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La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons
05 mai 2023
05 mai 2023 05 mai 2023Escorté par un gardien, Alexander Godin traverse plusieurs portes verrouillées afin de rejoindre la pharmacie de la prison 16. Il fait ce chemin tous les jours pour aller chercher son médicament, une dose de méthadone sous forme de sirop. La méthadone est un traitement par agonistes opioïdes (TAO) destiné à aider les personnes à surmonter les symptômes liés au sevrage, à diminuer la dépendance à l’héroïne et à prévenir les infections au VIH à cause d’aiguilles infectées.
Quelques prisons en Moldavie ont commencé à proposer ce type de service de réduction des risques dès 2000.
Aujourd’hui, toutes le font.
« Je suis sous traitement de substitution à la méthadone depuis 10 ans », explique M. Godin. Sa famille l’a convaincu de recourir à ces services pour retrouver la santé.
« Pendant des années, j’ai pris des médicaments et des opiacés. J’avais besoin d’argent pour les payer, donc les problèmes ont commencé dans ma famille », raconte-t-il. Depuis qu’il participe au programme, il se sent beaucoup mieux.
Toute nouvelle personne détenue dans l’un des 17 centres pénitentiaires du pays voit psychiatre et médecin. Si nécessaire, on lui propose de participer à un programme de traitement. Les services complets de réduction des risques incluent non seulement le traitement contre la dépendance aux drogues, mais aussi l’échange de seringues et d’aiguilles, et le dépistage et le traitement du VIH. La prévalence du VIH est de 11 % chez les personnes qui consomment des drogues injectables en Moldavie, contre 0,36 % dans le reste de la population.
Il s’agit d’un des groupes les plus touchés du pays.
Pour Maria Potrîmba, responsable des maladies infectieuses à la prison 16 (Pruncul), aider les personnes détenues à se libérer des drogues, a des effets positifs.
« Un patient ou une patiente, qui suit ce traitement de substitution, a davantage conscience des conséquences et sera plus susceptible de suivre son autre traitement », explique-t-elle.
Les prisons s’assurent également de fournir des seringues propres et des volontaires parmi la population carcérale s’occupent du ramassage tous les deux jours.
Le directeur de l’unité de médecine de la prison 13 (Chisinau) estime que les services de réduction des risques sont importants pour les personnes en détention et pour le personnel pénitentiaire.
« Les volontaires sont des personnes détenues et leur grande majorité reçoit également un traitement pour des maladies transmissibles telles que le VIH, l’hépatite ou la tuberculose », annonce Oleg Costru.
Année après année, la Moldavie augmente les ressources allouées à son programme carcéral. « Au début, lorsque ces services ont été élaborés, ils étaient financés par des sources externes », indique Irina Barbîroș, responsable du service médical de l’administration pénitentiaire nationale. « Au fil des ans, l’État a endossé cet engagement et a intégré le financement de ces services dans son budget. »
L’ONUSIDA, l’ONUDC et l’OMS soutiennent depuis longtemps l’extension de ces services à toutes les prisons. Actuellement, selon Harm Reduction International, seuls 59 pays dans le monde fournissent le TAO dans les prisons.
Il a pourtant été démontré que la réduction des risques n’augmentait pas le nombre de personnes dépendantes à la drogue, mais avait plutôt un impact bénéfique sur les bénéficiaires et la santé publique.
Svetlana Plamadeala, directrice nationale de l’ONUSIDA en Moldavie, a vu les projets pilotes prendre leur essor dans le pays et est assez fière du succès de la couverture nationale.
« Il s’agit vraiment de mettre les personnes au premier plan et au centre de l’attention, ainsi que d’adopter une approche de santé publique solide », conclut-elle. Pour elle, pour mettre fin au sida, il est essentiel de protéger la santé et les droits humains des personnes qui consomment des drogues « Il s’agit d’œuvrer pour l’égalité. »
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N’oublier personne, y compris les personnes qui consomment des drogues
04 mai 2023
04 mai 2023 04 mai 2023Daouda Diouf vient tous les jours à l’hôpital Fann. Il fait partie des 250 personnes inscrites au programme de thérapie de substitution aux opiacés (TSO) du CEPIAD*. La TSO est une intervention reconnue dans le monde entier. Elle vise à réduire la consommation de drogue par injection, car les personnes qui utilisent des drogues injectables sont exposées à un risque de contracter le VIH et d’autres maladies transmissibles par le sang, telles que l’hépatite virale.
« Je suis ici pour prendre mon traitement et je suis aussi un tailleur. J’apprends donc la couture à quelques personnes qui consomment de la drogue », explique M. Diouf en coupant du tissu dans son atelier improvisé en plein air. Rester actif et vendre ses marchandises l’a aidé à rester en bonne santé au cours des sept dernières années.
Un autre participant au programme lui donne aussi raison. Ce dernier s’est découvert une passion pour le jardinage et supervise désormais d’autres patients et patientes dans le jardin du centre.
Pour El Hadj Diallo, planter des graines et tailler des arbres est un peu comme une thérapie. « Quand on est là, on oublie tous les problèmes, on est bien, je prends cela pour ma thérapie », indique-t-il.
Leur autre traitement consiste en une dose quotidienne de méthadone. Le pharmacien du centre, Mangane Boutha, mesure attentivement et distribue chaque dose dans son bureau.
« La méthadone est un médicament de substitution à l’héroïne qui est sous forme de sirop dosé à 10 milligrammes par millilitre et les doses varient d’un patient à un autre », explique-t-il.
Fondé en 2014, le CEPIAD a pris en charge plus d’un millier de personnes. Il s’agit d’un des premiers centres de réduction des risques en Afrique de l’Ouest. Outre la thérapie de substitution des opiacés, la distribution d’aiguilles propres et le soutien psychosocial, il propose également des soins de santé.
« Le CEPIAD est devenu un centre de dépistage et de diagnostique pour le VIH, la tuberculose, les hépatites, et on distribue des préservatifs », indique le Dr Idrissa Ba qui coordonne le centre.
Au Sénégal, la prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables est de 9 %, soit bien plus que la moyenne nationale de 0,5 %. Globalement, en raison de la stigmatisation et de la criminalisation, les personnes qui consomment des drogues injectables sont confrontées à un risque 35 fois plus élevé d’infection au VIH que celles qui ne s’en injectent pas.
Les trois quarts des patientset patientes ici sont des hommes, mais le CEPIAD fait des efforts pour atteindre davantage de femmes. Selon le Dr Ba, les femmes toxicomanes sont plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins.
Mariama Ba Thiam est une ancienne toxicomane et a vécu pendant des années dans la rue. Elle est maintenant éducatrice auprès de ses pairs à Dakar. « Je vais dans la communauté, je vais voir mes pairs, j’essaye de les sensibiliser à non seulement arrêter la drogue, mais à réduire les risques de la consommation, les référer au CEPIAD et faire comme moi, arrêter. », explique-t-elle.
Son plaidoyer : obtenir plus de fonds pour attirer davantage de femmes et de jeunes vers le centre.
Au Sénégal, alors que la consommation de drogues est une infraction pénale, le travail du CEPIAD bénéficie du soutien du gouvernement, des Nations Unies ainsi que d’autres partenaires.
À l’occasion de la Journée internationale de réduction des risques, l’ONUSIDA est fermement convaincue que si nous voulons mettre fin au sida d’ici 2030, personne ne doit être oublié. Et cela inclut les personnes qui consomment des drogues.
* Le Centre de Prise en Charge Intégrée des Addictions de Dakar (CEPIAD)
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Dans le nord-est du Brésil, la société civile et la municipalité collaborent pour améliorer le suivi du traitement contre le VIH
03 avril 2023
03 avril 2023 03 avril 2023En 1988, des activistes se sont réunis à Fortaleza, la cinquième plus grande ville brésilienne et capitale de l’état de Ceará au nord-est, et ont créé la section locale du National Network of People Living with HIV and AIDS (RNP+CE). L’objectif était de garantir aux personnes séropositives le droit aux soins, au suivi de leur traitement et à l’assistance juridique.
Actuellement, l’ONG (organisation non gouvernementale) propose également des ateliers pédagogiques, une aide à la prévention combinée des infections sexuellement transmissibles (IST) et d’autres activités. Parmi les 1 000 personnes inscrites se trouve Carlos Salmão. Ce militant contre le VIH vit à Fortaleza et s’est senti accueilli par l’organisation dans son ensemble et par chacun de ses membres. « Ce soutien était très important pour moi. Il est essentiel pour les personnes vivant avec le VIH ici dans le Ceará, car il constitue une référence dans la riposte à l’épidémie de sida. C’est pourquoi je suis heureux d’y contribuer », explique-t-il.
Le RNP+CE était l’une des cinq ONG brésiliennes à bénéficier de subventions de l’initiative Les Villes s’engagent lancée par l’ONUSIDA en 2022. Cette aide a permis à l’organisation d’élaborer des mesures autour de deux objectifs : d’une part, renforcer le lien avec les populations clés vulnérables et leur adhésion à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH en diffusant et en partageant des informations avec les spécialistes de la santé ainsi qu’avec la population générale, et, d’autre part, améliorer la notoriété de la stratégie Indétectable = Intransmissible (I = I) dans la ville de Fortaleza par le biais d’actions de communication.
Actions du projet et participation du conseil municipal
Le développement et la mise en œuvre des campagnes de communication ont impliqué 10 activistes vivant avec le VIH dans la ville. Ce groupe a également participé à la préparation d’un séminaire rassemblant 120 personnes issues de la société civile pour échanger et présenter à des fonctionnaires de la municipalité des propositions visant à améliorer les soins des personnes vivant avec le VIH. Ces recommandations ont pris en compte le point de vue et les besoins réels des utilisateurs et des utilisatrices des services de santé publique à Fortaleza. Les discussions ont aussi porté sur les difficultés et l’importance de garantir un niveau satisfaisant de suivi du traitement contre le VIH pour éviter l’abandon de la thérapie.
Dans le cadre de ce projet, une brochure sur le VIH, l’estime de soi et la santé a été rédigée et diffusée afin de fournir des informations concrètes aux personnes diagnostiquées séropositives au VIH. Par ailleurs, en concertation avec la municipalité, RNP+CE a fait imprimer et diffuser plus de 3 000 affiches sur les thèmes de l’adoption du traitement contre le VIH et de I = I. Ces posters ont été affichés dans des endroits très fréquentés, comme les gares routières, et ont été vus par environ 1,1 million de personnes par jour.
La participation de fonctionnaires de la municipalité a été capitale pour la réussite du projet, car ces personnes sont en contact direct avec la réalité et les défis actuels. « Nous sommes encore loin d’atteindre un niveau optimal où il sera moins nécessaire de renforcer ces mesures [contre le VIH], mais nous progressons grâce à des efforts constants et structurés avec soin », explique Carlos Paiva, coordonnateur IST/sida au service de santé municipal de Fortaleza.
Ariadne Ribeiro, responsable auprès de l’ONUSIDA pour l’égalité et les droits de toutes les personnes, abonde en son sens et ajoute : « Il est gratifiant de voir comment les échanges entre les communautés, la société civile et la municipalité poursuivent un objectif commun, à savoir améliorer les politiques publiques dans la ville de Fortaleza pour les personnes vivant avec le VIH et mettre fin au sida comme menace pour la santé publique. »
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Journée internationale des femmes : lancement de nouveaux principes juridiques pour promouvoir les mesures de dépénalisation
08 mars 2023
08 mars 2023 08 mars 2023La Commission internationale de juristes (CIJ), en collaboration avec l’ONUSIDA et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), a officiellement lancé un nouvel ensemble de principes juridiques formulés par des spécialistes afin d’aider à faire appliquer le droit international des droits humains dans le droit pénal.
Les principes dits du 8 mars définissent une approche fondée sur les droits humains pour les lois criminalisant les comportements en matière de sexe, de consommation de drogues, de VIH, de santé de la reproduction et sexuelle, d’absence de domicile fixe et de pauvreté.
Ian Seiderman, directeur politique et légal de la CIJ, a déclaré : « Le droit pénal est l’un des outils les plus durs mis à la disposition de l’État pour exercer un contrôle sur les individus... à ce titre, il devrait être une mesure de dernier recours, mais dans le monde entier, on observe une tendance croissante à la surcriminalisation. »
« Nous devons reconnaître que ces lois enfreignent non seulement les droits humains, mais aussi les principes fondamentaux du droit pénal lui-même », a-t-il continué.
Pour Edwin Cameron, ancien juge auprès de la Cour constitutionnelle sud-africaine et actuellement juge-inspecteur des services pénitentiaires sud-africains, la pertinence de ces principes est immédiate et ils sont utiles pour les juges, les législateurs et législatrices, les décisionnaires politiques, la société civile et le monde universitaire. « Les principes du 8 mars fournissent un cadre juridique clair, accessible et pratique basé sur le droit pénal international et le droit international des droits humains », a-t-il indiqué.
Ces principes sont le résultat d’un atelier organisé en 2018 par l’ONUSIDA et le HCDH avec la CIJ pour discuter du rôle des juristes dans la lutte contre l’impact néfaste des lois pénales sur les droits humains. La réunion a débouché sur un appel à élaborer un ensemble de principes juridiques pour aider les tribunaux, les législateurs et législatrices, les avocats et avocates, ainsi que les procureurs et procureuses à s’attaquer à l’impact négatif de ces lois sur les droits humains.
Cinq années ont été nécessaires pour définir ces principes. Ces derniers reposent sur les commentaires et les analyses de plusieurs spécialistes et parties prenantes. Ils ont été finalisés en 2022. Ils portaient dans un premier temps sur l’impact des lois pénales interdisant les droits et la santé de la reproduction et sexuelle, les rapports sexuels consentis, l’identité de genre, l’expression de genre, la non-divulgation du statut sérologique, l’exposition au VIH et la transmission du virus, la consommation et la détention de drogues à usage personnel. Plus tard, la contribution de la société civile et d’autres parties prenantes a permis d’étoffer cette liste avec la criminalisation liée à l’absence de domicile fixe et à la pauvreté.
Le recours à outrance au droit pénal par les gouvernements et, dans certains cas, des lois pénales arbitraires et discriminatoires ont entraîné un certain nombre de violations des droits humains. Ils perpétuent également la stigmatisation, les stéréotypes de genre nuisibles et les discriminations fondées sur des motifs tels que le genre ou l’orientation sexuelle.
En 2023, vingt pays criminalisent ou poursuivent d’une autre manière les personnes transgenres, 67 pays criminalisent encore les rapports sexuels entre personnes du même sexe, 115 disent criminaliser la consommation de drogues, plus de 130 criminalisent l’exposition au VIH, la non-divulgation du statut sérologique et la transmission du virus et plus de 150 pays criminalisent certains aspects du commerce du sexe.
Dans le monde de la lutte contre le VIH, les abus et l’utilisation abusive des lois pénales affectent non seulement le droit à la santé, mais aussi une multitude de droits, notamment ceux touchant à la non-discrimination, au logement, à la sécurité des personnes, à la liberté de mouvement, à la vie familiale, à la vie privée et à l’intégrité physique, et dans les cas extrêmes, au droit à la vie. Par exemple, dans les pays où le travail du sexe est criminalisé, les travailleurs et travailleuses du sexe sont 7 fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que dans des pays où cette activité est encadrée par la loi. Souvent, la loi et les forces de l’ordre ne protègent pas les personnes criminalisées. Pourtant, les communautés criminalisées, en particulier les femmes, sont souvent plus susceptibles d’avoir besoin de cette protection qui leur est refusée.
Christine Stegling, directrice exécutive adjointe du service de l’appui et des données de l’ONUSIDA, a déclaré : « Je salue le lancement de ces principes à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (JIF). Ils reconnaissent les effets néfastes que le droit pénal peut avoir, et a trop souvent, sur les femmes dans toute leur diversité. »
« Nous ne mettrons pas fin au sida comme menace de santé publique tant que ces lois pernicieuses subsisteront », a-t-elle ajouté. « Ces principes seront d’une grande utilité pour nous et nos partenaires dans les efforts que nous entreprenons. »
Le Haut-Commissaire aux droits humains, Volker Türk, a également souligné l’importance de la JIF : « Aujourd’hui, nous avons tous et toutes l’occasion de réfléchir sur les rapports de force et les systèmes dominés par les hommes. »
Il a clos son discours en affirmant : « Je suis heureux que vous ayez fait ce travail. Nous devons l’utiliser et nous devons également l’utiliser dans un contexte beaucoup plus politique lorsqu’il s’agit de contrer précisément cette dynamique des rapports de force. »
« Nous devons véritablement poser ces questions et veiller à ce qu’elles fassent partie intégrante de la définition future des droits humains », a-t-il déclaré.
En conclusion, la présidente du Réseau mondial des projets sur le travail du sexe basé au Kenya, Phelister Abdalla, a dit : « La criminalisation du travail du sexe envoie le message qu’il est possible d’abuser des travailleurs et travailleuses du sexe... Nous sommes des êtres humains et les travailleurs et travailleuses du sexe ont le droit de jouir de tous les droits humains. »
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Prévenir la transmission et lutter contre la stigmatisation : la puissance de la formule U=U
12 décembre 2022
12 décembre 2022 12 décembre 2022U=U, qui signifie Undetectable = Untransmittable (indétectable = non transmissible), est un message de santé publique vital pour la riposte au VIH. Indétectable = Non transmissible signifie que les personnes vivant avec le VIH dont la charge virale est rendue indétectable grâce à un traitement antiviral et un suivi cohérents ne peuvent pas transmettre le VIH. Comme la Thaïlande l’a montré, la formule U=U contribue également à lutter contre la stigmatisation à laquelle les personnes séropositives peuvent être confrontées dans les établissements de santé et dans la société au sens large.
U=U est une action prioritaire de la Stratégie nationale pour mettre fin au sida 2017 – 2030 de la Thaïlande. Cette approche a déjà été testée dans la capitale, Bangkok. Un programme pour commencer le traitement directement le jour de l’annonce de la séropositivité a permis à plus de 95 % des personnes sous traitement de voir leur charge virale supprimée après seulement six mois de thérapie antirétrovirale. Cette initiative nationale réunit l’Institut thaïlandais pour la recherche et l’innovation en matière de VIH (IHRI), les ministères de la Santé publique, de l’Éducation et du Travail, l’Office national de sécurité sanitaire et la Sous-commission pour la promotion et la protection des droits liés au sida, avec le soutien de l’ONUSIDA.
Dans son ensemble, la riposte au VIH en Thaïlande enregistre de bons résultats, avec environ 94 % des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur état sérologique, 91 % des personnes diagnostiquées sous traitement et 97 % des personnes sous traitement ayant une charge virale indétectable. Mais malgré ces progrès, des barrières demeurent à cause de la stigmatisation. Les diagnostics tardifs sont encore trop nombreux et certaines personnes ont peur d’accéder aux services anti-VIH. Pour augmenter le recours aux services anti-VIH et atteindre U=U pour toutes les personnes séropositives, il est essentiel que le système de santé prenne en charge chaque personne dans le respect et la dignité.
La directrice exécutive de l’IHRI, Dr Nittaya Phanuphak, a souligné qu’il est essentiel de connaître son statut sérologique pour ensuite accéder à un traitement antirétroviral.
« Les personnes exposées au risque de contracter le VIH et les personnes vivant avec le VIH de tous les groupes en Thaïlande doivent avoir un accès égal et pratique au dépistage du VIH et, en cas de séropositivité avérée, au traitement antirétroviral dès que possible, ce qui conduira à U=U », a déclaré le vice-ministre de la Santé publique, Dr Sopon Makthon.
L’initiative thaïlandaise U=U adopte une démarche dirigée par les communautés qui permet aux personnes vivant avec le VIH d’aider les personnes nouvellement diagnostiquées à commencer un traitement antirétroviral et à le respecter. « Le leadership communautaire est essentiel pour communiquer efficacement sur U=U », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn. « Il contribuera à lutter contre la stigmatisation et l’autostigmatisation, et à encourager les bons comportements en matière d’accès à la santé. »
Apiwath Kwangkaew, président du Réseau thaïlandais de lutte contre le VIH/sida, a appelé l’ensemble du personnel de santé à relayer le message U=U : « Le personnel médical d’aujourd’hui doit pouvoir expliquer clairement la formule U=U pour sensibiliser la société. Les services de santé doivent faire preuve de courage et se faire entendre. Un changement de mentalité entraînera un changement plus large », a déclaré M. Kwangkaew.
« L’ONUSIDA salue la meilleure communication du message U=U. Cette formule est essentielle pour atteindre l’objectif de zéro nouvelle contamination au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida », a conclu le directeur régional de l’ONUSIDA, Taoufik Bakkali.
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Mplus en Thaïlande : des services anti-VIH qui ont du style
13 décembre 2022
13 décembre 2022 13 décembre 2022« Je ne risque pas de rencontrer ma mère ici ! », s’est exclamé un visiteur étonné.
Des bannières aux brochures, tous les supports donnent envie de les lire et débordent de joie de vivre. Les visages souriants et les torses musculeux sont omniprésents. Le violet se retrouve dans tout le bâtiment. Même les dossiers et les masques que porte le personnel sont dans cette couleur. Deux modérateurs sur Facebook Live ont le style et l’énergie de stars de la K-pop. Et le slogan de l’organisation est résolument optimiste : « Là où la communauté fait votre bonheur ».
En près de vingt ans, la Mplus Foundation a peaufiné son style unique pour fournir des services anti-VIH complets aux populations clés, y compris aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et aux femmes transgenres.
Sa méthode va bien au-delà d’une identité de marque cool. Mplus s’est appuyée sur des partenariats nationaux et internationaux pour créer un service de santé axé sur les populations clés qui enregistre des résultats impressionnants. L’organisation distribue plus de la moitié de la PPrE dans la province thaïlandaise de Chiang Mai.
Cette année, elle a fait un dépistage pour 95 % des quelque 8 000 personnes qu’elle a rencontrées avec ses services en direct. Parmi les personnes testées positives, 91 % reçoivent maintenant une thérapie alors que le dossier des 9 % restants est en cours de traitement. Et 100 % des tests de charge virale de leur patientèle ont indiqué une charge virale indétectable.
« Les organisations communautaires sont les mieux à même d’inviter les populations clés à avoir accès aux services. Nous constatons que les personnes qui ne veulent pas se faire dépister à l’hôpital sont à l’aise avec les gens qui ont vécu ce qu’elles vivent », explique le directeur de la Fondation Mplus, Pongpeera Patpeerapong.
Depuis sa création en 2003, Mplus a évolué pour fournir une gamme complète de services. Elle dispose désormais de centres de santé dans quatre provinces, tandis que leurs unités de test mobiles vont sur le terrain dans cinq autres districts. Son personnel soutient un hôpital local dans chaque province pour relier les personnes aux soins et les aider à respecter leur traitement. Mplus fournit des tests rapides, une surveillance de la charge virale et de CD4, et est également autorisée à délivrer des médicaments. Une petite flotte de motos livre même la PPrE à des bénéficiaires vivant dans des zones reculées.
Les actions sur Internet et hors ligne de Mplus sont toutes ancrées dans une stratégie dirigée par des pairs. Sa présence sur les réseaux sociaux est impressionnante, que ce soit sur Twitter ou Tik Tok. Elle possède des groupes Facebook fermés et des applications spéciales pour que les personnes puissent se connecter à la communauté. Hors ligne, elle ne propose pas que des stands d’information, mais organise des soirées et des rencontres sportives. Il ne s’agit pas seulement de mesures pour créer des liens. Les personnes prennent rendez-vous en ligne et les interactions en face à face donnent souvent lieu à un dépistage.
Mplus fournit également une assistance technique à d’autres pays. Elle soutient une organisation au Laos en intervenant sur Internet et aide des groupes communautaires au Cambodge à développer des campagnes de promotion de la PPrE.
Elle a joué un rôle clé dans la lutte au niveau national en faveur de l’accréditation du personnel de santé communautaire. Toute l’équipe de Mplus est certifiée par le Département de contrôle des maladies à la suite d’un cursus rigoureux mêlant connaissances théoriques et pratiques à des évaluations.
Le programme continue de progresser. Mplus renforce son offre de soutien psychologique et émotionnel en matière de santé et s’efforce d’obtenir la certification pour fournir un traitement contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST).
Alors que, par le passé, le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida finançait plus lourdement le programme par l’intermédiaire de l’United States Agency for International Development, la moitié de ses investissements proviennent aujourd’hui d’entités de l’Office national de sécurité sanitaire.
« Le financement national est très important pour développer nos systèmes », a déclaré M. Patpeerapong. « Les organisations communautaires doivent pouvoir accéder à des fonds nationaux pour s’attaquer à plus de problèmes, comme la stigmatisation et la discrimination. »
L’autonomisation des services de santé dirigés par les populations clés joue un rôle crucial pour que les programmes de lutte contre le VIH enregistrent de meilleurs résultats en Thaïlande. Dans le pays, une personne séropositive sur cinq a été identifiée et orientée par un service de santé dirigé par une population clé dans le cadre du programme de financement de la santé nationale. Quatre personnes sur cinq prenant une PPrE sont prises en charge par des organisations communautaires. Ces services jouent un rôle essentiel dans la stratégie thaïlandaise « Reach, Recruit, Test, Treat, Prevent, Retain » (Atteindre, Rencontrer, Dépister, Soigner, Prévenir, Fidéliser).
« La Thaïlande est bien positionnée pour montrer comment satisfaire les besoins d’une riposte durable dirigée par les communautés dans le cadre de l’infrastructure sanitaire », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn. « En créant un système favorisant les services de santé de proximité, nous pouvons lutter contre le diagnostic tardif et offrir de meilleurs services aux populations clés. »
La Thaïlande intègre les services anti-VIH dans sa politique de couverture sanitaire universelle et augmente les investissements dans les services de santé dirigés par les populations clés et les communautés. Les membres du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA (CCP) ont visité Mplus et d’autres services de santé dirigés par les communautés en amont de la 51e réunion du CCP organisée à Chiang Mai en Thaïlande.
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Supprimer les inégalités dangereuses
18 novembre 2022
18 novembre 2022 18 novembre 2022Grace Amodu avait 7 ans lorsqu’elle a découvert sa séropositivité. Jusqu’alors, on lui disait de prendre tous les jours des comprimés contre le paludisme ou des maux de tête, mais elle a fini par en avoir assez. Elle s’est mise à crier et à donner des coups de pied, et elle a dit à son frère qu’elle allait arrêter de prendre son médicament et qu’elle exigeait des réponses. Sa mère l’a prise à part et lui a expliqué qu’elle était née avec le VIH et que le traitement la garderait en bonne santé comme les autres enfants.
Elle se souvient avoir beaucoup pleuré et avoir refusé de quitter la maison.
Pour lui éviter d’entrer dans une spirale néfaste, sa mère l’a encouragée à rejoindre un groupe de soutien, ce qui, selon Mme Amodu, a changé sa vie.
Elle est fière de dire qu’elle a deux enfants séronégatifs. Elle savait qu’elle ne transmettrait pas le VIH à ses bébés en prenant ses médicaments à la même heure chaque jour de sa grossesse et après son accouchement. « Lorsque vous prenez des médicaments, le virus devient indétectable et même si j’avais peur que mes enfants aient le VIH, leurs tests se sont révélés négatifs. »
Elle estime que l’antenne nigériane de l’International Community of Women Living with HIV (ICW) lui a donné espoir et confiance.
« L’ICW a vraiment été un pilier pour moi, l’équipe était là pour moi comme des proches, tout le monde était là pour moi, même la directrice, Assumpta Reginald, était comme une mère pour moi », a déclaré Mme Amodu. « Elle m’a tenu la main en me disant : « tu peux le faire et devenir une meilleure personne ». »
Mme Amodu est ainsi devenue militante de la lutte contre le VIH et pharmacienne communautaire.
« Nous allons chercher les médicaments à l’hôpital et nous les distribuons aux personnes qui ne peuvent peut-être pas accéder à leur traitement parce qu’elles ne peuvent pas payer le transport, parce qu’elles sont loin ou en raison de la stigmatisation à l’hôpital. Ces personnes ne veulent pas aller à l’hôpital pour être harcelées verbalement par le personnel médical, alors nous leur livrons ces médicaments à domicile », explique-t-elle.
Plus de 90 % des personnes vivant avec le VIH au Nigeria prennent des médicaments antirétroviraux, mais la stigmatisation et la discrimination restent monnaie courante.
Pour Mme Amodu, la solution est simple. Il suffit de fournir les bonnes informations sur le VIH pour briser ce cycle vicieux.
« Nous devons faire comprendre aux gens que notre séropositivité ne nous rend pas moins humaine ou humain, que nous sommes également des êtres humains et que nous méritons d’avoir les mêmes droits », a déclaré la jeune femme de 28 ans.
Pour Stella Ebeh, la stigmatisation n'a plus de secrets. Elle a commencé le bénévolat en 2004 en venant en aide à des personnes qui, comme elle, vivaient avec le VIH. Elle a ensuite commencé à travailler dans un centre de santé et est devenue agente de santé publique. Au fil des années, Mme Ebeh estime s’être occupée de plus de 7 000 patients et patientes et elle est aussi devenue mère-mentor (elle informe les femmes enceintes sur le VIH et les conseille) et ambassadrice de la lutte contre la stigmatisation.
Elle est très fière de surmonter la stigmatisation et comme elle le dit, de « la piétiner », mais elle déplore de ne toujours pas être une membre du personnel à temps plein. « Les personnes séropositives ont de nombreuses compétences et pourtant, nous sommes souvent négligées, » a-t-elle déclaré, en ajoutant : « Je travaille comme un éléphant, mais je mange comme un rat ».
Le centre de santé de Marabara en périphérie d’Abuja attire un flux important de patients et patientes toute la journée. Mme Ebeh va d’une personne à l’autre. Elle reste un moment avec une femme enceinte qui prépare également son déjeuner dans les locaux, Ngozi Blessing.
Mme Ebeh insiste pour que les femmes enceintes prennent toutes les précautions possibles pour donner naissance à des bébés en bonne santé. Son mari et leurs cinq enfants sont tous séronégatifs. Malheureusement, au Nigeria, ils font figure d’exceptions.
La transmission verticale (c’est-à-dire lorsqu’une mère transmet le virus à son enfant pendant la grossesse ou l’allaitement) est de 25 % dans le pays, un record dans la région.
Le directeur pays de l’ONUSIDA, Leopold Zekeng trouve cela inacceptable. Cela prouve à ses yeux qu’il existe des inégalités d’accès aux services.
« Deux tiers des 8 millions de femmes qui tombent enceintes chaque année au Nigeria n’ont pas accès aux services de PTME (prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant) pendant les soins prénataux », a-t-il déclaré.
C’est pourquoi le Nigeria et l'Organisation des Nations Unies, ainsi que d’autres partenaires, conjuguent leurs efforts pour mettre fin au sida pédiatrique.
Dr Akudo Ikpeazu, directrice et coordonnatrice nationale du National AIDS and STDs Control Programme (NASCP), a expliqué qu’un énorme travail de cartographie a été réalisé au cours des 2 dernières années afin de comprendre où vont les femmes enceintes et où elles reçoivent d’éventuels soins prénataux.
« Beaucoup d’entre elles sont dans des maisons de naissance, elles vont voir des accoucheuses traditionnelles et elles sont nombreuses à accoucher chez elles et à recevoir des services à domicile. Nous avons donc une nouvelle stratégie qui vise à aller à leur rencontre là où elles se trouvent, à s’assurer qu’elles reçoivent un traitement, à veiller à les rencontrer en premier, à s’assurer que nous pouvons leur proposer un dépistage, les renvoyer vers un traitement et compter chaque nouvelle personne qui a accès aux soins », a-t-elle déclaré.
En d’autres termes, trouver et dépister, fournir un traitement et recenser tout le monde, soit exactement ce qu’énonce le slogan global du Nigeria dans lequel s’inscrit cette stratégie.
Une fois que le robinet de la transmission verticale, comme elle l’appelle, sera fermé, le nombre d’enfants nécessitant un traitement sera plus restreint. Dr Ikpeazu a déclaré que le Nigeria avait l’intention de mettre en place un plan d’accélération pour que davantage d’enfants et d’ados reçoivent un traitement et respectent leur traitement.
Pour Toyin Chukwudozie, directrice d’Education as a Vaccine (EVA), le VIH fait partie d’un plan plus vaste.
« Nous voyons le nombre de grossesses non désirées, nous voyons le fardeau du VIH en particulier chez les adolescentes, nous voyons également les violences sexuelles et basées sur le genre se produire dans notre société, donc ces choses existent, mais les ados et les jeunes n’ont pas les informations nécessaires pour prendre des décisions, que ce soit à l’école, dans les établissements de santé ou même à la maison où il y a d’autres adultes, il y a donc d’énormes lacunes », a-t-elle déclaré.
Cette femme de 35 ans travaille avec des jeunes pour combler ces manques en matière d’éducation et mettre en place une aide. Elle est convaincue que les inégalités en particulier alimentent ces lacunes.
« Je pense que les inégalités entre les sexes sont à l’origine de nombreuses autres inégalités, alors si j’avais une baguette magique, les inégalités entre les sexes seraient celles que je supprimerais en premier, car c’est essentiel », a-t-elle déclaré. « La lutte contre les inégalités entre les sexes est essentielle pour libérer le potentiel des femmes et des filles partout dans ce pays. »
Pour appuyer son point de vue, Mme Chukwudozie a ajouté que même si tout le monde s'accorde pour dire que les jeunes sont la force du futur : « Si vous ne fournissez pas cet environnement sûr, si [les jeunes] ne sont pas en bonne santé, si leurs rêves et leurs aspirations ne sont pas écoutés, comment incarner l’avenir auquel nous aspirons. »
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Ensemble pour mettre fin au cancer du col de l’utérus, au VIH et aux inégalités chez les femmes et les filles
17 novembre 2022
17 novembre 2022 17 novembre 2022À l’occasion de cette journée d’action, alors que nous célébrons le deuxième anniversaire du lancement par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de la Stratégie mondiale en vue d’accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique, nous rappelons que, malgré les connaissances, les outils et les technologies dont nous disposons, le cancer du col de l’utérus tue toujours plus de 342 000 femmes par an (en 2020) dans le monde. Toutes les deux minutes, une femme meurt de cette forme de cancer qui est pourtant une maladie évitable et qui peut être soignée.
Le coût en vies humaines du cancer du col de l’utérus est dû aux inégalités sociales, économiques et entre les sexes, aux disparités sanitaires d'accès au vaccin contre le papillomavirus (HPV), au dépistage, aux soins et aux technologies modernes de prévention et de traitement. En raison de ces inégalités, les femmes et les filles des pays à revenu faible et intermédiaire restent les plus touchées. Neuf femmes sur dix qui meurent d’un cancer du col de l’utérus vivent dans ces pays. Cette forme de cancer est la première cause de mortalité liée au cancer chez les femmes vivant en Afrique subsaharienne.
La Stratégie mondiale pour éliminer le cancer du col de l’utérus lancée par l’OMS le 17 novembre 2020 a reçu le soutien de nombreuses organisations partenaires des Nations Unies, notamment l’AIEA, l’ONUSIDA, le FNUAP , UNICEF et Unitaid. Le Groupe d’action conjoint des Nations Unies, composé de ces six entités des Nations Unies, chacune apportant ses propres mandats et ressources, s’engage à soutenir les efforts des pays pour atteindre d’ici 2030 les objectifs mondiaux d’élimination du cancer du col de l’utérus. Ces objectifs sont : 90 % des filles entièrement vaccinées contre le papillomavirus à l’âge de 15 ans, 70 % des femmes sont dépistées avec un test de haute performance entre 35 et 45 ans et 90 % des femmes identifiées comme atteintes d’une maladie du col de l’utérus sous traitement. Si ces objectifs sont atteints, 300 000 décès dus au cancer du col de l’utérus pourraient être évités d’ici 2030, 14 millions d’ici 2070 et plus de 62 millions d’ici 2120.
« Dans les pays où le taux de VIH est élevé, plus de 50 % des cas de cancer du col de l’utérus sont signalés chez les femmes séropositives. Ces femmes sont six fois plus susceptibles de développer ce type de cancer et le développent plus jeunes que les femmes séronégatives. Il est inacceptable de dire que nous avons sauvé la vie d’une femme en lui permettant d’accéder à un traitement antirétroviral pour le VIH seul, si nous la laissons ensuite mourir d’un cancer du col de l’utérus. Notre objectif commun est de mettre fin aux cloisonnements, de bâtir des ponts entre les programmes de lutte contre le VIH et le cancer du col de l’utérus et de rassembler les deux communautés, car nous savons que lier les actions sauve des vies. » - Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA
« Aucune femme ne doit mourir d’un cancer du col de l’utérus lorsque nous disposons d’un vaccin très efficace contre le papillomavirus et de diagnostics de qualité. Nous avons besoin d’une prévention et d’une détection précoce – c’est ainsi que nous nous assurerons de l’éradication de cette maladie dans le monde entier. Les gouvernements et les partenaires doivent investir dans un accès plus rapide aux soins de santé primaires résilients et intégrés tels que les programmes de vaccination et de santé sexuelle et reproductive. Et nous devons engager des ressources humaines solides à long terme pour avoir du personnel de santé compétent et accessible dans les communautés et dans les établissements de santé. Le financement de la santé et de l’équité en matière de santé sont des conditions préalables à l’élimination du cancer du col de l’utérus dans le monde entier. » - Dr Aboubacar Kampo, directeur du programme de santé, siège de l’UNICEF à New York
« Nous disposons des outils et des technologies nécessaires pour mettre fin au cancer du col de l’utérus. Maintenant, tout est une question d’accès. Unitaid a accéléré la dynamique que l’OMS a créée avec son appel à l’action, et en quelques années seulement, nous avons lancé des technologies efficaces et développé des modèles de dépistage et de traitement communs qui fonctionnent dans des environnements aux ressources limitées. La dernière pièce du puzzle consiste à élargir les programmes. Nous devons fournir des efforts concertés à l’échelle mondiale pour que chaque femme sans exception puisse bénéficier de soins préventifs vitaux et pour mettre fin au cancer du col de l’utérus chez les générations à venir. » - Dr Philippe Duneton, directeur exécutif, Unitaid
« Bien qu’il s’agisse de l’une des principales causes de décès par cancer chez les femmes dans les pays à faible et moyen revenu, le cancer du col de l’utérus est également l’un des types de cancer les plus facilement évitables et soignables. La médecine nucléaire, notamment l’imagerie diagnostique, facilite la détection de cancer à un stade précoce et augmente les taux de survie. La radiothérapie soigne efficacement les femmes atteintes d’un cancer du col de l’utérus, même à un stade avancé. Avec notre initiative Rays of Hope, nous visons à accroître l’accès à ces technologies dans le monde entier et à combler les écarts inacceptables dus aux inégalités. »- Najat Mokhtar, directrice générale adjointe de l’AIEA et directrice du département des sciences et des applications nucléaires
« À l’occasion de ce deuxième anniversaire de la Stratégie mondiale en vue d’accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus, le Groupe d’action conjoint des Nations Unies (UNJAG)* salue les résultats accomplis. Alors que la population mondiale continue de croître, de plus en plus de filles et de femmes auront besoin d’une vaccination, d’un dépistage et d’un traitement vitaux. Nous reconnaissons la nécessité d’une mobilisation efficace des ressources et des partenaires pour atteindre les objectifs d’élimination mondiaux 90-70-90. Nous continuerons à concentrer notre attention et nos efforts conjoints pour assurer une prévention complète, des services vitaux de haute qualité et l’équité dans l’accès aux technologies modernes pour les femmes et les filles dans le monde entier. » - Petra ten Hoope-Bender, présidente de l’UNJAG, conseillère technique en santé et droits sexuels et reproductifs, UNFPA.
* IAEA, ONUSIDA, FNUAP, UNICEF, UNITAID et OMS
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Tout retard dans l’accès mondial à des médicaments anti-VIH à action prolongée abordables coûtera des vies, déclarent des activistes de la lutte contre le sida
16 novembre 2022
16 novembre 2022 16 novembre 2022GENÈVE – Il y a 100 jours se terminait la 24e Conférence internationale sur le sida à Montréal, au cours de laquelle l’Organisation mondiale de la Santé a publié des recommandations historiques sur la manière dont les médicaments antirétroviraux injectables à action prolongée peuvent aider à prévenir les nouvelles infections au VIH et l’entreprise ViiV Healthcare s’est engagée à en permettre l’accès. Aujourd’hui, les militants et militantes de la lutte contre le sida exhortent ViiV Healthcare à prendre les prochaines mesures vitales pour déployer rapidement des médicaments anti-VIH injectables. Ces produits peuvent changer la donne, sauver des vies et agir longtemps pour des millions de personnes.
Lors de l’AIDS2022, la Conférence internationale sur le sida organisée à Montréal du 29 juillet au 2 août, ViiV Healthcare, le fabricant du cabotegravir (CAB-LA), s’est engagé à partager la technologie et à garantir un prix abordable pour les médicaments anti-VIH injectables à action prolongée. L’annonce a suscité l’enthousiasme dans le monde entier, car le CAB-LA s’est avéré être un outil de prévention sûr et efficace. 100 jours après cette annonce, des leaders internationaux de la santé déclarent qu’il est urgent que ViiV prenne les prochaines mesures tant attendues.
ViiV s’est engagée lors de la Conférence de Montréal à baisser le prix du CAB-LA dans une série de pays à revenu faible et intermédiaire. Mais l’entreprise n’a pas encore annoncé ce prix. Les activistes demandent que le prix par an et par personne soit équivalent à celui de la PPrE orale, soit de l’ordre de dizaines et non de centaines de dollars. Plusieurs gouvernements et agences de financement ont indiqué leur intérêt pour l’achat de CAB-LA pour la PPrE si le médicament est proposé à un prix abordable. Les activistes appellent ViiV à partager de manière transparente et rapide les détails de sa stratégie de tarification prévue.
« ViV Healthcare doit communiquer publiquement sa stratégie de tarification provisoire qui met l’accent sur un prix accessible afin que les pays et les organismes d’approvisionnement puissent planifier et acheter à grande échelle », a déclaré le Dr Yogan Pillay, directeur pays pour l’Afrique du Sud de la Clinton Health Access Initiative. « Les gouvernements et autres acheteurs ne passeront de grandes commandes de médicaments anti-VIH à action prolongée que si les médicaments sont abordables et s’il existe un calendrier clair pour leur disponibilité. »
Bien que l’engagement de ViiV à faciliter la production de génériques de CAB-LA par le biais d’un accord avec le Medicines Patent Pool pour une utilisation dans 90 pays soit utile, les experts et expertes du VIH appellent l’entreprise à autoriser l'expansion de cette possibilité à davantage de pays afin d’accélérer les progrès dans la fourniture du produit aux personnes dans le besoin. Bien que les 90 pays concernés à l’heure actuelle comprennent à la fois des pays à revenu faible et intermédiaire, cette liste exclut des dizaines d’autres pays à revenu intermédiaire, dont certains présentent des taux élevés d’infection au VIH. L’élargissement du nombre de pays pourrait encourager la production de génériques en agrandissant la taille du marché potentiel.
« ViiV Healthcare devrait permettre la production et la fourniture de génériques dans tous les pays à revenu faible et intermédiaire », a déclaré Lilian Mworeko, directrice exécutive de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH en Afrique de l’Est. « Toute décision en deçà de cet objectif signifierait que des millions de personnes qui ont besoin de ces produits n’y auraient pas accès dans les années à venir. Chaque jour de retard serait un échec dans la prévention de la propagation du VIH et nous éloignerait davantage de [l’objectif de mettre] fin au sida d’ici 2030. »
« Lors de la Conférence sur le sida à Montréal, ViiV a pris d’importantes mesures initiales pour permettre à ce nouvel outil de prévention efficace d’atteindre beaucoup de personnes dans le besoin. Il est maintenant temps pour ViiV de prendre des mesures supplémentaires courageuses. Il s’agit notamment d’assurer l’enregistrement [du CAB-LA] auprès des agences du médicament dans tous les pays où les taux de VIH sont les plus élevés, d’annoncer un prix bas et d’étendre la liste des pays autorisés pour le marché des génériques. Les actions audacieuses que pourrait prendre ViiV permettraient de sauver des millions de vies », a déclaré Matthew Kavanagh, directeur exécutif adjoint par intérim de l’ONUSIDA.
Long acting ARVs need to be made available!
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"The First Fallen", un film d'espoir
03 novembre 2022
03 novembre 2022 03 novembre 2022Debout devant un cinéma, Rodrigo de Oliveira se réjouit d’avoir été invité sur plus de 40 festivals internationaux afin de promouvoir son long métrage sur le VIH, « Os Primeiros Soldados » (les premières victimes)
« Le sentiment d’appartenance à une communauté est une chose abstraite, mais j’ai vu les visages de nombreuses personnes de la communauté LGBTQI à chaque étape de la promotion de mon film », explique-t-il. « Et, d’une certaine manière, c’est ce que j’ai voulu montrer. »
Le film commence le jour de la Saint-Sylvestre 1983. Un jeune homme rentre dans sa ville natale au Brésil après avoir vécu à Paris. Il se sent un peu déprimé et distant. Il craint d’avoir attrapé quelque chose. Tout au long du film, une maladie inconnue est évoquée à mots couverts, mais le sida ou le VIH n’est mentionné que dans la dernière scène. Rodrigo de Oliveira suit la lente évolution de la santé du jeune homme qui « disparaît » et se cache dans une maison de campagne. Il y est rejoint par une femme transgenre et un autre ami qui lui non plus ne se sent pas bien. Un ami intime leur envoie plusieurs médicaments depuis Paris. Certains comprimés sont une première génération d’antirétroviraux, d’autres sont des vitamines ou à base d’aileron de requin. Les trois protagonistes ont peur d’être victimes d’une maladie qui défie la logique.
« Pour moi, l’espoir réside dans la connaissance. C’est fondamental. Mais comme vous pouvez le voir, la communauté et le soutien sont essentiels pour surmonter n’importe quelle situation », indique M. de Oliveira.
Passant sa main sur son crâne chauve, il avoue qu’il s’agit de son premier film abordant la communauté LGBTQI et le VIH après sept longs métrages.
« Mes films auront mis plus de temps que moi pour sortir du placard », s’exclame-t-il. « En 2021, je faisais mes premiers pas sur la scène en tant qu’homme gay et j’ai perdu des proches du sida. Je me suis donc senti responsable envers les personnes que j’ai vues disparaître. »
Né en 1985, M. de Oliveira explique qu'il pense toutes les semaines au VIH. Comme il le montre dans le film, le VIH était synonyme de mort dans les années 80 et 90. Cela a pris fin avec la démocratisation du traitement vital contre le VIH. Depuis, il est devenu normal de vivre en pleine forme avec le VIH.
M. de Oliveira raconte que lors d’une projection, des jeunes n’ont pas compris la scène où deux des personnages montrent des signes du sarcome de Kaposi (plaques rougeâtres plates et décolorées sur la peau, symptôme d’un cancer déclenché par un système immunitaire affaibli chez les personnes vivant avec le VIH qui ne prennent pas de médicaments).
« J’ai été surpris par ce manque de connaissances », déclare-t-il. Cette conversation l’a conforté dans son projet de montrer des destins au milieu des années 80 dans son pays d’origine.
« La communauté LGBTQI est tellement habituée à être oubliée que nous devons documenter nos vies et ce [film] est un témoignage », continue M. de Oliveira. « Dans mon film, les trois protagonistes réagissent différemment à la « maladie qui défie la logique »... l’un se bat, l’autre la documente et le troisième adopte une approche artistique/scientifique », explique-t-il.
Ces trois perspectives étaient importantes pour lui afin de documenter la peur, l’angoisse et les efforts nécessaires pour surmonter cette crise. En évoquant à peine le VIH, Rodrigo de Oliveira souhaite illustrer le « grand silence » qui entourait la maladie à l’époque.
Dans une scène, la sœur du jeune homme demande à voir son frère dans une clinique délabrée, mais le personnel l’en empêche en disant : « la honte les enfermera. »
« Je voulais parler de la stigmatisation et de la discrimination, mais je ne pouvais pas imaginer mettre en scène une agression réelle », explique-t-il.
La directrice de l’ONUSIDA pour l’égalité des sexes, les droits humains et l’engagement communautaire, Suki Beavers, qui était récemment sur scène avec M. de Oliveira lors d’une projection à Genève à l’occasion du festival du film Everybody’s Perfect, a déclaré que le film est un exemple de droits bafoués. Et que les inégalités concomitantes, comme être pauvre ou transgenre ou gay ou illettré, aggravent uniquement les difficultés (dans une scène, le personnage transgenre entre dans une colère noire après avoir été jeté d’un bus après une dispute).
« [Le film] montre une violation évidente des droits au Brésil dans les années 80, ainsi qu’une revendication militante de ces droits », a-t-elle déclaré. « Ce phénomène est aujourd’hui encore très vivace dans de nombreuses régions du monde, c’est pourquoi nous ne pouvons pas abandonner la lutte pour mettre fin au sida. »
M. de Oliveira ajoute que malgré le thème plutôt sombre de son film, il souhaite que les gens sortent du cinéma avec le sentiment que l’amour est universel. « Le baiser qu'échangent les deux nouveaux amis montre bien que nous allons réussir », indique-t-il.
Il déclare vouloir réaliser deux autres longs métrages axés sur l’évolution de la riposte au sida. Il veut faire la chronique des années 90 dans l’un et des deux dernières décennies dans l’autre.
« Il me faut quatre à cinq ans pour réaliser un film, mais je sais que je partage le même objectif que l’ONUSIDA... mettre fin au sida », conclut-il. « J’aimerais juste pouvoir faire un film par jour tout comme vous sauvez une vie par jour. »