultanat d’Oman à Muscat.

Plus de 80 participants composés d’administrateurs de programmes nationaux de lutte contre le sida, de hauts responsables de la Santé et autres responsables gouvernementaux du Sultanat d’Oman, d’Algérie, d’Egypte, d’Iran, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de Palestine, d’Arabie saoudite, de Somalie, du Soudan, de Syrie, de Tunisie, des Emirats arabes unis et du Yémen ont pris part à cette réunion de trois jours. Des représentants de l’OMS, du PNUD, de l’UNFPA, de la Banque mondiale et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) ont également participé à cet événement.

Avoir des informations sur les atouts de leur riposte nationale aide les partenaires de pays à identifier les opportunités pour améliorer la coordination. Forts de ces renseignements, les pays sont mieux informés pour prendre des décisions conduisant à l’objectif commun d’accès universel aux services de traitement, de prévention, de soins et d’appui en rapport avec le VIH pour ceux qui en ont besoin.

Dr Renu Chahil-Graf, Administratrice, Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Réunissant les Ministres de la Santé, les Ministres de la Jeunesse et des Sports ainsi que les Ministres des Affaires et des Services sociaux, les relations réciproques ont facilité des approches transversales pour faire progresser les ripostes au sida.

Les ‘Trois principes’

A travers le monde, tout le monde s’accorde sur la nécessité d’utiliser plus efficacement les précieuses ressources qui existent. Des partenariats coordonnés et harmonisés sont essentiels pour y parvenir. Cela s’est traduit par l’approbation d’un ensemble de principes proposés par l’ONUSIDA. Les ‘Trois principes’ structurent les initiatives nationales et internationales de lutte contre le sida.

Mettre en œuvre les Trois principes à l’échelon du pays nécessite que les structures de coordination de la lutte nationale contre le sida soient impliquées dans les domaines suivants :

  1. Conduire l’élaboration de plans stratégiques nationaux dont les priorités sont définies
  2. Renforcer des systèmes de suivi et d’évaluation qui facilitent la supervision et la résolution des problèmes du programme national
  3. Diriger des examens participatifs des résultats des parties prenantes dans l’harmonisation et l’alignement de leur appui sur le programme national.

 

Le réunion de trois jours avait pour thème : ‘Partager les expériences sur les Trois principes en action au Moyen-Orient et en Afrique du Nord’. Outre l’examen des résultats de l’évaluation, une feuille de route a été élaborée pour chaque pays pour l’année à venir.

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S.E Hasna Barkat Daoud, ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme de Djibouti (à gauche) et M. Elie Aaraj, président du réseau régional des ONGs dédiées au sida de la région MENA
Photo: ONUSIDA

Les pays de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord ont reçu environ US$ 431 millions du Fonds mondial sur les quatre dernières années. Des recommandations pour redynamiser les ripostes nationales au sida dans cette région ont été discutées lors de plusieurs réunions et groupes de travail différents, et récapitulées pendant la cérémonie de clôture.

L’objectif de l’accès universel

« Nous avons tous conscience que nous sommes loin d’avoir atteint l’objectif d’accès universel qui rendra la prévention, le traitement et la prise en charge du VIH accessibles à tous ceux qui en ont besoin d’ici à 2010 » a déclaré Jihane Tawilah, Représentante de l’OMS et Présidente du Groupe thématique de l’ONUSIDA à Oman.

« En 2007, on estimait à 150 000 le nombre total de personnes vivant avec le VIH qui avaient besoin d’un traitement antirétroviral dans la région. Six pour-cent seulement de ces personnes recevaient un tel traitement, ce qui est considéré comme le taux de couverture le plus faible au niveau mondial dans le classement régional de l’OMS » a-t-elle ajouté.

La priorité dans la région est d’appliquer des stratégies de prévention efficaces et d’augmenter la couverture des traitements antirétroviraux, a-t-elle indiqué en ajoutant « Cela nécessitera de réexaminer nos politiques et nos pratiques, et de réorienter en conséquence nos efforts et nos ressources vers des actions plus efficaces pour atteindre nos objectifs d’accès universel ».

Le Dr Chahil-Graf a également souligné la nécessité d’accroître la prise de conscience concernant le sida dans les segments de la société non encore sensibilisés aux informations de prévention du VIH.

La Journée mondiale sida marquée à la Conférence de Doha

01 décembre 2008

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Conférence de presse tenue à Doha, Qatar, lors de la Journée mondiale sida 2008

Les chefs de gouvernements, les dirigeants internationaux, ainsi que des leaders de la société civile et du secteur privé se sont réunis à Doha, capitale du Qatar, pour tirer le bilan de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement. La « Conférence internationale de suivi sur le financement du développement chargée d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey » se déroule sur fond d’incertitude financière mondiale. Ouverte officiellement samedi dernier, la Conférence se terminera le 2 décembre.

Pour marquer le vingtième anniversaire de la Journée mondiale sida, aujourd’hui, à la séance plénière à Doha, Ban Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU, a prononcé une allocution sur la Journée mondiale sida dans laquelle il a annoncé la nomination de Michel Sidibé au poste de Directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Cette allocution du Secrétaire général a été suivie d’une conférence de presse modérée par Mariangela Bavicchi-Lerner, Chef des relations avec les donateurs à l’ONUSIDA, à laquelle ont participé :

  1. Mme Luisa Morgantini, Vice-présidente du Parlement européen
  2. S.E. Trevor Manuel, ministre des Finances de République d’Afrique du Sud et Envoyé spécial du Secrétaire général à la Conférence de suivi de Doha
  3. S.E. Majozi V. Sithole, Premier ministre et ministre des Finances du Royaume du Swaziland
  4. Dr Laila Isharair, Conseillère pour la planification sanitaire et sociale au Secrétariat général du Qatar pour la planification du développement et membre du Comité national qatarien de lutte contre le sida
  5. Dr Christoph Benn, Directeur des relations extérieures pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme
  6. Dr Renu Chahil-Graf, Directeur de l’ONUSIDA pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord

M. Trevor Manuel, ministre des Finances de la République d’Afrique du Sud et Envoyé spécial du Secrétaire général à la Conférence de suivi de Doha, a mis l’accent sur le fait que cette journée devait être l’occasion de penser à la riposte au sida.

« Il s’agit d’une conférence sur le financement du développement et il est important de rappeler à tout le monde, en ce 1er décembre, les difficultés liées au VIH », a-t-il déclaré.

Le Dr Renu Chahil-Graf, Directeur de l’ONUSIDA pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, a souligné le statut de l’épidémie dans la région et a noté les efforts positifs entrepris à ce jour devant être reproduits dans d’autres pays.

La Vice-présidente du Parlement européen a insisté sur le soutien et l’engagement de l’Europe et de ses institutions à la riposte au sida. Le représentant du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a rappelé à l’assistance les difficultés à venir sur la voie de la réalisation de l’objectif de l’accès universel.

Les participants ont aussi salué le travail du Dr Piot et félicité M. Michel Sidibé pour sa nomination.

Premier Sommet des Conseils de l'agenda mondial

07 novembre 2008

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Mohamed Alabbar, Président d'Emaar Properties et Coprésident du Sommet sur l'agenda mondial, dans un discours prononcé lors de la session d'ouverture du Sommet sur l'agenda mondial (7 au 9 novembre 2008). Droit d'auteur : Forum économique mondial. Photo : Dana Smillie.

Le premier Sommet des Conseils de l'agenda mondial mis en place par le Forum économique mondial, qui constitue un rassemblement unique de leaders issus du monde universitaire, des milieux d'affaires, de gouvernements et de la société civile, se tiendra à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, du 7 au 9 novembre. Le Dr Peter Piot, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, se trouve actuellement à Dubaï pour participer à cet événement.

Le Sommet a pour but de proposer des solutions aux défis essentiels auxquels le monde doit faire face ; les nouveaux Conseils de l'agenda mondial mis en place par le Forum sont présentés comme le plus important réseau d'échange de connaissances et d'informations au monde.

Dans les prochains jours, le Dr Piot, en tant que Président du Conseil de l'agenda mondial pour le sida, participera à plusieurs ateliers et sessions, durant lesquels se tiendront des débats sur les moyens visant à améliorer l'état du monde, avec une attention particulière portée sur des problèmes spécifiques comme le VIH, le risque financier systémique, la gouvernance mondiale, la sécurité énergétique, la protection de l'enfance, les changements climatiques et la sécurité des aliments. Les autres questions abordées porteront sur les mesures à prendre et les acteurs dans ces domaines, la présentation des points essentiels des discussions des Conseils et les décisions concernant les prochains travaux des Conseils.

Les résultats du Sommet seront présentés comme base pour de futures discussions et de nouvelles mesures lors de la prochaine réunion annuelle du Forum économique mondial, qui se tiendra en 2009 à Davos, en Suisse.

Faire la différence : l’ONUSIDA en Iran

13 mai 2008

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M. HamidReza Setayesh est
Coordonnateur de l’ONUSIDA dans le pays
en Iran.

HamidReza Setayesh est devenu Coordonnateur de l’ONUSIDA dans le pays (COP) lorsque le bureau du Programme commun a été créé en Iran en mars 2005. Comme la plupart des COP, M. Setayesh affecte l’essentiel de son temps à sa principale mission qu’est la coordination de la riposte au sida du système des Nations Unies dans le pays. En Iran, il y a 13 bureaux des Nation Unies qui constituent l’Equipe conjointe des Nations Unies sur le sida qu’il dirige. Outre cela, le bureau de l’ONUSIDA fournit aussi un appui technique au gouvernement et aux organisations non gouvernementales (ONG) dans la mesure où il est considéré comme un partenaire de confiance et fiable.

« Notre plus grande réalisation a été l’harmonisation de la riposte des Nations Unies au sida » a déclaré M. Setayesh. « Nous avons réussi à faire des progrès et j’en suis très heureux ». On notera d’autres résultats importants enregistrés depuis trois ans qu’il est en fonction dans le domaine de l’amélioration de l’information stratégique – dans lequel le pays manque cruellement de capacités. L’ONUSIDA a aidé le gouvernement à concevoir des petites études qui fournissent des éléments concrets pour mettre en place des interventions efficaces.

Les principaux facteurs de propagation de l’épidémie en Iran sont l’utilisation de matériels d’injection contaminés parmi les consommateurs de drogues injectables et la transmission sexuelle du VIH. En conséquence, le travail de l’Equipe conjointe des Nations Unies sur le sida est principalement axé sur le problème de la consommation de drogues injectables. « Notre priorité absolue est de plaider auprès du gouvernement pour qu’il alloue des ressources à des initiatives de réduction des risques » déclare M. Setayesh. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), on estime à 200 000 le nombre de consommateurs de drogues injectables en Iran – dont une proportion considérable consomme une forme cristallisée d’héroïne vendue sur le marché sous le nom de ‘crack’.

Ces travaux ont été couronnés de succès et le gouvernement iranien a mis en œuvre l’une des politiques de réduction des risques parmi les plus progressistes jamais vues dans un pays en développement. On dénombre plus de 20 000 consommateurs de drogues bénéficiant d’un programme de traitement d’entretien à la méthadone qui a été lancé il y a trois ans. Des réformes importantes des lois ont facilité le succès de ce programme : bien que la consommation de drogues soit un crime, les personnes qui suivent un traitement contre la consommation de drogues ne sont pas considérées comme des criminels. « Même les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues sont considérés comme un traitement, ce qui est une très grande avancée et un pas important vers une déstigmatisation ; ainsi, les personnes qui consomment des drogues injectables peuvent avoir accès aux services proposés » déclare M. Setayesh. Si l’on en croît les dernières études publiées, plus de 90 % des consommateurs de drogues ont utilisé des aiguilles propres lors de leur dernière injection à Téhéran.

Il y a deux ans, le programme de réduction des risques liés à la consommation de drogues injectables a été étendu aux prisons – milieu pour lequel l’ONUDC est considéré comme l’organisme responsable des Nations Unies. « Beaucoup a été fait mais on peut encore améliorer les choses » déclare M. Setayesh. « Le système carcéral essaie d’intégrer un programme d’échange d’aiguilles et de fourniture de préservatifs, mais la difficulté est d’inciter les prisonniers à les utiliser. Cela nécessite une réforme pour élargir les services dans les prisons.»

Cela étant, l’Iran évolue d’une situation d’épidémie de VIH concentrée parmi les consommateurs de drogues injectables vers une situation d’épidémie plus généralisée, laquelle affecte principalement les partenaires et les épouses des personnes qui consomment des drogues injectables et des anciens prisonniers. Bien que la riposte parmi ces groupes particuliers clés de population ait été remarquable et progressiste, d’autres groupes ayant des comportements à risque, tels que les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ne sont pas suffisamment pris en compte au sein de la riposte nationale. La question de l’homosexualité est une question sensible en Iran, ce qui fait que la fourniture de services destinés aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes pose de nombreuses difficultés à l’ONUSIDA, organisme responsable des Nations Unies dans ce domaine.

 Comme dans de nombreux autres pays, c’est la stigmatisation qui constitue le principal obstacle pour la riposte au sida en Iran. « On la trouve à différents niveaux » déclare M. Setayesh « et bien que nous obtenions beaucoup d’appuis de la part des communautés, du gouvernement et des partenaires, c’est toujours une difficulté majeure.»

Il est également difficile d’obtenir des fonds pour financer des initiatives novatrices permettant de combattre la stigmatisation. « Bien que le gouvernement soit engagé, il dépense beaucoup d’argent dans des programmes de substitution à la méthadone et de réduction des risques. Lorsque vous voulez travailler avec d’autres groupes, le gouvernement paraît moins intéressé et on ne trouve pas l’appui de donateurs » déclare M. Setayesh. « La radio et la télévision ne semblent pas vraiment intéressées par un débat ouvert pour lutter contre la stigmatisation, en particulier lorsque cela concerne la transmission sexuelle. Elles font beaucoup mieux lorsqu’il s’agit de lutter contre la drogue.»

L’Equipe conjointe des Nations Unies a travaillé sur le recensement des principales sources de stigmatisation et identifié une approche novatrice pour lutter contre celle-ci. Elle a pris contact avec des chefs religieux de haut niveau qui soutiennent l’idée que les personnes vivant avec le VIH ne devraient pas être la cible de discriminations et que des fonds publics devraient être alloués à leur santé. « Cela a aidé les personnes vivant avec le virus à s’exprimer et à mettre un visage sur le VIH ». En outre, le Programme national de lutte contre le sida développe une nouvelle stratégie intitulée ‘Prévention positive’ avec le concours et l’appui de l’ONUSIDA et du PNUD.

M. Setayesh est optimiste concernant les perspectives de la riposte iranienne au sida. « Je pense que tout est possible dans ce pays » indique-t-il. « Il est très progressiste à de nombreux égards et le travail du gouvernement est basé sur des éléments concrets. Cela nous offre une excellente opportunité pour convaincre les décisionnaires de faire plus pour la santé publique ». Avec de telles attitudes, M. Setayesh espère qu’il sera possible d’infléchir l’épidémie. On note déjà des signes indiquant que le programme de substitution à la méthadone a un impact grâce à une diminution de la prévalence dans les prisons. « Nous espérons voir des résultats d’ici à deux ans » dit-il. « Et cela affectera considérablement la communauté à l’extérieur en raison des liens qui existent entre drogue et commerce du sexe. C’est donc là une occasion en or qui a déjà été exploitée et qui continuera, je l’espère, de l’être.»

Un espoir pour les enfants de la rue

12 janvier 2007

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L'aube vient de poindre au Caire, Egypte, mais Ahmed est déjà dans la rue. Contrairement à d'autres enfants, il n'est pas en route pour l'école. Ahmed a 12 ans ; il avait à peine six ans lorsqu'il a quitté son foyer parce que son beau-père l’a chassé de la maison. Après avoir erré d'une maison à une autre, il a décidé qu'il serait plus facile pour lui de vivre dans la rue. A cette époque, il ne se rendait pas compte que c'était aussi beaucoup plus dangereux. Lorsque les assistants sociaux du Village Hope l'ont trouvé, il avait été battu, volé à de nombreuses reprises et violé deux fois. Le Village Hope lui a donné un lieu où vivre en sécurité et la protection, les soins et le soutien dont il avait grandement besoin. « Nous l’avons aussi inscrit à une session d’information sur le VIH où il a appris comment se transmet le virus, » explique Nawara, sociologue au Village Hope. « Après ce qui lui est arrivé, il craint d’être lui-même séropositif, » ajoute-t-elle.

 

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L’association Village Hope a tout d'abord été créée pour offrir logement et soutien aux orphelins d'un des quartiers les plus pauvres du Caire. Toutefois, après deux ans, il s’est avéré que les enfants du quartier qui vivaient dans la rue avaient également besoin d'un lieu sûr où se rendre pour recevoir des soins et de l’aide et l’association a créé un centre de jour. L'ouverture de ce centre dans le quartier Shubra du Caire a été rapidement suivie de plusieurs autres dont celui du quartier de Sayeda Zeinab où Ahmed et d'autres jeunes garçons viennent chercher refuge et réconfort lorsque les rues du Caire deviennent trop difficiles. 

 

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Nawara, qui a 23 ans, travaille au Village Hope depuis environ un an. Elle reconnaît que même si son travail est très difficile, il est aussi très gratifiant, « car ces garçons ont vraiment besoin de notre aide, » explique-t-elle. « Le cas le plus difficile que j'ai rencontré est celui d'un garçon de 11 ans dont le père l'avait jeté par la fenêtre car il faisait trop de bruit. J'accompagne les enfants lorsqu'ils doivent avoir un examen médical et je suis choquée de ce qu'on voit sur leur corps – hématomes, coupures, blessures infectées. Il est difficile d'imaginer le vécu de ces enfants,» dit-elle. Khalid Dawoud travaille au Village Hope depuis 17 ans. C’est lui qui a créé le centre de jour de Sayeda Zeinab. Il explique : « Je connais tout de leur histoire et je sais ce que ces enfants subissent.»

 

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Dans le cadre de son travail au Village Hope, Khalid a remarqué que les enfants s'intéressaient à mieux connaître le VIH étant donné les dangers auxquels ils sont confrontés, qu'il s'agisse des agressions sexuelles, de la drogue, de la violence ou de la prostitution. Les rapports sexuels, tant contraints que volontaires, ont souvent lieu dans des endroits déserts. Les filles sont généralement plus menacées car elles sont agressées par les garçons de la rue les plus âgés, par des policiers et par d'autres personnes. Certaines filles acceptent des rapports sexuels en échange d’un sandwich, ou d’une protection. « Il est essentiel... que ces enfants sachent comment se protéger du VIH, » explique Khalid. « Lorsque nous avons annoncé que nous allions ouvrir bientôt un centre de dépistage, tous les enfants ont voulu faire le test pour être sûrs qu'ils n'étaient pas infectés par le VIH. »

Avec l'aide de l'UNICEF et d'autres organisations, la société du Village Hope organise plusieurs activités, qui vont de la fourniture de soins et d'un abri aux garçons et aux filles, au soutien psychologique, à la formation et à la fourniture des compétences nécessaires pour réintégrer la société.

 

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Maha Aon, coordonnateur de l'ONUSIDA en Egypte affirme que « pour nous, la collaboration avec ce type d'initiative est l'une de nos priorités en Egypte. Nous savons combien il est important et utile de cibler les interventions sur les personnes qui sont le plus exposées au risque d’infection par le VIH. Une des façons de protéger les enfants de la rue est de les aider à comprendre où se situent les risques et comment ils peuvent se protéger en prenant soin d'eux-mêmes et en se respectant. »

 

L'UNICEF, en collaboration avec l'ONUSIDA, dispense une formation sur les questions liées au sida aux assistants sociaux du Village Hope. Nawara, qui a suivi le cours en mars, estime que l'information qu’elle a reçue et les méthodes d'enseignement participatif l’ont beaucoup aidée dans son travail avec les enfants. « Nous avons appris à utiliser des jeux pour communiquer des informations sur le VIH et les dangers de la vie dans la rue, » explique-t-elle. La sensibilisation au sida fait maintenant partie intégrante des activités organisées par le Village Hope pour aider ces enfants.

 

Le Dr Erma Manoncourt, présidente du Groupe thématique élargi sur le VIH et représentante de l'UNICEF au Caire , ajoute que « nous devons intégrer le VIH dans les programmes existants et élaborer des programmes et interventions axés sur la réduction de la vulnérabilité des groupes marginalisés, ce qui comprend la prévention du VIH et l'atténuation de son impact. Nous faisons appel au secteur privé et à d'autres groupes de la société civile et travaillons avec les ONG et les organisations communautaires, mais dans le même temps nous collaborons avec le gouvernement et lui apportons notre appui. Tous ces efforts sont nécessaires si nous voulons faire la différence pour tous ceux qui n’ont personne pour les aider, » conclut-elle.


Photos: UNAIDS/P.Virot


Liens:

Hope Village Society (Egypt) (en anglais uniquement)
Le sida en Egypte

Sexospécificité et sida au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

08 août 2007

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Fouzia Abdallah, Directrice du Programme
national de lutte contre le sida au Yémen et
Somaya Al-Jowder, Directrice du Programme
national de lutte contre le sida de Bahreïn, au
cours de la réunion.

Lors d’une récente réunion, des experts du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) ont souligné l’importance majeure de l’autonomisation des femmes et de la promotion de l’égalité entre les sexes dans le recul de la vulnérabilité au VIH au niveau de la région.

Sous l’égide de l’Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA, un groupe de réflexion constitué de spécialistes intervenant dans les domaines du VIH et de la sexospécificité s’est réuni au Caire, en Egypte, afin de débattre de ‘La sexospécificité et du VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord’.

Au fur et à mesure de la progression de l’épidémie de VIH dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, le nombre de femmes séropositives au VIH s’accroît et les écarts enregistrés dans les taux de prévalence entre hommes et femmes ne cessent, eux, de diminuer. Les participants à la rencontre ont convenu que les inégalités observées dans l’ensemble de la région entre hommes et femmes contribuaient à accroître la vulnérabilité et le risque d’exposition au VIH. « Les inégalités entre les sexes sont, et doivent rester, au cœur de nos ripostes nationales au sida, » a déclaré Fouzia Abdallah, Directrice du Programme national de lutte contre le sida au Yémen.

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Fadume Haji Adam, Ministre des
Affaires familiales et du
Développement social dans le
Nord Ouest de la Somalie.

Les participants ont largement débattu de la question des coutumes en vigueur et du rôle de la religion. La Ministre des Affaires familiales et du Développement social dans le Nord Ouest de la Somalie, Fadume Haji Adam, a prononcé un discours d’ouverture axé sur les traditions culturelles et religieuses particulières à la région dont on constatait l’impact sur les femmes et les jeunes filles dans le contexte du VIH.

« C’est dans nos traditions que résident nos problèmes, mais c’est également là que nous devons trouver les solutions, » a-t-elle déclaré.

Les participants ont souligné le caractère essentiel de l’adaptation des stratégies appliquées dans le domaine de la sexospécificité et du sida au contexte régional pour une action efficace. A l’appui d’un certain nombre d’exemples illustrant l’inadéquation des actions engagées dans la lutte contre le sida avec la situation des femmes musulmanes, le Dr Nafisa Mohamed Abdelkarim, de l’Université des femmes de Afhad, au Soudan, a appelé à un examen plus approfondi du quotidien de nombreuses femmes et jeunes filles de la région : « Nous ne pouvons pas adopter un plan international sur les questions de sexospécificité et de sida, nous devons élaborer notre propre programme. Nous devons trouver nos propres stratégies et solutions, » a-t-elle souligné.

« Souvent, nos femmes ne font pas des choix personnels. Elles prennent leurs décisions en fonction du contexte social dans lequel elles évoluent. Nos ripostes au sida doivent tenir compte de ces contextes, et pas seulement des individus. Nous devons faire du sida notre affaire, avec des mots et des interventions qui nous parlent et correspondent à nos situations, » a-t-elle ajouté.

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L’accent a été mis sur l’importance fondamentale
d’adapter les stratégies développées dans le
domaine de la sexospécificité et du sida au
contexte régional, pour agir efficacement.

La réunion a rassemblé des personnes venues de régions du monde parmi les plus fortement affectées par des conflits. L’une des préoccupations clés des participants a consisté à trouver le moyen de maintenir la question de la sexospécificité et du sida au premier rang d’un ordre du jour politique et médiatique déjà très chargé. « L’ordre du jour est déjà complet en raison de problèmes immédiats et urgents. Dans le même temps, nous pouvons voir à quel point les situations de conflit accroissent la vulnérabilité au VIH, » a déclaré Laila Baker, Représentante adjointe de l’UNFPA dans les territoires palestiniens occupés.

« Plutôt que d’axer tous nos efforts sur un mode d’urgence, nous devons garder l’œil sur la question de la sexospécificité et du sida dans les situations de conflit. Nous ne pouvons nous permettre d’ignorer un tel problème de développement, » a-t-elle renchéri.

Pour compléter cette réunion d’experts, le groupe de réflexion a défini plusieurs actions clés destinées à faire avancer les choses, au nombre desquelles l’examen des ripostes nationales au sida dans un contexte sexospécifique, et le renforcement des capacités des partenaires nationaux afin d’intensifier les approches sexospécifiques et la mobilisation des principaux ministères et partenaires susceptibles d’intervenir au niveau régional dans le domaine de la sexospécificité et du sida.



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Davantage d’informations sur la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord

Médaille d’or pour les athlètes africains dans la prévention du VIH

03 août 2007

20070803_AllAfricaGames1_240.jpgLes jeunes athlètes de tout le continent visitent un
stand d’information sida pour mieux s’informer des
outils et techniques de prévention du VIH.
Photo: ONUSIDA

Après que l’on ait hissé les drapeaux, chanté les hymnes nationaux et distribué les médailles, c’est la prévention du VIH qui s’est haussée au rang de championne des Jeux africains 2007 organisés en Algérie au mois de juillet dernier.

Pendant que les athlètes de tout le continent couraient, sautaient, lançaient et marchaient pour gagner des médailles, les bénévoles de l’ONG algérienne ‘AIDS-Algérie’ donnaient, eux, le coup d’envoi d’une campagne de prévention du VIH destinée aux jeunes dans tous les sites clés de la compétition, y compris dans les cités sportives de la capitale destinées à héberger les athlètes.

Les jeunes compétiteurs sportifs ont été invités à visiter les stands sida, où ils ont pu obtenir des informations et en apprendre davantage sur les outils et techniques de prévention du VIH. Cette campagne, qui s’accompagnait de projections de vidéos sur la prévention du VIH et de distributions de préservatifs, a permis de toucher quelque 25 000 jeunes athlètes africains.

« Les équipes de sensibilisation sont parvenues à susciter un réel intérêt et une vraie participation auprès des jeunes athlètes africains des deux sexes, » a déclaré le Professeur Abdelkader Semid, Président de la Commission médicale du comité d’organisation des Jeux africains. « Cela a permis d’ouvrir les yeux de tous ces gens aux risques d’infection par le VIH et à la nécessité de se prémunir de l’infection, » a-t-il ajouté.

Organisée avec l’appui du comité directeur des Jeux, de l’UNFPA, du Secrétariat de l’ONUSIDA et du Fonds mondial, la campagne a montré qu’il était possible d’intégrer efficacement la prévention du VIH dans des manifestations sportives.

20070803_AllAfricaGames2_240.jpgLa campagne de sensibilisation sur le sida a
permis de toucher quelque 25 000 athlètes
africains.
Photo: ONUSIDA

« La riposte mondiale au sida a besoin de l’engagement de tous, dans l’ensemble des secteurs de la société. Cet événement majeur nous a fourni un excellent accès auprès des porte-parole de la jeunesse algérienne et africaine et nous espérons que cela les encouragera à poursuivre la mission de notre association dans la lutte contre le sida, » a précisé M. Adel Zeddam, Président de l’association ‘AIDS-Algérie’.

Les athlètes rencontrés sur les stands d’information ont souligné leur satisfaction d’avoir pu prendre part à une telle initiative et ont manifesté leur souhait de faire avancer la riposte au sida.

« Pour des gens comme nous qui participons à des manifestations sportives partout dans le monde, il s’agit d’une excellente initiative. Ce programme est vraiment spécial et j’aimerais le voir reconduit à travers le monde afin que les gens se protègent mieux, » a mentionné Candy, une athlète du Nigéria.

Le champion de judo ivoirien Camara Mangue en convient : « J’aimerais inviter toutes les générations à faire face au sida – c’est l’affaire de tous. »

« Le monde doit s’unir pour combattre le sida, » a déclaré le boxeur namibien Tobias.

Suite au succès de cette campagne, on peut souhaiter que de telles actions de prévention du VIH s’inscrivent de manière récurrente dans l’agenda des jeux à venir et dans celui de l’ensemble des manifestations sportives organisées sur le continent.

« Le sport constitue une force de changement, et en impliquant les jeunes dans les sports et les campagnes de prévention du VIH, nous pouvons leur donner les moyens d’être forts et de devenir des leaders dans ces deux domaines, » a conclu le Dr Samia Lounnas Belacel, Coordonnateur de l’ONUSIDA en Algérie. 


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Davantage d’informations sur l’Afrique subsaharienne
Davantage d’informations sur l’Afrique du Nord
Davantage d’informations sur le sport et le VIH

Art africain contemporain et sida

09 février 2007

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L’art africain est généralement perçu par les sociétés occidentales comme appartenant au folklore ou à l’artisanat. Ce n’est que vers la fin du XXe siècle que les soi-disant critiques d’art ont réexaminé le caractère exceptionnel de l’art africain contemporain, qui a enfin trouvé sa place dans la conscience culturelle des pays occidentaux.

En 1986, une exposition tenue à Paris a joué un rôle crucial dans le changement des perceptions concernant l’art contemporain non occidental. Cette exposition, intitulée Magiciens de la terre, montrait des œuvres d’artistes contemporains de tous les continents. C’est à partir de cet événement que fut créée la Contemporary African Art Collection (C.A.A.C – Collection d’art africain contemporain) par le collectionneur Jean Pigozzi, devenu l’un des plus grands promoteurs de l’art africain.

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La collection de Pigozzi, l’une des plus importantes du monde, comprend des œuvres d’artistes qui vivent et travaillent en Afrique subsaharienne, et qui utilisent divers modes d’expression, allant de la peinture à la sculpture, à la vidéo et au multimédia.

L’intérêt de la collection et de la plus grande partie de l’art contemporain africain réside dans le fait que les artistes se sont libérés de la tutelle esthétique des modèles occidentaux et expriment des idées locales ou universelles dans un langage, une iconographie et une forme qui leur sont propres. Les artistes africains vivent et travaillent en contact étroit avec leur public et ils sont au fait des affaires tant locales que mondiales. De plus, la représentation des problèmes de la collectivité est devenue un schéma fréquent qui souligne l’importance de la communauté dans la société africaine.

Cheri Samba, l’un des peintres les plus célèbres du Congo, explique : « Mon art fait partie intégrante de mon milieu. Il tire son inspiration du peuple, il se préoccupe du peuple et il est fait pour lui » (1).

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L’art africain plonge ses racines dans sa propre réalité, ce qui fait des artistes des chroniqueurs de leur époque. La tradition, la nature, les mythes et la vie quotidienne sont les sources d’inspiration de l’œuvre des artistes africains contemporains. Mais pour tous ces artistes, le sida et son impact sur leurs sociétés ont une influence inévitable sur leur conception de l’art.

Le sida a modifié la vie de millions de personnes, en particulier en Afrique subsaharienne, et son impact est enraciné dans la perception qu’ont les artistes de leur communauté. Leurs œuvres reflètent, de diverses façons, les effets de l’épidémie de sida sur les sociétés dans lesquelles ils vivent. Et l’art peut, et en fait doit, jouer un rôle important dans la riposte au sida.

La proximité des artistes africains avec leur communauté et le fait qu’ils utilisent un langage commun à tous, les place dans une situation idéale pour sensibiliser les gens à l’épidémie tout en provoquant la réflexion et le dialogue autour des questions liées au sida telles que la stigmatisation, la pauvreté, les inégalités entre les sexes et les droits humains.

 

Art et sida : La collection de l’ONUSIDA

A fin 2006, l’ONUSIDA a inauguré sa collection Art et sida dans son nouveau siège de Genève, un bâtiment qu’il partage avec l’Organisation mondiale de la Santé.

« Nous avons beaucoup de chance d’avoir reçu en prêt des œuvres de la collection Jean Pigozzi, » déclare Annemarie Hou, conservatrice de la collection de l’ONUSIDA. « Plusieurs des œuvres ont suscité des conversations de couloir et des discussions animées – lorsque nous avons entendu les gens parler des œuvres, nous avons su que la collection était un succès. »

La collection de l’ONUSIDA Art et sida est composée de pièces de qualité muséale qui provoquent réflexion et dialogue. L’accent a été mis, dans un premier temps, sur l’art et les artistes africains, dont les pièces ont été rassemblées grâce au soutien généreux des artistes, des collectionneurs et des donateurs.

 


Photos: UNAIDS/O. O'Hanlon
(1) Cheri Samba, 100% Africa, TF Editores & FMGB Guggenheim Bilbao Museoa, Bilbao, 2006, p.142

 


Note: Les œuvres de 25 artistes de la collection Jean Pigozzi ont été exposées au Musée Guggenheim de Bilbao, Espagne, du 12 octobre 2006 au 18 février 2007 dans une exposition intitulée  100% Afrique.

Des jobs chics pour les personnes vivant avec le VIH

02 février 2007

En Algérie, la mode la plus récente, les couleurs les plus ‘in’ et les coupes les plus branchées vont être au cœur d’une initiative liée au sida et destinée à aider les personnes vivant avec le VIH à retrouver un travail.
L’Association algérienne des personnes vivant avec le VIH, El Hayet, a lancé un projet pilote à l’intention des séropositifs, dans le cadre duquel les participants seront formés à la production de vêtements de haute couture et de prêt-à-porter.
La formation est conçue et dirigée par un couturier professionnel et le cours permettra aux participants d’apprendre les méthodes et techniques de l’industrie de la mode, notamment, le dessin, la coupe, le stylisme et la couture. Les candidats qui réussiront le cours pourront obtenir une reconnaissance officielle de leur nouveau métier auprès de la Chambre nationale du commerce et de l’artisanat.

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Zohira Merah, présidente de El Hayet avec
le maître d'atelier, M. Redouane

« La société algérienne peut être impitoyable, » déclare Zohira Merah, présidente d’El Hayet. « Mais les personnes vivant avec le VIH ont le droit de travailler, d’être créatives et de subvenir à leurs besoins, sans avoir à dépendre de dons ou de charité, » ajoute-t-elle.

Le programme sur 12 mois a commencé en septembre 2006, avec l’appui du Secrétariat de l’ONUSIDA et de deux Coparrainants de l’ONUSIDA, l’OIT et le PNUD. Le projet a été rendu possible par des subsides du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
L’initiative offre des possibilités économiques novatrices aux participants qui seront payés pendant les 12 mois de leur formation. En outre, tous les vêtements créés pendant l’année seront vendus et les fonds provenant de leur vente utilisés pour aider des personnes vivant avec le VIH en Algérie. « Le volet économique du projet contribuera d’une part à attirer de nouveaux candidats et d’autre part à faire en sorte que ces personnes restent motivées pour élaborer des plans de carrière à plus long terme, » déclare Zohira Merah.
« Dans ce monde, nous devons apprendre à nous débrouiller, c’est pourquoi je me suis inscrite, » indique l’une des participants. « Il est difficile de trouver un emploi dans la société d’aujourd’hui, en particulier pour une femme. Je vis avec le VIH depuis 12 ans et ce cours me donne une chance de prendre le contrôle de ma vie et d’être indépendante. Lorsque je l’aurai terminé, je serai en mesure de transmettre ce que j’ai appris à d’autres personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus, et c’est très gratifiant, » ajoute-t-elle.
A la fin du cours, les personnes vivant avec le VIH auront la possibilité d’accéder à une indépendance économique durable grâce à l’accord signé entre l’Agence nationale de gestion du microcrédit et El Hayet. Des formateurs spécialisés aideront les participants intéressés ayant réussi le cours à présenter une demande de microcrédit allant de 400 à 5500 dollars remboursable sur cinq ans maximum.
« Ce projet est un bel exemple d’application du principe de la participation accrue des personnes vivant avec le VIH, » indique Andy Seale, Chef des Partenariats avec la société civile à l’ONUSIDA. « Des solutions à plus long terme du type de cet atelier en Algérie sont un élément essentiel de la riposte au sida, » ajoute-t-il.
« Avec la généralisation de la thérapie antirétrovirale qui permet de prolonger la vie, nous devons de plus en plus assurer aux personnes vivant avec le VIH des occasions d’exprimer tout leur potentiel de membres de la société productifs et indépendants sur le plan économique. Cela signifie souvent une réintégration dans le monde du travail, mais ce processus peut être difficile étant donné la stigmatisation et la discrimination qui entourent encore l’infection à VIH. Ce projet montre bien comment on peut, en réfléchissant, faciliter ce processus, » estime Kate Thomson, Conseillère en matière de partenariats à l’ONUSIDA.

 


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