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L’entrepreneuriat social, un outil d’autonomisation pour la communauté LGBTI
20 avril 2022
20 avril 2022 20 avril 2022L’impact économique de la pandémie de COVID-19 sur les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) est considérable. Une enquête menée en 2020 auprès de plus de 20 000 membres de la communauté LGBTI dans 138 pays a montré que beaucoup avaient perdu leur emploi en raison de la pandémie. En outre, les personnes LGBTI ont été victimes d’une augmentation de la discrimination, des crimes de haine et des arrestations. La criminalisation, combinée à la stigmatisation et à la discrimination de ce groupe dans certains pays, a entravé la capacité de ses membres à chercher un soutien économique et sanitaire essentiel.
Au Brésil, au Ghana, en Inde, à Madagascar et en Ouganda, plusieurs des 23 bénéficiaires du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA aident des organisations LGBTI à renforcer leurs capacités économiques et l’impact social pour leurs communautés respectives à travers divers projets d’entrepreneuriat social.
L’Ouganda accueille plus de 1,5 million de personnes réfugiées. Les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont illégales dans le pays et le statut de réfugié-e s’accompagne de nombreux autres obstacles, notamment l’exclusion sociale. De plus, la pandémie de COVID-19 a détruit les moyens de subsistance de nombreuses personnes réfugiées en Ouganda qui appartiennent à des populations clés. Grâce à une subvention du Fonds de solidarité, la Simma Africa Creative Arts Foundation a créé le Rainbow Drip Craft Shop Project. Ce magasin commercialise des articles d’art et d’artisanat, notamment des bijoux en laiton et en perles, des chaussures en cuir fabriquées à la main et des vêtements en Ankara de style fusion fabriqués par des personnes LGBTI, des adolescentes et de jeunes femmes issues de camps et de communautés d’accueil de réfugié-es. « La boutique est devenue un espace sans danger et un moyen pour la communauté d’exprimer sa créativité et de canaliser ses compétences et ses talents pour établir des moyens de subsistance autonomes », a déclaré Natasha Simma de Simma Africa.
En collaboration avec les communautés ougandaises LGBTI et de travailleur-ses du sexe, la Vijana Na Children’s Foundation (VINACEF Uganda) a ouvert un salon communautaire offrant divers soins de beauté. Environ 80 membres de la communauté ont été mis en lien avec des services sociaux et formés à la gestion financière et d’une entreprise sociale. « Le projet d’entrepreneuriat social a renforcé l’implication et les capacités des communautés LGBTI et des travailleurs et travailleuses du sexe tout en leur permettant d’acquérir et d’utiliser de nouvelles compétences pour dégager un revenu durable », a déclaré Benard Ssembatya, directeur exécutif du VINACEF Uganda. Forte de cette expérience, VINACEF Uganda met en place un réseau de salons pour améliorer l’accès à l’information sur le VIH, les droits sexuels et reproductifs, la tuberculose, le cancer et les maladies non transmissibles à destination des membres de la communauté.
De même, au Brésil, l’Associação Social Anglicana de Solidariedade do Cerrado (Casa A+) a concrétisé le projet Empodera Mais en puisant dans les talents des membres des communautés LGBTI et des travailleur-ses du sexe dans le domaine des soins de beauté. « Nous avons motivé des membres issus de situations vulnérables à participer au projet d’entrepreneuriat social. Nous leur avons fourni pour cela le kit Empodera Mais qui contient des équipements et des produits de base afin de se lancer dans le domaine de la coiffure et des soins esthétiques », a déclaré Maurício Andrade, le fondateur de Casa A+. Les compétences techniques fournies ont encouragé les membres à lancer des activités dans les soins de beauté, ce qui leur a permis de surmonter les difficultés liées à la pandémie de COVID-19. Des partenariats techniques avec des spécialistes, un institut de beauté et des institutions telles que le service municipal de développement des ressources humaines de Palmas ont permis aux participant-es d’avoir une expérience sur le terrain avant le lancement de leur propre entreprise et de créer un réseau professionnel pour échanger des expériences et obtenir de nouvelles opportunités commerciales.
Au Ghana, la Hope Alliance Foundation et l’OHF Initiative ont lancé le Community Economic Empowerment Program pour créer des entreprises sociales dirigées par des personnes LGBTI et vivant avec le VIH afin de les aider économiquement à faire face à des défis complexes liés au cadre légal et à la COVID-19. L’initiative a fourni une formation professionnelle apportant des compétences dans la production de produits alimentaires et d’hygiène à 30 jeunes, a soutenu la création d’entreprises sociales dans la mode et a soutenu la rénovation et le réaménagement de 10 petites entreprises sélectionnées ayant été touchées par la COVID-19.
En Inde, la plateforme en ligne d’artistes Nachbaja.com a été mise en place pour surmonter les défis posés par la discrimination et la rémunération déloyale, ainsi que les difficultés liées à la sécurité des artistes de la communauté LGBTI. Au cours de la même période, Gaurav Trust a ouvert ses portes à des membres de la communauté pour intégrer un salon de beauté communautaire, La Beauté and Style, et a mobilisé des financements supplémentaires pour assurer sa pérennité et sa croissance.
Let’s Walk Ouganda est un autre exemple de croissance réussie. Son projet Jump Start vise à accueillir de petites entreprises de la mode, du design et de la production de savon liquide dirigées par des gays et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Les membres de la communauté ont fait preuve d’ingéniosité pour développer, élargir et diversifier leurs entreprises en réinvestissant savamment dans de nouvelles activités commerciales les revenus générés par la vente du premier lot de produits. Cela a conduit au développement et au lancement de l’application Stall App soutenue par l’ONUSIDA. Il s’agit d’une application de marketing social en ligne qui pourrait aider à stimuler la vente de produits développés par plusieurs entreprises dirigées par des populations clés, y compris d’autres bénéficiaires du Fonds de solidarité.
« Nous devons prendre conscience que pendant que le reste du monde se remet de l’impact économique de la pandémie de COVID-19, les communautés marginalisées en ressentiront les effets encore longtemps. Par conséquent, il est de la plus haute importance de continuer à soutenir les entreprises sociales innovantes dirigées par les communautés, pensées pour préserver leurs moyens de subsistance et surmonter des obstacles spécifiques », a déclaré le directeur de l’innovation de l’ONUSIDA, Pradeep Kakkattil.
La restauration de l’autonomie et de la dignité des communautés LGBTI doit être fondée sur des initiatives menées par ces dernières, en mettant l’accent sur la lutte contre les inégalités. Le fil conducteur qui relie ces initiatives variées est l’ingéniosité des personnes LGBTI face aux aléas. Les bénéficiaires ont démontré le potentiel que recèle l’autonomisation par l’art, la créativité et les compétences professionnelles encouragées par le financement de démarrage du Fonds de solidarité. Il est crucial de reconnaître et d’accepter la diversité dans l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans tous les domaines afin de rendre la communauté visible, de la protéger de la stigmatisation, de la discrimination et de la violence, et de l’impliquer dans la riposte aux pandémies.
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Maintenir les services anti-VIH à destination des toxicomanes à Odessa
22 avril 2022
22 avril 2022 22 avril 2022Odessa est un grand port sur la mer Noire où la consommation de drogues est importante. Dans les années 1990, la ville a enregistré les premiers cas de l’épidémie de VIH en Ukraine. Plus récemment, elle a mis en place des stratégies de services de réduction des risques à destination des toxicomanes qui figurent parmi les plus efficaces au monde. Le financement de ce système est assuré par des budgets nationaux et locaux et son exécution implique des organisations non gouvernementales et communautaires. Odessa a été l’une des premières villes d’Europe de l’Est et d’Asie centrale à signer la Déclaration de Paris. L’année dernière, elle a enregistré une baisse des nouveaux cas de VIH chez les toxicomanes.
Natalia Kitsenko est responsable du service de santé publique de la Road to Home Foundation, l’une des plus anciennes organisations d’Odessa qui fournissent des services aux consommateurs et consommatrices de drogues. L’ONUSIDA a parlé avec elle de la manière dont son organisation réussit à continuer d’aider les personnes dans le besoin, même pendant cette guerre.
Question : Beaucoup de personnes ont-elles fui Odessa ?
Réponse : Oui, beaucoup sont parties, principalement des femmes et des enfants. Les membres de notre organisation constituent une exception. Sur 60 collègues, 4 personnes sont parties parce qu’elles ont des enfants en bas âge. Les autres sont restées et nous poursuivons activement notre travail quotidien et fournissons une assistance d’urgence aux femmes avec des enfants et aux personnes âgées fuyant d’autres villes : Mykolaiv, Kherson, Marioupol et Kharkiv. Nous assurons principalement le transport vers la frontière moldave et nous les mettons en relation avec des bénévoles qui les aident ensuite dans le pays ou à atteindre une autre destination en fonction de leurs besoins.
Nous faisons également à manger comme des quiches et des ravioles pour les personnes dans le besoin. Toute cette situation nous unit. J’ai été témoin de beaucoup de scènes d’entraide autour de moi.
Question : Combien de personnes concernées par votre programme de réduction des risques ont quitté la ville ?
Réponse : Nous touchons près de 20 000 personnes par an à Odessa et dans les environs. À notre connaissance, seules 7 d’entre elles ont fui à l’étranger. D’autres sont entrées dans des groupes locaux de défense du territoire. D’autres encore aident à construire des structures de protection, ce qui implique de chercher des sacs de sable et de les transporter pour protéger les rues et les monuments. D’autres encore habitent avec nous afin d’obtenir les services dont elles ont besoin. Nous enregistrons un afflux de consommateurs et consommatrices de drogues d’autres régions d’Ukraine où les conditions sont bien pires.
Question : Quels services votre organisation propose-t-elle aux toxicomanes ?
Réponse : Tout d’abord, l’offre de base de réduction des risques que nous fournissons dans le cadre du budget de l’État comprend les consultations, la prévention du VIH (seringues, préservatifs, lingettes, lubrifiants, etc.), le dépistage du VIH et celui de la tuberculose. Parmi les personnes qui utilisent ces services depuis longtemps, le taux de détection d’une infection au VIH est de 0,02 %. Il atteint jusqu’à 7 % pour les personnes qui intègrent seulement le programme. Nous avons mis en place un modèle de recrutement de bénéficiaires avec l’Alliance for Public Health en utilisant la subvention du Fonds mondial et le soutien de l’ECDC. Nous encourageons les toxicomanes à venir avec leurs proches dans nos centres communautaires pour que ces personnes fassent un dépistage. C’est un aspect important, car les nouveaux et nouvelles bénéficiaires, en particulier les jeunes, qui commencent seulement à consommer des drogues, peuvent être un groupe très difficile à atteindre. Beaucoup d’entre eux cachent leur consommation et essaient de rester invisibles. Ce système de recrutement nous permet de les attirer vers nos services de réduction des risques, et, en premier lieu, vers les tests. La gestion des nouveaux cas, l’aide au diagnostic et à l’obtention d’une thérapie antirétrovirale, le dépistage et le suivi de la tuberculose sont également assurés par le biais d’un financement par des donateurs, en particulier le projet PEPFAR.
Question : Avez-vous obtenu des financements supplémentaires ?
Réponse : Oui. Nous venons de recevoir un financement supplémentaire du Fonds d’urgence de l’ONUSIDA pour acheter des médicaments, des pansements et des produits d’hygiène pour nos bénéficiaires. Cette aide essentielle arrive à point nommé, car nos bénéficiaires n’ont pas les moyens d’acheter de nombreux articles médicaux tels que le Fluconazole (un antibiotique) et ces articles sont par ailleurs devenus difficilement disponibles.
Question : Natalia, vous travaillez dans le domaine du VIH depuis plus de 20 ans. Le regard que porte le grand public sur les toxicomanes et les personnes vivant avec le VIH a-t-il changé ?
Réponse : Nous sommes heureux de constater une réduction spectaculaire du niveau de stigmatisation et de discrimination, ainsi qu’une amélioration globale des comportements envers nos bénéficiaires dans les environnements médicaux. Cependant, nous rencontrons toujours des problèmes de préjugés. Beaucoup de gens sont contre la présence de nos points d’échange de seringues et de nos centres communautaires près de chez eux, et ne souhaitent pas voir de toxicomanes dans leurs quartiers, car ces personnes craignent que les consommateurs et consommatrices de drogues menacent leur confort, leur bien-être et leur sécurité. Nous comprenons ces craintes et nous essayons d’expliquer aux personnes concernées pourquoi nous sommes là, comment fonctionnent ces points d’échange de seringues et les centres communautaires. Nous organisons des actions sur le terrain et des réunions pour expliquer aux personnes la réalité de la vie des toxicomanes. Notre travail consiste à justifier en permanence notre contribution et à montrer comment nous aidons à maîtriser les épidémies de VIH, de tuberculose et d’hépatite.
Depuis le début de la guerre, nous fournissons également un abri aux personnes qui vivent dans nos centres. Comme nos points d’échange de seringues se trouvent généralement dans les sous-sols, lorsque les sirènes se mettent à hurler, les voisins et voisines viennent chez nous. Cela signifie que, pour la première fois, les riverains et riveraines sont en contact direct avec des personnes vivant avec le VIH ou consommant des drogues.
Question : Quels sont les problèmes les plus urgents pour vous ?
Réponse : En ce moment, nous avons du mal à fournir à nos bénéficiaires du Naloxone qui permet d’éviter les overdoses. Bien que nous conseillons et informons sans cesse les gens sur les signes avant-coureurs d’une overdose, le nombre d’overdoses a augmenté à cause de la guerre en cours. Et comme le Naloxone est fabriqué dans la ville de Kharkiv qui est sous le feu des bombardements, nous n’en avons plus. Nous en avons besoin sous n’importe quelle forme, si possible sous une forme prête à l’emploi, intranasale ou injectable, car cela sauverait de nombreuses vies. Et nous devons maintenir les services anti-VIH pour les toxicomanes tout en leur fournissant une aide humanitaire urgente.
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Une logistique vitale en Ukraine
14 avril 2022
14 avril 2022 14 avril 2022Le 10 avril, Tetyana Pryadko (nous avons changé son nom) reçoit un appel de son médecin annonçant que sa thérapie antirétrovirale contre le VIH est arrivée. Cet appel est très important pour Tetyana, car elle suit un traitement depuis 10 ans sans interruption. Or il lui reste des médicaments pour seulement cinq jours. Elle vit à Chernihiv, une ville sur la ligne de front coupée des chaînes d’approvisionnement habituelles qui permettaient jusque-là à Tetyana d’obtenir régulièrement son traitement anti-VIH.
Avant le déclenchement du conflit, la thérapie antirétrovirale était en effet très facilement disponible en Ukraine. Larisa Getman, directrice du service Gestion et riposte au VIH du Centre de santé publique du ministère ukrainien de la Santé, a expliqué que « l’État a obtenu la majorité des thérapies antirétrovirales par l’intermédiaire de l’Agence nationale des marchés publics. » 100% LIFE est la plus grande organisation de personnes vivant avec le VIH en Ukraine. Elle assure l’approvisionnement en matériel médical dans le cadre des projets du Fonds mondial et gère l’aide humanitaire dans le cadre des programmes du PEPFAR, y compris l’approvisionnement d’urgence en antirétroviraux.
Valeria Rachinskaya, responsable des Droits humains, du genre et du développement communautaire chez 100% LIFE, suit elle-même une thérapie antirétrovirale depuis de nombreuses années. Elle explique que la pandémie de COVID-19, contre toute attente, a amélioré le respect du traitement, car il est devenu courant de disposer chez soi d’un stock de médicaments pour plusieurs mois et que la thérapie est envoyée à celles et ceux qui n’ont pas accès à un établissement de soin. Les téléconsultations et l’utilisation généralisée des applications mobiles font également partie du quotidien.
« Au début de la guerre, les gens n’étaient pas sans médicaments. Le pire a été pour la population des villes les plus touchées par les bombardements, où non seulement les installations médicales ont été détruites, mais dont les chaînes logistiques ont également été interrompues », indique-t-elle.
« Avant la guerre, l’ensemble du processus d’approvisionnement et de livraison était assez facile en Ukraine », explique Evgenia Rudenka, responsable du département Approvisionnement de 100% LIFE. « Les livraisons arrivaient à l’aéroport, nous nous occupions des formalités dans notre entrepôt et nous les distribuions. Mais la guerre est arrivée et il est devenu urgent de déterminer comment assurer la livraison de ces médicaments dans le pays et, surtout, comment les mettre à disposition des patients et patientes. Dès les premiers jours de la guerre, nous avons ainsi élaboré ces mécanismes avec nos partenaires. »
À la demande du Centre de santé publique ukrainien, avec l’appui de l’USAID et du CDC, le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) a accepté de contribuer à l’approvisionnement d’urgence en thérapie antirétrovirale. Chemonics, une agence du PEPFAR responsable des achats, a recherché dans le monde entier des stocks disponibles et a réservé du matériel vital.
Grâce au soutien de l’Union européenne qui a immédiatement mis au point les procédures spéciales de transit de l’aide humanitaire pour l’Ukraine, les livraisons ont commencé à se mettre en place à partir de pays voisins, principalement la Pologne et la Roumanie. « Grâce au soutien des chemins de fer, nous avons organisé l’enlèvement des marchandises dans une autre gare que celle du point de livraison central de la plupart des services d’aide humanitaire destinés à l’Ukraine. L’objectif était d’organiser immédiatement la distribution aux régions. (Étant donné qu’énormément de matériel humanitaire provenant de différents pays passe par l’Agence d’État pour les réserves stratégiques de Pologne, il est assez difficile d’avoir accès immédiatement aux livraisons.) Nous faisons donc appel à une entreprise de logistique capable de livrer des marchandises en Ukraine sous le régime du transit humanitaire, dans un entrepôt à Lviv, d’où nous pouvons effectuer la distribution immédiate », a déclaré Mme Rudenka.
La partie la plus difficile et la plus importante du processus est la livraison dans toute l’Ukraine, y compris sur le front.
Selon Mme Rudenka, de nombreuses entreprises de logistique ont cessé leurs activités à cause de la guerre, et celles encore actives ont multiplié par deux ou trois le coût de leurs services.
Les entreprises commerciales ne sont pas prêtes à se rendre dans des villes telles que Kharkiv, Kherson ou Mykolaiv, mais des bénévoles, travaillant en coordination avec les autorités locales, s’y rendent pour évacuer des gens et livrer des médicaments et d’autres articles.
« Dans les zones de combat, les bénévoles déchargent, par exemple, au siège de l’administration régionale, puis nous contactons les institutions médicales qui sont les destinataires finaux et nous leur disons où récupérer la livraison », explique-t-elle.
Néanmoins, plusieurs bénévoles ont été victimes d’attaques et quatre ont perdu la vie.
« La situation des personnes vivant avec le VIH en Ukraine est accablante. Nous essayons de fournir des médicaments, de la nourriture et de l’aide d’urgence sous d’autres formes aux personnes dans le besoin, mais le travail est dangereux et les bénévoles mettent leur vie en jeu. Si nous n’obtenons pas plus d’aide, je ne sais pas combien de temps nous pourrons continuer, en particulier pour atteindre les gens en première ligne », a déclaré le responsable du conseil de coordination de 100% LIFE, Dmytro Sherembey.
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Afrique orientale et australe : lancement d’un cadre d’action visant à impliquer les hommes dans la riposte au VIH
07 avril 2022
07 avril 2022 07 avril 2022Par rapport aux femmes, les hommes et les garçons sont moins susceptibles de se faire dépister, de commencer une thérapie antirétrovirale et de respecter leur traitement. Par conséquent, les taux de décès dus à des maladies opportunistes et de nombreuses autres maladies sont beaucoup plus élevés parmi eux. Cet état de fait est devenu de plus en plus criant au cours de la dernière décennie.
Dans le monde entier, la couverture de la thérapie antirétrovirale chez les hommes accuse un retard par rapport à celle des femmes. Dans de nombreux pays d’Afrique orientale et australe, la région la plus touchée par le VIH, plus de la moitié des hommes âgés de 24 à 35 ans vivant avec le VIH ne connaissent pas leur état sérologique et ne sont donc pas sous traitement. Cela nuit à leur propre santé et augmente le risque de transmission du VIH. Le diagnostic des hommes non diagnostiqués est essentiel pour promouvoir la santé masculine et rompre le cycle de transmission du VIH.
En Afrique orientale et australe, les services de soins de santé primaires mettent fortement l’accent sur les femmes en âge de procréer. Quant aux services de santé de la reproduction et ceux pour la mère et l’enfant, ils forment des points d’entrée idéals pour les services anti-VIH. À l’opposé, les points d’entrée similaires pour les hommes sont plus rares.
Une refonte structurelle de la fourniture des services de santé est nécessaire. Les établissements de santé sont-ils organisés de manière à promouvoir l’accès aux services par les hommes et les garçons ? Les systèmes, politiques et stratégies de santé liés au VIH incluent-ils les hommes, en particulier les plus vulnérables ? Cependant, les barrières du système de santé dépassent le simple cadre de la prestation de services. Un environnement favorable plus large doit en effet être créé, y compris au niveau des lois, des politiques et des stratégies de santé.
L’ONUSIDA a reconnu les lacunes et l’importance de l’engagement des hommes dans la riposte au VIH. Elle a ainsi élaboré le programme Male engagement in HIV testing, treatment and prevention in eastern and southern Africa: a framework for action en collaboration avec Sonke Gender Justice, l’Organisation mondiale de la Santé, l’ONU Femmes et d’autres partenaires. Ce cadre d’action vise à impliquer les hommes dans le dépistage, le traitement et la prévention du VIH en Afrique australe et orientale. Il pose un socle à l'action menée par les pays afin d’atteindre les objectifs de lutte contre le VIH convenus à l’échelle mondiale dans le cadre de la Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida et de parvenir à l’égalité des sexes. Il répertorie les recherches et les bonnes pratiques et élabore des stratégies pour accroître la couverture des services de prévention du VIH, ainsi que le dépistage et le traitement du VIH chez les hommes et les garçons, dans le cadre d’un agenda plus large sur l’égalité des sexes.
Conformément à la Stratégie mondiale de lutte contre le VIH/sida 2021–2026 et en mettant l’emphase sur les leviers sociétaux, le cadre fournit une orientation et des stratégies pour lutter contre les obstacles structurels. L’accent est mis sur la transformation des structures sociales, économiques, juridiques et politiques, la prise en compte des facteurs liés à l’offre et à la demande et la transformation des normes de genre.
« De notre côté, je confirme l’engagement et le soutien continus des Nations Unies envers les gouvernements et la société civile en Afrique orientale et australe en vue d’impliquer les hommes et de baisser le nombre de nouvelles infections au VIH, d’améliorer le traitement et de faire reculer le nombre de décès dus au sida. La voie est libre. Nous devons nous engager sans attendre et mettre en œuvre nos efforts en impliquant étroitement les hommes », a déclaré la directrice de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Afrique orientale et australe, Anne Githuku-Shongwe.
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Deuxième phase de l’observatoire des jeunes sur les progrès accomplis vers les objectifs 2025
06 avril 2022
06 avril 2022 06 avril 2022La Déclaration politique des Nations Unies de 2021 sur le VIH et le sida : « Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 » a réaffirmé l’importance du leadership des jeunes dans la riposte au VIH.
Le Réseau mondial des jeunes vivant avec le VIH (Y+ Global) et le PACT sont deux réseaux innovants dirigés par des jeunes. Ce réseau est l'une des vitrines de l’esprit d’innovation et de l’ingéniosité des jeunes dans la riposte au VIH. Avec le soutien de l’ONUSIDA, ces jeunes déploient actuellement un outil de suivi sous leur direction, l’#UPROOT Scorecard 2.0, dans sept pays : le Burundi, le Ghana, le Kirghizstan, les Philippines, l’Ouganda, le Vietnam et le Zimbabwe.
Il s’agit de la deuxième phase de l’observatoire mené par les jeunes dont la première étape a débuté en 2017 avec le programme #UPROOT. L’initiative réunit les jeunes et les invite à s’impliquer pour évaluer la manière, dont la riposte de leur pays fonctionne pour la jeunesse et si cette riposte respecte les engagements envers les jeunes nécessaires pour atteindre les objectifs de 2025 en matière de VIH et l’Objectif de développement durable 3.
Tinashe Grateful Rufurwadzo, directeur des Programmes, de la Gestion et de la Gouvernance chez Y+ Global, travaille en étroite collaboration avec l’ONUSIDA sur le déploiement de l’outil. « L’équité, l’inclusion et la solidarité sont des principes fondamentaux pour veiller à ce que nous mettions fin à l’épidémie de sida d’ici 2030. L’outil #UPROOT Scorecards 2.0 continuera à renforcer le suivi dirigé par les jeunes au niveau national. Il permet de recueillir davantage de preuves en vue de sensibiliser et de responsabiliser nos gouvernements. Il y a un besoin continu d’améliorer la qualité des soins que reçoivent les jeunes vivant avec le VIH et touché-es par le virus dans notre diversité et de veiller à ce que nous menions tous et toutes une vie heureuse, saine et épanouissante. #UPROOT Scorecard 2.0 est une plateforme pour faire entendre notre voix et assurer notre avenir ! », a-t-il déclaré.
Ekanem Itoro, président du PACT, a souligné à nouveau la nécessité de disposer de données sur les jeunes. « Il est extrêmement crucial dans la riposte mondiale au VIH de renforcer l’engagement des adolescents et adolescentes, ainsi que des jeunes à l’aide de systèmes de données en temps réel et de plateformes interpersonnelles. Cela permettra d’avoir une influence positive sur les connaissances, les attitudes et les changements sociaux et comportementaux, mais aussi de renforcer la responsabilité sociale des prestataires de services et des décisionnaires en vue d’améliorer la qualité de vie des jeunes vivant avec le VIH et d’autres minorités sexuelles. »
Les jeunes représentent 16 % de la population mondiale, mais 27 % des nouvelles infections au VIH en 2020. Malgré le taux disproportionné de VIH chez les jeunes, cette classe d’âge continue de faire face à la discrimination et à l’exclusion des systèmes de santé et au manque d'information sur leurs droits sexuels et reproductifs, la réduction des risques et les services anti-VIH. En complétant les fiches d’évaluation, le PACT et Y+ Global souhaitent générer des données qualitatives précises pour les organisations nationales et locales dirigées par les jeunes afin de responsabiliser leurs gouvernements et leurs prestataires de services pour ce qui est des engagements pris en matière de santé et de bien-être des jeunes. Cela aidera à concentrer la mobilisation sur les priorités nationales identifiées pour atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration politique sur le VIH/sida et la Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida.
« Le leadership des jeunes a été reconnu comme essentiel pour parvenir aux objectifs mondiaux qui ont été fixés. L’obtention de ces données sera primordiale pour renforcer le travail déjà crucial des réseaux de jeunes dans le monde entier », a déclaré Suki Beavers, Directrice du Département de l’ONUSIDA pour l’égalité des sexes, les droits humains et l’engagement communautaire.
L’ONUSIDA va continuer de collaborer avec des organisations dirigées par des jeunes en vue de promouvoir leur leadership dans la riposte au VIH.
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Brésil : des personnes séropositives soutiennent la création de revenus et l’entrepreneuriat social
29 mars 2022
29 mars 2022 29 mars 2022À Recife, la capitale de l’état de Pernambouc situé dans la région brésilienne du Nordeste, un vélo spécial sert à transporter des produits fabriqués par des personnes vivant avec le VIH afin de les proposer directement à la clientèle. Il s’agit du Diversibike, une des stratégies de création de revenus mises en œuvre dans le cadre de la Cozinha Solidária. Ce projet de cuisine solidaire a été conçu par l’organisation non gouvernementale du Posithive Prevention Working Group (GTP+) qui est l’une des trois organisations brésiliennes à recevoir des ressources du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA. L’objectif de ce dernier est de soutenir les activités entrepreneuriales menées par les personnes vivant avec le VIH et les populations clés.
GTP+ a vu le jour en 2000 et a été la première organisation non gouvernementale de la région brésilienne du Nordeste à être dirigée exclusivement par des personnes vivant avec le VIH. Outre la Cozinha Solidária, l’organisation a mené à terme d’autres projets comme l’Espaço Posithivo, qui accueille et assiste les personnes séropositives, et Mercadores de Ilusões, qui œuvre pour aider les travailleuses et travailleurs du sexe à renforcer leur estime de soi et à revendiquer leurs droits à la citoyenneté.
La Cozinha Solidária a vu le jour en 2005, initialement pour préparer des repas pour les personnes vivant avec le VIH qui venaient chercher de l’aide auprès de GTP+. Cette initiative a été complétée en 2019 par la Confectionery School qui utilise la cuisine pour fournir une source de revenus aux travailleuses et travailleurs du sexe, aux personnes sortant de prison et autres personnes vulnérables vivant avec le VIH. Grâce aux ressources reçues du Fonds de solidarité, GTP+ a réussi à dynamiser les initiatives de commercialisation des produits sortant de la cuisine solidaire et à former les bénéficiaires à différents aspects de l’entrepreneuriat.
« Le projet permet de transformer la vie de personnes vivant avec le VIH qui se trouvent dans des situations vulnérables. Grâce à ce projet, elles ont trouvé une source de revenus par le biais d’activités entrepreneuriales. Elles ont développé leurs compétences en gastronomie, en apprenant des recettes et des techniques pour améliorer leurs produits », a déclaré Wladimir Reis, coordinateur général de GTP+.
Et Sérgio Pereira, un des fondateurs de GTP+ et coordinateur de la Cozinha Solidária, de renchérir : « Lorsque le marché du travail sait que nous vivons avec le VIH, il ne nous accepte pas. La Cozinha Solidária offre à ses bénéficiaires la possibilité d’avoir une activité pérenne et d’entrer sur le marché du travail. »
Karen Silva, l’une des bénéficiaires de la Confectionery School de la Cozinha Solidária, a déclaré : « GTP+ m’a accueillie en faisant preuve de beaucoup d’attention et d’égards. Tout d’abord, j’ai participé au Posithive Space, puis petit à petit j’ai commencé à aider dans la cuisine et me voilà aujourd’hui. Participer à la Cozinha Solidária a également changé ma vie et l’estime que j’ai de moi. » Au total, 20 personnes ont bénéficié directement de la Cozinha Solidária, avec le soutien du Fonds de solidarité.
Comme le projet a pour objectif de trouver et de favoriser les meilleures conditions pour la commercialisation des produits fabriqués dans la Cozinha Solidária, l’équipe responsable a organisé des réunions hebdomadaires de planification, d’organisation et de production. Elle a également mené des études de marché pour connaître les goûts et les intérêts de la clientèle potentielle, ce qui était particulièrement important pour identifier les possibilités du Diversibike.
Selon M. Reis, une partie importante du processus de renforcement des capacités et des connaissances du groupe de bénéficiaires a consisté en des formations virtuelles en gastronomie et en gestion proposées grâce à un partenariat avec l’Université rurale fédérale du Pernambouc. Deux personnes boursières de l’université ont accompagné le groupe lors des réunions et en produisant des supports informatifs.
Un point extrêmement important pour M. Reis est le fait que le projet est né en période d’inégalités sociales extrêmes. « C’est pourquoi il est essentiel que nous mettions en œuvre davantage d’initiatives comme celle-ci, avec le soutien du Fonds de solidarité, afin que d’autres personnes en situation de vulnérabilité aient les mêmes opportunités de développement. Le projet nous a permis d’observer l’impact de la génération de ressources financières pour les bénéficiaires, en plus de renforcer leurs connaissances pour concrétiser leurs projets et assurer leur pérennité pendant la pandémie de COVID-19. »
« Le soutien du Fonds de solidarité envers GTP+ souligne l’importance de garantir la création de revenus par les organisations dirigées par les populations clés vulnérables. Il s’agit d’une action stratégique qui génère une protection sociale pour ces personnes. Elle leur permet d’accéder à des ressources de base pour prendre soin de leur santé, ainsi qu’aux services de prévention et de traitement du VIH », a déclaré Claudia Velasquez, directrice pays de l’ONUSIDA pour le Brésil.
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La militante ukrainienne Anastasiia Yeva Domani explique à l’ONUSIDA comment la communauté transgenre fait face à la guerre en Ukraine
30 mars 2022
30 mars 2022 30 mars 2022Anastasiia Yeva Domani est directrice de l’association Cohort, experte du Groupe de travail des personnes transgenres sur le VIH et la santé en Europe de l’Est et en Asie centrale, et représentante de la communauté transgenre au Conseil national ukrainien sur le VIH/sida et la tuberculose.
L’ONUSIDA a parlé avec elle pour savoir comment elle et la communauté transgenre au sens large vont depuis l’attaque russe contre l’Ukraine.
Parlez-nous un peu de vous et de la communauté transgenre en Ukraine
Je suis la directrice de Cohort, une organisation pour les personnes transgenres. Cohort existe depuis environ deux ans, même si je milite depuis plus de six ans. Selon le Centre de santé publique du ministère ukrainien de la Santé, avant la guerre, environ 10 000 personnes transgenres vivaient dans le pays, bien que ce chiffre soit sûrement sous-estimé, car de nombreuses personnes transgenres ne communiquent pas ouvertement leur identité de genre. Beaucoup ne demandent de l’aide qu’en cas de crise, comme c’était le cas pendant la pandémie de COVID-19, et aujourd’hui à nouveau avec la guerre. À présent, nous recevons des demandes d’aide de la part de personnes dont nous n’avons jamais entendu parler auparavant, des personnes qui ont un besoin urgent d’assistance humanitaire, financière et médicale.
L’Ukraine a créé l’environnement le plus favorable aux personnes transgenres parmi tous les pays postsoviétiques en ce qui concerne le changement des documents officiels, ainsi que les aspects juridiques et médicaux de la transition entre les sexes. C’est loin d’être parfait, mais d’autres organisations et nous-mêmes avons fait notre maximum pour améliorer la situation. Depuis 2019, les personnes transgenres sont représentées au Conseil national ukrainien sur le VIH/sida et la tuberculose.
Quelle était la situation pour les personnes transgenres au début de la guerre ?
En 2016, un nouveau protocole clinique pour les soins médicaux de la dysphorie sexuelle a été adopté en Ukraine, ce qui a grandement facilité la partie médicale de la transition entre les sexes. Grâce à lui, des personnes ont pu recevoir l’année suivante des attestations de changement de sexe.
Cependant, de nombreuses personnes transgenres n’ont pas encore modifié tous leurs papiers. Certaines personnes ne les ont pas du tout changés, d’autres n’en ont changé que quelques-uns et seulement très peu d’entre elles ont tout changé, y compris leur permis de conduire, leurs diplômes et ceux liés à l’enregistrement et à l’enrôlement dans l’armée. Nous avions signalé ce problème et nous avons maintenant une guerre. De nombreuses personnes transgenres ne savaient pas qu’elles devaient se désinscrire au bureau d’enregistrement militaire.
En raison de la loi martiale, les hommes âgés de 18 à 60 ans ne peuvent pas quitter le territoire de l’Ukraine s’ils n’ont pas l’autorisation du bureau d’enregistrement et d’enrôlement militaires. Nous avons beaucoup de personnes non binaires qui ont des papiers pour un homme et qui ne peuvent donc pas fuir.
Avec le déclenchement de la guerre, de nombreuses personnes transgenres sont parties dans l’ouest de l’Ukraine. Mais si vos papiers indiquent que vous êtes un homme, vous ne pouvez pas quitter l’Ukraine.
Quelle est la situation actuelle et sur quels aspects concentrez-vous votre travail ?
En raison de la guerre, nous n’avons plus personne dans certaines villes. Kharkiv comptait le plus grand nombre d’activistes transgenres après Kiev, notamment parce que beaucoup avaient quitté les régions occupées de Luhansk et Donetsk en 2014. Et maintenant, ces personnes doivent à nouveau se déplacer. Aucune information ne nous est parvenue sur la mort de personnes transgenres, mais je pense que c’est uniquement parce que nous n’avons aucun contact avec certaines villes, comme Mariupol. Beaucoup n’ont tout simplement pas eu le temps de quitter la ville avant que cela ne devienne impossible. J’ai peur que les chiffres ne soient terribles, il faudra juste du temps pour comprendre ce qui s’est passé là-bas.
Un travail important est en cours à Odessa. Nous y avons deux Yulias, des femmes transgenres qui apportent une aide incroyable à la communauté. Elles ont pris en charge des pans entiers de l’assistance et du financement. À Odessa, la situation des hormones et les médicaments est meilleure. Nous avons également toujours une coordinatrice à Dnipro, elle fait aussi un travail considérable.
Notre travail se concentre désormais sur l’assistance financière, médicale et juridique aux personnes transgenres qui se trouvent en Ukraine, où qu’elles soient, dans l’ouest de l’Ukraine, dans des abris ou des appartements, ou dans leurs villes sous les bombes. Tout le monde a peur, mais il faut quand même se raccrocher à quelque chose en soi et essayer de se battre. Je ne pense pas que tout le monde devrait partir. Je comprends que beaucoup de gens ont une dent contre la société, l’État. Pendant de nombreuses années, ils ont vécu comme des victimes. Pour beaucoup, il n’y a rien qui les retient ici, ni travail ni logement.
Qui vous soutient financièrement ?
Nous avions des projets prévus pour 2022, et littéralement le premier ou le deuxième jour de la guerre, les représentants de nos donateurs ont déclaré que l’argent pouvait être utilisé non seulement pour les projets programmés, mais aussi pour l’aide humanitaire. Il s’agissait notamment de RFSL, en Suède, qui a abordé ce problème de la manière la plus flexible possible et nous a permis non seulement d’utiliser l’argent du projet, mais aussi d’envoyer de l’argent directement à nos coordinateurs et coordinatrices afin de leur permettre de payer pour des gens le logement, les déplacements, etc.
Ensuite, GATE (Global Action for Trans Equality) a immédiatement déclaré que leurs fonds pouvaient être utilisés pour l’aide humanitaire et a promis des fonds supplémentaires. La Public Health Alliance, par l’intermédiaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, nous a autorisés à modifier le budget et la nature des activités prévues.
Nous allons maintenant faire ce que nous pouvons dans le contexte de la guerre, et la mobilisation de la communauté se poursuivra à Dnipro, Odessa, Lviv et Chernivtsi. De nouveaux partenaires ont fait leur apparition et ont immédiatement répondu à nos besoins.
Chaque jour, j’utilise des fonds d’OutRight Action pour répondre aux besoins humanitaires des personnes transgenres, ainsi que des fonds de LGBT Europe. Il y a aussi des dons privés, pas de grosses sommes, bien sûr, mais ils existent également.
À quoi ressemble une journée type pour vous ?
Ma journée est pleine d’échanges avec des journalistes de médias d’envergure. Je vais également au supermarché faire des courses que je distribue aux personnes qui en ont besoin. J’ai des formulaires Google dans lesquels je peux voir les demandes d’aide.
Je gère les demandes de consultations avec deux spécialistes en psychologie et en endocrinologie qui continuent de travailler en Ukraine. Je reçois de nombreuses questions concernant le passage de la frontière et je fournis des informations sur la manière de communiquer avec le bureau d’enregistrement militaire et sur les documents nécessaires pour se désinscrire.
Je reçois beaucoup d’appels, donc je dois recharger mon téléphone cinq fois par jour. Je possède deux comptes Instagram, deux comptes Facebook, trois adresses e-mail, Signal, WhatsApp, etc. Je dois être constamment joignable. Je dois également prévoir du temps pour faire la queue pendant deux heures au bureau de poste. Cela me fait perdre énormément de temps, mais les gens ont besoin que je leur envoie des médicaments. J’ai également besoin de garder du temps pour suivre l’actualité, je dois savoir ce qui se passe en première ligne, dans les villes.
Qu’est-ce qui vous donne de la force ?
Jusqu’à ce que ma famille et mon enfant quittent la ville, je ne pouvais pas travailler en paix.
Je suis actuellement à Kiev. Au cours des 10 premiers jours de la guerre, j’étais sous le choc et j’avais peur, nous vivions littéralement une heure à la fois. Maintenant que nous nous sommes habitués au danger, je n’ai plus peur. Si c’est mon destin, alors je l’accepte. Je ne descends plus dans l’abri. J’ai tant de travail, tant de demandes d’aide, d’appels, de consultations qui arrivent chaque minute.
Je suis née ici, à Kiev, c’est ma ville natale. Je me suis rendu compte que lorsque votre pays est dans une mauvaise passe, il faut rester. Je ne peux pas m’enfuir, ma conscience ne m’y autorisera pas. Je ne peux pas, car je sais que ma ville doit être protégée. Il n’est pas nécessaire d’être dans l’armée pour aider. Il y a la défense militaire, mais il y a aussi le bénévolat. L’aide humanitaire, c’est beaucoup de travail.
Qu’est-ce qui me donne de la force ? Parce que c’est mon pays, je sais que celles et ceux qui peuvent faire quelque chose, sur n’importe quel front, sont là. Nous pouvons le faire partout, tout le monde peut apporter sa contribution, faire quelque chose d’utile, et cela me donne le sentiment d’être nécessaire, un sentiment que nous pouvons réussir tellement de choses ensemble.
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Indonésie : former le personnel de santé afin d'améliorer les services anti-VIH pour les jeunes populations clés
30 mars 2022
30 mars 2022 30 mars 2022« Les jeunes d'ici n’ont pas un accès régulier aux services anti-VIH. Je veux vraiment inciter mes proches à se faire dépister, mais tout le monde a tellement peur. Les informations manquent, leur famille ne les soutient pas assez et mes proches ont peur de connaître leur statut », explique Andika Bayu Aji, un jeune originaire de Papouasie occidentale en Indonésie.
L’épidémie de VIH chez les jeunes en Asie et dans le Pacifique est négligée, même si environ un quart des nouvelles infections au VIH dans la région touchent les personnes âgées de 15 à 24 ans. La grande majorité des jeunes touchés par le VIH dans la région appartiennent aux populations vulnérables : personnes vivant avec le VIH, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, personnes transgenres, travailleurs et travailleuses du sexe et consommateurs et consommatrices de drogues injectables.
Comme dans de nombreux pays de la région, les infections au VIH chez les jeunes en Indonésie, qui représentent près de la moitié des nouvelles infections, sont imputables à la stigmatisation et à la discrimination, à un manque d'éducation pour sensibiliser sur le VIH, à l’absence de services adaptés aux jeunes et à des tabous sociaux.
« Les jeunes sont bien trop souvent victimes de stigmatisation et de discrimination dans les environnements de santé. Le personnel de santé représente la première interface humaine. Si les services sont mauvais, les jeunes ne les utiliseront pas et diront aux autres jeunes de ne pas les utiliser. Ce qui nous limite, c'est que nous avons accès à quelques établissements seulement, parce que beaucoup, voire la plupart, ne sont pas adaptés aux jeunes », explique Sepi Maulana Ardiansyah, connu sous le nom de Davi et qui est coordinateur national d’Inti Muda, le réseau national des populations clés de jeunes en Indonésie.
Une étude récente menée par Inti Muda et l’Université de Padjaran a révélé une très faible propension chez les jeunes à accéder aux services dans des provinces comme la Papouasie occidentale, principalement en raison du manque de services adaptés à cette classe d'âge et du fait que le personnel de santé comprend mal les problèmes des populations clés. Les jeunes rencontrent souvent des difficultés d’accès aux services en raison de l’éloignement des cliniques et des hôpitaux, ainsi que des obstacles tels que l’âge minimum autorisé pour faire un dépistage.
La stigmatisation et la discrimination, en particulier la discrimination de la part des prestataires de soins de santé, découragent de nombreuses populations clés de jeunes à accéder aux services anti-VIH. Les principales problématiques concernent des préoccupations relatives à la vie privée et à la confidentialité. Parmi les autres obstacles, le rapport indique que les heures d’ouverture des cliniques publiques sont souvent inadaptées au quotidien des personnes, et que le personnel de santé peut porter un jugement dans ses suppositions et à travers son comportement, en particulier sur les questions liées à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à la santé mentale.
Entre le 14 et le 18 mars, Inti Muda, avec le soutien technique de Youth LEAD et de l’ONUSIDA, a organisé une formation de sensibilisation destinée au personnel de santé de deux villes, à Sentani et Jayapura, dans la région de la Papouasie occidentale. Plus de 50 personnes y ont participé. Quelques jours avant la formation, Inti Muda a organisé un festival qui a rassemblé plus de 80 jeunes. Cette manifestation s'inscrivait dans une volonté d'impliquer les jeunes dans la riposte au VIH et de générer une dynamique pour demander accès aux services anti-VIH.
« Avant cette formation, je ne connaissais pas les différents besoins des populations clés, ce qui entrave notre capacité à les toucher. Nous avons découvert des techniques importantes pour atteindre les jeunes, comme fournir des consultations adaptées, être sur Internet et les encourager à se faire dépister », résume Kristanti du District Health Office de Jayapura.
« J’ai appris que les jeunes ont des besoins variés. La formation nous permettra d’améliorer nos services pour qu’ils soient adaptés aux jeunes, ce qui est désormais notre priorité », ajoute Hilda Rumboy, sage-femme responsable du Département des services anti-VIH au Centre de santé primaire de Waibhu.
La formation et le festival ont été soutenus par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT). L’investissement récent de 9,65 millions de dollars australiens réservé par le gouvernement australien à partir de la sixième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), y compris le financement du DFAT de 2 millions de dollars australiens précédemment promis à l’ONUSIDA, vise à réduire le nombre annuel de nouvelles infections au VIH parmi les populations clés au Cambodge, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Philippines.
« Pour mettre un terme à l’épidémie de sida, il est essentiel de s'assurer que les jeunes et les groupes vulnérables aient accès à des informations précises et digestes sur la manière de se protéger du VIH, et que les équipements de dépistage soient bon marché et accessibles. C'est avec fierté que nous travaillons aux côtés des communautés locales et de l’ONUSIDA pour augmenter la disponibilité des informations sur le VIH, améliorer la portée et la qualité des services médicaux et encourager les jeunes et les groupes vulnérables à se faire dépister », a déclaré Simon Ernst, conseiller ministériel par intérim dans le domaine de la Gouvernance et du Développement humain auprès de l’Ambassade d’Australie en Indonésie.
La formation repose sur le manuel élaboré par Youth LEAD en 2021. Ce guide a bénéficié du soutien financier du Fonds mondial par le biais du Programme de développement durable des services anti-VIH pour les populations clés en Asie, ainsi que de l'assistance de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. Dans le cadre de la subvention DFAT octroyée pour les deux prochaines années, Youth LEAD étendra la formation à deux autres pays, le Cambodge et les Philippines, en soutenant des réseaux dirigés par des jeunes dans ces pays afin de proposer cette formation.
« Les jeunes rencontrent encore de nombreux défis qui les empêchent d’accéder aux soins de santé vitaux dont ils ont besoin. Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie travaille en étroite collaboration avec l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions et le DFAT pour veiller à ce que les réseaux dirigés par des jeunes aient la possibilité et les capacités de leadership pour prendre le contrôle de la riposte au VIH et s’impliquer directement dans la création d’espaces sans danger où les jeunes peuvent accéder aux services anti-VIH sans stigmatisation ni discrimination », a déclaré Krittayawan Boonto, directrice pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie.
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« Avec les milliards dépensés pour cette guerre dénuée de sens, l’humanité pourrait trouver un remède contre le VIH, mettre fin à la pauvreté et résoudre d’autres crises humanitaires »
23 mars 2022
23 mars 2022 23 mars 2022Yana Panfilova est Ukrainienne et est née avec le VIH. À 16 ans, elle a créé Teenergizer, une organisation de la société civile qui vient en aide aux adolescentes, adolescents et jeunes vivant avec le VIH en Ukraine. Teenergizer s’est internationalisée en 2016 et elle milite pour les droits des ados et des jeunes en Ukraine et dans sept villes de cinq pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. En 2019, l’organisation a commencé à fournir des consultations par des pairs et une assistance psychologique aux ados. Elle a formé plus de 120 psychologues-conseils sur Internet pour soutenir les jeunes dans toute la région. En juin 2021, Yana Panfilova est intervenue lors de l’ouverture de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida. Lorsque la guerre a commencé en Ukraine, elle a quitté Kiev avec sa famille et s’est rendue à Berlin, en Allemagne, où elle poursuit son travail pour aider les jeunes vivant avec le VIH dans son pays.
Pourquoi et comment avez-vous quitté Kiev ?
Dans les jours qui ont suivi le début de l’invasion russe, j’ai compris que nous devions prendre une décision qui allait bouleverser nos vies. Des gens avec des mitraillettes patrouillaient dans les rues. J’ai dû convaincre ma mère de partir, car elle était réticente. Nous avons fait nos valises en moins d’une heure, nous sommes allées à la gare de Kiev, nous avons laissé notre voiture là-bas et nous sommes montées dans le premier train que nous pouvions trouver. La gare était pleine de gens, de mères, d’enfants, de pères et de frères qui faisaient leurs adieux à leur famille, et beaucoup de gens étaient paniqués. Nous sommes restées debout 12 heures dans le train, avec nos valises et notre chat. Lorsque notre grand-mère nous a retrouvées au premier arrêt, nous avons traversé ensemble l’Ukraine avec son chien, puis nous sommes passées en Pologne avant d’arriver à Berlin. Le voyage a duré sept jours en tout. C’était le voyage le plus long et le plus difficile de ma vie. Je n’avais pas l’intention de laisser ma superbe ville de Kiev sans savoir où nous allions arriver. Aujourd’hui, nous sommes ici à Berlin, réfugiées, en sécurité, mais nous avons toujours du mal à croire ce que nous avons vécu et ce que vit le peuple ukrainien. Mais au moins, nous sommes en sécurité et ensemble : ma mère, ma grand-mère et son chien, ainsi que moi et mon chat. J’ai eu la chance d’avoir emporté suffisamment de traitement antirétroviral pour tenir environ deux mois.
Êtes-vous bien installée à Berlin ?
Je vis toujours dans l’incertitude, comme c’est le cas pour des millions d’autres femmes et enfants qui ont fait ce voyage depuis l'Ukraine. Mais toutes les personnes que nous avons rencontrées à chaque étape de ce périple ont été vraiment gentilles et accueillantes. Nous sommes en train de clarifier les questions juridiques pour rester ici à Berlin les prochaines semaines, ainsi que la manière dont nous pouvons accéder aux services médicaux et sociaux de la ville. Nous ne savons même pas avec certitude comment louer un appartement. Nous avons pris rendez-vous en ligne avec les services de la ville de Berlin pour éclaircir ces détails avec eux. Ils essaient de me fournir une assurance médicale afin que je puisse accéder aux soins médicaux et poursuivre sans interruption mon traitement anti-VIH.
Je suis également en contact avec la Berliner Aids-Hilfe, l’une des plus anciennes organisations non gouvernementales de lutte contre le VIH en Europe. Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, elle a beaucoup d’expérience dans le travail avec des migrants et migrantes qui vivent avec le VIH. L’équipe est incroyable. Elle est prête à m’aider à trouver une thérapie antirétrovirale ainsi qu’à apporter une solution aux autres besoins que les Ukrainiens et Ukrainiennes vivant avec le VIH auront ici à Berlin.
Vous êtes donc plus ou moins en sécurité maintenant. Comment vont les autres jeunes de Teenergizer ?
La plupart des ados vivant avec le VIH et membres de l’association ont déjà quitté l’Ukraine et sont désormais en Estonie, en Allemagne, en Lituanie, en Pologne et dans d’autres pays. Nous sommes quotidiennement en contact avec la plupart. Certains de nos activistes ont choisi de rester avec leurs parents à Kiev et dans d’autres villes qui sont la cible d’attaques. Nous étudions les dernières informations et essayons de savoir où se trouve tout le monde et si chacun, chacune est en sécurité. Mais ce n’est pas quelque chose de facile ou rapide. Tout le monde essaie en ce moment de survivre et de rester en contact. Notre personnel, nos pairs-éducateurs et éducatrices, ainsi que notre clientèle vivent désormais dans différents pays, chacun avec des lois, des régimes de traitement et un accès à Internet différents. Les personnes toujours à Kiev sont en lien avec nos partenaires qui continuent d’offrir un accès à une thérapie antirétrovirale et à l’aide humanitaire d’urgence. La plupart de nos psychologues-conseils fournissent toujours une assistance en ligne aux personnes qui en ont le plus besoin.
Quels problèmes rencontrez-vous pour rester à Berlin ?
Les Berlinois-es et l'ensemble des Allemand-es que nous rencontrons depuis notre arrivée ont fait preuve d'une incroyable gentillesse et d'un sens de l'accueil phénoménal. Nous en sommes très reconnaissantes. Je sais que toutes les villes d’Europe s’efforcent d’aider des millions de compatriotes, mais je ne pense pas que nous aurions pu trouver un endroit plus sûr et plus tolérant que Berlin.
Bien entendu, nos problèmes les plus pressants sont de nature juridique en lien avec le statut temporaire ici, puis viennent les questions concernant l’accès aux soins médicaux et au traitement antirétroviral. La troisième grande question concerne le logement. Je n’aurais jamais imaginé que la question du logement serait si importante ou si usante mentalement. Les associations locales de bénévoles nous aident 24 heures sur 24 et des millions d’Européen-nes nous ouvrent les portes de leur foyer. Mais pour les centaines de milliers de personnes restées en Ukraine, qui vivent encore dans des entrepôts, des abris et d’autres hébergements temporaires, ne pas avoir d’endroit digne du nom de logement temporaire peut plomber le moral.
Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important pour continuer maintenant ?
Quelle que soit l’évolution de la guerre, nous devons continuer à nous serrer les coudes au sein de la famille Teenergizer. En Ukraine, nous avons passé des années à lutter pour la protection de la santé et des droits des jeunes vivant avec le VIH. Et maintenant, il semble que beaucoup de nos victoires chèrement acquises ont disparu du jour au lendemain. Au milieu de cette crise, nous devons continuer à défendre nos droits et nous concentrer sur les besoins urgents auxquels sont confrontés les membres les plus vulnérables de notre réseau Teenergizer. J’ai beaucoup de chance d’être en vie et de me trouver ici en sécurité sous la protection de l’Allemagne. Mais bon nombre de nos proches se trouvent toujours à Kiev et dans d’autres villes d’Ukraine et se battent pour défendre leur vie et notre pays. Un bon nombre n’a pas les moyens de quitter le pays et d’autres ne veulent pas laisser leur maison et leur famille. Aujourd’hui plus que jamais, ces gens ont besoin de notre soutien et de savoir que nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider quand c'est le plus nécessaire.
Premièrement, nous devons les aider à traverser cette nouvelle crise et préserver les services vitaux : le traitement du VIH pour les cas urgents, ainsi que les services de prévention et de dépistage. Deuxièmement, pendant cette crise, nous devons continuer à fournir aux jeunes des services de santé mentale, en particulier des consultations menées par des pairs. Dans notre région, le VIH est plus un problème social qu’un problème de santé. Aujourd’hui, en Ukraine, les jeunes vivant avec le VIH sont confrontés à trois crises : une crise sanitaire, une crise sécuritaire, ainsi qu’une crise liée au stress et à la dépression graves causés par la guerre. Les psychologues appellent cela le stress post-traumatique. Ce traumatisme touche une génération entière d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes. Les jeunes qui ont besoin d’un soutien psychologique professionnel commenceront à consommer des drogues et certains de ces jeunes contracteront le VIH, mais auront trop peur ou honte de demander de l’aide dans la crise actuelle. Il en va de même pour les adolescentes et les femmes qui ne peuvent pas exercer leurs droits reproductifs et sexuels, ou les jeunes qui n’utilisent pas de préservatif lors de rapports sexuels, ou les millions de femmes ukrainiennes qui risquent d’être exploitées lorsqu’elles seront seules en Europe, loin de leur famille et de leurs proches. Aujourd’hui, en Ukraine, il y a toujours des milliers d’ados vivant avec le VIH qui ont peur de révéler leur statut sérologique. Beaucoup ne savent pas comment se protéger du VIH et des violences liées à la guerre. Des millions de jeunes en Ukraine vivent dans la solitude face à leurs peurs et à leurs angoisses, et toute une génération sera touchée par des troubles post-traumatiques, ce qui nécessite une attention urgente. Je suis convaincue que si nous leur fournissons dès maintenant des conseils et un soutien même de base, les jeunes confrontés à de multiples crises seront mieux à même de faire face à leurs problèmes pour les années à venir.
Et quoi qu’il en soit, nous devons également pousser les responsables politiques à écouter les jeunes et leur permettre d’influencer le processus de prise de décision sur leur propre santé et leur avenir. Les voix des jeunes, en particulier celles des jeunes femmes, devraient être entendues pour mettre fin à la guerre et reconstruire l’Ukraine.
Comment voyez-vous l’avenir de Teenergizer maintenant ?
Aujourd’hui, ma famille et mon pays sont confrontés à la plus grande crise de notre vie. Donc, ne sachant pas ce que demain réserve, il m’est difficile de prédire en quoi l’avenir consistera. Au fil des années, nous avons construit une vraie famille, des équipes de jeunes leaders Teenergizer présentes dans différentes villes d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, au Kazakhstan, au Kirghizstan, au Tadjikistan, en Ukraine, et même en Russie. Mais maintenant nous ne sommes plus ensemble. Après la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill a prédit qu’il y aurait un mur. Et je pense qu’un nouveau mur est en train de se former.
Que diriez-vous aujourd’hui si vous vous teniez à nouveau sur la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies ?
Il s’agit d’une guerre entre l’ancien et le nouveau monde.
Nous sommes des jeunes qui souhaitent vivre dans un monde nouveau, où il n’y a pas de guerres, où les pandémies telles que le VIH, la tuberculose et la COVID-19 sont terminées, où la pauvreté et le changement climatique sont résolus. Dans ce nouveau monde, toutes les personnes, peu importe qui elles sont ou qui elles aiment, quelle que soit la langue qu’elles parlent ou le passeport qu’elles détiennent, peuvent profiter de la liberté et vivre leur vie avec dignité, et voyager et traverser des frontières ouvertes, entre des pays pacifiques. Ces dernières années, lorsque nous avons pu voyager, nous avons appris à quel point cela est important et précieux. Nous avons pu voir comment des gens pacifiques vivaient dans d’autres parties du monde, et cela nous a fait apprécier la beauté et la liberté que nous avons en Ukraine. Aujourd’hui plus que jamais, nous comprenons seulement ce que nous voulons reconstruire dans notre propre pays en le comparant aux valeurs que nous trouvons dans d’autres pays.
Et c’est cet ancien monde qui finance et soutient cette guerre. C’est un non-sens.
Avec les milliards dépensés pour cette guerre dénuée de sens, l’humanité pourrait trouver un remède contre le VIH, mettre fin à la pauvreté et résoudre d’autres crises humanitaires.
Le nouveau monde est synonyme de développement, pas de destruction. Il s’agit de pouvoir s’améliorer soi-même, d’améliorer sa qualité de vie et d’aider vraiment les autres à faire de même.
Tout a une fin. La guerre aussi, un jour. Que ferez-vous le premier jour après la fin de la guerre ?
Je me mettrai à lire Guerre et paix de Léon Tolstoï.
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Collaborer pour aider les populations réfugiées en République de Moldavie
24 mars 2022
24 mars 2022 24 mars 2022Au début de l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement de la République de Moldavie voisine de l’Ukraine a estimé qu’environ 300 000 personnes pourraient fuir vers le pays. Cette estimation est désormais passée à 1 million de personnes réfugiées : un chiffre énorme pour ce pays de seulement 2,6 millions d’habitantes et habitants, qui compte parmi les plus pauvres d’Europe.
Peu après le début de la guerre, plusieurs organisations humanitaires, agences des Nations Unies et partenaires de la société civile, placés sous l’égide du gouvernement, ont formé des groupes de coordination de la riposte. Ils ont commencé à répondre aux besoins les plus pressants des personnes fuyant la guerre, notamment pour ce qui est de l’hébergement, de l’alimentation, de la santé, de la protection sociale, de la prévention de la violence sexiste et du soutien en matière de santé mentale.
« Nous devons en premier lieu nous concentrer sur les besoins fondamentaux. Il reste encore beaucoup à faire en matière de coordination avec les nombreuses organisations humanitaires qui participent à la riposte. C’est également la première fois que les Moldaves affrontent une crise de cette ampleur. Ainsi, nous apprenons et tirons des leçons au fur et à mesure », a déclaré Iurie Climasevschi, coordinateur national pour le sida à l’hôpital de dermatologie et des maladies transmissibles de la République de Moldavie.
Svetlana Plamadeala, responsable pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie, a visité plusieurs centres de personnes déplacées près de la frontière ukraino-moldave. « Les gens y sont bien accueillis. Le gouvernement veille à apporter un hébergement et de la nourriture et essaie de garantir que les enfants aillent à l’école ou à la crèche. En effet, 75 % des personnes réfugiées environ sont des femmes et des enfants et on recense quelque 40 000 enfants de moins de 18 ans dans les centres », a-t-elle expliqué.
Selon Mme Plamadeala, près de la moitié des personnes réfugiées sont hébergées chez la population locale. « Nous voyons l’extraordinaire mobilisation de gens ordinaires, qui apportent un soutien remarquable aux personnes qui fuient la guerre », a-t-elle déclaré.
Le gouvernement s’engage à ce que les personnes réfugiées ukrainiennes reçoivent les mêmes services que les Moldaves, y compris ceux liés au VIH. « Si une personne réfugiée demande une thérapie antirétrovirale, nous lui fournirons. Nous ne refuserons pas d’aider quelqu’un si nous pouvons le faire », a annoncé M. Climasevschi.
« L’ONUSIDA a participé au processus de planification dès le début de la crise afin de garantir que les personnes réfugiées aient accès à tous les services liés au VIH dont disposent les Moldaves, y compris la thérapie antirétrovirale, le traitement de substitution aux opioïdes et le dépistage du VIH et de la tuberculose », a indiqué Mme Plamadeala. « La stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH demeurent monnaie courante. Il est possible que toutes les personnes vivant avec le VIH n’aient pas pu accéder aux services, c’est pourquoi nous nous engageons avec nos partenaires de la société civile à fournir de notre propre initiative des informations aux personnes afin qu’elles sachent où se tourner pour obtenir de l’aide. »
Ruslan Poverga, de l’organisation non gouvernementale Initiativa Pozitiva, a déclaré que l’organisation s’occupe actuellement d’identifier les personnes réfugiées qui ont besoin d’un traitement antirétroviral et de les orienter vers des services d’assistance. « Nous avons déjà pris l’initiative d’informer les gens et, si nécessaire, de fournir un ensemble intégré de services de prévention du VIH, y compris le dépistage du VIH, de la tuberculose et de l’hépatite, ainsi que la fourniture de préservatifs et de solutions de réduction des risques. Nous aurons une meilleure compréhension des besoins pour ces types de services dans un avenir proche. »
Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie a réalloué des fonds pour répondre à des besoins humanitaires urgents. Cela augmentera la capacité du Programme national de lutte contre le sida à fournir un traitement antirétroviral à un nombre beaucoup plus important de personnes réfugiées vivant avec le VIH. Des tests de la charge virale sont disponibles pour vérifier si un changement de régime de traitement est nécessaire.
« La situation évolue. Nous la surveillons de très près pour comprendre quand et auprès de qui chercher plus de soutien. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est prêt à procéder à des réallocations si nécessaire, et la République de Moldavie est en mesure d’accéder aux ressources du fonds d’urgence du Fonds mondial. Dans le cas où le Programme national de lutte contre le sida ne serait pas en mesure de répondre à ces besoins, nous chercherons à obtenir davantage d’aide du Fonds mondial, de l’ONUSIDA, du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et de l’Organisation mondiale de la Santé », a déclaré Mme Plamadeala.