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La République démocratique du Congo sur la bonne voie avec son plan de rattrapage pour le VIH

22 mai 2017

Le plan de rattrapage de la République démocratique du Congo montre que des résultats impressionnants dans la riposte au VIH peuvent être obtenus lorsque des partenaires travaillent ensemble.

Lancé en décembre 2016, le plan de rattrapage d’Afrique centrale et occidentale vise à faire en sorte que les 4,5 millions de personnes vivant avec le VIH dans la région aient accès au traitement anti-VIH d’ici à 2020. En soutien au plan régional, le plan national de la République démocratique du Congo, élaboré et mis en œuvre par le Ministère de la Santé et la Commission nationale de lutte contre le sida, a pour objectif de faire passer le nombre de personnes sous traitement antirétroviral dans le pays de 80 000 à plus de 200 000 personnes d’ici juin 2018.

Une campagne intensive de dépistage du VIH menée dans le pays a permis à 2 millions de personnes de connaître leur statut, un aspect essentiel pour l’accès au traitement anti-VIH.

Dans ce pays, la couverture du traitement antirétroviral était de seulement 33 % des personnes vivant avec le VIH en 2015, soit un taux supérieur à celui de la couverture régionale (28 %), mais bien inférieur à la couverture enregistrée en Afrique orientale et australe (54 %). Selon les estimations du gouvernement, en avril 2017, ce sont 34 000 personnes de plus qui étaient sous traitement. Le pays est donc en bonne voie pour atteindre son objectif de juin 2018, qui permettrait d’atteindre une couverture de 73 % des personnes vivant avec le VIH sous traitement.

Cette hausse encourageante de la couverture de traitement est le fruit d’une collaboration entre plusieurs partenaires, à savoir le Ministère de la Santé et la Commission nationale de lutte contre le sida, les agences des Nations Unies, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida, entre autres, qui ont travaillé ensemble pour financer et apporter un appui technique à l’élargissement de l’accès au traitement. En ciblant les trois provinces du pays les plus touchées, les ressources ont été exploitées au mieux là où elles étaient le plus nécessaires.

Les points de distribution de médicaments antirétroviraux et les systèmes d’alerte anticipée basés au sein des communautés ont permis de limiter les ruptures de stocks de médicaments et d’améliorer la qualité des services anti-VIH. Ces services de santé communautaires figurent parmi les meilleures pratiques dont la mise en œuvre a été élargie pour augmenter la couverture du traitement.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH aient accès au traitement en atteignant les objectifs 90-90-90, à savoir, d’ici à 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH devant connaître leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % de ces personnes sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement présentant une charge virale indétectable.

Quotes

« L’exemple de la République démocratique du Congo montre ce que l’on peut faire. L’ONUSIDA encourage les autres pays à s’inspirer du plan de rattrapage et à accélérer leurs efforts pour en finir avec le sida dans la région de l'Afrique occidentale et centrale, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. »

Luiz Loures Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA

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Gala de bienfaisance de l’ONUSIDA pour élargir l’accès des femmes et des enfants aux services anti-VIH

19 mai 2017

En collaboration avec l’Hôtel InterContinental Genève, Cartier et Design Miami, l’ONUSIDA organise un gala de bienfaisance qui doit avoir lieu le 12 juin à l’occasion de la semaine Art Basel à Bâle, en Suisse.

Ce gala aura pour but de collecter des fonds afin d’élargir l’accès aux services de prévention et de traitement du VIH pour les femmes et les enfants dans le monde entier. La soirée sera animée par Caroline Rupert et Ndaba Mandela.

Le gala de cette année comportera un spectacle en direct et une vente aux enchères exclusive de design qui apportera une contribution exceptionnelle des meilleurs designers du monde. Cette vente sera dirigée et organisée par Simon de Pury et Design Miami, qui ont mobilisé tout un panel de personnalités du monde du design en faveur de l’ONUSIDA.

Les billets pour y participer sont en vente à l’adresse https://www.universe.com/events/unaids-gala-tickets-5KZTDQ.

En 2016, le gala de l’ONUSIDA avait permis de collecter des fonds importants utilisés pour stopper les nouvelles infections à VIH chez les enfants grâce aux dons des participants et aux bénéfices de ventes aux enchères en direct et par écrit. Parmi les parrains du gala de l’an dernier figuraient Keanu Reeves, Michael Chow, Francisco Costa, Wade Guyton, Lenny Kravitz, Doutzen Kroes, Jude Law, Vik Muniz, Behati Prinsloo, Aby Rosen, Ed Ruscha, Cindy Sherman, Patrick Stewart, Charlize Theron, Francesco Vezzoli et Naomi Watts.

GALA DE L’ONUSIDA 2017

Where history is made
lundi 12 juin 2017
Bâle, Suisse, dans le cadre de la semaine Art Basel

Animateurs

Caroline Rupert
Ndaba Mandela

Commissaire priseur

Simon de Pury

Déroulement de la soirée
20h00 : vernissage de l’exposition exclusive Design Miami, cocktail et tapis rouge
21h00 : dîner, vente aux enchères de design et spectacle musical spécial
22h30 : after

Lieu
Hall 1.2, Messe Basel, Suisse

Avec le soutien de

Cartier

et de

Design Miami

En partenariat avec

Hôtel InterContinental Genève

TABLES/BILLETS

 https://www.universe.com/events/unaids-gala-tickets-5KZTDQ pour l’achat des billets en ligne

CONTACT INFORMATIONS ÉVÉNEMENT, RENSEIGNEMENTS BILLETS ET TABLES
+1 646 652 5814 ou events@UNAIDS.org

 

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Faire une différence dans la vie des personnes LGBTI

17 mai 2017

La Fondation Martin Ennals a annoncé les noms des trois finalistes pour le prestigieux prix mondial Martin Ennals Award, décerné aux défenseurs des droits de l’homme, qui sera remis en octobre 2017. Parmi ces trois finalistes, il y a Karla Avelar, une femme transgenre vivant avec le VIH originaire d’El Salvador qui, depuis plus de 20 ans, défend les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) et milite pour l’accès aux soins des personnes vivant avec le VIH.

En 1996, Mme Avelar a été l’une des fondatrices de la première association de personnes transgenres au Salvador, et en 2008, elle a créé la première organisation de femmes transgenres vivant avec le VIH, COMCAVIS TRANS. L’organisation a pour mission de faire avancer, de défendre et de promouvoir les droits des personnes LGBTI, d’élargir la prévention et les soins anti-VIH et d’améliorer l’accès aux services anti-VIH pour les personnes vivant avec le VIH et les détenus.

« Tous les jours, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes sont exposées à des menaces de mort, à des extorsions, au harcèlement, à des violences physiques et verbales et à la discrimination en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle », explique Mme Avelar. « Cette situation nous rend vulnérables au VIH ».


Au Salvador, l’épidémie de VIH est concentrée au sein des populations clés : les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes présentent une prévalence du VIH estimée à 10,3 %, beaucoup plus élevée que la prévalence du VIH dans la population générale, qui est de 0,5 %.


Aux côtés des pairs-éducateurs de COMCAVIS TRANS, Mme Avelar fait la promotion du dépistage, de la prévention et du traitement du VIH auprès des personnes LGBTI grâce à des actions de proximité, notamment l’éducation et la diffusion d’informations à différents endroits de San Salvador.

Mme Avelar et son équipe travaillent également au renforcement de l’accès aux services de prévention et de traitement du VIH pour les détenus LGBTI de deux centres pénitentiaires. « Nous intervenons sur deux fronts : avec les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes, en les formant sur la santé sexuelle et reproductive et la prévention du VIH, et en sensibilisant les responsables administratifs et le personnel de surveillance aux droits de l’homme et à la discrimination zéro », explique Mme Avelar.

En 2013, le partenariat entre COMCAVIS TRANS et le centre pénitentiaire de SENSUNTEPEQUE a conduit à l’adoption d’un accord qui permet aux détenus d’accéder à des préservatifs chaque mois. COMCAVIS TRANS aide également les détenus LGBTI vivant avec le VIH à observer leur traitement et assure le suivi de leur accès afin de veiller à leur bien-être psychosocial et émotionnel. 

Au Salvador, les personnes LGBTI restent confrontées à un climat de discrimination et de violence, exacerbé par de hauts niveaux d’impunité et un accès limité à la justice. « El Salvador est un pays qui présente l’un des taux de violence les plus élevés d’Amérique latine et, comme c’est le cas dans toute la région, l’espérance de vie d’une femme transgenre ne dépasse pas 35 ans », indique Mme Avelar.

Elle aide les personnes LGBTI qui ont été victimes de violations de leurs droits et d’actes de violence. Avec son équipe et un groupe de bénévoles, elle les conseille et les accompagne pour déposer plainte. Grâce à la collaboration d’autres organisations, elle s’assure que les personnes qui en ont besoin peuvent accéder à une aide juridique et financière. « Il existe encore beaucoup d’obstacles », déclare-t-elle. « Mais nous œuvrons en faveur d’un dialogue avec les représentants de la police civile nationale et du Bureau du Conseil national pour la défense des droits de l’homme ainsi que d’autres autorités afin d’améliorer les mécanismes de dénonciation et d’enquête sur les violations des droits de l’homme et d’assurer un suivi et une évaluation adéquats et durables ».

Mme Avelar a également joué un rôle considérable dans la défense de réformes législatives visant à protéger et promouvoir les droits des personnes LGBTI et à répondre à leurs besoins. Par exemple, avec l’ONUSIDA et d’autres organisations nationales, elle a participé à l’examen d’une loi sur le VIH adoptée en janvier dernier. Entre autres choses, cette loi permet aux personnes transgenres de bénéficier de meilleurs soins sans stigmatisation ni discrimination, d’améliorer leur qualité de vie et d’accéder aux services de santé, à l’éducation et à l’emploi dans le respect de leur identité de genre.

« Pour tous ceux qui la connaissent, Karla Avelar a déjà gagné le prix Martin Ennals », déclare Celina Miranda, Directrice nationale de l’ONUSIDA d’El Salvador. « Envers et contre tous, elle est une infatigable militante des droits de l’homme et fait une différence dans la vie des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes au Salvador ».

À propos du prix Martin Ennals Award

Le prix Martin Ennals Award est un prix annuel décerné aux défenseurs des droits de l’homme. Les finalistes et le lauréat sont sélectionnés par un jury de 10 représentants des principales organisations non gouvernementales mondiales de défense des droits de l’homme.

L’ONUSIDA travaille avec ses partenaires pour réaffirmer que la pleine jouissance de tous les droits humains et libertés fondamentales pour tous joue en faveur de la riposte mondiale à l’épidémie de sida, notamment dans le domaine de la prévention, du traitement, des soins et de l’appui, et permet de lutter contre la stigmatisation et la discrimination envers toutes les personnes vivant avec le VIH, présumées vivant avec le VIH, exposées au risque et touchées par le virus en tant qu’élément capital pour en finir avec l’épidémie de sida et conformément à la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida

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Entretien avec les candidats au poste de Directeur général de l’OMS

10 mai 2017

Le nouveau Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé sera élu lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé, qui aura lieu à Genève, en Suisse, du 22 au 31 mai. Pour la première fois, après un processus de sélection qui a débuté en septembre 2016, tous les États membres de l’Organisation mondiale de la Santé voteront pour l’un des trois candidats finalistes à ce poste.

Depuis qu’ils ont été désignés, ces trois candidats ont présenté leurs idées et leur vision sur des thématiques liées à la santé. Le site unaids.org a interrogé les trois finalistes, David Nabarro, Sania Nishtar et Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur l’épidémie de sida et la santé mondiale.

Question : En tant que Directeur général de l’OMS, quelles seront vos trois priorités pour accélérer les progrès vers la fin du sida d’ici à 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable ?

DAVID NABARRO

La première des priorités sera d’arrêter de traiter le VIH/sida comme une question isolée et de faire des services destinés aux personnes touchées par le VIH/sida une partie intégrante de la couverture santé universelle, ainsi que de les lier avec les services concernant d’autres maladies chroniques.

La deuxième consistera à tirer les leçons du travail d’autonomisation des personnes exposées au risque du VIH/sida à travers le prisme d’un Objectif de développement durable (ODD), puis d’utiliser les informations qui en découleront comme base en vue d’une intégration des actions liées au VIH dans l’ensemble des ODD (voir ci-après).

Tout comme le mouvement de lutte contre le sida a redéfini la santé publique entre 2000 et 2015, il doit maintenant contribuer à incorporer la santé publique dans les ODD avec une vision narrative entièrement nouvelle. Cette vision doit mettre l’accent sur les interconnexions entre les ODD et la nécessité de ne laisser personne de côté, en montrant que la santé est fondamentale pour y parvenir.

SANIA NISHTAR

Pour vaincre l’épidémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) doit continuer de travailler avec ses partenaires et faire avancer l’agenda ambitieux adopté lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida. Pour l’accès universel à un traitement précoce et sûr, et parvenir à une couverture universelle exige encore beaucoup de travail, il va falloir aider les pays pour qu’ils puissent définir comment fournir un traitement à vie. L’OMS devra faire son possible pour être sûre de disposer des meilleures données probantes et de réagir rapidement à mesure que de nouvelles preuves nous apprendront comment atteindre les gens et les aider à rester sous traitement afin de réduire la charge virale de la communauté.

C’est seulement ainsi que nous pourrons faire reculer la transmission. Concernant la prévention, bien que nous ayons actuellement des interventions efficaces au programme, il y a encore des choses à ajouter à notre boîte à outils et l’OMS devra travailler pour veiller à ce que les nouvelles preuves et l’expérience acquise soient intégrées dans les programmes aussi vite que possible. Lutter contre le VIH nécessite une couverture santé universelle pour le socle de base fondé sur les données probantes, une approche fondée sur les droits et une compréhension du rôle clé des déterminants sociaux.

En ayant cela en tête, nous devons nous concentrer sur l’élimination de la transmission. Cela signifie continuer à promouvoir le dépistage et le traitement pour tous, avec une focalisation sur les groupes les plus vulnérables, notamment les adolescentes et les consommateurs de drogues, comprendre l’intérêt de la prophylaxie préexposition et au final, bien évidemment, la mise au point impérative d’un vaccin.  

Dans ce contexte, le rôle de l’OMS est de continuer de fournir des recommandations basées sur des données probantes et d’étoffer la boîte à outils pour progresser vers une couverture santé universelle. Nous savons que les pays ont du mal à mettre en œuvre les recommandations existantes. L’OMS doit continuer d’apporter de la rigueur dans la riposte, ainsi que des preuves et une approche de santé publique, afin de pouvoir formuler des orientations pratiques et claires sur les moyens de fournir des services dans des contextes divers (zones rurales, zones urbaines) et aux personnes qui n’ont pas de contact régulier avec le système de santé.

L’OMS doit aussi soutenir les pays pour mettre en place des systèmes de données et de gestion afin de fournir une riposte de santé publique en temps réel, dans le but de prévenir la transmission de manière effective. 

TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS

Ces 20 dernières années, nous avons réalisé des progrès remarquables dans la lutte contre le sida. Je félicite l’ONUSIDA pour son rôle de sensibilisation et de leadership dans l’obtention de ces résultats et dans la coordination et l’harmonisation de la riposte du système des Nations Unies à l’épidémie de sida. Si je suis élu Directeur général, mes trois priorités seront les suivantes pour ce qui concerne la riposte au sida du secteur de la santé.

Tout d’abord, je défendrai les efforts visant à faire perdurer les progrès réalisés jusqu’à présent sans faire d’autosatisfaction et à renouveler nos engagements pour mettre fin à l'épidémie de sida comme menace de santé publique d’ici à 2030. L’engagement mondial envers les Objectifs de développement durable offre une immense opportunité de s’attaquer aux changements structurels, sociaux et économiques nécessaires pour en finir avec le sida. Je veillerai à ce que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soit indissociable de ces efforts, en travaillant aux côtés de l’ONUSIDA, du système des Nations Unies, des États membres, de la société civile et des groupes communautaires.

En second lieu, ma priorité absolue en tant que Directeur général de l’OMS sera la couverture santé universelle, et mon travail sera de veiller à ce que chaque personne vivant avec le VIH ait accès aux services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH dont elle a besoin. Nous accorderons l’attention requise à la prévention du VIH et à la lutte contre les comorbidités, notamment la tuberculose associée au VIH, ainsi qu’à la préoccupation grandissante concernant les maladies non transmissibles. La couverture santé universelle aidera aussi les populations clés exposées au VIH, comme les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les personnes transgenres, les migrants et les adolescents, à accéder aux services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH. L’OMS fournira aux États membres les outils normatifs, les conseils et l’appui dont ils auront besoin pour mettre en œuvre ces politiques.

Pour finir, je donnerai la priorité à la création de systèmes de santé forts à base communautaire, capables de concevoir et d’appliquer des programmes de prévention et de traitement adaptés aux conditions locales. Pour cela, il faudra renforcer les systèmes de soins de santé primaires pour assurer des services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH. Investir dans les systèmes de santé nous aidera non seulement à gérer le VIH/sida, mais aussi à soutenir nos efforts pour la prévention et le traitement d’autres maladies transmissibles et non transmissibles, ainsi qu’à prévenir et riposter aux futures urgences sanitaires.

Question : Quelle est selon vous l’importance des leçons tirées de la riposte au sida pour façonner l’avenir de la santé mondiale ?

DAVID NABARRO

La riposte au sida nous a beaucoup appris et elle a joué un rôle extrêmement important dans la conception de la santé mondiale. Tout d’abord, elle nous a appris à nous concentrer sur les personnes et les patients, au lieu de l’état médical ou du virus. En changeant ainsi de perspective, le mouvement a réussi à impliquer la société civile et toute une série d’acteurs dans la lutte contre cet état, et surtout contre la stigmatisation qui y est associée. Le deuxième élément d’importance mis en lumière dans la riposte au sida a été de veiller à ce que toutes les personnes exposées au risque, quelle que soit leur place dans la société, puissent avoir pleinement accès aux services dont elles ont besoin : ne laisser personne de côté. Un immense travail a été réalisé pour s’assurer que l’état vis-à-vis du VIH, le sexe d’une personne, ses préférences sexuelles ou sa consommation de substances ne servent jamais de prétexte à une discrimination, un élément dont le caractère essentiel ne fait aucun doute dans tous les domaines de travail de la santé mondiale. Troisièmement, la riposte au sida a démontré l’importance des approches multipartites et intersectorielles et ouvert de nouvelles voies pour fournir un bon modèle de collaboration intégrée entre agences sur des questions sanitaires complexes au sein des Nations Unies.

SANIA NISHTAR

Plus que tout autre, la riposte au sida nous a appris quatre leçons fondamentales pour l’avenir de la santé mondiale. Le pouvoir de l’ambition, la puissance de l’engagement communautaire, les bénéfices d’une riposte multisectorielle et les leçons pour la réorientation des systèmes de soins de santé aigus vers la gestion des maladies chroniques.  

Sur le premier point, la communauté du sida a été la première à défendre l’accès universel. Elle affirmait que tout le monde, partout, pouvait et devait être traité, ce qui fut considéré comme une hérésie à l’époque. Grâce à la coopération sud-sud, les médicaments antirétroviraux ont été mis à la disposition de ceux qui en avaient le plus besoin et des millions de personnes sont aujourd’hui en vie grâce à eux.   

Deuxièmement, la riposte au sida nous a montré que la communauté joue un rôle important et que la santé est l’affaire de tous. Les agents de santé communautaires formés à la vulgarisation du traitement ont été les vecteurs du recul de la stigmatisation sociale et ont encouragé les gens à se faire dépister et à se lancer dans un traitement.

Troisièmement, la riposte au sida nous a démontré la force du partenariat et même si l’issue d’une maladie est au final un problème de santé (c’est-à-dire même si les gens tombent malades ou meurent), la prévention et le traitement à l’échelon universel nécessitent l’engagement de tous les acteurs (gouvernement, secteur privé, organisations confessionnelles, organisations communautaires, société civile, milieux universitaires) et de tous les secteurs (éducation, sécurité alimentaire, eau potable et assainissement, transports).

Quatrième point, l’élargissement des services dans les pays à faible revenu a donné naissance aux premiers programmes de continuité des soins à grande échelle. Même si l’on estime que le VIH et les maladies chroniques non transmissibles (MNT) relèvent de problèmes différents, ils ont beaucoup de points communs en ce qui concerne la réponse des systèmes de santé, car la mise à disposition du traitement a transformé le VIH en une maladie chronique. Les programmes sur le VIH ont permis de développer les systèmes, les outils et les méthodes requis pour assurer la continuité des soins. Ces leçons peuvent contribuer à intégrer la gestion des MNT dans la planification des systèmes de santé nationaux.

Globalement, nous avons aussi appris que nous ne pouvons considérer aucune maladie de manière isolée ; pour lutter contre le VIH/sida, nous avons besoin d’un système efficace et solide, c’est-à-dire des personnes, des financements, du matériel, un leadership et des données pour aider à la prise de décision.

Notre expérience avec le VIH nous a montré les défauts des systèmes bâtis autour de soins épisodiques ponctuels et nous a appris que le succès est possible uniquement lorsque le bénéficiaire et le prestataire avancent main dans la main tout au long d’un parcours de soins. Alors que les pays sont aux prises avec la baisse du fardeau des maladies transmissibles couplé à une augmentation des MNT, nous avons besoin de construire des systèmes de santé solides, durables et plus réactifs. Cela nécessite une vision à long terme ciblée à la fois sur les individus et les systèmes.

TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS

Je n’ai aucun doute sur le fait que les leçons tirées de la riposte au sida sont essentielles pour l’avenir de la santé mondiale, aussi bien sur ce que nous devons faire que sur comment nous devons le faire. La riposte au sida nous a d’abord et surtout appris l’importance de la sensibilisation politique, de la mobilisation communautaire et de la détermination à surmonter le désespoir grâce à l’ambition et à la solidarité. Les leçons de la riposte au sida nous ont montré la valeur et la puissance d’un engagement multipartite et le fait que nous ne pouvons pas résoudre un problème sanitaire à la racine uniquement en ciblant le secteur de la santé. Nous avons également appris qu’avec la solidarité mondiale, nous pouvons innover et mobiliser d’immenses ressources nationales et internationales pour la santé, ce qui a eu un impact profond non seulement sur le VIH, mais aussi sur le système de santé dans son ensemble. Par exemple, lorsque j’étais Ministre de la Santé en Éthiopie, nous avons créé un fonds de solidarité pour le VIH afin de lancer notre programme de traitement du VIH. Ce fonds commun était alimenté par une contribution de 2 % prélevée sur le salaire des fonctionnaires. C’est surtout face aux climats politiques en constante mutation que nous avons besoin de ce type de créativité, d’engagement et de riposte multisectorielle, tout en nous efforçant de mettre la couverture santé universelle au cœur de la mise en œuvre de tous les Objectifs de développement durable.

Question : Alors que la riposte au sida s’est élargie pour atteindre des millions de personnes, l’un des principaux problèmes reste la pénurie d’agents de santé communautaires et l’incapacité du système de santé à fournir des services à cette échelle. Comment allez-vous relever le défi de renforcer le système de santé pour le préparer aux prochaines épidémies et répondre aux problèmes sanitaires actuels, notamment le sida et les maladies non transmissibles ?

DAVID NABARRO

Les gouvernements s’intéressent de plus en plus aux meilleurs moyens de développer les infrastructures et les ressources humaines dans le domaine de la santé, de manière à ce que tout le monde puisse accéder aux soins de santé essentiels, tout en veillant à ce qu’il existe des structures appropriées qui permettent de proposer des soins aux personnes atteintes du VIH/sida ou exposées au risque, en leur apportant des services de santé et des informations sur l’hygiène de vie. Les gouvernements cherchent à garantir le bon fonctionnement des mécanismes d’approvisionnement en médicaments contre le sida et à permettre aux personnes qui en ont besoin d’accéder aux médicaments et les prendre conformément aux instructions. Ils font également de gros efforts pour assurer le soutien politique nécessaire au déploiement des infrastructures de santé d’une manière apte à répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH. Les services proposés devraient tenir compte de la réalité selon laquelle les personnes vivant avec le VIH sont susceptibles de développer à terme des maladies non transmissibles. À cette fin, les autorités nationales de plusieurs pays cherchent des moyens d’incorporer les soins pour le sida dans les programmes destinés aux maladies chroniques. Tous les gouvernements seront prêts à encourager la collaboration régionale et mondiale sur le financement, l’assistance technique, l’accès aux médicaments et aux diagnostics et la sécurisation de l’accès aux vaccins lorsqu’ils seront disponibles.

SANIA NISHTAR

Vous soulevez ici trois aspects distincts mais de même importance : le manque d’agents de santé, la nécessité de fournir des services adaptés et le problème d’organisation de systèmes de santé, et la meilleure façon de se préparer à la prochaine épidémie.

Tout d’abord, les agents de santé communautaires représentent la colonne vertébrale des services de santé dans de nombreux pays ; et dans de nombreux cas, ces agents de santé sont des femmes. Nous devons faire mieux pour rémunérer correctement ces femmes pour leur travail, car le modèle du bénévolat pur n’est pas tenable à long terme si nous voulons conserver cette catégorie de personnel. Plus largement, la mise en œuvre des recommandations de la Commission de haut niveau sur l’Emploi en Santé et la Croissance économique va bien fonctionner, aussi bien pour lutter contre la pénurie d’agents de santé que pour renforcer la croissance économique et les systèmes de santé.

J’ai toujours pensé que des systèmes de santé forts peuvent permettre d’obtenir des résultats sur n’importe quel objectif spécifique à une maladie. C’est en effet le message que je voulais faire passer dans mon livre, Choked Pipes (Tuyaux bouchés). Outre ces objectifs spécifiques à des maladies, des systèmes forts et efficaces peuvent aussi jouer un rôle crucial dans la riposte aux pandémies. Je ferai en sorte que l’OMS s’engage dans une action de renforcement du cadre international pour coordonner et consolider les efforts en faveur de la concrétisation de la couverture santé universelle, avec un renforcement des systèmes de santé parmi ses éléments clés. Cela impliquera également des efforts pour surmonter les obstacles systémiques et lutter contre la collusion dans les systèmes de santé, ainsi que pour fournir une assistance technique aux pays afin de développer de nouveaux mécanismes d’intendance et exploiter le potentiel des prestataires de services dans les secteurs non étatiques, qui jouent un rôle prépondérant dans la délivrance de services dans de nombreuses régions du monde. Sous mon leadership, l’OMS agira en faveur d’une couverture santé universelle en tant qu’objectif de politique sanitaire pour tous les pays, et aidera les ministères de la santé à mobiliser les engagements à la tête des États. Promouvoir la couverture santé universelle, cela veut dire s’appuyer sur les précédents engagements envers les soins de santé et intégrer un engagement de politique sociale à long terme, l’attribution de ressources nationales et un mouvement de liaison entre la couverture des services essentiels et la protection contre les risques financiers.

Enfin, concernant les épidémies, des actions peuvent être entreprises aussi bien dans les pays qu’au niveau de l’OMS. L’OMS doit travailler plus efficacement avec les États membres pour renforcer leurs principales capacités en matière de santé publique, comme l’exige le Règlement sanitaire international. L’amélioration dans la surveillance des maladies permettra de faire avancer la planification sanitaire ; par ailleurs, détecter les maladies et y réagir rapidement permettra de sauver des vies. Un nouveau Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire a été initié au sein de l’OMS : j’y suis totalement favorable et ma priorité sera de le renforcer. 

TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS

Élargir les capacités des agents de santé communautaires et des systèmes de santé doit constituer un élément fondamental de nos efforts pour atteindre la couverture santé universelle, qui sera ma priorité absolue si je suis élu Directeur général. Ces efforts peuvent s’appuyer sur les progrès spectaculaires réalisés et l’expérience acquise au cours des vingt dernières années dans la lutte contre le VIH, la tuberculose, le paludisme, les maladies tropicales négligées et la mortalité maternelle et infantile. Dans le cadre de ces efforts, nous devons aussi renforcer les systèmes de soins de santé primaires avec un engagement communautaire intégré, afin de lutter contre les maladies transmissibles et non transmissibles comme le cancer, les maladies cardiaques, les maladies respiratoires chroniques, le diabète et les traumatismes. Ces actions permettront non seulement de fournir des services de promotion de la santé, de prévention, de traitement et de réadaptation fondés sur des données probantes, mais aussi de renforcer les efforts de prévention, de dépistage, de riposte et de réhabilitation pour les situations d’urgence sanitaire.

En tant que Directeur général, je m’appuierai sur mon expérience de terrain en matière de lutte contre ces problèmes de capacités acquise en Éthiopie pour soutenir les efforts des États membres et des autorités sanitaires nationales en faveur du développement et de la mise en œuvre des politiques visant à assurer des soins de santé universels. À titre d’exemple, en Éthiopie, notre programme phare d’élargissement de la couverture de santé a permis de déployer 40 000 agents de santé communautaires dans chaque village du pays. La prévention du VIH a été l’une de leurs principales activités, ce qui a permis d’obtenir une baisse de 90 % des nouvelles infections à VIH entre 2001 et 2012. L’OMS a un rôle clé à jouer dans le partage de ces types de leçons acquises entre les pays. Elle doit aussi contribuer à bâtir et maintenir des partenariats entre les divers acteurs impliqués dans la santé mondiale (gouvernements nationaux, donateurs, secteur privé, société civile et milieux universitaires) afin de surmonter les obstacles à la réalisation de la couverture santé universelle, y compris en améliorant l’accès à un diagnostic et des soins de qualité, aux médicaments de base et aux protections financières. Pour finir, je travaillerai également pour inscrire et maintenir la couverture santé universelle à l’ordre du jour aux plus hauts niveaux politiques possibles, en maintenant la volonté politique et les ressources nécessaires pour parvenir à ces objectifs.

Question : Comment veillerez-vous à ce que les personnes touchées par le VIH, en particulier les populations clés telles que les professionnel(le)s du sexe, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les personnes transgenres et les migrants, ne soient pas laissées pour compte dans les efforts de mise en œuvre d’une couverture santé universelle ?

DAVID NABARRO

Je vois beaucoup d’exemples de professionnels de santé, de membres de la société civile, de groupes confessionnels, de personnels des Nations Unies et d’autres qui s’intéressent au travail avec les gouvernements afin de réduire la stigmatisation concernant les personnes exposées au risque de VIH et de limiter l’étendue de la discrimination dont elles sont victimes et qui se traduit par leur impossibilité d’accéder à des soins corrects. Pour mieux faire ce travail, les professionnels de santé et les autres parties prenantes ont besoin de soutien, de manière à pouvoir exercer tout en réduisant la stigmatisation et la discrimination ; ils ont besoin d’accéder à des données probantes, de pouvoir interagir avec le grand public et de pouvoir travailler en étroite collaboration les uns avec les autres de façon solidaire, car ce travail peut être difficile et problématique, avec autant d’échecs que de réussites.

SANIA NISHTAR

Tout le monde a droit à la santé. Dans tous ses domaines d’intervention, tout en reconnaissant le caractère essentiel de la souveraineté nationale, pour accomplir sa mission de promotion de la santé pour tous, l’OMS doit aussi défendre et promouvoir à la fois le droit à la santé et une approche de la santé fondée sur les droits de l’homme.

L’Agenda 2030 et les Objectifs de développement durable réaffirment la responsabilité des États membres de « respecter, protéger et promouvoir les droits de l’homme, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance, de handicap ou de toute autre situation », renouvelant ainsi l’engagement en faveur des droits de l’homme dans le futur agenda pour la santé mondiale et le développement.

Tout au long de ma carrière de médecin, au sein du gouvernement, dans la société civile, au niveau universitaire et dans le travail avec les agences internationales, j’ai toujours fondé mon travail sur le principe selon lequel chacun a droit à des services de santé de qualité. C’est cet ancrage solide qui m’a conduite à mettre en place une structure de financement innovante au Pakistan qui vient en aide aux communautés les plus pauvres et les plus marginalisées afin de leur éviter des frais catastrophiques dans l’accès à la santé. En tant que Directrice générale de l’OMS, je poursuivrai dans cette voie vers le droit à la santé pour tous.

TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS

Nos efforts pour parvenir à la couverture santé universelle doivent faire des besoins des personnes vulnérables et marginalisées une priorité. Plus précisément, je pense que l’OMS doit défendre des mécanismes permettant d’écouter avec intelligence ces groupes, de tirer les leçons de leur expérience et de les impliquer dans l’action. Cet engagement, et les leçons que nous en tirons, devrait ensuite être au cœur de nos efforts visant à mobiliser les ressources et à responsabiliser les autorités en matière de santé pour tous, sans distinction d’âge, de sexe, de revenus, d’orientation sexuelle ou d’appartenance religieuse. En outre, il sera essentiel d’améliorer notre base de données probantes avec des moyens efficaces pour atteindre les plus vulnérables et les plus marginalisés. De nouvelles études pourront nous permettre d’élaborer des solutions fondées sur des données et orientées vers les résultats, ce qui nous aidera à maximiser l’impact des interventions dans lesquelles nous investissons. Une partie de ces efforts exigera également de notre part la construction et l’amélioration des infrastructures pour la collecte des données et la garantie que les données que nous collectons sont utilisées pour éclairer la mise au point des politiques. Enfin, l’OMS occupe une place idéale pour lutter contre les inégalités dans les soins de santé et, si je suis élu Directeur général, je serai une voix forte et un fervent défenseur du droit à la santé pour tous.

Question : Que signifie l’ONUSIDA pour vous ? 

DAVID NABARRO

L’ONUSIDA est une expression très importante de l’esprit et de la solidarité avec lesquels nous devons tous travailler ensemble pour favoriser des actions qui conduiront au recul des inconvénients et de la souffrance rencontrés par les personnes exposées au risque du VIH/sida, ainsi que celles qui sont effectivement touchées par la maladie. Cette organisation a eu une puissante influence sur le comportement non seulement du système des Nations Unies, mais de toute la communauté des acteurs engagés dans la lutte pour un accès équitable aux besoins en matière de prévention, de diagnostic et de traitement du VIH/sida.

SANIA NISHTAR

L’ONUSIDA a été l’un des premiers exemples de partenariat qui a exploité les forces et les principales compétences de toutes les agences des Nations Unies. Sous l’égide de l’ONUSIDA, les Nations Unies ont mené un agenda ambitieux et, ensemble, nous avons avancé plus loin et plus vite vers la fin de l’épidémie : des objectifs ambitieux pour l’accès au traitement et à la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant sont en passe d’être atteints dans certains pays et, pour la première fois, le contrôle de l’épidémie et la fin de la transmission semblent possibles dans une poignée de pays africains parmi les plus durement touchés.

L’ONUSIDA a également joué un rôle clé dans le maintien d’une approche fondée sur les droits de l’homme pour notre riposte et le fait d’assurer l’accès à la prévention et au traitement essentiels aux populations clés exposées au risque, notamment avec la réduction des risques pour les consommateurs de drogues injectables et les adolescents. L’ONUSIDA a par ailleurs montré la voie dans la manière dont nous pouvons travailler avec plusieurs acteurs (société civile, communautés, bénévoles et secteur privé) dans le domaine de la santé pour améliorer la coordination et mieux utiliser les compétences, l’expérience et les ressources des partenaires.

TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS

Je commencerai par une remarque personnelle. C’est avec un immense plaisir et un grand honneur que j’ai eu la chance de présider le Conseil de coordination du Programme (CCP) lorsque j’étais Ministre de la Santé de l’Éthiopie en 2009-2010, et que j’ai pu considérer l’ONUSIDA comme un partenaire proche pendant plus d’une décennie. C’est lors de mon mandat auprès du CCP que l’ONUSIDA s’est davantage concentré sur le renforcement des systèmes de santé et la prévention du VIH, notamment sur l’appropriation par les pays, plantant ainsi le décor pour nos actions en faveur de la couverture santé universelle. Nous avons aussi œuvré pour appliquer le nouveau mandat de l’ONUSIDA, qui décrit ses priorités et sa vision pour l’avenir.

Je pense que le leadership provocateur de l’ONUSIDA a joué un rôle capital dans la lutte contre l’épidémie de sida et dans son passage du statut de condamnation à mort à celui d’un état de santé chronique. Son rôle mondial a non seulement suscité le soutien au plus haut niveau politique en faveur de la riposte au sida, mais aussi permis de mettre au cœur de cette riposte les voix des personnes touchées par le VIH, notamment en intégrant la société civile dans sa structure de gouvernance. Je pense qu’il sera utile de consolider ces expériences pour aborder les changements structurels, sociaux et économiques nécessaires en vue d’en finir avec le sida dans le cadre des Objectifs de développement durable. Je prends également note des récentes recommandations du Groupe de réflexion mondiale sur l’avenir du modèle du Programme commun de l’ONUSIDA.

Si je suis élu Directeur général de l’OMS, j’espère pouvoir continuer ce travail conjoint et cette collaboration étroite entre partenaires.

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Allemagne : en finir avec le sida d’ici 2020

12 mai 2017

Assis au volant de sa Mini Cooper, vêtu d’un pantalon de cuir traditionnel bavarois et d’un élégant gilet noir, Maik respire la santé. Difficile de croire que neuf ans auparavant, il luttait pour rester en vie.

Maik a 43 ans et il est ingénieur et testeur de véhicules pour un grand constructeur automobile allemand. Il parle lentement, avec douceur : « à cette époque, je ne pensais pas pouvoir reconduire une voiture un jour ».

Il y a neuf ans, Maik a laissé ses médecins pour le moins perplexes. Il avait perdu 30 kilos et était tombé très malade. En son for intérieur, Maik savait qu’il avait peut-être le VIH : en tant qu’homme gay, il savait qu’il était davantage exposé au risque d’infection, mais il était prudent et son dernier test de dépistage, 10 ans auparavant, était revenu négatif. Mais il était inquiet. « J’avais en tête les vieilles images du sida », explique-t-il. « J’étais terrifié ».

Malgré des symptômes évidents, son médecin ne lui propose pas de test de dépistage du VIH, se contentant de le renvoyer chez lui avec des pastilles pour la gorge afin de soigner son infection buccale. « Pour moi », se souvient Maik, « cela suffisait à prouver que je n’avais pas le VIH ».

Ce n’est que lorsqu’il fut adressé à un spécialiste que l’éventualité du VIH est apparue et que Maik s’est vu proposer un test de dépistage. Le résultat est revenu positif. Maik avait le VIH et son système immunitaire était en train de s’affaiblir. « Je me suis dit que j’allais mourir parce que je n’avais pas eu le courage de faire un test de dépistage ».

À la maison, il laisse alors le choix à son partenaire. « Va-t-en maintenant ou reste et regarde-moi mourir ».

Son partenaire est resté et Maik a reçu un traitement antirétroviral.

Un vrai miracle : seulement six semaines plus tard, il était de retour au travail. « J’ai été incroyablement chanceux », raconte Maik. Aujourd’hui, il travaille à temps plein 40 heures par semaine et fait même du sport.

Maik a choisi de raconter son histoire pour inspirer et encourager les autres à se faire dépister dans le cadre de la campagne de l’organisation non gouvernementale allemande Deutsche AIDS-Hilfe pour en finir avec le sida en Allemagne d’ici à 2020. Intitulée « Kein AIDS für Alle », cette campagne vise à stopper les nouvelles infections à VIH et à s’assurer que plus personne ne développera le sida d’ici à 2020.

« La fin de l’épidémie de sida est à portée de main en Allemagne et faire en sorte que les gens connaissent leur état et puissent accéder au traitement est capital pour atteindre cet objectif », a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé.


Le VIH en Allemagne (chiffres de 2015 de l’Institut Robert Koch)

85 000 personnes vivant avec le VIH

72 000 personnes connaissant leur statut séropositif au VIH

60 700 personnes sous traitement antirétroviral

3 200 nouvelles infections à VIH

<500 décès liés au sida


Le traitement anti-VIH est disponible en Allemagne depuis plus de 20 ans, ce qui a empêché la propagation du sida et permis aux personnes vivant avec le VIH de vivre plus longtemps et en meilleure santé. On estime toutefois que plus d’un millier de personnes développent le sida chaque année en Allemagne en raison d’un diagnostic tardif ou parce qu’elles n’ont pas accès au traitement.

« Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens ne font pas de test de dépistage. Certains pensent qu’ils ne sont pas exposés au risque, et même les médecins n’admettent pas toujours la nécessité d’un test de dépistage », explique Silke Klumb de Deutsche AIDS Hilfe. « Il existe aussi encore en Allemagne une grande peur de la stigmatisation et de la discrimination. Et malheureusement, tout le monde n’a pas accès aux services anti-VIH : les migrants sans papiers, par exemple, sont l’un des groupes laissés pour compte ».

La campagne Kein AIDS für Alle va permettre d’informer les gens sur les risques d’infection à VIH et de montrer qu’un résultat positif au test de dépistage n’est pas une condamnation à mort, mais la première étape d’une vie longue et en bonne santé.

« N’attendez pas qu’il soit trop tard », insiste Maik. « Faites régulièrement des tests. Un diagnostic positif au VIH est une expérience traumatisante. Mais il est possible de bien vivre avec le VIH, à condition de recevoir un traitement ».


Le VIH est le virus qui provoque l’infection à VIH. Le sida est le stade le plus avancé de l’infection à VIH.


La campagne aura aussi pour but d’éliminer la stigmatisation et la discrimination autour du VIH et d’encourager les personnes issues des populations clés à se tourner vers les services de prévention, de dépistage, de traitement et de soins anti-VIH grâce à des initiatives innovantes. Des médecins apporteront aussi leur contribution dans le cadre des efforts en faveur d’un diagnostic plus précoce du VIH.

Deutsche AIDS Hilfe est une association indépendante sans but lucratif de 120 organisations membres autonomes, notamment des organisations qui proposent des services de traitement contre le sida et la dépendance aux drogues, des projets de prévention du VIH, des centres gays et lesbiens et des projets de logement et de soins à domicile. Ensemble, ces organisations s’engagent pour la prévention, le traitement, les soins et l’appui contre le VIH et en faveur de la sensibilisation au VIH dans toute l’Allemagne.

Dans le cadre des actions pour le respect des engagements de la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, l’ONUSIDA œuvre en faveur des prestations de services à base communautaire et du renforcement des capacités des organisations de la société civile pour la fourniture de services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH sur la base d’une approche non discriminatoire qui respecte, promeut et protège les droits de l’homme. 

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L’Inde va proposer un traitement anti-VIH à tous ceux qui en ont besoin

01 mai 2017

Veena vit avec le VIH depuis plus de 15 ans. Cette éducatrice communautaire, qui vit à Bangalore en Inde, est sous traitement anti-VIH depuis plus de 10 ans ; grâce aux médicaments antirétroviraux, elle dit avoir retrouvé la santé et la joie de vivre.

« Ces médicaments sont très bien. Je suis très contente », explique Veena. « Ma vie a changé. Je suis en train d’apprendre trois langues et je travaille ».

L’Inde compte 2,1 millions de personnes vivant avec le VIH, ce qui correspond à la troisième épidémie de VIH la plus importante au monde. Le 28 avril dernier, lors d’un événement organisé à New Delhi, Jagat Prakash Nadda, Ministre de la Santé et de la Famille, a annoncé la mise en œuvre d’une nouvelle politique de dépistage et de traitement, avec pour objectif d’ouvrir l’accès au traitement anti-VIH à toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays. Avant ce changement de politique, l’accès gratuit aux médicaments antirétroviraux était réservé aux personnes vivant avec le VIH dont le taux de CD4 était descendu à moins de 500 cellules/mm3.

M. Nadda a également déclaré que la stratégie 90-90-90 du Ministère permettra de recenser 90 % des personnes vivant avec le VIH, de mettre 90 % de ces personnes sous traitement et de faire en sorte que 90 % des personnes sous traitement voient leur charge virale devenir durablement indétectable. « Cette stratégie sera pour nous une opportunité de travailler sur les engagements que nous avons pris lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la fin du sida ».

En Inde, les personnes vivant avec le VIH ont souvent accès au traitement tardivement. Ce fut le cas pour Veena, lorsqu’elle a commencé à prendre des médicaments.

« J’avais perdu beaucoup de poids et je souffrais d’une forte fièvre. J’étais épuisée et je ne pouvais pas travailler », raconte Veena. Au départ, elle ne réagit pas bien au traitement mais, progressivement, elle va reprendre du poids et son système immunitaire va s’améliorer.

L’ONUSIDA a appelé tous les pays à fournir un traitement anti-VIH à tous ceux qui sont testés séropositifs au VIH, car le traitement permet de maintenir les personnes vivant avec le VIH en bonne santé et présente le double avantage de stopper également la transmission du virus à d’autres personnes.

« Le gouvernement indien fait preuve d’un leadership et d’un engagement audacieux envers les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Steven Kraus, Directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. « Cette nouvelle politique va permettre à plus d’un million de personnes vivant avec le VIH d’accéder à un traitement qui leur sauvera la vie. Des individus, des familles et des communautés resteront ainsi en bonne santé et productives et l’Inde en aura fini avec son épidémie de sida d’ici à 2030 ».

Pour élargir rapidement l’accès au traitement, l’Inde va s’appuyer sur son réseau d’établissements répartis sur tout le territoire qui proposent des services anti-VIH. Le déploiement de la nouvelle politique aura aussi pour effet de renforcer le système de gestion de la chaîne d’achat et d’approvisionnement, ainsi qu’une participation durable des communautés.

Selon le programme national indien de lutte contre le sida, le nombre annuel de décès dus au sida a chuté de 54 % entre 2007 et 2015, tandis que les nouvelles infections à VIH ont baissé de 32 %. À mesure que davantage de personnes vivant avec le VIH rejoindront Veena dans le parcours de traitement, le double bénéfice des médicaments antirétroviraux devrait entraîner une nouvelle baisse du nombre de décès et de nouvelles infections à VIH.

Veena a réussi ce qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir faire : voir sa fille devenir adulte.

« Ma vie a un avenir. Moi je n’ai pas fait d’études, mais ma fille a eu son diplôme. Elle travaille. C’est une femme autonome », explique Veena.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH puissent accéder au traitement anti-VIH d’ici à 2020.

Region/country

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Une exposition d’affiches au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour illustrer la riposte au sida au fil des années

03 mai 2017

Une exposition du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de Genève, en Suisse, retrace la riposte au sida sur les 30 dernières années à travers des affiches venant du monde entier. « Sida – Une lutte en images » se propose d’explorer la manière dont le VIH a été représenté et les différentes campagnes axées sur la sexualité, la politique, la stigmatisation et la prévention.

« Le thème de notre exposition n’est pas la maladie en elle-même, mais tous les supports de communication qui portent sur elle », explique Roger Mayou, Directeur du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. « Ces nombreuses affiches sont un véritable miroir de la société à travers les époques ».

L’exposition commence par des photographies de Nan Goldin datant du milieu des années 1980 pour le premier thème abordé, « La maladie des autres » ; elles soulignent à quel point le VIH était alors considéré comme une maladie concentrée au sein des populations clés.

Le deuxième thème, « Briser le silence », met l’accent sur la manière dont la société civile et les personnalités publiques ont fait entendre leur voix dans la lutte contre le VIH. La célèbre image du triangle rose accompagné du slogan « Silence = Mort » remonte à 1987 et faisait partie de la campagne de l’association new-yorkaise AIDS Coalition to Unleash Power (ACT UP).

Vient ensuite la relation entre sida et médias. En 1990, la mort d’un jeune garçon américain du nom de Ryan White, qui avait contracté le VIH par du sang contaminé, cristallise le fait que le virus peut toucher n’importe qui. Les affiches font apparaître davantage de femmes et de couples hétérosexuels et de nombreux pays imaginent de nouveaux messages pour leurs campagnes nationales, comme l’illustrent des affiches allemandes de 1990 portant le slogan « Ne donnez aucune chance au sida ».

L’avant-dernier thème abordé, « Le virus », porte sur l’explication scientifique du sida. La représentation d’une cellule T normale et d’une cellule T infectée par le VIH de l’Institut du Cancer en 1991 s’accompagne du message « Visualisez ceci ». Une affiche algérienne éditée pour la Journée mondiale de lutte contre le sida en 1994 compare le virus à des mines flottant sur l’océan, avec pour slogan « Protégez la famille ».

Le dernier thème, intitulé « Vivre ensemble », illustre le fait qu’avec l’avènement des médicaments antirétroviraux en 1996, le VIH n’est plus obligatoirement une sentence de mort. La campagne Swiss Stop Sida commence ainsi à intégrer un message « Aime la vie » sur ses affiches en 2005. Une affiche de l’ONUSIDA en noir et blanc pour la Journée mondiale de lutte contre le sida montre le gros plan d’un homme avec la légende « Je suis accepté » : elle s’inscrivait dans le cadre de la campagne « Je vis mes droits », qui visait à souligner la normalité de la vie d’une personne séropositive au VIH.

« Le VIH est devenu invisible et une certaine lassitude s’est quasiment installée », constate Alexandra Calmy de l’unité VIH des Hôpitaux universitaires de Genève. « Pourtant, 2,1 millions de personnes sont infectées par le VIH chaque année : il est donc important de parler du sida, et c’est ce que fait cette exposition ».

L’ONUSIDA travaille avec les pays pour en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable.

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L’ONUSIDA nomme Pia Wurtzbach Ambassadrice itinérante pour l’Asie et le Pacifique

03 mai 2017

L’ONUSIDA a nommé Pia Wurtzbach, Miss Univers 2015, en tant qu’Ambassadrice itinérante pour l’Asie et le Pacifique. L’annonce a eu lieu à l’occasion d’un événement spécial organisé avec des étudiants de l’Université Ateneo de Manila située dans la ville de Quezon, aux Philippines.

« Je suis très heureuse de devenir Ambassadrice itinérante de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique », a déclaré Mme Wurtzbach. « Je suis très émue. J’ai toujours rêvé de travailler avec les Nations Unies. Je ferai de mon mieux. Je ferai entendre ma voix pour cette cause ».

Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Mme Wurtzbach aura pour mission de sensibiliser les jeunes et de défendre zéro discrimination envers les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres.

« De nombreux jeunes gens n’ont toujours pas les capacités et les connaissances requises pour se protéger du VIH », a déclaré Steven Kraus, Directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. « Grâce à son immense popularité auprès de ses jeunes fans et au formidable suivi dont elle dispose sur les réseaux sociaux, Mme Wurtzbach va amplifier nos efforts et contribuer à en finir avec l’épidémie de sida dans la région ».

Mme Wurtzbach est engagée activement dans les affaires humanitaires, s’exprimant contre le cyberharcèlement et soutenant les personnes vivant avec le VIH, ainsi que la communauté des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexe (LGBTI). Lorsqu’elle était Miss Univers, elle a passé un test de dépistage du VIH devant les caméras afin d’encourager les gens à connaître leur statut vis-à-vis du VIH, et elle a assisté à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida à New York, aux États-Unis.

La cérémonie de nomination a réuni des jeunes gens venus de différentes universités de la région de Manille, ainsi que des représentants des Nations Unies, des responsables gouvernementaux, des journalistes et des membres du réseau Act!2030 Philippines, ainsi que d’autres groupes communautaires représentant les jeunes et les populations clés.

La région Asie-Pacifique a réalisé des progrès dans sa riposte au VIH, avec une baisse des nouvelles infections de 5 % dans toutes les tranches d’âge entre 2010 et 2015. Toutefois, en 2015, les jeunes représentaient encore 37 % des nouvelles infections à VIH et l’analyse des données montre qu’il existe une épidémie de VIH importante au sein d’un groupe de plus en plus jeune d’hommes gays et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans les zones urbaines d’Asie du Sud-Est et de Chine.

Des études menées dans huit pays d’Asie ont montré que les jeunes possèdent très peu de connaissances complètes sur le VIH, ce qui accroît leur vulnérabilité au VIH. L’ONUSIDA et ses partenaires mènent actuellement une campagne de sensibilisation au VIH à destination des jeunes sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #Live2LUV, et Mme Wurtzbach apportera sa contribution à la promotion de cette campagne dans le cadre de son nouveau rôle d’ambassadrice.

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Belarus : réduire les risques et prévenir les nouvelles infections à VIH

12 avril 2017

Victoria est une infirmière qui administre un traitement substitutif aux opiacés (TSO) à 50 personnes par jour. Le programme de TSO au Belarus a démarré en 2007 sous la forme d’un projet pilote subventionné par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Aujourd’hui, le programme est étendu à 19 sites répartis dans tout le pays et fournit un TSO à près de 900 personnes ; néanmoins, ce chiffre représente moins de 5 % des consommateurs d’opiacés dans le pays.

Trente-sept pour cent des personnes ayant accès au TSO au Belarus vivent avec le VIH. Victoria explique que le TSO aide les personnes vivant avec le VIH qui consommaient des drogues injectables à poursuivre leur traitement antirétroviral. Les personnes séronégatives au VIH comptent également sur le programme pour éviter une transmission de l’infection à VIH par l’injection de drogues.

Le programme de TSO du Belarus est ouvert aux adultes dépendants aux opiacés. Il prévoit la fourniture de méthadone, des bilans médicaux réguliers, un soutien psychologique et les services de travailleurs sociaux. Eugene Halubitski est à la tête du programme de TSO d’une clinique de Minsk depuis 2010. Il apporte un soutien médical et psychologique à de nombreux clients, notamment Sergueï.

Sergueï a adhéré au programme de TSO en 2009. Depuis, il a trouvé un travail, s’est marié et est devenu père. Une étude de 2014 a montré que chaque dollar investi dans le TSO permettait d’économiser 6 dollars sur les conséquences de la dépendance aux drogues, comme la délinquance, le chômage, la fourniture d’un traitement antirétroviral et les décès dus au sida.

Les personnes qui suivent les programmes de TSO se rendent chaque jour dans une clinique pour prendre une dose de méthadone, qui permet de soulager leur dépendance aux opiacés.

L’Organisation mondiale de la Santé recommande d’accroître la couverture du TSO à 40 % des consommateurs de drogues injectables afin de faire baisser le nombre de nouvelles infections à VIH.

Le financement de la réduction des risques au Belarus est en train de passer progressivement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à des ressources nationales. Le TSO est quasi intégralement financé par l’État.

Il y a treize ans, Alexander a participé à un programme de désintoxication. Aujourd’hui, il est psychologue et il aide les autres à sortir de la dépendance aux drogues grâce au conseil par des pairs, à la méditation et à la psychothérapie. Son expérience montre qu’une vie sans drogue est possible.

À l’occasion d’une visite au Belarus, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé a rencontré le personnel et les clients d’un centre de TSO de Minsk, où il a salué le travail effectué par le personnel du centre.

« Je peux dire en toute confiance qu’il s’agit de l’un des meilleurs programmes de traitement substitutif aux opiacés que j’ai eu l’occasion de connaître », a-t-il déclaré. « Il propose des services complets et holistiques centrés sur les individus ».

Les clients ont raconté à M. Sidibé leurs parcours personnels. « Désormais, ils croient en leur avenir. Le programme de traitement substitutif aux opiacés respecte la dignité des personnes et rétablit le capital social », a-t-il conclu.

« Nous constatons que le programme de réduction des risques fonctionne au Belarus et il doit être élargi », a-t-il ajouté.

Les preuves de l’efficacité de la réduction des risques forment la base d’un ensemble complet d’interventions pour prévenir la propagation du VIH et réduire les autres risques associés à la consommation de drogues.

Photos : ONUSIDA/Alexandr Konotop

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Ghana : lever les barrières de la stigmatisation et de la discrimination pour les femmes

27 mars 2017

Patience Eshun, une grand-mère et veuve Ghanéenne dont la fille est décédée l’an dernier du VIH, sait à quel point la discrimination liée au VIH peut être destructrice. « Ma fille refusait d’aller à l’hôpital pour chercher des médicaments. Elle est morte à cause de la peur de la stigmatisation et de la discrimination », explique-t-elle.

Mme Eshun est l’une des milliers de veuves vivant au Ghana qui ont vécu les effets de la stigmatisation et de la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH. Mme Eshun et un groupe de femmes ont rencontré la Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA Jan Beagle pour discuter des problèmes auxquels se heurtent les veuves et les femmes vivant avec le VIH, à l’occasion d’un dialogue organisé par la Fondation Mama Zimbi (MZF), une organisation non gouvernementale qui soutient les veuves et leur donne des moyens d’autonomisation via son projet WANE (Widows Alliance Network).

Mme Beagle s’est rendue au Ghana pour s’engager auprès du gouvernement et d’autres parties prenantes dans le cadre de la Présidence ghanéenne du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA.

Au Ghana, les femmes comptent parmi les personnes les plus touchées par le VIH. Chez les femmes âgées de 15 à 49 ans, la prévalence est quasiment deux fois plus élevée que chez les hommes du même âge (2 % contre 1,3 %). Les veuves sont parmi les femmes les plus pauvres du Ghana, et leur pauvreté est liée à la privation de leurs droits et au manque d’accès à la justice à cause de coutumes, de traditions et de codes religieux discriminatoires. Les veuves ghanéennes sont souvent confrontées à des lois qui ne favorisent pas la protection de leurs droits. Lorsqu’elles perdent leur conjoint, elles sont régulièrement dépossédées de leurs terres et de leurs biens et expulsées de leur domicile. Pour les veuves vivant avec le VIH, la stigmatisation et la discrimination sont souvent exacerbées.

En réponse à ces problèmes, Akumaa Mama Zimbi, une Ghanéenne leader de la défense des droits des femmes et présentatrice d’émissions télévisées et radiophoniques, a lancé un réseau (WANE) destiné à soutenir le développement socioéconomique durable des veuves. Ce projet permet d’apporter aux veuves du Ghana des aptitudes professionnelles, une éducation aux droits de l’homme et un accès à des programmes de santé reproductive et d’intégration sociale. Par l’intermédiaire de WANE, plus de 400 groupes de veuves se sont formés au Ghana, avec un total atteignant plus de 8 000 membres à l’échelle nationale. L’organisation propose aussi de petits ateliers de formation et de génération de revenus pour les veuves dans les domaines de la couture, de la cuisson du pain, de l’apiculture et des petites exploitations agricoles.

« Nous nous engageons avec passion pour défendre une politique complète et une orientation juridique qui permettent de relever le niveau de vie des veuves, et de toutes les femmes, au Ghana. Nous devons rendre les femmes autonomes tout en s’assurant que les hommes participent aussi pleinement à la discussion : nous devons travailler ensemble pour un avenir meilleur », explique Mme Zimbi.

Lors de la réunion, Ogyedom Tsetsewah, Reine mère (leader communautaire traditionnel) et militante des droits des femmes, a expliqué que si une veuve était confrontée à une injustice, elle n’avait que peu voire aucun recours au sein de sa communauté et devant les tribunaux, et que les chefs traditionnels avaient un rôle important à jouer. « Il est évident que les chefs traditionnels ont un rôle à jouer auprès des dirigeants politiques nationaux en ce qui concerne la situation des veuves et l’importance critique d’un investissement dans la protection sociale des veuves afin de leur permettre de contribuer à la résilience de la communauté », a-t-elle déclaré.

Les femmes et les jeunes présents ont partagé leurs expériences de discrimination et de souffrance liées au VIH. Le dialogue a été très franc, avec de nombreuses femmes évoquant leurs propres impressions sur des amis touchés par des attitudes de stigmatisation et de discrimination, y compris de leur part. 

Mme Beagle a félicité les veuves pour leur courage et leur résilience, tout en faisant remarquer que « les veuves vivant avec le VIH sont souvent confrontées à une triple discrimination : parce qu’elles sont veuves, parce qu’elles sont des femmes et à cause de leur statut vis-à-vis du VIH. Grâce à l’autonomie économique, elles deviennent indépendantes et occupent même des places de chefs au sein de leurs communautés, elles peuvent favoriser la sensibilisation au VIH et lutter contre la stigmatisation et la discrimination ».

La MZF travaille actuellement à la création d’un lieu permanent destiné à proposer une formation professionnelle, une éducation aux droits de l’homme, ainsi que des programmes de santé reproductive et d’intégration sociale pour les filles de veuves vulnérables au Ghana. Une fois mise en place, cette initiative permettra à plus de 3 000 jeunes femmes en situation de précarité d’accéder à des compétences et à l’emploi. 

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