Middle East and North Africa

Pour la deuxième année, le programme du Master en Santé internationale de l'Université Senghor inclut un module sur le VIH

25 janvier 2013

Étudiants ayant achevé le cursus sur le VIH dans le cadre de leur Master en Santé internationale à l'Université Senghor.
Photo : Université Senghor

Plus de 35 étudiants de 22 pays de toute l'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, de Haïti et de France ont suivi un cours sur le VIH dans le cadre de leur Master en Santé internationale à l'Université Senghor, Université Internationale de la Francophonie, basée à Alexandrie. Ce module universitaire a été établi par l'ONUSIDA et par le département Santé de l’Université Senghor, en 2011 afin de permettre aux étudiants de mieux comprendre les complexités de la riposte mondiale au VIH.

C'est la deuxième année que des étudiants ont pu suivre ce programme. « Je me félicite de cette coopération étroite entre l'ONUSIDA et l'Université Senghor », a déclaré le Professeur Albert Lourde, Recteur de l'Université Senghor. « Elle prouve à quel point l'expertise francophone est unique et nous montre que nous devons encourager l'éducation et le partage des connaissances entre les pays francophones afin de résoudre efficacement les problèmes liés au VIH. »

Le cursus comprend 10 sessions qui visent à renforcer les connaissances globales scientifiques et de santé publique des étudiants, et à leur permettre de soutenir les ripostes nationales au sida à leur retour dans leur pays respectifs. Les cours de cette année ont intégré des sessions de partage de connaissances médicales et épidémiologiques sur le VIH ainsi que des sessions sur la contribution des communautés et de la société civile à la riposte au sida.

Je me félicite de cette coopération étroite entre l'ONUSIDA et l'Université Senghor. Elle prouve à quel point l'expertise francophone est unique et nous montre que nous devons encourager l'éducation et le partage des connaissances entre les pays francophones afin de résoudre efficacement les problèmes liés au VIH

Professeur Albert Lourde, Recteur de l'Université Senghor

Pendant cette formation, les étudiants ont été encouragés à réfléchir à certains des principaux obstacles à la réalisation des objectifs et des engagements pris dans la Déclaration politique de 2011 des Nations Unies sur le VIH et le sida. Le cursus s'est achevé avec une visioconférence interactive - ouverte par le Professeur Lourde - qui a mis en perspective les initiatives internationales majeures pour promouvoir des ripostes au VIH efficaces et efficientes. Étaient inclus une initiative ayant pour but de garantir que 15 millions de personnes bénéficieront d'un traitement antirétroviral d'ici 2015, ainsi que le Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l'horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie. Au cours de cette conférence, les participants ont aussi évoqué les droits de l'homme dans le contexte du VIH et ont analysé les défis spécifiques de la région de l'Afrique de l’Ouest et du Centre.

Dans le cadre du programme, certains étudiants ont eu l'opportunité de faire leur stage obligatoire de trois mois dans les bureaux de l'ONUSIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où ils ont pu découvrir par eux-mêmes les complexités de la riposte au VIH. L'ONUSIDA poursuivra son partenariat avec l'Université afin de s'assurer que le sida reste l'une des composantes de son programme de Master en Santé internationale à mesure que l'Université étendra ses campus à d'autres pays francophones en Afrique.

Le Soudan s'engage à intensifier sa riposte au sida

16 décembre 2012

De gauche à droite : Madame Mahasen Abdelarman, épouse du gouverneur de River Nile State ; Dr Hamidreza Setayesh, Coordonnateur de l'ONUSIDA ; son Excellence Madame Widad Babiker, épouse du Président du Soudan et d'autres épouses de gouverneurs et de membres de la société civile de la « Coalition soudanaise sur les femmes et le sida », décembre 2012, Atbarah, River Nile.

Malgré des années de conflits et d'urgences humanitaires, le Soudan intensifie sa riposte au sida. Il y a environ 69 000 personnes vivant avec le VIH au Soudan et la prévalence du VIH est à 0,4%. Les estimations montrent également que seuls 10% du nombre estimé de personnes nécessitant un traitement antirétroviral le reçoivent.

Le Soudan a l'une des plus grandes populations de personnes vivant avec le VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et le pays est en bonne voie pour aborder quelques-uns des obstacles qui ont empêché l'élargissement de la prévention, du traitement, des soins et de l'appui en matière de VIH. A ce jour, plus de 150 centres fournissent dépistage et conseil et 32 sites de traitement ont été mis en place dans le pays pour rendre plus accessible et disponible le traitement antirétroviral.

Lors d'une réunion organisée par la Coalition soudanaise sur les femmes et le sida* à Atbarah, River Nile State, les responsables gouvernementaux, conjointement avec la Coalition soudanaise sur les femmes et le sida, ont réaffirmé leur engagement de fournir une riposte au sida complète.

Son Excellence Widad Babiker, la Première dame du Soudan, s'est adressée aux participants et en appelle à des partenariats plus forts pour prévenir les nouvelles infections à VIH. Elle a déclaré, « En plus des gouvernements, fédéral et local, la responsabilité pour la prévention du VIH en revient est l'affaire de tous. Nous devons nous engager pour une génération sans stigmatisation, sans discrimination et sans VIH. L'une des manière d'agir est d'élargir le dépistage du sida pour les femmes enceintes. »

Les participants ont discuté et se sont informés sur la riposte au VIH dans leur pays et dans tout le monde arabe. Ils ont débattu des questions sur les droits humains, particulièrement pour les femmes et les filles dans le contexte du VIH et ont appris que le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord détiennent l'épidémie de VIH dont la propagation est la plus rapide au monde, ce qui signifie que les interventions de prévention dans la région n'ont pas été suffisantes pour stopper la propagation de l'épidémie.

Nous devons nous engager pour une génération sans stigmatisation, sans discrimination et sans VIH. L'une des manières d'agir est d'élargir le dépistage du sida pour les femmes enceintes

Son Excellence Widad Babiker, Première dame du Soudan

Les participants ont convenu que tous les secteurs du pays doivent contribuer au développement d'une riposte au sida efficace qui soit basée et ancrée dans le respect des droits humains. Pendant la réunion, ils ont mis en commun un plan de travail pour chaque constituante qui inclut l'appui aux femmes vivant avec le VIH, des campagnes de réduction de la stigmatisation, la mobilisation de manifestations de bienfaisance en faveur d'une campagne sur le thème « montrer notre amour, se faire dépister » conçue pour augmenter les efforts afin de stopper toute nouvelle infection au VIH chez les enfants.

Le gouvernement soudanais a montré un engagement ferme. Lors d'une conférence de presse où participaient trois ministres fédéraux lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida, son Excellence Dr Ahmed Bilal, le ministre fédéral de la Culture et de la Communication et porte-parole du gouvernement soudanais déclarait, « Le VIH est une réalité au Soudan et ne peut pas être correctement traité si nous continuons de mettre la tête dans le sable. »

Son Excellence Dr Amira El-Fadil, ministre de la Protection sociale et de la Sécurité sociale, demande la fondation d'un partenariat durable avec la société civile, les organisations de jeunes et les médias ainsi qu'avec les imams et les leaders religieux pour toucher tous les secteurs de la population. Dr Bahar Idris, ministre fédéral de la Santé, ajoute que réduire les nouvelles infections à VIH exigera des efforts multisectoriels significatifs, « Nous ne pouvons pas continuer de vivre dans le déni et attribuer le sida aux pays voisins. »

Le Coordonnateur de l'ONUSIDA, Dr Hamidreza Setayesh, a commenté l'engagement politique du pays par rapport à la riposte au sida. Il a également souligné la nécessité d'un élargissement rapide et significatif de la couverture des services en relation avec le VIH ainsi qu'une augmentation des ressources nationales pour le sida au Soudan. « Il est malheureux et inacceptable de voir que 9 personnes sur 10 nécessitant un traitement antirétroviral au Soudan sont privées de ces mesures vitales, » déclare le Dr Setayesh. « Avec le fort engagement donné par le gouvernement et le leadership de son Excellence Madame Widad, le Soudan peut montrer à la région et au monde islamique que l'accès universel est réalisable. »

*La Coalition soudanaise sur les femmes et le sida est composée d'épouses de gouverneurs d'Etat, de femmes vivant avec le VIH, des membres des associations du réseau contre le sida du Soudan et des autorités locale et fédérale.

Un nouvel élan dans la riposte au sida des pays arabes ouvre la porte au changement

27 novembre 2012

Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, Gestion et gouvernance, et le Dr Ziad Memish, Ministre délégué à la Santé publique du Royaume d'Arabie saoudite.

Les pays arabes innovent dans leurs actions de lutte contre le VIH et le sida. « Le nombre croissant d'infections à VIH et de décès dus au sida donne une indication de l'importance d'élaborer une feuille de route claire pour les pays arabes, avec des objectifs réalistes », a déclaré le Dr Ziad Memish, Ministre délégué à la Santé publique du Royaume d'Arabie saoudite.  Il a confirmé l'engagement de l'Arabie saoudite de poursuivre son leadership dans le développement de l'initiative arabe sur le sida, lancée par les Ministres arabes de la Santé en octobre 2011, visant à intensifier la riposte au VIH au niveau régional et national pour atteindre les objectifs fixés par la Déclaration politique de 2011 des Nations Unies sur le VIH et le sida.

À l'occasion d'une réunion organisée par le Royaume d'Arabie saoudite, sous l'égide de la Ligue arabe et avec le soutien de l'ONUSIDA, des représentants gouvernementaux et non gouvernementaux ont reconnu la nécessité d'agir rapidement en constatant que la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est l'une des deux seules régions où l'épidémie continue de se répandre. Bien que les chiffres généraux restent relativement faibles, les estimations données par le Rapport mondial de l'ONUSIDA, publié en novembre 2012, font état d'une augmentation du nombre de nouvelles infections à VIH et de décès dus au sida au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Depuis 2001, le nombre de personnes nouvellement infectées par le virus a augmenté de plus de 35 %, avec une hausse significative du nombre de décès dus au sida. Le rapport montre également que malgré un doublement du nombre de personnes ayant accès au traitement anti-VIH dans la région entre 2009 et 2011, la couverture du traitement reste très faible, autour de 15 %.

Les participants ont admis que les principes directeurs pour l'élaboration de la stratégie arabe de lutte contre le sida devraient inclure des actions basées sur des données probantes et sur les droits, centrées sur les individus, multisectorielles, intégrées et tenant compte des sexospécificités ainsi que des besoins particuliers des jeunes. Cette stratégie doit prendre en considération la diversité des situations de l'épidémie et des ripostes dans la région et s'appuyer dessus.

Le sida n'est pas seulement un problème de santé, c'est aussi une question sociale et de développement qui exige une réponse coordonnée basée sur des données probantes

Dr Laila Negm, Directrice du Département de la santé et de l'aide humanitaire de la Ligue arabe

« Le sida n'est pas seulement un problème de santé, c'est aussi une question sociale et de développement qui exige une réponse coordonnée basée sur des données probantes », a indiqué le Dr Laila Negm, Directrice du Département de la santé et de l'aide humanitaire de la Ligue arabe. Elle a mis en avant la nécessité d'une mobilisation politique pour aborder la prévention, le traitement et les questions de stigmatisation et de discrimination et a déclaré que la région compterait sur le soutien durable de l'ONUSIDA pour faire avancer cette stratégie.

« La région dispose d'une grande occasion de démontrer qu'elle peut figurer parmi les premières à mettre un terme au sida et d'utiliser la riposte au sida pour obtenir de meilleurs résultats en matière de santé, de droits de l'homme et de développement », a déclaré Mme Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA.

Un nouveau guide pour améliorer la conception des programmes de lutte anti-VIH ciblant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

03 octobre 2012

Un nouveau guide pour améliorer la conception et la mise en œuvre des programmes de lutte anti-VIH ciblant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord a été présenté le 27 septembre par l'ONUSIDA au Caire, en Égypte. Cette présentation a eu lieu dans le cadre d'un atelier préparé par l'Organisation mondiale de la Santé sur le thème « Le VIH au sein des populations les plus exposées à un risque accru de transmission sexuelle ».

Intitulé « Le VIH et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : d’une démarche de sensibilisation à une démarche d'engagement », il a pour but de fournir aux pays qui appliquent actuellement des programmes pour les HSH des outils supplémentaires pour les améliorer. Il donne également aux autres pays désireux d'initier de tels programmes des éléments suffisants pour le faire.

Cette nouvelle publication décrit en quatre modules l'intégralité d'un cycle de programme de proximité national sur le VIH visant à impliquer les HSH. Ces quatre modules sont les suivants : analyse de situation, élaboration d'un programme de proximité, approche de proximité et suivi. Chaque module contient des données scientifiques et des actions pratiques.

Les tabous dominent et entravent la riposte au sida

La sexualité et les infections sexuellement transmissibles (IST) sont des questions sensibles rarement abordées dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ; quant à l'homosexualité et la transsexualité, elles restent des sujets tabous, selon ce nouveau rapport.

Ce guide offrira un support théorique et technique solide et un appui aux travailleurs de proximité, qu'il s'agisse de professionnels de santé ou de pairs-éducateurs

Elie Aaraj, Président du Réseau régional arabe contre le sida (RANAA) et Directeur exécutif de MENAHRA

« Dans la plupart des pays de la région, les relations entre personnes de même sexe sont considérées comme un crime, ce qui rend quasiment impossible pour cette population l'accès aux services nécessaires de prévention, de traitement et de soins anti-VIH », explique Ali Feizzadeh, Conseiller principal en information stratégique auprès de l'ONUSIDA.

Un nombre croissant d'enquêtes biocomportementales menées dans la région montrent que l'épidémie de sida se concentre au sein des populations les plus exposées au risque, notamment les HSH. Ces mêmes enquêtes révèlent que les HSH changent régulièrement de partenaires sexuels et peuvent aussi être consommateurs de drogues ou professionnels du sexe, alors que leur connaissance des IST reste limitée.

Cette nouvelle publication de l'ONUSIDA souligne que, si la riposte régionale actuelle au sida se caractérise par une faible couverture des populations les plus exposées au risque par les programmes de prévention du VIH, il existe une prise de conscience croissante de la nécessité de travailler avec des populations comme les HSH sur la prévention du VIH dans la région. À l'heure actuelle, ces efforts sont principalement entrepris par des associations non gouvernementales.

« Tous les pays de la région ont ratifié la Déclaration des droits de l'homme, mais certains domaines de travail sensibles ne peuvent pas être traités par les organes gouvernementaux actuels. Le rôle de la société civile est de combler le vide entre l'appui national et les besoins réels », déclare Elie Aaraj, Président du Réseau régional arabe contre le sida (RANAA) et Directeur exécutif de MENAHRA. « Ce guide offrira un support théorique et technique solide et un appui aux travailleurs de proximité, qu'il s'agisse de professionnels de santé ou de pairs-éducateurs », ajoute-t-il.

Le guide de l'ONUSIDA fournit des informations utiles, des astuces et des outils qui permettent d'atteindre efficacement les communautés HSH, d'établir la confiance et de bâtir des relations à travers un dialogue permanent. Il souligne l'importance d'impliquer la population des HSH dans l'élaboration effective des programmes de proximité sur le VIH.

Ce guide est le résultat de l'analyse des programmes existants et d'un travail de terrain mené par des organisations de la société civile partenaires dans neuf pays de la région. Il complète les directives de l'OMS récemment publiées qui concernent les recommandations de bonnes pratiques dans le domaine de la prévention et du traitement du VIH et des autres IST chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles.

Les dirigeants africains accueillent favorablement la responsabilité partagée et préconisent des solutions novatrices pour accélérer la riposte au sida, à la tuberculose et au paludisme

27 septembre 2012

Les dirigeants africains se réunissent pour passer en revue les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration d’Abuja de 2001 sur le VIH/sida, la tuberculose et les autres maladies infectieuses connexes et demandent des stratégies durables pour faire progresser la santé à l’horizon 2015 et au-delà.


De gauche à droite: le président du Bénin Boni YAYI, la secrétaire d’État américaine Hillary Rodham Clinton et Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA.
Credit: UNAIDS/B.Hamilton

NEW YORK/GENÈVE, 26 septembre 2012—Des dirigeants africains se sont réunis à New York en marge de la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies pour débattre de la Feuille de route de l’Union africaine. Cette initiative expose des stratégies durables à long terme pour financer et fournir un accès aux services de traitement et de prévention du VIH et autres services de santé en Afrique conformément aux objectifs du Millénaire pour le développement.

« Dix ans après Abuja, des millions de vies ont été sauvées et l’Afrique a prospéré, » a déclaré le président du Bénin Boni YAYI, en sa capacité de président de l’Union africaine. « Ces fondements doivent être rendus permanents pour cette génération et pour toutes nos générations futures. » Le président Boni YAYI a présenté la Feuille de route de l’Union africaine sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale pour le sida, la tuberculose et le paludisme.

Responsabilité partagée et solidarité mondiale

La présidente du Malawi Joyce Banda a adopté le concept de responsabilité partagée. « Je suis pleinement engagée en faveur de la mobilisation de ressources domestiques supplémentaires tout en veillant à l’utilisation efficace des fonds externes, » a-t-elle souligné dans une déclaration de soutien à la réunion. La présidente Banda a également souligné le travail de pionnier effectué par son pays pour « faire en sorte que toutes les femmes enceintes positives pour le VIH, quelle que soit leur numération CD4, entament une thérapie antirétrovirale et prennent un traitement contre le VIH pour le reste de leur vie. »

La transformation de l’accès à la santé en Afrique est le résultat d’un leadership africain avisé, associé à un soutien international fort. Les investissements pour la santé, émanant des financeurs et des ressources domestiques, se sont multipliés en Afrique. Des systèmes de santé fragiles ont été remplacés par davantage d’accent sur les ressources humaines et l’ingéniosité afin de fournir des soins de santé dans des régions reculées.

La secrétaire d’État américaine Hillary Rodham Clinton s’est adressée à la réunion et a reconnu l’engagement renouvelé de la part de l’Union africaine en faveur de la riposte au sida. « Si chaque nation dévastée par le VIH suit l’exemple de beaucoup de dirigeants dans cette salle et relève le défi que constitue la responsabilité partagée, nous ne préserverons pas seulement notre dynamique – nous accélérerons nos progrès et nous nous rapprocherons encore plus rapidement du jour où nous pourrons annoncer la naissance d’une génération libérée du sida, » a-t-elle affirmé.

Vers les objectifs pour 2015 et l’agenda post-2015

Avec trois années qui nous séparent de l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement, ainsi que des cibles mondiales dans le domaine du sida énoncées dans la Déclaration politique des Nations Unies sur le sida de 2011, les participants ont rappelé la nécessité d’un leadership politique fort et d’une meilleure appropriation par les pays.

Dans une première étape, les dirigeants africains ont convenu d’accélérer la mise en œuvre de la Feuille de route sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale pour le sida, la tuberculose et le paludisme adoptée par l’Union africaine en juillet 2012.

« L’Afrique n’a pas seulement fait la preuve de sa détermination mais elle a montré qu’elle a la capacité de fournir des soins de santé à ses citoyens. Des millions de vies ont été sauvées alors que les investissements dans les soins de santé se sont accrus – à la fois domestiques, et internationaux, » a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), qui a animé le débat du groupe de haut niveau. « Pour que chaque Africain puisse réaliser son droit à la santé, un nouveau paradigme pour des services de santé durables doit être mis en place. À cet effet, nous devons obtenir les investissements nécessaires, obtenir de bonnes lois, obtenir des avancées scientifiques, obtenir la responsabilité partagée et la solidarité mondiale, et obtenir l’accès à des services de santé qui sauvent des vies. »

L’envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale Gordon Brown s'exprimant lors de la réunion.

Une clé de cet accord consiste à faire avancer un nouveau modèle de responsabilité mutuelle qui puisse contribuer à unir les gouvernements africains et leurs partenaires du développement dans une série d’actions pratiques et qui permettra de rapprocher l’Afrique de la fin de l’épidémie de sida. Les données publiées cette année par l’ONUSIDA montrent que les avancées scientifiques et de meilleures pratiques programmatiques ont permis de réduire le nombre des nouvelles infections à VIH et des décès liés au sida. Le traitement salvateur contre le VIH atteint désormais plus de 8 millions de personnes autour du monde – dont plus de 6 millions sont en Afrique, la région la plus touchée par l’épidémie.

« Le moment est venu pour l’Afrique d’intensifier ses efforts et de créer un nouveau pacte international contre le sida, » a déclaré le président Macky Sall du Sénégal.

Au cours du dialogue, il a été convenu que la capacité d’AIDS Watch Africa soit renforcée. Il a également été suggéré qu’AIDS Watch Africa, l’organe africain mandaté afin d’assurer la responsabilité pour l’action, crée un nouveau modèle de responsabilisation en consultation avec les partenaires pour le développement de l’Afrique.

Un financement de la santé durable et novateur

Les dirigeants, qui comprenaient également les présidents des Comores, de la Guinée équatoriale et de la Namibie, le vice-Premier ministre du Kenya et des partenaires du développement, notamment la France, la Suède, le Brésil, la Commission de l’Union africaine, la Commission européenne et la Banque mondiale, ont également discuté des manières de faire en sorte que le financement de la santé soit suffisant et durable. Ces dernières années, de nombreux pays d’Afrique ont adopté des méthodes innovantes afin de créer des ressources pour la santé, au-delà des moyens traditionnels. Par exemple, le Rwanda et l’Ouganda ont désormais mis en place un système de prélèvements sur l’utilisation des téléphones mobiles, dont les recettes alimentent les programmes de lutte contre le VIH. La taxe prélevée par le Zimbabwe pour le sida fournit environ 30 millions de dollars des États-Unis alors que l’économie du pays croît. Une assurance maladie sociale est également en cours d’étude dans de nombreux pays.

Parallèlement, les investissements domestiques pour la santé se sont accrus, mais la majorité des pays n’ont pas atteint la cible d’Abuja qui vise à consacrer 15% du budget public à la santé. Les dirigeants présents à la réunion ont convenu que cet objectif devrait être maintenu et que tous les efforts devraient être faits pour l’atteindre. Toutefois, ils ont aussi convenu que les investissements internationaux, qui sont restés stables au cours de ces dernières années, doivent être préservés et accrus. Ils ont également appelé à des sources nouvelles et diversifiées d’investissements internationaux – en particulier en provenance des pays à économies émergentes.

Un accès durable aux médicaments

Une majorité des besoins pharmaceutiques de l’Afrique sont satisfaits par le biais d’importations. La nécessité de stimuler les capacités locales pour fabriquer des médicaments essentiels dont la qualité est assurée, ainsi que pour développer les marchés régionaux les concernant, notamment par le biais de cadres réglementaires communs, a été soulignée lors de la manifestation.

« L’Afrique doit être une source de connaissance et de science, et pas seulement de besoins et d’attentes, » a déclaré le président tunisien Moncef Marzouki. « Nous ferons tout notre possible pour nous assurer que l’Afrique réponde mieux à ses besoins en médicaments grâce à une production locale accrue. »

Objectif : zéro

« Si chaque fille et chaque garçon va à l’école et qu’elle/il apprend comment prévenir le VIH, nous pouvons atteindre l’objectif mondial de Zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida, » a déclaré Gordon Brown, l’envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale. « Si à la vision de l’ONUSIDA en faveur de l’Objectif : zéro nous ajoutons zéro analphabétisme, nous pouvons stopper le sida plus rapidement. »

Près de 23,5 millions de personnes vivent avec le VIH en Afrique. Les nouvelles infections à VIH dans la région ont chuté de 22% depuis 2001. À la fin de 2011, on estime que 56% des personnes éligibles pour le traitement contre le VIH en bénéficiaient – la couverture du traitement s’étant accrue de 22% à travers la région entre 2010 et 2011.


Contact

ONUSIDA Genève
Sophie Barton-Knott
tél. +41 79 514 6896 / +41 22 791 1697
bartonknotts@unaids.org

Mogadiscio : le VIH en temps de crise

27 juillet 2012

Une femme déplacée dans son pays avec son nourrisson âgé de 8 jours
Photo : ONUSIDA

« Je veux que mon enfant naisse sans le VIH », a déclaré M. Mohamoud Mohamed Ahmed, accompagné de son épouse souriante et visiblement enceinte, Mme Nasteho Farah Elmi, lors d'une récente discussion avec des personnes vivant avec le VIH à Mogadiscio. Cette ville aux murs délabrés et criblés de balles possède un réseau de 500 personnes vivant avec le VIH. M. Ahmed Mohamed Jimale, directeur proactif de ce réseau créé par la Commission Centre Sud sur le sida de Somalie, répond à ce genre de préoccupations en dirigeant les femmes vers des cliniques dotées de services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Pourtant, il existe une grande frustration due au manque de financement pour de tels services.

On en sait peu sur la situation du VIH en Somalie, et encore moins à Mogadiscio, car les problèmes de sécurité limitent la collecte de données. Les données vérifiables les plus récentes datent de 2004. Depuis, les estimations placent le taux de prévalence entre 0,7 et 1 %. Toutefois, une analyse des données provenant des centres de conseil et de dépistage volontaires et des cliniques recevant les patients atteints de tuberculose indique des taux d'infection à VIH allant jusqu'à 18 % chez les personnes atteintes de tuberculose et 5,2 % chez les professionnelles du sexe. Dans toute la Somalie, les conditions sont réunies pour une progression de l'épidémie : accroissement des échanges commerciaux, migration et expansion du commerce du sexe aux frontières et dans les ports.

La Ministre du Développement des femmes et de la Famille, Mme Maryam Aweis Jama, fait part de sa profonde inquiétude quant au manque de ressources : « Le gouvernement somalien dispose déjà de très peu de ressources pour gérer le pays, alors ne pensons même pas aux programmes de financement de la lutte contre le VIH. Nous avons un besoin urgent de ressources pour combattre la stigmatisation, la discrimination et la violence envers les femmes vivant avec le VIH et leurs familles ». Les chefs religieux, hommes et femmes, sont de plus en plus actifs dans la sensibilisation au problème du VIH. « En tant que chefs religieux, nous pouvons avoir une influence majeure sur la société en favorisant la sensibilisation aux questions sur le VIH lors des sermons du vendredi », indique M. Sharif Ibrahim Abdullahi. Une responsable religieuse, Mme Hawo Siidow Abdi, renchérit en expliquant qu'elle s'adresse aux femmes dans les mosquées en tête à tête pour les aider à mieux comprendre l'épidémie de VIH. Mme Hind Khatib, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré : « Il est gratifiant de savoir que ces chefs religieux, après avoir participé aux événements régionaux de formation à la lutte contre le VIH, relayent ces messages auprès de leurs communautés ».

Avec l'amélioration relative de la sécurité à Mogadiscio, la ville attire de plus en plus de personnes déplacées en quête d'une vie meilleure. Elles vivent dans des conditions épouvantables, avec peu de protection et d'accès aux services de base. Les centres de distribution du Programme alimentaire mondial s'occupent des populations déplacées et vulnérables. « Les nombres importants de personnes qui se rendent dans ces centres pourraient constituer une cible prioritaire pour la sensibilisation au VIH », a fait remarquer M. Kilian Kleinschmidt, Coordonnateur humanitaire adjoint des Nations Unies, lors d'une récente visite sur place.

Mogadiscio se caractérise par un environnement hautement militarisé, avec une police et une milice visibles partout. M. Abdinor Osman Weheliya, de l'ONG Organisation for Somalis Protection and Development, raconte qu'il arrive souvent que le soir, les femmes attendent à l'extérieur des casernes et des bases militaires en quête d'une opportunité d'échanger des services sexuels contre un peu d'argent pour survivre, ce qui les rend extrêmement vulnérables à une infection à VIH.

Plus inquiétant encore, au sein des communautés visitées comme dans la population en général, il existe une absence criante de sensibilisation et de compréhension de l'épidémie de VIH. « Si la prévention du VIH n'est pas mise en œuvre comme urgence prioritaire, le VIH pourrait bien devenir une autre bombe à retardement susceptible d'exploser à Mogadiscio », conclut le Dr Renu Chahil-Graf, Coordonnateur de l'ONUSIDA en Somalie.

Les femmes prennent la parole sur le VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

13 juillet 2012

Hind Khatib-Othman, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, présentant le rapport en compagnie de Hamidreza Setayesh, Conseiller régional du programme de l'ONUSIDA, Noha El-Mikawy, représentante de la Ford Foundation, MENA, et Rita Wahab, Coordinatrice régionale de MENA-Rosa.

Dans un nouveau rapport de l'ONUSIDA présenté aujourd'hui au Caire, en Égypte, et intitulé « Standing Up, Speaking Out » (Se lever et prendre la parole), 140 femmes vivant avec le VIH originaires de 10 pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord s'expriment sur les réalités qui forment les espoirs et les peines de leur vie. Les voix qui se font entendre dans ce rapport sont celles des membres de MENA-Rosa, le premier groupe régional dédié aux femmes touchées par le VIH.

À travers des rencontres en face à face et la constitution de réseaux longue distance, MENA-Rosa offre aux femmes vivant avec le VIH l'opportunité de parler de leurs nombreuses tentatives et de leurs victoires occasionnelles dans leur gestion du VIH au quotidien, des problèmes médicaux aux affaires familiales. Mais pour que le changement prenne pied dans leurs vies personnelles, les membres de MENA-Rosa ont pour objectif de dresser un tableau général de la situation, de favoriser la prise de conscience des principaux décideurs quant à leurs nombreux besoins, et lever des fonds pour atteindre leurs buts.

« Il y a beaucoup à faire pour les femmes vivant avec le VIH dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Elles sont confrontées à des situations spécifiques et ont des besoins particuliers », explique Hind Khatib-Othman, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. « Il existe des solutions, mais il faut lutter contre la stigmatisation et favoriser la prise de conscience. Tous les efforts de protection des droits des femmes devraient inclure les droits de celles qui vivent avec le VIH ».

On estime à 470 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont environ 40 % de femmes. Dans une région qui reste l'une des deux seules où les infections à VIH et les décès liés au sida continuent d'augmenter, ce nouveau rapport met au jour un ensemble complexe de facteurs sociaux, culturels et économiques qui rendent les femmes extrêmement vulnérables à l'infection.

Dans le rapport, l'un après l'autre, ces témoignages révèlent que les informations sur la vie avec le VIH sont au mieux minimales, sinon carrément inexistantes, ce qui affectent profondément la vie de ces femmes, souvent confrontées à la stigmatisation et la discrimination en raison de leur séropositivité au VIH. « Au départ, lorsqu'ils ont su que j'étais infectée, ma famille m'a interdit de dormir ou de m'asseoir aux côtés de ma fille. Ils me l'ont enlevée. Plus tard, ils ont commencé à comprendre qu'il n'y avait pas de problème », révèle une femme vivant avec le VIH au Yémen.

J'espère qu'à l'avenir les gens seront plus ouverts et que les personnes vivant avec le VIH ne seront pas mises en marge de la société. Nous n'avons pas cherché à attraper cette maladie, nous n'avons pas choisi de l'avoir

Une femme algérienne vivant avec le VIH

Le nouveau rapport souligne que les femmes qui adoptent des comportements à risque, comme le commerce du sexe ou la consommation de drogues injectables, sans protection adéquate sont très largement susceptibles d'être infectées par le VIH. Certaines femmes sont infectées par leur mari et d'autres parce qu'elles sont victimes de pratiques traditionnelles néfastes comme le mariage précoce. La dépendance économique, qui limite le pouvoir des femmes de négocier des rapports sexuels protégés ou de se libérer de relations violentes, est également associée à un risque accru d'infection à VIH. La violence sexiste est monnaie courante au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, comme le montrent plusieurs études nationales.

Le rapport indique également que la santé sexuelle et reproductive relève d'une situation d'urgence. On estime à environ 20 000 dans la région le nombre de femmes enceintes qui ont besoin de services de prévention de l'infection à VIH chez l'enfant, alors que seulement 5 % d'entre elles environ bénéficient des soins requis.

« Les femmes ont été au cœur des changements qui ont frappé une région où la population est descendue dans la rue pour exiger une vie dans le respect de la dignité, de l'égalité, de la justice et des droits humains », explique Amr Waked, acteur, militant et Ambassadeur itinérant de l'ONUSIDA dans la région. « Ce sont les mêmes exigences que les femmes vivant avec le VIH et elles ne méritent pas moins ».

L'éducation, la prévention du VIH et l'accès à un traitement anti-VIH de qualité sont des éléments clés de la solution, selon le rapport. Il convient de ne pas ménager les efforts pour engager les gouvernements, les chefs religieux et les dirigeants communautaires à changer les politiques, promouvoir l'égalité des sexes et lutter contre la stigmatisation.

Rita Wahab, Coordinatrice régionale de MENA-Rosa, s'exprimant lors du lancement du rapport « Standing Up, Speaking Out », avec Hamidreza Setayesh, Conseiller régional du programme de l'ONUSIDA.

Ce nouveau rapport récapitule les changements et les recommandations mis en avant par les femmes vivant avec le VIH dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Parmi ces changements figurent l'amélioration de l'accès à une éducation et des emplois de qualité pour les femmes et les filles ; l'accès garanti aux meilleurs soins disponibles pour le VIH, notamment un traitement antirétroviral durable ; une formation spéciale pour les médecins et les infirmières afin de réduire la stigmatisation et la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH ; et un meilleur accès aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive, notamment la prévention et le dépistage du VIH, pour les femmes mariées comme pour les femmes célibataires.

« J'espère qu'à l'avenir les gens seront plus ouverts et que les personnes vivant avec le VIH ne seront pas mises en marge de la société. Nous n'avons pas cherché à attraper cette maladie, nous n'avons pas choisi de l'avoir », explique une femme algérienne vivant avec le VIH.

Même si la tâche est vaste, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord n'en est encore qu'au stade précoce d'une épidémie majeure et elle a l'opportunité d'arrêter net la progression du VIH. Des groupes comme MENA-Rosa font entendre leur voix et militent pour une réforme. Le changement d'ordre politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord implique de nouveaux défis et de nouvelles opportunités pour une vie meilleure pour l'ensemble des citoyens. Quant aux femmes vivant avec le VIH, les changements qu'elles espèrent voir ne viendront jamais assez tôt.

L'efficience économique dans les programmes de santé : un thème clé de la conférence ministérielle africaine en Tunisie

05 juillet 2012

Des participants à la session de la conférence du 4 juillet sur l'innovation africaine (de gauche à droite) : Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA ; Hon. Tim Thahane, Ministre des Ressources minières, de l'Énergie et de l'Eau, Lesotho ; M. Claude Sekabaraga, expert en renforcement des systèmes de santé et en financement basé sur les résultats, Banque mondiale ; Hon. Kebede Worku, Ministre d'État en charge de la Santé, Éthiopie ; Mme Kampeta Sayinzoga, Secrétaire permanente, Ministère des Finances, Rwanda.

S'exprimant devant une soixantaine de ministres en charge des finances et de la santé lors d'une conférence organisée à Tunis le 4 juillet, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a félicité les dirigeants africains pour leur engagement accru et leur partenariat dans les ripostes au VIH dans toute la région.

« Les investissements dans la lutte contre le sida ont nourri les avancées en matière de santé et de développement », a indiqué M. Sidibé, qui participait à une session de la conférence consacrée à l'innovation africaine.

Les investissements stratégiques dans la lutte contre le VIH en Afrique ont eu des retours multiples. Dans 22 pays d'Afrique subsaharienne, le taux de nouvelles infections à VIH a chuté de plus de 25 % entre 2001 et 2009. Plus de 5 millions d'Africains bénéficient désormais d'un traitement antirétroviral, contre seulement 50 000 il y a dix ans.

Toutefois, ces acquis restent fragiles. Chaque jour, 3 500 Africains meurent du sida. On estime à 5 millions le nombre d'Africains qui auraient besoin d'un traitement anti-VIH et qui n'y ont toujours pas accès. En Afrique, près de 300 000 enfants continuent de naître avec le VIH chaque année.

Les investissements dans la lutte contre le sida ont nourri les avancées en matière de santé et de développement

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Dans le contexte actuel de crise économique, les rares ressources disponibles doivent être utilisées avec plus d'efficience, de transparence et de responsabilité, a expliqué le Directeur exécutif de l'ONUSIDA lors d'une présentation intitulée Des solutions africaines pour une meilleure efficience économique. Il a mis en avant des politiques et des programmes qui présentent un rapport coût-efficacité positif et ont donné des résultats durables sur le terrain.

En Afrique du Sud, par exemple, le coût unitaire des médicaments anti-VIH a été considérablement réduit avec l'élargissement de l'accès au traitement : de 500 $ à 200 $ par personne. D'autres pays ont baissé les coûts de leurs programmes en supprimant les structures parallèles et les services de santé isolés.

Investir dans l'innovation

Les dirigeants africains peuvent accélérer les progrès en investissant dans l'innovation, a déclaré M. Sidibé. À travers la formation de partenariats avec les économies émergentes et les pays industrialisés, ils doivent faciliter le transfert de technologies pour la médecine et les moyens de contraception. En axant les ressources sur la recherche et le développement en matière de VIH, ils ont la possibilité de construire une économie africaine basée sur la connaissance, a-t-il ajouté.

M. Sidibé a encouragé les ministres assistant à la conférence à réduire la dépendance de l'Afrique envers les médicaments anti-VIH importés grâce à la production locale de médicaments antirétroviraux. Il a indiqué que la création d'une autorité de réglementation africaine unique pour les médicaments pourrait permettre une mise en circulation plus rapide de médicaments de qualité garantie.

Un nouveau modèle

L'Afrique a vocation à transcender un modèle donateur-bénéficiaire devenu obsolète, a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA. Les dirigeants commencent à adopter un nouveau pacte mondial pour une responsabilité partagée et une appropriation par les pays, a-t-il indiqué.

Organisée par Harmonization for Health in Africa et accueillie par la Banque africaine de développement, cette conférence de deux jours à Tunis a réuni des ministres, des parlementaires et des représentants de haut niveau d'organisations internationales, de la société civile et du secteur privé.

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA rencontre les nouveaux dirigeants tunisiens

04 juillet 2012

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, lors de sa rencontre le 3 juillet avec le Président tunisien, Moncef Marzouki (à droite), et d'autres hauts responsables du gouvernement.

À l'occasion de sa rencontre avec les principaux responsables du nouveau gouvernement de coalition tripartite de Tunisie les 2 et 3 juillet, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a félicité les dirigeants du pays pour leur engagement fort en faveur de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, obstacles majeurs à la progression des ripostes au VIH dans la région.

Bien que la Tunisie présente une prévalence du VIH relativement faible d'environ 0,06 % de sa population, des données probantes ont montré qu'il existe des poches de forte prévalence du virus au sein des populations les plus exposées, à savoir les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ces populations sont souvent confrontées à la stigmatisation et la discrimination, ce qui peut entraver leur accès aux services de santé et donc entretenir l'épidémie de VIH.

Lors de ses discussions avec le Président de la République, Moncef Marzouki, le chef du gouvernement, Hammadi Jebali, et la Vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, Meherzia Laabidi, trois dirigeants arrivés récemment au pouvoir suite aux premières élections démocratiques du pays, M. Sidibé a fait remarquer que la jeunesse constituait le moteur de la révolution qui avait amené le changement politique en Tunisie.

« Investir dans les jeunes et répondre à leurs aspirations pour une société plus juste et plus équitable sera essentiel pour les progrès futurs de ce pays », a indiqué M. Sidibé. « Les jeunes ont un rôle important à jouer dans l'accélération de la riposte au VIH de la Tunisie comme sur d'autres défis en matière de santé », a-t-il ajouté.

Augmenter la production locale de médicaments anti-VIH

Dans son entretien avec M. Sidibé au Palais présidentiel le 3 juillet, le Président Marzouki a fait part de son engagement ferme en faveur du renforcement de la riposte nationale au VIH. Il a déclaré que la Tunisie va s'efforcer d'atteindre l'objectif des « trois zéros », zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida, et il a mis en avant trois domaines d'action prioritaires : améliorer la santé publique, garantir le respect des droits de l'homme et lutter contre les facteurs socio-économiques du VIH.

Nous devons reconnaître l'existence des comportements à haut risque au sein de nos sociétés, comme la consommation de drogues injectables, les rapports sexuels entre hommes et le commerce du sexe

Meherzia Laabidi, Vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante

Le Président a fait remarquer que la Tunisie pouvait aider à réduire la dépendance de l'Afrique envers l'aide extérieure en produisant des médicaments antirétroviraux. Il a promis de plaider pour une production locale accrue de médicaments lors de la prochaine réunion du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) à Addis Abeba. À l'heure actuelle, la majorité des médicaments distribués en Tunisie, comme sur tout le continent africain, sont importés.

Réduire la dépendance envers l'aide extérieure

Plus tard, le même jour, lors d'une rencontre avec M. Sidibé au Palais de La Kasbah, le chef du gouvernement tunisien a fait écho aux déclarations du Président sur la production locale de médicaments. « Je soutiens l'idée d'une Tunisie qui produirait des médicaments antirétroviraux afin de réduire sa dépendance envers l'aide extérieure », a indiqué M. Jebali. « La production de médicaments antirétroviraux n'est pas seulement une opportunité économique, mais aussi humanitaire », a-t-il ajouté.

M. Jebali et M. Sidibé sont tombés d'accord sur le fait que la Tunisie devrait s'approprier davantage les programmes de prévention du VIH concernant les principales populations touchées par le virus ; actuellement, ces programmes sont en effet financés exclusivement par des sources internationales.

Reconnaître l'existence des comportements à haut risque

Il est temps que la Tunisie se confronte à la réalité du VIH, a indiqué la Vice-présidente Meherzia Laabidi, lors d'une rencontre avec M. Sidibé au Palais de l'Assemblée. « Nous devons aller au-delà du déni politique officiel. L'incendie ne s'arrêtera pas en fermant simplement les yeux », a-t-elle ajouté.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA (à gauche), et Hammadi Jebali, chef du gouvernement tunisien.

Lors de son entretien avec M. Sidibé, la Vice-présidente a admis que la garantie d'une société socialement inclusive relève de la responsabilité des leaders politiques. Elle reconnaît que le fait de négliger les populations les plus exposées au risque d'infection à VIH met tout le monde en danger. « Nous devons reconnaître l'existence des comportements à haut risque au sein de nos sociétés, comme la consommation de drogues injectables, les rapports sexuels entre hommes et le commerce du sexe », a-t-elle déclaré.

Faisant remarquer que l'accès à des services de santé de base fait partie des droits humains, Mme Laabidi a souligné l'importance d'inclure le « droit à la santé » dans la nouvelle constitution tunisienne, actuellement en cours de rédaction. 

Lors de sa visite de deux jours en Tunisie, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a rencontré plusieurs autres responsables du gouvernement, notamment le Ministre de la Santé, le Dr Abdellatif El Mekki, et le Ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou. Il a également rencontré des personnes vivant avec le VIH, des représentants des principales communautés touchées, et l'équipe pays des Nations Unies.

Le VIH en Libye : nouvelles preuves et évolution de la riposte

28 juin 2012

De gauche à droite : S.E le Dr Fatima Elhamrosh, ministre de la santé libyenne, Masood Karimipour, représentant régional de l'UNODC et Olavi Elo, envoyé spécial du directeur exécutif de l'ONUSIDA en Libye.
Photo : ONUSIDA

La prévalence du VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans la capitale libyenne, Tripoli, atteint le chiffre alarmant de 87 % selon les résultats d'enquêtes bio-comportementales menées par la Faculté de médecine tropicale de Liverpool, avec le soutien de l'Union européenne. Menée auprès de 328 consommateurs de drogues injectables, 227 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et 69 professionnels du sexe, l'étude visait à indiquer la progression de la prévalence du VIH chez les populations les plus exposées au risque.

Les résultats de l'étude ont été présentés à l'occasion du premier Symposium national sur le VIH depuis le conflit en Libye, qui s'est déroulé le 26 juin dans la capitale libyenne, Tripoli, sous l'égide de la Ministre de la santé libyenne et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC).

Au vu de ces nouvelles preuves, la Ministre de la santé libyenne, S.E. le Dr Fatima Elhamrosh, a appelé à une action urgente de la part de tous les secteurs concernés en Libye. « Nous devons mettre au point et implanter des programmes complets pour répondre à la croissance de l'épidémie de sida chez les populations les plus exposées en Libye », a déclaré Madame la Ministre Elhamrosh.

Avant le début de la révolution au printemps 2011, il était difficile pour l'ONUSIDA et les partenaires de développement internationaux de travailler en Libye de manière systématique. La question du sida n'était pas abordée ouvertement, ni considérée comme une priorité. Les nouvelles données confirment que la situation du VIH en Libye est pire que ce qu'indiquaient auparavant les rapports officiels.

« Nous saluons l'engagement politique remarquable du gouvernement libyen dans la riposte à l'épidémie de sida », a déclaré Hind Khatib, directrice de l'équipe d'appui régionale de l'ONUSIDA au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. « L'engagement de Son Excellence la Ministre de la santé à déployer des services de traitement médicamenteux afin d'offrir des ripostes factuelles et la mise en place de 8 centres de conseil et de dépistage volontaire à l'attention des populations les plus exposées sont des exemples nets de l'engagement politique accru », a ajouté Mme Khatib.

Nous devons mettre au point et implanter des programmes complets pour répondre à la croissance de l'épidémie de sida chez les populations les plus exposées en Libye

S.E. le Dr Fatima Elhamrosh, Ministre de la santé libyenne

Les recommandations de l'ONUSIDA en matière de ripostes de prévention du VIH chez les consommateurs de drogues injectables insistent sur la nécessiter de développer une série complète de mesures contenant l'ensemble des options de traitement, notamment le traitement substitutif, et la mise en œuvre de mesures de réduction des risques par le biais, entre autres, d'un travail de proximité à l'attention des consommateurs de drogues injectables et de programmes d'aiguilles et de seringues stériles. Mais aussi, le conseil et le dépistage confidentiels en matière de VIH, la prévention de la transmission sexuelle du VIH parmi les consommateurs de drogues (y compris les préservatifs, la prévention et le traitement des infections sexuellement transmissibles), l'accès aux soins primaires et au traitement antirétroviral. Cette approche doit reposer sur la promotion, la protection et le respect des droits de l'homme des consommateurs de drogues.

Suite au changement de gouvernement, l'ONUSIDA a apporté un appui technique au Ministre de la santé et à l'équipe nationale des Nations Unies en Libye pour s'attaquer aux priorités émergentes en matière de VIH. Ceci a permis de mieux identifier les priorités, d'améliorer les connaissances sur la situation et la riposte au VIH, de mettre en place l'équipe commune des Nations Unies sur le sida et de renforcer l'engagement du gouvernement, des Nations Unies et des organisations de la société civile.

À l'issue du symposium, les participants ont adopté une déclaration d'engagement pour élargir la riposte nationale au sida en Libye, en mettant l'accent sur les programmes de prévention du VIH, les droits des personnes vivant avec le VIH et l'expansion du rôle de la société civile dans la riposte nationale.

L'UNODC a également relancé la deuxième phase de son projet de lutte contre le VIH en Libye axé sur la prévention du VIH chez les consommateurs de drogues injectables et dans les centres de détention. Le projet, financé par le gouvernement libyen et suspendu en 2011 en raison de problèmes de sécurité, a pu être relancé.

« L'UNODC accueille chaleureusement les expressions de volonté et d'engagement politiques du gouvernement libyen dans la riposte à la crise du VIH et de la consommation de drogues en tant que priorité nationale », a indiqué Masood Karimipour, représentant régional de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. « L'UNODC est fier de son partenariat avec la Libye afin d'apporter une riposte complète pour prévenir la consommation de drogues et la prolifération du VIH ainsi que traiter les personnes vulnérables en coordination avec l'ensemble des parties prenantes nationales, l'ONUSIDA et la communauté internationale », a ajouté M. Karimipour.

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