Feature Story

Les responsables des agences H6 adoptent un nouveau cadre de résultats

07 mai 2018

Partout dans le monde, beaucoup de femmes, d’enfants et d’adolescents ont encore peu ou pas d’accès à des services de santé et d’éducation de qualité, à de l’air et de l’eau propres, à un assainissement adéquat et à une bonne alimentation. Et un trop grand nombre est confronté à la violence et à la discrimination, à l’inégalité d’accès au pouvoir et aux opportunités, et à de nombreux obstacles qui nuisent à sa santé physique, mentale et émotionnelle ainsi qu’à son bien-être.

Pour accélérer le changement, les chefs de secrétariat du partenariat H6 se sont réunis en marge du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies à Londres (Royaume-Uni) le 2 mai et ont convenu d’un nouveau cadre de résultats, Résultats H6 2020. Résultats H6 2020 vise à faire du partenariat H6 une source fiable et précieuse de soutien technique, de conseils politiques stratégiques et de meilleures pratiques pour la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents.

Développé sous la présidence du Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, Résultats H6 2020 est étroitement lié à la Stratégie mondiale Every Woman Every Child Every Adolescent et au cadre des partenaires 2020 Every Woman Every Child. Résultats H6 2020 fixe des objectifs ambitieux tout en s’engageant à obtenir un certain nombre de résultats concrets pour 2020.

« Je suis très enthousiaste à l’idée de redynamiser notre partenariat H6. En tant que bras technique du mouvement Every Woman Every Child, nous prévoyons de rationaliser et de simplifier l’architecture de la santé, en coordination avec des partenaires clés pour tirer parti du capital politique, de l’expertise technique et de la sensibilisation en vue d’obtenir des résultats pour les femmes, les enfants et les adolescents du monde entier », a déclaré M. Sidibé.

Faisant suite à la vision approuvée par les chefs de secrétariat en mars 2018, Résultats H6 2020 s’appuie sur les réalisations du H6 à ce jour et renforce les mécanismes existants tout en consolidant les mécanismes des Nations Unies d’aide aux pays. Il décrit comment le H6 harmonisera les efforts des six organisations du H6 et des partenaires clés aux niveaux national, régional et mondial et se concentrera sur les pays les plus touchés par la mortalité et la morbidité maternelles, infantiles et adolescentes pour intensifier les actions qui y sont menées à bien.

« Le partenariat H6 joue un rôle crucial en veillant à ce que les pays se concentrent sur les besoins de santé des femmes d’une manière intersectionnelle, en mettant l’accent sur l’égalité des sexes, les droits de la personne et d’autres facteurs favorables, comme l’éducation », a déclaré Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes.

En amplifiant sa valeur ajoutée, le partenariat H6 cherche à servir de laboratoire vivant pour la réforme des Nations Unies – répondant à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies en faveur d’un système de développement plus centré sur les pays, mieux coordonné, plus efficace et plus responsable, mieux à même d’aider les pays à mettre en œuvre l’Agenda 2030 pour le développement durable.

« Il est important que les Nations Unies s’unissent pour concentrer leur appui technique sur les priorités essentielles dans les quelques pays les plus touchés, et ce qui doit guider notre action, ce sont les résultats pour la population », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé.

Tout en s’engageant à progresser dans toute une série de priorités pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents, Résultats H6 2020 insiste clairement sur la nécessité d’atteindre les adolescents. Les adolescents, filles et garçons âgés de 10 à 19 ans, restent une population particulièrement mal servie par les programmes sanitaires et sociaux de nombreux pays. Assurer la santé et le bien-être des adolescents est essentiel à la réalisation du mandat de chacun des partenaires de H6.

« Le partenariat H6 a démontré qu’une collaboration étroite et l’apport d’une expertise et d’une expérience diversifiées autour de la table ne sont pas seulement efficaces pour permettre aux pays de proposer des soins de qualité basés sur les droits aux femmes et aux filles les plus défavorisées, mais aussi pour assurer une appropriation nationale massive », a déclaré Natalia Kanem, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population.

Feature Story

Mesurer les progrès accomplis par rapport aux 10 engagements pris grâce au rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida

07 mai 2018

Lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, les pays participants se sont engagés à respecter d’ici à 2020 dix engagements de la stratégie Accélérer – programme accéléré visant à en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Afin de s’assurer que les délais sont respectés, l’Assemblée générale des Nations Unies a demandé un rapport annuel sur les progrès accomplis en vue de réaliser ces 10 engagements.

L’ONUSIDA aide les pays à recueillir des informations sur leurs ripostes nationales au sida dans le cadre du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida, lequel collecte chaque année 72 indicateurs sur la riposte au sida d’un pays. Ces données font partie de l’ensemble des données utilisées pour faire rapport à l’Assemblée générale.

Contrairement aux estimations épidémiologiques du sida que les pays produisent pour les données sur l’état de l’épidémie dans un pays – c’est-à-dire les données permettant d’estimer le nombre de personnes vivant avec le VIH, les décès dus au sida, etc. – le Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida collecte des informations sur les programmes de lutte contre le VIH, y compris sur le nombre de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur état sérologique et sur les personnes sous traitement anti-VIH, ainsi que sur la stigmatisation et la discrimination. Une liste complète des indicateurs est donnée dans les directives du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida.

Une caractéristique remarquable de la collecte de données pour le Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida et des estimations épidémiologiques sur le VIH est la rapidité avec laquelle l’information est recueillie, soumise et diffusée. L’ONUSIDA distribue les directives du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida aux pays en décembre de chaque année. Les pays soumettent leurs données en ligne avant la fin du mois de mars. En collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, les données sont validées et finalisées. Les estimations épidémiologiques sur le VIH sont produites selon le même calendrier, le logiciel étant mis à la disposition des pays début janvier et les estimations finales soumises par les pays fin mars. L’analyse des résultats globaux des deux collectes de données est publiée dans le rapport semestriel de l’ONUSIDA et sur le site web AIDSinfo avant d’être présentées à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Malgré ce court délai de déclaration, en 2017, 174 pays ont présenté des données sur leurs indicateurs de riposte programmatique par le biais du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida. La proportion de pays ayant soumis des données par l’intermédiaire du site web du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida a régulièrement augmenté, passant de 53 % en 2004 à 96 % en 2012, bien que le taux de notification ait chuté à 90 % en 2017, année au cours de laquelle le cycle de notification est passé de bisannuel à annuel. Avant 2015, le Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida était connu sous le nom de Rapport d’activité sur la riposte au sida dans le monde (GARPR) et servait à rendre compte des objectifs mondiaux de la riposte au sida dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Pour s’assurer que les données relatives au VIH sont aussi exactes que possible, il est essentiel de recueillir les bonnes informations dès le départ. Par conséquent, chaque année, un examen de chaque indicateur est effectué et des ajustements sont apportés à l’ensemble des indicateurs afin de s’assurer que les informations sur les ripostes nationales au sida sont exactes et pertinentes. En 2018, deux nouveaux indicateurs – sur le test du VIH chez les femmes enceintes et sur les expériences de discrimination liée au VIH dans les établissements de soins de santé – ont été ajoutés, tandis que d’autres ont été modifiés.

Les indicateurs sont soigneusement sélectionnés afin d’assurer une collecte maximale de données avec le moins de contraintes pour les systèmes de suivi des pays et sont alignés sur les indicateurs des Objectifs de développement durable. Les indicateurs sont également granulaires, les pays étant invités à fournir des données désagrégées au niveau des villes pour certains indicateurs.

Pour ce qui est de l’avenir, la collecte de données à l’initiative des communautés, par exemple par le biais d’applications mobiles ou d’observatoires communautaires, est considérée comme un outil complémentaire de collecte de données permettant d’avoir une vision différente des ripostes nationales au sida.

Le Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida est un autre moyen pour l’ONUSIDA d’aider les pays à contrôler et à riposter à leurs épidémies de VIH ainsi qu’à œuvrer pour mettre fin au sida d’ici à 2030.

Feature Story

Pérou : les femmes transgenres face aux injustices

26 avril 2018

Tamara, femme transgenre originaire de Lima, au Pérou, se débattait avec son identité depuis l’école élémentaire. Sans cesse harcelée par ses camarades, elle avait fini par décrocher. À 18 ans, il ne lui restait pas beaucoup de choix, et elle se mit à travailler dans la rue comme professionnelle du sexe. Tamara disait souvent qu’elle ne dépasserait pas l’âge de 30 ans. Comment pourrait-il en être autrement, demandait-elle avec provocation, alors que la société ne la traite pas comme un être humain ?

Triste ironie du sort, Tamara s’éteindra moins d’un mois après son trentième anniversaire, emportée par une maladie liée au VIH et la tuberculose. Un décès à un si jeune âge est malheureusement chose courante, car la plupart des femmes transgenres d’Amérique latine meurent avant d’atteindre 35 ans. L’Amérique latine occupe la première place mondiale en termes d’homicides perpétrés à l’encontre de personnes transgenres : près de 80 % des meurtres de personnes transgenres dans le monde ont lieu dans la région. En outre, la prévalence du VIH chez les femmes transgenres s’élève à 38 % et les femmes transgenres sont 50 % plus susceptibles de contracter le VIH que la population générale, selon une étude récente publiée dans le Journal de la Société internationale du sida.

Les violations des droits de l’homme commises à l’encontre des femmes transgenres dans l’ensemble des pays d’Amérique latine sont imputables à la culture ancrée dans la société. À cause du machisme prédominant, du conservatisme et de la culture transphobique, les personnes transgenres sont mises à l’écart et stigmatisées, ce qui menace gravement leur santé, leur sécurité, leur espérance de vie et leurs perspectives d’emploi. Victimes d’un manque d’opportunités et de soutien, beaucoup s’engagent dans le commerce du sexe. Professionnelles du sexe sans protections juridiques, ces personnes sont davantage exposées au risque de violences, d’abus sexuels et de toxicomanie. Et la plupart ont très peu accès aux services de santé. Non reconnues, beaucoup d’affaires de violence et de meurtre ne font l’objet d’aucun signalement.

La photojournaliste Danielle Villasana a suivi une communauté de femmes transgenres à Lima ces dernières années : elle met en images les réalités souvent terribles auxquelles elles sont confrontées, notamment les complications dues au VIH, les abus commis par les forces de police, des partenaires et des clients, et la mort. « C’est parce que la plupart des gouvernements d’Amérique latine et du monde entier ne sont toujours pas capables de protéger les femmes transgenres que je suis déterminée à montrer à quel point ces injustices largement ignorées ont souvent des conséquences fatales », explique-t-elle.

C’est la raison pour laquelle Mme Villasana a lancé une campagne de financement participatif sur Kickstarter dans le but de publier ces reportages capitaux sous forme de livre photo bilingue. L’objectif est de renforcer la sensibilisation au sein de la police, des établissements médicaux et auprès des législateurs : des secteurs qui, selon elle, ignorent très souvent les abus qui touchent les femmes transgenres, en raison des préjugés institutionnels et d’un manque de compréhension. Pour soutenir son projet de livre et en savoir plus, rendez-vous sur http://bit.ly/a-light-inside.

Dès le plus jeune âge, les personnes transgenres sont confrontées à la stigmatisation, à la discrimination et au rejet social dans leurs foyers et leurs communautés. Discrimination, violence et criminalisation sont autant de raisons qui empêchent les personnes transgenres d’accéder aux services anti-VIH dont elles ont besoin pour rester en bonne santé. L’ONUSIDA travaille avec les gouvernements, ses partenaires et les communautés transgenres pour élargir l’accès aux services de santé pour les personnes transgenres.

Photos de Danielle Villasana

Danielle Villasana

Region/country

Feature Story

Changer les choses

25 avril 2018

David Chipanta a démarré sa carrière à l’ONUSIDA au Liberia en tant que Directeur national, où il a contribué à renforcer la Commission nationale de lutte contre le sida et le cadre stratégique du pays. Il est particulièrement fier d’avoir mis la dimension de genre et l’élimination des violences sexuelles au premier plan et au cœur de la riposte au sida dans le pays et donné plus de poids au réseau national des personnes vivant avec le VIH.

« Ce que j’ai trouvé vraiment passionnant, c’était de s’attaquer aux nombreuses barrières qui entourent l’accès aux services de traitement, de prévention, de soins et d’appui anti-VIH », explique-t-il. Par barrières, il entend la stigmatisation, la discrimination, la pauvreté et les inégalités qui empêchent les gens d’accéder aux services anti-VIH.

Économiste de formation, M. Chipanta affirme : « Nous ne pouvons pas oublier l’importance de toutes les choses qui ont trait à la vie des gens : est-ce qu’ils se sentent en sécurité, est-ce qu’ils mangent à leur faim, est-ce qu’ils ont un logement, une famille, un emploi ? ». Donnant l’exemple de la Zambie, il évoque des personnes qui prennent leur traitement anti-VIH uniquement pendant la saison des pluies, car la nourriture est plus facilement disponible à cette période de l’année.

« Cela m’a frappé de constater que les aspects périphériques sont très importants, car sans eux, les services anti-VIH n’ont qu’un impact limité », explique M. Chipanta. C’est justement l’objet de son poste actuel de Conseiller principal sur la protection sociale de l’ONUSIDA à Genève, en Suisse : mettre les personnes touchées par le VIH en relation avec les dispositifs de protection sociale et améliorer leurs moyens de subsistance, tout en réduisant la pauvreté et en renforçant l’éducation.

« L’ONUSIDA a favorisé une prise de conscience à propos des services de protection sociale et des obstacles auxquels les personnes vivant avec le VIH sont confrontées », déclare-t-il. Il explique par exemple qu’au Liberia et en Sierra Leone, les professionnel(le)s du sexe disaient qu’ils/elles ne pouvaient pas accéder aux services de protection sociale parce que les administrateurs les maltraitaient souvent ; en réponse, son bureau a mis en place une formation de sensibilisation.

Un autre sujet qui lui est cher, c’est l’éducation des filles. Il a été démontré que le maintien des filles à l’école permettait d’abaisser la prévalence du VIH et que ce facteur avait son importance dans l’élargissement de l’accès au traitement. « Dans les milieux à faible revenu, nous avons mis en lumière l’importance des transferts de fonds pour que les filles restent scolarisées », explique M. Chipanta. Son prochain défi sera de favoriser davantage de synergies avec des programmes de mentorat, d’autonomisation et de soutien social.

« En tant que personne vivant avec le VIH, je n’aurais jamais cru pouvoir accomplir autant de choses », conclut-il. En 1991, lorsqu’il apprend sa séropositivité au VIH dans sa Zambie natale, il croit que sa vie est finie. « Je me suis dit, avant de mourir, faisons en sorte d’aider les autres », ajoute-t-il.

« J’avais des raisons personnelles de travailler dans le domaine du VIH. Mais j’ai eu envie de devenir un expert à part entière ».

Krittayawan (Tina) Boonto revient également sur ses 20 années passées au sein de l’ONUSIDA en déclarant qu’elle n’arrive pas à croire qu’elle soit arrivée aussi loin. Mme Boonto a entamé sa carrière dans sa Thaïlande natale avant de déménager à Genève.

« C’était censé être temporaire, mais je suis restée sept ans », explique-t-elle.

Elle rejoint ensuite l’Indonésie en tant que Conseillère de Coordination du Programme en 2005. Elle apporte un appui technique au Ministère de la Santé et organise l’accès aux ressources financières du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette expérience s’est avérée payante, car en 2010 elle est affectée au Myanmar en tant que Conseillère principale pour les investissements et l’efficacité.

« À l’époque le pays était en train de s’ouvrir, de sorte que mon expérience de terrain dans les autres pays s’est révélée bien utile », explique-t-elle. Ainsi, l’ONUSIDA a par exemple défendu la décentralisation de la délivrance des médicaments antirétroviraux, de façon à ce que les habitants des zones rurales puissent obtenir leur traitement auprès des centres de soins de santé primaires sans avoir à se déplacer jusque dans les grandes villes.

« J’ai trouvé ça très gratifiant d’être témoin du changement sur le terrain ». Selon Mme Boonto, l’accès aux médicaments antirétroviraux a permis la mise sous traitement de plus de 120 000 personnes, contre 30 000 trois ans auparavant.

« C’est là que j’ai compris que ce n’était pas qu’une question d’argent, c’est aussi une question de volonté de faire changer les choses », explique-t-elle.

Il y a un an, elle est retournée en Indonésie, mais cette fois en tant que Directrice nationale de l’ONUSIDA. Un vrai défi pour elle, car malgré les progrès accomplis lors de son premier passage dans le pays, l’Indonésie reste à la traîne par rapport à ses voisins, la Thaïlande et le Myanmar, en termes d’accès aux médicaments antirétroviraux et de baisse des nouvelles infections à VIH. « Elle se place au troisième rang derrière l’Inde et la Chine dans la région en termes de nouvelles infections à VIH », déclare Mme Boonto.

Sa tactique consiste à accroître la sensibilisation au VIH auprès des décideurs et de bien leur faire comprendre que l’épidémie n’est pas sous contrôle. « Nous présentons les données et nous faisons pression pour que le VIH reste une priorité », dit-elle. Récemment, elle a frappé aux portes pour tirer la sonnette d’alarme à propos de la tuberculose, une maladie qui reste l’une des principales causes de décès chez les personnes vivant avec le VIH, alors qu’elle peut être traitée et évitée.

« Tout le problème consiste à susciter une volonté politique et à faire en sorte que les districts nationaux autonomes emboîtent le pas une fois que le Ministère de la Santé a donné son accord », explique-t-elle. Mme Boonto est déterminée : « Mon travail ne me permet à aucun moment d’oublier pour qui je fais tout cela : les personnes vivant avec le VIH ». Elle ajoute : « Nous servons encore à quelque chose et on a encore vraiment besoin de nous, et c’est la plus grande des satisfactions ».

Une satisfaction que partage Catherine Sozi, qui a vu les choses évoluer : « Comment déployer un traitement pour autant de personnes, pour avoir 21 millions de personnes sous traitement en l’espace d’à peine plus de 10 ans », s’interroge-t-elle. Lors de son troisième séjour en Afrique du Sud, elle a senti que le travail de sensibilisation de l’ONUSIDA avait porté ses fruits. Elle se souvient qu’à l’occasion d’une conversation qu’elle avait eu avec le gouvernement zambien lorsqu’elle travaillait dans le pays 15 ans auparavant, beaucoup craignaient que si les pays se mettaient à proposer gratuitement les médicaments antirétroviraux, l’argent et l’appui n’arriveraient plus. « Je leur ai expliqué que l’argent viendrait en fonction de l’engagement croissant des pays et que nous allions œuvrer pour que les prix baissent », raconte-t-elle. En 2005, les prix des médicaments antirétroviraux étaient élevés. « Les gouvernements nous ont écoutés, nous et la société civile, et au vu des résultats solides de 2015, cela a soudain semblé faisable d’en finir avec le sida », déclare Mme Sozi.

En tant que Directrice régionale pour la région d’Afrique orientale et australe, elle éprouve énormément d’enthousiasme en constatant l’énergie positive de cette région, malgré les nombreux problèmes qui subsistent. « Il y a encore beaucoup à faire pour mettre un coup d’arrêt aux nouvelles infections à VIH, mettre davantage de personnes sous traitement et les aider à s’y maintenir, et cela implique de mener encore plus de tests de dépistage du VIH chez les adolescents, les enfants et les adultes, notamment au sein des populations clés », explique-t-elle. Un autre grand sujet concerne la lutte contre les violences sexuelles endémiques, responsables en partie du nombre plus élevé de nouvelles infections à VIH chez les filles et les jeunes femmes, selon elle.

« Dans ce cas, la riposte biomédicale n’aura pas d’effet. Nous devons changer notre façon de communiquer avec les ménages, la police et le système judiciaire et favoriser la participation des chefs religieux, des féministes, des organisations non gouvernementales et des hommes pour faire changer les choses », explique Mme Sozi. Ayant suivi une formation médicale en Ouganda, elle admet que sa carrière lui a ouvert un horizon bien plus vaste que ce qu’elle aurait pu imaginer.

« Le programme de renforcement des capacités de leadership des femmes de l’ONUSIDA m’a donné les moyens de devenir une dirigeante et l’assurance que j’étais capable de gérer une grande équipe très diverse aussi bien que des ressources, tout en restant techniquement au top niveau », raconte-t-elle.

Ses quatre années au poste de Directrice nationale de l’ONUSIDA en Chine, avant son plus récent transfert vers l’Afrique du Sud, s’est révélé très enrichissant tant sur le plan personnel que professionnel. « Ma famille et moi avons passé un merveilleux séjour dans un pays qui, en lui-même, offre déjà tant de multiples facettes », déclare-t-elle. L’engagement du gouvernement et de la société civile de travailler sur l’épidémie a été aussi bien stimulant que compliqué.

L’un de ses plus grands accomplissements en Asie a été sa contribution au dialogue sur la santé entre la Chine et l’Afrique. « Pour moi, soutenir le dialogue Sud-Sud dans le domaine de la coopération sanitaire entre la Chine et l’Afrique a été très important », conclut Mme Sozi. « Je me considère comme un facilitateur de changement ».

 

Feature Story

Une opportunité historique d’en finir avec le sida en Afrique

20 avril 2018

Une décennie de progrès a permis d’envisager quelque chose d’inimaginable auparavant : qu’il était possible d’en finir avec l’épidémie de sida comme menace de santé publique. Une décennie de transformation qui posé les jalons, avec une communauté internationale unie derrière l’objectif d’en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030.

Les progrès enregistrés en Afrique orientale et australe, la région du monde la plus touchée, suscitent l’optimisme à l’échelle mondiale. Dans cette région, le nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral a plus que doublé depuis 2010, atteignant près de 12,5 millions de personnes en juin 2017. En Afrique orientale et australe, les nouvelles infections à VIH ont baissé d’un tiers en seulement six ans, tandis que le nombre de décès dus au sida a chuté de 42 % sur la même période.

Un nouveau rapport publié par l’ONUSIDA montre que la fin de l’épidémie de sida en Afrique est possible à condition d’assurer les investissements et de mettre en place des plans pour la durabilité à long terme.

Ce rapport intitulé Turning point for Africa: An historic opportunity to end AIDS as a public health threat by 2030 and launch a new era of sustainability (Un tournant décisif pour l’Afrique : une opportunité historique d’en finir avec le sida comme menace de santé publique d’ici à 2030 et de lancer une nouvelle ère de durabilité) recommande de développer des plans de durabilité sur mesure pour chaque pays, afin de permettre la transition vers une appropriation nationale et un financement au rythme propre à chaque pays. Il souligne également que des progrès durables nécessiteront un changement de politique, un accroissement des ressources humaines consacrées à la santé, une augmentation de l’efficacité et la lutte contre les inégalités systémiques.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a présenté le nouveau rapport aux Ministres des Finances africains, à des partenaires multilatéraux et à d’autres hauts responsables lors d’une réunion sur l’optimisation des investissements et des partenariats pour en finir avec le sida en Afrique, organisée par le Département du Trésor des États-Unis et le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR).

« Nous obtenons un retour sur investissement remarquable dans les programmes contre le VIH : augmentation de l’espérance de vie, productivité économique accrue et baisse des frais de santé au fil du temps, puisque les gens restent en bonne santé », a expliqué M. Sidibé. « Les gouvernements ont fixé des objectifs ambitieux et nous n’avons jamais été aussi proches du succès. Nous avons cassé la trajectoire de l’épidémie. Le PEPFAR et le Fonds mondial ont favorisé ces progrès sous le leadership de vos gouvernements.  Nous pouvons tous être fiers de ce qui a été accompli ».

Le rapport montre qu’en adoptant les objectifs de la stratégie d’accélération de l’ONUSIDA au lieu de s’en tenir au statu quo, plus de 15 millions de nouvelles infections à VIH peuvent être évitées et plus de 5 millions de vies sauvées. En outre, cela permettra d’économiser 4,7 milliards de dollars de ressources financières consacrées au traitement en Afrique subsaharienne entre 2017 et 2030, dont 1,7 milliard de dollars pour l’Afrique orientale et australe et 3 milliards pour l’Afrique centrale et occidentale.

Dans son discours d’ouverture, Eric Meyer, Vice-Secrétaire d’État adjoint du Département du Trésor américain chargé de l’Afrique et du Moyen-Orient, a insisté sur l’importance des investissements dans le domaine de la santé pour la productivité de la main-d’œuvre nationale, la puissance des économies à long terme et la capacité des Ministres des Finances à atteindre leurs objectifs de croissance économique.

L’Ambassadrice Deborah Birx, Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida et Représentante spéciale pour la diplomatie en matière de santé mondiale, a évoqué les avancées et les lacunes dans la riposte au VIH et les progrès impressionnants accomplis dans le contrôle de l’épidémie dans de nombreux pays.

Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, s’est attardé sur l’obligation d’efficacité et de rentabilité et la nécessité d’une programmation ciblée.  « Nous avons pour perspective très réelle de pouvoir mettre un terme à l’épidémie, la contrôler efficacement ; nous savons ce qu’il faut faire. Mais cela nécessite davantage d’investissements d’une manière soutenue et parfaitement coordonnée ».

La réunion a eu lieu le 19 avril à Washington, D.C., aux États-Unis, dans le cadre des Réunions de printemps annuelles de la Banque mondiale, qui rassemblent des responsables des finances et du développement, des dirigeants du secteur privé et des représentants de la société civile du monde entier pour discuter de problèmes d’intérêt mondial.

Un tournant décisif pour l’Afrique

Feature Story

Bombay met un coup d’accélérateur à sa riposte au sida en prenant la tête des innovations pour en finir avec l’épidémie d’ici à 2030

19 avril 2018

La croissance démographique et l’urbanisation galopante, alimentées par une immigration soutenue et une mobilité qui s’accélère, provoquent des changements rapides dans les schémas socioéconomiques et comportementaux des habitants des grandes métropoles.

Bombay, qui compte 12 millions d’habitants, a été l’une des premières villes à se lancer dans l’initiative Les villes s’engagent, présentée à Paris lors de l’édition 2014 de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Depuis, elle a très vite adopté des mesures pour faire avancer les progrès vers les objectifs de traitement 90-90-90 de la stratégie Accélérer. Pourtant, aujourd’hui, le défi à relever va au-delà d’une intensification des efforts pour atteindre les objectifs 90-90-90. Les actions visant à mettre fin à l’épidémie de sida doivent aussi cibler une utilisation efficace de la combinaison entre prévention du VIH et élimination de la stigmatisation et de la discrimination qui font obstacle à l’accès universel aux services de santé.

Les 10 et 11 avril, l’organisation AIDS Control Society du district de Bombay et l’ONUSIDA ont réuni plus de soixante participants issus du gouvernement, de la communauté internationale et d’organisations de la société civile, dans le but de définir des stratégies innovantes pour étendre la couverture des services de prévention et de traitement du VIH au sein de la mégapole.

Les participants ont noté que les inégalités croissantes en milieu urbain obligeaient les gens à prendre des risques pour survivre. Les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues injectables, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres (Hijras), qui sont déjà davantage exposés au risque d’infection à VIH, sont touchés de façon particulièrement négative par ces tendances.

La gentrification urbaine pousse les populations clés hors des quartiers où elles se retrouvaient auparavant, rendant la tâche des services anti-VIH plus ardue. Étant donné que ces populations sont désormais plus dispersées et cachées, les approches de prévention de proximité faisant appel à des pairs ont perdu de leur efficacité.

En réfléchissant à ces problèmes, les participants ont constaté que le changement apportait aussi ses opportunités. Une compilation plus systématique des données et une analyse détaillée ont permis d’identifier les lieux et les populations où le risque et la vulnérabilité étaient les plus importants. Selon les dirigeants de la ville, ces données et une meilleure compréhension permettent d’affiner leur approche des actions en matière de prévention du VIH. De nouveaux ensembles de services conçus à partir des profils des nouveaux comportements à risque émergents sont en cours de planification.

Pour accélérer encore davantage la riposte au sida, plusieurs nouvelles approches sont en cours de mise en place. Le dépistage du VIH à base communautaire permet d’accélérer le diagnostic et le traitement des personnes vivant avec le VIH. De même, dans les quartiers pauvres de plus en plus étendus, des camions mobiles proposent des services de dépistage du VIH et offrent à un plus grand nombre de personnes la possibilité de connaître leur statut vis-à-vis du VIH.

Alors que les plates-formes des réseaux sociaux s’avèrent être un moyen rentable d’améliorer la sensibilisation au VIH et de mettre les gens en relation avec les services de prévention et de traitement, les autorités de Bombay sont convaincues que des stratégies de communication plus innovantes sont également nécessaires. Elles prévoient de se servir des réseaux sociaux et des médias de masse pour mobiliser les appuis afin de « normaliser » le sida en tant que maladie chronique et de prévenir les nouvelles infections à VIH. Des « champions » du VIH cibleront tout un éventail de publics différents, notamment les adolescents et les jeunes, afin d’amplifier les messages de prévention du VIH.

Tous les participants ont admis que les efforts visant à élargir l’accès aux services anti-VIH doivent être menés à un rythme plus rapide car « il n’y a pas de temps à perdre » pour en finir avec le sida d’ici à 2030.

Region/country

Feature Story

« Start Free, Stay Free, AIDS Free » : actions urgentes en perspective

27 avril 2018

Pour en finir avec l’épidémie de sida chez les enfants, les adolescents et les jeunes femmes, des objectifs ambitieux et une approche d’accélération renforcée sont nécessaires. Sur la base des succès enregistrés par le Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie, l’ONUSIDA, le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR) et d’autres partenaires* ont lancé l’initiative Start Free Stay Free AIDS Free en 2016, afin d’établir un cadre pour les travaux urgents à accomplir.

Start Free Stay Free AIDS Free donne la priorité aux actions dans 23 pays** qui représentent 87 % des nouvelles infections à VIH chez les enfants entre 0 et 14 ans, et près de 87 % de l’ensemble des enfants et adolescents vivant avec le VIH dans le monde. On estime à 2,1 millions le nombre d’enfants vivant avec le VIH pour l’année 2016.

Dans son premier rapport d’avancement, Start Free Stay Free AIDS Free revient sur les réalisations de la première année de mise en œuvre et met en lumière les domaines dans lesquels une action urgente est requise.

« Le monde est sur la voie d’accélération pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants et veiller à ce que leurs mères restent en vie et en bonne santé, mais il faut en faire plus pour assurer un accès immédiat au traitement pour tous les enfants vivant avec le VIH », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Le rapport indique qu’en 2016, on a dénombré 160 000 nouvelles infections chez les enfants à l’échelle mondiale, dont 140 000 dans les 23 pays prioritaires. Malgré une baisse générale du nombre de nouvelles infections à VIH, le recul s’est fait bien plus lentement que les années précédentes.

Le rapport soulève les inquiétudes existantes autour du nombre de nouvelles infections à VIH chez les jeunes femmes et les filles. En 2016, près de 200 000 adolescents âgés de 15 à 19 ans ont été nouvellement infectés par le VIH dans les 23 pays prioritaires, dont 72 % de jeunes femmes.

La majorité (plus de 70 %) de toutes les nouvelles infections à VIH concerne des jeunes gens d’Afrique subsaharienne, une région qui compte aussi la population de jeunes à la croissance la plus rapide du monde.

Selon Deborah Birx, Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida : « Un nombre élevé de nouvelles infections à VIH chez les adolescents et une population qui augmente rapidement pourraient se traduire par une explosion du VIH chez les jeunes femmes africaines. Le PEPFAR favorise des actions renforcées et plus intelligentes pour la prévention des infections à VIH, contribuant ainsi à l’objectif ultime d’en finir avec le sida chez les enfants, les adolescents et les jeunes femmes. Chaque individu mérite une chance de survivre, de s’épanouir et de poursuivre ses rêves ».


Objectifs Start Free (Commencer sans le VIH)

Ramener à 40 000 le nombre de nouvelles infections à VIH chez les enfants d’ici 2018

Atteindre et maintenir une couverture de 95 % des femmes enceintes vivant avec le VIH sous traitement anti-VIH permanent d’ici 2018

Objectifs Stay Free (Rester sans le VIH)

Ramener à moins de 100 000 le nombre de nouvelles infections à VIH chez les adolescents et les jeunes femmes d’ici 2020

Proposer la circoncision masculine médicale volontaire pour la prévention du VIH à 25 millions d’hommes en plus d’ici 2020 dans le monde entier, en ciblant les jeunes hommes entre 10 et 29 ans

Objectifs AIDS Free (Sans sida)

Faire en sorte que 1,6 million d’enfants (de 0 à 14 ans) et 1,2 million d’adolescents (de 15 à 19 ans) vivant avec le VIH aient accès au traitement antirétroviral d’ici 2018


Des avancées constatées dans l’accès au traitement

Le rapport montre que malgré des avancées majeures dans l’accès au traitement antirétroviral pour les femmes enceintes vivant avec le VIH, il faut en faire beaucoup plus pour atteindre les enfants.

En 2016, environ 78 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont eu accès au traitement antirétroviral dans les 23 pays prioritaires.

On estime que l’élargissement du déploiement et le recours au traitement antirétroviral pendant la grossesse et tout au long de la période d’allaitement ont permis d’éviter environ 270 000 nouvelles infections à VIH chez les enfants rien qu’en 2016.

Le nombre d’enfants sous traitement a également augmenté, mais pas dans une mesure suffisante. En 2010, seulement 17 % des enfants âgés de 0 à 14 ans avaient eu accès au traitement. En 2016, ce pourcentage est passé à 43 %, avec près de 920 000 enfants ayant accès au traitement antirétroviral. Même s’il s’agit d’une amélioration notable, l’accès au traitement pour les enfants est encore très en retard par rapport aux adultes. En 2016, environ 54 % des adultes vivant avec le VIH ont eu accès au traitement.

Le rapport évoque de multiples raisons au ralentissement de l’accès au traitement pour les enfants, notamment de faibles taux de dépistage. Seuls neuf pays sur les 23 pays prioritaires sont parvenus à dépister et diagnostiquer 50 % ou plus des enfants exposés au VIH en 2016. Les pourcentages sont particulièrement faibles en ce qui concerne le diagnostic précoce des nourrissons au cours des deux premiers mois de la vie, alors que c’est à ce moment-là qu’il est fondamental de faire un test de dépistage, car la mortalité liée au VIH est à son maximum. Sans accès au dépistage et au traitement, la moitié des enfants atteints du VIH décèderont avant leur deuxième anniversaire.

Des pas en avant

Le rapport propose un ensemble de mesures importantes que les pays peuvent prendre pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants, dépister et diagnostiquer les enfants et les jeunes susceptibles d’avoir été exposés au VIH et faire en sorte que les enfants et les jeunes aient accès à la prévention, à des médicaments de qualité, ainsi qu’à une éducation sexuelle et reproductive adaptée à leur âge et à des soins et un appui tout au long de leur vie, sans stigmatisation ni discrimination.

Parmi les autres actions capitales, on retrouve l’accélération de la recherche sur les nouveaux médicaments et diagnostics, la promotion de l’engagement et des services communautaires, la circoncision masculine médicale volontaire, l’accès à l’information sur la santé sexuelle et reproductive et l’accès à la PPrE pour les jeunes les plus exposés au risque de VIH.

« L’avenir des enfants et des adolescents dépend des actions que nous menons aujourd’hui collectivement », a déclaré M. Sidibé.

Les dernières estimations concernant la fin de l’année 2017 seront publiées en juillet 2018 et donneront un nouvel aperçu des progrès de l’initiative Start Free Stay Free AIDS Free.

 

*Unicef, OMS et la fondation Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation

**Afrique du Sud, Angola, Botswana, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, République Unie de Tanzanie, Swaziland, Tchad, Zambie et Zimbabwe.

 

Rapport d’avancement

Feature Story

Merci, Mme Bush.

18 avril 2018

 

Par Tom Rosshirt — Première parution dans Creators Syndicate le 20 juin 2012

Aujourd’hui, cela fait 26 ans que mon frère Matt est décédé, emporté par le sida dans son lit, dans la maison de nos parents à Houston.

Une époque bien sombre pour les personnes vivant avec le VIH. Il n’y avait pas encore de médicaments antirétroviraux. À part lui tenir la main, on ne pouvait pas faire grand chose pour un patient atteint du sida. En plus, beaucoup de gens pensaient encore que l’on pouvait contracter le VIH par simple contact. Mes parents connaissaient des personnes qui avaient été renvoyées de leur travail pour avoir été bénévoles dans des organisations de lutte contre le sida. Oui, la peur en était à ce niveau de folie.

Alors que Matt était mourant, nous nous sommes liés d’amitié avec un homme du nom de Lou Tesconi, bénévole de l’organisation locale de lutte contre le sida. Lou venait rendre visite à Matt et offrait ses services et sa gentillesse à ma mère et mon père.

Peu de temps après la mort de Matt, Lou entame des études pour devenir prêtre catholique. Dans l’année, il est diagnostiqué séropositif au VIH et renvoyé du séminaire. Lou était avocat de formation et de caractère. Il fait appel de la décision auprès d’un évêque catholique, qui lui demande alors de créer et de diriger un ministère religieux pour les personnes atteintes du sida. Baptisé Damien Ministries, il est mis en place dans un quartier pauvre de Washington, D.C.

Au début de l’année 1989, alors que le pays est encore très ignorant et empli de peur face au sida, Lou reçoit un appel de la Maison Blanche. Barbara Bush, la Première dame, prévoit de visiter Grandma’s House, un foyer pour nourrissons atteints du sida. Il s’agit alors de l’une de ses toutes premières apparitions de son mandat de Première dame, et Lou est invité à rejoindre une équipe de personnes ayant pour mission de lui faire une brève présentation en privé avant la visite.

Lou me racontera plus tard que lors de cette réunion, il lui dit : « Mme Bush, c’est génial que vous preniez ces bébés atteints du sida dans vos bras. Mais le pays les considère comme des innocents, alors qu’il juge coupables les autres personnes comme nous vivant avec le sida. C’est toute la communauté des personnes atteintes du sida qui a besoin de votre étreinte collective aujourd’hui ».

Pour Lou, il s’agit d’une métaphore, mais visiblement, Mme Bush ne fait pas dans la métaphore. Elle se lève, se dirige vers Lou et le serre dans ses bras.

Après la réunion, Mme Bush fait le tour des locaux en s’adressant à la presse. Elle distribue les câlins et les bises et joue avec trois petites filles, puis lance au passage le message : « Vous pouvez prendre dans vos bras et câliner les bébés et les gens qui ont le (…) VIH. (...) Il faut faire preuve de compassion ».

Lors de la conférence de presse qui suit, Lou continue de défendre son point de vue sur la visite de Mme Bush : « J’ai peur que cela ne donne l’impression que les bébés sont innocents et peuvent être aidés », déclare-t-il, « mais pas nous autres ». Il ajoute : « Je lui ai dit qu’une étreinte collective de la part de la Première dame serait certainement utile ».

Et c’est ainsi, devant les caméras cette fois, que Mme Bush enlace à nouveau Lou avec affection.

Mme Bush parle de cette visite dans ses mémoires. Elle note qu’à ce moment-là, « les gens croyaient encore que toucher une personne atteinte du virus était dangereux ». Mais elle ne s’accorde aucun mérite pour avoir porté un vrai coup dur à la stigmatisation en enlaçant un homme gay atteint du sida en 1989.

Lou est resté très marqué par ce geste.

À l’automne 1991, juste avant Thanksgiving, je reçois un appel d’un ami me disant que Lou est à nouveau hospitalisé. Il n’a pas besoin de me dire que c’est la dernière fois. J’appelle alors la Maison Blanche et je demande à être mis en relation avec le bureau de la Première dame. Pour eux, je ne suis qu’un obscur attaché de presse. Je ne m’attends pas à ce que quelqu’un de la Maison Blanche veuille bien me parler. Tout à coup, je me retrouve à parler avec l’attachée de presse de la Première dame, Anna Perez, qui avait accompagné Mme Bush au Grandma’s House ce jour-là. Je me mets à lui rappeler ce qui s’était passé deux ans auparavant, mais elle me fait gagner du temps : « Je me souviens de M. Tesconi », me dit-elle. Je lui explique dans quel état est Lou et je lui dis : « ça le réconforterait tellement de recevoir une lettre de Mme Bush ».

Quelques jours plus tard, je rends visite à Lou à l’hôpital. À peine m’aperçoit-il qu’il saisit quelque chose à coté de son lit d’une main tremblante et hésitante, et brandit une lettre : « Regarde ce que j’ai reçu », dit-il.

Cette lettre est pleine de détermination et d’amour. Elle n’esquive pas le fait que Lou est mourant. Elle se sert d’une pirouette en disant « bien joué ». Au bas de cette lettre, elle écrit à Lou de sa propre main que sa vie a compté, qu’il a eu un impact.

Tout ça s’est passé il y a bien longtemps. Mais il y a des choses qu’on n’oublie pas, et qu’on ne devrait pas oublier. À une époque où l’ignorance régnait, sa sagesse a permis d’apaiser la douleur de l’exclusion pour mon ami et beaucoup d’autres.

Merci, Mme Bush.

Tom Rosshirt a été rédacteur de discours sur la sécurité nationale pour le Président Bill Clinton et porte-parole dans le domaine des affaires étrangères pour le Vice-Président Al Gore.

Feature Story

Un cri de ralliement unitaire : il est temps de rendre les systèmes de santé plus flexibles et innovants

16 avril 2018

Sept mois après le lancement du plan de rattrapage en Afrique centrale et occidentale, les progrès visant à augmenter le nombre de personnes sous traitement antirétroviral continuent de stagner dans la région. De nombreux pays n’atteindront pas les objectifs ciblés d’ici à 2020 si les systèmes actuels restent inchangés.

« Globalement, nous avons constaté une augmentation de 10 % du nombre de personnes sous traitement, ce qui est insuffisant », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Aujourd’hui, l’urgence est encore plus grande ».

M. Sidibé a tout de même mis en avant la réussite de la République démocratique du Congo, qui a connu une nette hausse du nombre de personnes vivant avec le VIH ayant accès aux médicaments antirétroviraux. Cette tendance positive est imputable notamment à une étroite collaboration entre le leadership politique et la société civile, ainsi qu’au dépistage du VIH à l’échelon communautaire et à la formation de 11 000 agents de santé.

« Plus que jamais, il est indispensable de repenser les systèmes de santé et d’imaginer des alternatives pour l’accès des personnes aux soins », a-t-il ajouté. 

L’appel à déléguer les soins des patients aux communautés a été largement relayé lors de l’AFRAVIH, la Conférence internationale francophone de lutte contre le VIH et les hépatites organisée début avril à Bordeaux, en France. Lors de la cérémonie d’ouverture, M. Sidibé a brièvement partagé la scène avec l’organisation de la société civile Coalition PLUS. Ses représentants ont déclaré que la clé du succès pour en finir avec le sida impliquait d’unir les forces entre les médecins et les agents de santé communautaires et de donner davantage de marge de manœuvre aux communautés pour répondre aux besoins locaux de leurs propres populations.

Avec pour mot d’ordre « Démédicaliser », l’organisation a expliqué que les médecins ne seraient jamais remplacés, mais qu’ils étaient trop peu nombreux et que les personnes vivant avec le VIH n’avaient pas besoin de soins intensifs.

Le récent rapport de Coalition Plus affirme que les gouvernements et les médecins devaient déléguer davantage de tâches aux infirmières et aux agents de santé communautaires. En plus de permettre une prévention plus ciblée et un accès plus rapide au traitement, la délégation des actes non médicaux soulagerait des systèmes de santé déjà surchargés. L’Afrique centrale et occidentale représente 17 % de la population totale de personnes vivant avec le VIH, mais 30 % des décès sont dus à des maladies liées au sida dans la région. Selon l’ONUSIDA et ses partenaires, cette région pourrait tirer un vrai bénéfice des modèles de soins communautaires.

Ce qui inquiète Médecins Sans Frontières (MSF), c’est le risque de voir une baisse significative des ressources allouées au traitement nuire aux récentes améliorations en Afrique centrale et occidentale. Cette inquiétude provient du fait que le Fonds mondial estime à 30 % la baisse des dotations de fonds à la région pour 2018-2020, par rapport aux subventions accordées pour la riposte au VIH lors de la période précédente. En 2016, MSF a été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme concernant le nombre élevé de décès dus au VIH dans la région, et le fait que jusqu’à 80 % des enfants n’ont pas la possibilité d’accéder au traitement antirétroviral. Nathalie Cartier, Conseillère sur la politique concernant le VIH et chargée de la sensibilisation chez MSF, a déclaré que son organisation soutenait le plan de rattrapage pour l’Afrique centrale et occidentale, mais qu’il fallait le mettre en œuvre dans son intégralité. « La volonté politique était prometteuse, mais il est temps maintenant d’en faire une réalité sur le terrain, pour que les personnes vivant avec le VIH puissent en récolter les bénéfices », a-t-elle expliqué.

Le Fond mondial soutient le plan de rattrapage en Afrique de l'Ouest et du Centre et collabore étroitement avec les pays pour maximiser l'impact des ses investissements. Selon eux, la mobilisation de ressources domestiques additionnelles est essentielle pour renforcer les systèmes de santé à long terme et favoriser leur appropriation par les pays.

Une raison de plus pour décentraliser les systèmes de santé et tirer profit des innovations pour maintenir les frais de santé à un faible niveau.  L’auto-dépistage du VIH, les nouveaux médicaments et les stratégies à fort impact impliquant les communautés sont des aspects fondamentaux pour améliorer l’efficacité.  « Avec le dépistage sur le lieu des soins au sein des communautés et des ménages, le délai est réduit au minimum entre le diagnostic et la mise sous traitement », a expliqué Cheick Tidiane Tall, Directeur du Réseau EVA, un réseau de pédiatres spécialisés dans les soins liés au VIH. « Sur le long terme, cela représente beaucoup de vies sauvées et de ressources économisées », a-t-il ajouté.

Le Professeur Serge Eholié, spécialiste ivoirien des maladies infectieuses et tropicales, ne pouvait pas être plus d’accord avec lui.  « Des systèmes de santé flexibles profitant des diverses innovations sont une question de bon sens », a-t-il déclaré. S’adressant au Ministre de la Santé de République centrafricaine, Pierre Somse, il lui a demandé : « Que répondez-vous à cela ? »

M. Somse, lui aussi médecin de formation, lui a fait cette réponse : « Nous autres médecins restons des médecins, mais il est nécessaire que nous nous appuyions sur les communautés, et inversement ».  « Les patients sont au cœur de cette question ; ils sont et devraient toujours demeurer notre priorité », a-t-il ajouté.

Feature Story

TV Globo en visite à l’ONUSIDA après la nomination aux Emmy Kids Awards

11 avril 2018

Une équipe de TV Globo a visité le siège de l’ONUSIDA à Genève, en Suisse, avant de se rendre à Cannes, en France, pour l’édition 2018 des Emmy Kids Awards. Globo et l’ONUSIDA ont été nominés pour un Emmy Kids Award dans la catégorie numérique pour la web-série Eu Só Quero Amar, (Jeunes cœurs – Je veux juste aimer), qui raconte l’histoire d’une romance de lycéens entre un adolescent vivant avec le VIH et sa petite amie. 

Cette série est dérivée du feuilleton télévisé brésilien Malhação – Seu Lugar No Mundo (Malhação –Ta place dans le monde), une production à la longévité record développée et diffusée par TV Globo. L’un des épisodes raconte une histoire d’amour entre adolescents qui a fait un carton auprès du public. Le feuilleton réunit chaque jour en moyenne 24 millions de téléspectateurs, principalement des pré-adolescents et leurs parents. L’ONUSIDA, partenaire officiel de Globo depuis 2015, a prodigué ses conseils techniques et assisté les scénaristes de la série.

La web-série dérivée est une production commune de l’ONUSIDA, TV Globo et Gshow, et elle est disponible sur la plate-forme de streaming de Globo. La web-série en cinq épisodes est devenue la troisième série originale la plus regardée sur la plate-forme, avec près d’un million de vues.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a félicité Globo en expliquant à quel point les médias jouent un rôle clé dans l’éradication de la stigmatisation et de l’exclusion dues au VIH. Il a fait l’éloge du partenariat avec Globo, qui se sert du divertissement éducatif pour diffuser des informations pertinentes et convaincantes sur le VIH auprès des jeunes.

Emmanuel Jacobina, l’auteur de la saison 2015-2016 de Malhação et de la web-série, a expliqué que l’idée lui était venue d’une conversation qu’il avait eue avec l’équipe de l’ONUSIDA sur le VIH au Brésil. Il raconte qu’il s’est senti troublé par le fait que des dizaines de milliers de gens étaient encore infectés par le VIH chaque année au Brésil malgré les méthodes de prévention disponibles. Selon lui, la web-série semblait donc le meilleur moyen de faire avancer le débat et de parler sans tabou des relations amoureuses, de la sexualité et du VIH.

Beatriz Azeredo, Directrice Responsabilité sociale d’entreprise de TV Globo, a rappelé l’engagement de son groupe à mobiliser la société brésilienne autour de thèmes sociaux majeurs par l’intermédiaire des séries télévisées et d’annonces de service public. Sergio Valente, Directeur de la Communication de TV Globo, a mis en avant la présence de Globo dans plus d’une centaine de pays et expliqué qu’elle couvrait 99 % des foyers brésiliens.

Parmi les trois nominés dans la catégorie numérique, le prix a été décerné à la série norvégienne Jenter (Jeunes filles), produite par NRK.

L’ONUSIDA œuvre pour que d’ici 2020, 90 % des jeunes aient les connaissances et les capacités requises pour se protéger eux-mêmes du VIH et puissent accéder aux services de santé sexuelle et reproductive.

Quotes

« Apprenez-nous comment bien raconter des histoires, car nous savons comment transformer l’information en divertissement. »

Sergio Valente Directeur de la Communication de TV Globo

« TV Globo est un pont qui nous permet de lutter contre la stigmatisation et les préjugés et de changer, nous l’espérons, les comportements. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« TV Globo est une véritable source d’inspiration, car elle possède une longue expérience dans la mise en avant des femmes comme exemples à suivre et l’information des gens sur la discrimination zéro. »

Maria Nazareth Farani Azevêdo Représentante permanente du Brésil auprès des Nations Unies à Genève

Region/country

S'abonner à Feature Story