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#NotYetUhuru : Patson Manyati, 60 ans, parle de sa vie d’homme gay au Zimbabwe*
17 mai 2021
17 mai 2021 17 mai 2021La figure solitaire de Patson Manyati détone dans cette pièce grouillant de jeunes dans leur vingtaine. Avec son allure élégante, sa barbe grisonnante et sa chemise bleue, il lui faudrait perdre au moins 40 ans pour se fondre dans la masse.
Nous rencontrons M. Manyati au cours d’une des premières visites au centre d’accueil de Gays and Lesbians of Zimbabwe (GALZ) situé à Mutare dans l’est du pays. Le GALZ est une association sur adhésion qui promeut, représente et protège les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) au Zimbabwe.
Bien que M. Manyati puisse donner l’impression de ne pas être à sa place, il ne s’est jamais senti aussi « à l’aise » qu’au GALZ de toute sa vie de sexagénaire gay vivant au Zimbabwe.
« Je suis très heureux lorsque je vois des gens comme moi », raconte M. Manyati de sa voix douce et mélodieuse. Ses yeux pétillent lorsqu’il parle, ce qui peut paraître surprenant pour quelqu’un qui a grandi dans une société où l’homophobie est omniprésente et qui a vu en 2017 l’ex-président décrire les gays comme étant « pire que des chiens et des porcs ».
Le GALZ déclare que la haine et la peur causées par les répercussions de la campagne homophobe du dernier président « sont toujours présentes aujourd’hui au Zimbabwe ».
Même si M. Manyati se sent bien au GALZ, il doit rester sur ses gardes et être vigilant dès qu’il quitte l’enceinte de l’association, et ce, pas uniquement pour se protéger des insultes. Le risque d’emprisonnement en effet est réel, car le Zimbabwe punit les relations sexuelles entre personnes du même sexe de peines de prison pouvant atteindre 14 ans.
Outre la menace de l’incarcération, il existe encore des manifestations quotidiennes de discrimination et de violence, ainsi que des crimes de haine auxquels sont confrontées les personnes LGBTI, non seulement au Zimbabwe, mais aussi dans les 69 pays du monde qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes de même sexe.
Et même dans les pays où cela ne l’est pas, comme dans l’Afrique du Sud voisine. Bien que le mariage entre personnes du même sexe y est légal et que les droits LGBTI sont inscrits dans la constitution, être gay continue d’y être dangereux. Au cours du premier semestre 2021, la communauté LGBTI a été endeuillée par une série d’assassinats de jeunes gays. Elle a alors demandé au gouvernement, aux médias et au grand public de prendre plus au sérieux les crimes de haine.
Dans ces conditions, le simple fait de vivre est un acte de bravoure et encore plus d’afficher son bonheur.
Le bonheur est quelque chose que M. Manyati a tenté et tente toujours de se construire pour lui-même, non sans difficultés.
Né à Mutoko, une bourgade de la province du Mashonaland oriental au Zimbabwe, M. Manyati explique que ses parents voulaient qu’il se marie dans sa vingtaine avec une femme et qu’il perpétue ainsi le nom de sa famille en tant que l’un des sept fils Manyati.
M. Manyati a tenu bon tout le temps que ses parents ont insisté sur un mariage. Étant donné qu’il était le seul à s’occuper de ses parents et de ses frères et sœurs, ils ont fini par accepter et il a vécu une vie de célibataire sans jamais annoncer son homosexualité à ses parents.
« Me marier était impossible parce que j’ai le corps d’un homme, mais, à l’intérieur, je me sens comme une femme. Je sais que je suis... que je me sens... comme une femme. Alors pourquoi devrais-je me marier avec une femme ? », dit-il visiblement en proie à des concepts complexes sur son identité de genre sans avoir les mots pour l’exprimer.
Ici au GALZ, toutes les personnes lui disent « qui elles sont », raconte M. Manyati. Il finira peut-être à mettre un nom sur ses sentiments en revenant encore quelques fois et en continuant de parler avec les jeunes autour de lui qui sont tellement plus à l’aise avec leur orientation sexuelle et leur identité de genre.
Le GALZ est une bouffée d’air frais pour ses membres. Il propose régulièrement des journées dédiées à la santé dans son centre d’accueil de Harare et renvoie vers d’autres établissements dans ses autres centres d’accueil à Mutare et Masvingo. L’association propose différents services de santé, y compris la prévention et le traitement du VIH. Elle fournit également des services de conseil essentiels et un espace protégé pour que les personnes LGBTI puissent sociabiliser et souffler, loin de la dure réalité de la rue.
La direction du GALZ affirme que la situation s’améliore lentement pour la communauté LGBTI au Zimbabwe.
En 2017, le GALZ a été inclus en tant que participant officiel à la proposition de financement élaborée pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. L’association a ainsi obtenu 2 millions de dollars destinés à des programmes en faveur des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Il s’agit du plus important investissement jamais réalisé dans une riposte au VIH et à la santé sexuelle et reproductive pour la communauté. Cette enveloppe a permis d’ouvrir les trois centres d’accueil du GALZ.
Avec le soutien de l’ONUSIDA, le National AIDS Council (NAC) du Zimbabwe dispose d’un forum pour les populations clés auquel le GALZ appartient. Le NAC œuvre véritablement à améliorer la santé et le bien-être des populations clés, même si leurs activités restent criminalisées.
Malgré les progrès, la stigmatisation et la discrimination auxquelles la communauté LGBTI est toujours confrontée au Zimbabwe ont conduit M. Manyati et sa génération à vivre dans l’isolement.
« Je me sens plus en sécurité lorsque je suis seul », explique M. Manyati, ajoutant que tous ses amis et toutes ses connaissances au sein de la communauté LGBTI sont décédés aujourd’hui. « Parfois je pleure », soupire-t-il.
Lorsque les amis de M. Manyati étaient en vie, ils profitaient au maximum de la vie, même si la loi était une épée de Damoclès et qu’ils n’ont jamais été heureux en amour avec les hommes qu’ils ont rencontrés.
« [On sentait qu’]il ne vous aime pas vraiment parce qu’il a quelqu’un d’autre ailleurs et que vous n’en êtes qu’une aventure sans lendemain. Au final, il se marie et vous quitte ». Voici le constat que tire M. Manyati de ces rencontres.
M. Manyati est persuadé qu’il est maintenant « trop vieux » pour chercher l’amour et il préfère se concentrer sur sa santé comme l’un des 1,4 million de Zimbabwéennes et Zimbabwéens que l’on estime vivre avec le VIH.
M. Manyati a découvert sa séropositivité lorsqu’il s’est mis à tousser il y a cinq ans. Il s’est rendu dans une organisation non gouvernementale locale, New Start, pour se faire dépister du VIH et après un traitement contre la tuberculose il a obtenu immédiatement une thérapie contre le VIH. Sa santé est sa priorité.
« Je continue de prendre mon traitement contre le VIH. C’est comme ça que j’ai l’air en bonne santé aujourd’hui », conclut M. Manyati sans jamais se départir du pétillement dans ses yeux.
* Not Yet Uhuru est une citation du militant kenyan pour la liberté Oginga Odinga. Uhuru est un mot swahili signifiant « liberté » ; traduite librement, cette citation signifie « pas encore libre ». Le GALZ utilise régulièrement ce hashtag dans ses publications sur les réseaux sociaux.
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Plateforme UNITY : publication du rapport annuel sur la violence à l’encontre des minorités sexuelles et de genre au Cameroun
05 mai 2021
05 mai 2021 05 mai 2021La plateforme UNITY vient de publier son rapport annuel 2020 sur la violence à l’encontre des minorités sexuelles et de genre au Cameroun. Ce document rédigé tous les ans par le réseau de 34 organisations de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) formant cette plateforme recense en 2020 plus de 2 000 cas de violence et de violations des droits à l’encontre de 930 membres de minorités sexuelles et de genre, par rapport à 1 400 cas seulement en 2019. Plus de la moitié des cas signalés concernaient des violences psychologiques, le reste étant composé de violences physiques, sexuelles, économiques ou juridiques et de discours haineux. Les hommes gays sont les premières victimes de violences (552), suivis par les lesbiennes (214) et les personnes transgenres (64).
Le rapport Transphobie : le visage d’une nouvelle crise, met l’accent en particulier sur les violences à l’encontre de la communauté transgenre qui sont de mieux en mieux documentées. Selon les résultats d’une enquête menée par le Réseau Indépendant des Trans d’Afrique et publiés dans le rapport, 53 % des personnes transgenres interrogées ont déjà été victimes de violences liées au genre dans des établissements de santé. Les auteurs de violences sont aussi bien des inconnus dans la rue (45 %), que des membres de la famille (41 %), des connaissances plus ou moins proches (33 %), des partenaires intimes (26 %) ou des ex-partenaires (10 %).
La plateforme UNITY, hébergée par la Fondation camerounaise pour le sida (Camfaids), présente dans le rapport annuel sa réponse aux violences. Celle-ci passe par les services disponibles au sein des organisations membres et des services externes proposés en partenariat avec d’autres organisations lorsque cela est nécessaire.
Son action commence par la documentation et l’investigation et se poursuit par une prise en charge médicale (consultations, examens, soins, traitement, fourniture de médicaments), l’assistance psychologique (conseils, évaluation de la santé psychologique, consultations psychologiques et rendez-vous de suivi), l’assistance sociale (fourniture d’un moyen de subsistance, aide à la recherche d’emploi, admission dans un logement temporaire si nécessaire) et l’assistance juridique (conseils juridiques, aide à la rédaction et au dépôt d’une plainte) fournis par une ou plusieurs organisations de la plateforme.
« Nous disposons d’un système de spécialistes des questions liées la violence basée sur le genre au sein de chaque organisation membre d’UNITY qui sont le premier point de contact des victimes. Ces dernières sont rassurées, se sentent en sécurité et comprises simplement parce qu’elles se trouvent dans un environnement qu’elles connaissent bien », explique le directeur exécutif de Camfaids, Nickel Liwandi.
Les mécanismes externes peuvent inclure une assistance juridique avec l’intervention d’un ou d’une avocate ou d’un membre de la police, une prise en charge médicale par le biais de consultations médicales spécialisées, des examens, une intervention chirurgicale mineure ou considérable et une attestation médico-légale ou une assistance sociale avec un transfert vers un refuge géré par une organisation partenaire.
L’ONUSIDA a soutenu récemment les efforts de la plateforme UNITY et d’autres organisations de la société civile dans la création d’un espace d’échange entre les organisations LGBT et d’autres organisations de la société civile mettant en œuvre des programmes de lutte contre le VIH avec les populations clés, comme CAMNAFAW (Cameroun National Association for Family Welfare) et CARE Cameroun. L’objectif consiste à assurer le suivi de l’assistance fournie aux personnes persécutées en raison de leur identité de genre réelle ou perçue ou de leur orientation sexuelle.
Des mesures continuent d’être prises pour mobiliser les agences des Nations Unies et les « porte-paroles » identifiés au sein des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des institutions partenaires afin de soutenir les efforts de sensibilisation de la société civile, ainsi que pour institutionnaliser une plateforme de coordination et d’observation régulières des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan quinquennal 2020–2024 récemment adopté par le Cameroun pour réduire les obstacles à l’accès aux services contre le VIH relevant de violations des droits humains.
« La mobilisation des organisations LGBT camerounaises au sein de la plateforme UNITY est précieuse car elle nous fournit les preuves nécessaires pour sensibiliser et agir. Le nouveau rapport de la plateforme UNITY servira à évaluer les progrès réalisés pour atteindre les objectifs du Plan quinquennal 2020–2024. L’ONUSIDA s’engage à soutenir les efforts du pays en lien avec notre vision de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida », a déclaré le responsable de l’intervention stratégique de l’ONUSIDA pour le Cameroun, Steave Nemande.
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L’ONUSIDA déplore la perte du fondateur et directeur de Visual AIDS, Patrick O’Connell
04 mai 2021
04 mai 2021 04 mai 2021L’ONUSIDA est triste d’apprendre la disparition de Patrick O’Connell des suites du sida. M. O’Connell, fondateur et directeur de Visual AIDS, vivait avec le VIH depuis près de quarante ans.
Visual AIDS a vu le jour en 1988 à l’initiative d'artistes afin de lutter contre les effets du sida au sein de la communauté artistique et d’organiser les artistes, les institutions artistiques et le public pour agir directement contre le VIH. L’organisation soutient également les artistes vivant avec le virus. Toutefois, sa plus grande réalisation est peut-être la création du ruban rouge que portent désormais des millions de personnes le 1er décembre lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
En 1991, des artistes de Visual AIDS se réunissent en effet pour réfléchir à un symbole visuel, qui exprime la sympathie envers les personnes vivant avec le VIH et celles qui les accompagnent. Inspirés par les rubans jaunes qui rendent hommage aux soldats américains impliqués à l’époque dans la Guerre du Golfe, les artistes choisissent un ruban rouge pour symboliser le soutien et la solidarité envers les personnes vivant avec le VIH et pour se souvenir de celles qui sont décédées de maladies opportunistes. Selon les personnes à l’origine du projet, la couleur rouge a été choisie, car elle « rappelle le sang et l’idée de la passion, pas uniquement la colère, mais aussi l’amour, comme envers l’être aimé ». Le projet se fait connaître sous le nom de Red Ribbon Project.
M. O’Connell a joué un rôle central dans l’organisation de la découpe, du pliage et de la distribution de milliers de rubans dans la ville de New York où il vivait. Il a fait partie de la campagne d’envoi de lettres et de rubans rouges à l'ensemble des participants et participantes des Tony Awards 1991 organisés aux États-Unis d’Amérique, où l’acteur Jeremy Irons apparaît à la télévision nationale avec un ruban rouge attaché au revers de sa veste.
L’ONUSIDA rend hommage à M. O’Connell, une grande figure de notre lutte. Le ruban rouge, qui symbolise la solidarité et le soutien aux personnes vivant avec le VIH non seulement aux États-Unis, mais aussi dans le monde entier, n’aurait jamais vu le jour sans lui.
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Baisse considérable du prix des antirétroviraux, mais la COVID-19 menace de nouvelles réductions
03 mai 2021
03 mai 2021 03 mai 2021L’action de la société civile et la concurrence apportée par les fabricants de médicaments génériques ont provoqué une chute du prix des antirétroviraux. Il est ainsi passé d’environ 14 000 dollars par personne et par an pour les régimes de première intention dans les pays à revenu élevé en 1990 à environ 1 200 dollars par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire en 2003. En 2018, le prix par personne et par an en Afrique subsaharienne était inférieur à 100 dollars pour la plupart des combinaisons à dose fixe incluant le tenofovir. Le prix des autres combinaisons à dose fixe a également continué à baisser au cours des dernières années.
L’ONUSIDA estime que la valeur du marché des médicaments antirétroviraux génériques dans les pays à revenu faible et intermédiaire s’élevait à environ 1,8 milliard de dollars en 2018. Aujourd’hui, un seul pays, l’Inde, concentre 80 % environ de la production des médicaments antirétroviraux génériques obtenus par les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Bien qu’il reste d’importants potentiels de réduction des prix dans les pays où les médicaments antirétroviraux génériques ne sont pas encore facilement accessibles, les turbulences causées par la pandémie de COVID-19 pourraient avoir l’effet inverse. De fait, les confinements, les bouleversements de la production, les restrictions aux frontières et les perturbations touchant le transport menacent d’affecter l’approvisionnement en matériaux, ainsi que la fabrication et la distribution de médicaments contre le VIH, alors que des facteurs d’approvisionnement plus stricts pourraient entraîner une pression sur les prix du marché.
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Une mission conjointe soutient la riposte au VIH dans la région ivoirienne de Gboklè/Nawa/San Pedro
30 avril 2021
30 avril 2021 30 avril 2021La région de Gboklè/Nawa/San Pedro est le deuxième centre économique de la Côte d’Ivoire et l’une des régions les plus touchées par l’épidémie de VIH. Elle attire, d'une part, une main-d’œuvre nombreuse en raison de son dynamisme économique et de son industrie, principalement dans les activités liées au port et à l’agriculture, et d'autre part, des travailleurs et travailleuses du sexe, ainsi que d’autres populations clés.
Du 16 au 20 avril, une mission conjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)/ONUSIDA est allée sur le terrain faire le point sur la riposte au VIH à l’heure de la COVID-19. La mission a évalué la manière dont cette riposte prend en compte les besoins des personnes les plus vulnérables.
La délégation a d’abord rendu une visite de courtoisie aux autorités administratives et sanitaires de la région, puis s’est rapidement concentrée sur les sites offrant des services aux personnes vivant avec le VIH et aux populations clés. Dans les structures de santé visitées, que ce soit à l’Hôpital régional de San Pedro, ci-dessus, ou au centre de santé de l’organisation non gouvernementale APROSAM (Association pour la Promotion de la Santé de la Femme, de la Mère et de l’Enfant), l’équipe n’a pu que constater l’engagement et la détermination des équipes de santé et administratives. « Nous avons créé une équipe d’assurance qualité au sein de l’hôpital afin de garantir que nos services prennent en compte les besoins de chaque patient et patiente », a déclaré Alexandre Kissiedou, directeur de l’hôpital régional de San Pedro.
La visite de l’APROSAM a été l’un des temps forts de la mission. La délégation a eu de longues discussions avec des représentantes et des représentants d’une dizaine d’associations qui se sont rendues au siège de l’APROSAM pour cette rencontre. Des échanges fructueux ont eu lieu avec des membres d’associations de personnes vivant avec le VIH et de populations clés, ainsi qu’avec des membres d’organisations non gouvernementales travaillant avec des jeunes.
« C’est la première fois que la société civile reçoit la visite de représentantes et représentants nationaux de deux agences des Nations Unies », a déclaré Odette Koffi, directrice exécutive de l’APROSAM, une association impliquée dans la riposte au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans la région. Elle a également signalé que la société civile s’engage pleinement dans la riposte au VIH, mais qu’elle manque de moyens pour répondre aux besoins de toutes les personnes.
« Les activités rémunérées ne fonctionnent plus comme avant. Aujourd’hui, nous n’arrivons même pas à manger correctement et nous ne pouvons pas prendre d’antirétroviraux à jeun », a expliqué Maya Rose Nean. C’est ainsi que la directrice de l’association locale CERBAS qui s’adresse aux femmes vivant avec le VIH décrit l’impact de la COVID-19 sur les femmes séropositives dans le pays.
S’exprimant au nom de la délégation, Brigitte Quenum, Directrice pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire, a souligné le travail vital des organisations non gouvernementales dans la riposte au VIH et a félicité l’engagement des organisations de la société civile, des personnes vivant avec le VIH et des populations clés. Elle a déclaré que le PNUD et l’ONUSIDA vont discuter pour satisfaire certains des besoins urgents abordés avec la société civile. Les deux organisations ont fait un don de 400 colis de produits alimentaires et d’hygiène destinés aux personnes vulnérables vivant avec le VIH et aux populations clés.
Le dernier jour de la mission, l’accent a été mis sur les droits humains avec une visite au centre d’accueil Élan d’Amour, ci-dessus, qui propose un hébergement temporaire aux personnes séropositives et aux victimes de stigmatisation, discrimination et violence sexiste, y compris à des personnes venant de zones reculées qui viennent obtenir des soins ou leur traitement antirétroviral. La délégation s’est ensuite rendue dans une permanence juridique soutenue par le PNUD. Ces visites ont permis à la délégation d’appréhender la situation des droits humains dans la région, mais aussi de comprendre leur implication dans les vulnérabilités spécifiques liées au VIH. À la suite de ces deux visites, les deux agences se sont mises d’accord sur un projet commun visant à mieux aborder les questions du VIH et des droits humains dans la région.
Pour les deux équipes, cette mission a été un succès. Les différents besoins identifiés feront l’objet d’actions concertées soit entre le PNUD et l’ONUSIDA, soit en travaillant avec d’autres organismes coparrainants capables d’apporter des solutions adaptées.
Brigitte Quenum, Directrice pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire, ci-dessus à gauche, a rencontré le préfet du département de San Pedro.
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Taux élevé de co-infection au VIH et à l’hépatite C parmi les populations clés
26 avril 2021
26 avril 2021 26 avril 2021Les infections hépatiques virales représentent un grave problème de santé publique mondial, qui provoque 1,4 million de décès par an environ, soit plus que le sida. 96 % de ces décès sont imputables à la cirrhose et au carcinome hépatocellulaire dus aux virus de l’hépatite B et C qui se transmettent par le sang et les fluides corporels.
Les personnes séropositives co-infectées avec l’hépatite B ou C développent plus rapidement une cirrhose. Les maladies hépatiques sont devenues une cause importante de décès chez les personnes vivant avec le VIH et co-infectées avec l’hépatite B ou C.
La co-infection VIH-hépatite C est signalée parmi toutes les populations clés les plus exposées au VIH, en particulier chez les personnes consommant des drogues injectables. La raison : le partage de matériel de préparation et d’injection non stérile facilite la propagation de ces deux virus.
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Consultation multipartite interactive en amont de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida
26 avril 2021
26 avril 2021 26 avril 2021Le 23 avril, des responsables de tous les acteurs de la riposte au sida ont participé à une consultation multipartite interactive organisée en ligne afin de préparer la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida qui se tiendra au mois de juin.
Cette audition a rassemblé des personnes vivant avec le VIH, exposées et touchées par le virus, des représentants et représentantes d’États membres, de parlements, de gouvernements locaux, d’organisations de la société civile, de fondations philanthropiques, d’universités, d’associations médicales, du secteur privé et de communautés au sens plus large. Cette rencontre visait à aider les États membres à préparer la Réunion de haut niveau en échangeant sur Internet avec les communautés, la société civile et d’autres parties prenantes clés.
Dans son intervention inaugurale, le Président de l’Assemblée générale, Volkan Bozkir, a félicité les militantes et militants pour leur travail en vue de réduire l’impact de l’épidémie de VIH.
« Votre présence ici aujourd’hui est loin d’être une évidence. Je sais que beaucoup d’entre vous ont commencé à militer et à s’organiser après avoir perdu quelqu’un ou enduré des souffrances, la discrimination et la marginalisation. Je vous remercie d’avoir partagé votre expérience en vue de créer un monde meilleur pour toutes et tous. Vous faites preuve d’une résilience sans commune mesure. »
Dans son discours, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a déclaré que les progrès contre le virus s’étaient accélérés parce que les personnes vivant avec le VIH et les communautés les plus touchées par l’épidémie n’avaient jamais cessé de faire entendre leur voix. Mme Byanyima a également souligné que la riposte au VIH était étroitement liée aux questions de justice sociale.
« La lutte pour éradiquer le sida est étroitement liée à celle pour mettre fin aux violations des droits humains, notamment la discrimination et la violence à l’égard des femmes et des filles, ainsi que la marginalisation et la criminalisation des personnes vivant avec le VIH et des populations clés : travailleuses et travailleurs du sexe, toxicomanes, personnes transgenres, gays, bisexuelles et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. »
Faith Ebere Onuh est née avec le VIH. Cette jeune femme est aujourd’hui membre de l’Association of Positive Youth Living with HIV and AIDS in Nigeria (APYIN). À 14 ans, Mme Ebere Onuh a commencé à expliquer à d’autres jeunes vivant avec le VIH qu’il était important de suivre leur traitement de lutte contre le VIH. Elle est ainsi devenue mentore et porte-parole des sans-voix, s’exprimant au nom de la jeunesse au Nigéria.
« En tant que jeune, j’ai appris en vivant avec le VIH et en collaborant avec ma communauté que pour atteindre l’objectif de mettre fin au sida d’ici 2030, nous devons travailler ensemble, en formant une communauté mondiale. Même si, individuellement, certains États membres font des progrès de leur côté, nous sommes toutefois toujours en retard à l’échelle mondiale, et certaines régions comme la mienne, l’Afrique occidentale et centrale, restent à la traîne. »
Neville Gertze, Représentant permanent de la Namibie auprès des Nations Unies et cofacilitateur pour la préparation de la Réunion de haut niveau 2021 sur le VIH/sida, a déclaré que les leçons apprises au cours de la riposte au VIH et à la COVID-19 pouvaient améliorer les systèmes de santé.
« En puisant dans les enseignements tirés du VIH, la lutte contre la COVID-19 peut aider à repenser les systèmes de santé afin d’accélérer les engagements en matière de santé du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En parallèle, l’expérience du VIH aide à préciser les ripostes au COVID-19. Nous tirerons sans nul doute des leçons du déploiement de la riposte à la pandémie de COVID-19 qui, à leur tour, pourront bénéficier à la fois à la riposte au VIH et aux efforts plus vastes de consolidation des systèmes de santé. »
Quatre tables rondes ont été organisées au cours de cette journée. Elles se sont penchées sur les aspects suivants de la riposte au VIH.
1. Accès équitable et juste à la prévention, au traitement et aux services de lutte contre le VIH.
2. Freins structurels et sociaux entravant les objectifs du VIH (zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida).
3. Solutions pour financer entièrement les ressources, soutenir efficacement les ripostes au VIH et les intégrer aux systèmes de santé, de développement et de protection sociale, aux situations humanitaires et aux ripostes aux pandémies
4. Regrouper : créer des synergies et lutter contre les écarts criants.
Un rapport de synthèse de la consultation multipartite interactive sera disponible sur le site du Président de l’Assemblée générale en amont de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida organisée du 8 au 10 juin 2021.
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Moins de 60 % des femmes enceintes vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale ont accès à des services pour mettre fin à la transmission verticale du VIH
19 avril 2021
19 avril 2021 19 avril 2021Des avancées ont été faites au niveau de l’engagement en faveur de l’éradication de la transmission verticale du VIH (de la mère à l’enfant). En Afrique orientale et australe par exemple, 95 % des femmes séropositives enceintes recevaient en 2019 une thérapie antirétrovirale afin d’éviter une transmission verticale du VIH.
Mais de telles avancées ne se retrouvent pas partout. En Afrique occidentale et centrale, la situation n’est pas aussi encourageante. De fait, la couverture des services de prévention de la transmission verticale dans la région figure parmi les plus faibles au monde. En 2019, seuls 58 % des femmes séropositives enceintes de la région obtenaient une thérapie antirétrovirale afin d’éviter une transmission verticale du VIH.
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Caraïbes : de grandes disparités au niveau de l’accès au dépistage du VIH chez les bébés
12 avril 2021
12 avril 2021 12 avril 2021Les nourrissons ayant été infectés verticalement au VIH (par leur mère) doivent être diagnostiqués rapidement pour vivre. Un test précoce des bébés exposés au VIH et le démarrage immédiat d’une thérapie antirétrovirale suite à un diagnostic positif peuvent en effet garantir leur survie. Sans un diagnostic et un traitement précoces, près de la moitié des nourrissons séropositifs meurent avant l'âge de deux ans, mais beaucoup de bébés exposés au VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire n’ont pas accès au diagnostic précoce.In the Caribbean, coverage of virological testing for early infant diagnosis varies from 21% in Jamaica to 99% in Cuba.
Dans les Caraïbes, la couverture du test virologique pour le diagnostic précoce des nourrissons varie entre 21 % en Jamaïque et 99 % à Cuba.
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La scolarisation des filles réduit les nouvelles infections au VIH
06 avril 2021
06 avril 2021 06 avril 2021Une plus longue scolarisation a un effet préventif et réduit le risque d’infection au VIH. Une corrélation existe entre le niveau d’éducation des filles et un meilleur contrôle des droits et de la santé sexuelle et reproductive.
Utiliser un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque est positivement corrélé au fait que les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique orientale et australe ont terminé le collège. Par ailleurs, les études montrent une baisse encore plus nette des nouvelles infections au VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes des pays où le taux de filles qui terminent le collège est élevé (> 50 %).
Education Plus, une nouvelle initiative en faveur de l’éducation et de l’émancipation des adolescentes en Afrique subsaharienne est en train de voir le jour. Elle a pour ambition d’accélérer les efforts afin de garantir que chaque fille dans cette région a accès à une éducation secondaire de qualité.