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Samba Peuzzi, chanteur populaire et engagé, appelle à mettre fin aux infections à VIH parmi les enfants

16 juin 2022

Dans son studio d’enregistrement, Samba Peuzzi discute avec ses musiciens avec son énergie habituelle. Il est l’une des stars montantes de la scène musicale Sénégalaise. Une côte grandissante, des concerts à tout va, des millions de suiveurs sur les réseaux sociaux, Samba est un artiste que les jeunes au Sénégal et en Afrique de l’Ouest admirent et respectent. Ses paroles ont de l’impact et ses opinions comptent aux yeux de ses fans. 

Samba, c’est aussi un homme concerné par les défis auxquels fait face son pays, un homme indigné par le malheur de toutes ces personnes qui manquent encore de tout.  

C’est ce qui a poussé le chanteur à s’engager avec l’ONUSIDA pour lutter contre le VIH au Sénégal et dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Notamment, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est de mettre fin au VIH pédiatrique dans le pays et la région. Il décide donc de prêter sa voix à cette cause à l’occasion de la journée internationale de l’enfant Africain.  

Malgré son agenda chargé, Samba fait une pause et enregistre un message adressé à la jeunesse au Sénégal et dans la région. Il les met en garde contre la complaisance et leur demande de ne pas oublier le sida, qui fait encore des ravages et cause une mort par minute dans le monde. « Dans la région, 4,7 millions de personnes vivent avec la maladie et 150,000 personnes sont mortes de causes reliées au sida en 2020 », explique-t-il. « Nous ne serons à l’abri qu’une fois que tout le monde sera à l’abri ». Il rappelle l’importance du dépistage et insiste particulièrement sur la question des enfants, souvent laissés de côté et livrés à eux-mêmes. 

En 2020, 24% des enfants infectés par le VIH vivaient en Afrique de l’Ouest et du Centre, où le taux de dépistage des bébés à la naissance est le plus faible au monde. La même année, environ 39 000 enfants et adolescents entre 0 et 14 ans sont décédés de maladies liées au sida dans la région—cela représente 39% des décès globaux pour cette tranche d’âge. Samba ajoute que la transmission verticale du virus est la plus élevée au monde, une transmission qui peut être prévenue grâce à la prise de traitements adaptés. « Nous devons faire mieux ! Engageons-nous ! » insiste-t-il.  

Pour l’ONUSIDA, collaborer avec des artistes comme Samba revêt une importance toute particulière. “Peu de gens doutent du bien-fondé de nos messages”, explique Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. “Le sida est un problème qui doit être résolu, tout le monde peut s’accorder sur cela. Mais faire en sorte que ce message parvienne aux bonnes personnes, là est la difficulté. Samba Peuzzi, grâce à sa visibilité et le respect que les jeunes ont pour lui, nous aide à les sensibiliser, et à les inviter à s’impliquer dans le combat contre le VIH. C’est une action essentielle.” 

Le message de Samba Peuzzi place les jeunes devant une réalité douloureuse, mais a également le pouvoir de susciter une prise de conscience porteuse d’espoir. Il rappelle aux jeunes qu’aujourd’hui, on peut mener une vie normale et productive avec le VIH. Un dépistage précoce constitue le point de départ pour vivre longtemps et en bonne santé avec le VIH en accédant rapidement à un traitement qui peut arrêter l’évolution et la transmission du virus. « Le sida, on n’a plus besoin d’en mourir de nos jours », dit Samba. De plus, découvrir que l’on vit avec le VIH ne signifie pas que l’on doit renoncer à une vie affective et sexuelle épanouie, ou que l’on ne peut plus envisager d’avoir des enfants. 

Alors que la région fait face à des crises multiples, liées à la COVID-19, le conflit en Ukraine et la flambée des prix, il est indispensable de maintenir les efforts investis dans la réponse au VIH et rétablir au plus vite l’accès au dépistage et au traitement. Avec Samba, on regarde vers l’avenir avec une note d’optimisme et d’ambition.  

Retrouvez les clips de Samba Peuzzi sur nos plateformes Twitter, Facebook et  Instagram ainsi que sur les chaines de Trace Sénégal à la télévision et à la radio.

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Au Sénégal, de jeunes personnalités féminines demandent d’améliorer l’éducation de leurs pairs

24 mai 2022

Dans le cadre de l’initiative Education Plus, de jeunes militantes sénégalaises ont rencontré des femmes influentes de la région pour discuter de l’éducation des filles en Afrique subsaharienne et des défis auxquels elles sont confrontées.

Une étudiante en deuxième année de formation professionnelle en travail social, a déclaré que les jeunes femmes qui, comme elle, vivent avec le VIH sont toujours confrontées à la stigmatisation et à la marginalisation économique dans la plupart des domaines de la vie. « Parfois, les médicaments ne sont pas disponibles en stock et il n’est pas rare que les jeunes femmes vivant avec le VIH doivent partager leurs médicaments entre elles en attendant la prochaine livraison. » Selon cette étudiante, l’éducation garantit un meilleur avenir aux jeunes, tout comme elle l’a aidée à surmonter les défis auxquels elle est confrontée en raison de son statut sérologique et de son enfance difficile.

Une autre participante, Maah Koudia Keita (connue sous le nom de Lady Maah Keita), une musicienne sénégalaise albinos, a déclaré que les femmes atteintes d’albinisme étaient victimes de harcèlement et que la majorité d’entre elles sont la cible de viol et de violence sexuelle.

Elle est l’une des trois bassistes professionnelles en Afrique et la seule au Sénégal. Elle a déclaré : « les gens comme moi qui ont eu la chance d’aller à l’école ont maintenant le devoir de détruire les idées reçues sur les femmes albinos, surtout celles qui favorisent la violence. » Selon Mme Keita, plus le niveau d’éducation et de sensibilisation de la communauté augmentera, plus les femmes et les personnes albinos auront les moyens de se défendre.

Au cours de la réunion, Adama Pouye, militante féministe et membre du collectif féministe sénégalais qui a mené le mouvement Buul Ma Risu (Laisse-moi tranquille), a abordé longuement la question de la sensibilisation sur les agressions sexuelles dans les transports en commun.

« La violence verbale est omniprésente et les femmes finissent par croire qu’elles l’ont bien méritée », a-t-elle déclaré. « On vous fixe des limites en se fondant sur des normes mises en place par une société patriarcale, par des hommes et par des normes religieuses, mais notre religion ne peut pas être interprétée de manière à opprimer les femmes », a continué Mme Pouye.

Les jeunes femmes sont des relais essentiels à l’initiative Education Plus. Cette dernière travaille avec elles pour rassembler les leaders politiques, les partenaires de développement et les communautés afin que le droit à l’éducation et à la santé de chaque adolescente soit respecté en permettant à toutes les filles de suivre une éducation secondaire de qualité sans être exposées à des violences.

Comme l’a souligné lors de la réunion la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima : « les filles sont très vulnérables ici en Afrique occidentale et centrale. »

Elle a également expliqué que quatre jeunes femmes sur dix sont mariées avant leurs 18 ans et que le mariage des enfants est une grave violation de leurs droits et qu’il empêche les filles de développer leur plein potentiel.

« La scolarisation des filles jusqu’à la fin de l’école secondaire est un levier de protection des filles contre le VIH. Nous avons lutté par le passé pour l’école primaire et nous avons réussi. Nous devons maintenant en faire de même pour l’école secondaire », a expliqué Mme Byanyima.

La secrétaire exécutive adjointe du Conseil national de lutte contre le sida au Sénégal, Fatou Nar Mbaye Diouf, a abondé en ce sens. « Nous savons qu’en permettant aux filles de finir leur éducation secondaire, cela les protège du VIH et améliore de nombreux autres facteurs de santé et de développement, » a-t-elle déclaré.

Communiquant des chiffres clés du Sénégal, Mme Nar a indiqué que le niveau de connaissances complètes sur le VIH augmentait avec le niveau d’éducation. « Parmi les jeunes femmes, il est de 10 % chez les personnes sans éducation et de 41 % chez les personnes avec une éducation secondaire ou supérieure, tandis que parmi les jeunes hommes, la connaissance du VIH varie de 9 % chez les personnes sans éducation à 51 % avec éducation », a-t-elle déclaré. « L’éducation est essentielle. »

La directrice régionale pour l’Afrique occidentale et centrale de l’ONU Femmes, Oulimata Sarr, a conclu cette réunion intergénérationnelle en déclarant que l’éducation des filles n’était pas une menace et ne devait pas non plus être considérée comme telle. « Nous voulons changer le paradigme et le changer avec les jeunes femmes », a-t-elle déclaré.

Mme Sarr souhaite que la prochaine génération soit soutenue dans ses revendications pour être davantage entendue dans la prise de décision. « Nous devons passer le flambeau aux jeunes qui disposent d’autres formes d’organisation que nous, créer un héritage intergénérationnel avec des jeunes qui nous demanderont des comptes. »

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Offrir un traitement anti-VIH et une assistance aux personnes réfugiées ukrainiennes à Berlin

20 mai 2022

Plus de 600 000 personnes réfugiées ukrainiennes sont arrivées en Allemagne depuis le début de la guerre. Parmi elles, beaucoup sont séropositives, dont une majorité de femmes.

Au début, les gens avaient surtout besoin d’un logement, puis s’est ensuivie une avalanche de demandes pour obtenir un traitement contre le VIH. De nombreuses personnes réfugiées étaient en effet parties sans leurs médicaments ou avaient juste pris le strict minimum.

Vasilisa Sutushko est née avec le VIH. Elle est arrivée à Berlin début mars avec un mois seulement de traitement dans ses bagages. Elle ne savait rien du fonctionnement du système de santé allemand. Une ONG locale, la Berliner AIDS Hilfe qui est aussi l’une des plus anciennes organisations allemandes de lutte contre le VIH, a été inondée d’appels à l’aide.

« J’ai payé 10 € pour ces médicaments qui me serviront pendant trois mois », explique Mme Sutushko en montrant une boîte de traitement du VIH. « Lorsque je suis arrivée à Berlin, il m’a fallu comprendre si mes médicaments allaient être gratuits ou payants », continue-t-elle.

Contrairement à son pays d’origine, elle explique que la plupart des médicaments sont délivrés sur ordonnance en Allemagne.

« En Ukraine, je peux obtenir facilement tous les médicaments dont j’ai besoin à la pharmacie », indique Mme Sutushko.

Le conseiller pour les migrants et migrantes de la Berliner Aids Hilfe, Sergiu Grimalschi, explique que les structures organisées étaient rares lorsque les premières personnes réfugiées sont arrivées. Il a donc fallu improviser dans tout le pays. « Nous avons dû trouver rapidement une solution », dit-il.

Les organisations ont aidé d’innombrables personnes réfugiées à obtenir des médicaments ou un logement, à effectuer des démarches administratives et à résoudre d’autres problèmes de santé urgents.

Selon la Berliner AIDS Hilfe, la plupart des personnes réfugiées vivant avec le VIH ne pourront pas revenir chez elles tant que les établissements médicaux bombardés ne seront pas reconstruits.

Mme Sutushko, fondatrice de Teens Ukraine, une ONG qui aide les jeunes vivant avec le VIH, et d’autres avec elle, tentent désormais de créer un réseau afin de renforcer l’aide apportée aux personnes séropositives. De fait, de nombreuses personnes réfugiées ont hésité à demander de l’aide ou à divulguer leur statut sérologique dans leur pays d’accueil à cause de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH en Ukraine. « Je suis heureuse de voir des gens comme moi qui ont besoin d’aide, je peux aussi être utile », déclare Mme Sutushko.

L’ONUSIDA estime que 260 000 Ukrainiens et Ukrainiennes vivent avec le VIH. 30 000 d’entre elles environ ont fui leur pays depuis le début de la guerre et ont besoin d’un traitement contre le VIH.

Une interruption même temporaire du traitement peut entraîner une résistance aux médicaments et un risque accru de progression du sida.

Vidéo : Aider des réfugiés Ukrainiens à Berlin

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Les prestataires issus de la société civile continuent de se mobiliser en Ukraine

12 mai 2022

De nombreux services de santé vitaux ne fonctionnent plus depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Mais des prestataires locaux tels que l’Alliance for Public Health ont trouvé des moyens de continuer leur action. Bien que certaines routes soient minées et que de nombreux ponts aient été détruits, le projet Mobile HIV Case-Finding a utilisé ses 16 camionnettes pour fournir de la nourriture, un traitement anti-VIH et d’autres produits essentiels dans tout le pays. Il a également aidé des gens à trouver un abri.

La coordinatrice de l’équipe de la clinique mobile dans la région de Chernihiv, Iryna, a indiqué que la guerre a considérablement compliqué son travail. Chernihiv se trouve dans le nord de l’Ukraine à la frontière avec la Fédération de Russie et la Biélorussie.

« De nombreuses personnes étaient sur les routes, allant d’un endroit à un autre », a-t-elle expliqué. « C’était très difficile de travailler. »

L’Alliance for Public Health propose toutefois à nouveau bon nombre de ses services depuis mi-mars. Cette organisation non gouvernementale travaille principalement avec les consommateurs et consommatrices de drogues injectables et leurs partenaires.

« Les consommateurs et consommatrices de drogues injectables concentrent un nombre considérable de nouveaux cas de VIH en Ukraine en raison de pratiques d’injection dangereuses », explique Raman Hailevich.

Le directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Ukraine est conscient qu’il était déjà difficile d’atteindre les toxicomanes avant la guerre et que cela est encore plus compliqué aujourd’hui. Il accorde tout le mérite de ce travail sur le terrain aux groupes de la société civile.

« La plupart des contacts avec ce type de population difficile à atteindre sont réalisés par les organisations communautaires. Sans elles, la mise en œuvre de programmes de prévention chez les consommateurs et consommatrices de drogues ne serait pas possible », a-t-il déclaré.

En raison de l’insécurité, l’Alliance for Public Health a enregistré une baisse du nombre de dépistages du VIH et de l’hépatite C. Toutefois, Iryna est fière, car, selon elle, les équipes ont fourni un traitement à plus de 1 400 personnes en mars et avril, soit en l’envoyant par la poste soit en le livrant à domicile.

Fondé en 2019, le projet Mobile HIV Case-Finding est mis en œuvre par l’Alliance for Public Health et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il est financé par le CDC et le PEPFAR.

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Ukraine : un rapport indique que les femmes et les personnes marginalisées ont besoin d’accéder de toute urgence aux services de santé

11 mai 2022

Un nouveau rapport de l’ONU Femmes et de CARE International souligne l’urgence de fournir des services de santé aux femmes en Ukraine et explique pourquoi la communauté internationale doit soutenir une riposte à la crise humanitaire ukrainienne qui prenne en compte le sexe.

Le rapport met également l’accent sur la nécessité d’une approche intersectionnelle de la crise qui se penche sur les risques accrus rencontrés par les communautés marginalisées (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexe (LGBTI), les Roms, les personnes handicapées et celles atteintes de maladies chroniques), qui sont confrontées à d’immenses difficultés et ont des besoins spécifiques en matière de santé et de sécurité.

« Ce rapport influent montre pourquoi et comment les ripostes humanitaires doivent toujours prendre en compte le sexe, mais aussi répondre aux besoins spécifiques des communautés marginalisées », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Le courage et l’engagement des personnalités féminines qui continuent de servir leurs communautés, même en période de guerre, en Ukraine et dans le monde entier, sont une source d’inspiration. »

L’analyse du rapport, basée sur des enquêtes et des entretiens avec des personnes en Ukraine, a été menée en avril et détaille certaines dynamiques de la crise du point de vue des sexes et formule des recommandations pratiques et réalisables pour la riposte humanitaire internationale.

Les femmes et les filles interrogées dans le cadre du rapport ont mis en avant les difficultés à accéder aux services de santé, en particulier pour les survivantes de violences sexistes, les femmes enceintes et les jeunes mères, ainsi que la peur croissante face aux violences sexistes et au manque de nourriture, en particulier pour les personnes vivant dans les zones de conflit.

De nombreuses personnes interrogées ont évoqué les risques pour la santé, y compris la propagation de la COVID-19, à cause d’abris insalubres.

La guerre a également un impact sur l’accès à la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale et la santé maternelle, néonatale et infantile. De nombreux médias ont constaté que les effets de la guerre sur les conditions de vie augmentaient le risque de naissance prématurée.

Les personnes transgenres ont également besoin d’un accès régulier aux médicaments, mais beaucoup ont dû arrêter leur traitement hormonal en raison de l’arrêt de l’approvisionnement. Plusieurs organisations LGBTI fournissent un accès aux médicaments aux membres de la communauté transgenre, mais leur aide ne couvre pas tous les besoins.

« Avec son analyse prenant en compte le sexe, la Rapid Gender Analysis nous permet de consulter directement les populations touchées afin d’identifier avec précision les besoins spécifiques de différents groupes de personnes et de savoir comment les satisfaire au mieux », a déclaré la secrétaire générale de CARE International, Sofia Sprechmann Sineiro. « Ce que nous entendons du peuple ukrainien, c’est que certains groupes, comme les personnes handicapées, les Roms et d’autres minorités ethniques, les mères célibataires et les enfants non accompagnés, ont chacun besoin de différentes formes de protection et d’assistance. Pour que notre réponse reste efficace et pertinente, il faut s’adresser à ces groupes et les prioriser dans l’ensemble de l’écosystème de l’aide, car cette situation réellement dévastatrice continue d’évoluer. »

Le rapport appelle à soutenir les organisations dirigées par des femmes et les organisations de défense des droits des femmes qui fournissent des ressources financières et à faire davantage entendre leur voix sur les plateformes nationales et internationales.

Le rapport enjoint à combler les lacunes dans les services de réponse à la violence sexiste et à accorder la priorité à la santé sexuelle et reproductive, y compris aux soins cliniques offerts aux survivantes d’agressions sexuelles, ainsi qu’aux soins de santé maternelle, néonatale et infantile, notamment à l’accès à la contraception.

« Il est essentiel que la riposte humanitaire en Ukraine tienne compte et réponde aux différents besoins des femmes, des filles, des hommes et des garçons, y compris des populations les plus laissées pour compte », a déclaré la directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous. « Cette analyse arrive à point nommé. Elle apporte les preuves de ces besoins et de leur urgence. Les femmes jouent un rôle vital dans la riposte humanitaire au sein de leurs communautés. Elles doivent également être impliquées de manière significative dans les processus de planification et de prise de décision pour s’assurer que leurs besoins spécifiques sont satisfaits, en particulier ceux liés à la santé, à la sécurité et à l’accès aux moyens de subsistance. »

Rapport

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Angola : un examen de la législation recommande une réforme des lois sur le dépistage du VIH pour aider le pays à réduire les nouvelles infections chez les jeunes et à assurer le traitement

11 mai 2022

Les nouvelles infections au VIH chez les jeunes représentent un défi d’envergure en Angola. En 2020, 7 000 jeunes entre 15 et 24 ans ont contracté le virus. Les règles empêchant les jeunes de faire un dépistage du VIH sont un obstacle à la réduction des nouvelles infections et à l’accès à un traitement dans cette tranche d’âge.

De fait, à l’instar de plusieurs pays, l’Angola n’autorise pas les jeunes de moins de 18 ans à faire un test sans l’accord préalable de leurs parents. Comme les jeunes ont souvent peur d’aborder le thème du dépistage du VIH avec leurs parents, beaucoup n’essayent pas de faire un test et restent donc sans connaître leur statut sérologique. Cette décision les expose à de graves risques et a un impact négatif sur les mesures de santé publique.

L’Angola a reçu le soutien du Technical Support Mechanism dans le cadre de ses efforts visant à éliminer ces obstacles. Ce mécanisme géré par l’ONUSIDA, piloté par les pays et financé par l’USAID aide les nations à surmonter les défis politiques et programmatiques liés au VIH.

Le Technical Support Mechanism a examiné les lois, réglementations et politiques angolaises concernant l’âge de consentement pour le dépistage du VIH et les conseils anti-VIH. Il a comparé leur adéquation avec les normes et standards en matière de santé publique et de droits humains, et a évalué dans quelle mesure elles entravent l’accès aux services.

L’examen s’est soldé sur une recommandation fondée sur des preuves qui invite l’Angola à supprimer les obstacles juridiques empêchant les jeunes, y compris les jeunes membres des populations clés, d’accéder aux services de dépistage du VIH et de la tuberculose. La mise en place de ces mesures permettrait aux jeunes à partir de 14 ans, et aux moins de 14 ans si ces personnes sont suffisamment matures, de rechercher et d’accéder au dépistage du VIH et aux conseils sans avoir à demander l'accord de leurs parents. Cela contribuerait à établir un environnement juridique propice au diagnostic précoce du VIH. En retour, l’accès aux informations et aux services anti-VIH réduirait la probabilité de transmission du VIH et contribuerait à une baisse des nouvelles infections au VIH et des décès dus au sida.

En permettant à davantage de jeunes d’accéder aux services de dépistage du VIH, l’Angola pourra également tirer parti des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour atteindre les jeunes membres des populations clés, car cela figure parmi les priorités pour atteindre les objectifs nationaux en matière de VIH. Les leçons stratégiques tirées de cette expérience pourraient également fournir des informations précieuses pour un soutien technique similaire en Afrique orientale et australe et dans d’autres régions.

« Il est essentiel de veiller à ce que les jeunes connaissent leur statut sérologique vis-à-vis du VIH. Les règles exigeant un accord parental empêchent dans les faits beaucoup de jeunes d’accéder au dépistage du VIH. Par conséquent, les jeunes ne connaissant par leur état sérologique et n’accèdent pas à des services vitaux contre le VIH. Les lois imposant un âge de consentement au dépistage du VIH doivent être supprimées dans l’intérêt de la santé de l’humanité. Cela sauvera des vies et aidera l’Angola à mettre fin au sida », a déclaré Michel Kouakou, directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Angola.

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Assurer la sécurité des personnes LGBTI en temps de guerre

16 mai 2022

En amont de la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHoBiT) organisée chaque année le 17 mai, l’ONUSIDA s’entretient avec Evelyn Paradis, la directrice exécutive d’ILGA-Europe (l’association des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexuées basée en Europe), sur  la protection des droits des personnes LGBTI lors de crises humanitaires. 

Comment les crises humanitaires affectent-elles particulièrement les personnes LGBTI ?  

Les crises humanitaires touchent tout le monde, mais certaines communautés ont parfois besoin d’une réponse spécifique en raison de vulnérabilités préexistantes. Ces vulnérabilités particulières font que des personnes ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles ont à faire à des organisations humanitaires qui fournissent la sécurité d’un abri ou une aide alimentaire et médicale de base. Ne pas savoir si on s’occupera d’elles sans les discriminer et si on les accueillera et les prendra en charge tout simplement est un obstacle à l’aide humanitaire pour ces personnes.

L’ILGA est très active dans la crise ukrainienne.  Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTI touchées par la guerre 

Dans la crise ukrainienne, nous constatons que les personnes LGBTI ne sont pas intégrées de facto dans les chaînes d’approvisionnement des premiers secours. Les médicaments liés à la transition et spécifiques à l’intersexualité, comme le traitement hormonal substitutif et, dans une certaine mesure, les médicaments pour les personnes vivant avec le VIH, ne font pas encore partie intégrante des approvisionnements humanitaires. En outre, une part importante de la communauté LGBTI ne peut pas répondre à ses besoins fondamentaux, en raison d’inégalités socio-économiques antérieures au conflit.

Les femmes transsexuelles dont les papiers indiquent qu’elles sont de sexe masculin peuvent être obligées de rejoindre l’armée ou ne sont pas autorisées à quitter le pays avec d’autres femmes, ce qui les place dans une situation potentiellement très dangereuse.

Avoir accès à un abri sûr est également un problème. En Ukraine, beaucoup de personnes LGBTI ne se sentent pas en sécurité et se sentent exposées dans de nombreux abris, tandis que certaines personnes déplacées dans le pays signalent être confrontées à la discrimination lorsqu’elles tentent de louer un appartement. Par conséquent, de nombreux groupes LGBTI ont mis en place des abris pour soutenir leurs communautés. Certaines personnes qui restent et sont visibles ont été victimes d’attaques physiques, car la LGBTIphobie était déjà un problème en Ukraine avant la guerre.

Tout cela se passe alors que les personnes LGBTI sont confrontées aux mêmes difficultés que tout le monde : trouver de l’argent, de la nourriture, prendre soin de leurs proches et bien plus encore.

Que font des organisations comme l’ILGA pour les aider 

Nous envoyons un soutien financier direct aux groupes qui restent en Ukraine et fournissons un soutien direct à leurs communautés, ainsi qu’aux groupes LGBTI dans les pays d’accueil. Nous travaillons aussi activement à mobiliser des ressources pour tous les groupes LGBTI qui se mobilisent et aider les personnes LGBTI en Ukraine et à l’étranger. Nous travaillons avec des groupes et organisations humanitaires d’envergure comme l’ONUSIDA et leur communiquons les besoins sur le terrain, tout en militant auprès des institutions et des gouvernements européens pour qu’ils prennent des mesures à la fois en faveur des communautés LGBTI en Ukraine et des personnes LGBTI qui ont quitté le pays.

Que peut-on faire pour mieux répondre aux besoins spécifiques des personnes LGBTIQ+ en situation de crise humanitaire ?  

Nous constatons que le travail humanitaire et le développement de mesures de protection, comme la protection contre la violence sexiste ou l’accès aux médicaments, n’intègrent pas du tout une approche du point de vue LGBTI. À bien des égards, nous avons dû partir de zéro, notamment en établissant des contacts avec des acteurs du secteur humanitaire.

Bien qu’il soit encore tôt dans cette crise particulière pour fournir des recommandations spécifiques, il ne fait aucun doute que le travail en cours aura beaucoup à nous apprendre. Par conséquent, nous nous assurerons qu’à l’avenir les points de vue et les besoins de personnes LGBTI sont intégrés dès le départ dans la riposte des acteurs humanitaires.

De nombreuses organisations communautaires et de la société civile aident les personnes LGBTI touchées par la guerre en Ukraine.  À quels défis sont-elles confrontées dans l’exécution de ce travail important ?  

La structure de la plupart des organisations LGBTI ne les préparait pas au travail humanitaire, et pourtant elles aident à couvrir les besoins fondamentaux en plus du travail qu’elles continuent à fournir pour leurs communautés. Mais elles ne peuvent pas tout faire. Si elles deviennent les premières interlocutrices pour obtenir de l’aide et une assistance, cela se fera aux dépens de beaucoup d’autres problématiques, comme la défense des droits. C’est vrai aussi bien en Ukraine que dans les pays d’accueil.

Les inégalités, la stigmatisation, la discrimination et les violations des droits humains continuent d’empêcher les personnes LGBTI d’accéder aux services anti-VIH et de santé dont elles ont besoin. Comment pouvons-nous parvenir à un changement politique, juridique et social positif ?  

Le travail qui a commencé avec le secteur humanitaire montre qu’il y a un besoin, mais cette situation est aussi une chance. Si le secteur humanitaire intègre dès le départ les personnes et une perspective LGBTI dans son travail, cela peut marquer un changement positif pour ces communautés, en particulier en temps de crise.

Le 17 mai, Evelyn Paradis interviendra au cours d’une rencontre dans le cadre de la journée IDAHOBIT. Elle expliquera comment mieux protéger les droits des personnes LGBTIQ+, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, et comment garantir l’égalité des droits pour tous et toutes. Pour en savoir plus

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L’accueil des personnes réfugiées ukrainiennes en Allemagne est un grand test pour tout le monde

21 avril 2022

Le déclenchement de la guerre en Ukraine il y a cinquante jours a pris de nombreuses personnes par surprise, notamment l’équipe d’aide aux migrants et migrantes de la Berliner Aids-Hilfe. Sergiu Grimalschi et ses collègues ont été propulsés en première ligne pour aider des milliers de personnes réfugiées ukrainiennes venues en Allemagne, principalement celles vivant avec le VIH.

M. Grimalschi est interprète professionnel originaire de Roumanie et est arrivé à Berlin au début des années 1990. Au cours des vingt-cinq dernières années, il a travaillé sur la riposte au VIH principalement avec des personnes migrantes et est actuellement employé par la plus ancienne organisation allemande de lutte contre le VIH. De 2006 à 2012, il a aidé des pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale (EEAC) à développer des services de santé anti-VIH et a travaillé en Ukraine, au Bélarus, en Russie et en Pologne.

L’ONUSIDA s’est entretenue avec M. Grimalschi sur les défis auxquels sont confrontées les personnes réfugiées ukrainiennes vivant avec le VIH à Berlin.

Question : Sergiu, de nombreuses personnes réfugiées en Allemagne et vivant avec le VIH s’adressent directement à vous. Avez-vous eu le temps de vous y préparer ?

Réponse : Non. Personne n’était préparé et, honnêtement, la guerre a été une surprise complète pour nous et pour moi en particulier. L’Europe de l’Est figure sur la liste des priorités de mon organisation depuis 2010. Nous parlons tous et toutes des langues d’Europe de l’Est et nous suivons la situation dans la région. Alors, lorsque la guerre a commencé, j’ai fait une chose simple qui s’est avérée décisive. J’ai écrit un e-mail commun à un groupe de l’EEAC indiquant que toute personne vivant avec le VIH fuyant la guerre pour l’Allemagne pouvait me contacter ou contacter mes collègues par téléphone. Tout d’abord, j’ai été appelé par des collègues de Moldavie avec qui j’ai travaillé en étroite collaboration pendant la pandémie de COVID-19 lorsque nous avons fourni des médicaments à des personnes bloquées en Europe. Plusieurs organisations ukrainiennes ont ensuite commencé à me contacter. Elles ont continué à transmettre mon adresse e-mail et, en une semaine, les numéros de la Berliner Aids-Hilfe étaient sur tous les réseaux sociaux et sur tous les canaux sur Telegram.

Question : De nombreuses personnes réfugiées vivant avec le VIH ont fui vers l’Europe, en particulier vers l’Allemagne, car elles pensaient que tout le monde y avait accès au traitement et aux services anti-VIH. Vrai ou faux ?

Réponse : Oui, tout le monde y a accès, à l’exception des migrants et migrantes sans assurance maladie. Cela n’a changé que récemment.

À Berlin, par exemple, toutes les personnes, y compris les migrants et migrantes sans papier ni assurance, pouvaient accéder au traitement, mais seulement depuis fin 2018.

Tout cela est dû au fait que les personnes sans assurance maladie en Allemagne ne peuvent pas obtenir de traitement et que la loi ne tient pas compte des personnes dans cette situation. Et, comme vous le savez, sans thérapie, vous mourrez. Depuis 2000, nous nous sommes concentrés sur toutes les façons possibles de fournir à toutes les personnes vivant avec le VIH et dépourvues d’assurance l’accès à des médicaments et à un traitement médical qualifié.

Notre lutte contre ce problème a été la tâche la plus difficile et la plus importante pour nous depuis de nombreuses années, mais notre travail a porté ses fruits. Et ce, grâce aux nombreuses années de sensibilisation que nous avons accomplies.

Question : Expliquez-nous comment vous gérez l’afflux de personnes réfugiées en Allemagne.

Réponse : Ce n’est toujours pas si simple. Tout d’abord, la situation est très différente selon les États fédéraux (les länder) allemands.

Par ailleurs, lorsque les premières personnes réfugiées sont arrivées, il n’y avait pas vraiment de structures organisées. Nous avons donc dû improviser avec nos collègues dans tout le pays. Une fausse bonne idée a été par exemple de demander aux Ukrainiens et Ukrainiennes qui ont quitté leur maison de laisser leurs médicaments aux personnes restées dans le pays. Les premiers jours de la guerre, des médicaments ont été collectés dans toute l’Allemagne pour être envoyés en Ukraine ou en Pologne. Mais, au bout d’une semaine, les personnes originaires d’Ukraine et vivant avec le VIH étaient nombreuses à être arrivées à Berlin. Quelques femmes m’ont dit : « Je n’ai que 2 ou 3 comprimés parce que j’ai tout donné à mon mari. »

Nous avons dû trouver rapidement une solution.

Nous sommes allés chez des médecins à Berlin et avons trouvé des stocks de traitement anti-VIH que nous avons rapidement épuisés. Les médecins délivraient des ordonnances, mais il n’était pas clair comment elles allaient être couvertes par une assurance ou payées. Rien que le Dolutegravir, par exemple, qui fait partie du traitement qu’une majorité d’Ukrainiens et Ukrainiennes vivant avec le VIH prennent, coûte plus de 700 euros ici. Médecins, services sociaux, autres personnes séropositives, tout le monde s’est plié en quatre. Ces gens se disaient : « Une guerre est en cours ». Et finalement, les autorités de santé allemandes ont commencé progressivement à couvrir les coûts du traitement.

De nombreuses personnes qui arrivent d’Ukraine ne comprennent toujours pas comment obtenir une thérapie en Allemagne. Il n’y a pas ici de grands centres spécialisés qui distribuent des médicaments. J’explique aux gens : « Nous vous aidons à trouver un médecin spécialisé dans le VIH près de chez vous qui vous délivrera une ordonnance, puis vous pourrez vous rendre à la pharmacie pour obtenir vos médicaments. »

Ces dernières semaines, seuls certains des 16 länder allemands soignent des personnes sans assurance, sans enregistrement auprès des autorités locales, uniquement sur la base de leur passeport. Au cours des deux dernières semaines à Berlin, les médecins sont autorisés à soigner les personnes réfugiées ukrainiennes juste sur présentation d’une photocopie du passeport qui est ensuite envoyée aux services sociaux pour le remboursement. C’est un véritable exemple de solidarité humaine.

Question : Combien de personnes reçoivent actuellement une thérapie antirétrovirale à Berlin ?

Réponse : Aujourd’hui, environ 600 personnes séropositives en provenance d’Ukraine sont en contact avec moi dans toute l’Allemagne, dont 150 à Berlin. Dans l’ensemble, je dirais environ 2 000 personnes au total, mais tout le monde ne s’est pas encore manifesté, car certaines ont encore suffisamment de médicaments.

Question : Sergiu, dites-nous comment la guerre a commencé pour vous ?

Réponse : Lorsque ma mère m’a appelée de Roumanie le matin du 24 février pour me dire : « La guerre a commencé. » Je lui ai demandé : « Maman, tu as mal dormi ? Ce n’est pas drôle ! » Je pensais qu’elle avait un mauvais rêve. Je n’aurais jamais pensé que la Russie allait lancer l’invasion de l’Ukraine.

Personnellement, j’ai beaucoup de liens avec l’Europe de l’Est. Ma grand-mère a quitté la Russie en 1918, mon grand-père était originaire de Chernivtsi, ce qui signifie qu’en théorie, il aurait pu être ukrainien s’il n’avait pas fui en 1940. J’y ai beaucoup de très bonnes connaissances, de proches et de collègues avec qui j’ai travaillé, donc cette situation est très douloureuse pour moi.

Question : Sergiu, si j’ai bien compris, vous aidez les personnes réfugiées non seulement pour le traitement, mais aussi pour le logement et d’autres choses ?

Réponse : Oui, bien sûr. Nous aidons les personnes réfugiées à s’enregistrement auprès des autorités locales et à accéder aux services d’aide sociale, à l’assurance maladie, à une assistance psychologique dans leur langue et à tout ce dont elles ont besoin. Nous leur déconseillons également d’aller à la campagne. Il est préférable pour les personnes vivant avec le VIH ou ayant besoin d’un traitement de substitution de rester à Berlin ou dans d’autres grandes villes, là où il y a de meilleurs établissements de santé.

Mes collègues, mes amis/amies et moi essayons d’aider les gens à trouver un hébergement et des vêtements. La maison d’une de mes amies médecins, une Roumaine, était vide. Je lui ai demandé si elle voulait aider. Aujourd’hui, six familles ukrainiennes vivent chez elle. Une autre amie allemande a offert 2 500 euros à des femmes venues d’Ukraine pour couvrir leurs besoins de première nécessité. Bien sûr, je suis responsable de gérer tout cet argent, mais il s’agit d’une initiative personnelle et privée. L’un de mes amis, avocat, a acheté des iPads pour plusieurs enfants réfugiés. Il dit que les enfants doivent apprendre, donc maintenant ils peuvent aller sur Internet.

Question : Vous faites un travail incroyable, Sergiu... Qu’est-ce qui vous fait avancer ?

Réponse : Je suis impressionné par toute cette solidarité humaine et j’espère que toute cette horreur prendra bientôt fin... C’est un grand test pour nous tous et toutes.

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Engagement de la Jamaïque envers la protection sociale

05 mai 2022

La COVID-19 a eu un impact dévastateur sur l’économie jamaïcaine qui s’est rétractée de plus de 5 % en 2020. Selon la Banque mondiale, le taux de pauvreté est passé de 19 % en 2018 et 2019 à environ 23 % en 2020. Les femmes actives ont été parmi les groupes les plus touchés par la crise. Elles représentent environ 78 % du personnel humanitaire et de santé, et 55 % des effectifs dans les secteurs très exposés à la COVID-19, notamment le commerce et le tourisme. Par exemple, le secteur du tourisme de l’île qui avait accueilli 4,2 millions de personnes en 2019 a enregistré une baisse considérable en 2020 et 2021 en raison des restrictions de voyage mondiales liées à la pandémie.

En réaction, le gouvernement jamaïcain a mis en place une série de stratégies de relance, notamment par le biais d’une réduction des impôts et taxes. Il a également lancé le programme COVID-19 Allocation of Resources for Employees (CARE) qui visait à aider les travailleurs et travailleuses, ainsi que les entreprises en ces temps difficiles.

Les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus ont également ressenti l’impact de la pandémie. La charge supplémentaire causée par la COVID-19 sur le personnel et les établissements de santé, aggravée par les pertes de revenus et les restrictions de déplacement, a provoqué des perturbations dans l’accès aux services anti-VIH et d’autres services de santé.

En réponse, le Conseil national de planification familiale (National Family Planning Board) et l’ONUSIDA, en partenariat avec des acteurs essentiels pour la conception et la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection sociale, notamment le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, l’Institut de planification de Jamaïque, le ministère du Gouvernement local et du Développement rural, ainsi que des organisations de la société civile, ont collaboré pour réaliser une évaluation de la protection sociale et contre le VIH dans le pays. Cette étude a permis de réaliser une cartographie des services de protection sociale, d’identifier les lacunes pour atteindre les personnes, mais aussi les opportunités pour répondre aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, comme une meilleure information sur l’existence et les conditions pour bénéficier des aides, et de fournir des recommandations pour l’amélioration de la protection sociale.

Parmi la centaine de personnes interrogées, beaucoup ne connaissaient pas l’existence de programmes de protection sociale alors que le pays en propose plusieurs. La confusion régnait également sur les personnes éligibles pour bénéficier des programmes. En général, les personnes vivant avec le VIH, en particulier les mères séropositives de moins de 25 ans, font partie des populations confrontées aux plus grandes difficultés pour accéder aux programmes de lutte contre le VIH et de protection sociale en Jamaïque, en particulier le Programme de progrès grâce à la santé et à l’éducation (Programme of Advancement Through Health and Education, PATH). Par exemple, pour déposer une demande pour le PATH, une famille obtient une note qui prend en compte tous ses membres. Si elle n’est pas considérée comme pauvre, elle ne peut pas bénéficier du PATH, y compris les jeunes mères.

« Les systèmes de protection sociale sont essentiels pour mettre fin à l’épidémie de sida, car ils permettent de lutter contre les inégalités socio-économiques qui alimentent le risque et la vulnérabilité au VIH, y compris la stigmatisation et la discrimination ainsi que d’autres violations des droits humains, notamment en éliminant les obstacles à l’accès aux services anti-VIH », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA pour la Jamaïque, Richard Amenyah.

Parmi ses recommandations, l’évaluation a souligné l’importance d’informer sur les programmes de protection sociale existants, de revoir les critères de sélection pour l’assistance sociale, de numériser l’inscription et les virements, de renforcer la coordination locale et de consolider les programmes concernant le marché du travail.

« Les programmes de protection sociale jouent un rôle important pour les plus vulnérables de la société, car ils atténuent les effets de situations sociales et économiques difficiles engendrées par des circonstances telles que la pandémie de COVID-19. Ainsi, les recommandations de cette évaluation ne peuvent qu’améliorer les programmes de protection sociale existants et renforcer la collaboration multisectorielle dans ce domaine au profit des personnes les plus touchées, y compris les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Lovette Byfield, directrice principale du National Family Planning Board.

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Considérations importantes à intégrer aux interventions sur le VIH et la santé mentale

28 avril 2022

Une nouvelle publication de l’ONUSIDA et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne l’importance de l’intégration des services anti-VIH et de santé mentale et d’autres interventions, y compris en créant des liens vers les services de protection sociale, pour les personnes vivant avec le VIH et les autres populations vulnérables.

Les troubles mentaux augmentent le risque d’infection au VIH, et les personnes vivant avec le VIH sont davantage exposées à des problèmes de santé mentale, qui sont associés à un recours inférieur aux soins anti-VIH, à une augmentation des comportements à risque et à un plus faible engagement dans la prévention du VIH.

Par ailleurs, même si un nombre croissant de preuves démontrant que des méthodes efficaces de prévention, de dépistage, de diagnostic et de traitement des troubles mentaux courants, y compris la dépression et l’angoisse, existent et peuvent être mises en œuvre dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les services de santé mentale, destinés aux troubles neurologiques et liés à la consommation de substances ne sont souvent pas intégrés dans des ensembles de services et de soins essentiels, y compris pour le VIH.

« Nous savons que l’intégration du dépistage, du diagnostic, du traitement et des soins pour les troubles mentaux et l’assistance psychosociale aux services anti-VIH ne coûte obligatoirement pas cher », a déclaré Eamonn Murphy, directeur exécutif adjoint par intérim de la branche Programme de l’ONUSIDA. « Les approches intégrées centrées sur les personnes et spécifiques au contexte local garantissent de meilleurs résultats sur le VIH et la santé dans son ensemble, le bien-être et la qualité de vie. »

Cette publication est principalement destinée aux législateurs et législatrices au niveau national et local, aux responsables de programmes mondiaux, régionaux, nationaux et locaux, aux organisations travaillant dans les domaines de la santé, du VIH, de la santé mentale et d’autres services pertinents, ainsi que les prestataires de service dans ces domaines, et aux organisations et activistes issus de la société civile et des communautés.

Bien que l’accent soit mis sur l’intégration de la santé mentale avec les services anti-VIH et d’autres interventions, les considérations de la publication peuvent être pertinentes pour d’autres services, y compris pour les comorbidités du VIH telles que la tuberculose, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles.

« Notre publication réunit et compile en un seul document un grand nombre d’outils, de bonnes pratiques, de directives, y compris celles de l’OMS, et d’études de cas qui peuvent inspirer les pays et faciliter l’intégration des interventions et des services pour s’attaquer aux problématiques interconnectées de la santé mentale et du VIH sur le terrain », a déclaré Meg Doherty, directrice du Département Programmes mondiaux de lutte contre le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles de l’OMS.

« Avec cette publication conjointe de l’ONUSIDA et de l’OMS, nous espérons pouvoir aider ensemble les pays, les prestataires de services et les autres praticiens, les législateurs et législatrices, les responsables de la mise en œuvre des programmes et les communautés dans leurs efforts pour lutter de manière intégrée et efficace contre le VIH, les troubles mentaux, neurologiques et liés à l’utilisation de substances pour les personnes touchées »,  a déclaré Devora Kestel, directrice du Département Santé mentale et usage de substances psychoactives de l’OMS.

L’intégration de la santé mentale et de l’assistance psychosociale aux services et interventions liés au VIH, y compris ceux dirigés par les communautés, est l’une des actions prioritaires clés incluses dans la Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida et la Déclaration politique des Nations Unies de 2021 sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030. Ces deux documents appellent à aborder les problématiques interconnectées du VIH et de la santé mentale par le biais de services intégrés en investissant dans des systèmes de santé et de protection sociale solides, résilients, justes et financés par des fonds publics, en inversant les inégalités sanitaires et sociales et en mettant fin à la stigmatisation et à la discrimination.

La nouvelle publication souligne que l’épidémie de sida ne peut pas se terminer sans prendre en compte la santé mentale des personnes vivant avec le VIH, exposées au risque ou touchées par le virus, en assurant un accès équitable aux services anti-VIH pour les personnes souffrant de troubles mentaux et en parvenant à une couverture sanitaire universelle. 

Integration of mental health and HIV interventions — Key considerations

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