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Prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant
24 octobre 2016
24 octobre 2016 24 octobre 2016Ces cinq dernières années, on a observé un élargissement rapide des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. À l'échelle mondiale, cela a permis de réduire le nombre annuel de nouvelles infections chez les enfants de 50 % depuis 2010 et, selon les estimations, 77 % des femmes enceintes ou allaitantes vivant avec le VIH ont reçu des médicaments antirétroviraux pour prévenir la transmission du VIH à leur bébé en 2015, contre 50 % en 2010.
Les médicaments antirétroviraux ont permis d'éviter 1,6 million de nouvelles infections chez les enfants depuis 2000. On a également constaté une baisse spectaculaire des décès pédiatriques dus au sida. Dans les 21 pays prioritaires ciblés par le Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants et maintenir leurs mères en vie (le Plan mondial), la mortalité liée au sida chez les enfants de moins de 15 ans a chuté de 53 % entre 2009 et 2015. Dans des pays comme le Botswana, le Burundi, la Namibie, l'Afrique du Sud et le Swaziland, on a même obtenu des baisses plus importantes, supérieures à 65 %.
Cependant, ces bonnes nouvelles sont à relativiser en raison de problèmes complexes persistants. En 2015, il y avait 1,8 million d'enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH dans le monde. La même année, 150 000 enfants de plus ont contracté le VIH à l'échelle mondiale (2 800 par semaine) et 110 000 enfants sont morts de causes liées au sida (300 par jour). Dans certains pays très touchés comme l'Angola, le Tchad et le Nigéria, moins de la moitié des femmes enceintes ou allaitantes vivant avec le VIH reçoivent des médicaments antirétroviraux.
Les programmes destinés à aider les femmes à se prémunir contre l'infection à VIH restent peu développés et fragiles, avec pour conséquence 900 000 nouvelles infections à VIH chez les femmes de plus de 15 ans en 2015. Elles se sont ajoutées aux 17,8 millions de femmes vivant déjà avec le VIH et, quand elles décideront d'avoir des enfants, elles auront besoin de services pour prévenir la transmission à leurs enfants et rester elles-mêmes en bonne santé. Les programmes destinés à aider les femmes vivant avec le VIH à éviter les grossesses non désirées demeurent eux aussi inadéquats : une étude récente menée au Kenya a révélé que, malgré les améliorations dans la couverture du planning familial, les femmes vivant avec le VIH étaient davantage susceptibles de vivre une grossesse non désirée que les autres femmes.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande désormais de traiter toutes les personnes vivant avec le VIH, mais déclare qu'il est aussi essentiel d'assurer une bonne observance du traitement aux médicaments antirétroviraux pour garantir leur efficacité. Une bonne observance permet de faire baisser la charge virale à des niveaux indétectables, réduisant ainsi considérablement la transmission ultérieure à l'enfant tout en restaurant le système immunitaire de la mère pour améliorer sa santé. Pourtant, de nombreuses femmes arrêtent progressivement de prendre leurs médicaments après la naissance du bébé, augmentant le risque de transmission pendant l'allaitement et mettant en péril leur propre santé. Au Malawi, une étude a montré qu'un tiers de 7 500 femmes enceintes ou allaitantes ne suivaient pas correctement leur traitement antirétroviral, compromettant ainsi les bénéfices du traitement avec un risque accru de développer une résistance aux médicaments.
L'accès au diagnostic et au traitement chez les enfants a été amélioré, mais il reste beaucoup à faire. Dans les 21 pays prioritaires du Plan mondial, seulement la moitié des enfants exposés au VIH bénéficient d'un dépistage virologique dans les deux mois suivant la naissance, comme le recommande l'OMS. Étant donné que la mortalité chez les nourrissons non traités est maximale au cours des trois premiers mois de la vie, un diagnostic et une mise sous traitement rapides sont indispensables. Pourtant, seulement la moitié des enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH dans ces pays ont accès au traitement, contre 80 % des femmes enceintes vivant avec l'infection. Ces chiffres révèlent l'échec des services pour les enfants.
Afin de parachever le travail du Plan mondial, l'ONUSIDA et le Plan présidentiel américain d'aide d'urgence à la lutte contre le sida ont lancé une initiative de suivi baptisée Start Free, Stay Free, AIDS Free. Ce cadre, qui a pour but de mettre fin au sida chez l'enfant, englobe l'aspiration à ce que tous les enfants naissent et restent sans VIH (« start free », démarrer dans la vie sans le VIH), que tous les adolescents et les jeunes femmes puissent se protéger contre le VIH (« stay free », rester sans VIH) et que tous les enfants et les adolescents vivant avec le VIH aient accès à un traitement, des soins et un appui anti-VIH de qualité (« AIDS-free », sans sida).
Start Free, Stay Free, AIDS Free couvre les objectifs validés par la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, à savoir 95 % de femmes enceintes et allaitantes ayant accès aux médicaments antirétroviraux, la réduction des nouvelles infections à VIH chez les enfants à 40 000 et l'accès au traitement anti-VIH pour 1,8 million d'enfants vivant avec le VIH d'ici 2018. Le programme vise également à faire baisser les nouvelles infections chez les adolescents à moins de 100 000 et à mettre sous traitement anti-VIH 1,5 million d'adolescents d'ici 2020.
Start Free, Stay Free, AIDS Free encourage une action concertée et coordonnée menée au niveau national et conçue pour combler les lacunes restantes dans la prévention et le traitement du VIH chez les enfants, les adolescents, les jeunes femmes et les futures mamans. Sa réussite dépendra des plans d'accélération et de mise en œuvre adaptés afin de correspondre au contexte national, en s'appuyant sur les stratégies couronnées de succès pour le renforcement des systèmes selon les besoins et l'identification des opportunités et actions critiques capables d'étendre l'accès aux services vitaux de traitement et de prévention du VIH. Pour appuyer la mise en œuvre, le cadre en appelle aussi à l'industrie, à la société civile et aux partenaires internationaux pour qu'ils ciblent leurs investissements sur de nouvelles solutions efficaces et rentables qui maximisent les résultats des programmes.
Tout comme le Plan mondial, Start Free, Stay Free, AIDS Free place les femmes vivant avec le VIH au cœur de la riposte.
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Une étude de marché pour la pérennisation à long terme de la CMMV au Zimbabwe et en Zambie
19 octobre 2016
19 octobre 2016 19 octobre 2016La circoncision masculine médicale volontaire (CMMV) apporte aux hommes une protection efficace à 60 % contre le VIH. Malgré une amélioration et un élargissement, le recours aux services de CMMV stagne. PSI Zimbabwe et la Fondation Bill et Melinda Gates ont travaillé avec IPSOS, une société d'études de marché, pour savoir comment cartographier et mieux comprendre les associations d'idées que font les hommes et les garçons avec la CMMV, s'adapter à ceux qui présentent aujourd'hui les informations sur la CMMV et actualiser leurs programmes pour correspondre à de nouveaux publics.
On en sait beaucoup sur les raisons pour lesquelles les hommes subissent une CMMV, mais ces raisons ne sont pas systématiquement répertoriées, pas plus que les croyances des hommes concernant le déroulement de la procédure et la manière dont ces croyances influent sur la décision de recourir à une CMMV.
Les étapes par lesquelles passe un homme lorsqu'il décide de recourir à une CMMV en Zambie et au Zimbabwe ont été documentées afin de comprendre le parcours menant à cette décision, ce qui a influé sur cette décision, le rôle des principales influences et la manière dont les garçons et les hommes ont tendance à prendre des chemins différents vers la CMMV, en fonction de leur tranche d'âge. IPSOS a découvert qu'en moyenne, il faut deux ans et trois mois à un homme pour passer de la connaissance de la CMMV au lancement de la procédure.
IPSOS a enquêté auprès de 2 000 hommes âgés de 15 à 30 ans dans ces deux pays. Les conclusions montrent que les hommes se répartissent en six segments en ce qui concerne leur attitude envers la CMMV et qu'ils souhaitent des réponses concrètes et des messages directs portant sur cinq thèmes :
- sex-appeal
- procédure
- douleur
- assistance sociale
- bénéfices
Des barèmes de notation ont été élaborés et appliqués sur le terrain pour aider à capter les réponses de ces hommes. Certaines idées ont été affinées et retestées, tandis que d'autres ont été abandonnées car elles n'avaient pas d'écho auprès du public.
PSI Zimbabwe et la Society for Family Health, de Zambie, ont utilisé les résultats de l'étude pour améliorer et adapter les messages aux différentes catégories d'hommes, passant ainsi moins de temps sur des messages qui ne sont pas pertinents pour un groupe spécifique. La mise en œuvre de l'étude a également permis de renforcer la confiance des mobilisateurs dans la délivrance de messages qui suscitaient auparavant un malaise, notamment sur la douleur et le sexe.
Ils ont classé les différents groupes au moyen de critères de taille, facilité de conversion, capacité de sensibilisation des pairs et comportement à risque. Après avoir analysé les résultats, les équipes ont créé des archétypes ou « profils » pour chaque groupe et déterminé les secteurs dans lesquels les programmes et des messages spécifiques pourraient avoir le plus d'impact.
Les travailleurs communautaires qui centralisent les demandes de CMMV déclarent que la catégorisation des clients sur la base de leur relation vis-à-vis de la CMMV permet de gagner du temps. Ils peuvent ainsi identifier rapidement les candidats potentiels à partir des segments prioritaires pour passer plus de temps ou mettre fin au dialogue sans attendre si un client est peu motivé pour une CMMV. Les mobilisateurs voient moins d'hommes mais obtiennent un plus fort taux de conversion grâce au passage de discussions en groupe à des entretiens individuels sur la base de l'outil de segmentation d'IPSOS.
Désormais, les équipes dirigent les messages et les idées finales avant d'élargir les programmes pour une pérennisation à long terme de la mise en œuvre de la CMMV.
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La Thaïlande, premier pays d'Asie à avoir éliminé le VIH et la syphilis chez les bébés
27 octobre 2016
27 octobre 2016 27 octobre 2016Il y a seize ans, Anya Nopalit apprenait avec excitation qu'elle était enceinte, avant de recevoir une terrible nouvelle. « J'ai appris que j'avais le VIH. Je me suis sentie très triste et découragée. Je me suis demandé pourquoi ça m'arrivait, à moi », raconte Mme Nopalit, qui vit dans un village de pêcheurs de la province de Chantaburi, dans le sud-est de la Thaïlande.
Son médecin l'a incitée à avorter, mais elle était décidée à garder son bébé. « Je me suis dit, on verra bien », explique-t-elle.
Par chance, l'année même où Mme Nopalit apprend son diagnostic, la Thaïlande devient l'un des premiers pays du monde dans lequel les femmes enceintes vivant avec le VIH ont accès à un traitement antirétroviral gratuit. Sans traitement, les femmes vivant avec le VIH présentent un risque allant jusqu'à 45 % de transmettre le virus à leur enfant pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement. Ce risque chute cependant de manière radicale si un traitement anti-VIH est donné à la mère et à l'enfant.
Mme Nopalit a suivi le protocole de traitement conseillé par son médecin et son fils est né sans le VIH.
« J'étais si heureuse quand le médecin m'a annoncé qu'il était séronégatif au VIH », raconte Mme Nopalit.
L'engagement précoce de la Thaïlande pour éliminer le VIH chez les nouveau-nés a permis de sauver de nombreuses vies et, en juin 2016, le pays a reçu la validation par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour avoir éliminé la transmission non seulement du VIH mais aussi de la syphilis de la mère à l'enfant.
Selon le Ministère thaïlandais de la Santé publique, 86 enfants ont été infectés par le VIH en 2015, soit une baisse de plus de 90 % sur les 15 dernières années. Le taux de transmission du VIH de la mère à l'enfant est passé de 13,6 % en 2003 à 1,1 % en 2015 en Thaïlande. Selon les directives mondiales de l'OMS, la transmission du VIH de la mère à l'enfant est considérée comme étant effectivement éliminée quand ce taux de transmission tombe en dessous de 2 %.
À l'Hôpital Tha Mai de la province de Chantaburi, où Mme Nopalit reçoit son traitement anti-VIH, les cas de VIH chez l'enfant sont devenus très rares.
« Ces trois dernières années, il n'y a eu aucun nouveau cas de transmission de la mère à l'enfant », explique Monthip Ajmak, Infirmière en chef du Service de soins prénataux de l'Hôpital Tha Mai.
L'un des facteurs qui ont contribué à la réussite remarquable de la Thaïlande réside dans un système de santé national bien développé, qui délivre des services de qualité même dans les régions les plus reculées. Selon les autorités sanitaires thaïlandaises, presque toutes les femmes enceintes sont systématiquement soumises à un dépistage du VIH et, si elles sont séropositives au VIH, elles entament un traitement antirétroviral qu'elles devront suivre à vie. Plus de 95 % des femmes enceintes chez qui une syphilis est diagnostiquée reçoivent également un traitement.
En Thaïlande, les services de santé destinés aux mères vivant avec le VIH sont entièrement intégrés dans les programmes de soins de santé maternelle et infantile des hôpitaux et couverts par l'assurance santé universelle du pays.
« Le personnel du secteur public bénéficie d'une formation continue, allant des compétences de conseil élémentaires à l'administration d'un protocole de traitement », explique Danai Teewanda, Directeur général adjoint du Département Santé auprès du Ministère de la Santé publique thaïlandais.
Le leadership communautaire veille à ce que les mères vivant avec le VIH soient mises en relation avec les hôpitaux et assistées tout au long de leur grossesse. À l'Hôpital Tha Mai, le Best Friends Club compte 160 membres, dont des femmes et des hommes vivant avec le VIH. Le club est divisé en trois groupes, avec les membres plus récents qui se réunissent tous les mois et les membres plus anciens deux fois par mois.
« Notre club assure des services de conseil auprès du service prénatal. Nous travaillons en coordination avec le personnel hospitalier et nous fournissons des informations aux femmes sur la manière de prendre soin d'elles-mêmes », explique Malinee Vejchasuk, conseillère du Best Friends Club.
Mme Nopalit et son époux ont voulu avoir un autre enfant. Il y a quatre ans, elle a donné naissance à un deuxième fils.
« Je suis tellement heureuse que mes deux enfants soient en bonne santé et sans VIH. Ils sont pleins de vie et jouent comme leurs amis », explique Mme Nopalit.
Quand il n'est pas à l'école, son fils aîné accompagne désormais ses parents lorsqu'ils vont pêcher des crabes pour la petite affaire familiale, tandis que le plus jeune court sur la plage et construit des châteaux de sable.
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Une gynécologue indienne infatigable engagée pour la santé des femmes
28 octobre 2016
28 octobre 2016 28 octobre 2016Il y a plus de 15 ans, Gita et son mari ont frappé à la porte du Sir Jamsetjee Jeejebhoy (Sir J.J.) Hospital, souhaitant désespérément avoir des enfants. À cause de leur séropositivité au VIH, les médecins les avaient dissuadés de devenir parents, et c'est pourquoi ils ont fait ce voyage de cinq heures vers la ville très animée de Bombay, en Inde, pour consulter Rekha Daver dans l'espoir de trouver une solution. N'importe quelle solution.
Mme Daver est médecin et dirige le service de gynécologie de cet hôpital public. Sous son leadership, l'hôpital est devenu un centre de référence pour les femmes enceintes séropositives au VIH, qui sont souvent refusées dans les autres établissements de santé.
« À cette époque, je ne pouvais pas garantir que leur enfant ne serait pas séropositif au VIH, mais j'ai engagé Gita dans notre programme de traitement antirétroviral », se souvient Mme Daver. Le mari de Gita a ensuite été inclus dans le programme. Moins d'un an plus tard, Gita donnait naissance à une petite fille dans cet hôpital.
« Ils n'ont jamais manqué un rendez-vous et lorsque leur fille est née séronégative au VIH, vous auriez dû voir leur bonheur ! », raconte-t-elle. Accompagnés de leur fille aujourd'hui adolescente, le couple continue de rendre visite à Mme Daver, ce qui lui fait très plaisir. « Ce n'est pas juste une question de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, il s'agit aussi d'avoir deux adultes qui vivent une vie en bonne santé ».
Mme Daver est incollable sur la maternité. Depuis 2000, son équipe a réalisé plus de 1 000 accouchements de femmes séropositives au VIH. Récemment, ils ont eu l'occasion de fêter un événement, avec 100 femmes bénéficiant de la nouvelle trithérapie qui ont donné naissance à des enfants sans VIH au cours des deux dernières années.
Sarita Jadav, responsable du point focal pour le VIH et l'éducation scolaire à la santé de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à New Delhi, ne tarit pas d'éloges sur Mme Daver. « La santé maternelle et infantile est une de ses passions et elle a consacré plus de 37 années de sa carrière au service des femmes défavorisées », explique-t-elle. Mme Jadav souligne que, même si elle a étudié et travaillé aux États-Unis et obtenu une carte verte, Mme Daver a choisi de revenir en Inde pour travailler dans des hôpitaux publics et former des milliers d'étudiants en médecine.
« Ses efforts inlassables pour changer les choses et sauver des vies suscitent l'admiration de tous », ajoute Mme Jadav.
Mme Daver évoque l'importance du conseil. « Quand je vois des femmes qui sont séropositives au VIH et leur mari séronégatif, il y a souvent des pressions sociales qui s'exercent sur le couple, et pas autant que lorsque c'est le mari qui est séropositif et la femme séronégative », explique-t-elle. « Mon équipe et moi-même nous essayons de sensibiliser les gens sur les pratiques sexuelles protégées et le planning familial ». Elle croit à son travail auprès du Centre de recherche sur la reproduction humaine et du Conseil de recherche médicale indien en élargissant ses perspectives concernant la santé des femmes.
Assister les femmes a été le moteur de la carrière de Mme Daver. Elle a toujours su qu'elle voulait être médecin et s'était fixé comme objectif de devenir chirurgienne, mais en grandissant dans une petite ville, elle s'est rendu compte qu'aider les femmes était essentiel et qu'elle pourrait avoir plus d'influence en tant qu'obstétricienne / gynécologue.
Après des études à la faculté de médecine en Inde, elle a passé trois ans au Texas Medical Center de Houston, aux États-Unis. Lorsqu'elle décide de revenir en Inde, elle est suivie par son mari le Dr Gustad (son amour de jeunesse à la faculté de médecine) et ses deux enfants.
En 1990, elle entre au Sir J.J. Hospital et commence alors à voir de plus en plus de femmes vivant avec le VIH.
« J'ai compris qu'il n'y avait pas de remède et que mon meilleur pari était peut-être de cibler la prévention, en particulier de la mère à l'enfant ».
Après avoir étudié les programmes menés en Thaïlande et en Ouganda, l'équipe de Mme Daver se met à ouvrir l'accès aux médicaments antirétroviraux aux mères vivant avec le VIH pendant leur grossesse. Sans médicaments antirétroviraux, entre 33 et 45 % des nourrissons nés de femmes vivant avec le VIH sont infectés par le virus. Le projet du Sir J.J. Hospital deviendra un programme pilote et Mme Daver formera ensuite d'autres médecins dans tout le pays.
Avec le succès des programmes de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, Mme Daver peut à nouveau promouvoir l'allaitement. « Avant, je m'inquiétais beaucoup car je sauvais l'enfant mais les taux de mortalité restaient élevés en raison de l'absence d'anticorps », explique-t-elle. « Aujourd'hui les femmes peuvent allaiter en toute sécurité, ce qui me rend très heureuse », dit-elle.
Son enthousiasme pour son travail est contagieux, explique sa fille. « J'ai toujours vu ma mère dévouée aux personnes vivant avec le VIH, ainsi que sa passion pour les questions concernant les femmes », raconte Roshni Daver, qui vit à New York. « En fait, c'est elle qui m'a inspirée pour devenir médecin ».
« La clé du succès de la longue carrière de ma mère réside dans son excellente gestion du temps, ou peut-être que c'est parce qu'elle se lève très tôt le matin », explique sa fille.
Sa mère voit les choses autrement : « Aider toutes ces femmes défavorisées et former la future génération de médecins me procure une grande satisfaction ».
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Des vies transformées pour atteindre l'objectif zéro
26 octobre 2016
26 octobre 2016 26 octobre 2016Khonjiswa Mdyeshana n'aurait jamais imaginé pouvoir être séropositive au VIH. Ainsi, en 2006, lorsqu'elle a été testée positive au VIH alors qu'elle était enceinte de son premier enfant, elle n'y a pas cru. Elle a insisté pour faire le test à trois reprises. À sa grande surprise, chaque résultat est revenu positif. « Dans ma tête, c'était la fin du monde pour mon enfant et moi », raconte-t-elle.
Ce que Mme Mdyeshana ne savait pas à ce moment-là, c'est qu'aux côtés des médecins et des infirmières de son hôpital travaillaient les Mentor Mothers, des femmes séropositives au VIH employées et formées par l'organisation non gouvernementale africaine mothers2mothers (m2m). Les Mentor Mothers fournissent aux femmes comme elle une éducation et un appui pour débuter et suivre leur traitement anti-VIH.
« Grâce aux femmes de m2m, je me suis sentie accueillie et je n'ai pas eu peur. Elles m'ont raconté leur propre histoire de vie avec le VIH. Elles m'ont appris comment éviter de transmettre le virus à mon bébé et à positiver. Honnêtement, je n'étais pas sûre de tout à 100 %, mais quelque part, j'avais un nouvel espoir qui me faisait dire que ce n'était pas la fin », explique Mme Mdyeshana.
Depuis sa création en 2001, m2m est devenu un leader mondial dans les actions visant à ramener les infections à VIH chez l'enfant à zéro et à améliorer la santé et le bien-être des mères, des familles et des communautés.
Il a été prouvé que le modèle Mentor Mother de m2m avait permis de réduire le nombre de nourrissons infectés par le VIH et d'améliorer la santé des mères et des bébés, tout en générant des économies en termes de coûts de traitement anti-VIH évités. Une évaluation annuelle des programmes de m2m publiée récemment a révélé qu'en 2015, l'organisation avait obtenu des résultats significatifs :
- m2m a quasiment éliminé la transmission du VIH de la mère à l'enfant chez ses clients pour la deuxième année consécutive, avec un taux de transmission du VIH de la mère à l'enfant de 2,1 % au bout de 24 mois.
- En Afrique du Sud, le taux de transmission chez m2m a même été encore plus faible, à savoir 1,1 % au bout de 18 mois.
- Les mères qui rencontrent deux fois ou plus une Mentor Mother sont plus de sept fois plus susceptibles de voir leurs bébés soumis à un dépistage du VIH à six semaines par rapport aux mères ayant fait une seule de ces rencontres.
« C'est un vrai bonheur d'aller sur un site et d'entendre une infirmière ou un chef de clinique vous dire « Vous devez savoir que cela fait trois ans que nous n'avons pas eu de bébé né avec le VIH dans cette clinique grâce à mothers2mothers » », déclare Frank Beadle de Palomo, Président directeur général de m2m.
Pourtant, des enfants sont encore infectés pendant l'allaitement. Le nombre d'infections et de décès augmente aussi chez les adolescents, en particulier les adolescentes et les jeunes femmes.
En réponse à ces besoins, m2m s'engage désormais auprès des mères et de leur famille pendant une plus longue période, avec une approche centrée sur la famille. m2m voit au-delà de la survie et vise à donner aux enfants la possibilité de s'épanouir grâce à ses programmes de développement pour la petite enfance et de recensement des cas pédiatriques et assistance. Par ailleurs, la nouvelle initiative DREAMS en Afrique du Sud apporte aux adolescents les compétences et les connaissances requises pour se protéger eux-mêmes et protéger les futures générations contre le VIH.
Quant à Mme Mdyeshana, elle a parcouru un long chemin depuis 2006. Aujourd'hui, elle travaille comme Mentor Mother et aide les autres femmes à comprendre que vivre avec le VIH ne signifie pas la fin du monde. Elle est fière d'être mère de deux enfants séronégatifs au VIH, pleins de vie, de joie et de grands rêves.
Son aîné, Luthando, âgé de neuf ans, raconte à sa mère qu'il s'applique à l'école pour avoir un bon travail et leur acheter une plus grande maison quand il sera grand. Mais quelle sorte de travail ? Il dit qu'il veut devenir médecin, parce qu'il voit « beaucoup de gens malades autour de lui » et qu'il veut les aider. Tout en travaillant pour accomplir son rêve, il exerce ses compétences médicales à la maison en rappelant à sa mère, qu'il décrit comme « forte et très belle », de prendre ses médicaments anti-VIH tous les jours.
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Combler les lacunes en matière de diagnostic du VIH chez les nourrissons
25 octobre 2016
25 octobre 2016 25 octobre 2016Pour atteindre les objectifs de la stratégie Accélérer et mettre fin à l'épidémie de sida d'ici à 2030, il faut éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants. Le VIH peut être transmis de la mère à l'enfant pendant la grossesse, à la naissance et pendant l'allaitement, mais avec un traitement antirétroviral les taux de transmission de la mère à l'enfant peuvent tomber à 5 % ou moins.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) défend une approche complète pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Une part importante de cette stratégie vise à fournir un traitement, des soins et un appui adéquats aux mères vivant avec le VIH, à leurs enfants et aux autres membres de la famille.
Depuis 2005, grâce aux programmes efficaces de prévention de la transmission de la mère à l'enfant, le nombre d'enfants nés séropositifs au VIH a baissé d'environ 70 %. En 2015 dans le monde, près de 1,4 million de mères vivant avec le VIH ont accouché et 150 000 nourrissons ont été infectés par le VIH. La mortalité est maximale chez les nourrissons séropositifs au VIH au cours des trois premiers mois de la vie, de sorte que leur statut sérologique doit être diagnostiqué rapidement pour qu'ils reçoivent le traitement dont ils ont besoin.
Il existe pourtant de sérieuses lacunes dans le diagnostic. Seulement 51 % des nourrissons exposés au VIH dans le monde sont dépistés à l'âge de six semaines, soit l'âge recommandé par l'OMS. La moitié d'entre eux ne reçoivent jamais les résultats. Et parmi ceux dont le test est positif et qui reçoivent les résultats, seulement la moitié sont mis sous traitement. Ainsi, sur 150 000 enfants nés séropositifs au VIH en 2015, seulement la moitié environ seront mis sous traitement.
UNITAID contribue à combler ces lacunes de diagnostic. Par l'intermédiaire de ses partenaires, UNITAID a investi plus de 300 millions de dollars pour élargir l'accès à des technologies de diagnostic abordables et de qualité certifiée dans les pays à revenu faible et intermédiaire. UNITAID mène une action cruciale en rendant ces tests disponibles là où les gens ont besoin de soins, même dans les endroits les plus reculés, afin de veiller à ce que les jeunes patients reçoivent rapidement le traitement dont ils ont besoin.
Les tests de dépistage précoce chez le nourrisson sont adaptés aux nourrissons, au contraire des tests de dépistage rapides, car les anticorps de la mère peuvent rester présents dans le sang de l'enfant jusqu'à 18 mois après la naissance. UNITAID a pour objectif de mettre à disposition ces tests de dépistage précoce pour moins de 30 dollars. Il faut moins de deux heures pour les effectuer, de sorte que les nourrissons peuvent être diagnostiqués et dirigés immédiatement vers un traitement le même jour. Cela permet de réduire le nombre de nourrissons dont les résultats sont perdus ou retardés et de faire des économies par rapport à un diagnostic plus tardif.
Avec quelques ajustements supplémentaires, le dépistage sur le lieu des soins pourrait faire baisser davantage la mortalité chez les nourrissons. Robert Matiru, Directeur des opérations chez UNITAID, souligne l'importance d'un dépistage régulier. « Le dépistage à la naissance indique aux médecins si un bébé a été infecté in utero », explique-t-il. « Mais si un enfant est infecté à la naissance, la séroconversion au VIH ne sera pas détectable dans le sang avant plusieurs semaines. Un nouveau dépistage à l'âge de 6 semaines, comme cela est recommandé, est essentiel ».
Actuellement, UNITAID a des projets en cours pour mettre à disposition des tests de dépistage précoce pour les nourrissons et des tests de détection de charge virale abordables sur le lieu des soins dans 16 pays d'Afrique. Des plates-formes innovantes, adaptées à des établissements de santé décentralisés, facilitent la tâche aux agents de santé pour la réalisation de plusieurs types de tests. UNITAID finance des recherches opérationnelles pour vérifier que chaque solution sanitaire soit rentable, adaptée au contexte et évolutive. L'expérience acquise par ce travail permet ensuite d'éclairer les consignes de traitement, les plans nationaux et les politiques de prévention et de traitement du VIH, ainsi que les stratégies mondiales de lutte contre le VIH, en alimentant un cycle de programmes toujours plus efficaces.
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Éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants
24 octobre 2016
24 octobre 2016 24 octobre 2016L'expansion et l'amélioration constantes des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant ont permis de réduire le nombre annuel de nouvelles infections chez les enfants de 56 % depuis 2010 et de 70 % depuis 2000 à l'échelle mondiale. Depuis 1995, on estime avoir évité 1,6 million de nouvelles infections à VIH chez les enfants grâce à l'administration de médicaments antirétroviraux aux femmes vivant avec le VIH pendant la grossesse ou l'allaitement. La grande majorité de ces infections (1,3 million) a été évitée entre 2010 et 2015. Des problèmes complexes restent cependant à résoudre pour parvenir à l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant.
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Circoncision masculine médicale volontaire
17 octobre 2016
17 octobre 2016 17 octobre 2016La circoncision masculine médicale volontaire est une intervention unique rentable qui apporte une protection partielle tout au long de la vie contre la transmission du VIH de la femme à l'homme. Des études de modélisation ont montré qu'en atteignant une prévalence de 80 % de la circoncision chez les hommes de 15 à 49 ans en 2015, et en pérennisant cette prévalence, il serait possible d'éviter 3,4 millions d'infections à VIH d'ici 2025.
Depuis 2007, des efforts considérables ont été réalisés pour étendre la circoncision masculine médicale volontaire dans 14 pays prioritaires d'Afrique orientale et australe qui présentent de hauts niveaux de prévalence du VIH et de faibles niveaux de circoncision masculine. Fin 2015, près de 11,6 millions d'hommes de ces pays avaient été médicalement circoncis.
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La France ouvre son premier site d'injection sécurisé pour les consommateurs de drogues
13 octobre 2016
13 octobre 2016 13 octobre 2016Le premier site d'injection sécurisé de France pour les consommateurs de drogues injectables a ouvert ses portes à Paris.
Relié à l'Hôpital Lariboisière de la ville, l'établissement peut accueillir jusqu'à 400 personnes par jour, avec la présence d'une équipe complète de médecins, d'infirmières et de travailleurs sociaux. Il se compose de trois zones : une salle d'attente, une salle de consommation et un local où les gens peuvent se reposer avant de quitter le site.
L'objectif de cet endroit, ouvert aux adultes à partir de 18 ans, est de minimiser les risques associés à la consommation de drogues injectables, notamment l'infection à VIH. Les études montrent que les sites d'injection surveillés permettent également de réduire la délinquance et les autres troubles sociaux liés à la consommation de drogues sur la voie publique.
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a félicité la Ministre française de la santé, Marisol Touraine, et la Maire de Paris, Anne Hidalgo, pour l'ouverture de ce site.
L'ouverture de nouveaux sites de consommation de drogues est prévue dans d'autres villes françaises, dont Strasbourg et Bordeaux, dans un avenir proche.
La ville de Paris est l'un des signataires fondateurs de la Déclaration de Paris, par laquelle les villes s'engagent à mettre fin à l'épidémie de sida d'ici à 2030 en adoptant une stratégie d'accélération concernant leur épidémie de VIH.
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Investissements dans les programmes de réduction des risques : une nécessité pour transformer une crise mondiale en une solution mondiale
14 octobre 2016
14 octobre 2016 14 octobre 2016Des progrès à l'échelle mondiale
Le monde a parcouru un long chemin pour fournir des services de réduction des risques aux consommateurs de drogues. Harm Reduction International (HRI) a publié des données portant sur les dix dernières années montrant qu'il existe aujourd'hui, à des degrés divers, des programmes de réduction des risques dans plus de la moitié des 158 pays qui recensent une consommation de drogues injectables. Là où ces programmes sont en place, la réduction des risques a permis d'améliorer considérablement et de protéger la santé, le bien-être et les droits des consommateurs de drogues.
Des actions à l'échelle mondiale
En 2016, lors de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue au mois d'avril et de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida au mois de juin, les États membres ont pris des engagements forts sur la réduction des risques. Ces engagements doivent maintenant être traduits en changements nécessaires dans les politiques et les programmes, ainsi qu'en investissements dans les programmes de réduction des risques.
Une crise mondiale
Malgré l'acceptation croissante de la réduction des risques dans le monde, les services fournis sont encore largement inférieurs aux besoins, en particulier dans les prisons. Au dernier recensement, seulement 160 millions de dollars avaient été dépensés pour la réduction des risques dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Plus inquiétant, ces dernières années, les donateurs ont concentré leur financement sur les pays à revenu faible, et les progrès accomplis sont mis en péril car la grande majorité des consommateurs de drogues injectables vivent dans les pays à revenu intermédiaire et élevé.
« Les consommateurs de drogues sont criminalisés dans le monde entier : une réponse judiciaire pénale inefficace à une question de santé publique et de droits humains qui continue d'alimenter la transmission du VIH », explique Jamie Bridge, Responsable des politiques et des opérations auprès de l'International Drug Policy Consortium. « Même là où il existe des services de réduction des risques bien dotés et bien conçus, ces derniers doivent se battre pour avoir un impact lorsque l'environnement politique et juridique stigmatise les consommateurs de drogues en finissant par les dissuader d'accéder aux services d'aide. Il faut donc considérer la réforme des politiques comme un élément fondamental de la riposte », ajoute-t-il.
Une solution mondiale
Plus tôt cette année, des données publiées par HRI et le Burnet Institute dans le rapport de HRI intitulé The case for a harm reduction decade ont montré qu'il était possible de mettre fin à l'épidémie de sida chez les consommateurs de drogues injectables en réorientant vers la réduction des risques seulement 7,5 % des 100 milliards de dollars actuellement dépensés chaque année pour le contrôle des stupéfiants.
La campagne de HRI baptisée « 10 by 20 » appelle les gouvernements à réaffecter 10 % de leurs dépenses pour le contrôle des stupéfiants à la réduction des risques d'ici à 2020. L'impact que cette action aurait sur la fin de l'épidémie de sida a déjà été décrit, mais cela permettrait également de financer la prévention et le traitement des hépatites virales, ainsi que la naloxone, un produit vital servant à contrer les effets d'une overdose d'opiacés. Cela permettrait aussi de renforcer les réseaux pour les personnes qui consomment des drogues et les organisations de la société civile qui défendent leurs droits et la réduction des risques.
« Pour la prochaine Journée mondiale de lutte contre le sida, les gouvernements, les donateurs et les organisations internationales ne devront pas se contenter de dire qu'ils sont pour la réduction des risques. Ils devront aussi mettre la main à la poche et assurer le financement adéquat des services vitaux de réduction des risques », déclare Rick Lines, Directeur exécutif de Harm Reduction International.