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Un rapport démontre que la stigmatisation et la discrimination envers les personnes qui vivent avec le VIH restent largement répandues en Asie et dans le Pacifique
29 août 2011
29 août 2011 29 août 2011
« La stigmatisation en rapport avec le VIH est omniprésente dans la vie des personnes touchées par le VIH. La stigmatisation marque ces personnes comme étant différentes et déshonorées... La stigmatisation se manifeste par des attitudes discriminatoires et parfois violentes envers les personnes vivant avec le VIH, leur famille et les autres personnes touchées par le virus. »
Voilà comment débute le rapport intitulé People Living with HIV Stigma Index: Asia Pacific Regional Analysis (Index de la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH : analyse pour la région Asie-Pacifique), présenté le quatrième jour du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique (ICAAP), organisé à Busan, en Corée du Sud.
Bien que les données de l'analyse diffèrent souvent considérablement selon le contexte du pays concerné, l'étude démontre que la stigmatisation et la discrimination sévissent encore dans la région et sont avérées dans de nombreux environnements, notamment dans la vie familiale et communautaire, de même que dans la vie professionnelle et en rapport avec les soins de santé.
Par exemple, l'analyse a démontré qu'un fort pourcentage de personnes vivant avec le VIH avaient perdu leur travail ou leur source de revenu au cours des 12 derniers mois en raison de leur statut sérologique : cette proportion s'étend de 16 % pour les Îles Fidji à 50 % pour le Cambodge. Par ailleurs, des personnes se sont vu refuser un emploi – de 9 % des personnes interrogées au Bangladesh à 38 % dans les Philippines.
La stigmatisation et la discrimination basées sur le statut sérologique, l'orientation sexuelle ou le style de vie choisi sont inacceptables et empêchent une riposte efficace au sida
M. Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA
« La stigmatisation et la discrimination basées sur le statut sérologique, l'orientation sexuelle ou le style de vie choisi sont inacceptables et empêchent une riposte efficace au sida », a déclaré Michel Sidibé lorsqu'il a présenté quelques éléments du rapport à l'occasion d'une session précédente de l'ICAAP. « L'index de la stigmatisation est une initiative importante qui vient renforcer les données probantes permettant aux gouvernements et aux partenaires de la société civile d'œuvrer plus efficacement en faveur de l'éradication de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH. »
Analyse réalisée dans neuf pays
Ce rapport est une synthèse des études réalisées dans neuf pays de la région Asie-Pacifique, à savoir le Bangladesh, la Birmanie, le Cambodge, la Chine, les Îles Fidji, le Pakistan, les Philippines, le Sri Lanka et la Thaïlande, et apporte la première comparaison régionale à grande échelle des indicateurs normalisés de la stigmatisation liée au VIH.
Parmi ces neuf pays, la discrimination dans les lieux de soins est un problème mentionné de façon récurrente. Dans l'ensemble des pays de l'analyse, les données démontrent que de nombreuses personnes vivant avec le VIH évitent les cliniques et les hôpitaux par peur d'une discrimination liée à leur statut sérologique. Dans les lieux de soins, la confidentialité et les tests de dépistage du VIH imposés ont aussi été cités.
Le rapport montre que la discrimination est une réalité à tous âges. Par exemple, jusqu'à 35 % des personnes de moins de 25 ans vivant avec le VIH en Chine ont signalé que leurs enseignants adoptaient une attitude discriminatoire en raison de leur statut sérologique.
Un autre problème omniprésent mentionné dans les études réalisées dans les neuf pays : la fréquence des insultes et des menaces ressenties par les personnes vivant avec le VIH. En Birmanie notamment, jusqu'à 45 % des personnes interrogées ont déclaré avoir déjà été en butte à une discrimination de ce type.
Même lorsque les répondants n'ont pas été confrontés à une discrimination directe, ils ont généralement avoué avoir peur de la discrimination et modifier leur comportement en conséquence, comme le suggère le rapport.
L'analyse aborde aussi la question de l'« auto-stigmatisation » des personnes vivant avec le VIH. Selon les rapports nationaux étudiés, plus d'un tiers des personnes vivant avec le VIH en Thaïlande ont décidé de ne pas se marier. Au Bangladesh, ce chiffre est encore plus élevé (jusqu'à 77 %), et 85 % des personnes vivant avec le VIH dans ce pays ont aussi décidé de ne pas avoir d'enfant en raison de leur statut sérologique.
Lors de la publication de l'analyse, Sangeeth Dolapihilla, coordinatrice jeunesse du Réseau des femmes séropositives, a souligné à quel point ce type de stigmatisation est fréquent chez les personnes vivant avec le VIH. « L'Index de la stigmatisation a démontré que les personnes qui vivent avec le VIH doivent aussi lutter contre une stigmatisation intérieure ; nous estimons que nous n'avons pas le droit d'avoir des rapports sexuels, encore moins des enfants », a-t-elle indiqué. « Que faire pour que nos besoins soient satisfaits, et pour que nous arrivions à nous débarrasser de notre stigmatisation intérieure ? »
Des preuves pour une action efficace
Les découvertes de cette analyse permettent d'étudier la stigmatisation et la discrimination liées au VIH et de fournir un mécanisme de comparaison des expériences en fonction des lieux et des dates, et seront utilisées pour soutenir les ripostes nationales au HIV. Le rapport pourra aussi être utilisé comme base pour mesurer les avancées en matière de diminution de la stigmatisation et de la discrimination.
Le rapport inclut des recommandations pour les différents pays, consistant par exemple à garantir que les remèdes à la stigmatisation sont englobés dans des ripostes politiques et programmatiques au VIH cohérentes au niveau national, à améliorer les ripostes légales et politiques à la stigmatisation et à la discrimination liées au VIH et à renforcer les composantes politiques et pratiques pour réduire la stigmatisation et la discrimination liées au VIH dans les lieux de soins.
L'initiative Index de la stigmatisation résulte d'une collaboration entre le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH/sida, la Fédération internationale pour la Planification familiale et l'ONUSIDA.
Cette initiative est importante non seulement pour ses découvertes mais aussi en raison de ses modalités de réalisation : l'Index de la stigmatisation adopte une approche totalement participative, où la stratégie de recherche et la collecte des données sont pilotées par des organisations de personnes vivant avec le VIH, avec le soutien de partenaires nationaux et internationaux.
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- ICAAP 2011 (en anglais)
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Vies secrètes, autres voix : une étude sur la sexualité, l'identité de genre et le risque de transmission du VIH dans les îles Fidji
28 août 2011
28 août 2011 28 août 2011
Ratu Epeli Nailitikau, président des îles Fidji, lit le rapport Vies secrètes, autres voix.
Photo : ONUSIDA/Kim
Une nouvelle étude intitulée Vie secrètes, autres voix a été présentée à l'occasion du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique . Elle porte sur la sexualité, l'identité de genre et le risque de transmission du VIH dans les îles Fidji et constitue la première recherche de ce type réalisée depuis 1998 parmi les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles dans ce pays.
M. Ratu Epeli Nailitikau, président des îles Fidji, était présent pour l'occasion.
Avec plus de 200 participants, le projet d'étude a impliqué des membres du personnel et des volontaires du Groupe de travail sur le sida du projet Amithi pour les îles Fidji (AIDS Task Force of Fiji's Amithi Project) et du Conseil sur le sida de la Nouvelle-galles du Sud (AIDS Council of New South Wales).
Destinée à donner des informations sur la riposte au VIH et sur le développement des activités à assise communautaire, la recherche a été conduite par des membres de la communauté. Le personnel de recherche a intégré des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transsexuelles aux contextes sociaux et éthiques très divers, qui ont pris part à toutes les étapes du processus dont la planification, la collecte des données, l'analyse et l'établissement de rapports.
Cette étude a fait apparaître que les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes sont très exposés au risque d'infection par le VIH aux îles Fidji. Seuls 21,6 % des répondants ont déclaré avoir toujours utilisé un préservatif lors de rapports sexuels anaux avec un partenaire homme ou transsexuel au cours des six derniers mois. Plus d'un sur cinq ont signalé ne jamais en utiliser.
Bien que le niveau des connaissances sur le HIV soit bon, puisque plus de 66 % des personnes interrogées ont répondu correctement aux questions relatives à la transmission, ces connaissances ne sont pas appliquées dans la pratique.
Ce rapport a également analysé les transactions sexuelles et a révélé que deux tiers des participants ont déclaré donner ou recevoir de l'argent, des cadeaux ou des faveurs en échange de rapports sexuels, ce qui en fait une pratique courante.
Parmi les personnes interrogées, seules 10 % avaient effectué un test de dépistage du VIH au cours des 12 mois précédents et en connaissaient la réponse. Les obstacles déclarés à la réalisation de ce test englobent des aspects de confidentialité et d'intimité, et les participants ont aussi mentionné l'attitude critique du personnel travaillant dans les cliniques.
De nombreux participants à l'étude avaient été confrontés à une forme ou une autre de stigmatisation et de discrimination. Environ les deux tiers ne se sentaient pas en sécurité, ni suffisamment à l'aise pour exprimer ouvertement leur sexualité ou leur genre. Près de 57 % ont signalé avoir subi des agressions verbales et un tiers avoir été blessé physiquement au cours des six mois précédents.
Avec le soutien technique du PNUD et de l'ACON, nous avons pu démontrer que la société civile est capable de mener à bien des projets de recherche poussés de très bonne qualité
Niraj Singh, co-auteur de Vies secrètes, autres voix
Le rapport recommande que les interventions en matière de prévention du VIH et de santé soient appropriées du point de vie culturel et axées vers les différents groupes de la communauté des hommes ayant des rapports avec des hommes et des personnes transsexuelles, la plupart s'identifiant eux-mêmes de façon différente. L'accès à un test de dépistage du VIH plus humain devrait être intensifié et les professionnels de santé devraient suivre des formations pour mieux répondre aux besoins des hommes ayant des rapports avec des hommes et des personnes transsexuelles, selon les auteurs.
En outre, le rapport recommande un effort concerté pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination et augmenter les services psychosociaux et de soutien. Les hommes qui ont des rapports avec des hommes et les personnes transsexuelles sont aussi encouragés à développer des compétences de mobilisation, pour faire entendre leurs voix.
« Avec le soutien technique du PNUD et de l'ACON, nous avons pu démontrer que la société civile est capable de mener à bien des projets de recherche poussés de très bonne qualité », a déclaré Niraj Singh, chef de projet au sein du Groupe de travail sur le sida pour les îles Fidji et co-auteur du rapport.
« Le Groupe de travail sur le sida pour les îles Fidji a une vision très claire des priorités à mettre en œuvre pour transposer la recherche en actions concrètes. Nous disposons désormais d'une ligne de conduite qui nous permettra de concevoir et de mettre en place des programmes efficaces qui sauront répondre aux besoins d'une population très diversifiée d'hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et de personnes transsexuelles aux îles Fidji. Cette étude constitue une contribution précieuse aux efforts nationaux et régionaux actuels visant à garantir que ces communautés sont mieux aidées et mieux protégées », a-t-il conclu.
Le projet Vies secrètes, autres voix a été financé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Liens externes
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- ICAAP10 (en anglais)
- AIDS Council of New South Wales (en anglais)
Publications
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- Vies secrètes, autres voix (en anglais)
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Accélération du traitement 2.0 en Asie et dans le Pacifique
28 août 2011
28 août 2011 28 août 2011
Si le nombre de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement antirétroviral en Asie-Pacifique a quasiment triplé en passant de 280 000 en 2006 à 739 000 en 2009, la couverture reste faible et seule une personne vivant avec le VIH sur trois avait accès à un traitement dans la région cette année-là.
L'accès précoce et équitable au traitement est entravé par la stigmatisation, la discrimination et des services inaccessibles. L'utilisation limitée d'outils diagnostiques rapides et les mauvaises associations entre le dépistage du VIH, le conseil et le traitement retardent l'initiation du traitement. Les contraintes liées au financement viennent également entraver l'élargissement et l'accès durable aux ART.
Avec 4,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans la région, six pays représentent plus de 90 % des personnes éligibles pour recevoir un traitement : la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Myanmar, la Thaïlande et le Viet Nam.
Traitement 2.0 : la prochaine phase de l'ART
C'est sur cette toile de fond que l'Organisation mondiale de la santé et l'équipe de soutien régional de l'ONUSIDA pour l'Asie et le Pacifique, en collaboration avec le groupe de travail du réseau Asie-Pacifique de personnes vivant avec le VIH (ANP +), ont organisé une session pour explorer les composants essentiels de Traitement 2.0, une approche innovante du traitement, au deuxième jour du 10ème Congrès international sur le sida en Asie et dans le Pacifique.
Dans notre région, certaines personnes vivant avec le VIH ne savent même pas que le VIH peut être traité
John Rock, d'APN +
Traitement 2.0 est une initiative coordonnée par l'ONUSIDA et l'OMS pour catalyser la prochaine phase de l'élargissement du traitement anti-VIH et se base sur la santé publique et les droits de l'homme. L'approche tend à un accès universel et durable au traitement antirétroviral grâce à une simplification et une innovation radicales des régimes thérapeutiques, un renouvellement de l'engagement et des ressources, avec un accent sur les systèmes de distribution décentralisés, et un engagement plus important des communautés.
« Des gains substantiels peuvent être atteints grâce à une affectation des tâches appropriée et des systèmes de distribution communautaires », a déclaré le Dr Iyanthi Abeyewickreme, conseiller régional en matière de VIH/IST au Bureau régional de l'Asie du Sud-Est de l'OMS. « Les services décentralisés permettront de déployer des ressources rares pour maximiser leur effet. »
Bénéfices humains et économiques
Avec 60 % des personnes éligibles pour recevoir un traitement dans la région sans pouvoir y avoir accès, l'élargissement est urgent. Les bénéfices humains et économiques du traitement antirétroviral pour les personnes vivant avec le VIH sont largement prouvés. Par exemple, en Chine, on estime que la fourniture d'un traitement antirétroviral gratuit a entraîné une baisse de 64 % de la mortalité liée au sida. Une étude récente a également montré que le risque de transmission du VIH à un partenaire sexuel non infecté pouvait être réduit de 96 % lorsque les personnes vivant avec le VIH reçoivent rapidement un traitement antirétroviral efficace.
John Rock, d'APN +, a déclaré qu'une meilleure connaissance des bénéfices salvateurs du traitement était nécessaire : « Dans notre région, certaines personnes vivant avec le VIH ne savent même pas que le VIH peut être traité », a-t-il indiqué. Il a également signalé que l'accès au traitement devait être assuré, conformément aux accords de libre échange susceptibles d'affecter la capacité financière et la disponibilité.
Le financement est indispensable pour profiter des nombreux développements et opportunités dans le domaine thérapeutique
Dr Bob Verbruggen de l'équipe de soutien régional de l'ONUSIDA en Asie-Pacifique
L'élargissement du traitement dans la région exige un financement accru et durable. Mais les experts présents à la session de Traitement 2.0 ont insisté sur le fait que l'investissement permettrait de garantir des économies à l'avenir.
De quoi a-t-on besoin pour élargir le traitement ?
Le Dr Bob Verbruggen de l'équipe de soutien régional de l'ONUSIDA en Asie-Pacifique, a déclaré : « Le financement est indispensable pour profiter des nombreux développements et opportunités dans le domaine thérapeutique. La mise en oeuvre de Traitement 2.0 exigera un financement à court terme important de la part de sources internationales et nationales, mais cela entraînera des économies considérables à moyen et long termes si nous investissons simultanément dans des programmes de prévention du VIH à fort impact. »
La session a souligné l'expérience des pays et les étapes clés pour déployer l'initiative Traitement 2.0 dans la région Asie-Pacifique, ainsi que les résultats préliminaires de pays pilotes comme le Viet Nam. Parmi les recommandations émises figuraient l'action combinée de l'optimisation des régimes médicamenteux, l'évolution des lieux de soins et d'autres plateformes simplifiées pour le diagnostic, la surveillance, la réduction des coûts, l'adaptation des systèmes de distribution, ainsi que la mobilisation des communautés et la protection des droits de l'homme.
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« Penser politique » : des stratégies pour une riposte efficace au VIH en Asie et dans le Pacifique
28 août 2011
28 août 2011 28 août 2011
Le Dr Nafis Sadik, envoyée spéciale du secrétaire général
des Nations Unies pour le VIH/sida, le Dr Kent Buse, conseiller principal auprès de l'UNAIDS, et le Dr Werasit Sittitrai, Croix-Rouge thaïlandaise, lors de l'événement
« Penser politique ».
Photo : ONUSIDA/Kim
Des militants, des universitaires et des chargés de programmes sur le VIH se sont rencontrés à Busan, en Corée du Sud, à l'occasion du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique (ICAAP 10), afin d'étudier et de débattre des complexités politiques de la riposte au VIH. L'événement, intitulé « Sciences politiques et politiques sur le VIH en Asie et dans le Pacifique », a mis en évidence la nature souvent hautement contestée de la riposte à l'épidémie.
Cet événement a été organisé dans le cadre d'une initiative mondiale pilotée par l'ONUSIDA et la Société internationale du sida, appelée « Penser politique pour la riposte au sida ». Cette initiative cherche à renforcer l'aptitude des personnes engagées dans cette riposte à comprendre et à influencer les pouvoirs politiques de façon plus systématique, afin de créer un environnement propice pour une riposte efficace au sida.
Les participants ont partagé des analyses politiques efficaces, qui ont permis d'identifier les opportunités stratégiques de faire progresser l'agenda sur le VIH dans une direction positive dans les pays de l'ensemble de la région.
« Lorsque j'ai débuté mes travaux sur la santé reproductive, j'ai découvert beaucoup de suspicion et d'ignorance, même parmi les personnes les mieux informées. Une grande partie de cette attitude négative a aujourd'hui disparu », a déclaré Nafis Sadik, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour le VIH/sida. « Les dirigeants politiques ont finalement compris qu'ils avaient davantage à gagner qu'à perdre en répondant à la demande latente considérable en faveur de services de santé reproductive, tout particulièrement chez les femmes, et la même remarque s'applique pour le VIH. »
Les dirigeants politiques ont finalement compris qu'ils avaient davantage à gagner qu'à perdre en répondant à la demande latente considérable en faveur de services de santé reproductive, tout particulièrement chez les femmes, et la même remarque s'applique pour le VIH
Dr Nafis Sadik, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour le VIH/sida
Certains pays de la région Asie-Pacifique ont fait montre d'une action politique de riposte impressionnante au cours des dix dernières années. La Thaïlande est un parfait exemple de « success story » des années 1990, avec une baisse drastique du nombre de nouvelles infections au VIH (de 143 000 nouvelles infections en 1991 à 29 000 en l'an 2000). Le Dr Werasit Sittitrai, de la Croix-Rouge thaïlandaise, est intervenu pour expliquer la manière dont ces résultats ont pu être obtenus, grâce à une transformation du paysage politique rendue possible par une sensibilisation basée sur des preuves probantes et par les pressions incessantes de la société civile. « L'une des stratégies les plus réussies a consisté à présenter les conséquences économiques potentielles d'une inaction de nos dirigeants politiques », a-t-il expliqué.
Même si la région peut aujourd'hui se féliciter des progrès accomplis, la riposte au VIH ne s'en trouve pas moins à un véritable tournant. Les programmes sont retardés par la saturation des donateurs et de nombreux pays appliquent encore des lois et des politiques qui empêchent dans les faits les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus exposées au risque d'accéder aux services qui pourraient leur sauver la vie. Dans ce contexte, une meilleure appréciation par les pouvoirs politiques des défis à relever est cruciale pour poursuivre dans la voie du succès - notamment pour la prochaine génération de dirigeants.
L'une des stratégies les plus réussies a consisté à présenter les conséquences économiques potentielles d'une inaction de nos dirigeants politiques
Dr Werasit Sittitrai, Croix-Rouge thaïlandaise
Selon le Dr Kent Buse, président de la session et conseiller principal auprès de l'ONUSIDA, « la riposte au sida est hautement politique parce que certains comportements qui exposent les populations au VIH, à savoir les rapports sexuels, le commerce du sexe et la consommation de drogues, sont tabous dans de nombreuses sociétés. Les personnes qui vivent avec le VIH et qui sont touchées par le virus doivent donc constamment défier les valeurs et les idéologies des leaders et de la communauté internationale. »
Parmi les autres intervenants à l'occasion de cet événement, citons le Professeur Dennis Altman, de l'Université de La Trobe, co-président du Groupe consultatif sur le penser politique, et le Dr David Stephens de RTI International.
Les discussions tenues lors de cette session alimenteront des débats plus vastes ainsi que des événements organisés à l'occasion de la Conférence Internationale de 2012 sur le sida (Washington DC, États-Unis). Une édition spéciale de Contemporary Politics, contenant des études de cas portant sur les éléments de riposte politique au VIH mis en œuvre dans certains pays, est en cours de préparation et devrait être publiée avant la Conférence de 2012.
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Éliminer les nouvelles infections au VIH et la syphilis congénitale chez les enfants en Asie et dans le Pacifique
27 août 2011
27 août 2011 27 août 2011
Ngan vit avec le VIH. Son fils est né sans être infecté par le VIH car Ngan a eu accès aux services de prévention de la transmission mère-enfant.
Photo : ONUSIDA/Mott
L'un des principaux objectifs de la riposte mondiale au sida est d'éliminer d'ici 2015 les nouvelles infections au VIH chez les enfants et de prolonger la vie de leurs mères. En Asie et dans le Pacifique, la Thaïlande et le Cambodge sont en passe d'atteindre cet objectif. Cependant, dans l'ensemble, la portée de la prévention de la transmission mère-enfant est bien en-deçà des moyennes mondiales, avec des écarts très importants entre les pays de la région.
Lors d'un symposium qui a eu lieu le 27 août à l'occasion du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique, des experts se sont penchés sur les meilleurs moyens d'atteindre l'objectif de 2015 en Asie et dans le Pacifique et sur les mesures concrètes à entreprendre dès à présent. Organisée par le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'ONUSIDA, la session a également examiné les progrès accomplis dans la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant et débattu des opportunités et des difficultés rencontrées.
Cet événement était destiné à mettre sur pied le Plan mondial pour l'élimination des nouvelles infections par le VIH chez les enfants d'ici 2015 et le prolongement de la vie de leurs mères, lancé en juin 2011, ainsi qu'un cadre pour le groupe de travail régional de l'ONU chargé de cette question, élaboré en novembre 2010.
Les participants ont appris qu'une meilleure couverture des services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis, un meilleur suivi des mères vivant avec le VIH et de leurs enfants, et une meilleure coordination entre les services de santé dans la région sont essentiels pour éliminer les nouvelles infections chez les enfants.
« Pour atteindre l'objectif de zéro nouvelle infection chez les enfants d'ici 2015, les services de santé nationaux et les communautés doivent travailler ensemble », a indiqué Steven Kraus, directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Asie et le Pacifique, dans le cadre de cette session. « La coordination des efforts permettra non seulement de sauver des vies et de stopper la transmission du VIH aux enfants, mais aussi de renforcer les systèmes de santé nationaux ».
Anupama Rao Singh, directrice régionale de l'UNICEF pour l'Asie orientale et le Pacifique, a insisté sur le fait que, bien que les pays de la région s'efforcent d'intensifier la lutte pour l'éradication des nouvelles infections au VIH chez les enfants, un meilleur suivi est nécessaire. « À cause de l'absence de suivi fondamental, ils ignorent combien d'enfants nés de mères séropositives au VIH ne sont pas infectés par le virus et combien le sont », a-t-elle ajouté ; « un meilleur suivi, en particulier grâce à une bonne gestion des données et à des contrôles réguliers, permettra de franchir un grand pas vers notre objectif ultime de zéro nouvelle infection chez les enfants de la région ».
Pour atteindre l'objectif de zéro nouvelle infection chez les enfants d'ici 2015, les services de santé nationaux et les communautés doivent travailler ensemble
Steven Kraus, directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Asie et le Pacifique
Sans systèmes de suivi adaptés, beaucoup d'enfants infectés par le VIH à leur naissance ou lors de l'allaitement ne sont pas traités, et près de la moitié d'entre eux meurent avant leur deuxième anniversaire.
La nécessité d'élargir l'accès au traitement antirétroviral (ARV) a également été mise en avant.
« Des techniques telles que les recommandations 2010 de l'OMS pour les médicaments antirétroviraux destinés au traitement des femmes enceintes et la prévention des infections au VIH chez les nourrissons existent, et nous savons ce qu'il faut faire. Nous disposons désormais d'une nouvelle stratégie pour agir plus efficacement avec des moyens qui contribuent également à renforcer les services de santé », a expliqué le Dr Samlee Pliangbanchang, directeur régional de l'OMS pour l'Asie du Sud-Est. « La vision d'une nouvelle génération sans VIH est à notre portée ».
Les participants ont conclu qu'en proposant des services de planification familiale et de soins prénatals coordonnés de grande qualité, en identifiant et en traitant les femmes enceintes qui vivent avec le VIH et la syphilis, et en fournissant un traitement de suivi pour les enfants, les pays de la région peuvent atteindre l'objectif de zéro nouvelle infection chez les enfants et prolonger la vie de leurs mères.
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Le président fidjien s'engage dans la riposte contre le sida
27 août 2011
27 août 2011 27 août 2011
Le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, et le président fidjien, Ratu Epeli Nailitikau, en pleine discussion à l'occasion de l'ICAAP 10.
Photo : ONUSIDA/Kim
À l'occasion d'une réunion avec le président fidjien le 27 août, le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a félicité le dirigeant fidjien et son gouvernement pour les amendements récents apportés au Décret 2011 sur le VIH/sida du pays. Adoptés officiellement le 25 août, les amendements suppriment les restrictions de déplacements liées au VIH et garantissent une meilleure protection des droits des personnes vivant avec le VIH.
« Monsieur le Président, les Nations Unies saluent la décision claire et courageuse qu'a prise votre gouvernement en début de semaine visant à lever les restrictions de déplacements pour les personnes vivant avec le VIH », a déclaré M. Sidibé. « Le monde entier a besoin d'une voix telle que la vôtre. Je tiens à vous remercier sincèrement et vous féliciter pour vos efforts dans la riposte mondiale contre le sida. »
En désignant le sida comme un « problème humanitaire majeur », le président Ratu Epeli Nailitikau a déclaré qu'il s'engageait non seulement à prévenir les nouvelles infections au VIH mais aussi à travailler avec les personnes vivant avec le VIH et leurs familles.
« Je ne vois pas de cause plus noble que le sida », a souligné le président Nailitikau. « Dans l'histoire des îles Fidji, nous avons perdu un tiers de notre populations à cause de la rougeole ; des générations entières de la communauté ont péri. La grippe a eu le même effet dévastateur. Avec une population de 800 000 habitants seulement, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de personnes. C'est cela qui régit mon engagement. »
Monsieur le Président, les Nations Unies saluent la décision claire et courageuse qu'a prise votre gouvernement en début de semaine visant à lever les restrictions de déplacements pour les personnes vivant avec le VIH
Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA
Le bureau de l'ONUSIDA dans la région Pacifique travaille actuellement avec le gouvernement fidjien pour mettre en oeuvre les recommandations de la Réunion de haut niveau sur le sida de l'Assemblée générale des Nations Unies de juin 2011. Les thèmes clés incluent l'élimination des nouvelles infections au VIH chez les enfants, la garantie d'un accès à des services anti-VIH aux principales populations affectées et la mise en application du Décret fidjien sur le VIH/sida récemment modifié.
D'après les chiffres du gouvernement, la couverture des services pour prévenir les nouvelles infections au VIH chez les enfants aux îles Fidji est faible. Si des progrès ont été faits pour étendre les services anti-VIH aux populations à plus haut risque d'infection au VIH, la stigmatisation et la discrimination restent des obstacles majeurs à l'accès.
À l'occasion de l'ICAAP 10, le président fidjien a présidé une session sur la riposte au sida dans la région Pacifique. Les participants ont discuté du rôle des organisations confessionnelles et des jeunes dans la riposte au sida, ainsi que de l'importance de fournir un environnement juridique approprié pour protéger les droits des personnes vivant avec et touchées par le VIH.
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Restrictions de déplacements liées au VIH – un obstacle majeur à l'accès universel pour les migrants
27 août 2011
27 août 2011 27 août 2011
Le travailleur migrant Sarath partageant ses expériences avec les participants.
Photo : ONUSIDA/Kim
Environ 50 pays, territoires et régions dans le monde continuent d'imposer une forme de restriction sur l'entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH. Ces restrictions demeurent une forme clé de discrimination, affectant les droits et la liberté de mouvement de nombreux migrants vivant avec le VIH et de migrants en devenir.
Un symposium qui s'est tenu à l'occasion du 10ème Congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique le 27 août a réuni des experts venant de différents pays disposant ou non des restrictions de déplacements liées au VIH pour discuter des expériences des travailleurs migrants et des systèmes de santé publique. L'objectif était de mettre en avant des recommandations et des mesures politiques concrètes nécessaires pour supprimer les restrictions de déplacements des travailleurs migrants.
Organisé par la JUNIMA (Initiative commune des Nations Unies sur la mobilité et le VIH/sida en Asie du Sud-Est) et parrainée par l'ONUSIDA, le PNUD et l'OIT, la séance était présidée par Clifton Cortez, le responsable de l'équipe du PNUD sur le VIH, la santé et le développement en Asie et dans le Pacifique.
« Le VIH n'est pas une condition qui devrait déterminer si vous êtes autorisé ou non à travailler ; cependant, près de 15 pays d'Asie-Pacifique imposent une certaine forme de restriction sur l'entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH. Nous pouvons certainement mieux faire », a déclaré M. Cortez.
Près de 15 pays en Asie-Pacifique imposent une certaine forme de restriction sur l'entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH. Nous pouvons certainement mieux faire
Clifton Cortez, le responsable de l'équipe du PNUD sur le VIH, la santé et le développement en Asie et dans le Pacifique
M. Cortez a été rejoint par le Dr Chanvit Tharathep, le Ministre de la santé thaïlandais, Mme Maria Lourdes Marin, directrice exécutive d'Action for Health Initiatives (ACHIEVE), Inc. aux Philippines et le Dr Lee Hang-Sun du Ministère de la santé publique en Corée du Sud.
Sarath, un travailleur migrant, a partagé son expérience des limitations imposées par les restrictions de déplacements avec les participants : « Le dépistage du VIH et la déportation des personnes séropositives n'est pas logique, ni d'un point de vue de santé publique, ni d'un point de vue financier. Nous générons un grand nombre d'avantages économiques à la fois pour les pays d'origine et d'accueil, et nous sommes généralement les laissés pour compte de l'accès aux services sociaux, en particulier à l'étranger. »
Réintégration des migrants
Mme Marin a parlé du processus de réintégration lorsque les migrants déportés pour leur statut sérologique rentrent chez eux. Ceci est un vrai problème aux Philippines qui envoie un grand nombre de migrants à l'étranger.
« Le processus de réintégration doit se baser sur les besoins et répondre aux contextes spécifiques des migrants. Il doit être global et prendre en charge toutes les dimensions du VIH comme les aspects économiques, politiques et psychosociaux », a déclaré Mme Marin. « Pour cela, vous devez avoir des discussions en tenant compte de toutes les phases du cycle migratoire, notamment l'avant-départ et l'après-arrivée. »
Nous générons un grand nombre d'avantages économiques à la fois pour les pays d'origine et d'accueil, et nous sommes généralement les laissés pour compte de l'accès aux services sociaux, en particulier à l'étranger
Sarath, travailleur migrant de la région Asie-Pacifique
Certains pays disposent de restrictions de déplacements liées au VIH qui sont imposées pour protéger leurs peuples contre les maladies « étrangères » et éviter l'augmentation des coûts de santé. Cette justification a été réfutée par le Dr Chanvit de Thaïlande, un pays qui n'impose pas de restrictions de déplacements liées au VIH :
« En fournissant un accès universel à des soins de santé, y compris aux migrants, nous n'avons pas observé de débordement du système de santé à cause des migrants. Cependant, nous avons découvert que nous sommes mieux à même de contrôler les maladies infectieuses et de fournir un traitement et des soins à ceux qui en ont besoin. »
Le Dr Lee a partagé son expérience en Corée du Sud : « En Corée du Sud, certains pensent encore que le VIH est un virus qui vient de l'étranger. J'espère que l'ICAAP nous donnera la possibilité de nous unir à la société civile et de travailler ensemble pour nous attaquer à ces fausses idées sur le VIH. »
Un pas en avant
Les participants ont examiné une série de recommandations visant à supprimer les restrictions de déplacements liées au VIH et à favoriser l'accès universel pour les travailleurs migrants vivant avec le VIH. Celles-ci incluent :
- L'harmonisation des politiques nationales sur le VIH et la migration, la promotion d'une collaboration entre les Ministères compétents et les groupes de la société civile, et la favorisation de dialogues bilatéraux et multinationaux durables entre les pays d'origine et d'accueil ;
- L'élaboration de normes de travail minimales et de droits de santé pour les travailleurs migrants, et la garantie de l'existence de système de protection et de soutien aux migrants dans les pays de destination ;
- Le renforcement des capacités dans les pays asiatiques pour réintégrer efficacement les migrants séropositifs qui reviennent.
JUNIMA rassemble les gouvernements (y compris le Secrétariat de l'ASEAN), les principaux réseaux d'ONG et la famille des Nations Unies pour promouvoir un accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et de soutien en matière de VIH pour les travailleurs migrants en Asie du Sud-Est et dans le sud de la Chine.
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Les représentants de la communauté émettent des inquiétudes sur la riposte au sida au niveau régional
27 août 2011
27 août 2011 27 août 2011
Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA et Vince Crisostomo, directeur exécutif de la Coalition des réseaux régionaux d'Asie et du Pacifique sur le VIH/sida.
Photo : ONUSIDA/Kim
Une série de représentants des principales communautés affectées par la riposte au sida ont rejoint le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, le 27 août pour un dialogue interactif visant à partager leurs inquiétudes et leurs réflexions. La session d'une heure, intitulée « Common Ground » et organisée le deuxième jour du 10ème Congrès international sur le sida dans la région de l´Asie et du Pacifique (ICAAP), s'est tenue en mémoire du Dr Robert Carr, un célèbre activiste contre le sida et défenseur des droits de l'homme décédé en mai 2011.
« J'espère que ceci survivra à la vision de Robert Carr de rassembler tout le monde, qui que nous soyons, quoi que nous soyons et où que nous soyons—que nous pourrons créer des espaces qui permettent à nos communautés d'avancer dans la riposte au sida », a déclaré Vince Crisostomo, directeur exécutif de la Coalition des réseaux régionaux d'Asie et du Pacifique sur le VIH/sida (7 Sisters) et président de la session « Common Ground ».
Selon un nouveau rapport de l'ONUSIDA lancé en amont de l'ICAAP 10, les infections au VIH en Asie-Pacifique restent concentrées chez des populations clés : les personnes achetant et vendant des services sexuels, les consommateurs de drogues injectables, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles. La plupart des programmes visant à protéger les populations clés et leurs partenaires intimes contre l'infection au VIH sont inappropriés en termes de taille et d'échelle. Dans la région, la stigmatisation et la discrimination à l'encontre des personnes vivant avec le VIH et les populations clés restent violentes, a révélé le rapport.
J'espère que cet espace survivra à la vision de Robert Carr de rassembler tout le monde, qui que nous soyons, quoi que nous soyons et où que nous soyons
Vince Crisostomo, directeur exécutif de la Coalition des réseaux régionaux d'Asie et du Pacifique sur le VIH/sida
Dans son discours d'ouverture, M. Sidibé s'est remémoré sa visite récente dans la ville de Chengdu, en Chine, où il a été témoin du rôle essentiel que les organisations de la société civile jouent pour garantir l'accès aux services anti-VIH aux personnes qui consomment des drogues injectables et aux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. « La société civile est le moteur de la riposte au sida—en particulier en Asie-Pacifique », a indiqué M. Sidibé. « Des réformes politiques sont nécessaires pour fournir à ces organisations l'espace dont ils ont besoin pour s'engager pleinement », a-t-il ajouté.
Les participants au dialogue ont soulevé un certain nombre de questions auprès du directeur exécutif de l'ONUSIDA, notamment le besoin d'un accès accru au traitement antirétroviral dans la région ainsi que de médicaments plus simples, plus robustes et plus résistants. À la fin 2009, plus de 60 % des personnes éligibles pour recevoir un traitement en Asie-Pacifique n'y avaient pas accès, d'après le nouveau rapport de l'ONUSIDA.
La société civile est le moteur de la riposte au sida—en particulier en Asie-Pacifique. Des réformes politiques sont nécessaires pour fournir à ces organisations l'espace dont ils ont besoin pour s'engager pleinement
Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA
Les représentants des organisations de professionnels du sexe ont insisté sur le fait que la pénalisation du commerce du sexe restait un problème majeur dans la région. « Malgré toutes les discussions sur la dépénalisation du commerce du sexe année après année, seul un pays dans cette région a effectivement pris des mesures : la Nouvelle-Zélande », a déclaré Janelle Fawkes, une professionnelle du sexe et présidente-directrice générale de la Scarlet Alliance, une organisation basée en Australie.
Dans la région, les lois et les politiques punitives continuent de nuire à la riposte au sida. Quatre-vingt dix pour cent des pays en Asie-Pacifique ont des lois et des politiques qui empêchent les personnes vivant avec le VIH et les populations clés à plus haut risque d'accéder à des services anti-VIH salvateurs.
Parmi les autres questions soulevées dans le forum figuraient le besoin d'un financement accru pour les organisations de la société civile et l'importance de la protection des droits de l'homme pour les principales populations clés affectées.
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NewGen Asia : aider les jeunes leaders à trouver leur « voix »
27 août 2011
27 août 2011 27 août 2011
Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA, en plein débat avec de jeunes participants lors du lancement de l'initiative NewGen Asia.
Photo : ONUSIDA/Kim
Environ un demi-million de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent avec le VIH en Asie et dans le Pacifique. Dans cette région, une très grande partie des nouvelles infections au VIH concerne les jeunes issus des populations les plus exposées, à savoir les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables.
Pour garantir l'accès aux services anti-VIH aux personnes qui en ont besoin, les jeunes doivent s'exprimer d'une voix forte et être mieux représentés dans la riposte au sida. Une initiative baptisée New Generation (NewGen) Asia a pour but de développer la capacité de la nouvelle génération de jeunes leaders issus de ces populations à faire entendre leur voix.
Lancé le 27 août dans le cadre du 10e congrès international sur le sida dans la région de l'Asie et du Pacifique à Busan, en Corée du Sud, le programme NewGen, piloté par le groupe de travail interinstitutions Asie-Pacifique sur les jeunes issus des populations les plus touchées (Asia-Pacific Inter-Agency Task Team for Young Key Affected Populations), est passé à la vitesse supérieure avec une manifestation destinée à présenter le programme de tutorat des jeunes leaders de NewGen et à lancer officiellement une nouvelle formation au leadership.
« Vous n'êtes pas seulement les leaders de demain, vous êtes aussi les leaders d'aujourd'hui », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Le leadership, c'est l'engagement, le courage et la lutte pour le bien de tous. Nous pouvons construire un monde meilleur grâce à votre énergie ».
Le leadership, c'est l'engagement, le courage et la lutte pour le bien de tous. Nous pouvons construire un monde meilleur grâce à votre énergie
Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA
Dans le cadre de cet événement, NewGen Asia a convié autour d'un déjeuner 30 référents de haut niveau et les nouveaux leaders de la jeunesse, principalement issus des populations les plus touchées, que ces référents vont encourager et soutenir. Les référents sont des personnalités venues d'horizons très divers, notamment de la société civile, des Nations Unies et des gouvernements, mais aussi des jeunes qui possèdent déjà une solide expérience en matière de leadership. Parmi eux figurent Ursula Schaefer-Preuss, vice-présidente de la Banque asiatique de développement, Khartini Slamah, présidente du Réseau transgenre d'Asie-Pacifique, et Jimmy Dorabjee du Réseau asiatique des consommateurs de drogues.
Un exercice d'échange à double sens
« Je pense que le programme de tutorat de NewGen est une initiative très importante pour aider à stimuler le dialogue entre, d'une part, les jeunes leaders issus des populations les plus touchées par le sida, qui sont souvent stigmatisés ou vivent des situations difficiles, et, d'autre part, les référents qui peuvent les aider à avoir une vision et un leadership », a expliqué la référente Ursula Schaefer-Preuss, vice-présidente de la Banque asiatique de développement.
Gerard Ompad, un jeune participant qui possède une expérience dans la prévention du VIH, pense quant à lui que l'initiative de NewGen va lui permettre de devenir un défenseur plus efficace des besoins et des préoccupations de sa communauté. « Je suis ravi de participer à cette initiative. Cette formation va nous donner les moyens, en tant que jeunes issus des communautés les plus touchées, de devenir de vrais leaders et de développer nos compétences en matière de sensibilisation. Il est vital que les jeunes s'approprient la riposte au sida et le leadership de cette riposte ; il s'agit d'une avancée considérable pour la région », a-t-il ajouté.
Au cours d'un déjeuner très animé, les référents et leurs jeunes élèves ont discuté de leurs attentes et planifié différentes activités pour l'année à venir. De l'avis général, l'exercice s'est traduit par un véritable échange à double sens.
Une formation au leadership de cinq jours
Cet événement a également fourni un cadre au lancement d'une formation au leadership de cinq jours pour les jeunes issus des populations les plus touchées et ceux qui travaillent avec eux. Les cours sont préparés et dispensés par une équipe d'experts techniques de Youth LEAD, un réseau régional de groupes engagés dans une lutte active pour la prévention du VIH. Les membres de Youth LEAD sont aussi fortement impliqués dans le programme de tutorat, en collaboration avec des experts du milieu universitaire et des partenaires de l'ONU.
Il est vital que les jeunes s'approprient la riposte au sida et le leadership de cette riposte ; il s'agit d'une avancée considérable pour la région
Gerard Ompad, jeune participant au projet NewGen Asia
Les cours incluent des informations sur le VIH et sur les populations les plus touchées et mettent particulièrement l'accent sur une formation fondée sur les compétences, notamment en matière de sensibilisation, de communication et de leadership.
Réitérant son engagement en faveur de l'implication des jeunes dans la riposte au sida, Youth LEAD, en collaboration avec le Fonds des jeunes leaders pour la lutte contre le VIH, a également lancé un appel aux initiatives menées par les jeunes qui visent à répondre aux besoins des personnes les plus touchées par le VIH en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique pour sa campagne de financement 2011-2012.
Tous espèrent que l'initiative NewGen, active sur plusieurs fronts, tirera de vrais bénéfices de l'engagement effectif accru des principales communautés qui payent le plus lourd tribut à l'épidémie de sida dans la région.
Anupama Rao Singh, directrice régionale de l'UNICEF pour l'Asie orientale et le Pacifique, a commenté en ces termes l'importance de l'initiative de NewGen :
« Les jeunes les plus touchés par l'épidémie de sida sont au cœur de la révolution pour la prévention en Asie et dans le Pacifique. L'initiative NewGen, avec le soutien du groupe de travail régional interinstitutions, va permettre de renforcer le leadership des jeunes pour la défense des politiques et des programmes qui les concernent et de préparer une nouvelle génération d'agents du changement pour la riposte au sida dans la région ».
Liens externes
Liens externes
- En savoir plus sur YouthLEAD (en anglais)
- En savoir plus sur l'ICAAP 10 (en anglais)
- Fonds des jeunes leaders pour la lutte contre le VIH (en anglais)

Press Release
Le nouveau rapport de l'ONUSIDA révèle que l'épidémie de VIH se trouve à un moment critique dans la région Asie-Pacifique
26 août 2011 26 août 2011Des progrès considérables ont été accomplis dans toute la région, mais la plupart des pays nécessitent des efforts accrus et soutenus pour réaliser « l'objectif zéro »
BUSAN, Corée du Sud, 26 août 2011—L'épidémie de VIH dans la région Asie-Pacifique se trouve à un tournant décisif, selon le nouveau rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). Si les progrès dans la Région ont été impressionnants —notamment une chute de 20 % du nombre des nouvelles infections à VIH depuis 2001 et un taux d'accès à la thérapie antirétrovirale multiplié par trois depuis 2006 —ces progrès sont menacés par une attention inadaptée aux populations courant de plus hauts risques d'infection au VIH et par l'insuffisance des fonds provenant à la fois de sources de financement nationales et internationales.
Présenté lors du congrès international sur le sida dans la région Asie-Pacifique (ICAAP) de 2011, le rapport, intitulé Le VIH dans la région Asie-Pacifique : objectif zéro, a révélé qu'un plus grand nombre de personnes avait accès aux prestations liées au VIH dans l'ensemble de la région. Toutefois, la plupart des pays de la région sont loin de réaliser les objectifs concernant l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH.
« Réaliser l'objectif zéro nouvelle infection dans la région Asie-Pacifique exigera des ripostes nationales reposant sur les meilleures données probantes et scientifiques existantes », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Les programmes liés au VIH doivent être dotés de ressources suffisantes et être fermement axés sur les populations clés. Les investissements effectués aujourd'hui rapporteront plusieurs fois leur mise demain », a-t-il ajouté.
Des progrès dans la riposte régionale au VIH, mais ces acquis restent fragiles
D'après le rapport, environ 4,9 millions [4,5 millions–5,5 millions] de personnes vivaient avec le VIH dans la région Asie-Pacifique en 2009, un chiffre qui est resté relativement stable depuis 2005. La majorité d'entre elles habitait dans l'un des 11 pays suivants : Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Malaisie, Myanmar, Népal, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Thaïlande et Viet Nam.
L'ensemble de la région Asie-Pacifique a connu une diminution de 20 % du nombre des nouvelles infections entre 2001 et 2009—de 450 000 [410 000–510 000] à 360 000 [300 000–440 000]. Le Cambodge, l'Inde, le Myanmar et la Thaïlande ont considérablement réduit leur taux d'infection à VIH aux moyens de programmes de prévention intensifs et de grande envergure destinés aux personnes qui achètent et vendent des services sexuels.
Le nombre de personnes ayant accès au traitement antirétroviral vital dans la région a triplé depuis 2006, atteignant 740 000 personnes à la fin de l'année 2009. Le Cambodge est l'un des huit pays dans le monde à fournir une thérapie antirétrovirale à plus de 80 % des personnes candidates au traitement. Toutefois, à la fin de l'année 2009, plus de 60 % des personnes vivant dans la région Asie-Pacifique qui étaient candidates au traitement n'y avaient toujours pas accès.
Le rapport a mis en évidence une diminution estimée à 15 % des nouvelles infections à VIH chez les enfants depuis 2006. Pourtant, la couverture régionale des prestations liées au VIH visant la prévention des nouvelles infections chez les enfants reste à la traîne par rapport aux moyennes mondiales, notamment en Asie du Sud.
Selon le rapport, l'épidémie du VIH peut se propager même dans les pays où la prévalence était relativement faible. Par exemple, après plus de 20 ans d'une épidémie faible et d'évolution lente aux Philippines, le pays connaît actuellement une propagation rapide de l'infection dans les principales populations exposées. Dans la ville de Cébou, la prévalence du VIH chez les personnes consommant des drogues injectables a augmenté, passant de 0,6 % à 53 % entre 2009 et 2011. À Manille et Cébou, la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est estimée à 5 %.
Populations clés plus exposées au risque d'infection à VIH
Le rapport indique que les nouvelles infections à VIH dans la région restent concentrées au sein des populations clés : les personnes qui achètent et vendent des services sexuels, les consommateurs de drogues injectables, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres. La plupart des programmes destinés à protéger ces populations et leurs partenaires intimes de l'infection à VIH sont inadaptés en termes d'importance et d'envergure.
Dans la région, la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et des populations plus exposées au risque d'infection et la discrimination à leur encontre sont toujours très répandues. Environ 90 % des pays de la région conservent des lois et des politiques répressives qui barrent l'accès aux prestations vitales liées au VIH pour les personnes vivant avec l'infection et les populations clés.
D'après les données, une proportion importante des nouvelles infections à VIH au sein des principales populations exposées survient chez les jeunes de moins de 25 ans. Dans la plupart des cas, les programmes de prévention du VIH peinent à atteindre un nombre suffisant de jeunes plus exposés au risque.
Des ressources supplémentaires sont nécessaires d'urgence pour combattre le sida
La riposte au sida dans la région Asie-Pacifique est sous-financée selon le rapport. En 2009, 1,1 milliard USD a été alloué à la riposte au VIH dans 30 pays de la région —ce qui correspond approximativement au tiers du financement requis pour réaliser les objectifs de l'accès universel aux prestations liées au VIH.
Si la Chine, la Malaisie, le Pakistan, Samoa et la Thaïlande financent l'essentiel de leur riposte au VIH à partir de ressources nationales, de nombreux pays dans la région Asie-Pacifique dépendent largement des financements extérieurs, en particulier pour la fourniture de la thérapie antirétrovirale. Un investissement accru des ressources nationales, notamment dans les pays à revenu intermédiaire, est crucial pour la riposte au VIH en cours dans la région.
La baisse des dons internationaux menacent également les progrès accomplis dans la riposte régionale au sida. En 2009, l'aide internationale pour la lutte mondiale contre le sida a stagné pour la première fois en dix ans et a même diminué en 2010.
Toujours d'après le rapport, les investissements destinés à protéger du VIH les principales populations exposées restent insuffisants. Seulement 8 % des dépenses totales relatives au sida en Asie du Sud et 20 % en Asie du Sud-Est sont consacrés à la prévention du VIH dans les populations courant de plus hauts risques d'infection, selon les données détaillées des pays ayant fourni un rapport en 2010.
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ONUSIDA BangkokBeth Magne Watts
tel. +66 81 835 34 76
magnewattsb@unaids.org
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Saira Stewart
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