Reportage

Le besoin urgent d'un traitement éclairé par des faits probants et basé sur les droits pour la dépendance aux drogues en Asie

28 novembre 2014

Les centres de détention et de réadaptation obligatoires pour les consommateurs de drogues continuent d'exister dans toute l'Asie, ce qui reste une préoccupation majeure. Des personnes suspectées de consommer des drogues ou d'être dépendantes aux drogues, des personnes engagées dans le commerce du sexe et des enfants victimes d'abus sexuels sont souvent détenus dans ces centres sans procès équitable au nom du « traitement » ou de la « réadaptation ».

Les centres de détention et de réadaptation obligatoires posent de graves problèmes en termes de droits humains et ils menacent la santé des détenus, notamment en raison d'une vulnérabilité accrue au VIH et à la tuberculose.

Les violences physiques et sexuelles, le travail forcé, des conditions de vie non conformes, le refus de soins et d'autres formes de violations des droits humains ont été rapportés dans de nombreux centres. Bien qu'ils existent dans plusieurs régions du monde, les centres de détention et de réadaptation obligatoires sont très répandus en Asie. Selon des chiffres officiels de 2012, plus de 235 000 personnes seraient détenues dans plus de 1 000 centres de détention et de réadaptation obligatoires en Asie de l'Est et du Sud-Est.

Selon les estimations, la prévalence du VIH chez les consommateurs de drogues injectables serait 28 fois plus élevée qu'au sein de la population générale. La stigmatisation, la discrimination et les lois punitives contribuent grandement à cette forte prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues et empêchent l'accès aux services anti-VIH et à un traitement contre la dépendance aux drogues basé sur des faits probants.

En 2012, dans une déclaration conjointe sur les centres de détention et de réadaptation pour les consommateurs de drogues, 12 entités des Nations Unies ont indiqué qu'il n'existait « aucune preuve que ces centres représentent un environnement favorable ou efficace pour le traitement de la dépendance aux drogues ». La déclaration appelle en outre les pays qui entretiennent ces centres à les fermer sans délai, libérer les personnes détenues et leur fournir des soins appropriés sur la base du volontariat, et enfin prévoir un traitement contre la dépendance aux drogues pour les personnes dans le besoin au niveau communautaire.

Une action coordonnée et concertée du système des Nations Unies a eu lieu au niveau national, régional et mondial pour engager les gouvernements sur cette question. Ces efforts ont appuyé une série de dialogues intergouvernementaux en Asie, qui ont encouragé les meilleures pratiques émergentes dans la mise en œuvre d'un traitement éclairé par des faits probants et basé sur les droits pour la dépendance aux drogues.

Toutefois, les progrès accomplis par les pays sont restés très insuffisants. Il a été signalé récemment que certains pays de la région prévoyaient d'augmenter la capacité de leurs centres de détention pour consommateurs de drogues ou d'examiner des lois pour les consolider davantage.

Lors d'une récente visite en Asie, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a appelé à accélérer les réformes vers des programmes de traitement de la dépendance aux drogues basés sur le volontariat à l'échelle communautaire, en tant qu'impératif de santé publique et de droits humains. « Aujourd'hui est venu le temps du pragmatisme et des faits probants. Les pays doivent étendre les politiques et programmes basés sur les droits qui fonctionnent dans la lutte contre la dépendance aux drogues et la vulnérabilité au VIH », a déclaré M. Sidibé.

Le besoin urgent d'élargir le traitement contre la dépendance aux drogues basé sur les droits et éclairé par des faits probants en Asie est clair et doit s'inscrire au cœur des discussions à venir sur la politique de lutte contre les drogues et de santé, notamment le troisième dialogue intergouvernemental sur les centres de détention obligatoires pour consommateurs de drogues en Asie en 2015 et les avancées concrètes réalisées à la veille de la session spéciale sur les drogues de l'Assemblée générale des Nations Unies en 2016.

Lors de sa 35e session en décembre 2014, le Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA organisera une série de discussions sur la réduction de la transmission du VIH chez les consommateurs de drogues injectables comme élément critique des efforts pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030.