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Ajouter un carré à la fois au patchwork de la transformation culturelle de l’ONUSIDA

26 octobre 2022

L’ONUSIDA a publié un nouveau document destiné au personnel, aux partenaires et à d’autres organisations des Nations Unies afin d’encourager la réflexion sur les progrès réalisés et le travail encore en cours dans son processus de transformation culturelle. 

La brochure, Building a Workplace Culture of Equality—a Reflection on UNAIDS Culture Transformation Journey to Date (Construire une culture de l’égalité sur le lieu de travail : une réflexion sur la transformation de la culture de l’ONUSIDA à ce jour), aborde une série de mesures mises en œuvre depuis 2020 visant à instaurer une culture sur le lieu de travail qui encourage l’égalité, la sécurité et l’autonomie. La transformation de la culture de l’ONUSIDA prend ses racines dans des réflexions et des pratiques féministes. Elle accompagne le personnel de l’ONUSIDA tout au long de ce processus en l’aidant à trouver des méthodes de travail positives qui peuvent être menées à maturité et intégrées dans les règles et les pratiques de l’organisation.

En 1996, l’ONUSIDA a vu le jour en tant que seul Programme commun des Nations Unies. La petite équipe a grandi au fil des ans, menant la lutte et inspirant le monde pour atteindre sa vision de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida. Aujourd’hui, l’ONUSIDA, c’est 650 personnes de plus de 120 nationalités réparties sur 80 sites qui œuvrent pour mettre fin au sida comme menace de santé publique dans le cadre des Objectifs de développement durable. En 2018, un audit externe est arrivé à la conclusion qu’une transformation de la culture organisationnelle était nécessaire pour établir un environnement de travail responsabilisant et inclusif.

Les deux personnes à la tête de ce projet, ainsi que des membres du personnel gagnés à la cause du changement, se sont inspirés d’un projet emblématique, le NAMES Project AIDS Memorial Quilt, pour illustrer les concepts essentiels à une culture de l’autonomisation et de l’émancipation. Le « Quilt » (patchwork) original sur le sida se composait de carrés de tissu sur lesquels étaient brodés des noms. L’objectif était de ne pas oublier les personnes décédées de maladies opportunistes et de leur rendre hommage. Le symbole du patchwork s’est répandu parmi les proches de victimes. Il leur permettait de se souvenir de leurs défunts alors que la stigmatisation sociale les en empêchait souvent.

L’équipe de transformation culturelle de l’ONUSIDA a créé son propre patchwork virtuel afin d’illustrer le processus à long terme nécessaire pour transformer et pérenniser une culture de l’égalité et de la justice sociale.  

« Le personnel de l’organisation est déterminé à faire émerger une culture de l’égalité. Son travail est une véritable source d’inspiration », ont déclaré Mumtaz Mia et Juliane Drews qui dirigent le processus de transformation culturelle de l’ONUSIDA. « Les leçons tirées du processus de changement nous touchent beaucoup et nous espérons qu’en les recensant, cela aidera le personnel à continuer sur cette lancée. »

En d’autres termes, continuez à ajouter des carrés au patchwork de l’ONUSIDA.

Tous les documents sur la transformation culturelle de l’ONUSIDA peuvent être téléchargés ici.

Brochure: Building a Workplace Culture of Equality—a Reflection on UNAIDS Culture Transformation Journey to Date

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Six villes et une organisation communautaire ukrainienne récompensées lors de la conférence Fast-Track Cities 2022

11 octobre 2022

Lors d’une réception organisée aujourd’hui à Séville en Espagne dans le cadre de la conférence Fast-Track Cities 2022, six villes du réseau Les villes s’engagent, ainsi que 100% Life, une organisation communautaire ukrainienne, ont reçu respectivement le prix « Circle of Excellence Awards » et le prix « Community Leadership Award » pour cette année. Ces distinctions récompensent leur leadership politique, communautaire et en faveur de la santé publique.

Les mois précédents, l’International Association of Providers of AIDS Care (IAPAC) et le Fast-Track Cities Institute (FTCI), en collaboration avec le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), ont lancé un processus de nomination pour identifier des villes dans les six zones géographiques dont le travail illustre la mission Les villes s’engagent. L’IAPAC et l’ONUSIDA sont les principaux partenaires de l’initiative Les villes s’engagent. Ce programme lancé en 2014 regroupe aujourd’hui plus de 400 villes qui luttent activement pour mettre fin à leur épidémie urbaine de VIH d’ici 2030. Voici les six villes lauréates du prix « Circle of Excellence Awards » en 2022 :

  • Asie-Pacifique : Quezon City, Philippines
  • Europe : Amsterdam, Pays-Bas
  • Amérique latine/Caraïbes : Kingston, Jamaïque
  • Amérique du Nord : New York City, NY, États-Unis
  • Afrique australe/orientale : Johannesburg, Afrique du Sud
  • Afrique occidentale/centrale : État de Lagos, Nigeria

Les maires de Quezon City (Mme Ma. Josefina Belmonte), Kingston (M. Delroy Williams) et New York (M. Eric Adams) ont reçu les prix « Circle of Excellence » 2022 au nom de leurs villes, soit en personne (Mme Belmonte et M. William), soit par vidéo (M. Adams). Des fonctionnaires de départements de santé publique ont reçu le prix au nom des villes d’Amsterdam et de Johannesburg, ainsi que de l’État de Lagos.

Le prix décerné à 100% Life récompense le travail de l’association pendant la guerre actuelle en Ukraine, ainsi que celui d’autres organisations communautaires du pays qui soutiennent les efforts humanitaires et de santé publique en faveur des Ukrainiens et Ukrainiennes vivant avec le VIH et touchés par le virus. Mme Valeria Rachynska, directrice des droits humains, du genre et du développement communautaire chez 100% Life, a reçu le prix 2022 « Community Leadership Award » au nom de son organisation et des organisations partenaires dans toute l’Ukraine.

« Le leadership politique, communautaire et de santé publique est au cœur du mouvement Les villes s’engagent. Il fait partie intégrante de la prévention des décès dus au sida, de la lutte contre les nouvelles infections au VIH et de l’élimination de la stigmatisation liée au VIH », a déclaré le Dr José M. Zuniga, président/CEO de l’IAPAC et du FTCI, qui a dévoilé les deux prix lors de la conférence Fast-Track Cities 2021. « Félicitations à 100% Life et aux six villes mises à l’honneur pour leur action exemplaire. Je leur souhaite d’inspirer d’autres organisations communautaires et villes qui font preuve de volontarisme et d’audace dans leurs ripostes à leur épidémie urbaine de VIH. »

« La lutte contre le VIH nous a beaucoup appris. Nous avons besoin d’un leadership politique audacieux, d’une solidarité mondiale, d’une volonté de placer les communautés au centre de la riposte et d’un engagement en faveur des droits humains. Cela est vrai pour la COVID-19 et le sera pour les autres pandémies à venir », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « L’éradication des inégalités est le meilleur moyen d’être mieux préparés à la prochaine pandémie.  Les villes doivent montrer l’exemple ici. »

En 2021, le prix « Circle of Excellence Awards » avait été décerné à cinq villes du réseau Les villes s’engagent : Bangkok, Thaïlande ; Londres, Angleterre, Royaume-Uni ; Nairobi City County, Kenya ; San Francisco, CA, États-Unis ; São Paulo, Brésil. Le « Community Leadership Award » 2021 avait été remis à GAT, une organisation communautaire fournissant des services sociaux et de santé aux personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus au Portugal.

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Conférence Fast-Track Cities 2022 : signature de la Déclaration de Séville sur le rôle central des communautés touchées dans la riposte urbaine au VIH

11 octobre 2022

Plusieurs maires et un gouverneur adjoint se sont réunis en personne aujourd’hui à Séville en Espagne au cours d’une réception organisée dans le cadre de la conférence Fast-Track Cities 2022. Ils ont été rejoints à distance par des confrères et des consœurs de l’ensemble du réseau « Les villes s’engagent » pour signer une déclaration. Ce document définit comment mettre l’accent sur les communautés touchées dans les ripostes contre le VIH en milieu urbain afin de faciliter leur intégration.

  • Les maires de Blantyre (Wild Ndipo), Kingston (Delroy Williams), Libreville (Issa Malam Salatou), Quezon City (Ma. Josefina Belmonte) et Séville (Antonio Muñoz Martínez) ont signé la Sevilla Declaration on the Centrality of Affected Communities in Urban HIV Responses (Déclaration de Séville) avec le maire de Johannesburg (Dada Morero), celui de New York (Eric Adams), et d’autres maires qui ont participé par vidéo ou par Internet.
  • La gouverneure adjointe de la métropole de Bangkok (Dr Tavida Kamolvej) a également apposé sa signature sur la déclaration lors de la cérémonie organisée à Séville, et un représentant de GGD Amsterdam a signé au nom de la maire de cette ville hollandaise (Femke Halsema). Plusieurs fonctionnaires venant de comtés et de provinces appartenant aux Villes s’engagent dans d’autres pays ont également signé la déclaration par vidéo ou par Internet.
  • En outre, les maires et des représentant-es de 22 villes du réseau en Espagne ont signé ce document. Il convient de noter que la ministre espagnole de la Santé, Carolina Darias, a assisté à la cérémonie de signature en tant que témoin. Plus de 150 villes espagnoles ont rejoint le réseau Les villes s’engagent et Séville a été la première ville du pays à signer la Déclaration de Paris « Mettre fin à l’épidémie du sida : Les villes s’engagent » en 2015.

Selon le Dr José M. Zuniga, Président/PDG de l’International Association of Providers of AIDS Care et du Fast-Track Cities Institute, la Déclaration de Séville vient compléter la Déclaration de Paris sur les Villes s’engagent, que plus de 400 villes et municipalités du monde entier ont signée depuis la création du réseau en 2014, rejoignant ainsi le réseau Les villes s’engagent. La nouvelle déclaration inclut 10 engagements que les villes du réseau doivent prendre. Ils couvrent aussi bien la protection de la dignité et des droits des communautés touchées par le VIH que la réalisation des objectifs des Nations Unies pour les ripostes communautaires au VIH.

« Une expression vague et trop malléable comme « placer les personnes au centre » de la riposte au VIH a peu d’effet si elle est sujette à de multiples interprétations ou, pire, si elle est utilisée pour créer de simples quotas qui délégitiment la parole et le leadership si nécessaires », a déclaré le Dr Zuniga. « Les 10 engagements pris par Les villes s’engagent dans la signature de la Déclaration de Séville sont une étape importante pour clarifier la définition, la mise en œuvre et la facilitation de ce que nous entendons par « placer les personnes au centre » des ripostes urbaines au VIH à un moment de l’histoire où il est essentiel de le faire. »

La Déclaration de Séville a été rédigée par des organisations représentant les personnes vivant avec le VIH, notamment le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP+), et repose aussi sur des sessions d’écoute des communautés locales de personnes séropositives organisées au niveau régional dans le réseau Les villes s’engagent. Les quatre principaux partenaires de l’initiative Les villes s’engagent : l’IAPAC, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et la Ville de Paris, ont également apporté leur contribution.

« La Déclaration de Séville fournit une structure aux communautés de personnes vivant avec le VIH pour officialiser davantage le rôle qu’elles jouent dans la riposte au VIH au niveau des villes et des municipalités », a déclaré Sbongile Nkosi, co-directeur exécutif de GNP+, qui a officiellement approuvé la déclaration lors de la conférence Fast-Track Cities 2022. « Nous parlons beaucoup de « placer les personnes au cœur de la riposte au VIH », mais la Déclaration de Séville va plus loin en définissant les engagements que les gouvernements et les institutions locaux doivent prendre pour créer une place aux personnes vivant avec le VIH et à leurs organisations communautaires, et leur donner la possibilité de mener des ripostes urbaines au VIH. »

Dans sa Stratégie mondiale de lutte contre le sida, 2021-2026, l’ONUSIDA met l’accent sur la nature essentielle de l’engagement et du leadership des communautés pour redynamiser la lutte contre le VIH fragilisée par la pandémie de COVID-19. Grâce à son action en faveur de l’engagement communautaire, l’ONUSIDA ne cesse de souligner que l’appel à « ne rien faire pour nous sans nous impliquer » doit devenir plus qu’un simple slogan.

« Conformément à la Stratégie mondiale de lutte contre le sida et à la Déclaration de Séville, il est primordial d’autonomiser et d’intégrer l’engagement des communautés pour mettre fin au sida et placer les personnes au cœur de la riposte », a déclaré le directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA pour la branche Programme, Eamonn Murphy.

Cliquez ici pour lire la Déclaration de Séville.

Déclaration de Séville sur le rôle central des communautés touchées dans la riposte urbaine au VIH

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La justice n’est jamais un don, mais une victoire : des activistes des Caraïbes orientales ont élaboré une stratégie efficace contre les lois qui criminalisent les personnes LGBT

31 août 2022

Pendant près de 150 ans, être gay à Saint-Kitts-et-Nevis faisait de vous un criminel.  Ce que les autorités coloniales appelaient inhumainement « le crime abominable de sodomie » était inscrit dans le droit et avait pour effet de punir, stigmatiser, discriminer les personnes LGBT et de les empêcher d’être elles-mêmes. 

Cette semaine, la Haute Cour de ce pays des Caraïbes a jugé que les dispositions qui criminalisaient les actes sexuels privés entre partenaires du même sexe allaient à l’encontre de la constitution et que la criminalisation devenait nulle et non avenue avec effet immédiat. 

Maître Nadia Chiesa a souligné que le dossier à Saint-Kitts-et-Nevis portait sur plusieurs violations de droits constitutionnels par des dispositions pénales : les droits à la vie privée, à la liberté personnelle, à l’absence de discrimination et à la liberté d’expression.  

« Le dossier n’a pas été étayé uniquement par des arguments juridiques, mais aussi par de nombreux exemples illustrant l’effet de ces lois sur les personnes dans la communauté et dans tous les aspects de leur vie », a expliqué Mme Chiesa.  

Les preuves apportées par les plaignants et plaignantes touchaient des problèmes rencontrés régulièrement par les membres de la communauté LGBT à Saint-Kitts-et-Nevis.  Figurait en tête « une tendance à éviter les services de santé sexuelle, y compris le dépistage du VIH, par peur de la stigmatisation par les prestataires de soins de santé ou la société au sens large ».  

« Les programmes de lutte contre le VIH sont censés se concentrer sur les populations clés, y compris les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, pourtant certains gouvernements ont mis en place des politiques pour ne pas se conformer à ces approches, ou encore on observe de facto une absence d’action de la part des autorités chargées de fournir des services aux communautés. Cette preuve était très importante pour étayer l’argumentaire juridique concernant la discrimination », explique Veronica Cenac, avocate à Sainte-Lucie et une des principales instigatrices de l’initiative.   

Aujourd’hui, l’évolution de la législation va permettre d’améliorer tout un éventail de services. Le changement de la législation sauvera et changera des vies.  

Alors que les activistes fêtent leur succès, tous et toutes soulignent également l’importance de réfléchir sur le processus qui a mené à cette victoire et d’en tirer des leçons, de contribuer à apporter leur expérience aux efforts des autres et de fournir des informations sur les prochaines étapes nécessaires pour mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination.  

La stratégie qui allait finalement renverser une loi du 19e siècle a vu le jour il y a sept ans. Le mois dernier, cette initiative a attaqué et renversé la loi sur la « sodomie » à Antigua-et-Barbuda. Des actions similaires ont été lancées à la Barbade, à la Grenade et à Sainte-Lucie.  

Cette approche s’inspire d’exemples récents aux Caraïbes de recours à l’examen de la législation en vue de renverser les lois qui criminalisaient les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) au Belize, au Guyana et à Trinité-et-Tobago. Sous la direction de l’Eastern Caribbean Alliance for Diversity and Equality (ECADE), un regroupement d’avocats et avocates, de groupes de la société civile et d’organisations de défense des droits humains a élaboré un plan spécial pour viser des lois discriminatoires dans les Caraïbes orientales. 

Le processus de l’ECADE reposait sur trois piliers.  

Premièrement, plutôt que de se concentrer sur la création d’une dynamique positive dans la couverture médiatique des affaires, les efforts de communication se sont focalisés sur la sensibilisation et la prise en compte des connaissances des communautés. L’équipe a travaillé pour identifier les points forts et les soutiens, tout en prévoyant de remédier aux écueils potentiels. 

Deuxièmement, la stratégie reposait fondamentalement sur le renforcement des institutions. 

« Il ne s’agissait pas uniquement d’intenter des poursuites en justice », a déclaré Kenita Placide, directrice exécutive de l’ECADE. « Mais de bâtir une communauté. »  

L’une des parties réclamantes était l’organisation non gouvernementale St. Kitts and Nevis Alliance for Equality (SKNAFE). La présidente de la SKNAFE, Tynetta McKoy, a révélé que l’organisation était prête à soutenir la prochaine étape du travail : renforcer l’implication du public.  

« La majorité des membres de la communauté... savent qu’il s’agit d’une première étape et qu’il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation et de sensibilisation du public. Au niveau communautaire, il s’agit d’un tremplin. Nous allons continuer », a-t-elle déclaré. 

La troisième étape de la stratégie consistait à assurer la sécurité des justiciables et de la communauté au sens large. L’ECADE a souligné l’importance de penser aux demandeurs et demandeuses au-delà de l’affaire et de s’assurer que ces personnes puissent vaquer à leurs occupations en toute sécurité, en particulier lorsque leurs noms et visages ont circulé dans les médias.  

L’ECADE a remercié chaudement les contributions du Human Dignity Trust, du Kaleidoscope Trust, du Réseau juridique VIH du Canada, de l’University of the West Indies Rights Advocacy Project (URAP) et de la Caribbean Vulnerable Communities (CVC) Coalition, entre autres, pour leurs contributions variées. Il s’agissait notamment de soutenir la recherche fondamentale et d’offrir des conseils stratégiques. 

Mme Cenac a indiqué qu’une nouvelle phase de la stratégie visera à encourager les gouvernements à adopter une législation protectrice. Cela garantira à la communauté LGBT et aux autres groupes vulnérables d’être couverts par les mêmes protections juridiques que les autres citoyens et citoyennes.     

E. Anthony Ross Q.C., avocat principal, a appelé les gouvernements des Caraïbes à prendre les devants pour garantir que leurs lois défendent les droits constitutionnels garantis des citoyens et citoyennes. 

« [Cette décision juridique] n’a rien créé de nouveau. La constitution confère spécifiquement ces droits. Les procureurs généraux et procureuses générales doivent en prendre note. Il est temps de passer au crible toutes les lois et de corriger ces lois discriminatoires. »

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Réaction de l’ONUSIDA suite à l’autorisation par l’UE d’un traitement du VIH à action prolongée : « Pour mettre fin au sida, partagez les technologies. »

23 août 2022

En réponse à l’annonce de l’autorisation par la Commission européenne d’une option de traitement du VIH à administrer deux fois par an, la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a déclaré :

« De nombreuses options de traitement anti-VIH à action prolongée sont en cours de développement. C’est une excellente nouvelle. Plusieurs options de traitements à action prolongée, à prendre quelques fois par an seulement, pourraient permettre à davantage de personnes de suivre un traitement ou offrir de meilleures options cliniques aux patients et patientes qui présentent une résistance aux traitements actuels. Ces personnes pourraient rester plus longtemps sous traitement ce qui éviterait de nombreux décès liés au sida, si ces traitements sont mis à disposition de tous ceux et celles qui en ont besoin. La situation est claire : aucun monopole de production ne peut garantir la disponibilité et l’accessibilité dans le monde entier. La disponibilité mondiale de traitements abordables à action prolongée nécessitera des transferts technologiques afin de garantir la production de médicaments génériques. »

Les progrès enregistrés dans les traitements à action prolongée s’inscrivent dans ceux de la prévention à action prolongée. La récente décision de ViiV de partager sa technologie de prévention du VIH à action prolongée pour permettre la production de génériques a apporté la preuve que les entreprises sont capables de partager. L’ONUSIDA a salué cette décision et appelle à allonger la liste des pays autorisés. Actuellement, de nombreux pays à revenu intermédiaire supérieur n’ont pas accès à ces technologies. La réalisation des objectifs mondiaux du sida nécessite que les pays à forte incidence du VIH aient accès aux dernières technologies. De nombreuses entreprises font aujourd’hui des progrès dans le développement de traitements anti-VIH à action prolongée. Nous leur demandons de prendre exemple sur ViiV, d’élargir le nombre de pays [bénéficiaires des droits de production] et d’en tirer des leçons en n’attendant pas la mise sur le marché pour transférer leur technologie.

Et Mme Byanyima de poursuivre :

« Tout retard dans le transfert de technologies des produits de santé innovants se paye en vies. Avant d’être lancé, le processus de partage des technologies de traitement à action prolongée, des droits de propriété intellectuelle et des « recettes » ne devrait pas attendre la mise à disposition des médicaments de traitement anti-VIH à action prolongée aux personnes. Ce processus doit commencer dès les premières étapes du cycle de recherche et développement (R&D). En partageant maintenant la technologie, les fabricants pourront se préparer, ce qui sauvera des vies et contribuera à mettre fin à la pandémie de sida. Le transfert de technologies capables de mettre fin à la pandémie vers les pays à revenu faible et intermédiaire n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est aussi dans le propre intérêt des pays riches. Nous ne pouvons mettre fin au sida qu’en l’éradiquant partout. Pour mettre fin au sida, partagez les technologies. Maintenant. »

 

Remarque

La déclaration de l’ONUSIDA fait suite à l’autorisation de l’UE communiquée dans l’article suivant (en anglais) : https://www.gilead.com/news-and-press/press-room/press-releases/2022/8/gilead-announces-first-global-regulatory-approval-of-sunlenca-lenacapavir-the-only-twiceyearly-hiv-treatment-option. La déclaration de l’ONUSIDA ne porte pas sur un médicament en particulier, mais sur les progrès réalisés dans les technologies à action prolongée et sur la nécessité de partager ces technologies. 

L’ONUSIDA salue l’accord de ViiV visant à permettre la production générique de PPrE à action prolongée dans 90 pays

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Haïti livre un modèle de service aux populations clés

16 août 2022

Imaginez qu'une large partie de la population vous accuse des tragédies qui frappent votre pays. Tremblements de terre. Cyclones. Inondations.

Imaginez maintenant que vous n'avez pas accès aux programmes de réponse aux catastrophes pour cette raison.

Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en Haïti sont victimes de préjugés fortement enracinés. La discrimination limite souvent leurs chances dans la vie. Les possibilités d’éducation et d’emploi se réduisent comme peau de chagrin. Même l’accès aux soins de santé peut devenir une épreuve.

Fondée en 1999, la SEROvie Foundation associe la promotion de la santé auprès de la communauté LGBT à la défense des droits humains et à l’autonomisation socio-économique. Aujourd’hui, l’organisation gère des projets dans neuf départements.

L’ONUSIDA soutient SEROvie pour garantir que les besoins des communautés de populations clés ne soient pas oubliés au cours des ripostes aux catastrophes. Cette intervention permet aux personnes séropositives de continuer à recevoir une thérapie antirétrovirale et de pouvoir obtenir de l'aide lorsqu'elles en ont besoin. Au-delà de la phase d’urgence, les bénéficiaires reçoivent un soutien pour retrouver une source de revenus et réintégrer leur foyer. Ces personnes obtiennent également un soutien psychosocial pour faire face au deuil et au traumatisme.

En 2016, SEROvie a fondé la clinique J.C Ménard à Port-au-Prince. Cet établissement se place au service des personnes LGBT et d’autres populations clés, y compris les professionnelles du sexe et leurs clients. Ici, SEROvie puise dans plus de vingt ans d’expérience dans la fourniture d’une assistance sanitaire et sociale pour mettre en place une offre exhaustive de services.

Avec l’aide de plusieurs partenaires, notamment l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), J.C Ménard propose une gamme de services gratuits pour lutter contre la violence sexiste, la stigmatisation et la discrimination, et encourager la planification familiale et la prévention du VIH, y compris en offrant une PPrE. Le centre fournit également un traitement et des soins contre le VIH, les IST et la tuberculose. 

Dans le laboratoire interne, l'équipe technique gère à la fois le diagnostic et le suivi du traitement. Elle suit le parcours de chacun et chacune, depuis le test positif jusqu'à la suppression virale. Au cours des 12 derniers mois, la clinique a réalisé sur place un dépistage du VIH auprès de 6 000 personnes et a aidé plus de 1 500 patients et patientes à gérer leur traitement. En plus de distribuer des médicaments, l'établissement échange avec d’autres centres pour éviter les ruptures de stock et les dépassements de la date de péremption.

Des travailleurs et travailleuses sociaux évaluent la situation de chaque bénéficiaire pour déterminer les besoins. La psychologue, Darline Armand, affirme que le moment le plus important de son travail est le premier échange avec une personne qui vient de découvrir sa séropositivité.

« Elle doit se sentir en sécurité », explique-t-elle.

Gregory Jacques, responsable des pairs, explique que la clinique utilise à la fois la sensibilisation et le guidage par les pairs comme approches stratégiques. Les éducateurs et éducatrices abordent avec les bénéficiaires les thèmes des relations, des risques et de la sécurité, et leur apportent des informations précises. Les navigateurs et navigatrices sont également des personnes séropositives qui guident les autres dans le processus de traitement et de soins.

« Ce qui fait la différence, c’est que [les bénéficiaires] savent que l'on est comme eux », explique un navigateur.

Dans la salle communautaire, des bénéficiaires obtiennent des informations sur le thème de la santé et des relations en participant à des activités dans la bonne humeur. C’est également là que ces personnes se rencontrent pour les groupes de soutien et les échanges.

L’équipe de suivi et d’évaluation mesure minutieusement les performances du programme. Elle recense tout, du nombre de personnes vivant avec le VIH identifiées au nombre de sessions de sensibilisation menées avec des prêtres vaudou, en passant par le dépistage indicateur. Au cours de l’année écoulée, plus de 15 000 personnes ont reçu des messages de sensibilisation sur le VIH, la violence sexiste, la stigmatisation et la discrimination de la part de la clinique. Plus de 1 500 personnes bénéficient de services complets de soins et de traitement anti-VIH, tandis que plus de 1 500 sont sous PPrE.

Steeve Laguerre, cofondateur de SEROvie, est ébahi et lucide quant au chemin parcouru par l’organisation.

« Les services que nous fournissons sont entièrement déterminés par les besoins des personnes que nous servons », explique-t-il. « Nous recherchons des financements qui correspondent à leurs demandes. Les bénéficiaires sont toujours la boussole de notre travail. » 

Cette approche centrée sur les bénéficiaires est précieuse pour les Caraïbes au sens large. Selon le rapport actualisé 2022 sur le sida, En Danger, l’année dernière, quatre nouvelles infections sur cinq dans la région étaient liées aux communautés de populations clés et à leurs partenaires sexuels. Parallèlement, la majeure partie du financement des activités régionales de prévention combinée avec les populations clés provient de sources internationales. 

« Les stratégies communautaires de prise en charge des patients et patientes permettent de réduire le diagnostic tardif et le manque de suivi tout en améliorant les résultats du traitement », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA pour Haïti, Dr Christian Mouala. « Ces approches doivent obtenir les ressources nécessaires et être intégrées correctement dans la riposte nationale. »

Region/country

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En République démocratique du Congo, Thérèse Omari maintient son engagement pour mettre fin au sida et offrir une vie digne et harmonieuse aux personnes vivant avec le VIH

28 juillet 2022

« Nous sommes là, nous ne baissons pas les bras ». Ce sont les mots encourageants de Thérèse Omari, une activiste engagée depuis plus de 20 ans dans la lutte contre le sida au sein de la fondation Femme Plus dont elle est la cofondatrice et la Directrice nationale en République démocratique du Congo.

Femme Plus, fidèle à sa devise « vie positive », œuvre pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. « L'objectif est avant tout que nos bénéficiaires vivent en harmonie avec eux-mêmes, avec leur entourage et avec leurs croyances », explique Mme Omari.

Pour cela, la fondation assure l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus grâce à des services de conseils, de soins et d’assistance. Femme Plus mène aussi de nombreuses activités au sein des communautés afin de libérer les personnes vivant avec le VIH du poids de la stigmatisation. « Il y a encore beaucoup à faire pour changer les comportements à l’égard des personnes vivant avec le VIH », regrette Mme Omari. En République Démocratique du Congo, la stigmatisation liée au VIH est encore très présente, notamment en milieu communautaire. « Beaucoup de personnes vivant avec le VIH déclarent ne plus participer à des réunions de famille et autres évènements, de peur d’être discriminées. Il est alors primordial que les personnes qui se présentent à Femme Plus se sentent considérées comme des personnes normales ayant des droits et des obligations », explique-t-elle. Afin de faire évoluer les consciences, la fondation met en place des ateliers destinés à apporter aux communautés les connaissances nécessaires pour mieux accompagner une personne vivant avec le VIH, sans la mettre à l’écart ni la traiter différemment.

Mme Omari déplore également la persistance de la stigmatisation et de la discrimination dans les milieux de soins malgré les nombreuses formations sur le VIH destinées au personnel soignant. Elle reçoit notamment des témoignages de femmes enceintes ayant été diagnostiquées positives au VIH dans une structure et souhaitant accoucher dans un autre centre de soin, de peur d’être stigmatisées et traitées différemment. Ce phénomène est problématique puisqu’il peut nuire à une prise en charge adaptée de la mère et du nourrisson.

Mettre fin à la discrimination et assurer la protection des droits des personnes vivant avec le VIH est donc l’une des priorités de Femmes Plus pour les aider à s’affirmer et faire les bons choix en ce qui concerne leur santé. « Nous encourageons les personnes vivant avec le VIH à se prendre en charge, à parler de ce qui ne va pas, pour leur propre bien », nous dit Mme Omari.

Mme Omari nous interpelle aussi sur d’autres obstacles à la riposte au sida. Le manque d’accès à la prévention et aux traitements, le faible taux de personnes ayant une charge virale indétectable, font partie des points faibles de la lutte en République démocratique du Congo. « Tout le monde n’a pas accès au dépistage. Il y a encore des personnes porteuses du VIH qui vivent dans l’anonymat », alerte Mme Omari.

Pour pallier ce manque, la fondation Femme Plus intervient auprès des dirigeants communautaires pour leur enseigner comment rester en bonne santé avec le VIH. Parmi d’autres activités, elle agit également auprès des femmes en âge d'être enceintes ou allaitantes en leur apportant les connaissances nécessaires pour protéger leurs bébés et ainsi mettre fin à la transmission verticale.

« Tant qu’il y aura des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique, qui n’ont pas accès aux traitements et qui n’ont pas atteint une charge virale indétectable, la lutte de la fondation Femme Plus aura toujours un sens » insiste Mme Omari.

Elle termine en précisant que la lutte contre le sida en République démocratique du Congo s’opère dans un contexte où les ressources sont limitées. « La population locale doit s’approprier les activités de prise en charge psychosociale et de prévention pour faire du VIH un enjeu électoral », explique-t-elle. Dans l’attente de financements plus conséquents de la part de l'Etat et d’une meilleure traçabilité des fonds, les services dirigés par les communautés ont un rôle crucial à jouer auprès des personnes vivant avec le VIH. Ils sont au cœur de la lutte contre le sida, plaidant pour l'accès à la prévention et aux soins vitaux, appelant au respect des droits humains et répondant aux besoins spécifiques de leurs bénéficiaires. Leur appui est donc crucial pour relever les défis de la lutte contre le VIH et mettre fin au sida d’ici 2030.

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Martine Somda, activiste engagée dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso, poursuit son combat pour défendre les droits des personnes vivant avec le VIH

26 juillet 2022

Mme Martine Somda Dakuyo a 34 ans lorsqu’elle est diagnostiquée positive au VIH. Cette annonce, qu’elle décrit comme traumatisante, bouleverse soudainement tous les espoirs et projets de cette mère de quatre enfants. « J’ai beaucoup souffert de la peur de mourir prématurément et dans des conditions déplorables » explique-t-elle. Malgré un profond sentiment de colère et d’injustice, elle parvient finalement à accepter son statut et va même jusqu'à le rendre publique dans les médias pour encourager les personnes vivant avec le VIH à s’accepter et obtenir de l’aide.

Aujourd’hui, grâce à ses traitements qui contrôlent sa charge virale et la maintiennent en bonne santé, Martine peut espérer vivre une vie heureuse et productive. Elle est l’une des pionnières de la lutte contre le sida au Burkina Faso avec près de 29 ans de combat aux côtés de l’ONG Responsabilité Espoir Vie Solidarité (REVS+). Cette association, dont elle est l’initiatrice et la Présidente du Conseil d’Administration, œuvre en faveur de la prévention du VIH, la prise en charge des personnes exposées au virus et la promotion de leurs droits humains.

« La lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une urgence sanitaire » alerte Mme Somda. Bien que le taux de prévalence du VIH s’élève à 0,7% au Burkina Faso, Mme Somda nous interpelle sur la situation des populations clés, davantage exposées aux dangers du VIH, et sur les raisons qui conduisent à cette triste réalité. Elle évoque notamment le contexte politique et sécuritaire de la région, les propositions de lois discriminatoires à l’égard des populations clés et la faible implication des personnes affectées par le VIH dans la lutte contre le sida comme obstacles à une prise en charge effective.

Afin de préserver les populations clés des dangers liés au VIH, Mme Somda a pour ambition de permettre l’accès universel aux méthodes de prévention, lesquelles sont un aspect crucial de la lutte contre le sida.

« Se concentrer sur l’accès effectif à la santé et aux droits des personnes en situation de rejet social et de criminalisation, c’est le défi auquel la lutte contre le sida devra répondre », affirme-t-elle.

Pour parvenir à un accès universel aux services de prévention, de soins et de suivi, Mme Somda préconise, entre autres, une plus grande implication des personnes affectées par le VIH dans l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le sida, une meilleure reconnaissance des actions menées sur le terrain et l’élimination des inégalités sociales et économiques qui alimentent l’épidémie.

En outre, Mme Somda nous fait part de ses préoccupations concernant le conservatisme et les pressions culturelles, religieuses et traditionnelles, qui favorisent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH.  Cette discrimination se manifeste sous diverses formes ; par des attaques verbales ou physiques, des menaces, du harcèlement, des arrestations arbitraires, observe-t-elle. De tels comportements sont dangereux et représentent un obstacle majeur à la lutte contre le sida puisqu’ils découragent les personnes vivant avec le VIH à se tourner vers les services appropriés. Il est ainsi urgent de mettre fin à ces violences pour créer un climat favorable au respect et à la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. Instaurer un discours plus inclusif, sans préjugés discriminatoires et erronés, permettra une réponse plus efficace et guidée par des valeurs de respect, d'intégrité et d'égalité.

C’est dans cette dynamique que REVS+ a mis en place en 2015 des ateliers et formations destinés aux décideurs, dirigeants religieux et coutumiers, professionnels de santé, police et médias. L'objectif de ces activités est avant tout de dénoncer les stéréotypes autour des personnes vivant avec le VIH et de mettre fin à la discrimination.

« La contribution des services communautaires à la réponse au VIH est connue et avérée, en cela qu’elle vient en complémentarité des services offerts par le système sanitaire public », explique Mme Somda. Assurer la continuité de leurs activités, et permettre au plus grand nombre d'en profiter est une nécessité pour lutter efficacement contre le sida dans la région. C’est notamment grâce à la résilience des réseaux comme REVS+, qui ont assuré le maintien des activités de prévention et des services de prise en charge des personnes affectées par le VIH, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH a pu être minimisé.

Enfin, pour garantir l’efficacité de la lutte contre le sida dans la région, et plus particulièrement au Burkina Faso, Mme Somda espère voir des financements plus conséquents et « davantage orientés sur le terrain, sur l’alignement des politiques, des stratégies et en accord avec les besoins des groupes marginalisés ».

Grâce à cet échange avec Mme Somda, nous constatons une nouvelle fois que le chemin à parcourir est encore long pour mettre fin au sida dans la région. Cet objectif est toutefois à portée de main si l'ensemble des acteurs de la riposte au VIH travaillent conjointement à l'élaboration de stratégies multi-sectorielles. La mise en œuvre de mesures permettant un accès universel aux services de prévention, l'élimination des inégalités et des stéréotypes liés au VIH ainsi qu’une meilleure gestion des investissements sont des priorités incontournables pour mettre fin au sida d'ici 2030.

Region/country

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Rapport du HCDH : agir en faveur des droits humains est indispensable pour mettre fin au sida d’ici 2030

29 juin 2022

Un nouveau rapport intitulé « Droits de l’homme et VIH/sida » a été présenté au cours de la 50e session du Conseil des droits de l’homme. Il confirme que la mise en œuvre de leviers sociétaux et le respect total des droits humains sont indispensables pour mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

Ce document a été présenté par la haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. Celle-ci l’a décrit comme un outil permettant de catalyser et de concentrer les efforts pour atteindre les objectifs de 2025 et protéger les droits des personnes vivant avec le VIH ou touchées par le virus.

« Il faut adopter une approche basée sur les droits humains afin de garantir que toutes les politiques pertinentes pour la riposte au VIH respectent, protègent et garantissent les droits humains, en veillant à ce que les populations clés et les autres populations marginalisées soient en mesure de revendiquer leurs droits », a déclaré Mme Bachelet.

Le rapport recommande des actions nécessaires pour atteindre les objectifs portant sur les leviers sociétaux qui ont été adoptés par l’Assemblée générale dans sa Déclaration politique sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030. Ces objectifs comprennent notamment la suppression des mesures juridiques et des politiques punitives, la réduction de la stigmatisation et de la discrimination, mais aussi la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes, ainsi que la violence sexiste.

Les leviers sociétaux sont des facteurs structurels et systémiques, notamment juridiques, culturels, sociaux et économiques qui jouent un rôle essentiel dans l'efficacité de la riposte au sida. Leur mise en œuvre éliminerait les obstacles pour accéder aux services de santé et permettrait aux individus et aux communautés de mieux protéger leur santé et leur bien-être. Les principales lacunes et difficultés qui subsistent dans la riposte au VIH sont en grande partie imputables aux manquements répétés à défendre les droits humains. Le rapport présenté montre noir sur blanc qu’il est possible de faire respecter les droits humains et de réformer les lois ou de réduire la stigmatisation et la discrimination, et que cela se produit déjà dans le monde. Cependant, pour mettre en œuvre ce changement, nous devons veiller à ce que l’action soit financée correctement, menée à long terme et par des organisations dirigées par des communautés. Reconnaissant cette situation, le rapport formule des recommandations claires pour garantir le financement et le soutien aux organisations communautaires, en particulier celles dirigées par les populations clés qui sont souvent criminalisées, ainsi que pour réduire la stigmatisation et la discrimination grâce à des plateformes multipartites telles que le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH.

En réaction à la publication du rapport, Dre Tlaleng Mofokeng, rapporteuse spéciale sur le droit à la santé, a déclaré : 

« À l’heure de l’amélioration de l’équité en matière de santé, il faut mettre l’accent sur les personnes qui sont frappées par plusieurs formes d’oppression simultanées et sur les statuts de santé, comme le VIH, qui mènent souvent à des discriminations. Cela encourage des approches du VIH fondées sur les droits humains et donc un examen des lois nationales et des cadres législatifs non seulement du point de vue de la protection des droits humains, mais aussi dans la mesure où ces textes favorisent une existence dans la dignité pour concrétiser le droit à la santé. Les lois hostiles et la criminalisation n’ont pas leur place dans les soins anti-VIH et les problématiques qui y sont liées. »

S’exprimant lors de cet événement, le directeur exécutif adjoint par intérim de l’ONUSIDA pour la politique, la sensibilisation et les connaissances, Matthew Kavanagh, a déclaré : 

« Pour la première fois, des États membres de l’ONU du monde entier s’engagent à atteindre des objectifs spécifiques en matière de réforme du droit et de suppression des lois punitives. Les lois et les politiques sont des aspects critiques pour le VIH. Elles ont le pouvoir soit d’aider les personnes à accéder aux services et à réduire les risques, soit d’encourager la discrimination et la stigmatisation. C’est à la fois une urgence et une nécessité pour nous ramener sur le droit chemin en vue de mettre fin au sida d’ici 2030. Nous disposons actuellement d’une chance unique de créer un changement significatif et durable pour nos communautés. »

Les activistes issus des communautés ont salué le rapport et appelé les pays à mettre en œuvre pleinement ses recommandations pour remettre le cap sur la fin du sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

« Nous, les communautés de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, avons communiqué nos besoins dès le début de cette épidémie. Nous avons défendu nos droits et ouvert la voie en recherchant des solutions innovantes aux défis rencontrés », a déclaré Harry Prabowo, coordinateur de projet chez APN+ et coordinateur régional GNP+ pour les partenariats mondiaux. « Nous ne sommes pas seulement des activistes, nous possédons l'expertise juridique et nous éduquons et conseillons nos communautés. Nous ne nous contentons pas d’accéder aux services, nous les élaborons, les mettons en œuvre et assurons leur suivi. »

« Un objectif à long terme consiste à investir dans la réalisation d’un engagement qui façonne l’avenir de l’Afrique, qui prouve que les jeunes, en particulier les jeunes filles et les femmes, ont le pouvoir ultime de changer le cours de l’histoire et d’apporter des changements sur les questions qui les touchent, notamment en ce qui concerne le VIH/sida et la violence sexiste », a déclaré la représentante de la jeunesse d’Education Plus, Rahma Seleman. 

Mikhail Golichenko du Groupe de référence sur le VIH et les droits humains a formulé les commentaires finaux. 

« Criminaliser la non-divulgation du VIH, la transmission involontaire du VIH et les comportements liés à la consommation de drogues, au commerce du sexe et aux comportements sexuels consensuels entre personnes du même sexe fait obstacle à l'arrêt et à l'inversion de la tendance de l’épidémie mondiale de VIH. »

 

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Un an après l’adoption de la nouvelle stratégie audacieuse sur le VIH/sida, il est vital de passer à la vitesse supérieure, déclarent des États membres les Nations Unies

10 juin 2022

Un an après l’adoption de la nouvelle Déclaration politique sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030, les États membres des Nations Unies ont souligné la nécessité de travailler ensemble pour accélérer sa mise en œuvre.

En amont de la réunion, le Secrétaire général des Nations Unies a publié un rapport intitulé Lutter contre les inégalités pour mettre fin à la pandémie de sida. Ce document porte sur la mise en œuvre de la déclaration politique sur le VIH/sida. Le rapport explique comment les inégalités et les investissements insuffisants « laissent le monde dangereusement mal préparé pour affronter les pandémies d’aujourd’hui et de demain »

La pandémie de sida cause plus de 13 000 décès chaque semaine.

Les données du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) montrent que le recul des infections au VIH et des décès dus au sida est trop lent pour tenir la promesse de mettre fin à la pandémie d’ici 2030.

Le rapport du Secrétaire général présente des solutions, notamment (a) la prévention du VIH et les leviers sociétaux ; (b) les interventions menées par les communautés ; (c) l’accès équitable aux médicaments, aux vaccins et aux technologies sanitaires ; (d) le financement durable de la lutte contre le sida et de l’action de prévention, de préparation et de riposte menée face aux pandémies ; (e) les systèmes de données axés sur l’être humain et (f) le renforcement des partenariats mondiaux.

La déclaration du Secrétaire général de l’ONU à l’Assemblée générale faite par l’entremise de son Chef du Cabinet, Courtenay Rattray, décrit trois actions immédiates pour inverser les tendances actuelles et combler le retard. « Tout d’abord, nous devons lutter contre les inégalités, la discrimination et la marginalisation qui touchent en même temps des communautés entières et qui sont souvent renforcées par des lois, des politiques et des pratiques punitives ». Il a appelé à des réformes politiques pour réduire les risques liés au VIH au sein des communautés marginalisées, notamment les travailleur-ses du sexe, les consommateur-rices de drogues injectables, les personnes incarcérées ou transgenres et les hommes gays. Il a souligné que la stigmatisation est une entrave à la santé publique : « Tout le monde souffre de la stigmatisation. La solidarité sociale protège tout le monde ».

La deuxième étape consiste à assurer le partage des technologies de santé, y compris les antirétroviraux à action prolongée, afin de les mettre à disposition des personnes dans tous les pays du monde.

La troisième étape consiste à augmenter les ressources allouées à la lutte contre le sida. « Investir dans la lutte contre le sida, c’est investir dans la sécurité sanitaire du monde entier. Ces investissements sauvent des vies... et permettent d’économiser de l’argent. »

Dans son discours d’ouverture, le président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a noté que « l’accès équitable aux soins de santé est un droit humain essentiel pour garantir la santé publique de tout le monde. Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. Les objectifs 2025 en matière de sida nous donnent l’occasion de travailler ensemble afin d’augmenter les investissements dans les systèmes de santé publique et dans les ripostes aux pandémies, ainsi que de tirer les leçons chèrement apprises de la crise du VIH/sida pour assurer la reprise post-COVID-19, et vice versa. »

Plus de 35 États membres, observateurs et observatrices ont fait des déclarations lors de l’état des lieux de la situation du sida. Des contributions ont été apportées notamment au nom du Groupe africain, de la Communauté caribéenne, du Système d’intégration de l’Amérique centrale et de l’Union européenne.

Les déclarations ont mis l’accent sur l’urgence d’intensifier l’action collective en vue d’atteindre les objectifs 2025 et sur l’importance de prendre en compte les inégalités pour garantir la réussite de la riposte au VIH.

Le Président de l’Assemblée générale, le Secrétaire général, le Groupe africain, l’UE et plusieurs États membres ont souligné l’importance de financer pleinement la riposte au VIH et de renforcer les investissements dans la santé mondiale.

Le Groupe africain, ainsi que beaucoup d’autres intervenants et intervenantes, a abordé le thème de la lutte contre la stigmatisation et des lois discriminatoires qui empêchent certaines personnes d’accéder aux soins de santé et aux services sociaux.

Le débat a clairement montré qu’il est possible de mettre fin au sida, mais que cela nécessite une collaboration internationale et une action courageuse de la part des pays dans la lutte contre les inégalités. « Le message le plus important aujourd’hui », a conclu le Secrétaire général, « c’est que si nous travaillons ensemble pour lutter contre les inégalités qui perpétuent le VIH/sida, nous sommes toujours en mesure d’y mettre fin comme menace de santé publique à l’horizon 2030. »

Secretary General's report to the General Assembly

Political Declaration on HIV and AIDS: Ending Inequalities and Getting on Track to End AIDS by 2030

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