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« Penser politique » : des stratégies pour une riposte efficace au VIH en Asie et dans le Pacifique

28 août 2011

Le Dr Nafis Sadik, envoyée spéciale du secrétaire général
des Nations Unies pour le VIH/sida, le Dr Kent Buse, conseiller principal auprès de l'UNAIDS, et le Dr Werasit Sittitrai, Croix-Rouge thaïlandaise, lors de l'événement
« Penser politique ».
Photo : ONUSIDA/Kim

Des militants, des universitaires et des chargés de programmes sur le VIH se sont rencontrés à Busan, en Corée du Sud, à l'occasion du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique (ICAAP 10), afin d'étudier et de débattre des complexités politiques de la riposte au VIH. L'événement, intitulé « Sciences politiques et politiques sur le VIH en Asie et dans le Pacifique », a mis en évidence la nature souvent hautement contestée de la riposte à l'épidémie.

Cet événement a été organisé dans le cadre d'une initiative mondiale pilotée par l'ONUSIDA et la Société internationale du sida, appelée « Penser politique pour la riposte au sida ». Cette initiative cherche à renforcer l'aptitude des personnes engagées dans cette riposte à comprendre et à influencer les pouvoirs politiques de façon plus systématique, afin de créer un environnement propice pour une riposte efficace au sida.

Les participants ont partagé des analyses politiques efficaces, qui ont permis d'identifier les opportunités stratégiques de faire progresser l'agenda sur le VIH dans une direction positive dans les pays de l'ensemble de la région.

« Lorsque j'ai débuté mes travaux sur la santé reproductive, j'ai découvert beaucoup de suspicion et d'ignorance, même parmi les personnes les mieux informées. Une grande partie de cette attitude négative a aujourd'hui disparu », a déclaré Nafis Sadik, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour le VIH/sida. « Les dirigeants politiques ont finalement compris qu'ils avaient davantage à gagner qu'à perdre en répondant à la demande latente considérable en faveur de services de santé reproductive, tout particulièrement chez les femmes, et la même remarque s'applique pour le VIH. »

Les dirigeants politiques ont finalement compris qu'ils avaient davantage à gagner qu'à perdre en répondant à la demande latente considérable en faveur de services de santé reproductive, tout particulièrement chez les femmes, et la même remarque s'applique pour le VIH

Dr Nafis Sadik, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour le VIH/sida

Certains pays de la région Asie-Pacifique ont fait montre d'une action politique de riposte impressionnante au cours des dix dernières années. La Thaïlande est un parfait exemple de « success story » des années 1990, avec une baisse drastique du nombre de nouvelles infections au VIH (de 143 000 nouvelles infections en 1991 à 29 000 en l'an 2000). Le Dr Werasit Sittitrai, de la Croix-Rouge thaïlandaise, est intervenu pour expliquer la manière dont ces résultats ont pu être obtenus, grâce à une transformation du paysage politique rendue possible par une sensibilisation basée sur des preuves probantes et par les pressions incessantes de la société civile. « L'une des stratégies les plus réussies a consisté à présenter les conséquences économiques potentielles d'une inaction de nos dirigeants politiques », a-t-il expliqué. 

Même si la région peut aujourd'hui se féliciter des progrès accomplis, la riposte au VIH ne s'en trouve pas moins à un véritable tournant. Les programmes sont retardés par la saturation des donateurs et de nombreux pays appliquent encore des lois et des politiques qui empêchent dans les faits les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus exposées au risque d'accéder aux services qui pourraient leur sauver la vie. Dans ce contexte, une meilleure appréciation par les pouvoirs politiques des défis à relever est cruciale pour poursuivre dans la voie du succès - notamment pour la prochaine génération de dirigeants.

L'une des stratégies les plus réussies a consisté à présenter les conséquences économiques potentielles d'une inaction de nos dirigeants politiques

Dr Werasit Sittitrai, Croix-Rouge thaïlandaise

Selon le Dr Kent Buse, président de la session et conseiller principal auprès de l'ONUSIDA, « la riposte au sida est hautement politique parce que certains comportements qui exposent les populations au VIH, à savoir les rapports sexuels, le commerce du sexe et la consommation de drogues, sont tabous dans de nombreuses sociétés. Les personnes qui vivent avec le VIH et qui sont touchées par le virus doivent donc constamment défier les valeurs et les idéologies des leaders et de la communauté internationale. »

Parmi les autres intervenants à l'occasion de cet événement, citons le Professeur Dennis Altman, de l'Université de La Trobe, co-président du Groupe consultatif sur le penser politique, et le Dr David Stephens de RTI International.

Les discussions tenues lors de cette session alimenteront des débats plus vastes ainsi que des événements organisés à l'occasion de la Conférence Internationale de 2012 sur le sida (Washington DC, États-Unis). Une édition spéciale de Contemporary Politics, contenant des études de cas portant sur les éléments de riposte politique au VIH mis en œuvre dans certains pays, est en cours de préparation et devrait être publiée avant la Conférence de 2012.

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Éliminer les nouvelles infections au VIH et la syphilis congénitale chez les enfants en Asie et dans le Pacifique

27 août 2011

Ngan vit avec le VIH. Son fils est né sans être infecté par le VIH car Ngan a eu accès aux services de prévention de la transmission mère-enfant.
Photo : ONUSIDA/Mott

L'un des principaux objectifs de la riposte mondiale au sida est d'éliminer d'ici 2015 les nouvelles infections au VIH chez les enfants et de prolonger la vie de leurs mères. En Asie et dans le Pacifique, la Thaïlande et le Cambodge sont en passe d'atteindre cet objectif. Cependant, dans l'ensemble, la portée de la prévention de la transmission mère-enfant est bien en-deçà des moyennes mondiales, avec des écarts très importants entre les pays de la région.

Lors d'un symposium qui a eu lieu le 27 août à l'occasion du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique, des experts se sont penchés sur les meilleurs moyens d'atteindre l'objectif de 2015 en Asie et dans le Pacifique et sur les mesures concrètes à entreprendre dès à présent. Organisée par le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'ONUSIDA, la session a également examiné les progrès accomplis dans la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant et débattu des opportunités et des difficultés rencontrées. 

Cet événement était destiné à mettre sur pied le Plan mondial pour l'élimination des nouvelles infections par le VIH chez les enfants d'ici 2015 et le prolongement de la vie de leurs mères, lancé en juin 2011, ainsi qu'un cadre pour le groupe de travail régional de l'ONU chargé de cette question, élaboré en novembre 2010.

Les participants ont appris qu'une meilleure couverture des services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis, un meilleur suivi des mères vivant avec le VIH et de leurs enfants, et une meilleure coordination entre les services de santé dans la région sont essentiels pour éliminer les nouvelles infections chez les enfants.

« Pour atteindre l'objectif de zéro nouvelle infection chez les enfants d'ici 2015, les services de santé nationaux et les communautés doivent travailler ensemble », a indiqué Steven Kraus, directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Asie et le Pacifique, dans le cadre de cette session. « La coordination des efforts permettra non seulement de sauver des vies et de stopper la transmission du VIH aux enfants, mais aussi de renforcer les systèmes de santé nationaux ».

Anupama Rao Singh, directrice régionale de l'UNICEF pour l'Asie orientale et le Pacifique, a insisté sur le fait que, bien que les pays de la région s'efforcent d'intensifier la lutte pour l'éradication des nouvelles infections au VIH chez les enfants, un meilleur suivi est nécessaire. « À cause de l'absence de suivi fondamental, ils ignorent combien d'enfants nés de mères séropositives au VIH ne sont pas infectés par le virus et combien le sont », a-t-elle ajouté ; « un meilleur suivi, en particulier grâce à une bonne gestion des données et à des contrôles réguliers, permettra de franchir un grand pas vers notre objectif ultime de zéro nouvelle infection chez les enfants de la région ».

Pour atteindre l'objectif de zéro nouvelle infection chez les enfants d'ici 2015, les services de santé nationaux et les communautés doivent travailler ensemble

Steven Kraus, directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Asie et le Pacifique

Sans systèmes de suivi adaptés, beaucoup d'enfants infectés par le VIH à leur naissance ou lors de l'allaitement ne sont pas traités, et près de la moitié d'entre eux meurent avant leur deuxième anniversaire.

La nécessité d'élargir l'accès au traitement antirétroviral (ARV) a également été mise en avant. 

« Des techniques telles que les recommandations 2010 de l'OMS pour les médicaments antirétroviraux destinés au traitement des femmes enceintes et la prévention des infections au VIH chez les nourrissons existent, et nous savons ce qu'il faut faire. Nous disposons désormais d'une nouvelle stratégie pour agir plus efficacement avec des moyens qui contribuent également à renforcer les services de santé », a expliqué le Dr Samlee Pliangbanchang, directeur régional de l'OMS pour l'Asie du Sud-Est. « La vision d'une nouvelle génération sans VIH est à notre portée ».

Les participants ont conclu qu'en proposant des services de planification familiale et de soins prénatals coordonnés de grande qualité, en identifiant et en traitant les femmes enceintes qui vivent avec le VIH et la syphilis, et en fournissant un traitement de suivi pour les enfants, les pays de la région peuvent atteindre l'objectif de zéro nouvelle infection chez les enfants et prolonger la vie de leurs mères. 

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Le président fidjien s'engage dans la riposte contre le sida

27 août 2011

Le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, et le président fidjien, Ratu Epeli Nailitikau, en pleine discussion à l'occasion de l'ICAAP 10.
Photo : ONUSIDA/Kim

À  l'occasion d'une réunion avec le président fidjien le 27 août, le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a félicité le dirigeant fidjien et son gouvernement pour les amendements récents apportés au Décret 2011 sur le VIH/sida du pays. Adoptés officiellement le 25 août, les amendements suppriment les restrictions de déplacements liées au VIH et garantissent une meilleure protection des droits des personnes vivant avec le VIH.

« Monsieur le Président, les Nations Unies saluent la décision claire et courageuse qu'a prise votre gouvernement en début de semaine visant à lever les restrictions de déplacements pour les personnes vivant avec le VIH », a déclaré M. Sidibé. « Le monde entier a besoin d'une voix telle que la vôtre. Je tiens à vous remercier sincèrement et vous féliciter pour vos efforts dans la riposte mondiale contre le sida. »

En désignant le sida comme un « problème humanitaire majeur », le président Ratu Epeli Nailitikau a déclaré qu'il s'engageait non seulement à prévenir les nouvelles infections au VIH mais aussi à travailler avec les personnes vivant avec le VIH et leurs familles.

« Je ne vois pas de cause plus noble que le sida », a souligné le président Nailitikau. « Dans l'histoire des îles Fidji, nous avons perdu un tiers de notre populations à cause de la rougeole ; des générations entières de la communauté ont péri. La grippe a eu le même effet dévastateur. Avec une population de 800 000 habitants seulement, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de personnes. C'est cela qui régit mon engagement. »

Monsieur le Président, les Nations Unies saluent la décision claire et courageuse qu'a prise votre gouvernement en début de semaine visant à lever les restrictions de déplacements pour les personnes vivant avec le VIH

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

Le bureau de l'ONUSIDA dans la région Pacifique travaille actuellement avec le gouvernement fidjien pour mettre en oeuvre les recommandations de la Réunion de haut niveau sur le sida de l'Assemblée générale des Nations Unies de juin 2011. Les thèmes clés incluent l'élimination des nouvelles infections au VIH chez les enfants, la garantie d'un accès à des services anti-VIH aux principales populations affectées et la mise en application du Décret fidjien sur le VIH/sida récemment modifié.

D'après les chiffres du gouvernement, la couverture des services pour prévenir les nouvelles infections au VIH chez les enfants aux îles Fidji est faible. Si des progrès ont été faits pour étendre les services anti-VIH aux populations à plus haut risque d'infection au VIH, la stigmatisation et la discrimination restent des obstacles majeurs à l'accès.

À l'occasion de l'ICAAP 10, le président fidjien a présidé une session sur la riposte au sida dans la région Pacifique. Les participants ont discuté du rôle des organisations confessionnelles et des jeunes dans la riposte au sida, ainsi que de l'importance de fournir un environnement juridique approprié pour protéger les droits des personnes vivant avec et touchées par le VIH.

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Restrictions de déplacements liées au VIH – un obstacle majeur à l'accès universel pour les migrants

27 août 2011

Le travailleur migrant Sarath partageant ses expériences avec les participants.
Photo : ONUSIDA/Kim

Environ 50 pays, territoires et régions dans le monde continuent d'imposer une forme de restriction sur l'entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH. Ces restrictions demeurent une forme clé de discrimination, affectant les droits et la liberté de mouvement de nombreux migrants vivant avec le VIH et de migrants en devenir.

Un symposium qui s'est tenu à l'occasion du 10ème Congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique le 27 août a réuni des experts venant de différents pays disposant ou non des restrictions de déplacements liées au VIH pour discuter des expériences des travailleurs migrants et des systèmes de santé publique. L'objectif était de mettre en avant des recommandations et des mesures politiques concrètes nécessaires pour supprimer les restrictions de déplacements des travailleurs migrants.

Organisé par la JUNIMA (Initiative commune des Nations Unies sur la mobilité et le VIH/sida en Asie du Sud-Est) et parrainée par l'ONUSIDA, le PNUD et l'OIT, la séance était présidée par Clifton Cortez, le responsable de l'équipe du PNUD sur le VIH, la santé et le développement en Asie et dans le Pacifique.

« Le VIH n'est pas une condition qui devrait déterminer si vous êtes autorisé ou non à travailler ; cependant, près de 15 pays d'Asie-Pacifique imposent une certaine forme de restriction sur l'entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH. Nous pouvons certainement mieux faire », a déclaré M. Cortez.

Près de 15 pays en Asie-Pacifique imposent une certaine forme de restriction sur l'entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH. Nous pouvons certainement mieux faire

Clifton Cortez, le responsable de l'équipe du PNUD sur le VIH, la santé et le développement en Asie et dans le Pacifique

M. Cortez a été rejoint par le Dr Chanvit Tharathep, le Ministre de la santé thaïlandais, Mme Maria Lourdes Marin, directrice exécutive d'Action for Health Initiatives (ACHIEVE), Inc. aux Philippines et le Dr Lee Hang-Sun du Ministère de la santé publique en Corée du Sud.

Sarath, un travailleur migrant, a partagé son expérience des limitations imposées par les restrictions de déplacements avec les participants : « Le dépistage du VIH et la déportation des personnes séropositives n'est pas logique, ni d'un point de vue de santé publique, ni d'un point de vue financier. Nous générons un grand nombre d'avantages économiques à la fois pour les pays d'origine et d'accueil, et nous sommes généralement les laissés pour compte de l'accès aux services sociaux, en particulier à l'étranger. »

Réintégration des migrants

Mme Marin a parlé du processus de réintégration lorsque les migrants déportés pour leur statut sérologique rentrent chez eux. Ceci est un vrai problème aux Philippines qui envoie un grand nombre de migrants à l'étranger.  

« Le processus de réintégration doit se baser sur les besoins et répondre aux contextes spécifiques des migrants. Il doit être global et prendre en charge toutes les dimensions du VIH comme les aspects économiques, politiques et psychosociaux », a déclaré Mme Marin. « Pour cela, vous devez avoir des discussions en tenant compte de toutes les phases du cycle migratoire, notamment l'avant-départ et l'après-arrivée. »

Nous générons un grand nombre d'avantages économiques à la fois pour les pays d'origine et d'accueil, et nous sommes généralement les laissés pour compte de l'accès aux services sociaux, en particulier à l'étranger

Sarath, travailleur migrant de la région Asie-Pacifique

Certains pays disposent de restrictions de déplacements liées au VIH qui sont imposées pour protéger leurs peuples contre les maladies « étrangères » et éviter l'augmentation des coûts de santé.  Cette justification a été réfutée par le Dr Chanvit de Thaïlande, un pays qui n'impose pas de restrictions de déplacements liées au VIH :

« En fournissant un accès universel à des soins de santé, y compris aux migrants, nous n'avons pas observé de débordement du système de santé à cause des migrants. Cependant, nous avons découvert que nous sommes mieux à même de contrôler les maladies infectieuses et de fournir un traitement et des soins à ceux qui en ont besoin. »

Le Dr Lee a partagé son expérience en Corée du Sud : « En Corée du Sud, certains pensent encore que le VIH est un virus qui vient de l'étranger. J'espère que l'ICAAP nous donnera la possibilité de nous unir à la société civile et de travailler ensemble pour nous attaquer à ces fausses idées sur le VIH. »

Un pas en avant

Les participants ont examiné une série de recommandations visant à supprimer les restrictions de déplacements liées au VIH et à favoriser l'accès universel pour les travailleurs migrants vivant avec le VIH.  Celles-ci incluent :

  • L'harmonisation des politiques nationales sur le VIH et la migration, la promotion d'une collaboration entre les Ministères compétents et les groupes de la société civile, et la favorisation de dialogues bilatéraux et multinationaux durables entre les pays d'origine et d'accueil ;
  • L'élaboration de normes de travail minimales et de droits de santé pour les travailleurs migrants, et la garantie de l'existence de système de protection et de soutien aux migrants dans les pays de destination ;
  • Le renforcement des capacités dans les pays asiatiques pour réintégrer efficacement les migrants séropositifs qui reviennent.

JUNIMA rassemble les gouvernements (y compris le Secrétariat de l'ASEAN), les principaux réseaux d'ONG et la famille des Nations Unies pour promouvoir un accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et de soutien en matière de VIH pour les travailleurs migrants en Asie du Sud-Est et dans le sud de la Chine.

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Les représentants de la communauté émettent des inquiétudes sur la riposte au sida au niveau régional

27 août 2011

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA et Vince Crisostomo, directeur exécutif de la Coalition des réseaux régionaux d'Asie et du Pacifique sur le VIH/sida.
Photo : ONUSIDA/Kim

Une série de représentants des principales communautés affectées par la riposte au sida ont rejoint le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, le 27 août pour un dialogue interactif visant à partager leurs inquiétudes et leurs réflexions. La session d'une heure, intitulée « Common Ground » et organisée le deuxième jour du 10ème Congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique (ICAAP), s'est tenue en mémoire du Dr Robert Carr, un célèbre activiste contre le sida et défenseur des droits de l'homme décédé en mai 2011.

« J'espère que ceci survivra à la vision de Robert Carr de rassembler tout le monde, qui que nous soyons, quoi que nous soyons et où que nous soyons—que nous pourrons créer des espaces qui permettent à nos communautés d'avancer dans la riposte au sida », a déclaré Vince Crisostomo, directeur exécutif de la Coalition des réseaux régionaux d'Asie et du Pacifique sur le VIH/sida (7 Sisters) et président de la session « Common Ground ».

Selon un nouveau rapport de l'ONUSIDA lancé en amont de l'ICAAP 10, les infections au VIH en Asie-Pacifique restent concentrées chez des populations clés : les personnes achetant et vendant des services sexuels, les consommateurs de drogues injectables, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles. La plupart des programmes visant à protéger les populations clés et leurs partenaires intimes contre l'infection au VIH sont inappropriés en termes de taille et d'échelle. Dans la région, la stigmatisation et la discrimination à l'encontre des personnes vivant avec le VIH et les populations clés restent violentes, a révélé le rapport. 

J'espère que cet espace survivra à la vision de Robert Carr de rassembler tout le monde, qui que nous soyons, quoi que nous soyons et où que nous soyons

Vince Crisostomo, directeur exécutif de la Coalition des réseaux régionaux d'Asie et du Pacifique sur le VIH/sida

Dans son discours d'ouverture, M. Sidibé s'est remémoré sa visite récente dans la ville de Chengdu, en Chine, où il a été témoin du rôle essentiel que les organisations de la société civile jouent pour garantir l'accès aux services anti-VIH aux personnes qui consomment des drogues injectables et aux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. « La société civile est le moteur de la riposte au sida—en particulier en Asie-Pacifique », a indiqué M. Sidibé. « Des réformes politiques sont nécessaires pour fournir à ces organisations l'espace dont ils ont besoin pour s'engager pleinement », a-t-il ajouté.

Les participants au dialogue ont soulevé un certain nombre de questions auprès du directeur exécutif de l'ONUSIDA, notamment le besoin d'un accès accru au traitement antirétroviral dans la région ainsi que de médicaments plus simples, plus robustes et plus résistants. À la fin 2009, plus de 60 % des personnes éligibles pour recevoir un traitement en Asie-Pacifique n'y avaient pas accès, d'après le nouveau rapport de l'ONUSIDA.

La société civile est le moteur de la riposte au sida—en particulier en Asie-Pacifique. Des réformes politiques sont nécessaires pour fournir à ces organisations l'espace dont ils ont besoin pour s'engager pleinement

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

Les représentants des organisations de professionnels du sexe ont insisté sur le fait que la pénalisation du commerce du sexe restait un problème majeur dans la région. « Malgré toutes les discussions sur la dépénalisation du commerce du sexe année après année, seul un pays dans cette région a effectivement pris des mesures : la Nouvelle-Zélande », a déclaré Janelle Fawkes, une professionnelle du sexe et présidente-directrice générale de la Scarlet Alliance, une organisation basée en Australie.

Dans la région, les lois et les politiques punitives continuent de nuire à la riposte au sida. Quatre-vingt dix pour cent des pays en Asie-Pacifique ont des lois et des politiques qui empêchent les personnes vivant avec le VIH et les populations clés à plus haut risque d'accéder à des services anti-VIH salvateurs.

Parmi les autres questions soulevées dans le forum figuraient le besoin d'un financement accru pour les organisations de la société civile et l'importance de la protection des droits de l'homme pour les principales populations clés affectées.

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NewGen Asia : aider les jeunes leaders à trouver leur « voix »

27 août 2011

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA, en plein débat avec de jeunes participants lors du lancement de l'initiative NewGen Asia.
Photo : ONUSIDA/Kim

Environ un demi-million de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent avec le VIH en Asie et dans le Pacifique. Dans cette région, une très grande partie des nouvelles infections au VIH concerne les jeunes issus des populations les plus exposées, à savoir les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables.

Pour garantir l'accès aux services anti-VIH aux personnes qui en ont besoin, les jeunes doivent s'exprimer d'une voix forte et être mieux représentés dans la riposte au sida. Une initiative baptisée New Generation (NewGen) Asia a pour but de développer la capacité de la nouvelle génération de jeunes leaders issus de ces populations à faire entendre leur voix.

Lancé le 27 août dans le cadre du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique à Busan, en Corée du Sud, le programme NewGen, piloté par le groupe de travail interinstitutions Asie-Pacifique sur les jeunes issus des populations les plus touchées (Asia-Pacific Inter-Agency Task Team for Young Key Affected Populations), est passé à la vitesse supérieure avec une manifestation destinée à présenter le programme de tutorat des jeunes leaders de NewGen et à lancer officiellement une nouvelle formation au leadership.

« Vous n'êtes pas seulement les leaders de demain, vous êtes aussi les leaders d'aujourd'hui », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Le leadership, c'est l'engagement, le courage et la lutte pour le bien de tous. Nous pouvons construire un monde meilleur grâce à votre énergie ».

Le leadership, c'est l'engagement, le courage et la lutte pour le bien de tous. Nous pouvons construire un monde meilleur grâce à votre énergie

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

Dans le cadre de cet événement, NewGen Asia a convié autour d'un déjeuner 30 référents de haut niveau et les nouveaux leaders de la jeunesse, principalement issus des populations les plus touchées, que ces référents vont encourager et soutenir. Les référents sont des personnalités venues d'horizons très divers, notamment de la société civile, des Nations Unies et des gouvernements, mais aussi des jeunes qui possèdent déjà une solide expérience en matière de leadership. Parmi eux figurent Ursula Schaefer-Preuss, vice-présidente de la Banque asiatique de développement, Khartini Slamah, présidente du Réseau transgenre d'Asie-Pacifique, et Jimmy Dorabjee du Réseau asiatique des consommateurs de drogues.

Un exercice d'échange à double sens

« Je pense que le programme de tutorat de NewGen est une initiative très importante pour aider à stimuler le dialogue entre, d'une part, les jeunes leaders issus des populations les plus touchées par le sida, qui sont souvent stigmatisés ou vivent des situations difficiles, et, d'autre part, les référents qui peuvent les aider à avoir une vision et un leadership », a expliqué la référente Ursula Schaefer-Preuss, vice-présidente de la Banque asiatique de développement. 

Gerard Ompad, un jeune participant qui possède une expérience dans la prévention du VIH, pense quant à lui que l'initiative de NewGen va lui permettre de devenir un défenseur plus efficace des besoins et des préoccupations de sa communauté. « Je suis ravi de participer à cette initiative. Cette formation va nous donner les moyens, en tant que jeunes issus des communautés les plus touchées, de devenir de vrais leaders et de développer nos compétences en matière de sensibilisation. Il est vital que les jeunes s'approprient la riposte au sida et le leadership de cette riposte ; il s'agit d'une avancée considérable pour la région », a-t-il ajouté.

Au cours d'un déjeuner très animé, les référents et leurs jeunes élèves ont discuté de leurs attentes et planifié différentes activités pour l'année à venir. De l'avis général, l'exercice s'est traduit par un véritable échange à double sens.

Une formation au leadership de cinq jours

Cet événement a également fourni un cadre au lancement d'une formation au leadership de cinq jours pour les jeunes issus des populations les plus touchées et ceux qui travaillent avec eux. Les cours sont préparés et dispensés par une équipe d'experts techniques de Youth LEAD, un réseau régional de groupes engagés dans une lutte active pour la prévention du VIH. Les membres de Youth LEAD sont aussi fortement impliqués dans le programme de tutorat, en collaboration avec des experts du milieu universitaire et des partenaires de l'ONU. 

Il est vital que les jeunes s'approprient la riposte au sida et le leadership de cette riposte ; il s'agit d'une avancée considérable pour la région

Gerard Ompad, jeune participant au projet NewGen Asia

Les cours incluent des informations sur le VIH et sur les populations les plus touchées et mettent particulièrement l'accent sur une formation fondée sur les compétences, notamment en matière de sensibilisation, de communication et de leadership.

Réitérant son engagement en faveur de l'implication des jeunes dans la riposte au sida, Youth LEAD, en collaboration avec le Fonds des jeunes leaders pour la lutte contre le VIH, a également lancé un appel aux initiatives menées par les jeunes qui visent à répondre aux besoins des personnes les plus touchées par le VIH en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique pour sa campagne de financement 2011-2012.

Tous espèrent que l'initiative NewGen, active sur plusieurs fronts, tirera de vrais bénéfices de l'engagement effectif accru des principales communautés qui payent le plus lourd tribut à l'épidémie de sida dans la région.

Anupama Rao Singh, directrice régionale de l'UNICEF pour l'Asie orientale et le Pacifique, a commenté en ces termes l'importance de l'initiative de NewGen :

« Les jeunes les plus touchés par l'épidémie de sida sont au cœur de la révolution pour la prévention en Asie et dans le Pacifique. L'initiative NewGen, avec le soutien du groupe de travail régional interinstitutions, va permettre de renforcer le leadership des jeunes pour la défense des politiques et des programmes qui les concernent et de préparer une nouvelle génération d'agents du changement pour la riposte au sida dans la région ».

Press Release

Le nouveau rapport de l'ONUSIDA révèle que l'épidémie de VIH se trouve à un moment critique dans la région Asie-Pacifique

Des progrès considérables ont été accomplis dans toute la région, mais la plupart des pays nécessitent des efforts accrus et soutenus pour réaliser « l'objectif zéro »

BUSAN, Corée du Sud, 26 août 2011—L'épidémie de VIH dans la région Asie-Pacifique se trouve à un tournant décisif, selon le nouveau rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). Si les progrès dans la Région ont été impressionnants —notamment une chute de 20 % du nombre des nouvelles infections à VIH depuis 2001 et un taux d'accès à la thérapie antirétrovirale multiplié par trois depuis 2006 —ces progrès sont menacés par une attention inadaptée aux populations courant de plus hauts risques d'infection au VIH et par l'insuffisance des fonds provenant à la fois de sources de financement nationales et internationales.

Présenté lors du congrès international sur le sida dans la région Asie-Pacifique (ICAAP) de 2011, le rapport, intitulé Le VIH dans la région Asie-Pacifique : objectif zéro, a révélé qu'un plus grand nombre de personnes avait accès aux prestations liées au VIH dans l'ensemble de la région. Toutefois, la plupart des pays de la région sont loin de réaliser les objectifs concernant l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH.

« Réaliser l'objectif zéro nouvelle infection dans la région Asie-Pacifique exigera des ripostes nationales reposant sur les meilleures données probantes et scientifiques existantes », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Les programmes liés au VIH doivent être dotés de ressources suffisantes et être fermement axés sur les populations clés. Les investissements effectués aujourd'hui rapporteront plusieurs fois leur mise demain », a-t-il ajouté.

Des progrès dans la riposte régionale au VIH, mais ces acquis restent fragiles

D'après le rapport, environ 4,9 millions [4,5 millions–5,5 millions] de personnes vivaient avec le VIH dans la région Asie-Pacifique en 2009, un chiffre qui est resté relativement stable depuis 2005. La majorité d'entre elles habitait dans l'un des 11 pays suivants : Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Malaisie, Myanmar, Népal, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Thaïlande et Viet Nam.

L'ensemble de la région Asie-Pacifique a connu une diminution de 20 % du nombre des nouvelles infections entre 2001 et 2009—de 450 000 [410 000–510 000] à 360 000 [300 000–440 000]. Le Cambodge, l'Inde, le Myanmar et la Thaïlande ont considérablement réduit leur taux d'infection à VIH aux moyens de programmes de prévention intensifs et de grande envergure destinés aux personnes qui achètent et vendent des services sexuels.

Le nombre de personnes ayant accès au traitement antirétroviral vital dans la région a triplé depuis 2006, atteignant 740 000 personnes à la fin de l'année 2009. Le Cambodge est l'un des huit pays dans le monde à fournir une thérapie antirétrovirale à plus de 80 % des personnes candidates au traitement. Toutefois, à la fin de l'année 2009, plus de 60 % des personnes vivant dans la région Asie-Pacifique qui étaient candidates au traitement n'y avaient toujours pas accès.

Le rapport a mis en évidence une diminution estimée à 15 % des nouvelles infections à VIH chez les enfants depuis 2006. Pourtant, la couverture régionale des prestations liées au VIH visant la prévention des nouvelles infections chez les enfants reste à la traîne par rapport aux moyennes mondiales, notamment en Asie du Sud.

Selon le rapport, l'épidémie du VIH peut se propager même dans les pays où la prévalence était relativement faible. Par exemple, après plus de 20 ans d'une épidémie faible et d'évolution lente aux Philippines, le pays connaît actuellement une propagation rapide de l'infection dans les principales populations exposées. Dans la ville de Cébou, la prévalence du VIH chez les personnes consommant des drogues injectables a augmenté, passant de 0,6 % à 53 % entre 2009 et 2011. À Manille et Cébou, la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est estimée à 5 %.

Populations clés plus exposées au risque d'infection à VIH

Le rapport indique que les nouvelles infections à VIH dans la région restent concentrées au sein des populations clés : les personnes qui achètent et vendent des services sexuels, les consommateurs de drogues injectables, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres. La plupart des programmes destinés à protéger ces populations et leurs partenaires intimes de l'infection à VIH sont inadaptés en termes d'importance et d'envergure.

Dans la région, la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et des populations plus exposées au risque d'infection et la discrimination à leur encontre sont toujours très répandues. Environ 90 % des pays de la région conservent des lois et des politiques répressives qui barrent l'accès aux prestations vitales liées au VIH pour les personnes vivant avec l'infection et les populations clés.

D'après les données, une proportion importante des nouvelles infections à VIH au sein des principales populations exposées survient chez les jeunes de moins de 25 ans. Dans la plupart des cas, les programmes de prévention du VIH peinent à atteindre un nombre suffisant de jeunes plus exposés au risque.

Des ressources supplémentaires sont nécessaires d'urgence pour combattre le sida

La riposte au sida dans la région Asie-Pacifique est sous-financée selon le rapport. En 2009, 1,1 milliard USD a été alloué à la riposte au VIH dans 30 pays de la région —ce qui correspond approximativement au tiers du financement requis pour réaliser les objectifs de l'accès universel aux prestations liées au VIH.

Si la Chine, la Malaisie, le Pakistan, Samoa et la Thaïlande financent l'essentiel de leur riposte au VIH à partir de ressources nationales, de nombreux pays dans la région Asie-Pacifique dépendent largement des financements extérieurs, en particulier pour la fourniture de la thérapie antirétrovirale. Un investissement accru des ressources nationales, notamment dans les pays à revenu intermédiaire, est crucial pour la riposte au VIH en cours dans la région.

La baisse des dons internationaux menacent également les progrès accomplis dans la riposte régionale au sida. En 2009, l'aide internationale pour la lutte mondiale contre le sida a stagné pour la première fois en dix ans et a même diminué en 2010.

Toujours d'après le rapport, les investissements destinés à protéger du VIH les principales populations exposées restent insuffisants. Seulement 8 % des dépenses totales relatives au sida en Asie du Sud et 20 % en Asie du Sud-Est sont consacrés à la prévention du VIH dans les populations courant de plus hauts risques d'infection, selon les données détaillées des pays ayant fourni un rapport en 2010.


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Beth Magne Watts
tel. +66 81 835 34 76
magnewattsb@unaids.org
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Feature Story

À la veille de l'ICAAP 10, les défenseurs de la lutte contre le sida de la région Asie-Pacifique appellent à mettre en œuvre la Déclaration politique sur le VIH/sida

26 août 2011

(de gauche à droite) Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA, Ratu Epeli Nailatikau, président de la République des Îles Fidji, et Jong Sam Park, PDG de World Vision Korea. Réunion des défenseurs de la lutte contre le sida,
26 août 2011.
Photo : ONUSIDA/Kim

Une réunion des défenseurs de la lutte contre le sida, organisée juste avant la cérémonie d'ouverture du 10e congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique (ICAAP 10), a réuni quelques-uns des leaders et des militants les plus actifs d'Asie et du Pacifique, afin d'appeler les États, les associations de donateurs et d'autres partenaires à mettre en œuvre la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2011 : Intensifier nos efforts pour éliminer le VIH/sida, adoptée par tous les États membres de l'ONU lors d'une réunion de haut niveau sur le sida en juin.

Ont notamment participé à cet événement le président de la République des Îles Fidji, Ratu Epeli Nailatikau, l'ambassadeur australien pour le VIH, Murray Proctor, l'envoyé spécial pour le sida en Asie et dans le Pacifique, le Dr Nafis Sadik, et le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé.

« La réunion de haut niveau nous a donné les « mots ». Maintenant il nous faut de l'action », a déclaré le président Ratu Epeli Nailatikau. « Nous devons placer la barre plus haut et tirer les leçons des expériences de pays qui ont été confrontés à d'importantes épidémies de VIH, de manière à pouvoir mieux nous concentrer sur les ripostes menées dans nos propres communautés », a-t-il ajouté.

La réunion de haut niveau nous a donné les « mots ». Maintenant il nous faut de l'action. Nous devons placer la barre plus haut et tirer les leçons des expériences de pays qui ont été confrontés à d'importantes épidémies de VIH, de manière à pouvoir mieux nous concentrer sur les ripostes menées dans nos propres communautés

Son Excellence Ratu Epeli Nailatikau, président de la République des Îles Fidji

Avec l'ICAAP, considéré comme le deuxième plus grand forum sur le VIH au monde, cette rencontre des défenseurs de la lutte contre le sida représente pour les participants une formidable opportunité d'harmoniser les stratégies de défense, de débattre et de discuter.

« Cette réunion n'a pas seulement un impact sur la région Asie-Pacifique, mais sur le monde entier. Pour honorer les engagements pris lors de la réunion de haut niveau, vers l'objectif zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida dans le monde, nous devons revoir notre façon d'agir », a indiqué M. Sidibé lors de son intervention. « Pour ce faire, il nous faut des défenseurs de la lutte contre le sida issus des autorités gouvernementales, de la société civile et d'autres partenaires. Mais nous ne devons pas oublier les personnes qui ne se trouvent pas dans cette salle : nous devons aussi écouter ce qu'elles ont à dire », a-t-il déclaré.

De nombreux représentants de parlements nationaux, de la société civile et du secteur privé ont participé à la réunion. Les ambassadeurs pour le VIH et les défenseurs de la lutte contre le sida se sont engagés à soutenir les efforts de défense menés au niveau régional et national et destinés à assurer l'accès des populations les plus touchées aux services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH.

Pour honorer les engagements pris lors de la réunion de haut niveau, vers l'objectif zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida dans le monde, nous devons revoir notre façon d'agir

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

 « Malgré les difficultés financières actuelles, la communauté d'Asie et du Pacifique détient ici une occasion d'examiner avec attention les engagements mondiaux et de déterminer la manière dont ces derniers s'intègrent au mieux dans nos contextes régionaux, afin de garantir que les moyens de riposte et les programmes s'adressent clairement aux populations les plus exposées au risque », a déclaré Murray Proctor, ambassadeur australien pour le VIH.

La réunion a également mis en lumière le rôle crucial des leaders existants et émergents dans la riposte au sida dans la région, pour atteindre « l'objectif zéro » et impliquer les jeunes leaders issus des populations les plus exposées au risque. Les jeunes issus des populations marginalisées, comme les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les professionnel(le)s du sexe, comptent parmi les plus vulnérables à l'infection par le VIH dans la région Asie-Pacifique.

S'exprimant au nom des jeunes du pays accueillant l'ICAAP 10, un jeune leader coréen a déclaré : « C'est la première fois que nous participons à un tel forum à l'échelle régionale. Nous sommes prêts. Nous avons besoin de conseils et de soutien pour nous aider à développer une vision innovante et à veiller à ce que les jeunes coréens exposés au risque puissent avoir accès aux informations et à l'éducation sur le VIH, ainsi qu'aux services de lutte contre le virus ».

Dans le contexte du thème de cette année, « Voix multiples, action unie », les défenseurs de la lutte contre le sida ont signé une déclaration commune qui sera lue lors de la cérémonie d'ouverture officielle de l'ICAAP 10.

Feature Story

Le dixième congrès sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique s'est ouvert avec le thème « Voix multiples, action unie »

26 août 2011

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA, s'adresse
aux participants au cours de la cérémonie d'ouverture de l'ICAAP 10.
Photo : ONUSIDA/Kim

Le 10e congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique (ICAAP) s'est ouvert le 26 août 2011 à Busan, en Corée du Sud, avec le thème « Voix multiples, action unie ». Cet événement est organisé tous les deux ans par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et par la Société de lutte contre le sida en Asie et dans le Pacifique (ASAP).

Parmi les délégués présents à la cérémonie d'ouverture se trouvaient la ministre sud-coréenne de la Santé et de la Protection sociale, Soo-hee CHIN, le président des îles Fidji, Ratu Epeli Nailatikau, et le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé. Par ailleurs, des centaines de militants et de chercheurs venant de l'ensemble de la région se sont aussi déplacés pour l'occasion.

L'ICAAP se déroule à un moment crucial de l'épidémie et de la riposte au sida dans la région. Selon un nouveau rapport publié par l'ONUSIDA avant le congrès, la région Asie-Pacifique se trouve à un tournant décisif : bien que les progrès réalisés dans la région aient été impressionnants et incluent notamment un taux d'accès à la thérapie antirétrovirale multiplié par trois depuis 2006, ils sont menacés par une attention inadaptée aux populations courant de plus hauts risques d'infection au VIH et par l'insuffisance des fonds provenant à la fois de sources de financement nationales et internationales.

Plus de 60 % des personnes qui vivent avec le VIH en Asie et dans le Pacifique n'ont toujours aucun accès au traitement du VIH. La science démontre clairement que, lorsque les malades suivent un traitement antirétroviral, ce dernier offre une protection de 96 % contre le VIH. Alors, qu'attendons-nous ?

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

« L'heure n'est pas à l'autosatisfaction », a déclaré le directeur exécutif de l'ONUSIDA devant plus de 2 000 personnes lors de la cérémonie d'ouverture de l'ICAAP. « Plus de 60 % des personnes qui vivent avec le VIH en Asie et dans le Pacifique n'ont toujours aucun accès au traitement du VIH. La science démontre clairement que, lorsque les malades suivent un traitement antirétroviral, ce dernier offre une protection de 96 % contre le VIH. Alors, qu'attendons-nous ? »

Les principaux objectifs de l'ICAAP sont les suivants : responsabiliser et renforcer le leadership politique, communautaire et professionnel en adoptant des approches consultatives, collaboratives et participatives, et offrir une tribune où les acteurs des communautés de toute la région Asie-Pacifique puissent se rassembler afin de proposer une action unie.

« Nous sommes réunis ici parce que, en fin de compte, nous voulons tous la même chose : la santé, un moyen de subsistance et l'acceptation de tous, indépendamment de la race, de la religion, de l'orientation sexuelle, de l'identité de genre, de la profession ou du statut sérologique », a affirmé Laurindo Garcia, ressortissant philippin et coordinateur de deux réseaux régionaux en Asie et dans le Pacifique pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles.

Les délégués devraient prendre des engagements sur un vaste éventail de sujets et de contextes en rapport avec l'épidémie de VIH dans la région Asie-Pacifique, dont les obstacles légaux à un accès universel, les progrès récemment accomplis dans la recherche basique et clinique sur le VIH, la prévention dans les communautés en rapide mutation d'hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et l'environnement politique et financier en constante évolution, ainsi que son implication en faveur de la riposte au sida.

Nous sommes réunis ici parce que, en fin de compte, nous voulons tous la même chose : la santé, un moyen de subsistance et l'acceptation de tous, indépendamment de la race, de la religion, de l'orientation sexuelle, de l'identité de genre, de la profession ou du statut sérologique.

Laurindo Garcia, militant

Le congrès a aussi pour objectif de garantir que les communautés affectées et leurs familles ne soient pas en butte à la stigmatisation, la marginalisation et la discrimination en luttant contre les obstacles et en œuvrant pour créer des sociétés dans lesquelles tous les droits de l'homme sont garantis.

« En Corée du Sud, nous nous sommes focalisés sur le contrôle de l'infection par le VIH, qui est donc devenue le pilier de notre politique nationale en matière de VIH », a expliqué Mme Chin, ministre sud-coréenne, dans un communiqué. « Néanmoins, nous réalisons aujourd'hui que nous devons modifier notre approche de manière à intégrer aussi les problèmes des droits de l'homme dans les soins des personnes vivant avec le VIH », a-t-elle ajouté. Même si la prévalence nationale du sida en Corée du Sud est très faible, la stigmatisation et la discrimination restent des obstacles majeurs à l'accès aux services de lutte contre le VIH dans la riposte au sida mise en œuvre dans le pays.

Organisée sur cinq jours, la conférence aura rassemblé plus de 4 000 délégués représentant plus de 55 pays autour de discussions sur la riposte au sida dans la région. Le 10e congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique s'achève le 30 août.

Discours

Discours

Feature Story

Les bénévoles de « Young People We Care » aident les foyers vulnérables au Zimbabwe

24 août 2011

Une première version de ce témoignage a été publiée sur UNICEF.org

Bénévoles de Young People We Care en pleine récolte pour Ambuya Sylvia Nyawera.
Photo : Bertha Shoko/Nyanga, Zimbabwe

Ambuya Sylvia Nyawera est une femme âgée originaire du village de Dombo, dans la région rurale de Nyanga au Zimbabwe, à environ 300 kilomètres à l'Est d'Harare. Elle souffre de solitude. Après avoir passé le week-end avec son fils John, enseignant dans une autre région de Nyanga, Mme Nyawera est de nouveau seule.

Elle a perdu ses autres enfants à cause de maladies liées au sida il y a quelques années. « S'ils étaient là, ils prendraient soin de moi », dit-elle. « John fait de son mieux mais il ne peut pas être là en permanence car il doit travailler et s'occuper de sa famille ».

Si la prévalence du VIH au Zimbabwe est en déclin, elle reste élevée, à plus de 14 % chez la population adulte. De nombreuses personnes âgées ont subi les dommages collatéraux du VIH, la mort de leurs enfants les laissant isolés. Certains s'occupent également du million d'orphelins du sida à travers le pays. 

Si Mme Nyawera languit profondément ses enfants disparus, le ciel lui a envoyé d'autres « enfants » qui lui rendent visite au moins trois fois par semaine par le biais du programme YPWC (Young People We Care). Elle attend leur visite avec impatience. 

Soulager le fardeau

Une initiative de l'UNICEF Zimbabwe, le programme YPWC a débuté en 2005. Elle entre dans le cadre d'un effort visant à aider les foyers touchés par la maladie ou composés d'une personne âgée dont personne ne peut s'occuper.

Sans ces enfants, mes récoltes seraient moindres. Ils travaillent dur. Que Dieu les bénisse

Ambuya Sylvia Nyawera, Nyanga, Zimbabwe

Le programme YPWC fournit également des informations aux jeunes sur la prévention du VIH, l'accès aux soins et au traitement pour les jeunes dans le besoin et une formation pour se préparer à l'âge adulte. Plusieurs milliers de jeunes ont maintenant participé au programme.

La saison agricole passée, les membres de YPWC ont aidé Mme Nyawera à planter et récolter environ 20 sacs de maïs, sa plus grosse récolte en cinq ans. Ils l'ont également aidée à planter et récolter des pommes de terre, ce qui a considérablement amélioré la sécurité alimentaire de son foyer.

« Sans ces enfants, mes récoltes seraient moindres. Ils travaillent dur. Que Dieu les bénisse », a déclaré Mme Nyawera.

Une expérience enrichissante

Faire partie d'un club YPWC profite souvent aux jeunes bénévoles. Le club de Nyanga se compose de 10 jeunes ayant terminé l'école.

Avant de devenir membre du programme YPWC, je ne savais pas grand chose du sida. À présent, je sais que je peux vivre une vie normale et productive malgré ma séropositivité

Hilda, membre du club YPWC à Nyanga, Zimbabwe

L'une d'entre eux, Hilda, 18 ans, vit avec le VIH depuis sa naissance et a récemment commencé un traitement antirétroviral. En raison de sa maladie, Hilda est parfois dans l'incapacité de rejoindre son équipe pour les visites à domicile, mais elle ne manque jamais l'occasion d'y aller lorsqu'elle se sent bien.  

Hilda dit que le fait d'être bénévole lui a permis de mieux gérer son infection au VIH.

« Avant de devenir membre du programme YPWC, je ne savais pas grand chose du sida », se souvient-elle. « À présent, je sais que je peux vivre une vie normale et productive malgré ma séropositivité ».

Un début de solution

Avec l'aide de l'UNICEF et beaucoup d'autres, le YPWC continue de faire la différence dans les villes et villages du pays. 

« On ne parlera jamais assez du rôle des clubs YPWC dans les communautés », indique le représentant de l'UNICEF au Zimbabwe, Dr Peter Salama. « À cause du VIH, le fardeau des soins reste très élevé dans de nombreuses communautés », ajoute-t-il. « Les jeunes représentent un élément essentiel de la solution, et nous devons continuer d'honorer leurs compétences et leur énergie ».

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