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Libérer la parole : pour que le préservatif ne soit plus tabou
05 octobre 2016
05 octobre 2016 05 octobre 2016« Je veux réussir dans le monde de l'entreprise », explique Millicent, 19 ans, que l'on appelle Milly. Major de sa promotion en commerce à l'Université du Botswana, elle respire la sophistication et la confiance en soi.
Pourtant, Milly ne s'est pas toujours sentie aussi sûre d'elle pour prendre les bonnes décisions. Elle n'a pas toujours eu le sentiment de pouvoir de se protéger des infections sexuellement transmissibles, notamment du VIH, ou d'une grossesse non désirée. Être vue comme une personne sexuellement active l'embarrassait et prendre des préservatifs gratuits au dispensaire gouvernemental la mettait mal à l'aise. Quant à Peter, son petit ami, il était gêné d'acheter des préservatifs à la pharmacie, de sorte qu'ils ne se protégeaient pas toujours lors de leurs rapports sexuels.
Milly explique que les gens ont tendance à associer usage du préservatif et promiscuité sexuelle. « Il existe un stéréotype sur les adolescents qui utilisent des préservatifs », raconte-t-elle. « On dit que les préservatifs sont faits pour les adultes. Les gens ne veulent pas en parler ». Au dispensaire, « impossible de simplement y aller et en prendre », explique-t-elle. « Vous êtes critiqué parce que vous êtes jeune et que vous voulez des préservatifs ».
Les parents de Milly ne lui ont donné que les informations les plus généralistes sur la prévention du VIH, alors que son père est médecin. Au Botswana, les normes culturelles empêchent les parents et les enfants de parler de sexe ouvertement ; on suppose que si les adolescents en savent trop sur les préservatifs, « ils voudront expérimenter », ajoute Milly. Peter et elle ont lu quelques informations sur les préservatifs, mais ils ne savaient pas vraiment comment les utiliser. « On savait qu'on prenait des risques », reconnaît-elle.
Milly et Peter sont de la même classe d'âge, les 15-24 ans, ceux qui sont le plus exposés au risque d'infection, et l'ONUSIDA indique que les femmes de cet âge sont deux fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que les hommes du même âge. Kabo Ngombe, du Ministère de la Santé du Botswana, explique que la réticence à parler des préservatifs constitue l'une des raisons pour lesquelles davantage de jeunes ne les utilisent pas. « Beaucoup de gens sont informés sur le VIH et les moyens de prévention, mais ils ne changent pas de comportement », indique-t-elle. « Les jeunes n'ont pas de modèles. Leurs parents ne peuvent pas leur parler du VIH. Ils préfèrent s'informer auprès des autres jeunes ».
C'est ce qu'a fait Milly. Un jour, elle croise un camion aux couleurs vives roulant au pas dans la rue, avec le mot CONDOMIZE! peint sur les côtés et entouré d'une foule jeune et animée. Debout sur la plate-forme du camion, d'autres jeunes, tous vêtus d'élégants T-shirts noirs portant les mots « Love Smart! Play Safe! CONDOMIZE! » inscrits en lettres rose vif sur la poitrine. Leur tête est coiffée d'un casque rose brillant. De la musique rock résonne tandis qu'ils invitent chaleureusement les passants à les rejoindre pour en savoir plus sur les préservatifs.
« Il y avait un monde fou autour de ce camion ! », raconte Milly. « Je voulais savoir qui étaient ces gens et ce qu'ils faisaient dans notre communauté. En fait, il s'agissait de jeunes éducateurs venus pour nous apprendre comment utiliser les préservatifs. Des jeunes comme moi ! En tant qu'adolescente, je préfère qu'un autre adolescent me donne des informations, pas quelqu'un qui me critique. C'était vraiment génial ! ».
À l'heure actuelle, ce camion et un autre plus petit ont déjà parcouru près de 2 000 kilomètres dans tout le Botswana. Ils sont le fer de lance de la campagne nationale CONDOMIZE!, lancée en juin 2014 par le Fonds des Nations Unies pour la population et le Condom Project pour attirer l'attention sur les préservatifs d'une manière conviviale, accueillante et drôle qui puisse intéresser les jeunes comme Milly. Les jeunes présents sur le camion font partie des 35 bénévoles locaux formés pour éduquer leurs pairs sur les préservatifs. Le Botswana est l'un des six pays africains où se déroulent les campagnes CONDOMIZE! depuis 2011.
Le camion croisé par Milly se gare ensuite près d'un parc où une table recouverte de présentoirs de préservatifs aux couleurs vives a été dressée, et la foule continue de grossir. L'équipe de CONDOMIZE! passe dans les rangs avec des paniers pleins de préservatifs multicolores et des paquets de lubrifiants aqueux, incitant tout le monde à se servir. « C'était extraordinaire », s'enthousiasme Milly, « je ne savais pas qu'il existait des préservatifs de couleur ! ». Les préservatifs qu'elle a vus ce jour-là proposaient autant de variétés que de couleurs, des tailles et des textures diverses (nervurés, rehaussés de petits reliefs, etc.), différentes épaisseurs et des parfums attirants (banane, fraise, chocolat), le tout dans un emballage séduisant. À l'inverse, les préservatifs gratuits du gouvernement sont disponibles en une seule taille, forme et couleur : orange. Ils sont jugés moins bons car ils ne portent pas de marque et les gens disent qu'ils sentent mauvais et se déchirent facilement.
Par contre, les nouveaux préservatifs partent comme des petits pains. « J'en ai pris des tonnes », s'amuse Milly. « C'était tellement fun ! Tout le monde était très surpris, très impressionné et très content d'avoir une telle campagne venue pour les informer et leur distribuer des préservatifs gratuits ! ».
Aujourd'hui, Milly et Peter utilisent les préservatifs correctement et de manière systématique, y compris des préservatifs féminins, une nouveauté pour eux. Ils aiment bien la diversité des textures, des couleurs et des parfums, ainsi que les lubrifiants, dont ils ignoraient l'existence jusqu'ici. Depuis, Milly a croisé d'autres manifestations de CONDOMIZE! et elle est bien fournie en préservatifs.
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NYC Condom atteint les populations clés grâce à une distribution ciblée, des actions de promotion et une appli mobile
03 octobre 2016
03 octobre 2016 03 octobre 2016La ville de New York a été la première au monde à disposer de préservatifs portant sa propre marque et elle possède à l'heure actuelle le plus large programme de distribution gratuite de préservatifs de tous les États-Unis d'Amérique. Même dans cette ville cosmopolite à revenu élevé, la distribution gratuite de préservatifs joue un rôle essentiel dans la prévention du VIH, des autres infections sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées au sein des populations clés. La distribution gratuite de préservatifs s'inscrit dans une stratégie de prévention économique et rentable dans le cadre du Schéma directeur 2015 pour la fin de l'épidémie de sida dans l'État de New York d'ici à 2020.
Nombre de nouveaux cas de VIH diagnostiqués à New York City, 2001-2014
Source : New York City Health Department
Le programme de distribution gratuite de préservatifs de New York a démarré en 1971, avec des préservatifs gratuits distribués par l'intermédiaire des établissements de santé de la ville afin de lutter contre les infections sexuellement transmissibles. C'est en 2007 que les services de santé de la ville (Health Department) ont lancé le NYC Condom. Depuis, à l'occasion de chaque Journée nationale de sensibilisation au préservatif (le jour de la Saint-Valentin), l'aspect de l'emballage du NYC Condom est modifié ou un nouveau volet de marketing social est ajouté au programme.
Les services de santé de la ville fournissent gratuitement des préservatifs masculins, des préservatifs féminins et des lubrifiants à toutes les organisations ou entreprises new-yorkaises désireuses d'en distribuer. En 2011, les services de santé ont créé le NYC Condom Finder, une application pour téléphone mobile qui se sert du GPS pour aider les utilisateurs à trouver des points de distribution de préservatifs dans la ville ; cette application a été téléchargée par des dizaines de milliers de personnes.
Le New York City’s Condom Availability Program (NYCAP) a plus de 3 500 partenaires de distribution de préservatifs et, en 2014, ce sont plus de 37,1 millions de préservatifs masculins et près de 1,2 million de préservatifs féminins qui ont été distribués dans les cinq arrondissements de la ville. Ces partenaires ciblent la distribution dans les quartiers où les taux de VIH sont les plus élevés de la ville et dans les lieux de services aux personnes vivant avec le VIH et aux populations clés, comme les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Le programme permet d'accroître la sensibilisation, la disponibilité et l'accessibilité des préservatifs pour les résidents de New York en maintenant une forte présence communautaire. En 2014, le NYCAP a participé à plus de 105 événements communautaires, organisé 825 présentations dans les établissements des services de santé municipaux qui traitent les infections sexuellement transmissibles, et pris part à tous les événements officiels et non officiels de la Gay Pride dans la ville, atteignant ainsi plus de 53 500 individus.
La sensibilisation et l'accès aux préservatifs NYC sont importants au sein des populations clés. Plus de 75 % des personnes interrogées lors des événements de la Gay Pride et de la parade de la Journée des Afro-Américains ont vu ou entendu parler des préservatifs NYC et en ont reçu.
Dans les établissements traitant les infections sexuellement transmissibles des services de santé de la ville, 86 % des personnes interrogées connaissent les préservatifs NYC et 76 % en ont déjà reçu. L'usage du préservatif est également répandu et concerne entre 69 et 81 % des personnes ayant reçu des préservatifs NYC.
Depuis le lancement du NYC Condom, plus de 300 millions de ces préservatifs ont été distribués. La tendance des nouveaux cas d'infections à VIH transmises par voie hétérosexuelle s'est inversée, avec une baisse de 52 % entre 2007 et 2014.
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Redonner de l’élan au préservatif comme moyen de prévention efficace et rentable contre le VIH
03 octobre 2016
03 octobre 2016 03 octobre 2016Le Rapport de l’ONUSIDA sur les lacunes en matière de prévention montre que les efforts de prévention du VIH doivent être relancés si le monde veut rester sur la bonne voie d’accélération pour en finir avec le sida d’ici à 2030. Pour atteindre l’objectif mondial d’une réduction accélérée du nombre de nouvelles infections à VIH à moins de 500 000 d’ici 2020, il faut davantage d’engagement politique et des investissements accrus dans la prévention du VIH, notamment la promotion de l’usage du préservatif.
En 2015, on estimait à 1,9 million [1,7 million – 2,2 millions] le nombre d’adultes de plus de 15 ans nouvellement infectés par le VIH, dont la grande majorité par voie sexuelle, et à 500 millions le nombre de personnes ayant contracté une chlamydiose, une gonorrhée, une syphilis ou une trichomonase. Chaque année, plus de 200 millions de femmes n’ont pas accès à la contraception alors qu’elles en auraient besoin, ce qui conduit à environ 80 millions de grossesses non désirées. Les préservatifs permettent de prévenir efficacement tous ces problèmes.
Les préservatifs masculins et féminins sont très efficaces et représentent l’outil de prévention le plus largement disponible, même dans les endroits à faibles ressources, pour les personnes exposées au risque d’infection à VIH, d’autres infections sexuellement transmissibles et de grossesse non désirée. Les préservatifs sont bon marché, rentables et faciles à stocker et à transporter, leur utilisation n’exige pas l’assistance de personnel médical ou d’agents de santé et toutes les personnes sexuellement actives peuvent s’en servir. Une analyse de modélisation mondiale récente a estimé que les préservatifs avaient permis d’éviter jusqu’à 45 millions de nouvelles infections à VIH depuis le début de l’épidémie de VIH. Pour de nombreux jeunes dans le monde, le préservatif reste la seule option réaliste pour se protéger.
La promotion de l’usage systématique du préservatif est une composante essentielle de la prévention combinée du VIH. L’usage du préservatif vient compléter toutes les autres méthodes de prévention du VIH, notamment la diminution du nombre de partenaires sexuels, la circoncision masculine médicalisée et volontaire, la prophylaxie préexposition (PPrE) et le traitement préventif pour les couples sérodifférents.
Malgré la hausse de l’usage du préservatif au cours des vingt dernières années, les études montrent que l’usage de préservatifs signalé lors de la dernière rencontre sexuelle d’une personne avec un partenaire non régulier va de 80 % dans certains pays à moins de 30 % dans d’autres. Il existe un besoin urgent que les pays renforcent l’offre et la demande en préservatifs et en lubrifiants aqueux. Dans la Déclaration politique de 2016 sur la fin du sida, les pays se sont mis d’accord pour augmenter la disponibilité annuelle de préservatifs à 20 millions d’ici à 2020 dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
De nombreux pays n’ont pas encore fixé d’objectifs ambitieux en matière de distribution et de taux d’usage de préservatifs et les programmes sont sous-dimensionnés, avec des lacunes dans la création de la demande et l’approvisionnement. Peu de programmes de promotion du préservatif abordent de manière adéquate les obstacles qui empêchent l’accès aux préservatifs et leur utilisation par les jeunes, en particulier les adolescentes et les jeunes femmes, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les professionnel(le)s du sexe. Dans de nombreux pays, les préservatifs ne sont pas facilement accessibles pour les jeunes dans les écoles et ailleurs en dehors des établissements de santé. À certains endroits, les professionnel(le)s du sexe ont des rapports sexuels non protégés avec leurs clients, car le port de préservatifs est puni par la loi et utilisé par la police pour intimider les personnes ou prouver une implication dans le commerce du sexe. Certains programmes ne fournissent qu’un petit nombre de préservatifs à chaque professionnel(le) du sexe à chaque visite, alors que ces professionnel(le)s du sexe ont beaucoup plus de clients que de préservatifs. L’accès aux lubrifiants est également insuffisant : dans 165 pays, moins de 25 % des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont facilement accès à des lubrifiants gratuits, de même que de nombreux professionnel(le)s du sexe qui souhaitent y accéder mais ne le peuvent pas. La plupart des pays ne prévoient aucun approvisionnement en lubrifiants dans leurs plans et programmes stratégiques nationaux pour le préservatif.
Le financement international pour l’approvisionnement en préservatifs en Afrique subsaharienne a stagné ces dernières années, alors que le financement national n’a pas suffisamment augmenté. Les fonds consacrés à la distribution de préservatifs et à leur promotion ont même baissé. En 2015, on a estimé à plus de 3 milliards le déficit en préservatifs en Afrique subsaharienne, pour des besoins totaux s’élevant à 6 milliards.
Pour avoir un résultat positif, les programmes complets autour du préservatif doivent inclure des éléments tels que leadership et coordination, sécurité d’approvisionnement et du produit, demande, accès et promotion de l’utilisation, et soutien technique et logistique. Il est capital que les gouvernements créent un environnement propice pour les décideurs politiques et les prestataires de services, de façon à ce que les utilisateurs soient conscients des risques auxquels ils sont exposés, libres de demander et d’accéder aux préservatifs masculins et féminins, et qu’ils sachent comment les utiliser correctement et de manière systématique. Les jeunes et les populations clés représentent des alliés solides dans la promotion de l’accès aux préservatifs. Par exemple, lors de la dernière Conférence internationale sur le sida à Durban, en Afrique du Sud, les jeunes ont manifesté pour l’accès aux préservatifs et à d’autres services et produits de santé sexuelle et reproductive, comme les serviettes hygiéniques.
La promotion efficace du préservatif doit être adaptée aux personnes exposées à un risque accru de contracter le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles et/ou de grossesse non désirée, notamment les jeunes, les professionnel(le)s du sexe et leurs clients, les consommateurs de drogues injectables, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. De nombreuses filles et jeunes femmes, en particulier celles qui sont engagées dans des relations durables et les professionnelles du sexe, n’ont ni le pouvoir ni les moyens de négocier l’usage de préservatifs, car les hommes se montrent souvent réticents. Des préservatifs devraient également être mis à disposition dans les prisons et autres structures fermées, ainsi que dans les situations de crise humanitaire.
Le recours aux réseaux sociaux, médias sociaux et nouvelles technologies pour promouvoir l’usage du préservatif et améliorer la sensibilisation doit également être élargi. La campagne CONDOMIZE! de l’UNFPA pour la déstigmatisation et la promotion de l’usage du préservatif est en cours de déploiement dans neuf pays, sous la houlette des gouvernements nationaux, avec deux déploiements nationaux prévus en plus pour 2016. Cette campagne fait participer activement les jeunes dans le rôle d’ambassadeurs, de blogueurs et de pairs-éducateurs. Aux États-Unis, la promotion du préservatif s’étend de plus en plus ; il est distribué gratuitement dans les écoles dans le cadre du traitement de problèmes tels que les grossesses adolescentes non désirées, les infections sexuellement transmissibles et le VIH. Des villes comme New York et Washington, D.C. ont mis en place des distributions gratuites ciblées de préservatifs destinées aux populations clés et aux personnes les plus exposées au risque. En France, des distributeurs de préservatifs ont été mis en place dans les établissements scolaires et le Ministère de l’Éducation sud-africain est en train de revoir ses politiques afin de permettre la promotion et la distribution de préservatifs dans les écoles.
Au Zimbabwe, le gouvernement a soutenu des distributions de préservatifs à grande échelle par l'intermédiaire de canaux de marketing social et de distribution gratuite. 104 millions de préservatifs masculins ont été distribués au Zimbabwe en 2014, l'un des chiffres les plus élevés au monde. L'augmentation du taux d'usage du préservatif est citée comme l'une des raisons de la réduction de moitié du nombre de nouvelles infections à VIH entre 2009 et 2015. Le gouvernement sud-africain a financé un programme de distribution de préservatifs féminins à l'échelle nationale sur plus de 300 sites. Au Brésil, les responsables de la santé publique ont mis en œuvre l'une des plus grandes campagnes de distribution et de promotion du préservatif du monde. Malgré certaines réticences, le gouvernement brésilien a tenu bon dans son engagement sur la diffusion d'informations médicalement détaillées concernant les bénéfices de l'usage du préservatif.
Redonner de l’élan à la promotion du préservatif et atteindre 90 % d’utilisation du préservatif par les personnes exposées au risque qui ont des rapports sexuels avec des partenaires non réguliers permettrait d’éviter 3,4 millions de nouvelles infections à VIH en plus d’ici à 2020 et aurait un impact considérable sur la prévention d’autres infections sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées.
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La Côte d’Ivoire se pose en pionnière pour un leadership africain renforcé dans la santé mondiale
23 septembre 2016
23 septembre 2016 23 septembre 2016L'engagement de la Côte d'Ivoire dans l'avenir de la santé mondiale, en particulier dans la fin de l'épidémie de sida, est une démonstration forte du leadership progressiste du pays.
La Côte d'Ivoire travaille en étroite collaboration avec l'ONUSIDA depuis de nombreuses années pour intensifier sa riposte nationale au VIH, éliminer les nouvelles infections à VIH et assurer l'accès au traitement. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire étend la portée de ses efforts pour améliorer la vie des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus non seulement sur son propre territoire, mais aussi dans le monde entier.
La Côte d'Ivoire a récemment annoncé un don de 1 million de dollars à l'ONUSIDA en appui aux efforts de l'organisation pour accélérer la riposte au VIH et mettre fin à l'épidémie en tant que menace pour la santé publique d'ici à 2030. L'annonce a été faite lors de la Cinquième conférence pour la reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial), où la Côte d'Ivoire a été l'un des neuf pays d'Afrique ayant promis de contribuer au Fonds mondial : un nombre jusqu'ici inégalé et un signe encourageant montrant que les pays africains s'engagent de plus en plus sur les questions de santé mondiale.
Le Président et la Première dame de Côte d'Ivoire étaient présents cette semaine à New York, aux États-Unis, pour la 71e session de l'Assemblée générale des Nations Unies. La Première dame, Dominique Ouattara, a rencontré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé pour parler des projets futurs et des moyens de faire avancer ses propres actions pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants.
La mise au premier plan des enfants et des familles est un engagement de longue date de Mme Ouattara. À travers ses multiples plates-formes, elle défend le droit des enfants d'accéder à la santé et à l'éducation depuis plusieurs années. En 2014, l'ONUSIDA a nommé Mme Ouattara Ambassadrice spéciale pour l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant et la promotion du traitement pédiatrique contre le VIH. La prochaine phase du travail de l'ONUSIDA avec Mme Ouattara portera sur l'intégration accrue des programmes sur le VIH et la santé, en particulier ceux qui visent les jeunes.
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À DEHONG, L'ÉPIDÉMIE DE SIDA CONNAÎT UN TOURNANT REMARQUABLE
12 septembre 2016
12 septembre 2016 12 septembre 2016C'est dans le village de Jiele que la Chine a recensé ses premiers cas de VIH en 1989. Situé dans la préfecture de Dehong, dans la province du Yunnan, le village a connu une épidémie de sida qui a fait près de 200 morts. Toutefois, un quart de siècle plus tard, il déborde d'espoir et d'une nouvelle énergie.
« Avant, tout le monde avait très peur du VIH, mais aujourd'hui nous bénéficions d'excellents services de santé et nous vivons des vies normales en bonne santé. Nous n'avons plus peur du VIH », explique un habitant de Jiele.
Plus d'une centaine de personnes vivent actuellement avec le VIH dans le village ; elles bénéficient de contrôles réguliers et presque toutes sont sous traitement anti-VIH. La réussite de ce village s'est répandue dans toute la préfecture de Dehong, épicentre des débuts de l'épidémie de sida en Chine.
Situé à proximité des zones de production d'opium du Triangle d'or et des principaux itinéraires du trafic de drogue, Dehong a enregistré ses premiers cas de VIH chez les consommateurs de drogues injectables, ainsi que chez les professionnel(le)s du sexe et leurs clients. Durant ces 15 dernières années, la préfecture a travaillé avec les organisations communautaires, le gouvernement central et des organisations internationales et mis en œuvre toute une série de mesures innovantes qui ont conduit à ce tournant remarquable dans l'épidémie de sida.
Au cours d'une mission d'une semaine en Chine, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a pu constater les progrès réalisés à Dehong. Il a rencontré des responsables publics et des groupes communautaires et visité plusieurs sites, notamment l'hôpital de Ruili le 7 septembre. Il a pu se rendre compte de la manière dont l'hôpital de la ville fournit des services de prévention et de traitement anti-VIH en guichet unique, avec des informations sur la santé, des tests de dépistage du VIH, de la méthadone pour les consommateurs de drogues injectables et des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant.
En 2009, Dehong a commencé à décentraliser sa gestion du traitement antirétroviral vers l'échelon communautaire pour les personnes vivant avec le VIH sous traitement depuis plus d'un an. L'hôpital de Ruili fournit une assistance et un appui technique aux sites de traitement antirétroviral gérés par les communautés, qui ont assuré un traitement à plus de 600 personnes vivant avec le VIH en 2014.
« L'hôpital de Ruili est un modèle qui démontre comment les services anti-VIH en guichet unique permettent de sauver des vies tout en faisant des économies », a déclaré M. Sidibé. « Il est remarquable de voir comment l'hôpital transmet son savoir-faire aux communautés et garantit l'accès à des soins de santé de qualité même dans les endroits les plus reculés de Chine ».
« La quatrième phase de la guerre du peuple contre le sida vient de commencer dans le Yunnan », a déclaré Gao Feng, Vice-gouverneur du Yunnan. « Nous avons confiance en notre capacité à atteindre l'objectif 90-90–90 d'ici 2020 dans le Yunnan ».
La riposte de Dehong au VIH a évolué pour répondre au nouveau défi consistant à fournir des soins de qualité aux migrants transfrontaliers. Alors que, dans la plupart des régions de Chine, l'accès aux principaux services anti-VIH, notamment au traitement et à la méthadone, nécessite une carte d'identité chinoise, le traitement anti-VIH est ouvert aux étrangers qui peuvent présenter des permis de séjour et de travail et des attestations médicales.
M. Sidibé s'est rendu à Jiegao, un district de Ruili où l'on estime que vivent environ 50 000 Birmans. Les sites des programmes Échange d'aiguilles et Extension du traitement de substitution à la méthadone (MMT) fournissent des services principalement à des migrants qui consomment des drogues injectables. Les chauffeurs de poids-lourds qui traversent les frontières de la Chine et du Myanmar bénéficient de services complets au niveau d'un point d'action qui leur est spécialement destiné, financé par le gouvernement. Les services englobent des informations sur la santé, des conseils et des tests de dépistage du VIH, la distribution de préservatifs et un renvoi vers un traitement anti-VIH.
Le gouvernement local de Dehong entretient un partenariat solide avec les organisations à base communautaire, qui ont joué un rôle clé dans la mise en relation avec les migrants, les consommateurs de drogues, les professionnel(le)s du sexe et les personnes qui vivent avec le VIH.
Grâce à ces stratégies efficaces, Dehong est la seule préfecture de la province du Yunnan à recevoir une reconnaissance publique pour avoir inversé la tendance de son épidémie de sida. Les autorités sanitaires indiquent que la couverture du traitement anti-VIH tourne autour de 60 % de toutes les personnes vivant avec le VIH, tandis que la couverture de la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant est de 100 %. À Ruili, chez les personnes vivant avec le VIH éligibles à un traitement antirétroviral, le taux de mortalité a chuté de 95 % par rapport à 2005. On a recensé zéro nouvelle infection à VIH chez les consommateurs de drogues qui fréquentent les établissements de MMT entre 2008 et 2014 et aucun enfant n'a été déclaré né séropositif au VIH d'une femme vivant avec le VIH depuis 2008. La réussite de Dehong est d'autant plus remarquable que les préfectures voisines de la province du Yunnan continuent de voir leurs épidémies se propager.
« Le leadership politique et l'engagement auprès des communautés, ainsi que des programmes basés sur des données scientifiques probantes, peuvent inspirer les autres communautés de Chine pour mettre fin à l'épidémie de sida », a déclaré M. Sidibé.
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L'ONUSIDA distingué pour la troisième fois par les prix littéraires de la British Medical Association
07 septembre 2016
07 septembre 2016 07 septembre 2016Pour la deuxième année consécutive et pour la troisième fois, l'ONUSIDA est récompensé par la British Medical Association (BMA) pour son livre Comment le sida a tout changé, à la deuxième place pour le Prix du Président de la BMA et avec les félicitations du jury dans la catégorie Santé publique. Le Prix du Président est remis personnellement par l'ancien Président de la BMA Sir Al Aynsley Green ; il concerne les deux livres de l'année précédente qui l'ont le plus impressionné.
Comment le sida a tout changé — OMD 6 : 15 ans, 15 leçons d'espoir de la riposte au sida porte sur la manière dont le monde a atteint et dépassé les objectifs concernant le sida des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015.
Le livre couvre les 15 années des OMD et a été publié en juillet 2015, alors que le monde atteignait les 15 millions de personnes sous traitement anti-VIH, une étape majeure franchie en avance sur le délai fixé.
« Le monde est parvenu à stopper la propagation et à inverser la tendance de l'épidémie de sida », avait déclaré Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, lors de la présentation de l'ouvrage. « Maintenant, nous devons nous engager à mettre fin à l'épidémie de sida dans le cadre des Objectifs de développement durable ».
Le jury de la BMA a souligné qu'il s'agissait d'un « excellent livre, écrit et présenté avec un haut niveau de qualité. Il contient un historique complet du sida et de sa prévention, ainsi que des propositions de plans pour l'avenir ».
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a déclaré : « Ce prix vient en reconnaissance des accomplissements de la riposte au sida réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, et pour les hommes et les femmes qui ont travaillé pour contribuer à cette réalisation ».
En recevant le prix au nom de l'ONUSIDA, Annemarie Hou, Chef de la Communication et Sensibilisation mondiale à l'ONUSIDA, a déclaré : « La riposte au sida a uni le monde et cette récompense est celle de toutes les personnes qui font la différence pour en finir avec cette épidémie ».
Des étapes majeures franchies
Dévoilé à Addis Abeba, en Éthiopie, en marge de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, le rapport démontre que la riposte au VIH a été l'un des investissements les plus intelligents dans le domaine de la santé publique et du développement, en générant des résultats mesurables pour les individus et les économies. Il montre également que le monde est sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de 22 milliards de dollars d'investissements dans la riposte au sida en 2015 et qu'une action concertée sur les cinq prochaines années permettra d'en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030.
Comment le sida a tout changé — OMD 6 : 15 ans, 15 leçons d'espoir de la riposte au sida célèbre l'étape historique des 15 millions de personnes sous traitement antirétroviral, un progrès que l'on jugeait impossible au moment de la définition des OMD en 2000. Le livre se penche aussi sur l'impact incroyable que la riposte au sida a eu sur la vie des gens et leurs moyens d'existence, les familles, les communautés et les économies, ainsi que sur l'influence remarquable qu'a eue la riposte au sida sur un grand nombre des autres OMD. Le rapport inclut des leçons spécifiques à reprendre pour les Objectifs de développement durable, et évoque la nécessité urgente d'augmenter et d'anticiper les investissements et de rationaliser les programmes.
OMD 6 accompli : stopper la propagation du VIH et inverser la tendance
En 2000, le monde a connu un nombre exceptionnel de nouvelles infections à VIH. Chaque jour, 8 500 personnes étaient nouvellement infectées par le virus et 4 300 personnes mouraient de maladies liées au sida. Comment le sida a tout changé décrit comment, contre toute attente, il a été possible de stopper les fortes augmentations de nouvelles infections à VIH et de décès liés au sida et d'inverser la tendance.
Les pays ont massivement investi dans le suivi et l'évaluation de leur riposte au VIH. En 2014, 92 % des États membres des Nations Unies ont transmis des données sur le VIH à l'ONUSIDA. Un suivi de l'épidémie, une collecte de données et des rapports réalisés dans les règles de l'art ont fait des données sur le VIH les données les plus solides du monde, beaucoup plus complètes que pour toute autre maladie. Ceci a permis non seulement d'avoir un tableau clair des tendances du VIH, mais aussi d'adapter les programmes de lutte anti-VIH à la dynamique spécifique de l'épidémie dans chaque pays.
Comment le sida a tout changé — OMD 6 : 15 ans, 15 leçons d'espoir de la riposte au sida est à la fois une rétrospective sur les 15 dernières années et un regard sur l'avenir de la riposte au sida et le chemin à parcourir pour en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030.
La publication phare de l'ONUSIDA a été présentée lors d'un événement communautaire au Zewditu Hospital d'Addis Abeba le 14 juillet 2015 par le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, le Ministre de la Santé éthiopien Kesetebirhan Admassu, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé et Abiyot Godana, chargée de dossiers au Centre de santé Entoto.
Les prestigieuses récompenses ont été remises à l'occasion d'une cérémonie le 7 septembre 2016 à la BMA House à Londres, au Royaume-Uni. Chaque année, elles visent à encourager et à récompenser l'excellence dans les publications médicales, avec des prix décernés dans plusieurs catégories et un prix global, le Livre médical de l'année de la BMA, ainsi qu'un Prix du Président, choisis parmi les publications retenues.



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Les Premières dames du G20 font campagne pour la prévention du VIH chez les jeunes
05 septembre 2016
05 septembre 2016 05 septembre 2016La Première dame de Chine, Madame Peng Liyuan, et ses homologues des autres pays du G20, ont participé à un événement organisé à l'Université Zhejiang à Hangzhou afin de sensibiliser les étudiants au VIH. Cette manifestation, qui s'inscrit dans le cadre de la campagne de tournée des campus par l'Ambassadeur de santé Ruban rouge, a eu lieu en marge du sommet 2016 du G20, à l'occasion duquel les dirigeants des plus grandes économies du monde se sont réunis pour leur rencontre annuelle.
Les Premières dames, Li Bin, Ministre chinoise de la Santé chargée de la Commission du planning familial, et Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, étaient également présents. Ils ont rencontré les étudiants et fait un geste symbolique en plaçant des rubans rouges sur une banderole.
« Cette rencontre est une autre expression de l'engagement solide de la Chine en faveur de la fin de l'épidémie de sida d'ici 2030 », a déclaré Mme Li.
M. Sidibé a fait part de sa satisfaction sur les efforts de la Chine suite à cet événement. « Nous n'arrêterons pas l'épidémie de sida si nous n'éliminons pas les nouvelles infections à VIH chez les jeunes. La campagne de prévention du VIH de la Chine dans les universités est un bon début », a-t-il déclaré.
La campagne de tournée des campus par l'Ambassadeur de santé Ruban rouge a été lancée en novembre 2014 afin d'améliorer les connaissances sur la prévention du VIH et promouvoir une hygiène de vie saine chez les étudiants. Près de 20 lycées et universités et 10 facultés de médecine ont participé à la campagne, atteignant près de 400 000 étudiants.
Les jeunes sont plus exposés au risque du VIH. En 2015, on a dénombré dans le monde 3,9 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivant avec le VIH et 670 000 nouvelles infections à VIH dans cette tranche d'âge. Pour respecter l'engagement mondial de la fin du sida d'ici à 2030, les pays ont promis de s'assurer que d'ici 2020, 90 % des jeunes aient les connaissances et les capacités requises pour se protéger eux-mêmes du VIH et puissent accéder aux services de santé sexuelle et reproductive.
M. Sidibé se trouve pour une semaine en Chine où il a participé au sommet du G20, dont le thème était la promotion d'une croissance économique stable. Il a également rencontré les responsables économiques internationaux à l'occasion du sommet du B20, dont la fonction est de définir comment la communauté économique pourrait contribuer à une croissance durable et équilibrée dans l'économie mondiale.
Pendant son séjour en Chine, M. Sidibé a également évoqué les défis financiers de la riposte mondiale au VIH avec Roberto Azevêdo, Directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce, Jim Yong Kim, Président de la Banque mondiale, et Christine Lagarde, Directrice générale du Fonds monétaire international.
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SolidariTree : un arbre pour la solidarité
20 juillet 2016
20 juillet 2016 20 juillet 2016Des rubans de papier rouge portant des inscriptions sont accrochés comme des feuilles sur un arbre en papier mâché aux allures de baobab. Debout près de sa création au cœur du Village global de la 21e Conférence internationale sur le sida qui se tient à Durban, en Afrique du Sud, Michelle Vogelzang rayonne. Son SolidariTree pour le sida a voyagé loin.
Cette sculpture, composée de 11 éléments fabriqués à partir de mousse dense utilisée pour les planches de surf, a été recouverte de papier par des enfants du Lesotho, lui donnant ainsi l'aspect d'une écorce. Des écoliers de Pretoria, en Afrique du Sud, ont ensuite peint l'arbre en y inscrivant des mots relatifs à la solidarité dans les 11 langues officielles des deux pays.
Unité, halte à la discrimination et « ubuntu » apparaissent ça-et-là autour des branches en lettres multicolores.
« SolidariTree est une déclaration visuelle imaginée par la jeunesse comme un moyen de communiquer sur la façon de dire stop à la stigmatisation du VIH et permet à tous les autres de faire entendre leur message », explique Mme Vogelzang.
Originaire de Durban, elle travaille aujourd'hui au Lesotho. Elle raconte que l'idée de la sculpture interactive avec ses rubans lui est venue parce qu'elle estime que ce n'est pas le VIH qui tue, mais la discrimination.
« Il n'y a aucune raison que nous ne puissions pas en finir avec cette épidémie car nous avons les traitements et les infrastructures de soins ; mais s'il y a de la stigmatisation, les gens ne se font pas dépister ni traiter, et parfois même ils ne divulguent pas leur séropositivité », dit-elle tandis que les passants observent avec intérêt la multitude de feuilles en rubans.
Le jour de l'ouverture, le SolidariTree avait 500 « feuilles », des messages en rubans rouges d'enfants qui ne pouvaient pas assister à la conférence.
Albertina Nyatsi a pris l'une des bandes de papier rouge posées sur une table. Sans hésiter, elle écrit rapidement un message. Cette habitante de Durban plie ensuite soigneusement la bande pour en faire un ruban et l'épingle sur la sculpture.
« J'ai été l'une des premières femmes du Swaziland à montrer à quoi ressemblait le VIH, alors je voulais être sûre que mon message contre la discrimination soit entendu », explique-t-elle. « Je suis ici parce que j'ai eu la tuberculose en 1997 ; j'ai fait un test de dépistage à l'époque et il s'est avéré que j'étais séropositive au VIH ».
L'arbre a poussé et ce sont aujourd'hui plus de 4 000 rubans qui y sont accrochés. Ce projet, entièrement financé par des dons, a coûté environ 4 000 dollars.
« Les contributions sont venues principalement des États-Unis et du Canada », explique Mme Vogelzang. « D'une certaine façon, toutes les personnes qui ont soutenu l'œuvre d'art sont en Afrique du Sud avec l'arbre », ajoute-t-elle. Un véritable signe de solidarité.
Mme Vogelzang espère que son arbre va étendre ses racines au-delà de la conférence et continuer de vivre pour inspirer aussi bien les enfants et les adolescents que les adultes.
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Un guichet unique de la santé pour les routiers en Afrique du Sud
17 novembre 2016
17 novembre 2016 17 novembre 2016Mandie Pakkies frissonne dans son manteau noir trop fin en cette froide nuit d'hiver à Durban, dans un relais routier de la banlieue de Marianhill, situé sur l'une des principales routes de transport partant du port le plus actif d'Afrique. Le flux incessant de camions passant sur la grande route ne la dérange pas. Au contraire, elle est impatiente de les voir s'arrêter pour prendre du carburant et faire un brin de causette. Son travail consiste à encourager les chauffeurs routiers à prendre soin de leur santé, et lorsqu'ils s'arrêtent pour la nuit, elle les invite à entrer dans un dispensaire construit avec des conteneurs de fret tout au fond du parking.
« Les routiers ont des besoins très urgents en matière de santé ! C'est encourageant de les voir venir pour faire mesurer leur tension artérielle ou se faire dépister pour le VIH », explique Mme Pakkies. « Je leur apprends même les fondamentaux tels que « boire de l'eau » ou « marcher 20 minutes pour faire de l'exercice avant d'aller dormir sur le parking » ».
Le dispensaire ouvre ses portes en soirée afin de coïncider avec les arrêts nocturnes que font beaucoup de chauffeurs avant de charger leur véhicule au port à la première heure le lendemain. Mme Pakkies, pair-éducatrice, et Thuthuka Xulu, infirmier professionnel, travaillent ensemble pour accueillir les chauffeurs routiers et les professionnel(le)s du sexe des rues avoisinantes, qui viennent sur le parking pour rencontrer les routiers. « Nous ne délivrons pas seulement des services de santé de base, nous faisons aussi des tests de dépistage du VIH, de la tuberculose et des infections sexuellement transmissibles, et bien sûr nous distribuons beaucoup de préservatifs », explique M. Xulu.
Avec 2 000 camions qui passent chaque semaine à Marianhill et près de 500 camions qui stationnent ici chaque nuit, l'équipe ne chôme pas. Les chauffeurs routiers viennent de toute l'Afrique du Sud et des pays voisins. En raison de leurs horaires irréguliers et de leur mobilité, les chauffeurs routiers éprouvent des difficultés à accéder aux services de santé élémentaires. Pour répondre à ces besoins et à ceux des professionnel(le)s du sexe qui travaillent autour du relais, Truckers Wellness a mis en place un réseau de dispensaires le long des principaux axes de transport routier dans toute l'Afrique du Sud.
Le centre Trucking Wellness de Marianhill est l'un des 22 dispensaires de ce genre dans le pays, dans le cadre d'un réseau plus étendu de programmes à destination des routiers dans la région. Ce programme, lancé en 1999, est financé par l'industrie du transport et les transporteurs routiers et lié aux services du Ministère de la Santé. Ces cinq dernières années, ils ont testé plus de 10 000 personnes pour le dépistage du VIH, soit en moyenne une trentaine de tests par semaine.
« Nous voyons de plus en plus de gens qui viennent se faire dépister et demander nos services », ajoute M. Xulu, assis derrière un minuscule bureau recouvert par des dossiers, une boîte de gants chirurgicaux et des kits de dépistage du VIH.
La prochaine étape pour son dispensaire sera de pouvoir adopter les directives de l'Organisation mondiale de la Santé, afin que les patients puissent démarrer immédiatement le traitement antirétroviral si le résultat est positif. Il ajoute en souriant : « Cela va vraiment accroître l'importance de notre centre ».
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Un regard positif
20 juillet 2016
20 juillet 2016 20 juillet 2016Des photos ornent les murs du hall de la mairie de Durban. Elles sont éclairées par la lumière provenant de la coupole vitrée et les voix enregistrées des « artivistes », ainsi qu'ils se désignent, s'adressent à tous les visiteurs qui entrent dans le bâtiment. Cette exposition est intitulée Un regard positif : 10 ans. 9 villes. Ma photo. Mon histoire.
Le fil rouge apparaît sous plusieurs formes tandis que les visiteurs se plongent dans l'exposition. Sur une période de 10 ans, les deux directeurs du projet Un regard positif (Through Positive Eyes) David Gere et Gideon Mendel ont réuni des personnes vivant avec le VIH dans le monde entier.
Dans chacune des neuf villes choisies, le processus commence toujours de la même façon : un groupe de personnes qui ne se connaissent pas se voient remettre un appareil photo. D'abord objet étranger, l'appareil devient vite une extension d'eux-mêmes.
M. Mendel, photographe primé, dirige des ateliers d'initiation à la photo aux côtés de son associé, Crispin Hughes. M. Gere, professeur à l'Université de Californie, à Los Angeles, mène les entretiens.
« Entendre les histoires d'autres personnes a été une vraie thérapie », raconte l'artiviste Simiso Msoni de Durban. « Globalement, c'était plutôt marrant de raconter son histoire et ce que veut dire vivre avec le VIH au moyen d'images ».
L'exposition de Durban réunit un grand nombre des participants passés, ainsi que leurs œuvres. L'une des nouveautés, ce sont les séances de dialogue en direct, dans lesquelles deux participants se parlent de leurs expériences respectives, et les visiteurs peuvent les écouter raconter leur histoire.
Edwin Cameron, juge à la Cour constitutionnelle d'Afrique du Sud, qualifie cette exposition d'extraordinaire. « Cette exposition est importante pour sa contribution sur le plan de la visibilité et des voix qui se font ainsi entendre », explique-t-il. Il insiste sur la nécessité d'écouter et d'apprendre des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus et l'obligation de briser les barrières créées par la stigmatisation et la discrimination.
L'exposition inclut des œuvres d'Adriana Bertini, Mandisa Dlamini, Daniel Goldstein, Ross Levinson, Gordon Mundie et Parthiv Shah et ses conservateurs sont Stan Pressner, Carol Brown et M. Gere.