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Sex Worker Academy Africa : hausse de la demande de services de prévention du VIH basés sur les droits
21 novembre 2016
21 novembre 2016 21 novembre 2016La Sex Worker Academy Africa est un programme de formation innovant dont le but est de défendre les droits des professionnel(le)s du sexe dans 47 pays d'Afrique. Sa tâche consiste à élargir rapidement les ripostes au VIH pilotées par les professionnel(le)s du sexe, en augmentant la demande et l'accès à des services de prévention et de traitement du VIH de haute qualité, basés sur les droits, à destination des professionnels du sexe hommes, femmes et transgenres, et en intensifiant le dépistage du VIH, pour conduire au final à une baisse des nouvelles infections à VIH chez les professionnel(le)s du sexe.
La formation dispensée par l'académie s'appuie sur le Sex Worker Implementation Tool, l'outil de mise en œuvre des programmes pour les professionnel(le)s du sexe. Développé par l'ONUSIDA et ses partenaires en 2013, cet outil comporte des recommandations pour la prévention et le traitement du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles chez les professionnel(le)s du sexe dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Lancée en 2015 avec plusieurs sessions organisées chaque année, l'académie réunit des professionnel(le)s du sexe de tout le continent pour travailler sur des thèmes tels que l'autonomisation des communautés, la lutte contre les violences envers les professionnel(le)s du sexe, les programmes de distribution de préservatifs et de lubrifiants, les services pilotés par les communautés et le renforcement des capacités. La formation inclut le partage de connaissances, des projets de sensibilisation par l'art et la danse, des visites sur le terrain, des ateliers thématiques et des sessions de retour d'expérience. Chaque session dure une semaine et peut accueillir jusqu'à 18 participants.
Depuis le lancement de l'académie, plus de 130 professionnel(le)s du sexe de 17 pays africains ont obtenu leur diplôme. Des professionnel(le)s du sexe de Namibie, de Tanzanie, de Zambie et du Zimbabwe ont ainsi pu créer leurs propres réseaux nationaux de professionnel(le)s du sexe. En outre, des professionnel(le)s du sexe du Lesotho et du Swaziland ont mis en place des organisations locales pour les professionnel(le)s du sexe là où il n'existait aucune structure auparavant.
L'académie est une initiative de l'African Sex Workers Alliance mise en œuvre par la Kenya Sex Workers Alliance de Nairobi, au Kenya. La formation a été développée en coopération avec l'Ashodaya Academy et le VAMP Institute en Inde, le Réseau Asie-Pacifique des Professionnel(le)s du sexe et le Réseau mondial des Professionnel(le)s du sexe.
Le financement initial pour le développement de l'académie a été assuré par le Fonds des Nations Unies pour la population et l'organisation non gouvernementale néerlandaise Bridging the Gaps. Bridging the Gaps et le Fonds Robert Carr ont apporté des financements pour la poursuite de la mise en œuvre du travail de l'académie.
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La prévention du VIH au sein des populations clés
22 novembre 2016
22 novembre 2016 22 novembre 2016Depuis 2010, le nombre annuel de nouvelles infections à VIH chez les adultes (à partir de 15 ans) est resté stable dans le monde, à un niveau estimé de 1,9 million. Les personnes issues des populations clés, qui incluent les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues injectables, les personnes transsexuelles, les détenus et les hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que leurs partenaires sexuels, ont représenté 45 % de toutes les nouvelles infections à VIH en 2015.
Dans certains pays et régions, les taux d'infection au sein des populations clés sont extrêmement élevés ; la prévalence du VIH chez les professionnel(le)s du sexe varie entre 50 % et 70 % dans plusieurs pays d'Afrique australe. Une étude menée au Zimbabwe a révélé que les taux de prévalence du VIH étaient de 27 % chez les détenus et de 39 % chez leurs homologues féminines, et de 60 % chez les professionnel(le)s du sexe, avec parmi eux 9,6 % de personnes nouvellement infectées entre 2009 et 2014. Chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les nouvelles infections ont augmenté dans toutes les régions ces dernières années. Selon les pays, les populations clés sont entre 10 et 50 fois plus exposées au risque d'infection à VIH que les autres adultes.
La criminalisation et la stigmatisation des relations entre personnes de même sexe, du commerce du sexe et de la possession et l'usage de drogues, ainsi que la discrimination, y compris dans le secteur de la santé, empêchent les populations clés d'accéder aux services de prévention du VIH. Un soutien effectif des gouvernements et les programmes de prévention et de traitement du VIH mis en œuvre avec et par les communautés, proposant des services adaptés à chaque groupe, sont actuellement trop peu nombreux et trop peu étendus pour se traduire par une réduction significative des nouvelles infections.
Dans le but d'atteindre l'objectif d'une réduction des nouvelles infections à VIH au sein des populations clés de 75 % d'ici à 2020, une augmentation à grande échelle des programmes et la création d'un environnement social et juridique propice sont nécessaires.
Nous devons faire baisser les nouvelles infections à VIH au sein des populations clés
Depuis 2010, le nombre de nouvelles infections à VIH chez les adultes est resté stable dans le monde, à un niveau estimé de 1,9 million, mais les nouvelles avancées vers la fin de l'épidémie de sida sont menacées.
Les nouvelles infections à VIH chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes augmentent à l'échelle mondiale, et l'on n'observe aucune réduction apparente des nouvelles infections chez les professionnel(le)s du sexe, les personnes transsexuelles, les consommateurs de drogues et les détenus. Des études menées en Afrique australe ont montré que la prévalence du VIH était 10 à 20 fois plus élevée chez les professionnel(le)s du sexe que chez les adultes de la population générale, avec des taux d'infection à VIH atteignant 50 % de tous les professionnel(le)s du sexe testés et une prévalence du VIH atteignant 86 % dans une étude menée au Zimbabwe. Une synthèse des études portant sur plus de 11 000 personnes transsexuelles à l'échelle mondiale estime la prévalence du VIH à 19,1 % au sein de cette population.
Les populations clés demeurent parmi les plus vulnérables au VIH. Une analyse des données dont dispose l’ONUSIDA indique que plus de 90 % des nouvelles infections à VIH en Asie centrale, en Europe, en Amérique du Nord, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2014 ont concerné des personnes issues des populations clés et leurs partenaires sexuels, qui ont représenté 45 % des nouvelles infections à VIH dans le monde en 2015.
Relancer la prévention du VIH au sein des populations clés nécessite des investissements nationaux et internationaux afin de fournir aux populations clés des outils, comme des préservatifs et des lubrifiants, une prophylaxie préexposition et des aiguilles et seringues stériles, ainsi que des tests de dépistage et un traitement. Cependant, la conception et la prestation de tels services de prévention combinés anti-VIH sont souvent limitées par une réticence à investir dans la santé des populations clés et à entrer en contact avec elles.
Dans de nombreux pays, les populations clés sont repoussées en marge de la société par la stigmatisation et la criminalisation des relations entre personnes de même sexe, de l'usage de drogues et du commerce du sexe. La marginalisation, y compris la discrimination dans le secteur de la santé, limite l'accès à des services anti-VIH efficaces. Il existe un besoin urgent de veiller à ce que les populations clés soient pleinement incluses dans les ripostes au sida et à mettre des services à leur disposition.
Des lignes directrices et des outils ont été développés pour et avec la participation des populations clés afin de renforcer l'autonomisation communautaire et d'améliorer la prestation des services de prévention combinée par les organisations de la société civile à base communautaire, les gouvernements et les partenaires de développement.
Les preuves disponibles montrent que lorsque les services sont mis à disposition dans un environnement libre de toute stigmatisation et discrimination, avec la participation des communautés de populations clés, les nouvelles infections à VIH baissent de manière significative. Par exemple, à Saint-Pétersbourg, les jeunes des rues ont vu une baisse de 73 % de la séroprévalence du VIH entre 2006 et 2012, principalement en raison du recul de l'initiation à l'usage de drogues injectables. Cette nette diminution de l'épidémie de VIH chez les jeunes des rues s'est produite suite à la mise en œuvre de programmes d'aide étendus et à des améliorations de la situation socio-économique.
La reproduction de telles réussites et l'élargissement des programmes de prévention combinée dans toutes les villes et tous les endroits où les populations clés vivent et travaillent, mis en œuvre par les pays et les réseaux d'organisations communautaires, contribueront à la remise sur les rails des efforts de prévention en vue d'atteindre l'objectif d'une baisse de 75 % des nouvelles infections à VIH d'ici 2020.
Quotes
« LE PRINCIPAL PROBLÈME, C'EST LE MANQUE D'INCLUSION ET UNE LARGE DISCRIMINATION. IL EST CLAIR QUE NOUS NE POUVONS PAS EN FINIR AVEC L'ÉPIDÉMIE DE SIDA SANS TENIR COMPTE DES BESOINS DES POPULATIONS CLÉS. »
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Rapprocher le dépistage du VIH des communautés au Cambodge
15 novembre 2016
15 novembre 2016 15 novembre 2016Il est 21H00 et la nuit ne fait que commencer dans ce quartier populaire de Phnom Penh, au Cambodge. Un immeuble de plusieurs étages propose toute une série de divertissements : des restaurants pour profiter d'un bon repas au rez-de-chaussée, des bars au niveau intermédiaire qui vibrent au son de chansons populaires et un hôtel qui occupe le dernier étage.
Pourtant, une conversation sérieuse bat son plein dans un coin, près de plusieurs salles de karaoké. Elle semble assez incongrue au milieu des rires sonores des femmes aux robes à paillettes et des clients qui s'amusent sous la lumière des stroboscopes. Cinq travailleuses du secteur du divertissement sont installées sur un canapé et évoquent les raisons pour lesquelles elles ne font pas de test de dépistage du VIH.
« Je ne sais pas où aller », dit une femme.
L'une de ses collègues acquiesce et ajoute : « Je n'ose pas y aller. J'ai trop peur ».
Elles sont interrogées par Rath Chan Molika, 22 ans. Elle a récemment abandonné son activité de travailleuse du secteur du divertissement et elle est aujourd'hui travailleuse de proximité et conseillère pour le programme SMARTgirl. Elle explique pourquoi les femmes qui travaillent au karaoké ont peur de se rendre dans un établissement de santé. « D'abord parce qu'elles ont peur d'y aller toutes seules », dit-elle. « Ensuite, parce qu'elles ont peur des aiguilles et du sang ».
En 2015 au Cambodge, on estimait à 34 000 le nombre de travailleurs du secteur du divertissement rencontrant des clients dans des hôtels, établissements de karaoké, bars à bière, casinos et salons de massage. Les relations sexuelles non protégées avec des clients masculins peuvent exposer certaines femmes à un risque élevé de contracter le VIH.
« Certaines sortent avec des clients sans utiliser de préservatif de manière correcte et régulière. Et parfois, ils consomment des drogues ensemble et partagent les aiguilles et les seringues, ce qui augmente le risque de VIH », ajoute Mme Molika.
Dans le cadre de son travail avec le programme SMARTgirl, elle informe les travailleuses du secteur du divertissement sur les moyens de se protéger du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles et d'éviter les grossesses non désirées. Bien que les pairs-éducateurs interviennent depuis quelques années sur le VIH dans les lieux de divertissement, Mme Molika participe quant à elle à un programme de dépistage du VIH très innovant.
À l'issue de la réunion d'information, elle se détache du groupe et accueille Mao Soma dans une autre pièce. Les deux femmes discutent à voix basse pendant quelques instants. Mme Molika a été formée pour fournir des conseils avant et après le test de dépistage du VIH et pour réaliser un test cutané rapide par piqûre. Même si Mme Soma grimace quand l'aiguille pique son doigt, la procédure est très vite achevée. Mme Soma obtiendra un résultat au bout de 15 minutes, ce qui lui convient. « Le test est rapide et je peux avoir le résultat immédiatement », approuve-t-elle.
Au Cambodge, l'épidémie de sida se concentre au sein des populations clés
Comme dans beaucoup d'autres pays de la région, l'épidémie de sida au Cambodge se concentre au sein des populations clés les plus exposées au risque de VIH, notamment les travailleurs et travailleuses du secteur du divertissement, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables.
« Le gouvernement cambodgien attache de l'importance à la collaboration au sein de la société civile et avec les populations locales au niveau communautaire », explique Ieng Mouly, Président de l'Autorité nationale sur le sida.
Innovation technologique dans le dépistage du VIH
Le gouvernement, les partenaires de la société civile et les organisations internationales font désormais la promotion du dépistage cutané rapide par piqûre pour les populations clés, en remplacement des tests de dépistage classiques qui nécessitent une analyse en laboratoire.
« Rapprocher les équipements des populations est toujours la meilleure solution. Il ne faut pas que les gens dépendent d'un équipement de laboratoire sophistiqué », explique Ly Penh Sun, Directeur du Centre national pour le VIH/sida, la dermatologie et les IST.
« Les personnes qui effectuent les tests connaissent les personnes dont elles s'occupent. Il y a plus d'interaction. Elles se soutiennent mutuellement », explique Choub Sok Chamreun, de l'organisation non gouvernementale Khana, qui fournit des services de prévention, de soins et d'appui anti-VIH au niveau communautaire.
La nécessité d'une approche à base communautaire
Ce programme de dépistage du VIH à base communautaire est l'un des premiers de ce genre en Asie-Pacifique. Dans cette région, la couverture du dépistage du VIH est faible au sein des populations clés. Bien que de nombreux pays aient intensifié le dépistage du VIH dans les établissements de santé, les représentants de la société civile ont appelé à l'adoption d'approches qui s'appuient davantage sur les communautés et ciblent les populations clés, lesquelles ne se rendent généralement pas dans les établissements médicaux.
Les résultats du modèle cambodgien sont encourageants. L'an dernier, les responsables de sa mise en œuvre ont indiqué que plus de 36 000 personnes issues des populations clés avaient fait l'objet d'un dépistage, soit 80 % de plus qu'en 2014. En cas de réaction positive à un premier test de dépistage rapide, ces personnes sont accompagnées par des travailleurs de proximité dans des établissements de santé pour des tests de confirmation. Une fois le résultat confirmé par un professionnel de santé, la personne a accès au traitement anti-VIH.
Afin de renforcer leur action pour trouver davantage de personnes vivant avec le VIH, les partenaires de mise en œuvre sont en train de remanier le programme pour élargir sa portée auprès des personnes les plus exposées au risque au sein de chaque population clé.
« Le plan vise à modifier les consignes pour atteindre les populations les plus exposées au risque et intensifier les actions de proximité ciblées ainsi que la gestion active des cas, afin de recenser et de suivre les personnes diagnostiquées séropositives au VIH pour s'assurer qu'elles reçoivent un traitement », explique M. Sun.
Journée mondiale du sida 2016
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Réduire l'impact du VIH chez les adolescentes
11 novembre 2016
11 novembre 2016 11 novembre 2016Près de 180 jeunes femmes et adolescentes originaires du Malawi, du Kenya et de l'Ouganda ont mené un projet pilote visant à renforcer le leadership des jeunes femmes et des adolescentes dans la riposte au VIH. Baptisé Empowerment + Engagement = Equality (Autonomisation + Engagement = Égalité), le programme a pour objectif de lutter contre les problèmes d'inégalité entre les sexes qui accroissent la vulnérabilité des adolescentes à l'infection à VIH et de créer des espaces de partage d'expériences.
Cette initiative conçue et mise en œuvre par ONU Femmes et la Fédération internationale pour la planification familiale a permis de mobiliser plus de 1 000 jeunes activistes, dont des jeunes femmes vivant avec le VIH, pour défendre leurs intérêts au niveau local, régional et national. En plus de partager leurs connaissances entre elles, les participantes ont organisé des rencontres face à face et en ligne avec des parents, des enseignants, des chefs religieux et d'autres acteurs communautaires pour discuter des moyens de faire évoluer les normes sexuelles négatives et les inégalités qui augmentent le risque d'infection à VIH.
Gertrude Mutharika, Première dame du Malawi, a participé à l'une des discussions et s'est engagée à soutenir la lutte contre les problèmes qui augmentent le risque d'infection à VIH chez les jeunes femmes, notamment les violences sexistes. Les jeunes leaders ont poursuivi leur travail de sensibilisation au plus haut niveau, en participant à des débats lors de la Conférence internationale sur le sida organisée à Durban, en Afrique du Sud, en juillet 2016.
« L'une des contributions les plus épanouissantes que j'ai apportée dans le cadre de ce projet, c'est le soutien à d'autres filles comme moi pour se sentir plus autonomes et prendre le contrôle de leur vie », raconte Divina Kemunto, originaire du Kenya. « J'ai partagé ma propre expérience et encouragé les filles vivant avec le VIH à croire qu'elles aussi pouvaient marcher la tête haute avec le sourire aux lèvres ».
La prévention des nouvelles infections à VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne est vitale si le monde veut en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030 : en 2015, 75 % des nouvelles infections à VIH chez les adolescents d'Afrique subsaharienne ont concerné des adolescentes âgées de 10 à 19 ans. Prévenir les infections, cela signifie donner les moyens aux jeunes femmes et aux filles de rester scolarisées pour avoir de meilleures perspectives économiques, veiller à ce qu'elles disposent des connaissances, des informations et des outils pour éviter les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles et s'assurer qu'elles sachent quoi faire lorsqu'elles sont confrontées à des violences sexuelles.
Les lois et les politiques discriminatoires envers les femmes et les filles doivent être démantelées et leur santé comme leurs droits sexuels et reproductifs doivent être pleinement respectés.
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Journée mondiale du sida 2016
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Une organisation jamaïcaine œuvre pour l'autonomisation des adolescentes vivant avec le VIH
10 novembre 2016
10 novembre 2016 10 novembre 2016Stoïque, Rushell Grey raconte l'histoire de sa descente aux enfers et de son retour à la vie. Elle a été infectée par le VIH après un viol à l'âge de neuf ans, mais sa fille de huit ans est née sans le VIH. « Ç'a été difficile. J'étais une jeune fille et dans la communauté les gens ont fermé les yeux en disant que c'était de ma faute », explique-t-elle. « Personne ne disait que cet homme devait aller en prison. Au bout d'un moment j'ai laissé tomber, car la tension était trop forte », se souvient-elle.
Mme Grey est une petite jeune femme sûre d'elle qui parle bien. Selon elle, c'est grâce à l'organisation non gouvernementale jamaïcaine Eve for Life et son programme de transformation qu'elle s'est ressaisie. À travers un ensemble fait de conseils, de développement personnel et d'éducation psychosociale, elle est devenue l'une des principales pairs-éducatrices de Mentor Moms.
Le programme Mentor Moms forme des jeunes femmes autonomes touchées par le VIH et jeunes mamans pour aider les autres dans leur parcours. Elles répondent aux questions et rassurent, accompagnent les adolescentes à leurs rendez-vous à l'hôpital et renforcent les consignes pour prendre les médicaments, éviter l'allaitement au sein et se plier au suivi médical.
Mme Grey explique que les problèmes auxquels sont confrontées ses protégées ne concernent pas seulement le VIH. « Elles n'ont aucune ressource, elles ne sont pas en sûreté dans leurs foyers et elles ont peur que leur partenaire ou leur famille les mette à la rue. Elles ont parfois deux enfants ou plus », raconte-t-elle. Une enquête menée en 2012 par le Programme national jamaïcain sur le VIH et les IST a révélé qu'une adolescente sur cinq entre 15 et 19 ans dit avoir été victime de violences sexuelles dans le pays.
Patricia Watson, Directrice exécutive et cofondatrice d'Eve for Life, précise que de nombreuses filles sont laissées pour compte. « Une étude récente a montré que parmi les filles prises en charge par l'État, 30 % ont des infections sexuellement transmissibles, 41 % ont tenté de se suicider et 35 % ont eu des rapports sexuels forcés. En outre, les enfants infectés par le VIH à la naissance grandissent et deviennent à leur tour sexuellement actifs, parfois sans avoir été informés de leur état », indique-t-elle.
Pour l'organisation, la riposte au VIH auprès des adolescentes va bien plus loin que la diffusion de messages sur la sexualité. Elle doit s'appuyer sur la protection sociale et la lutte contre les problèmes structurels et sociaux qui accroissent la vulnérabilité des filles.
Ces deux dernières années, Eve for Life a piloté la campagne nationale Nuh Guh Deh! (N'y va pas) pour en finir avec les rapports sexuels avec les très jeunes filles.
« L'objectif primordial est de contribuer à une baisse des abus sexuels touchant les jeunes filles en Jamaïque », déclare Mme Watson.
La campagne vise à mobiliser les Jamaïcains pour le signalement des actes de violence sexuelle tout en sensibilisant davantage aux effets à long terme de ces abus et aux liens avec le VIH. Les histoires des survivantes viennent mettre en lumière les graves problèmes auxquelles elles se heurtent. Cette approche amplifie la participation et l'appropriation par les adolescentes et les jeunes femmes qui ont survécu à des abus sexuels.
La chanson Nuh Guh Deh interprétée par le groupe de dub poetry jamaïcain No-Maddz a pour but de réduire l'acceptation par la société des relations prédatrices entre les hommes plus âgés et les jeunes filles.
Journée mondiale du sida 2016
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#WhatWomenWant, ce que veulent les femmes pour la riposte au VIH : un nouvel espace pour de nouveaux dialogues
10 novembre 2016
10 novembre 2016 10 novembre 2016#WhatWomenWant (Ce que veulent les femmes) est un espace virtuel qui amplifie la voix des jeunes femmes, en leur permettant de partager une expertise et des expériences de vie, d'explorer des solutions et de construire des réseaux plus forts entre les thèmes, secteurs et mouvements liés au genre.
Inspirés par l'impact de l'activisme virtuel autour de la Commission 2016 sur le statut de la femme, le Réseau Athena et ses partenaires, dont l'ONUSIDA, se sont appuyés sur l'élan suscité pour créer une plate-forme où les femmes pouvaient se mobiliser dans le cadre de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida. Entre mai et juillet 2016, une campagne sur les réseaux sociaux a atteint 13 millions de comptes Twitter et organisé cinq conversations Twitter avec 120 000 participants. Le but était d'entendre ce que veulent les femmes et d'identifier les actions spécifiques nécessaires pour changer la vie des femmes et des filles.
L'initiative se poursuit pour engager un réseau en pleine expansion d'organisations dirigées principalement par des femmes afin de faire avancer l'égalité entre les sexes, avec en point de mire spécifique les domaines dans lesquels santé et droits se rejoignent.
Les objectifs de #WhatWomenWant sont les suivants :
- Attirer l'attention sur la nécessité urgente de prendre en compte les droits des femmes et les disparités liées au genre dans le cadre de la riposte au VIH et au-delà.
- Agir en catalyseur pour une action conjointe où égalité des sexes, droits de l'homme, santé sexuelle et reproductive, violences sexistes et riposte au VIH s'entrecroisent.
- Rendre les femmes responsables de la définition de leurs propres agendas.
- Utiliser l'expérience des femmes pour créer des outils de sensibilisation et faire avancer leurs propres solutions où qu'elles se trouvent.
- Recenser les opportunités pour les femmes d'impliquer les parties prenantes et de contribuer utilement aux processus de prise de décisions qui touchent le plus leur vie.
#WhatWomenWant continue de renforcer les liens entre les mouvements visant à mettre fin au mariage des enfants, éliminer la violence sexuelle, assurer un droit à l'avortement sûr et légal et faire avancer l'éducation sexuelle complète.
« Alors que les ressources financières pour les droits des femmes sont en baisse, la campagne en ligne #WhatWomenWant fournit un espace aux jeunes féministes pour contribuer aux discussions politiques mondiales sur la riposte au VIH et les influencer », explique Catherine Nyamburra, jeune activiste originaire du Kenya. « Elle fournit un espace d'amplification de la voix des jeunes féministes à travers divers canaux de participation et pour le leadership de la pensée féministe dans la riposte au VIH ».
Journée mondiale du sida 2016
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L'éducation sexuelle complète en Zambie
09 novembre 2016
09 novembre 2016 09 novembre 2016À l'échelle mondiale, on estime que seulement trois adolescentes et jeunes femmes sur 10 âgées de 15 à 24 ans ont une connaissance complète et correcte du VIH.
Sans connaissances adéquates, les jeunes sont mal équipés pour prendre des décisions saines et sûres concernant leur santé sexuelle. Toutefois, si la connaissance constitue une base cruciale, elle ne suffit pas à elle seule pour changer les comportements et réduire le risque d'infection à VIH. La connaissance doit être associée à des compétences et des attitudes appropriées, qui peuvent être enseignées et développées grâce à une éducation sexuelle complète de haute qualité.
L'éducation sexuelle complète joue un rôle important non seulement dans la prévention de résultats négatifs en matière de santé sexuelle et reproductive, mais aussi en offrant une plate-forme de discussion sur les questions de genre et de droits humains et en encourageant des relations respectueuses et non violentes. Pourtant, une éducation sexuelle et sur le VIH qui tient compte du genre, basée sur des compétences psychosociales, n'apparaît dans les programmes éducatifs nationaux que dans 15 % des 78 pays examinés dans le Rapport mondial de suivi sur l'éducation, présenté récemment par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture.
Lorsque les programmes d'éducation sexuelle complète se concentrent sur les relations entre genre et pouvoir, ils sont bien plus susceptibles d'avoir des effets positifs sur la réduction des infections sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées que des programmes qui ignorent ces aspects.
Un tel programme d'éducation sexuelle complète qui tient compte du genre a été mis en place en Zambie, pays signataire de l'Engagement ministériel de 2013 sur l'éducation sexuelle complète et les services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents et les jeunes en Afrique orientale et australe.
En Zambie, le programme éducatif cible la puberté, la prévention du VIH, l'égalité des sexes, la santé sexuelle et reproductive, les relations et les droits de l'homme. L'objectif global est que les adolescents et les jeunes de Zambie bénéficient d'une meilleure santé sexuelle et reproductive et jouissent d'un meilleur état de santé en général.
La Zambie compte actuellement la plus importante population de jeunes de son histoire, avec 52,5 % de moins de 18 ans. Au cours des années de scolarité, les enseignants et les spécialistes de la santé sexuelle ont une opportunité idéale d'atteindre les élèves avec des informations correctes et appropriées sur l'éducation à la santé. Le début de l'adolescence se traduit non seulement par des évolutions physiques, mais aussi par une vulnérabilité aux abus en matière de droits humains, notamment dans les domaines de la sexualité, du mariage et de la procréation.
Harriet Lilanda, âgée de 13 ans, élève à l'école primaire de Twalumba à Lusaka, en Zambie, pense que le nouveau programme d'éducation sexuelle est important pour les jeunes. « Parler ouvertement de sexualité n'était pas facile, car les garçons auraient pu penser que je suis une fille facile. À la maison, les parents aussi nous surveillent de près, mais je pense que les connaissances que nous recevons en classe vont m'aider », explique-t-elle.
Les enseignants et les écoliers de Zambie ont bien accueilli l'introduction de l'éducation sexuelle complète dans les établissements scolaires et apprécient sa contribution par rapport aux attitudes des jeunes.
« J'ai réalisé qu'il était nécessaire de s'impliquer davantage dans l'enseignement de l'éducation sexuelle complète en raison de la manière dont notre société cache les informations sur la sexualité », raconte Agather Shindende, qui enseigne à l'école primaire de Kabulonga. « Je me rappelle avoir grandi en entendant que si une fille s'assied à côté d'un garçon à l'école, elle peut tomber enceinte. Je ne veux pas que la génération actuelle vive ce que nous avons vécu ».
Les écoles disposent du potentiel pour favoriser un comportement individuel sain ainsi que de meilleures normes sociales en matière d'égalité et de non-violence, mais cela ne pourra pas se concrétiser si, dans le même temps, il existe des lieux où sévissent l'inégalité entre les sexes et la violence. L'accès à un environnement éducatif sûr doit être combiné à une éducation sur l'égalité des sexes, les comportements non violents et la santé sexuelle et reproductive pour tous.
« Parmi les choses que j'ai apprises, les questions de genre sont les plus intéressantes », indique Harriet Lilanda. « J'aime bien ce sujet car il nous apprend l'égalité. Les garçons et les filles peuvent faire les mêmes choses : mathématiques, sciences, économie domestique et dessin technique. J'ai appris que nous devons nous respecter les uns les autres et que les tâches ménagères doivent être faites par les filles comme par les garçons ».
Les pratiques, normes et valeurs en matière de genre influent sur la sexualité, la reproduction et les relations : à cause de ces inégalités, les femmes et les filles ont du mal à faire des choix en matière de sexe, et leur vulnérabilité à la violence, au mariage précoce et aux mauvais résultats en matière de santé sexuelle et reproductive est accrue.
Mme Shindende apprécie les bénéfices de l'éducation sexuelle complète et pense que les résultats se font sentir peu à peu. « L'attitude et le comportement des élèves sur les normes de genre sont en train de changer lentement en mieux, surtout chez les garçons », explique-t-elle. « Avant, les garçons ne voulaient jamais aborder des sujets comme l'économie domestique car ils estimaient que cela ne concernait que les filles, mais aujourd'hui, sur 45 élèves, 20 sont des garçons et ils choisissent volontairement l'économie domestique parmi leurs options. On peut donc voir que l'enseignement d'une éducation sexuelle complète dès le plus jeune âge permet d'ouvrir l'esprit de nos jeunes gens. Nous avons aussi de nombreuses filles qui prennent des cours d'art et d'architecture, notamment de dessin technique, qui étaient réservés aux garçons ».
Lorsque les jeunes femmes et les adolescentes ont accès à une éducation sexuelle complète adaptée à leur âge avant l'entrée dans une vie sexuelle active, elles sont davantage susceptibles de prendre des décisions éclairées sur leur sexualité et envisagent les relations avec plus de confiance en elles. Il est également avéré que l'éducation sexuelle complète augmente l'usage du préservatif chez les jeunes filles, accroît le dépistage volontaire du VIH chez les jeunes femmes et réduit le nombre de grossesses adolescentes, notamment lorsqu'elle est associée à des services de santé hors milieu scolaire adaptés aux jeunes, avec un environnement sans stigmatisation.
Être jeune : l’éducation complète à la sexualité
Journée mondiale du sida 2016
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Assurer le retour des services de prévention et de traitement du VIH en Haïti après le passage de l'ouragan Matthew
02 novembre 2016
02 novembre 2016 02 novembre 2016Haïti est régulièrement balayé par les tempêtes de l'Océan Atlantique, mais Matthew a été l'ouragan le plus destructeur de ces cinquante dernières années et la pire catastrophe naturelle qu'ait connu le pays depuis le séisme dévastateur de 2010. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, l'ouragan a tué 546 personnes, fait 438 blessés et laissé des milliers de gens sans abri. Plus de 141 000 personnes déplacées vivent aujourd'hui dans des abris provisoires.
Jasmin Désir, responsable communautaire de l'Union de lutte contre la stigmatisation et la discrimination, raconte que la situation sur le terrain reste désespérée pour les personnes possédant très peu de ressources. Elle est même encore pire pour de nombreuses personnes vivant avec le VIH. Selon lui, leur principale préoccupation est désormais de pouvoir prendre leurs médicaments antirétroviraux « alors qu'il n'y a même rien à manger ». Actuellement, on compte 806 000 personnes ayant un besoin urgent d'aide alimentaire.
Renel Julien, organisateur communautaire vivant avec le VIH, mobilise les personnes vivant avec le VIH pour obtenir de la nourriture et de l'eau potable. Il pense que le stress émotionnel du traitement des conséquences de l'ouragan a de graves répercussions sur de nombreux membres de la communauté.
Tout le système de santé d'Haïti a été touché par l'ouragan. Dans certains endroits, le personnel médical et les agents de santé communautaires n'ont pas pu assurer les visites à domicile. La plupart des dispensaires ont subi des dégâts importants et certains établissements hospitaliers ont perdu tout leur équipement, y compris générateurs, panneaux solaires et ordinateurs. Des médicaments antirétroviraux et d'autres fournitures ont été perdus pendant l'ouragan.
Dans les cinq départements les plus touchés (Grand’Anse, Sud, Sud-Est, Nippes et Nord-Ouest), il y avait 13 994 personnes vivant avec le VIH et 37 centres de traitement du VIH en fonctionnement avant le passage de Matthew.
Selon l'antenne de l'ONUSIDA en Haïti, l'ouragan a d'ores et déjà affecté les services de prévention, d'appui, de traitement et de soins anti-VIH. Des programmes d'urgence sont nécessaires pour veiller à ce que le taux actuel de maintien des personnes sous traitement (entre 60 et 80 %) ne baisse pas.
« L'une des solutions pourrait être un système de distribution communautaire », propose Yafflo Ouattara, Directeur national de l'ONUSIDA en Haïti. « À court terme, ce pourrait être la meilleure option pour atteindre les personnes vivant avec le VIH qui n'ont pas accès à leurs services habituels ».
L'antenne de l'ONUSIDA en Haïti soutient actuellement le programme national de lutte contre le sida afin de collecter des informations sur les départements les plus touchés et d'étudier des alternatives de traitement et de soins du VIH. Parmi les priorités figurent la cartographie des centres de traitement et l'évaluation de la chaîne d'approvisionnement pour les médicaments antirétroviraux et les autres fournitures.
Selon les responsables communautaires, les groupes marginalisés, notamment les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres et les professionnel(le)s du sexe, sont encore plus vulnérables dans ces circonstances. Sur la base d'une évaluation préliminaire menée par des organisations non gouvernementales dans les zones les plus touchées par l'ouragan, la stigmatisation et la discrimination sont devenues un obstacle pour certaines personnes ayant besoin d'aide.
« Haïti entamait tout juste la phase de développement pour la reconstruction des infrastructures après le séisme de 2010 qui avait détruit une grande partie du pays », explique Edner Boucicaut, Président du Mécanisme de coordination national d'Haïti pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et Directeur national de Housing Works. « Subir une catastrophe après l'autre rend les choses encore plus compliquées que dans les situations d'urgence typiques ».
César Núñez, Directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Amérique latine et les Caraïbes, a déclaré que les partenaires collaboraient afin de veiller à ce que les avancées obtenues jusqu'à présent dans la riposte au VIH ne régressent pas. « Nous nous engageons à garantir que les remarquables progrès accomplis par Haïti dans la prévention et le traitement ne reculeront pas ».
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La PPrE en Afrique du Sud
04 novembre 2016
04 novembre 2016 04 novembre 2016La prophylaxie préexposition (PPrE) fait l'objet d'une forte demande de la part de nombreuses personnes très exposées au risque d'infection à VIH, mais dans beaucoup d'endroits, celle-ci n'est pas encore disponible. Lorsque la PPrE n'est pas accessible par l'intermédiaire de programmes bien structurés, les gens cherchent à l'obtenir par des voies non officielles. Une PPrE prise ainsi en automédication se traduit par un suivi inapproprié, sans lien avec un service d'assistance médicale et avec un risque accru d'utilisation de produits non conformes, de résistance aux médicaments et de baisse de l'impact.
L'Afrique du Sud s'est attaquée à ce problème en étant le premier pays d'Afrique à approuver le recours aux médicaments antirétroviraux à titre de prévention. Le pays s'est assuré l'accès à un approvisionnement en médicaments génériques de PPrE, faisant ainsi baisser le prix des médicaments, et leur délivrance est intégrée à d'autres services.
Le modèle de PPrE sud-africain est basé à la fois sur des droits et des devoirs et s'adresse en premier lieu aux professionnel(le)s du sexe, qui présentent le plus fort taux de prévalence du VIH en Afrique du Sud et sont confrontés à de hauts niveaux de stigmatisation et de discrimination. Des services conviviaux ont été conçus en partenariat avec les professionnel(le)s du sexe ; la décision de recourir à la PPrE demeure toutefois un choix personnel, libre de toute obligation.
Ajouter la PPrE aux services de prévention combinée ne coûte pas cher, malgré les frais associés à son déploiement, car ces frais devraient être compensés par les économies réalisées en évitant de nouvelles infections à VIH et les bénéfices associés d'un contact accru avec les services de santé sexuelle pour les personnes très exposées au risque d'infection à VIH.
« Les gens me demandent « Comment pouvez-vous vous permettre de mettre en place de nouvelles interventions ? », et je réponds systématiquement « Comment peut-on se permettre de ne pas le faire ? » Lorsqu'on a répondu à cette question, on trouve le moyen d'agir en ce sens », a déclaré Aaron Motsoaledi, Ministre de la Santé sud-africain.
Hands up for #HIVprevention — World AIDS Day campaign
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En Asie, des pays entament le déploiement de la PPrE
02 novembre 2016
02 novembre 2016 02 novembre 2016La Thai Red Cross Anonymous Clinic (TRCAC) est située en retrait d'une rue animée de Bangkok, en Thaïlande. Il s'agit d'un lieu familier pour Jonas Bagas, qui se rend régulièrement dans cet établissement niché au milieu de la verdure car il suit une prophylaxie préexposition (PPrE) dans le cadre d'un projet piloté par la clinique.
La PPrE consiste à utiliser des médicaments antirétroviraux sous la forme d'un comprimé journalier afin d'éviter aux personnes de contracter le VIH. Sa grande efficacité dans la prévention de la transmission du VIH chez les personnes très exposées au risque d'infection a été démontrée.
« L'une des raisons qui m'a poussé à suivre le programme est que j'avais un partenaire sexuel séropositif au VIH », explique M. Bagas, qui est d'origine philippine, mais vit à Bangkok pour son travail auprès du Conseil Asie-Pacifique des organisations de lutte contre le sida.
La TRCAC a lancé son projet sur la PPrE fin 2014. Les patients doivent payer 1 dollar par jour pour l'approvisionnement en médicaments, la fourniture de conseils et de recommandations et les bilans de santé. La PPrE s'adresse uniquement aux personnes séronégatives au VIH ; les patients sont donc soumis à un premier test de dépistage du VIH, au dépistage d'autres infections sexuellement transmissibles, ainsi qu'à des tests destinés à évaluer le fonctionnement du foie et des reins. À la fin du premier mois, les patients sont soumis à une nouvelle évaluation, puis à un dépistage régulier tous les trois mois.
Les effets secondaires les plus courants de la PPrE sont des nausées, des maux de tête et une perte de poids au cours du premier mois, mais aucune toxicité grave n'a été observée lors des essais. « Je ressens une très forte envie de dormir après avoir pris la PPrE, mais comme je la prends le soir, cela ne pose pas trop de problèmes », explique M. Bagas.
Si l'observance du traitement et le dépistage régulier du VIH rendent difficile l'élargissement du recours à la PPrE, les chercheurs la décrivent comme une véritable révolution dans la prévention du VIH. L'usage systématique du préservatif reste faible en Asie. Dans la plupart des grandes villes, moins de la moitié des hommes gays et des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes utilisent systématiquement des préservatifs, ce qui est trop peu pour avoir un impact sur l'arrêt de la propagation de l'épidémie de sida. L'ONUSIDA et l'Organisation mondiale de la Santé recommandent le recours à la PPrE comme choix de prévention complémentaire pour les personnes exposées à un risque important d'infection à VIH et prêtes à se soumettre à un dépistage régulier du VIH.
« Nous avons attendu assez longtemps pour obtenir une méthode de prévention du VIH qui puisse être utilisée en toute confidentialité et sans crainte. La PPrE est la réponse à cette attente », explique Nittaya Phanuphak, Responsable du service prévention au Centre de recherche sur le sida de la Croix-Rouge thaïlandaise.
La PPrE ne permet pas de prévenir les autres infections sexuellement transmissibles et n'est pas un moyen de contraception, de sorte que les experts estiment que l'idéal est de l'intégrer à d'autres services de santé sexuelle et reproductive, notamment la fourniture de préservatifs.
Les enquêtes menées auprès d'utilisateurs potentiels en Asie révèlent que la sensibilisation à la PPrE comme méthode de prévention reste faible. « J'espère que la PPrE sera bientôt disponible aux Philippines », conclut M. Bagas.
En effet, l'organisation non gouvernementale LoveYourself va lancer en novembre dans deux de ses dispensaires de Manille, aux Philippines, un projet pilote de PPrE avec des bilans complets réguliers et des conseils sur la réduction des risques et l'observance du traitement. « Nous allons intégrer l'éducation à la PPrE dans le processus de dépistage du VIH. Ainsi, tous ceux qui viennent faire un test de dépistage du VIH dans nos établissements, soit environ 60 à 100 personnes par jour, recevront des informations sur la PPrE », explique Chris Lagman, Directeur chargé de l'apprentissage et du développement chez LoveYourself.