Vaccines

Les pays riches vaccinent une personne chaque seconde alors que la plupart des pays les plus pauvres n’ont pas encore administré la moindre dose

10 mars 2021

À l’OMC, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE bloquent les propositions visant à aider les pays pauvres à obtenir des vaccins plus rapidement

Un an après la déclaration de la pandémie de COVID-19, la People’s Vaccine Alliance alerte sur le fait que les pays en développement font face à de graves pénuries d’oxygène et de fournitures médicales pour prendre en charge les personnes atteintes de COVID-19, et que la plupart de ces pays n’ont pas encore pu administrer la moindre dose de vaccin contre la COVID-19. En revanche, depuis un mois, les pays riches vaccinent leur population à raison d’une personne par seconde. 

Bon nombre de ces nations riches, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays de l’UE, bloquent une proposition déposée par plus de 100 pays en développement devant être étudiée aujourd’hui par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette proposition demande de passer outre les monopoles détenus par les sociétés pharmaceutiques et d’autoriser l’augmentation de la production de vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 de toute urgence, afin que les pays pauvres aient accès aux doses dont ils ont cruellement besoin. 

Alors que davantage de pays pauvres recevront dans les prochains jours des doses venant du dispositif COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé, les quantités disponibles ne permettront de vacciner que 3 % de la population de ces pays d’ici au milieu de l’année, et à peine un cinquième dans le meilleur des cas d’ici fin 2021. 

Près d’un million de personnes à travers le monde ont signé un appel lancé par la People’s Vaccine Alliance (un groupe d’organisations militantes dont font notamment partie Oxfam, Frontline AIDS, ONUSIDA, Global Justice Now et le Yunus Centre) pour que les pays riches cessent de protéger les monopoles et les profits des grandes sociétés pharmaceutiques aux dépens de vies humaines. Le 11 mars, des militant-e-s du monde entier manifesteront devant les sièges des sociétés pharmaceutiques dans le cadre d’une journée d’action mondiale. 

D’après de récents sondages d’opinion menés par YouGov pour l’Alliance aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, en moyenne plus des deux tiers (69 %) des personnes interrogées dans ces pays considèrent que les États devraient veiller à ce que la science et le savoir-faire en matière de vaccins soient partagés avec des fabricants qualifiés partout dans le monde, plutôt que de rester la propriété exclusive d’une poignée de géants pharmaceutiques, moyennant une compensation adéquate pour les équipes de développement de ces vaccins. 

Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International, déclare : « Cette terrible maladie a déjà coûté la vie à plus de deux millions et demi de personnes à travers le monde, et de nombreux pays luttent contre la pandémie sans disposer de ressources médicales adéquates et sont privés de vaccins. En laissant un petit nombre de sociétés pharmaceutiques décider de qui vivra et de qui mourra, les nations riches ne font que prolonger cette urgence sanitaire mondiale sans précédent et mettent d’innombrables autres vies en danger. En ce moment crucial, les pays en développement ont besoin de soutien, pas d’opposition. »

L’Alliance avertit que l’histoire menace de se répéter en Afrique du Sud, au Malawi et dans d’autres pays d’Afrique. Des millions de personnes sont mortes au début des années 2000 car les monopoles pharmaceutiques avaient alors fixé le prix de leurs traitements efficaces contre le VIH/sida à des niveaux inaccessibles pouvant atteindre 10 000 dollars par an.

Lois Chingandu, militante et directrice de la division « Éléments probants et influence » au sein de Frontline AIDS, témoigne : « Ici, au Zimbabwe, j’ai perdu beaucoup d’ami-e-s proches, qui peinaient à respirer jusqu’à leur dernière heure. Quelle cruelle ironie de voir des militant-e-s qui ont lutté sans relâche pour l’accès aux médicaments gratuits contre le VIH/sida succomber maintenant à la COVID-19 parce qu’une fois encore, on accorde plus de valeur aux profits des sociétés pharmaceutiques qu’aux vies humaines. » 

Les monopoles pharmaceutiques ont finalement été renversés, ouvrant la voie à la production de masse de traitements efficaces et peu coûteux pour les personnes vivant avec le VIH/sida. Sans cela, des millions de personnes encore en vie aujourd’hui seraient mortes. 

Les 10 et 11 mars, plus de 100 pays en développement, au premier rang desquels l’Afrique du Sud et l’Inde, plaideront une nouvelle fois auprès de l’OMC pour demander une dérogation à l’Accord sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), ce qui permettrait de lever les obstacles juridiques à ce que davantage de pays et de fabricants produisent des vaccins, protègent leur population et s’engagent sur la voie du relèvement économique.

Le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, l’un des leaders de la People’s Vaccine Alliance, ajoute : « Cet acte de solidarité humaine pour fournir des médicaments et des vaccins à l’ensemble de la famille humaine est dans l’intérêt des pays riches. Ce n’est pas simplement un acte de charité. 

Nous devons agir dès maintenant. Il n’est pas question de faire marche arrière. Il est absolument injuste que les pays riches, qui ont suffisamment de vaccins pour protéger leur population, bloquent la dérogation à l’Accord sur les ADPIC qui pourrait aider les pays pauvres à obtenir les vaccins dont ils ont tant besoin. » 

Tous les grands laboratoires qui mettent au point des vaccins ont bénéficié de milliards de dollars de subventions publiques, et pourtant ces mêmes sociétés pharmaceutiques se voient accorder le monopole de leur production et des profits associés. 

Au même moment, partout dans le monde, des sociétés compétentes pour produire les vaccins seraient prêtes à en produire davantage pour peu qu’on leur donne accès à la technologie et au savoir-faire aujourd’hui jalousement gardés par ces géants pharmaceutiques. Les capacités de production pourraient décoller en quelques mois. Selon Suhaib Siddiqi, ancien directeur de la division « Chimie » chez Moderna, qui a produit l’un des premiers vaccins approuvés, une usine moderne devrait être en mesure de produire des vaccins en à peine trois ou quatre mois pour peu qu’elle dispose de plans directeurs et de conseils techniques. 

La France appelle à un accroissement de la production dans les pays en développement, et les États-Unis s’emploient à en faire autant au niveau national. Toutefois, jusqu’à présent, les deux pays continuent de défendre les monopoles des sociétés pharmaceutiques.  

Pour vaincre le virus, il faut produire suffisamment de doses de vaccin dans différentes régions du monde, à un prix abordable, avec des allocations mondiales et un vaste déploiement gratuit dans les communautés locales. Mais jusqu’à présent, le monde échoue sur ces quatre fronts. 

Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, déclare : « Face à tant d’altruisme, de sens du sacrifice et d’héroïsme, la People’s Vaccine Alliance dénonce l’hypocrisie, l’absence de solidarité humaine et les intérêts particuliers à court terme qui sapent les efforts pour combattre le virus dans les pays. Seule une mobilisation réellement mondiale de la production de vaccins pour accroître rapidement le nombre de doses abordables disponibles permettra d’y parvenir. »

Nick Dearden, directeur de Global Justice Now, abonde dans le même sens : « Un an après le début de la pandémie, il est scandaleux que certaines usines de vaccins soient à l’arrêt, incapable de produire des vaccins contre la COVID-19 car les pays riches privilégient les brevets des sociétés pharmaceutiques aux dépens de vies humaines dans le monde entier. Une suspension mondiale des brevets est indispensable pour accélérer la production de ces vaccins dans le monde entier. »

Notes aux rédactions

  • D’après les données issues de OurWorldInData, Bloomberg, l’Université Johns Hopkins et d’autres recherches, une majorité (au moins 47 pays) des 79 pays à revenus faible et intermédiaire de la tranche inférieure selon la classification de la Banque mondiale n’ont toujours pas vacciné la moindre personne. Ce chiffre était exact au 4 mars et tient compte des livraisons prévues déclarées des vaccins COVAX dans les jours à venir, alors même que ces doses n’ont toujours pas été administrées. Nous reconnaissons que davantage de livraisons non déclarées de COVAX pourraient survenir d’ici-là.
  • Depuis début 2021, les pays à revenu élevé vaccinent en moyenne une personne par seconde. Ce chiffre s’appuie sur le nombre quotidien moyen de doses de vaccin contre la COVID-19 administrées entre le 1er janvier et le 2 mars 2021, d’après OurWorldInData pour les pays classés « à revenu élevé » par la Banque mondiale. Un taux horaire a été calculé en partant du principe que les pays vaccinent 8 heures par jour, puis ce taux a été divisé en minutes et en secondes. Pour ces 68 pays à revenu élevé, on obtient ainsi une moyenne de 1,1 dose par seconde, soit 66 par minute. Le calcul du chiffre moyen comprend les données de six pays à revenu élevé qui n’ont pas encore commencé à vacciner leur population.
  • Voici les résultats de l’enquête YouGov pour chaque pays : États-Unis – 69 %, France – 63 %, Allemagne – 70 % et Royaume-Uni – 74 %. La moyenne combinée pour les pays est de 69 %. Sauf indication contraire, l’ensemble des chiffres proviennent de YouGov Plc. La taille totale de l’échantillon était de 1 351 adultes aux États-Unis, 1 788 adultes au Royaume-Uni, 1 010 adultes en France et 2 039 adultes en Allemagne. Le travail de terrain a été mené entre le 23 et le 26 février 2021.  L’enquête s’est déroulée en ligne. Les chiffres ont été pondérés et sont représentatifs de l’ensemble de la population adulte (18 ans et plus) dans chaque pays (États-Unis, Royaume-Uni, France et Allemagne).
  • La semaine dernière, The Associated Press a trouvé des usines sur trois continents dont les propriétaires affirment qu’il leur serait possible de commencer rapidement à produire des centaines de millions de doses de vaccin contre la COVID-19 à condition de disposer des plans directeurs et du savoir-faire technique à cette fin.
  • Des pays comme le Soudan du Sud, le Yémen et le Malawi ont connu une explosion du nombre de cas ces derniers mois. Au Malawi, l’arrivée du variant sud-africain a provoqué une augmentation de 9 500 % du nombre de cas, et deux ministres du gouvernement en sont morts le même jour.

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COVID-19 et VIH

Comment a-t-on fait pour découvrir si vite un vaccin contre la COVID-19 ?

09 février 2021

Alors que la vaccination contre la COVID-19 se met en place à travers le monde, l’ONUSIDA s’est entretenue avec Peter Godfrey-Faussett, Conseiller scientifique principal de l’ONUSIDA et professeur de santé internationale et des maladies infectieuses à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, au sujet des obstacles à l’émergence d’un vaccin contre le VIH.

Beaucoup de personnes se demandent : « Comment a-t-on fait pour découvrir si vite un vaccin contre la COVID-19 ? »

Le virus SARS-CoV-2 à l’origine de la COVID-19 est passé des animaux aux humains en 2019. En ce qui concerne le VIH, cette étape s’est produite il y a 100 ans, grosso modo dans les années 1920. Ce virus est devenu un problème dans les années 1980 lorsqu’il a commencé à se propager à grande échelle au sein de la population humaine.

La situation d’urgence explique l’ampleur des recherches pour découvrir un vaccin de la COVID-19. En 2020, la COVID-19 a infecté près de 100 millions de personnes sur la planète et a fait près de 2 millions de victimes.

Cette réalité a créé un sentiment d’urgence. Malgré les changements considérables que nous constatons dans la vie de tout le monde, aussi bien pour ce qui des déplacements, de l’éloignement physique, des masques, du lavage des mains que des désinfectants, nous enregistrons toujours une augmentation rapide des infections. Tous ces aspects alimentent le besoin de trouver un vaccin. Et, bien sûr, cela a un impact économique considérable.

Le VIH et le SARS-CoV-2 sont très différents, n’est-ce pas ?

Des différences fondamentales existent entre le SARS-CoV-2 et le VIH. Même s’il s’agit de deux virus, le SARS-CoV-2 est une infection très simple. Cette maladie peut avoir des complications et être mystérieuse dans certains cas, mais la plupart des personnes contaminées produisent des anticorps contre la protéine Spike qui neutralisent le virus et permettent de guérir en éliminant le virus.

Du côté du VIH, pratiquement toutes les personnes séropositives produisent des anticorps que nous utilisons dans le dépistage habituel. Mais, malheureusement, rares sont celles à vaincre l’infection et ces anticorps ne suffisent pas à neutraliser le VIH. L’enveloppe du VIH, qui forme plus ou moins une pointe, est une structure complexe à la surface du virus. Elle est recouverte de glucides et le site actif est loin de la surface, par conséquent, il est difficile à atteindre.

Avec le temps, certaines personnes séropositives produisent des anticorps capables de neutraliser le VIH, mais cela peut prendre plusieurs années. À cela s’ajoute que le VIH est un rétrovirus, c’est la raison pour laquelle nous parlons d’antirétroviraux. Un rétrovirus est un virus qui copie son propre code génétique et l’intègre au code génétique humain. En faisant cela, il copie son code génétique, mais de manière imprécise en faisant de nombreuses erreurs. Autrement dit, la protéine de l’enveloppe et le VIH en lui-même évoluent constamment, changent de forme, ce qui complique la tâche des anticorps pour protéger contre le virus. Ainsi, même les anticorps neutralisants d’une personne n’arrivent souvent pas à neutraliser le virus chez quelqu’un d’autre.

Nous avons aujourd’hui découvert des anticorps dits neutralisants à large spectre qui sont efficaces contre plusieurs souches de VIH. Ces anticorps font l’objet d’études, et le monde de la recherche essaie de voir s’ils sont en mesure de protéger les gens d’une infection à différentes souches de VIH. Ils pourraient former une étape importante menant à la découverte d’un vaccin contre le VIH si nous arrivons à générer des anticorps neutralisants à large spectre avant l’infection au VIH.

Une dernière chose. Il ne faut pas oublier que, à l’inverse ou presque de la COVID-19, le VIH dépend énormément du nombre de lymphocytes T, la deuxième moitié du système de défense du corps humain. Le système immunitaire a des anticorps, mais il a aussi ce que l’on appelle l’immunité cellulaire dirigée par les lymphocytes T. Son étude est beaucoup plus complexe et protéiforme, et c’est ce qui fait également la difficulté et la différence du VIH par rapport à la COVID-19 concernant la mise en place d’un vaccin.

Quel est le montant des investissements pour un vaccin contre le VIH ?

Au cours des dix dernières années, nous avons investi 1 milliard de dollars par an dans la recherche et le développement d’un vaccin contre le VIH. Est-ce beaucoup ou pas assez ? Cela représente 5 % environ du budget mondial de la riposte au VIH. Et nous avons déjà enregistré des succès partiels.  En 2009, un candidat expérimental en Thaïlande a nourri les espoirs en réussissant à apporter une certaine protection contre une infection au VIH, protection malheureusement insuffisante pour envisager sa production à grande échelle.

Puis, au cours de la décennie suivante, des essais supplémentaires nous ont apporté de grandes connaissances sur l’immunologie, sur les interactions du corps et du système immunitaire humains avec le VIH, mais cela ne s’est pas traduit par une baisse des nouvelles infections au VIH. L’espoir repose actuellement sur deux grandes études sur le terrain et de nombreux autres candidats sont à l’étude. Ainsi, je pense que l’espoir est permis, mais nous n’aurons vraisemblablement pas de vaccin dans un futur proche comme cela s’est passé avec la COVID-19.

La COVID-19 occupe le devant de la scène. Qu’en est-il des autres maladies infectieuses ?

En Afrique, la tuberculose, le paludisme et le VIH tuent séparément plus de cinq fois plus de personnes par an que la COVID-19 cette année sur ce continent. Ce sont des problèmes colossaux qui perdurent depuis longtemps. Nous disposons d’un vaccin contre la tuberculose, le BCG, qui a été utilisé pour la première fois il y a 100 ans en 1920, mais malheureusement il n’apporte pas une très bonne protection contre les formes de tuberculose traditionnelles chez les adultes. Très récemment, de nouveaux vaccins ont été découverts contre la tuberculose et le paludisme, mais leur effet n’est pas particulièrement satisfaisant. Des discussions sont en cours pour savoir s’il faut les proposer davantage, car ils protègent tout au plus dans 30 % des cas.

La bonne nouvelle est qu’un nouveau vaccin contre le paludisme vient d’entrer dans la phase trois tant attendue des essais en Afrique et il est le fruit de la même organisation qui a produit le vaccin de la COVID-19 AstraZeneca Oxford. Ainsi, nous pouvons espérer que les recherches sur les vaccins du coronavirus donnent un coup de fouet à toutes les grandes maladies infectieuses qui tuent énormément de personnes en Afrique et dans d’autres régions du monde ayant des ressources limitées.

Regarder : un conseiller scientifique de l’ONUSIDA explique les différences entre le VIH et la COVID-19

Regarder : un conseiller scientifique de l’ONUSIDA explique les différences entre le VIH et la COVID-19

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COVID-19 et VIH

Alors que les décès dus à la pandémie dépassent le million, des personnes qui ont survécu à la COVID dans 37 pays exigent un vaccin universel dans une lettre ouverte aux groupes pharmaceutiques

29 septembre 2020

GENÈVE, 29 septembre 2020—Des personnes qui ont survécu à la COVID-19 dans 37 pays à travers le monde font partie du millier de signataires d'une lettre ouverte adressée aux responsables de l'industrie pharmaceutique appelant à la mise à disposition pour toutes et tous d'un vaccin et de traitements libres de brevets. Cette lettre est publiée la veille d’une réunion de haut niveau sur la pandémie organisée demain (30 septembre) lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.

Les signataires incluent 242 personnes qui ont survécu à la COVID-19, de l'Afrique du Sud à la Finlande et de la Nouvelle-Zélande jusqu'au Brésil. Figurent aussi parmi ces signataires, 190 personnes réparties dans 46 pays dont des proches ont succombé au virus, et 572 autres fragiles et plus exposées à une forme grave de la maladie si elles contractent la COVID-19.

Dans cette lettre, nous pouvons lire : « Nous avons perdu des êtres chers à cause de cette maladie mortelle. Nous avons vu la mort de près. Nous continuons de vivre dans la peur d’une contamination qui nous serait fatale. À nos yeux, rien ne justifie que vos profits ou vos monopoles se fassent au détriment de la vie d’autrui. »

Cette lettre ouverte reproche aux groupes pharmaceutiques de « n’avoir rien changé à leurs pratiques, de défendre leurs monopoles en refusant de partager leurs recherches et leur savoir-faire ». Elle appelle, par ailleurs, les grands noms du secteur à « garantir que les vaccins et les traitements de la COVID-19 atteignent celles et ceux qui en ont besoin en luttant contre les positions de monopole, en renforçant la production et en partageant les connaissances. »

Les monopoles pharmaceutiques réservent en effet la production de vaccins et de traitements efficaces à un nombre restreint de fabricants, empêchant ainsi la production de masse nécessaire pour satisfaire la demande mondiale. La lettre exige que les grands groupes transfèrent immédiatement les droits de propriété intellectuelle et sur les technologies de vaccins au WHO COVID-19 Technology Access Pool (C-TAP).

L'une des signataires, Dilafruz Gafurova, 43 ans, originaire du Tadjikistan, a déclaré : « Mon mari et moi avons eu cette maladie. Nous n’avons pu compter que sur nous-mêmes, car les hôpitaux étaient pleins... C’était très dur de trouver les bons médicaments. J’ai quatre enfants... J’ai eu peur de les laisser seuls dans ce monde si jamais quelque chose venait à m’arriver... C’est la raison pour laquelle je signe cette lettre pour aider d’autres personnes à avoir [un] vaccin. Tout le monde sur la planète ne peut pas obtenir ce vaccin, car certaines personnes n’en ont tout simplement pas les moyens. Elles disposent tout juste [de ce qu’il faut pour couvrir] leurs besoins quotidiens. »

Cette lettre est le fruit des efforts de la People’s Vaccine Alliance, une coalition mondiale d’organisations et de militant-es que rassemble un objectif commun : lutter pour un vaccin universel contre la COVID-19, qui repose sur le partage de connaissances et qui soit mis à disposition de toutes et tous.

Demain, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, Bill Gates et le Premier ministre britannique Boris Johnson seront parmi les personnalités influentes à aborder le sujet de l’accès au vaccin. À l’heure actuelle, les pays riches n’exercent aucune pression sur les grands groupes pharmaceutiques pour que ces derniers partagent leurs technologies et optimisent la livraison de vaccins efficaces et de traitements dans le monde entier.

Heidi Chow de Global Justice Now, une organisation membre de la People’s Vaccine Alliance, a déclaré : « Les groupes pharmaceutiques doivent entendre les revendications des personnes à travers le monde qui ont connu la peur et le bouleversement liés à la COVID-19. Ce secteur ne peut pas rester sourd à ces témoignages. Il devrait réagir immédiatement en mettant fin aux monopoles et en s’engageant à partager son savoir-faire technologique. Ces actions sont cruciales pour agrandir les stocks de vaccins afin que tous les pays aient accès à des vaccins efficaces à un prix raisonnable. »

Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, a quant à elle indiqué : « Le sida nous a montré qu’avec l’arrivée de traitements efficaces, les populations aisées des pays riches retrouvent la santé, tandis que des millions de personnes dans les pays en voie de développement continuent de mourir. Nous ne devons pas faire la même erreur lorsqu’un vaccin contre la COVID-19 sera découvert. Le droit à la santé est un droit humain. Se faire vacciner contre ce virus mortel ne doit pas dépendre de votre compte en banque ni de la couleur de votre peau. Un vaccin doit être un bien public mondial mis à disposition gratuitement de toutes et tous. »

L’Alliance appelle également les gouvernements à ne subventionner les efforts de recherche et développement des groupes pharmaceutiques portant sur des méthodes de diagnostic, des vaccins et des traitements de la COVID-19 que si les bénéficiaires s'engagent à partager leurs connaissances et leurs technologies libres de brevets. Lorsqu’un vaccin efficace sera disponible, l’Alliance demande à ce que les doses soient distribuées équitablement en donnant la priorité au personnel de santé et aux autres groupes à risque dans tous les pays.

Remarques aux rédactrice-teurs :

Vous pouvez lire le texte complet de la lettre ouverte ici : https://www.globaljustice.org.uk/sites/default/files/files/resources/pv_alliance_open_letter_final.pdf

Les réunions de haut niveau Accelerating the end of the COVID-19 pandemic: taking new solutions to scale and making them equitably accessible, to save lives, protect health systems and restart the global economy, auront lieu le 30 septembre en marge de la 75e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Le Secrétaire général de l’ONU, le directeur général de l’OMS, des responsables de nombreux pays, dont le Royaume-Uni et l'Afrique du Sud, ainsi que la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, y participeront.

La lettre ouverte a été signée par 941 personnes, dont 242 qui ont survécu à la COVID-19 et originaires des 37 pays suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Belgique, Brésil, Burundi, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis d'Amérique, Finlande, France,  Inde, Irlande, Italie, Japon, Kenya, Liban, Maroc, Nouvelle Zélande, Nicaragua, Ouganda, Pakistan, Pays-Bas, Philippines, Pologne, Portugal, République de Macédoine du Nord, Royaume-Uni, Russie, Sénégal, Slovénie, 

Suède, Tadjikistan et Zambie. Une part des signataires relève de plusieurs catégories ; la liste des signataires est disponible sur demande. La lettre ouverte a été adressée aux groupes pharmaceutiques qui procèdent actuellement aux essais de phase III des 11 candidats vaccins.

People’s Vaccine Alliance est une coalition d’organisations et de militant-es autour d'un objectif commun : lutter pour un vaccin universel contre la COVID-19, qui repose sur le partage de connaissances et qui soit mis gratuitement à disposition de toutes et tous. Un bien commun au monde entier. Sa coordination est assurée par Oxfam et l'ONUSIDA. Frontline AIDS, Global Justice Now, Nizami Ganjavi International Center, STOPAIDS, Wemos ainsi que Yunus Centre comptent parmi ses membres. Plus de 140 personnalités internationales, ancien-nes chef-fes d’État et économistes appellent les gouvernements à s’unir en faveur d’un vaccin pour tou-tes contre la COVID-19. 

Au début du mois, une analyse d’Oxfam a révélé qu’un petit groupe de pays riches représentant 13 % seulement de la population mondiale avait déjà acheté plus de la moitié (51 %) des futures doses des principaux vaccins potentiels contre la COVID-19. https://oxfamapps.org/media/press_release/small-group-of-rich-nations-have-bought-up-more-than-half-the-future-supply-of-leading-covid-19-vaccine-contenders/

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Lire le texte complet de la lettre ouverte

Des dirigeant-e-s du monde entier s’unissent pour réclamer un vaccin universel contre le COVID-19

14 mai 2020

Plus de 140 dirigeant-e-s et expert-e-s du monde entier, dont le Président de l’Afrique du Sud et Président de l’Union africaine, Cyril Ramaphosa, le Premier Ministre du Pakistan, Imran Khan, le Président de la République du Sénégal, Macky Sall et le Président de la République du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, ont signé une lettre ouverte appelant tous les gouvernements à s’unir en faveur d’un vaccin universel contre le COVID-19. Cet appel a été lancé quelques jours seulement avant la réunion virtuelle des ministres de la Santé à l’occasion de l’Assemblée mondiale de la santé, qui se tiendra le 18 mai.

Dans cette lettre, qui constitue la prise de la position politique la plus ambitieuse à ce jour sur un vaccin contre le COVID-19, les dirigeant-e-s exigent que tous les vaccins, traitements et tests soient produits en masse, libres de brevet, distribués sur un pied d’égalité et mis gratuitement à la disposition de toute la population, et ce dans tous les pays.

Parmi les autres signataires figurent l’ancienne Présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, l’ancien Premier Ministre du Royaume-Uni, Gordon Brown, l’ancien Président du Mexique, Ernesto Zedillo, ainsi que l’ancienne administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement et ancienne Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, Helen Clark.

Ces personnalités se joignent à d’éminent-e-s économistes, défenseur-e-s de la santé et autres dignitaires, comme Mary Robinson, présidente du groupe des « Global Elders » et ancienne Présidente de l’Irlande, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel, Moussa Faki, Président de la Commission de l'Union africaine, John Nkengasong, directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, et Dainius Pūras, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible.

« À l’heure actuelle, des milliards de personnes attendent un vaccin, qui est notre plus grand espoir de mettre fin à cette pandémie », a déclaré Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud. « En tant que pays d’Afrique, nous sommes déterminés à faire en sorte que le vaccin contre le COVID-19 soit mis au point et distribué rapidement, exempt de brevets et gratuit pour tou-te-s. Toutes les avancées scientifiques doivent être partagées entre les gouvernements. Personne ne doit se voir relégué au dernier rang de la file d’attente pour le vaccin du fait de son lieu de résidence ou de ses revenus ».

« Il nous faut travailler ensemble pour vaincre ce virus. Nous devons mettre en commun toutes les connaissances, l’expérience et les ressources à notre disposition pour le bien de l’humanité toute entière », a déclaré Imran Khan, Premier Ministre du Pakistan. « Les dirigeant-e-s du monde ne sauraient trouver le repos tant que chaque individu, dans chaque pays, n’est pas en mesure de bénéficier rapidement et gratuitement d’un vaccin ».

Cette lettre, coordonnée par ONUSIDA et Oxfam, met en garde contre le fait que le monde ne peut se permettre d’ériger des barrières (comme les monopoles et la concurrence) faisant obstacle à la nécessité universelle de sauver des vies.

« Nous sommes confronté-e-s à une crise sans précédent qui exige une réponse sans précédent », a déclaré l’ancienne Présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf. « En tirant des leçons de la lutte contre le virus Ebola, les gouvernements doivent lever tous les obstacles à la mise au point et au déploiement rapide des vaccins et des traitements. Aucun intérêt n’est plus grand que le besoin universel de sauver des vies. »

Les dirigeant-e-s ont noté que des progrès sont faits et qu’une coopération multilatérale s’est instaurée entre de nombreux pays et organisations internationales en matière de recherche et de développement, de financement et d’accès. Citons notamment les 8 milliards de dollars US recueillis par l’Union européenne en promesses de dons, à l’occasion de son appel international lancé le 4 mai.

Toutefois, alors que de nombreux pays et entreprises avancent à un rythme sans précédent vers la mise au point d’un vaccin efficace, les dirigeant-e-s demandent des engagements concrets pour faire en sorte que ce futur vaccin soit abordable et disponible pour tou-te-s dans les plus brefs délais. Ces engagements sont les suivants :

  • Une mise en commun obligatoire au niveau mondial des brevets et le partage de la totalité des connaissances, des données et des technologies en relation avec le COVID-19, afin de garantir que tout pays puisse produire ou acheter à un prix abordable des doses de vaccins, des traitements et des tests.
  • La mise en place rapide d’un plan mondial de fabrication et de distribution équitable de tous les vaccins, traitements et tests, entièrement financé par les pays riches et garantissant des « prix coûtants réels » en toute transparence ainsi qu’un approvisionnement fondé sur les besoins, plutôt que sur la capacité à payer.
    • Cela impliquerait de prendre des mesures urgentes pour accroître considérablement les capacités de fabrication afin de produire les vaccins en quantité suffisante, ainsi que de former et recruter des millions de professionnel-le-s de la santé pour les distribuer.
  • La garantie que les vaccins, les traitements et les tests du COVID-19 seront mis gratuitement à la disposition de toute la population, partout dans le monde, en accordant la priorité aux travailleurs/ses les plus exposé-e-s, aux personnes vulnérables et aux pays pauvres qui ont des capacités moindres pour sauver des vies.

« Face à cette crise, nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n’était. La santé de chacun-e d’entre nous dépend de celle de tou-te-s les autres », a déclaré Helen Clark, ancienne Première Ministre de Nouvelle-Zélande. « Le vaccin contre le COVID-19 ne doit appartenir à personne et doit être gratuit pour tout le monde. Sur le plan diplomatique, les formules creuses ne suffisent pas : nous avons besoin de garanties juridiques, et ce sans attendre ».

« Les solutions du marché ne sont pas appropriées pour lutter contre une pandémie », a déclaré Nelson Barbosa, ancien ministre des Finances du Brésil. « Un système de santé publique, comprenant une vaccination et une prise en charge gratuites dès qu’elles sont disponibles, est essentiel pour faire face au problème, comme le montre l’expérience brésilienne en matière de licences obligatoires pour les médicaments antirétroviraux dans le cas du VIH ».

Ensemble pour un vaccin universel contre le COVID-19 — lettre ouverte et liste complète de signataires.

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S’unir pour un vaccin pour tou-te-s contre le COVID-19

Arrêt de l’essai clinique HVTN 702 portant sur un vaccin contre le VIH

04 février 2020

GENÈVE, le 4 février 2020—Les United States National Institutes of Health ont annoncé l’arrêt de l’essai clinique HVTN 702 portant sur un vaccin contre le VIH. Bien qu’aucun problème de sécurité n’ait été détecté, des données indépendantes et le conseil de surveillance de sécurité ont révélé que le vaccin n’empêchait pas la transmission du VIH.

Cette étude de 18 mois portait sur une population de plus de 5 400 personnes séronégatives âgées entre 18 et 35 ans réparties sur 14 sites en Afrique du Sud. Sur une période de six mois, les participants ont reçu le vaccin ou un placebo sous forme de six injections. Après que 60 % au moins des volontaires ont participé à l’étude pendant 18 mois minimum, une analyse a révélé que 129 personnes ayant reçu le vaccin et 123 personnes ayant reçu le placebo ont été infectées.

« Bien sûr, nous sommes déçus du résultat, mais cette étude a permis de tirer des conclusions scientifiques importantes qui pourront bénéficier à d’autres essais. Je remercie l’équipe impliquée dans cet essai important sur un vaccin », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.

D’autres vaccins attendus sont actuellement à l’essai à grande échelle : l’essai Mosaico chez les personnes transgenres, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Amérique du Nord et de Sud et en Europe, ainsi que l’essai Imbokodo chez les femmes en Afrique subsaharienne. Un vaccin efficace contre le VIH pourrait être la clé pour remporter une victoire durable contre le VIH.

Malgré des investissements considérables dans la prévention au cours de l’essai, l’incidence du VIH chez les femmes était toujours de 4 % par an. C’est encore trop élevé. La transmission du VIH peut être évitée. Pour ce faire, il faut correctement combiner les interventions : dépistage du VIH, thérapie antirétrovirale pour les personnes vivant avec le VIH, prophylaxie pré-exposition, préservatifs et autres options de prévention, services de santé de la reproduction et sexuelle, y compris l’éducation sexuelle complète, la scolarité des filles et la suppression des obstacles sociaux, légaux et économiques visant les femmes et les filles.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Une nouvelle très encourageante pour l’ONUSIDA : la possible guérison d’un homme séropositif au VIH

05 mars 2019

 

SEATTLE/GENÈVE, 5 mars 2019 — L’ONUSIDA a appris une nouvelle très encourageante avec l’annonce de la rémission fonctionnelle du VIH chez un homme séropositif au VIH. L’homme a été traité par des spécialistes du University College et de l’Imperial College de Londres en 2016 pour un lymphome de Hodgkin avancé au moyen d’une greffe de cellules souches provenant d’un donneur atteint d’une mutation génétique rare. Les chercheurs indiquent que le VIH est indétectable chez cet homme depuis qu’il a cessé de prendre des médicaments antirétroviraux il y a 18 mois.

« Trouver un remède au VIH, c’est notre rêve ultime », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Même si cette percée est complexe et qu’un énorme travail reste à accomplir, cette nouvelle nous laisse fortement espérer que dans le futur, nous pourrions potentiellement en finir avec le sida grâce à la science, au moyen d’un vaccin ou d’un remède. Cependant, cela montre également à quel point nous en sommes encore loin et l’importance absolue de rester concentrés sur les efforts de prévention et de traitement du VIH ».

Les greffes de cellules souches sont des procédures extrêmement complexes, intenses et coûteuses, avec des effets secondaires considérables, et ne représentent pas un moyen viable de traiter de grands nombres de personnes vivant avec le VIH. Néanmoins, ces résultats ouvrent d’importantes perspectives pour les chercheurs qui travaillent sur les stratégies de guérison du VIH et soulignent le caractère essentiel de poursuivre les investissements dans la recherche scientifique et l’innovation.

Présenté lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes à Seattle, aux États-Unis, ce résultat est l’un des deux cas seulement de rémission fonctionnelle du VIH observée. Le premier était celui d’un patient berlinois, Timothy Ray Brown, qui avait bénéficié d’un traitement similaire pour un cancer en 2007.

À l’heure actuelle, il n’existe pas de remède contre le VIH. L’ONUSIDA œuvre pour faire en sorte que toutes les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus aient accès aux services vitaux de prévention, de traitement, de soins et d’appui en matière de VIH. En 2017, on dénombrait 36,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde, et 1,8 million de personnes ont été nouvellement infectées par le virus. La même année, près d’un million de personnes sont décédées de maladies liées au sida et 21,7 millions ont eu accès au traitement. 

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Les points forts de la conférence HIVR4P 2018 : de nouvelles possibilités pour la prévention du VIH

31 octobre 2018

Les possibilités relatives à des options nouvelles et améliorées pour la prévention du VIH ont été présentées à l’occasion de la récente Conférence sur la recherche pour la prévention du VIH (HIVR4P). Les participants ont toutefois été informés qu’il faudrait encore plusieurs années pour que bon nombre de ces nouveaux outils soient prêts à être mis en pratique.

L’importance de la prophylaxie pré-exposition (PPrE), notamment la PPrE délivrée sous la forme d’un anneau vaginal et la PPrE à effet prolongé, y compris la PPrE sous forme injectable, a été évoquée dans de nombreuses présentations. La PPrE en anneau vaginal offre des options de prévention mieux contrôlées par les femmes, qui leur permettent de se protéger sans que leur partenaire ne le sache, alors que la PPrE injectable se traduit par une prise de pilule quotidienne, avec le risque d’oublier cette pilule. Cependant, aussi bien l’anneau vaginal de PPrE que la PPrE à effet prolongé sont encore loin d’être disponibles : l’anneau vaginal fait actuellement l’objet d’études en vue de son homologation réglementaire par l’Agence européenne des médicaments, et les résultats des essais sur la PPrE à effet prolongé ne devraient pas être connus avant 2021, voire plus tard encore.

S’il est possible de démontrer que les anticorps et les molécules de synthèse qui les imitent préviennent l’infection à VIH, cela ouvrirait la voie à des injections semestrielles pour la prévention ou le traitement, en parallèle de la possibilité d’un vaccin qui permettrait aux individus de développer leurs propres anticorps similaires. Les participants ont appris que d’importants progrès ont été accomplis dans la découverte et le développement de ces anticorps. Les résultats des essais de principe seront connus en 2020, avec la première preuve montrant leur efficacité.

« La science nous a permis de faire des avancées extraordinaires dans les technologies de diagnostic, le traitement et le suivi de l’infection à VIH. Nous sommes vraiment impatients de voir que dans les prochaines années, elle débouchera aussi sur des outils de prévention abordables efficaces », a déclaré Peter Godfrey-Faussett, Conseiller scientifique, ONUSIDA.

Les participants ont également appris l’existence de niveaux élevés d’infections sexuellement transmissibles (IST) chez les populations qui sont davantage exposées au risque de VIH et que, comme nous le savons depuis des décennies, les IST conduisent à un risque plus élevé de contracter le VIH. Les taux des principales IST bactériennes qui peuvent être traitées connaissent une hausse constante et atteignent des niveaux alarmants chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que chez les jeunes d’Afrique australe et orientale, en partie à cause de la baisse de l’usage du préservatif. Les taux élevés des principales IST qui peuvent être traitées sont apparus au grand jour avec l’avènement du dépistage à grande échelle qui a accompagné le déploiement de la PPrE.

Beaucoup d’IST ne présentent aucun symptôme et ne peuvent être diagnostiquées qu’au moyen de tests de dépistage modernes, qui sont certes simples, mais encore bien trop coûteux pour les pays qui en ont le plus besoin. En plus de la géographie et du groupe d’âge, les IST figurent parmi les indicateurs les plus forts de risque de VIH. Une approche intégrée de la prévention des IST et du VIH pourrait proposer la PPrE aux personnes séronégatives au VIH mais atteintes d’une IST et qui vivent dans une région où le VIH est prévalent.

Les nouvelles techniques de prévention sont susceptibles d’être relativement onéreuses et devront donc être ciblées sur les populations les plus exposées au risque pour pouvoir être abordables et rentables. Les modélisations mathématiques montrent que ces nouvelles techniques de prévention du VIH risquent de n’avoir qu’un impact limité sur les nouvelles infections à VIH en Afrique orientale et australe. Par exemple, la modélisation de l’impact de l’anneau à la dapivirine, un anneau vaginal à libération lente d’un médicament antirétroviral qui protège contre l’infection à VIH, montre que seulement 1,5 à 2,5 % des infections à VIH seraient évitées au cours des 18 prochaines années au Kenya, en Ouganda, au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Tandis que le coût nécessaire pour éviter une seule infection à VIH grâce à l’utilisation de l’anneau à la dapivirine est compris entre 10 000 et 100 000 dollars, un grand nombre de participants se sont prononcés pour l’intégration et la combinaison du traitement et de la prévention du VIH, ainsi que des ripostes au VIH et aux autres maladies, afin d’obtenir un effet maximum.

La conférence biennale HIVR4P s’est tenue à Madrid, en Espagne, du 21 au 25 octobre.

L'ONUSIDA en appelle à une intensification de la recherche sur le vaccin anti-VIH pour empêcher de nouvelles infections

17 mai 2018

GENÈVE, 16 mai 2018  Le 18 mai, Journée mondiale de sensibilisation au vaccin anti-VIH, l'ONUSIDA en appelle à une intensification de la recherche et des investissements pour trouver un vaccin efficace pour protéger les personnes contre le VIH et empêcher de nouvelles infections à VIH.

En 2016, environ 1,8 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH et bien que le nombre de nouvelles infections ait diminué ces dernières années, le monde est encore loin d'atteindre la cible Fast-Track de l'ONUSIDA de réduire les nouvelles infections à moins de 500 000 en 2020.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA a déclaré : « Le nombre de nouvelles infections à VIH ne diminue pas assez rapidement et l'arrêt des infections doit devenir une priorité mondiale.

Aujourd'hui, 36,7 millions de personnes vivent avec le VIH et ont toutes besoin d'un traitement coûteux à vie, qui sera difficile à maintenir à long terme.

Pour vraiment mettre fin au sida, il est essentiel de trouver un vaccin efficace contre le VIH et un traitement curatif ».

À la mi-2017, plus de la moitié (20,9 millions) des 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH avaient accès à des médicaments antirétroviraux pour les maintenir en vie.

Au cours des dix prochaines années, les efforts seront intensifiés afin que toutes les personnes vivant avec le VIH puissent avoir accès à ce traitement vital.

À défaut d’un traitement curatif ou d'un vaccin thérapeutique, des millions de personnes continueront d'avoir besoin d'un traitement à vie.

Des mesures prometteuses ont été prises au cours des récentes années, avec quatre essais à grande échelle actuellement en cours et des avancées en perspective.

Les approches innovantes de la vaccination sont très prometteuses dans les modèles animaux et une gamme toujours plus grande d'anticorps largement neutralisants très puissants ont été découverts et peuvent être conçus pour persister dans le corps humain afin que nous puissions un jour prévenir l'infection par le VIH avec une injection unique chaque année.

Des vaccins sûrs et efficaces peuvent  changer le monde.

Certaines maladies infectieuses qui étaient autrefois monnaie courante, tuant des millions de personnes et laissant d'innombrables autres atteintes de handicaps permanents, sont devenues rares.

La variole a été éradiquée, 17 personnes seulement ont développé la poliomyélite en 2017 et en 2016, l'Organisation panaméricaine de la santé a déclaré que la rougeole avait été éliminée des Amériques.

Un vaccin efficace, durable, abordable et sûr contre le VIH permettrait de faire progresser considérablement les efforts pour mettre fin au sida.

Au cours des dix dernières années, les investissements sont restés stables, autour de 900 millions de dollars US par an, ce qui représente moins de 5 % du total des ressources nécessaires à la riposte au sida.

En augmentant les investissements dans la recherche de vaccins contre le VIH, en diversifiant les financements et en attirant les meilleurs scientifiques du monde entier, un vaccin contre le VIH pourrait devenir une réalité.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Immune Nations

23 mai 2017

Dans une pièce sombre, le visiteur aperçoit sa silhouette sur un grand écran, et des lumières blanches créent des points qui décrivent à l’écran des arcs dirigés vers le corps du spectateur.

Ils représentent le mortel « Shadowpox », un virus de l’ombre, en train d’essayer de nous infecter.

En regardant son reflet sur l’écran, chacun tente de dégager les points de son corps. De plus en plus de points apparaissent et l’on se rend compte que le virus ne s’attaque pas seulement à soi, mais à tout le monde autour. Et maintenant on fait quoi ?

Voilà le genre de question auquel sont confrontés les gens qui visitent le Shadowpox, une installation artistique présentée dans le cadre de la nouvelle exposition Immune Nations. En se servant de projections interactives, le Shadowpox offre aux participants une expérience exclusive de lutte contre un virus à l’aide d’un vaccin, tout en tentant de sauver leur entourage grâce à ce que les responsables de la santé publique appellent l’immunité collective : lorsqu’un nombre suffisant de personnes sont immunisées contre une maladie, les autres personnes qui ne sont pas immunisées bénéficient d’une certaine protection contre l’infection, car la propagation de la maladie contagieuse est contenue.

Les questions et les décisions que rencontrent les visiteurs en interagissant avec le Shadowpox sont similaires aux scénarios de santé publique qui se déroulent dans le monde entier. Et c’est exactement le genre de réflexion qu’a tenté de provoquer le projet financé par le Conseil de la recherche norvégien en réunissant des artistes, des chercheurs et des responsables politiques dans une pièce pour voir comment ils pourraient recadrer le discours ambiant sur la vaccination.

« Nous nous intéressons au rôle que l’art et la culture pourraient jouer pour éclairer les prises de décision sur la santé mondiale », explique Steven Hoffman, professeur de droit à l’Université d’Ottawa et co-responsable du Vaccine Project.

Durant l’été 2015, artistes et experts de renom se sont retrouvés à l’Université d’Ottawa, où sont nées les idées pour cette exposition fondée sur des données probantes. Le Shadowpox est le fruit de l’imagination d’un groupe de collaborateurs mené par Alison Humphrey et Caitlin Fisher. Tout est parti d’une nouvelle maladie composée d’ombres virales, contre laquelle il existe un vaccin. L’idée relève à la fois de la science et de la fiction. Cette installation de réalité mélangée associe des données statistiques du monde réel à des effets numériques d’animation en direct. « L’œuvre finale est à la fois étonnante, drôle et provocatrice : tous les ingrédients nécessaires pour faire réfléchir les gens au problème de la vaccination », explique Natalie Loveless, co-responsable et conservatrice de l’exposition.

Le Vaccine Project est une collaboration de plusieurs années qui a dépassé les frontières des continents et des cultures. « Plus d’une centaine de personnes et d’organisations collaborent sur cette exposition », déclare Sean Caulfield, l’un des co-responsables du projet. « Nous avons là des représentants de laboratoires de réalité virtuelle, d’universités, de gouvernements et des Nations Unies ».

L’exposition a été lancée en mars 2017 au Galleri KiT de l’Académie des Beaux-Arts de Trondheim, en Norvège, avant de venir s’installer au siège de l’ONUSIDA à Genève, en Suisse, où elle sera inaugurée le 23 mai par la Première dame de Namibie, Monica Geingos. Les œuvres d’art seront visibles dans les locaux de l’ONUSIDA jusqu’au 30 juin 2017. 

Ressources

The Vaccine Project (en anglais)

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