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Restrictions de voyage liées au VIH

04 mars 2008

Depuis le début de l’épidémie à VIH, les autorités nationales et le secteur privé ont mis en place des restrictions au voyage à l’encontre des personnes séropositives désireuses d’entrer dans leur pays ou d’y rester pour un temps limité (voyage d’affaires, visite privée, tourisme) ou pour plus longtemps (asile, travail, immigration, études ou installation en tant que réfugié(e)s).

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La Cellule internationale de réflexion sur
les restrictions au voyage liées au VIH s’est
réunie pour la première fois à Genève
les 25 et 26 février 2008, sous la présidence
jointe du gouvernement norvégien
et de l’ONUSIDA.

L’ONUSIDA a mis sur pied une cellule internationale de réflexion afin d’attirer l’attention sur la question des limitations de voyage liées au VIH – tant à court terme qu’à long terme – au niveau national et international et afin de procéder à l’élimination de ces restrictions.

La Cellule internationale de réflexion s’est réunie pour la première fois à Genève les 25 et 26 février 2008, sous la présidence jointe du gouvernement norvégien et de l’ONUSIDA. Cette réunion a rassemblé des représentants des gouvernements, des organisations intergouvernementales et de la société civile, notamment le secteur privé et les réseaux de personnes vivant avec le VIH.

Les données assemblées par le Groupe européen de Traitement du sida (European AIDS Treatment Group, connu par son acronyme anglais EATG) montrent que 74 pays au total appliquent l’une ou l’autre forme de restriction de voyage liée au VIH, dont 12 interdisent l’entré aux personnes séropositives quelle que soit la raison ou la durée du séjour envisagé. Les justifications le plus souvent alléguées sont celles qui se réfèrent à la protection de la santé publique et aux coûts éventuellement liés é la prise en charge, au soutien et au traitement des personnes vivant avec le VIH.

Quelle que soit la raison alléguée, les restrictions au voyage liées au VIH soulèvent des questions fondamentales liées aux droits de la personne humaine en ce qui concerne la non-discrimination et la liberté de circulation des personnes vivant avec le VIH dans notre époque de haute mobilité.

En 2000, l’Organisation mondiale du Tourisme a estimé le nombre d’arrivées internationales de par le monde à 698 millions de personnes, voyageant pour la plupart à court terme (tourisme, affaires, conférences, visites familiales). En ce qui concerne les déplacements à plus long terme, l’Organisation internationale pour les Migrations (IOM) estime qu’environ 175 millions de personnes vivent et travaillent à l’heure actuelle ailleurs qu’au sein de leurs frontières nationales, soit 2,9% de la population mondiale.

Les restrictions aux voyages liées au VIH consistent la plupart du temps en une loi ou une instruction administrative exigeant une déclaration de séronégativité par l’individu avant d’entrer dans un pays ou d’y rester. Certains pays exigent des candidat(e)s de se soumettre à un test VIH ; d’autres demandent un certificat de séronégativité, d’autres encore une déclaration du statut VIH.

Les tests effectués dans ces conditions sont proches du test obligatoire et dans de nombreux cas ne s’accompagnent ni de conseils pré- ou post-test ni de garanties de confidentialité adéquates. Tout test VIH devrait être volontaire et fondé sur le consentement éclairé.

L’impact des restrictions de voyage liées au VIH peut être catastrophique pour la personne qui s’efforce d’immigrer, de requérir l’asile, de visiter sa famille, d’assister à une réunion, d’étudier ou de vaquer à ses affaires professionnelles. Il se peut que la personne concernée (potentiellement immigrant/e, réfugié/e, étudiant/e ou simple voyageur/se) apprenne d’un seul coup sa séropositivité en même temps qu’interdiction lui est faite de voyager, sans compter le risque de voir les autorités et le cas échéant sa famille, sa communauté ou son employeur/se au courant de son statut sérologique – ce qui peut exposer l’individu à une discrimination ou à une stigmatisation qui peuvent être graves.

Les personnes déjà installées dans le pays hôte courent le risque de déportation sommaire sans protection légale appropriée ni protection au niveau de la confidentialité. Dans ces conditions, il est extrêmement tentant de cacher ou de nier son propre statut sérologique et de fuir le contact avec les autorités d’immigration et les agents des soins de santé – tant les efforts de contrôle de l’immigration que les activités de santé publique se voient donc contrecarrées, en même temps que les individus se voient privés des activités de prévention, et d’aide, voire de services de santé pourtant bien nécessaires.

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Les restrictions au voyage fondées
sur le statut VIH, surtout à court terme,
ne font que souligner l’aspect
exceptionnel du sida, a déclaré le
Dr Peter Piot, Directeur exécutif
de l’ONUSIDA.

Le Dr Peter Piot, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a déclaré que les restrictions au voyage fondées sur le statut VIH, surtout à court terme, ne font que souligner  l’aspect exceptionnel du sida. Aucune autre maladie n’interdit aux personnes de passer la frontière pour voyage d’affaires, pour assister à une réunion ou pour des rasions touristiques. Aucune autre maladie, a-t-il ajouté, ne voit les individus terrifiés de voir leurs bagages fouillés à la frontière pour y chercher des médicaments, avec à la clé un refus d’admission ou, pire encore, la détention et la déportation vers leur pays d’origine.

Tout en reconnaissant que la sécurité des frontières nationales et les problèmes d’immigration ressortissent aux prérogatives nationales et au pouvoir souverain des Etats Membres, il faut s’assurer que les lois et les règlements permettent aux personnes vivant avec le VIH de ne pas subir de discrimination en ce qui concerne le fait de participer sur un pied d’égalité aux voyages internationaux et d’entrer ou de séjourner dans un pays autre que le leur. Les Directives internationales sur le VIH/SIDA et les Droits de l’Homme considèrent que toute restriction à la liberté de mouvement ou au choix de résidence fondé sur le seul statut VIH (réel ou supposé), notamment le dépistage VIH des voyageurs internationaux, constitue une discrimination.

Outre qu’elles sont discriminatoires, ces restrictions au voyage n’ont aucune justification en termes de santé publique. L’infection à VIH ne doit pas être tenue pour une condition qui menace la santé publique sous l’angle des voyages : même s’il s’agit d’une infection, ni la simple présence dans le pays d’une personne infectée par le VIH ni les contacts sociaux ordinaires ne suffisent à transmettre le virus de l’immunodéficience humaine.

Les mesures restrictives peuvent en fait contrarier les efforts de santé publique : l’exclusion des personnes non nationales séropositives alourdit encore l’atmosphère de stigmatisation et de discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH et peuvent ainsi, au niveau des individus, décourager tant les nationaux que les étrangers d’avoir recours aux services de prévention et de prise en charge du VIH. En outre, les restrictions apportées aux déplacements peuvent encourager les gens du pays à considérer que l’infection à VIH est un « problème extérieur » auquel le maintien des étrangers et étrangères au-delà des frontières apporte une réponse suffisante, de telle façon qu’il n’est plus nécessaire de maintenir les règles de comportement à moindre risque.

Ces mesures n’ont pas non plus justification sur le plan de l’économie. Les personnes vivant avec le VIH peuvent maintenant jouir d’une longue vie productive, ce qui modifie l’argument économique qui sous-tend les restrictions au voyage : il faut dorénavant peser la contribution potentielle des personnes migrantes par rapport à leur poids sur les services de santé. En outre, l’extension continue des programmes de traitement jusqu’à l’accès universel en 2010, et la baisse continue des coûts de traitement dans les pays à revenu faible ou moyen font justice du mythe selon lequel le voyage d’une personne séropositive risquerait de faire grimper les coûts des systèmes de soins de santé dans les pays.

La mise en place d’une cellule de réflexion internationale sur les restrictions au voyage liées au VIH offre une excellente occasion d’attirer l’attention sur ces restrictions aux niveaux international et national et d’encourager leur élimination.


Recommandations spécifiques pour un changement positif


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La Cellule internationale de réflexion
présentera des recommandations
concrètes d’actions spécifiques à
entreprendre par les diverses
parties prenantes pour éliminer
les restrictions de voyage liées au VIH.

La Cellule internationale de réflexion compte deux groupes de travail centrés respectivement sur les restrictions à court terme et les restrictions à long terme, soutenus et conseillés par un comité d’orientation. Les groupes de travail et le comité d’orientation se réuniront à quatre reprises avant le mois d’août 2008, date à laquelle la cellule de réflexion présentera ses recommandations finales à la Conférence internationale sur le sida à Mexico. La Cellule internationale présentera des recommandations concrètes d’actions spécifiques à entreprendre par les diverses parties prenantes (autorités gouvernementales, société civile, organisations intergouvernementales, secteur privé) pour éliminer progressivement les restrictions de voyage liées au VIH. L’équipe présentera essentiellement des actions stratégiques visant à :

  • Accroître l’attention portée aux restrictions de voyage liées au VIH sur les plans international, régional et national
  • Encourager les gouvernements qui ont stipulé des restrictions de voyage liées au VIH relatives à l’admission dans le pays ou à des courts séjours à éliminer ces restrictions
  • Encourager des actions à plus long terme pour aboutir à l’élimination de toute restriction de voyage liée au VIH.


Le comité d’orientation serra soutenu dans son action par les groupes de travail qui devront assurer :

  • Une analyse critique de la situation actuelle relative aux restrictions de voyage à court terme et à long terme liées au VIH
  • Une analyse des obstacles à l’élimination des diverses restrictions de voyage liées au VIH et des actions que pourront entreprendre diverses parties prenantes au niveau national et international pour encourager cette élimination
  • La mise en forme de recommandations sur les meilleures pratiques relatives à l‘entrée sur le territoire et au séjour de personnes vivant avec le VIH dans divers cadres contextuels de mobilité et de migration.

 

Les recommandations soutiendront les principes de non discrimination et celui de la participation accrue des personnes vivant avec le VIH/sida (GIPA) ainsi que des orientations politiques rationnelles liés au VIH pour les voyageurs, les personnes migrantes et les populations mobiles dans les pays d’origine et dans les pays d’accueil – dans le cadre des efforts visant à atteindre la prévention, le traitement, la prise en charge et le soutien pour le VIH tels que ces éléments ont été acceptés par les gouvernements lors de la Réunion de haut niveau sur le sida (2006).

La Cellule internationale de réflexion sur les restrictions au voyage liées au VIH tiendra sa prochaine session à Genève du 31 mars au 2 avril 2008.

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La crise des personnels de santé limite la riposte au sida

29 février 2008

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L’Alliance mondiale pour les personnels de santé (AMPS) organise le premier Forum mondial sur les ressources humaines pour la santé à Kampala, Ouganda, du 2 au 7 mars 2008.

L’Alliance mondiale, dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est à la fois l’hôte et l’administrateur, a été créée pour identifier et résoudre la crise des personnels de santé. En quoi consiste cette crise et comment a-t-elle un impact sur la riposte au sida?

Les systèmes de santé dépendent de personnels qualifiés

Un système national de santé insuffisant est un des obstacles majeurs à l’élargissement de l’accès à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien autour du VIH dans un pays.

La question des ressources humaines pour la santé est un facteur crucial pour une riposte efficace au sida. La pénurie d’agents de santé qualifiés, particulièrement dans des pays à revenu faible et intermédiaire, constitue un véritable défi pour les pays qui doivent répondre aux besoins de leur population en matière de prévention, de traitement et de prise en charge du VIH.

Dans certaines régions d’Afrique subsaharienne la pénurie est si grave qu’elle limite le potentiel d’élargissement des programmes visant à atteindre les Objectifs du Millénaire, notamment le déploiement des traitements contre le sida. – Assemblée mondiale sur la santé, 2005

L’OMS estime que 4 millions de médecins, personnels infirmiers, sages-femmes, administrateurs et agents de santé publique supplémentaires sont nécessaires d’urgence si l’on veut écarter de graves crises dans la fourniture des soins de santé dans 57 pays du monde, dont 26 sont situés en Afrique subsaharienne. L’OMS estime qu’au moins 1,3 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à des soins de santé même les plus élémentaires.

C’est l’insuffisance des ressources humaines qui a été identifiée comme l’obstacle principal à la fourniture de traitements antirétroviraux et d’autres services liés au VIH dans de nombreux pays en Europe orientale, en Afrique et en Asie. De nombreux systèmes de santé sont insuffisants pour ce qui est de l’accès et de la qualité des conseils pré- et post-test, de l’éducation pour la santé, des soins à domicile, du diagnostic et du traitement des infections opportunistes.

Les gouvernements s’engagent à augmenter leurs effectifs

Lors de la Réunion de haut niveau sur le sida 2006, les Etats Membres de l’ONU ont réaffirmé leur engagement à pleinement mettre en œuvre la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida 2001 et à renforcer plus encore l’engagement international sur le sida en:

S’engageant « à fournir des ressources additionnelles aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire pour leur permettre de renforcer les systèmes de santé et les programmes de lutte contre le VIH/sida et remédier aux pénuries des ressources humaines, en mettant au point notamment d’autres modèles simplifiés de fourniture des services et en intensifiant les mesures appliquées au niveau de la communauté pour la prévention, le traitement, les soins et l’appui ainsi que d’autres services de santé et services sociaux. » Cependant, transformer cet engagement des gouvernements à accroitre leur capacité en un nombre accru d’agents de santé sur le terrain est un défi d’une certaine complexité.

Equilibrer stabilité macroéconomique et fidélisation du personnel 

Bien que les fonds sida aient augmenté ces dernières années, les déverser simplement dans le système de santé d’un pays pour renforcer sa capacité n’est pas la bonne solution.

La plupart des économistes s’accordent sur le fait qu’une forte augmentation des apports monétaires provoque un taux élevé d’inflation, une élévation du niveau général des prix des biens et services dans une économie donnée dans un temps donné.

Les gouvernements pensent que des politiques fiscales et monétaires permettant de garder une inflation basse sont nécessaires pour contrôler et gérer leur économie afin de prévenir des chocs soudains et des fluctuations de la croissance potentiellement préjudiciables.

Les pays à faible revenu et forte prévalence du VIH doivent jongler entre le besoin d’investir dans leurs systèmes de santé et la responsabilité de maintenir leur stabilité macroéconomique, sur le plan national et régional.

Ces politiques économiques impliquent le maintien des salaires à un faible niveau et entravent ainsi l’engagement de médecins, infirmières, et agents santé communautaire. Des salaires bas démoralisent les travailleurs et entraînent une baisse de la productivité, ce qui rend très difficile la fidélisation du personnel dans certains pays

L’ouverture des marchés du travail signifie que des professionnels qualifiés migrent en grand nombre vers des pays à haut revenu, appauvrissant les capacités humaines là où elles sont les plus nécessaires.

Forum mondial sur les ressources humaines pour la santé

Le consensus grandit autour du fait qu’il s’agit ici d’une crise mondiale qui exige une action coordonnée.

L’Alliance mondiale pour les personnels de santé (AMPS) a été créée pour trouver et appliquer des solutions à cette crise des agents de santé. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en est à la fois l’hôte et l’administrateur.

Pour lancer ce processus, l’Alliance organise cette semaine à Kampala le premier Forum mondial sur les ressources humaines pour la santé. Cette conférence réunit des leaders gouvernementaux, des professionnels de la santé et du développement, la société civile, et des universitaires venant du monde entier qui espèrent cristalliser un mouvement mondial autour de ce sujet.

Les participants exploreront les solutions possibles pour améliorer l’éducation, la formation et la gestion du domaine de la santé et examineront les tendances récentes en matière de migration.

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Fournir des soins communautaires en Inde

28 février 2008

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De passage en Inde, le Directeur exécutif
de l’ONUSIDA, le Peter Piot, a visité
l’Ashram Sewa, un centre qui offre des
soins de première nécessité, un appui et
des formations professionnelles.

De passage en Inde, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, a visité l’Ashram Sewa, un centre qui offre des soins de première nécessité, un soutien et des formations professionnelles.

En 1996, Ton Snellaert, conduisant à Delhi une nuit, vit un homme couché dans la rue. Poursuivant son chemin, il vit des centaines d’autres personnes qui dormaient sur le bord de la route. Cette expérience le motiva à mettre sur pied un centre d’accueil dans un des faubourgs du Nord de Delhi, et une année plus tard, la ‘Delhi House’ ouvrait ses portes. Au cours de sa première année, le petit centre de 12 chambres a accueilli 45 personnes, leur fournissant des soins et un appui. Plus de 3’000 personnes ont depuis lors passé ses portes et il est maintenant mieux connu sous le nom ‘d’Ashram Sewa’. Sewa est un mot Hindi qui signifie ‘la pratique du service désintéressé’ et ashram signifie ‘communauté spirituelle’.

La clinique, dont le personnel est composé de trois infirmières et d’un médecin, offre une aide médicale gratuite et des conseils et tests VIH et tuberculose confidentiels. Le centre a poursuivi sa croissance et offre aujourd’hui le traitement de la tuberculose, un programme d’éducation des enfants et des formations professionnelles.

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La clinique, dont le personnel est
composé de trois infirmières et d’un
médecin, offre une aide médicale
gratuite, et des conseils et tests VIH et
tuberculose confidentiels.

L’Ashram a attiré des volontaires venus du monde entier, réunis par la même passion de servir les autres. Une des volontaires est Kaye Kirsch, qui gère actuellement le centre. « Notre communauté est fondée sur la compassion et se concentre sur le rétablissement de la dignité, tout en apportant amour et soins de qualité à ceux qui en ont le plus besoin, » dit-elle. « Plusieurs membres de notre personnel sont venus ici parce qu’ils avaient besoin d’aide puis ils ont choisi de rester au centre pour aider les autres, » ajoute-t-elle.

Fournir des soins communautaires en Inde

Liens utiles:

Le site Internet Sewa Ashram (en anglais)

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La TB-MR est plus courante parmi les personnes vivant avec le VIH

28 février 2008

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Selon le 4ème rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la résistance des médicaments contre la tuberculose, publié le 26 février, la tuberculose multi-résistante aux médicaments* (TB-MR) s’est révélée deux fois plus courante chez les malades de la tuberculose vivant avec le VIH que chez ceux qui ne sont pas infectés par le VIH.

Le rapport présente les résultats de l’étude la plus importante réalisée à ce jour sur la résistance aux médicaments antituberculeux, avec des données recueillies entre 2002 et 2006 parmi 90 000 malades de la tuberculose dans 81 pays. Il montre les taux les plus élevés de TB-MR, avec près de 500 000 nouveaux cas de TB-MR dans le monde chaque année, soit environ 5% du total de 9 millions de nouveaux cas de TB. Il conclut aussi qu’une forme pratiquement incurable de la maladie respiratoire, la tuberculose ultra-résistante aux médicaments** (TB-UR), a été observée dans 45 pays.

La véritable ampleur du problème reste inconnue dans certaines parties du monde. Seuls six pays d’Afrique, la région du monde connaissant la plus forte incidence de TB***, ont été en mesure de fournir des données sur la résistance aux médicaments et aucun de ces pays n’a pu fournir des informations sur la résistance aux médicaments parmi les personnes vivant avec le VIH. D’autres pays de la région n’ont pu mener d’enquêtes parce qu’ils manquent de l’équipement et du personnel qualifié nécessaires à l’identification de la tuberculose résistante aux médicaments.

« Ce rapport confirme la menace sérieuse que fait peser la tuberculose résistante aux médicaments sur les personnes vivant avec le VIH, » dit Alasdair Reid, Conseiller VIH/TB de l’ONUSIDA. « L’ONUSIDA, en collaboration avec l’OMS et nos partenaires internationaux, collabore avec des programmes de lutte contre la tuberculose et le VIH dans le monde afin qu’ils coopèrent plus étroitement pour prévenir l’apparition et la propagation de la tuberculose résistante aux médicaments parmi les personnes vivant avec le VIH, en améliorant le diagnostic et le traitement de la tuberculose parmi les personnes vivant avec le VIH et la lutte contre la tuberculose dans les établissements de prise en charge du VIH et dans les communautés affectées par le VIH». 

L’OMS estime que 4,8 milliards de dollars sont nécessaires pour une lutte globale contre la tuberculose dans les pays à revenu faible et intermédiaire, dont un milliard pour combattre la tuberculose résistante aux médicaments. Il manque actuellement 2,5 milliards de dollars, dont 500 millions pour la tuberculose résistante aux médicaments.

NOTE AUX REDACTEURS:

* La bactérie responsable de la tuberculose devient résistante lorsque des personnes malades atteints de tuberculose ne reçoivent pas de médicaments ou ne suivent pas un traitement complet. La tuberculose résistante aux médicaments, comme celle qui réagit aux médicaments, peut également être transmise d’une personne infectée à une personne non-infectée par la voie aérienne. La TB-MR est une forme de tuberculose qui ne réagit pas au traitement standard de six mois à l’aide de médicaments de première intention (c.-à-d. qui ne réagit pas à l’isoniazide et à la rifampicine). Cela peut prendre deux ans pour la traiter avec des médicaments qui sont 100 fois plus chers que le traitement de première intention.

** La TB-UR est une forme de tuberculose causée par une bactérie résistante à presque tous les médicaments antituberculeux les plus efficaces (c.-à-d. qu’elle est une forme de TB-MR qui est en plus résistante à toutes les fluoroquinolones et à tous les médicaments antituberculeux injectables de deuxième intention : amikacine, kanamycine ou capréomycine).

*** En Afrique sub-saharienne le VIH contribue considérablement à la propagation de la tuberculose, qui est une des principales causes de décès parmi les personnes vivant avec le VIH. La TB-MR et la TB-UR sont hautement mortelles pour les personnes vivant avec le VIH: les études montrent des taux de létalité de plus de 90%. La tuberculose résistante aux médicaments est donc une menace considérable pour l’efficacité des programmes de traitement antituberculeux et antirétroviral.

La TB-MR est plus courante parmi les personnes vi

Cosponsors:

OMS (en anglais)



Liens utiles:

Partenariat Halte à la tuberculose (en anglais)



Publications:

Résistance aux médicaments antituberculeux dans le monde (pdf, 2,36 Mb) (en anglais)

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Microbicides 2008 se clôture en Inde

27 février 2008

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La conférence internationale biennale
Microbicides 2008 s'est tenue du 24 au 27
février à New Delhi, avec pour thème
« Des efforts en direction de la prévention
du VIH ».
Photo : Microbicides 2008.

La conférence internationale biennale Microbicides 2008 s’est clôturée le mercredi 27 février à New Delhi.
La conférence scientifique a été ouverte dimanche par le Ministre de l’Union pour la Santé et le Bien-être de la famille, le Dr Anbumani Ramadoss.

Plus de 1100 chercheurs, agents de santé publique, organisations communautaires et de plaidoyer se sont rassemblés pour une réunion de quatre jours afin de débattre de la recherche et de la mise au point d’un microbicide sûr, efficace et abordable que les femmes pourraient utiliser pour prévenir la transmission du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles.

La réunion se tenait dans le contexte d’une année de résultats mitigés pour les essais cliniques d’un candidat microbicide. Un essai de sulfate de cellulose a été interrompu prématurément pour des raisons liées à son innocuité, tandis que le Carraguard, un candidat microbicide qui avait achevé des essais de Phase III à grande échelle, a été reconnu sûr mais n’est pas efficace pour la prévention du VIH. Ces résultats étaient inattendus mais l’ensemble des conclusions ont permis de faire la lumière sur les différentes pistes de recherche.   

La manifestation s’est achevée sur une note positive et d’espoir. S’exprimant lors de la cérémonie de clôture, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, a reconnu que la recherche sur les microbicides avait traversé une période difficile, mais s’est focalisé sur les progrès réalisés jusqu’ici sur le terrain.

Soulignant combien il est vital de dépasser ces difficultés et important de vaincre les obstacles, le Dr Piot a déclaré dans son discours que « La mise au point d’un microbicide efficace sera une avancée cruciale dans la riposte au sida. Offrir aux femmes une technique de prévention du VIH qu’elles puissent utiliser elles-mêmes ne sera pas loin de représenter une révolution. »


Le programme de la conférence était supervisé par un comité consultatif scientifique international et comprenait des séances plénières, des présentations sur des travaux de recherche originaux, des tables rondes, des symposiums et des réunions satellites et des présentations et expositions d’affiches. Une large gamme de sujets ont été discutés en suivant quatre pistes simultanées.

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Le Dr Piot a déclaré dans son discours
« La mise au point d’un microbicide
efficace représentera une avancée
cruciale dans la riposte au sida. Offrir aux
femmes une technique de prévention du
VIH qu’elles puissent utiliser elles-mêmes
ne sera pas loin d’être une révolution. »

Sur la piste ‘Sciences de base’, les sujets comprenaient notamment des mises à jour sur le processus d’essais relatifs aux produits candidats actuels et émergents, les dernières connaissances sur la transmission du VIH, la découverte de médicaments, les progrès en matière de formulations.

Sur la piste ‘Clinique’, les enseignements tirés des études de cohortes ont été étudiés ainsi que les conclusions des essais de Phases I, II et III. L’impact d’autres essais de méthodes de prévention du VIH figurait parmi les autres thèmes abordés.

La piste ‘Sciences sociales’ passait en revue les outils de recherche dans le domaine des sciences du comportement et des sciences sociales, l’acceptabilité, les leçons tirées de la gestion de l’interruption des essais de méthodes de prévention du VIH dans plusieurs pays et le rôle des hommes dans l’utilisation des microbicides.

Sous ‘Communauté et plaidoyer’, plusieurs aspects de l’engagement communautaire dans des essais ont été examinés, notamment la gestion des attentes du résultat des essais par les parties prenantes et l’importance des partenariats pour la recherche sur le VIH.

Plusieurs discussions croisées ont également eu lieu, qui étudiaient les enjeux, les expériences et les enseignements tirés..

C’est la première fois que la réunion se tenait dans la région asiatique. Des réunions avaient eu lieu à Washington DC en 2000, à Anvers en 2002, à Londres en 2004, et au Cap en 2006. Chaque occasion permet aux chercheurs et aux militants de mieux comprendre les enjeux de la mise au point de microbicides.

Toutes les personnes présentes cette semaine à New Delhi espéraient que d’ici à la prochaine conférence de 2010, nous serons arrivés à un réel tournant sur la voie de l’offre d’un microbicide sûr, efficace et abordable qui pourrait faire la différence dans la vie des femmes.

Pour de plus amples informations, veuillez vous rendre sur le site web de Microbicides 2008 www.microbicides2008.com

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Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA reçoit une prestigieuse distinction humanitaire

26 février 2008

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Le Président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, le Cardinal Telesphore P. Toppo, présente au Dr Peter Piot, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, la distinction humanitaire internationale Sainte Mère Teresa lors d’une cérémonie qui s’est tenue le 26 février à New Delhi, Inde.

La toute première ‘Distinction humanitaire internationale Sainte Mère Teresa’ a été décernée au Dr Peter Piot, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, pour l’impact significatif de son action en faveur des personnes vivant avec le VIH dans le monde en développement.

Le Dr Piot a reçu la distinction des mains du Cardinal Telesphore P. Toppo, Président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, lors d’une cérémonie spéciale qui s’est tenue le 26 février 2008 à New Delhi. Il partagera cette distinction avec l’Ambassadeur Mark Dybul, Coordonnateur de US Global AIDS, qui recevra sa distinction au cours du Discours annuel d’hommage à Mère Teresa qui se tiendra le 3 mars à l’Université nationale Indira Gandhi. 

La distinction a été établie par la Commission de la santé de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde en reconnaissance du travail d’individus engagés dans des causes humanitaires similaires à celles de Mère Teresa.


20080226_EXDAward_200.jpg(De g. à d.) : le Directeur de mission, Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), Dr George Deikun ; le Président de la Conférence des Evêques catholiques de l’Inde, le Cardinal Telesphore P. Toppo ; le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr. Peter Piot ; le Secrétaire exécutif, Commission pour la santé de la Conférence des Evêques catholiques de l’Inde, Père Alex Vadakumthala.

S’exprimant lors de la remise de la distinction, le Dr Piot a déclaré : « J’accepte cette distinction comme une reconnaissance de la contribution de la famille des Nations Unies tout entière, et en particulier de mes collègues de l’ONUSIDA, qui travaillent avec des valeurs chères au cœur de Mère Teresa – servir celles et ceux qui sont dans le besoin. Nous sommes mus par les idéaux qu’elle a encouragés tout au long de sa vie, qui a été marquée par la tolérance, la compassion et d’inclusivité.

Le Dr Piot a loué l’Eglise catholique indienne pour son engagement en faveur de la riposte au sida et le soutien qu’elle apporte aux personnes vivant avec le VIH, poursuivant ainsi la tradition de compassion et de respect de Mère Teresa.

La Sainte Mère Teresa de Calcutta, d’origine albanaise, est la fondatrice de l’Ordre des Missionnaires de la Charité – une congrégation catholique de femmes dévouées à la cause des pauvres en Inde. Elle a vécu comme une simple nonne et a touché le cœur de bien des gens. Elle a reçu le prix Nobel de la Paix en 1979.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA reçoit une pre

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Les microbicides : les enjeux liés à leur mise au point et à leur distribution (Partie 2)

21 février 2008

La conférence internationale biennale sur les microbicides ‘Microbicides 2008’ se tiendra du 24 au 27 février à New Delhi, avec pour thème « Des efforts en direction de la prévention du VIH ».

La rencontre favorisera un échange de connaissances entre les chercheurs qui œuvrent dans le domaine des microbicides, les agents de santé publique et les organisations de militants et offrira une tribune pour discuter des nouveaux développements en matière de recherche sur les microbicides, notamment la science de base, les essais cliniques et les questions relatives aux sciences sociales ainsi qu’une discussion sur les comportements, l’engagement communautaire et le plaidoyer.

Dans la seconde partie de cette série en deux parties traitant des microbicides, nous nous penchons sur certains de ces sujets.

L’ONUSIDA insiste depuis plusieurs années sur le fait que la mise au point d’un microbicide efficace est une priorité en santé publique et souligne l’importance d’y avoir accès et de disposer de produits abordables. Toutefois, dû au manque d’investissement significatif, le processus de recherche et de développement a été lent et inefficace.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, a déclaré « La communauté internationale, notamment le secteur privé, doit continuer à investir dans des techniques de prévention du VIH efficaces qui puissent être utilisées par les femmes ».

« Assurer l’accès à des microbicides sûrs et efficaces sera d’une importance capitale pour tous nos efforts de prévention et pour notre objectif qui consiste à stopper et à inverser le cours de l’épidémie. »


Le prix à payer pour sauver des vies 

Le financement total sur le plan mondial pour la recherche et la mise au point de microbicides en 2006 consenti par les secteurs non commerciaux s’est monté à 217 millions de dollars. Le secteur pharmaceutique choisit d’investir dans la recherche de médicaments antirétroviraux, attiré par un retour sur investissement potentiellement important.

S’il y avait un investissement comparable dans la recherche sur les microbicides, on pense qu’un produit sûr et efficace pourrait être sur le marché bien avant un vaccin. Toutefois, étant donné que tout microbicide devrait être abordable pour les consommateurs parmi lesquels il ferait le plus de différence – les femmes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire – les marges de profit seraient faibles. Cette réalité économique fait de la recherche sur les microbicides un investissement moins intéressant.

En conséquence, pratiquement toutes les recherches sur les microbicides sont menées par de petites sociétés de biotech financées par le secteur public.


Le processus de recherche et développement

La recherche et le développement se poursuivent malgré un écart de financement important. Un investissement accru sera nécessaire pour mener les essais cliniques à leur terme et jeter des bases pour la distribution d’un produit efficace.

Comme c’est le cas pour tous les nouveaux médicaments, les candidats microbicides doivent passer une série de tests de laboratoire suivis d’une série d’essais cliniques chez l’être humain.


 

En quoi consistent les différentes phases d’un essai clinique?

La Phase I d’un essai clinique est la première étape des tests chez l’être humain et elle est destinée à évaluer l’innocuité. Normalement, les essais sont menés dans un contexte hospitalier, où les volontaires peuvent être suivis de près. Un groupe de 20-80 volontaires sains utilisera le produit pendant une à deux semaines.

Une fois que l’innocuité initiale du produit étudié a été confirmée par les essais cliniques de Phase I, les essais de Phase II peuvent être effectués sur des groupes plus importants comportant de 20 à 300 individus ; ils sont destinés à évaluer si le produit marche bien, et à poursuivre les évaluations de son innocuité et de sa tolérabilité dans un plus grand groupe de volontaires pendant une période de 6-18 mois.

Lorsque le processus de mise au point d’un nouveau médicament échoue, cela se produit habituellement durant les essais de Phase II, lorsque l’on découvre que le médicament ne montre aucun signe d’un effet potentiel, ou qu’il a des effets toxiques.

Les études de Phase III sont des essais multicentriques contrôlés et randomisés effectués sur des groupes importants (300-3000 ou davantage) et visent à représenter l’évaluation définitive de l’efficacité et de l’innocuité du médicament. Du fait de leur grande taille et de leur durée (de un à deux ans), les essais de Phase III sont les plus coûteux, ceux qui prennent le plus de temps et sont les plus difficiles à concevoir et à mener.



Un éventail de produits microbicides contraceptifs et non contraceptifs sont actuellement à différentes phases de mise au point et d’essai, notamment 30 candidats dans des essais cliniques. Plus de 30 autres font l’objet de tests précliniques. Jusqu’ici, les résultats ont toutefois été décevants.

La recherche sur les microbicides a essuyé un revers inattendu en février 2007, lorsqu’une étude de Phase III à un stade avancé d’un candidat microbicide, le sulfate de cellulose, a été interrompue prématurément car on a soupçonné que les femmes qui utilisaient le gel couraient un risque plus élevé de contracter une infection à VIH que les femmes du groupe placebo.

Au début de cette semaine, il a été annoncé que le Carraguard, un candidat microbicide qui avait terminé les essais de Phase III à grande échelle n’était pas en mesure de prévenir la transmission du VIH. Fait encourageant, on a constaté que le produit était sûr pour un usage vaginal à long terme. Il s’agit là du premier microbicide ayant achevé les essais de Phase III sans problème d’innocuité. Les chercheurs fondent beaucoup d’espoir sur ces conclusions, sur lesquelles seront fondés les travaux futurs.

« La prochaine génération de produits microbicides à base d’antirétroviraux est très prometteuse. Nous devons absolument mettre au point de meilleurs biomarqueurs pour l’innocuité et améliorer les mesures de l’observance et nous pouvons tirer beaucoup plus d’enseignements des essais qui n’ont pas débouché sur un produit efficace, » a déclaré la Conseillère scientifique principale de l’ONUSIDA, le Dr Catherine Hankins.


Calendrier pour la disponibilité des microbicides

La Campagne mondiale pour les microbicides a estimé que si l’un des produits faisant l’objet d’essais cliniques avancés apportait la preuve de son efficacité, un microbicide pourrait être prêt à être distribué dans un petit nombre de pays d’ici à la fin 2010. Toutefois, si les différents produits en cours de mise au point se révèlent inefficaces, cette période sera plus longue.

 

Considérations éthiques


Les militants et la société civile travaillent d’arrache-pied pour veiller à ce que, au fur et à mesure des progrès de la science, les droits et les intérêts des participants aux essais ainsi que de leurs communautés soient protégés.

Dans les essais de microbicides, on fournit à toutes les femmes un ensemble complet de mesures de prévention du VIH, notamment le conseil sur l’utilisation du préservatif et les rapports sexuels sans risque, un approvisionnement gratuit en préservatifs de haute qualité et un dépistage régulier pour le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles.

Les essais correctement menés sont vitaux pour que les femmes aient une perception positive de la participation aux essais – les participantes ont exprimé combien il leur est important d’avoir accès à l’information, d’être traitées avec respect, d’avoir l’opportunité d’être écoutées, d’avoir accès au test VIH et au conseil ainsi qu’aux préservatifs.

Il est également vital que la conception des essais prenne en compte les perceptions sociales et communautaires du VIH sur le plan local, la santé et la sexualité, et que les participantes qui sont infectées par le VIH au cours ou à la suite des essais aient accès aux services de soins et d’appui.

L’ONUSIDA et l’AVAC ont publié le « Guide des bonnes pratiques de participation aux essais de méthodes biomédicales de prévention du VIH », qui expose 10 principes pour l’engagement communautaire tout au long du cycle des essais.

Un consensus international a été établi et décrit sous forme de 19 éléments d’orientation sur toute une gamme de sujets notamment la confidentialité, le consentement éclairé, les groupes contrôles et les dommages potentiels, dans le document d’orientation ONUSIDA/OMS « Considérations éthiques relatives aux essais de méthodes biomédicales de prévention du VIH ».


Prochaines étapes

La conférence sur les microbicides de la semaine prochaine représentera un forum important pour débattre des enjeux liés à la recherche, au financement, aux essais cliniques et aux considérations éthiques.

Des experts se réuniront pour prendre connaissance des derniers développements des essais relatifs aux produits candidats actuels et émergents et débattront de toute une gamme de sujets. La Conseillère scientifique principale de l’ONUSIDA, le Dr Catherine Hankins, fera des présentations sur les implications des résultats des essais relatifs à la circoncision masculine pour la recherche sur les microbicides et communiquera les conclusions de la consultation de décembre 2007 intitulée « Faire que les essais VIH marchent pour les femmes et les adolescentes ».

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, s’exprimera à l’occasion de la cérémonie de clôture de la conférence à laquelle participeront des politiciens, des décideurs, des scientifiques, des militants communautaires et autres experts dans le domaine du sida.

La London School of Hygiene and Tropical Medicine a estimé à l’aide de modèles mathématiques que l’introduction d’un microbicide même efficace à 60% dans les 73 pays à revenu le plus faible du monde et qui ne serait utilisé que par 20% des femmes déjà en contact avec les services de santé pourrait éviter jusqu’à 2,5 millions d’infections en trois ans.

De nombreux observateurs sont confiants dans le fait qu’un microbicide efficace pourrait avoir un impact significatif sur la prévention du VIH à travers le monde, et l’attente est d’autant plus frustrante, les échecs sont d’autant plus décevants.

Feature Story

Journal of Internal Medicine: Article de L. O. Kallings

21 février 2008

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Le Professeur Lars O. Kallings est également Envoyé spécial de l’ONU pour le sida en Europe orientale et en Asie centrale.

Le numéro de mars du Journal of Internal Medicine sorti aujourd’hui comprend un article du Professeur Lars O. Kallings intitulé “La première pandémie postmoderne : 25 années de VIH/SIDA”. 

Dans cet article de 26 pages, le Professeur Kallings présente une vue d’ensemble du sida sur le plan biomédical, examinant ses caractéristiques et la quête scientifique des techniques de prévention. Il retrace l’évolution de l’épidémiologie du VIH des premiers cas annoncés à son incidence d’aujourd’hui et sa distribution dans le monde. Les divers aspects sociaux et politiques du sida ainsi que la riposte mondiale sont également examinés.

L’article explore la désinformation et les idées fausses qui entourent le sida et aborde les perspectives de guérison ainsi que d’autres scénarios d’avenir.

Le Professeur Lars O. Kallings a été nommé Envoyé spécial de l’ONU pour le sida en Europe orientale et en Asie centrale par le Secrétaire général de l’ONU en mai 2003.

Impliqué dans la riposte au sida depuis plus de 20 ans, il a occupé divers postes, dont celui de conseiller auprès de l’Organisation mondiale de la santé, de Président de la Commission mondiale du sida et de Conseiller principal du Programme de lutte contre le sida pour les affaires scientifiques et politiques. Il est actuellement Président honoraire de l’ONG AIDS Accountability International. Il a été Président fondateur de la Société internationale du sida (IAS) dont il a été Secrétaire général entre 1994 et 2002.

Le Professeur Kallings a rédigé cet article en qualité de chercheur indépendant et son contenu ne reflète pas nécessairement les opinions des Nations Unies ou de toutes autres organisations auxquelles l’auteur est, ou a été, affilié.

Journal of Internal Medicine: Article de L. O. Ka

Reportages:

Mission de plaidoyer du Professeur Lars Kallings au Bélarus (octobre 2006) (en anglais)


Liens externes:

Journal of Internal Medicine (en anglais)


Publications:

La première pandémie postmoderne : 25 années de VIH/SIDA - L. O. Kallings (2008)
Journal of Internal Medicine, Volume 263 Sujet 3 Page 218-243, mars 2008 (en anglais)

Feature Story

Les microbicides : pourquoi sont-ils importants ? (Partie 1)

20 février 2008

Préalablement à la conférence internationale biennale Microbicides 2008, qui aura lieu du 24 au 27 février à New Delhi, nous nous penchons sur les microbicides. Dans la partie 1 de cette série en deux parties, nous voyons pourquoi on les considère comme importants dans la riposte au VIH. Dans la partie 2 nous reviendrons sur les enjeux de cette technique biomédicale de prévention.

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Si les recherches sur un vaccin contre le
VIH semblent devoir se poursuivre
pendant quelques années, nombreuses
sont les personnes qui pensent qu’avec un
investissement similaire, un microbicide
pourrait être mis au point avec succès
beaucoup plus rapidement.

Avec 2,5 millions de personnes nouvellement infectées par le VIH en 2007, on s’accorde à penser partout dans le monde que de nouvelles techniques de prévention du VIH sont nécessaires pour compléter les stratégies existantes.

Si les recherches sur un vaccin contre le VIH semblent devoir se poursuivre pendant quelques années, nombreuses sont les personnes qui pensent qu’avec un investissement similaire, un microbicide pourrait être mis au point avec succès beaucoup plus rapidement. Un microbicide efficace offrirait une protection significative pour les femmes qui représentent près de la moitié de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH à travers le monde.

L’ONUSIDA collabore avec plusieurs réseaux œuvrant dans le domaine des microbicides afin de mettre en lumière le besoin crucial d’options de prévention contrôlées par les femmes.

Avec d’autres défenseurs dans le monde, l’ONUSIDA continue de souligner l’importance d’un effort concerté pour la mise au point de microbicides et pour les rendre accessibles aux personnes qui en ont besoin. Il est vital de prendre en compte les besoins des femmes en matière de prévention du VIH si l’on veut inverser le cours de l’épidémie.

Pourquoi les femmes nécessitent-elles une protection spécifique contre le VIH ?

C’est une triste réalité que de constater que nombreuses sont les femmes à travers le monde qui n’ont pas le pouvoir de décision pour tout ce qui touche à leur propre corps.

Des normes sociales et culturelles profondément ancrées et les effets des inégalités entre les sexes signifient que bien des femmes et des filles vivent avec la violence ou la menace de violence et sont incapables de négocier avec succès la fidélité ou l’usage du préservatif.

Les femmes qui vendent des services sexuels sont souvent dans l’impossibilité de négocier le port du préservatif avec leurs clients.

Et même les femmes qui s’abstiennent de rapports sexuels avant le mariage et n’ont qu’un seul partenaire sexuel peuvent être vulnérables aux infections sexuellement transmissibles si leur partenaire a des rapports non protégés avec d’autres femmes ou avec des hommes.

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« Les microbicides seront un outil essentiel
pour émanciper les femmes, et pour
stopper la propagation alarmante de
l’infection à VIH chez les femmes » - la
Directrice de la Coalition mondiale sur les
femmes et le sida, Kristan Schoultz.
Photo : ONUSIDA/C.Gira.

Du fait de différences biologiques, lors de rapports hétérosexuels non protégés, les femmes sont au moins deux fois plus susceptibles que les hommes de contracter le VIH d’un partenaire infecté. Les données sur le VIH le confirment ; par exemple chez les jeunes (15-24 ans) en Afrique subsaharienne, on estime que trois jeunes femmes sont séropositives au VIH pour chaque jeune homme

Les experts estiment que si les femmes ont l’option d’utiliser un microbicide pour se protéger contre le VIH, cela pourrait faire toute la différence dans leur vie.

« Un homme peut refuser de porter un préservatif et sa partenaire peut ne pas être en mesure d’insister. L’accès à des microbicides sûrs et efficaces donnera aux femmes plus de choix et les aidera à prendre en charge leur santé sexuelle et leur avenir, » a déclaré la Directrice de la Coalition mondiale sur les femmes et le sida, Kristan Schoultz.

« Les microbicides seront un outil essentiel pour émanciper les femmes et pour stopper la propagation alarmante de l’infection à VIH parmi les femmes, » a-t-elle ajouté.

Qu’est-ce qu’un microbicide ?

Un microbicide est un composé qui vise à réduire l’infectiosité des virus ou bactéries. Le terme se réfère désormais à un produit potentiel qui empêcherait la transmission du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles (IST) à l’intérieur du vagin. Un microbicide rectal agirait de la même façon pour protéger les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ainsi que les femmes lors de rapports par voie anale.

Différents candidats microbicides font actuellement l’objet de recherches et de développement ; un grand nombre d’entre eux se présentent sous forme de gel ou de crème à appliquer sur la surface du vagin. Les scientifiques étudient également d’autres manières d’utiliser le médicament comme par exemple au moyen d’un anneau qui serait inséré dans le vagin et permettrait la libération contrôlée d’un microbicide efficace.

Mécanismes d’action

Un microbicide topique efficace – appliqué sur la surface du vagin – agirait probablement de plusieurs manières. Les scientifiques mènent des recherches sur différents produits qui:

  1. Tueraient les organismes pathogènes sans endommager les cellules saines du vagin
  2. Renforceraient le système de défense naturel du corps en augmentant l’acidité naturelle du vagin ce qui inactiverait les virus et bactéries pathogènes
  3. Empêcheraient le virus de pénétrer dans les globules blancs – les cellules cibles du VIH
  4. Inhiberaient la réplication du virus en utilisant des dérivés de médicaments antirétroviraux.


Pour certaines femmes, il est important que l’action du microbicide ne nuise pas à leur capacité à concevoir un bébé. Des microbicides contraceptifs et non contraceptifs sont actuellement en cours de mise au point, ainsi que des microbicides rectaux pour les femmes hétérosexuelles et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.

Pas une potion magique

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La conférence internationale biennale sur
les microbicides ‘Microbicides 2008’ se
tiendra du 24 au 27 février à New Delhi.
Son thème sera « Des efforts en direction
de la prévention du VIH ».
Photo : Microbicides 2008.

Certains partisans estiment que la mise au point réussie d’un microbicide représenterait une émancipation significative pour les femmes qui, du fait de considérations culturelles, économiques et sociales, sont privées de pouvoir et incapables de se protéger contre le VIH.

Avec des enjeux aussi importants, les microbicides semblent être une solution très séduisante. Les experts sont toutefois bien conscients de la complexité des travaux de recherche et de l’efficacité des médicaments, et recommandent la prudence pour éviter de susciter des attentes irréalistes.

Les produits microbicides couronnés de succès seront partiellement protecteurs. S’ils peuvent être efficaces jusqu’à 80% pour prévenir la transmission du VIH au cours des rapports sexuels, ils devront être complétés par d’autres outils de prévention au moyen d’une stratégie associant plusieurs mesures de prévention.

Un ensemble complet de mesures de prévention comprend, mais ne s’y limite pas, le fait de retarder le début de l’activité sexuelle, la fidélité mutuelle, la diminution du nombre de partenaires sexuels, des rapports sexuels sans pénétration, les rapports sexuels à moindre risque, notamment l’utilisation correcte et régulière du préservatif masculin et féminin, et le traitement précoce et efficace pour les infections sexuellement transmissibles.

Dans la partie 2, nous examinons les enjeux actuels de la recherche et de la mise au point de microbicides et nous efforçons de comprendre pourquoi il y a un écart de financement aussi important entre ce qui est nécessaire pour mener les essais cliniques à leur terme et jeter les bases d’une distribution efficace et ce qui est actuellement disponible. Nous étudions également les considérations éthiques relatives aux essais cliniques.

Feature Story

Vue d’ensemble de la Conférence 2008 sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI)

18 février 2008

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La 15e Conférence sur les rétrovirus et les
infections opportunistes s’est tenue à
Boston du 4 au 6 février 2008.
Photo: CROI.

La Conférence annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) a débuté en 1994 en tant que modeste réunion de scientifiques étudiant le VIH et de cliniciens traitant les personnes infectées par le VIH. Aujourd’hui, c’est l’une des rencontres annuelles les plus importantes sur le VIH, qui offre un forum aux scientifiques de base, investigateurs cliniques et chercheurs dans le domaine de la santé mondiale dont l’objectif est de présenter, de discuter et de passer en revue leurs investigations en matière d’épidémiologie et de biologie des rétrovirus humains et des maladies qu’ils provoquent.

La 15e CROI s’est clôturée le 6 février à Boston, et si les résultats des essais annoncés étaient peu encourageants, de nombreux thèmes importants ont été abordés. L’absence d’une avancée scientifique dans le domaine du développement de vaccins contre le VIH souligne la nécessité d’intensifier les stratégies existantes de prévention et de traitement.

Essai lié au VHS-2 – Aucune réduction du risque n’a été observée

Des résultats décevants ont été annoncés à la suite d’essais menés pour voir si le traitement courant contre le virus qui provoque l’herpès chez l’être humain, le virus de l’herpès simplex de type 2 (VHS-2), pourrait diminuer le risque de transmission du VIH. On a demandé à des individus séronégatifs au VIH infectés par le VHS-2 de prendre un traitement contre les poussées d’herpès. Toutefois, les résultats des essais n’ont montré aucune différence des taux d’infection à VIH entre les individus qui avaient pris les médicaments et ceux qui ne les avaient pas pris.

Les données scientifiques indiquent un lien entre l’infection à VHS-2 et la prédisposition à contracter l’infection à VIH, et d’autres essais en cours étudient différents aspects de ce lien. Les chercheurs font donc preuve d’un espoir prudent à propos de cette piste de recherche.

Circoncision masculine

Des données publiées récemment émanant des études sur la circoncision masculine menées en Ouganda qui ont été interrompues en décembre 2006 ont été présentées par une chercheuse, Maria Wawer. Un essai a étudié si la circoncision chez un homme séropositif au VIH diminuait le risque de transmission du VIH à sa partenaire féminine séronégative. Les résultats ont fait état d’une tendance à l’accroissement de la transmission du VIH de l’homme à ses partenaires féminines. Cette tendance était plus nette, bien que toujours non statistiquement significative, lorsque les hommes reprenaient une activité sexuelle avant la cicatrisation complète de leur plaie.

Ces données ne sont pas nouvelles, mais leur présentation lors de la CROI a donné l’occasion d’en débattre et d’analyser leurs implications. Les défenseurs ont souligné la nécessité pour tous les programmes de circoncision masculine de prendre en compte directement la vulnérabilité accrue à l’infection du fait des rapports sexuels avec un homme séropositif au VIH récemment circoncis.

Le Dr Catherine Hankins, Conseillère scientifique principale à l’ONUSIDA, a déclaré : « Cela souligne l’importance de considérer la circoncision masculine dans le cadre d’un ensemble complet de mesures de prévention comprenant le conseil destiné aux couples et les recommandations post-chirurgicales impliquant les deux partenaires. Les couples doivent envisager un engagement mutuel en faveur de l’abstinence jusqu’à cicatrisation complète de la plaie. »

Les directives de l’ONUSIDA recommandent que tous les hommes subissant une circoncision devraient recevoir des informations claires et un soutien afin qu’ils s’abstiennent de rapports sexuels jusqu’à ce que la cicatrisation de la plaie soit certifiée, ce qui peut prendre normalement jusqu’à six semaines, pour éviter d’accroître le risque de contracter ou de transmettre le VIH.

Le plus important, c’est que les individus doivent comprendre que la circoncision masculine ne confère pas une protection complète contre l’infection à VIH et qu’elle ne doit pas remplacer d’autres stratégies de prévention telles que l’usage correct et régulier du préservatif masculin et féminin, la diminution du nombre de partenaires sexuels, le fait d’éviter la pénétration, et le traitement des maladies sexuellement transmissibles.

Vaccins 

En septembre dernier, le candidat vaccin contre le VIH de Merck à base d’adénovirus a été un échec décevant. Le consensus émanant des experts lors de la CROI est qu’il était important que les scientifiques reprennent leurs travaux de base pour mieux comprendre l’action du virus et les réponses du système immunitaire. On a appelé à un investissement accru dans la recherche scientifique de base et à mettre moins d’accent sur les essais cliniques coûteux, bien que les deux soient évidemment nécessaires.

Il est de plus en plus accepté que la quête d’un hypothétique vaccin contre le VIH va se poursuivre pendant un certain temps. Cela souligne la nécessité d’intensifier les stratégies existantes de prévention et de traitement ainsi que l’importance d’améliorer l’accès des individus à l’information en matière de santé sexuelle, l’accès aux services de test VIH et de conseil et aux préservatifs masculins et féminins.

D’autres thèmes intéressants discutés lors de la CROI comprenaient notamment un meilleur dépistage de la tuberculose, la garantie d’une représentation satisfaisante des femmes dans les essais liés au VIH, le vieillissement et le sida, ainsi que la prise en charge des enfants et des adolescents affectés.

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